Sociologie Des Entreprises

Sociologie des entreprises
Séquence 1 : Introduction et chapitre 1 : L’entreprise : un cadre analytique sociologique

Dr Moustapha NDIAYE
Séquence 1 : Introduction et chapitre 1 : L’entreprise : un cadre analytique
sociologique
Consignes pour l’apprenant
 S’approprier le cours
 Participer au forum synchrone et asynchrone, faire les travaux
Consignes pour le tuteur
 S’approprier le support
 Approfondir avec des ressources proposées ou additionnelles
 Collaborer avec le contact avec le responsable du cours
Table des matières du chapitre 1 :
Introduction
Chapitre 1 : L’entreprise : un cadre analytique sociologique
I.1. L’entreprise est une organisation
I.2. L’entreprise est un lieu de socialisation
Dr Moustapha NDIAYE 1
I.3. L’entreprise comme lieu de production
Introduction
Discipline se situant dans l’univers des sciences humaines et sociales, la
sociologie est une science qui s’intéresse à la vie sociale, des groupes et des sociétés.
Son objet porte les comportements dans la vie sociale. Il concerne aussi bien les groupes
que les individus dans la cité ainsi que l’investigation de tout le processus de la vie sociale”.
1
C’est donc une science sociale qui se propose d’analyser, d’expliquer, de

comprendre les comportements, les pratiques et les manières de penser des
individus et groupes dans un espace social dont les lieux de sociabilité comme
la famille et même les lieux de production à l’instar des entreprises.
De manière générique, l’analyse des interactions humaines et sociales à

l’intérieur des lieux de production se rangeait dans la sociologie des
organisations jusqu’à une époque. Cette sociologie spécialisée dénommée
« « sociologie des organisations » se propose d’analyser tous les lieux qui se
prêtent aux interactions entre individus et groupes. Ainsi, elle s’intéresse aussi
bien aux lieux de production qu’aux organisations non lucratives, aux
entreprises formelles qu’aux structures informelles et même à la société dans
son ensemble puisque celle-ci est un cadre organisé avec des institutions et
des fonctions assurées pour en fonder l’équilibre. Cette sociologie spécialisée
s’est donc confondue à l’histoire de la discipline elle-même et aux travaux des
1
Anthony Giddens (“Sociologie”, 1989)
fondateurs. Ces derniers d’une certaine façon se sont tous intéressés à

l’activité de production dans la société de leur époque en contingence avec la
dynamique sociale.
Emile Durkheim analysa le lieu de production comme étant régi par un modèle
de solidarité qui en fonde la nature et l’envergure du système. Ainsi, on
retrouve un système de solidarité mécanique dans lequel le groupe prend le
dessus sur l’autonomie et l’initiative personnelle. Ce rapport collectif au
travail, à la production est le reflet de la nature globale de la société
traditionnelle.
A l’opposé, la solidarité organique qui met en exergue la singularité

l’interdépendance et l’autonomie des individus par rapport au groupe dans le
système social. Cette singularisation de l’individu par rapport au groupe est
symptomatique des sociétés modernes bâties autour d’un rapport de
contractualisation individuelle par rapport à la communauté. Il en est ainsi
dans la le rapport à la production.
L’autre éminent fondateur Max Weber à la recette de la performativité de la

société moderne émergente trouve l’explication dans le système de gestion
basée sur la rationalité. Celle-ci s’applique autant dans le système politique
avec un système de légitimité et de gouvernance attribuant les pouvoirs non
pas de manière arbitraire mais scientifique. Cette rationalisation affecte les
autres segments de la société telle que le système de production dans laquelle
seront appliquées les méthodes et principes scientifiques.
L’un des plus éminents fondateurs à savoir Karl Marx dans son œuvre
analysait les nouvelles formes de rapports sociaux qui résultent des liens entre
le système et les forces de production dans un espace organisé. Il entreprit

d’analyser le système de production sous un angle de rapports de forces
antagonistes dans l’accès et le partage des ressources.
Pour ainsi dire, de manière indirecte, les fondateurs pour ne citer que ces trois,
ont placé le lieu de production au centre de leur préoccupation scientifique.
Ils firent de la sociologie des entreprises avant même l’institutionnalisation de
cette discipline spécialisée.
L’environnement des entreprises a beaucoup évolué et est en constante

