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2012-2013
Manuel de sociologie des organisations ère
1 année Master
Introduction :
Les travaux de sociologie des organisations débutent avec l’apparition des grandes organisations
industrielles. Ainsi c’est l’organisation du travail industriel qui fonde cette sociologie.
La sociologie apparaît comme discipline autonome à la fin du XIXe siècle dans ce contexte industriel nord
occidental. Elle aborde donc le phénomène d’organisation à la fois de façon théorique et de façon
empirique.
De façon théorique : Il s’agit tout d’abord de dégager la notion d’organisation sociale qui se révèle
universelle (organisation des tâches de production, d’éducation, de protection, constitution des groupes et
des sociétés, organisation de la règle sociale et de son application) et dont l’approche est à la fois
sociologique et anthropologique.
Faire une sociologie des organisations, c’est donc à la fois chercher des constantes dans leur constitution et
dans la manière dont elles répartissent les tâches, mais c’est aussi ne pas oublier le contexte historique et
culturel de leur existence.
De façon « empirique » : que ce soit par l’approche contemporaine que font certains sociologues de
l’évolution de leur société (M. WEBER) ou par l’étude du fonctionnement réel d’une entreprise
(TAYLOR, CROZIER). Certaines sont restées fameuses comme celle de Taylor portant sur les ouvriers
découpant l’acier ou l’expérience Hawthorne faite par Mayo à la Western Electric.
Plan du cours :
I. Introduction
II. Classification des écoles de pensée.
III. Les classiques.
IV. Les comportementalistes (L’école des relations humaines).
V. Les modernes
L’école néo-classique (empirique).
L’école sociotechnique.
L’école de la contingence (systémique).
L’école sociologique.
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Durant les deux années de tronc commun, vous avez constaté que les économistes avaient
tendance à considérer l'entreprise, ou plutôt l'entrepreneur, comme un agent économique simple
prenant des décisions d'optimisation rationnelle compte tenu d'une vision simplifiée du marché qui
ne comprend que les quantités, les prix, et le coût des facteurs de production (capital et travail).
Devant le caractère trop irréaliste d'une telle vision, se sont engouffrés nombres de praticiens et
de théoriciens de l'Entreprise qui se sont efforcés d'étudier celle-ci dans sa complexité : humaine,
technique, commerciale, managériale.... De fait, le rôle essentiel du chef d'entreprise a été reconnu
comme étant quelqu'un capable d'organiser et de mettre en œuvre une combinaison efficace de
facteurs de production. De " la main invisible " des économistes qui prétendent que le marché est
le seul élément régulateur, on passe à " la main visible des entrepreneurs " pour paraphraser le
célèbre ouvrage de Chandler (the visible hand : the managerial revolution in american business.).
Les classiques
1900-1930
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Les premières grandes réflexions concernant les organisations se développent au début du XXème siècle
avec l’accélération de l’industrialisation et l’apparition de la grande entreprise dans laquelle le capital
(détenu par les propriétaires) et le pouvoir (entre les mains des dirigeants) sont dissociés.
Ces réflexions correspondent à une approche empirique, où par observation, des industriels, des ingénieurs
(Taylor, Fayol), vont analyser de manière normative l’organisation et en rationaliser le fonctionnement.
Leurs postulats :
- Il existe un modèle idéal d’organisation…
- … dont l’efficacité repose sur une division (parcellisation) des tâches (« le travail en miettes » de
Friedmann)… …qu’il convient d’organiser, d’autant que l’individu au travail ne répond qu’à des tâches
d’exécution et qu’il ne peut faire preuve d’initiative …
- …cette organisation verra son fonctionnement régulé et coordonné par la hiérarchie ...
Ancien ingénieur américain, il développe une conception mécaniste de l’organisation du travail. Taylor
constate que les cadres sont incompétents, inefficace. Donc, les ouvriers en profitent : pause, peu de travail,
beaucoup de temps perdu. Objectif qu’il veut donc atteindre : supprimer les temps morts.
Pour Taylor on peut augmenter la (faible) productivité de l’ouvrier sans augmenter sa fatigue et en le
gratifiant de meilleurs salaires. Selon lui, il n’existe qu’une façon d’exécuter rationnellement et efficacement
une tâche (the one best way) et chaque ouvrier peut être formé pour devenir « excellent » à un poste
donné. C’est à la direction qu’il incombe de découvrir ces méthodes et de fournir les possibilités de
perfectionnement.
Il met donc en place l’OST : Organisation Scientifique du Travail qui repose sur quatre principes de bases :
Les cadences imposées à l’homme par la machine ou par le chronométrage, la monotonie du travail, la
négation de l’initiative individuelle, engendrent à terme des dysfonctionnements sociaux (turn over, absentéisme,
accidents du travail…) traduisant la démotivation des salariés.
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Il est clair que le fossé s'accroît entre, d'une part, la surqualification et l'autorité des ingénieurs qui, non
seulement indiquent ce qui doit être fait, mais aussi comment il faut le faire (the one best way) et, d'autre
part, la déqualification des ouvriers qui ne peuvent accéder à un apprentissage global du processus et
exécutent stupidement un geste dépourvu de sens.
Taylor s'était bien rendu compte du caractère abrutissant du travail ouvrier et, en contrepartie, il
préconisait que ce travail fut correctement payé et que les ouvriers puissent accéder à la société de
consommation par une redistribution équitable des gains de productivités ainsi réalisés.
Cet aspect social de la pensée taylorienne est resté dans l'ombre dans la mesure où il fallu attendre FORD
pour une réelle mise en application de ces principes sociaux.
Industriel américain, il a introduit le principe du travail à la chaîne et a appliqué les principes d’une
organisation scientifique du travail édictés par Taylor. Le mérite de Ford a été de mettre en application les
idées de Taylor et cela dans deux domaines qui ont contribué à la naissance du " Fordisme " :
Le développement du travail à la chaîne : Henry Ford poursuit les travaux de Taylor à partir des années
1900. Son objectif est d’encore diminuer les temps morts. Il invente le système de convoyeur (travail à la
chaîne) : amener les pièces à l’ouvrier pour éviter que celui ci ne se déplace et perde donc du temps. Ce
n'est plus l'homme qui fixe la cadence mais le convoyeur, et chacun est contraint de suivre le rythme sous
peine d'être éliminé. L'ouvrier est un instrument de la machine.
Grâce au fordisme, la production augmente de façon prodigieuse. En 1908, 6000 Ford T sont produites. En
1913, la Ford T est fabriquée à 189000 exemplaires.
L'application sociale de la pensée de Taylor : Ford remarque que l’OST plus le travail à la chaîne
entraînent des problèmes dans l’entreprise : absentéisme, conflits dans l’entreprise, problèmes de qualité, turn
over très important.
Henri Ford considérait ses salariés comme ses premiers clients potentiels. En 1914, Ford fait passer les
salaires de 2.4$ à 5$/d, pour augmenter la motivation, arrêter les départs, faire en sorte que les employés restent.
De plus, cela permet à la classe ouvrière de devenir consommatrice (notamment des voitures qu’ils
produisent eux mêmes.)
Ainsi, cette augmentation du pouvoir d’achat a augmenté la consommation, qui à son tour augmente la
demande (pour tous les produits, pas seulement pour Ford), ainsi, le chômage diminue, d’ou plus de
consommateurs encore puis toujours plus de demande et ainsi de suite… c’est ce que l’on appelle le cercle
vertueux de la croissance.
Le fordisme a donc permis la consommation de masse, alors que le taylorisme n’a permis qu’une
production de masse.
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Ingénieur français, Directeur d’une société minière, il est l’un des premiers à théoriser des modes
d’administration d’une entreprise en analysant en particulier la nature et la fonction de direction. Dans un
ouvrage Administration industrielle et générale (1916), il présente les cinq principes universels sur lesquels
doivent reposer l’administration et le fonctionnement d’une organisation :
Selon Fayol, la fonction administrative est la plus importante car c'est la seule qu'un dirigeant ne peut
déléguer.