mutation offrant une complexité à plusieurs niveaux. Les formes de
productions changent avec les innovations techniques à une cadence
consubstantielle à la concurrence. Il s’y ajoute la place des technologies de
l’information et de la communication qui apportent une dématérialisation des
processus de production et un assouplissement des procédures. De nouvelles
compétences et de nouveaux rapports de productions apparaissent faisant
évoluer les formes organisationnelles et les cadres réglementaires
Dans un tel contexte, les capacités techniques et scientifiques ne sont plus les
seules ressources qui conditionnent l’efficacité et en fondent l’appréciation.
Autant pour l’ingénieur que pour le manageur ou n’importe quel acteur, une
prise en compte des ressorts des relations humaines au travail dans une
entreprise que l’on peut disposer de leviers pertinents et consistants pour une
intervention lucide et efficiente. En effet, en plus des habiletés techniques, il
faut une approche qui intègre la complexité des situations organisationnelles
et le caractère imprévisible des activités et interactions dans les lieux de
production.
Dans ce cadre, les sciences humaines et la sociologie principalement permet

une compréhension des personnes, des groupes et de leurs référentiels pour
contribuer à susciter, accroître la qualité des performances de production. Ce
cours a pour objectif de permettre aux étudiants d’entrevoir les entreprises au-
delà des aspects réglementaires et formels. Ce faisant, il s’agit de faire
ressortir les enjeux scientifiques relatifs aux interactions humaines et sociales
dans les entreprises d’une part. Il présente aussi des grilles analytiques pour
les comprendre d’autre part.
Ce cours se décompose quatre parties suivantes :
L’entreprise cadre analytique sociologique, Les approches rationalistes des

entreprises
La place de de l’humain dans l’entreprise
L’entreprise comme espace conflictuels autour d’intérêts stratégiques
Chapitre 1 : L’entreprise : un cadre analytique

sociologique
L’entreprise est généralement définie comme l'ensemble des activités d'une

personne ou d'un groupe de personnes qui travaillent pour fournir des biens
ou des services à des clients. Elle peut être une structure publique ou privée
sous laquelle s'exerce une activité économique en utilisant un personnel, des
locaux et des équipements appropriés.
Dans Lexique des sciences sociales, l’entreprise est ainsi définie : « unité de
production originale, caractéristique du capitalisme, formée d’un groupe
d’hommes travaillant ensemble à des postes différents, afin de produire des

biens à vendre avec profit sur le marché. Mais c’est aussi un groupe social
d’où utilité en dehors du profit, objectif commun, relations, informations,
etc. »2
Partant de cette définition, on peut considérer pour cette sociologie

spécialisée, l’entreprise est à la fois une organisation, un lieu de socialisation
et un lieu de production.
I.1. L’entreprise est une organisation
L’organisation peut être comprise comme « des groupements humains,

ordonnés rationnellement, en vue d’objectifs déterminés, caractérisés par la
division du travail, du pouvoir, des responsabilités des réseaux de
communication planifiés, un contrôle de l’ensemble, pour ne pas dévier des
objectifs prévus, maintenir et améliorer l’efficacité et la survie de
l’organisation » 3.
Cette définition fait ressortir plusieurs dimensions de l’organisation :
- Regroupements d’humains qui coordonnent leurs activités en vue d’atteindre

des objectifs communs.
2
Madeleine Grawitz, Lexique des sciences sociales, Paris, Dalloz, 1999, 7eme édition
3
Madeleine Grawitz, opcit.
- Un groupement d’hommes qui structurent de diverses manières leurs

moyens pour parvenir à leurs fins.
- Groupe comprenant un nombre moyen ou élevé d’individus, structuré,

programmé à travers des règles formelles préétablies en vue d’atteindre des
objectifs.
Dans le domaine des sciences sociales, une organisation désigne un ensemble