Il constate que les activités administratives augmentent au fur et à mesure que l'on s'élève dans la hiérarchie
(que Fayol comme Taylor voit d'une façon pyramidale) et qu'elles concernent principalement
l'administration des hommes. C'est ainsi qu'il va définir 14 principes d'administration.
10. L'ordre : Il est à la fois matériel " une place 13. L'initiative : C'est la liberté de proposer et
pour chaque chose et chaque chose à sa place " d'exécuter. Elle contribue au développement
et social avec cette adaptation ; une place pour d'une dynamique car " à tous les niveaux de
chaque personne et chaque personne à sa place. l'échelle sociale, l'activité des agents est accrue
par l'initiative."
11. L'équité : La justice s'apprécie en fonction
de règles établies, alors que l'équité va plus loin ; 14. L'union du personnel : S'il convient de
elle est faite des interprétations nécessaires de diviser les forces de l'adversaire pour s'assurer la
ces règles, forcément incomplètes. " victoire, il faut à l'inverse favoriser l'union du
personnel, l'harmonie des relations.
L’administration bureaucratique
Max Weber (1864-1920)
Son approche s’articule autour de l’analyse de l’autorité dans l’organisation et de sa légitimité (autorité
reconnue et acceptée par chaque acteur de l’organisation). Selon Weber, on distingue trois formes
d’autorité :
- L’autorité charismatique : basée sur les qualités personnelles du leader, en considérant que c'est les
qualités naturelles qui permettent à un individu de disposer d’une ascendance sur les autres.
- L’autorité traditionnelle : qui se transmet par usage (par exemple, autorité léguée de père en fils dans
une entreprise familiale). Le leader détient l'autorité en vertu du statut dont il hérité.
- L’autorité rationnelle ou bureaucratique : qui se rattache non pas à la personne mais à la fonction :
C’est pour Weber la plus performante car la hiérarchie est clairement définie, l’autorité est
institutionnelle, elle relève des statuts de l’entreprise. Les responsables d’un service ont des fonctions
spécifiques, ils ne donnent des ordres qu’à leurs subordonnés directs.
Ce dernier modèle d’autorité est le plus égalitaire pour Weber; il permet une administration de masse où
chaque acteur se situe en termes de hiérarchie, de fonctions, de compétences et voit son travail contrôlé. Selon
Weber, toute organisation doit être bureaucratique c’est à dire fondée sur des règles écrites, finalisées et
l’autorité doit découler de la compétence.
Weber s’intéresse donc à un autre mode d’organisation : une division du travail basée sur l’autorité. Son
modèle rationnel et sécurisant suppose un environnement stable, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Son
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formalisme peut être source de dysfonctionnements (lourdeur, rigidités, lenteur quand la taille augmente).
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Le taylorisme devient également de symbole de l'exploitation capitaliste de l'homme par l'homme. Il est
vivement combattu par les partis de " gauche ", y compris aux États-Unis.
Il devient alors indispensable de trouver un sens plus humain au travail. De nouvelles approches fondées sur la
sociologie et la psychologie vont alors voir le jour.
Les classiques se représentaient l'entreprise et ses employés comme des machines; si l'employé se montrait
incapable de produire les quantités demandées, il s'agissait d'un simple problème d'ingénierie. Cette
conception froide de l'organisation n'était pas tolérée par les salariées.
L’école des relations humaines critique l’école classique parce qu’elle néglige la nature humaine du travail et
les motivations et démotivations des salariés. Elle étudie l’attitude des hommes au travail, leur psychologie
et le comportement des groupes de travail. Elle accorde donc à la dimension humaine de l’entreprise une
place essentielle.
Professeur de psychologie industrielle, il réalise différentes recherches sur les comportements du salarié à
son poste de travail. Son étude la plus connue est celle qu’il réalise de 1927 à 1932 au sein des ateliers
Hawthorne de la Western Electric Company à Chicago.
Après avoir pensé que l’augmentation de la productivité des salariés résultait de l’amélioration des
conditions d’éclairage du poste de travail, cette société constate que d’autres facteurs expliquent
l’amélioration du rendement de ces salariés. C’est alors que l’entreprise fait appel à des chercheurs
d’Harvard et en particulier à Elton Mayo.
Cette démarche révéla « l’effet Hawthorne » à savoir une corrélation positive entre la prise en compte des
facteurs psychologiques liés aux conditions de travail et la productivité.
Cependant, alors que des salariés de l’entreprise ne faisaient l’objet d’aucun changement de leur condition
de travail, leur productivité augmenta malgré tout. « L’effet Hawthorne » démontra ainsi que le seul fait
d’exprimer de l’intérêt aux conditions de travail influençait positivement la productivité.
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Elton MAYO a travaillé essentiellement sur des thèmes tels que les relations entre la productivité et le
moral des employés, les rapports humains à l'intérieur de groupes, et entre les groupes eux-mêmes. Son
étude la plus célèbre a été menée durant 5 ans au sein de la Western Electric Cie à Chicago.
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Au cours de ces expériences, MAYO changea plusieurs fois les conditions de travail de 6 ouvrières dans un
atelier (Éclairage, temps de repos, rémunération, horaires ....) et ceci, chaque fois en expliquant les raisons
du changement proposé et avec l'accord unanime des 6 ouvrières. A chaque changement la productivité du
travail augmenta, y compris quand l'on revint à l'organisation initiale. Ces changements ne peuvent donc
expliquer ces augmentations de productivités. Ce sont donc plutôt l'attention et la considération dont ces
ouvrières ont bénéficiées pendant cette expérience qui ont conduit ces dernières à " mieux " travailler.
- La somme de travail accompli par un ouvrier n'est pas déterminée par sa capacité physique mais par sa
capacité sociale
- Les rémunérations non financières jouent un rôle important dans la motivation des ouvriers
- La parcellisation des tâches n'est pas la forme la plus efficace de la division du travail
- Les travailleurs se sentent membres d'un groupe et c'est en fonction du groupe qu'ils réagissent aux
directives de la hiérarchie.
- Malgré cela l'école des 'relations humaines' ne remet pas fondamentalement en cause la prééminence de
la Direction Générale (donc la division verticale du travail) et, n'est pas, en ce sens, une véritable
contradiction du système taylorien.
Psychologue, il centre son analyse sur la question Dans l’ordre, des besoins physiologiques, de
de la motivation au travail (… « Motivation sécurité, sociaux ou d’appartenance, d’estime, de
personality »…1934) et il propose en particulier développement personnel.
sa fameuse pyramide des besoins en distinguant
les besoins primaires des besoins secondaires :
les motivations de l’individu, en particulier au
travail, sont conditionnées par la recherche de la
satisfaction de besoins.
Selon Maslow :
Ainsi, si la tension résulte d’une satisfaction insatisfaisante des besoins primaires, la direction
générale peut intervenir et réduire l’insatisfaction en augmentant les salaires, les avantages en
nature, en améliorant les conditions de travail.
Si l’insatisfaction résulte d’une satisfaction insuffisante des besoins secondaires ou personnels,
l’entreprise devra modifier son style de management, elle devra mettre l’accent sur la
participation des individus.
Besoins Secondaires
Besoins Primaires
Cette théorie est très influente et met en évidence l’impact du contenu du travail pour le salarié et
montre qu’il n’y a pas que la motivation financière.
Des vérifications expérimentales ont montré l’existence de besoins mais l’échelle de ces besoins a
été mise en doute ainsi que leur hiérarchie. Cette hiérarchie des besoins demeure probablement
l'une des théories les plus connues en matière de motivation, aucun ouvrage d'initiation au
management, au marketing ou à la psychologie ne peut se permettre de l'ignorer.
La théorie X est très répandue, mais ses méthodes sont peu efficaces et sont inadaptées car elles
reposent sur des motivations peu importantes.
Le style Y est plus efficace car il repose sur des motivations plus profondes qui permettent d’intégrer
les buts individuels et ceux de l’organisation.