d’humains en interactions avec un ou des objectifs mais qui cohabitent aussi
avec dont des visées individuelles. Celles-ci sont déterminées par des
représentations vis-à-vis de l’organisation, des intérêts pouvant être
divergents. On distingue ainsi plusieurs types d’organisations dont : les
associations, les partis politiques, les services publiques ou privés, les
organismes non gouvernementaux mais aussi les entreprises.
Philippe Bernoux4 distingue 6 caractéristiques des organisations à savoir :
A. La division des tâches
Elle structure l’organisation quelle que soit sa nature
- organisation formelle: écrite à travers les organigrammes
- organisation informelle avec une division des tâches liée aux traditions, à la
routine.
L’organigramme ne peut à lui seul définir la division des tâches il y a une

partie informelle.
4
BERNOUX (P.), 1985, La sociologie des organisations, coll Points
B. La distribution des rôles
L’organisation définit un rôle à accomplir pour chaque individu et un

ensemble de comportements attendus de la part de chacun. Par exemple dans
une pièce de théâtre, chaque acteur interprète un personnage auquel des rôles
s’y rapportent. Dans une équipe sportive, des postes sont attribués aux joueurs
avec tâches définies. Il en est de même pour une entreprise ou une association
où chaque membre occupe une position avec des fonctions et prérogatives.
C. Un système d’autorité
Une organisation est un système hiérarchique caractérisé par un contrôle des

individus et rapports de pouvoir entre individus. Le système d’autorité ou
pouvoir peut être:
- formel,
- informel
D. Système de communication
Le système de communication vise à :

- Mettre en relation les individus,
- Informer,
- Partager les objectifs,
- Réguler,
- Créer une émulation,
- Stimulation,
- Prévention
E. Système de contribution/rétribution.
Une organisation est basée de façon implicite ou explicite sur une dimension
contractuelle qui met en relation les apports des acteurs avec une contrepartie
rétribuée par un salaire, une sécurité, une prise en charge et une
reconnaissance sociale.
F. Objectifs
Il revêt une importance de son partage d’où l’existence de livrets

d’entreprises, des réunions et cadres de concertations pour partager
collectivement les informations, sensibiliser et associer à la prise de décisions.
Généralement, on admet une organisation à travers les caractéristiques
suivantes :
- Des hommes
- Des objectifs
- Une structure
- Des moyens (matériels et/ou financières…)
- Un fonctionnement
- Un système de communication
Une entreprise peut être considérée avant tout comme une organisation
puisqu’au-delà d’avoir pour finalité de produire de la valeur, elle est
constituée d’individus qui s’organisent collectivement pour atteindre des
objectifs définis. Pour cela, les individus se répartissent des tâches pour
réguler leurs relations, apporter des solutions à leurs problèmes, s’activer
dans la production et vendre un produit, un service.
Dans cet espace organisé qui est l’entreprise, les individus interagissent et
entretiennent des relations de manière libre mais aussi sous les contraintes
de l’organisation. Ces contraintes s’articulent autour des cadres
réglementaire.il s’agit des règlements, procédures de travail, habitudes de
travail, statuts hiérarchiques, rôles dont la conformité des comportements
et attitudes vis-à-vis d’eux est attendu et le non-respect implique des
sanctions. 5 En effet, cette collaboration collective n’est possible que par
le respect de la hiérarchie qui attribue à chacun un statut et un ou plusieurs
rôles. Chaque rôle se définit au sein de l’entreprise en rapport avec les
autres rôles des autres individus.
I.2. L’entreprise est un lieu de socialisation
Au-delà d’être un espace organisé régi par des règles, des procédures,
l’entreprise est un espace où les individus développent et/ou partagent des
idées, intérêts, sentiments et identités. L’entreprise est un lieu de
socialisation qui a pour fonction essentielle d’organiser l’intégration des
membres (individus et groupes) par l’intériorisation de normes, de codes à
travers certaines façons de faire, de parler, d’agir, de penser. Ce qui leur
permet de s’adapter à l’environnement de production et développer des
comportements convergents. Elle unit des groupes par le biais du travail
réalisé de façon collective, dote de statut source de reconnaissance sociale.
5
Laurent Mucchielli, La découverte du social: naisance de la sociologie en France (1870-1914), Paris la
découverte p.30.
1
Dr Moustapha NDIAYE
0
En tant que lieu de socialisation, l’Entreprise est pour ainsi dire un corps
« corps défini et organisé »6, un « lieu d’identification », un lieu
« d’apprentissage de normes de relation ».7
En tant que lieu de socialisation, l’entreprise dans la même mouvance que la

famille, l’école participe au processus d’apprentissage des normes de relations
et des aptitudes à s’insérer dans l’espace social spécifique et global. Elle
permet aussi d’établir des liens, des marques identitaires et d’appartenance à
un groupe.
Les relations sociales dans les entreprises font intervenir des valeurs, des
normes, des systèmes de représentations partagées de manière construite ou
inconscientes et qui fondent une communauté de travail. On distingue deux
types d'identités:
- l'identité du soi par la continuité, la cohérence et la consistance;
- l'identité pour autrui par les repères de proximité, de similitude et de

différence, ou par les transactions entre des contextes divers et contrastés.
L’entreprise est un lieu qui, par le fait des interactions individuelles et

collectives permet de forger un sentiment d’appartenance avec ses
semblables, de se positionner par rapport à des situations concrètes et intérêts
stratégiques. En agissant dans un contexte, soit-il un lieu de production, en
interagissant avec autrui ou en inscrivant son activité professionnelle dans un
6
Christian Thuderoz, Sociologie des entreprises (1997), 3e éd., La Découverte, 2010, p. 88
7
Renaud Sainsaulieu, L'Identité au travail, Presses de Sciences po, 1977, p256
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cadre particulier, la socialisation intervient d’une façon ou d’une autre. Ce

faisant, plus précisément, la socialisation professionnelle permet, par un
processus, d’assimiler et de s’approprier les rôles en milieu de travail.
Elle permet aussi d’assurer une compréhension de la culture d’une

organisation. En effet, une entreprise c’est une histoire, des étapes et
évènements par lesquels elle s’est construite. Ce réfèrent immatériel constitue
une ressource essentielle à laquelle les membres peuvent se référer pour un
sentiment d’appartenance ou un mythe qui permet de fédérer le collectif. La
prise ne compte des identités, des singularités des parcours est une clef
importante pour comprendre la réalité des membres d’une organisation, leur
rapport à la performance, leur adhésion aux règlements entre autres. Par
ailleurs, elle fait ressortir un rapport identitaire des membres à une
organisation.
I.3. l’entreprise comme lieu de production
La première vocation de l’entreprise c’est de produire de la valeur et d’amener

de la rentabilité afin de faire un retour sur investissement. Une entreprise se
construit par des investissements qui sont évalués à travers des coûts et il
devra ses performances par sa capacité à les minimiser. Pour le manager,
l’enjeu qui se pose est comment faire pour que l’entreprise soit performante,
ce qui signifie qu’elle soit capable d’assurer une productivité mais aussi la
qualité de celle-ci. Des standards sont ainsi définis en interne et dans un cadre
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global pour apprécier les performances de l’entreprise par rapport à elle-même

et par rapport au marché.
Les facteurs de performances sont multiples pour une entreprise, ils peuvent
trouver leur raisons dans son organisation interne, dans son système de
management, dans les outils de production, dans les procédures et processus.
Dans le cadre de la sociologie des entreprises l’une des entrées privilégiée est
d’abord les ressources humaines. En tant que telle, les comportements
individuels dans l’activité de production ainsi que la nature des interactions
des membres de l’organisation est une première catégorie analytique.
De manière précise comment comprendre par exemple dans une entreprise

que le comportement général des travailleurs ne va pas dans le sens de se
conformer aux règles. Une explication naturelle est simpliste voudrait que cela
soit le fait d’une propension à l’indiscipline. Partant de ce constat, la mise sur
pied ou l’application stricte d’un système de sanction contre l’atteinte aux
règles serait la solution. La réalité des entreprises et des organisations
montrent souvent que les systèmes répressifs ne sont pas toujours gages de
respects des règlements et normes. Le comportement délictuel ou déviant
pourrait être un signe de défiance ou de contestation de l’autorité et un moyen
de déplacer une autre contradiction dans ce terrain.
Un autre exemple lié aux comportements sources de contreperformances dans