Les modes de direction basés sur les théories X peuvent être employés avec succès lorsque les
besoins physiologiques de l’individu ne sont pas satisfaits ou en l’absence d’une législation prévoyant
un salaire minimum. Mais entre 1945 et 1970, le niveau de vie s’est amélioré, on a donc cherché à
motiver l’individu autrement que par la rémunération. Dans le contexte de crise et de chômage des
années 80, 90, on a eu à la fois un retour en force des théories X de l’organisation, et à la fois un
développement du management participatif.
La théorie bi-factorielle.
Frederick Herzberg (1923-2000)
Ses travaux l'on conduit à une découverte importante en matière de psychologie du travail : Les
circonstances qui conduisent à la satisfaction du travail sont différentes de celles qui conduisent à une
insatisfaction. En d'autre terme ce n'est pas parce que l'on va supprimer les causes d'insatisfaction que
l'individu sera satisfait. (Et vice-versa).
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o l’accomplissement de soi,
o la reconnaissance,
o la qualité intrinsèque de son travail,
o les responsabilités qui lui sont attribuées et
o les promotions/l’avancement dont il bénéficie.
L’idée majeure d’Herzberg est que ces facteurs sont motivants mais que leur absence
n’induit pas nécessairement de démotivation/non-satisfaction.
Herzberg nous dit qu’en complément de ces facteurs, il existe des facteurs d’hygiène,
éléments nécessaires mais non suffisants pour motiver l’individu. En d’autres
termes, l’absence de ces facteurs provoquerait une non-satisfaction/démotivation des
travailleurs mais leur présence ne les motiverait pas. Ces facteurs concernent principalement
la qualité de l’environnement et le mode de fonctionnement de l’organisation :
o style de supervision,
o règles en place dans l’entreprise,
o conditions de travail,
o relations entre collègues, sécurité et, enfin,
o salaire.
En conclusion, Herzberg conclut que L’organisation du travail doit apporter une réponse aux deux
catégories de besoin. Il faut donc garantir à l’individu de bonnes conditions de travail (d’assurer les
facteurs d’hygiène) mais surtout d’augmenter sa motivation en agissant sur les facteurs de motivation
en réduisant les contrôles tout en augmentant le niveau de responsabilité, d’accroître la liberté
d’initiative, de proposer aux travailleurs des tâches plus complexes et plus variées. Une autre
conclusion à la fois surprenante et particulièrement intéressante est que le salaire, les
compensations financières ne sont pas un facteur motivant mais un facteur d’hygiène : si
le salaire doit être équitable et en rapport avec le travail fourni, il ne suffit pas à motiver l’individu.
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La dynamique de groupe.
Kurt Lewin (1890-1947)
Exemple : USA 1943, les autorités cherchent à inciter les ménagères à consommer des abats (mets
méprisés et difficiles à conserver) afin d’éviter le rationnement des autres morceaux de viande.
Comment influencer le comportement d’un groupe, les ménagères américaines, et le convaincre
de modifier ses habitudes de consommation ? Deux méthodes vont être utilisées auprès de clubs et
associations féminines :
2° méthode : après une brève information les femmes sont invitées à discuter du
problème en groupe sous la conduite d’un animateur…
Résultat : la consommation d’abats sera 10 fois plus importante avec la deuxième méthode.
Analyse du résultat :
- l’entretien individuel ou la propagande de masse laissent l’individu dans une situation solitaire
or, l’une des principales résistances au changement est la crainte de l’individu de s’écarter des normes
du groupe.
Il est donc plus facile de modifier les habitudes d’un groupe que celles d’un individu pris isolément.
Le management participatif.
Rensis Likert (1903-1981)
Le style consultatif : les subordonnés sont consultés mais n’ont pas de véritable
influence sur la décision.
Les principes généraux, sous-jacents à cette école, sont ainsi les suivants :
- Le but premier (mais non unique) de l'entreprise est la maximisation du profit. C'est lui qui
mesure l'efficience de l'organisation et tous les autres objectifs (sociaux, sociétals ...) restent
subordonnés à l'accomplissement prioritaire de celui-ci.
-
L'entreprise est le moteur principal de la richesse économique : " Le management est, en fait, la
fonction essentielle et capitale de notre société " affirme P.Drucker. Par contre, son rôle quant à
la répartition équitable de cette même richesse, est largement passé sous silence.
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- Le management requiert des compétences particulières, des outils propres et des techniques
distinctes (toujours cet aspect normatif et pragmatique) à Par exemple la décentralisation et la
fameuse DPO (Direction Par Objectifs).
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Même si ce courant a fait sien certains aspects de l'école psychosociologique (l'enrichissement des
tâches, et les travaux sur la motivation notamment) la philosophie du management des hommes
repose encore grandement sur un " darwinisme " social : Chaque individu lutte pour sa survie, les
meilleurs accèdent aux postes-clef, les moins performants sont éliminés.
Ce courant de pensée est prolixe en auteurs et en " gourous ". Trois d'entre eux nous paraissent, à
des degrés divers, représentatifs de ce courant de pensée :
Sloan passa la totalité de sa carrière à la Général Motors, dont 33 ans comme Directeur général puis
Président. Il n'a écrit qu'un seul ouvrage : " my years with General Motors ". Il est connu pour avoir
fait de GM la première société mondiale, grâce à la décentralisation, en appliquant 4 principes simples
:
- Les divisions doivent être autonomes et jugées d'après la rentabilité du capital investi.
- Certaines fonctions et certains contrôles doivent être centralisés (finances, juridique, publicité,
conception des voitures ...)
- La Direction Générale ne doit pas s'occuper d'exploitation mais de politique générale.
L'organigramme doit prévoir des passerelles afin que chaque division soit représentée
consultativement dans les autres divisions.
Bien qu'il n'ait jamais exercé personnellement des fonctions de management, P. DRUCKER a
conseillé nombre de dirigeants de grandes entreprises américaines et s'est particulièrement intéressé
aux fonctions de Direction Générale.
- La fixation de la mission spécifique de l'organisation : " ... seule une définition précise de la
mission et de l'objet de l'institution rend possible la détermination d'objectifs clairs et réalistes ...
"
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- La mise en place d’une organisation du travail efficace, à la fois productive et satisfaisante pour le
personnel.
- La prise en compte des impacts sociaux de l'entreprise sur son environnement et des influences
de ce dernier sur les orientations de l'organisation.
Pour DRUCKER, la recherche du profit n'est pas une fin en soi. Il fait figure de pionnier en affirmant
que le but premier de l'entreprise est de créer, maintenir et développer une clientèle. Pour lui seul
deux services dans l'entreprise sont des centres de profit (les autres étant des centres de coût) : La
Recherche et Développement, et le Marketing. Un bon marketing est, selon DRUCKER, la clef
absolue de la réussite, (IBM, TOYOTA ....) car il permet de connaître et de comprendre si
parfaitement le client que le produit se vend lui-même. Ceci maîtrisé (R+D, Marketing, productivité)
le profit n'est plus une cause, mais un effet de l'excellence du management.
Enfin DRUCKER estime que l'entreprise est une institution faite pour créer des changements (à la
différence de l'église ou de l'armée dont le but, au contraire, est de maintenir les choses en l'état) et
cela signifie satisfaire d'abord les gens de l'extérieur (les clients) bien avant ceux de l'intérieur (les
employés)
Ancien Directeur Général de la CEGOS (Conseil en Organisation), Octave Gélinier est un praticien
de l'entreprise.
C'est l'un des pères fondateurs de la Direction Par Objectifs (DPO) en France. Pour lui la science des
organisations doit reposer sur des principes clairs, simples et concrètement applicables.
Pour lui, le point fondamental du management de l'entreprise est la définition de sa politique générale
à long terme. Il pense "qu'il y a concordance entre croissance à long terme et profits à long terme ".