les entreprises peut être évoqué, il s’agit du freinage.8 Comment expliquer le
fait que les agents produisent quantitativement et qualitativement moins qu’ils
ne doivent ou peuvent. Philippe Bernoux fait ressortir qu’il s’agit moins
8
Cf Philipe Bernoux, La sociologie des organisations, Editions du Seuil, 1985, PP20-21
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Dr Moustapha NDIAYE
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d’explications liées au tempérament individuel (comme la fainéantise, la

paresse) que de comportements sociaux. La part individuel quoiqu’existant
est limitée dans les entreprises sinon on parlerait de somme de comportements
individuels. Ils ne sont pas aussi réductibles aux groupes d’appartenance
(groupe ethniques, âge, genre…).
Le concept de motivation permet de comprendre de tels comportements à la

condition de la placer entre les déterminants individuels, la situation sociale
et le contexte de l’entreprise. Dans le cadre strictement professionnel,
l’individu développe un comportement aussi en fonction de ses intérêts par
rapport à ce que l’entreprise peut lui offrir. Une stratégie sera ainsi défini pour
satisfaire ses fins.
En tant qu’approche scientifique des entreprises, la sociologie présente une

variété riche d’outils et de démarches basées sur des entrées thématiques. En
effet, contrairement à d’autres disciplines qui se focalisent sur les principes,
les textes, ou les aspects strictement formes, la sociologie des entreprises tout
en s’appuyant sur ses aspects s’attachent à analyser leur décalage avec la
réalité de la pratique des acteurs.
Il est ainsi admis que l’entreprise aussi bien organisée soit-elle ne présente
jamais un cadre réglementaire parfait ou un système de
contribution/rétribution irréprochable. L’entreprise se présente comme un
ensemble d’individu ou de groupes qui se positionnent de manière non
uniforme et contextuelle aux règles et normes qui leur sont appliquées. Dans
tous les cas, un regard scientifique permet toujours de déceler des décalages
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Dr Moustapha NDIAYE
4
entre le règlement, les principes et les comportements des membres de

l’organisation.
Ensuite, l’entreprise est un construit social, un continuum faisant ressortir une

renégociation des termes et rapports de production suivant les contextes
sociaux, politiques ou économiques et enjeux stratégiques. Ce processus de
renégociation et de rééquilibrage des rapports de forces s’explique par des
objectifs pas toujours convergents et antinomiques qui coexistent à l’intérieur
des organisations.
D’une part, il existe un intérêt organisationnel global que les membres

partagent qui fédère les membres. D’autre, part, nous avons des intérêts
particuliers propres à chaque membre qui est le fruit du positionnement dans
l’entreprise, de l’habitus9 et des visées qui lui sont spécifiques. A ce titre
l’entreprise est par essence un espace conflictuel puisque la cohabitation de
plusieurs objectifs et intérêts particuliers fait ressortir des postures différentes
qui s’articulent autour de stratégies pour les satisfaire.
Enfin, l’entreprise qui se caractérise par une stratification sociale avec

différents niveaux de responsabilités et de prérogatives. Nous pouvons
retrouver par exemple le conseil d’administration, la direction, les cadres, les
agents de niveaux inférieurs entre autres ainsi suivant la position dans
9
Ce terme est défini par Bourdieu ainsi : "L'habitus est le produit du travail d'inculcation et d'appropriation
nécessaire pour que ces produits de l'histoire collective que sont les structures objectives (e. g. de la langue,
de l'économie, etc.) parviennent à se reproduire, sous la forme de dispositions durables, dans tous les
organismes (que l'on peut, si l'on veut, appeler individus) durablement soumis aux mêmes conditionnements,
donc placés dans les mêmes conditions matérielles d'existences". Cf Esquisse d’une théorie de la pratique,
Genève Droz, 1972
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l’organisation de l’entreprise, le membre développe une posture contingente

à celle-ci.
Le conflit est ainsi considéré comme la matière première de toute organisation

dans l’approche sociologique.
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Dr Moustapha NDIAYE
6

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