Pour une expansion à long terme l'entreprise doit combattre un certain nombre de goulets
d'étranglement tels que : les marchés, les sources de financement et la capacité d'évolution de
l'équipe dirigeante face aux mutations technologiques, managériales et au temps. Ce dernier point est
pour lui fondamental.
Mais, cette politique n'a de valeur que si elle est accompagnée par des objectifs quantitatifs et datés.
(DPO). Ces objectifs permettent, en effet :
Ces objectifs définis, ils sont complétés par des programmes d'application et des budgets. Enfin, selon
O.Gélinier, les conditions indispensables à la compétitivité d'une entreprise sont :
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. La présence d'une forte concurrence (ce qui permet l'imagination, la motivation, et par-là,
l'innovation).
. La finalité humaine directe : " aujourd'hui une entreprise ne peut être en accord avec son
environnement que si elle poursuit explicitement des objectifs d'utilité sociale. " aussi bien à
l'extérieur de l'entreprise (adéquation des produits aux aspirations des clients à prééminence de la
demande), mais aussi à l'intérieur (satisfaction et motivation des salariés)
Cette approche de l’organisation engendre une double rupture vis-à-vis de l’Ecole des relations
humaines de Mayo (approche sociale) et vis-à-vis de l’Ecole classique de Taylor (approche technique).
L’organisation efficace passe par l’optimisation conjointe et simultanée des deux dimensions : sociale
et technique. L’approche de l’organisation de l’entreprise est désormais globale et conduira au
développement de petits groupes de travail autonomes.
L’organisation est considérée comme un système ouvert formé de deux sous-systèmes (social et
technique) et la capacité d’autorégulation des petits groupes.
Pour en rester à l’entreprise, les applications concrètes sont importantes. Elles concernent le poste
de travail (conception des systèmes hommes – machines permettant de satisfaire les exigences
technologiques, organisationnelles ou sociales du travailleur) et bien sûr l’atelier par la promotion des
équipes semi-autonomes de production.
Ces dernières se sont principalement développées en Suède (Volvo), ce qui a conduit à qualifier ces
nouvelles formes d’organisation du travail de « modèle suédois d’organisation » par opposition au
modèle américain.
radicalement dans les années 60 par l’approche dite contingente qui considère que la structure des
organisations dépend de la situation des entreprises. La structure des organisations dépend donc d’un
certain nombre de facteurs contingents, parmi lesquels l’incertitude, la stratégie et l’environnement.
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- Il n’existe pas une seule façon d’organiser le travail. Tout dépend du type de tâche ou du
type d’environnement auquel on a affaire,
- Les dirigeants doivent opérer les bons ajustements entre les diverses composantes internes
et le contexte dans lequel opère l’organisation : telle est la clé principale du succès.
Joan Woodward, professeur d'université à Londres (la sociologie industrielle) est la pionnière de la
théorie de contingence. De 1953 à 1957 Elle dirigea un groupe de recherche sur l'organisation de
100 firmes industrielles implantées en Angleterre. Elle se demandait si les organisations fondées sur
des principes classiques fonctionnaient mieux que les autres.
Pour cette époque elle fit une découverte surprenante : l’absence de relation significative entre
l’application de ces principes et les résultats de l’entreprise. Un 'best way of management' n'existe
pas !
Elle analysa ensuite ces entreprises en les distinguant à partir de leur système de production.
- La production unitaire ou de petite séries : où la ligne hiérarchique est très réduite et les
modes de communication sont informels.
- 1er stade : la petite entreprise mono-activité qui est faiblement structurée et qui appuie son
développement sur une logique de volume ;
- 3ème stade : l’entreprise élargit ses activités au delà de son activité de base en internant des
fonctions qui étaient gérées jusque là par d’autres société. Cela l’amène alors à s’organiser par
fonction ;
- 4ème stade : l’entreprise diversifie ses activités et met en place une organisation divisionnelle (« la
firme multi-divisionnelle).
Chandler démontre donc que les modes organisationnels dépendent en amont de la stratégie et que
le manager se doit de déterminer les choix structurels qui renforcent l’efficacité de la stratégie.
A partir de 1963, ils mènent des recherches afin d’analyser l’impact de l’environnement sur le
fonctionnement de vingt entreprises en Grande Bretagne. Ils vont ainsi démontrer (… « The
management of innovation » - 1966…) que la structure d’une organisation dépend des degrés de
complexité et de stabilité de ses environnements directs ; en fonction, ils distinguent :
- La structure organique, adaptée aux environnements plus turbulents aux évolutions incertaines.
Cette structure organisationnelle flexible et adaptative s’appuie sur une faible spécialisation et
standardisation du travail. Le processus de décision y est décentralisé et les modes de coordination
s’effectuent le plus souvent par ajustements mutuels.
Professeurs d’organisation à l’Université d’Harvard, ils vont analyser dix firmes issues de secteurs
d’activité différents. En distinguant les différentes formes de pressions environnementales
(technologique, commercial, concurrentiel,…), ils démontrent que :
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- L’entreprise différencie d’autant ses modes de fonctionnement en son sein que le degré
d’instabilité de l’environnement est important. L’organisation peut être alors segmentée en sous-
systèmes fonctionnant de manière autonome.
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- Dès lors qu’une entreprise différencie ses modes de fonctionnement, il convient alors de prévoir
des mécanismes d’intégration c’est à dire des procédures qui coordonnent l’action.
L’organisation n’apparaît donc plus comme un système global et homogène. En fonction du degré de
turbulence de ses environnements, tout ou partie des modes structurelles de l’organisation s’adapte
et évolue (dynamique organisationnelle).
6- L’organisation missionnaire
La structure est très informelle et son fonctionnement repose sur
des croyances, une culture, une idéologie communes. Mintzberg n’a
pas observé d’entreprise fonctionnant de la sorte. Le rôle des
valeurs ne peut être qu’une teinte applicable à toutes les autres
formes d’organisation.
Exemple : un monastère.
7- L’organisation politisée
Il n’y a pas de hiérarchie spécifique. Chacun tente d’imposer son
point de vue en usant du pouvoir dont il dispose. Tantôt les
membres de l’organisation s’opposent, tantôt ils coexistent. Les
décisions prises sont les résultats de ces jeux politiques.
Exemple : l’assemblée nationale.
L’entreprise va définir la structure qui lui est la mieux adaptée en se fondant sur la prise en
compte d’un certain nombre de critères :
- L’âge de l’entreprise : une jeune entreprise aura une structure relativement simple alors
qu’une entreprise plus ancienne sera souvent victime de l’effet de bureaucratisation qui se
traduira par une complexification de l’organigramme
- La technologie utilisée par l’entreprise : une production à l’unité se traduira par une
structure simple alors qu’une production de masse entraînera souvent la mise en place d’une
structure par produit
Michel Crozier propose un nouveau type d’analyse sociologique : l’analyse stratégique des
systèmes humains. L’homme ne subit pas passivement la pression de l’organisation. La
sociologie des organisations prend appui sur un individu qui est un acteur qui structure le
champ dans lequel il évolue.
L’analyse stratégique est bâtie sur trois postulats de départ :
- les individus n’acceptent pas d’être traités comme de simples moyens pour atteindre
un but fixé par l’organisation ;
- tous les acteurs jouissent d’une liberté relative pour augmenter leur influence et pour
étendre leurs responsabilités dans l’organisation
- les acteurs sont rationnels, mais leur rationalité est limitée par le temps et les
moyens dont ils disposent.
La théorie Z :
Développée en 1981, cette théorie est une extension et un prolongement de la théorie XY
de McGregor. La théorie Z s’appuie sur une synthèse des caractéristiques des entreprises
japonaises qui ont fait leur succès. Elle considère l’homme comme l’élément déterminant de
la réussite de l’entreprise. Elle reprend les grands principes du management japonais dont le
modèle a su préserver la subtilité et l’intimité des rapports qui existent entre les salariés et a
su favoriser le climat de confiance entre les différentes composantes de l’entreprise.
Cette théorie est fondée sur des valeurs telles que loyauté, fidélité, amitié et confiance. Il en
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