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Dans un premier temps, le modèle intégrateur de Si ces définitions ne précisent en rien la nature des
l'évaluation de la performance du vendeur est introduit comportements à évaluer pour atteindre les objectifs
puis explicité à partir de la recension des écrits traitant définis ni ne permettent de délimiter la contribution
de la performance du vendeur. Dans un second temps, nette du vendeur par rapport aux résultats qu'il dégage,
le modèle élaboré est soumis au regard critique de six elles partagent un dénominateur commun qu'est
directeurs commerciaux évoluant dans des entreprises l'évaluation. L'évaluation revêt une importance
françaises ou canadiennes qui se prononcent sur sa particulière car elle est intimement liée à la mesure de
légitimité, puis l'enrichissent de nuances intéressantes. la performance, ce qui signifie qu'elle doit prendre en
considération les différents aspects de la fonction de
vendeur (7). Ainsi, pour que la performance d'un
Vers une conceptualisation vendeur soit estimée de façon juste, précise et la plus
qraphiaue de la performance exhaustive possible, l'ensemble des facettes de la
du vendeur fonction de vendeur doit être évalué. L'évaluation de
ces différentes facettes pourrait être confiée aux
La performance du vendeur se définit avant tout différents acteurs susceptibles de réaliser une partie ou
comme l'évaluation de la contribution du vendeur à la la totalité de cette tâche. Il s'agit du vendeur lui-même,
de son ou de ses supérieurs hiérarchiques qui font
réalisation des objectifs de l'organisation (2, 6). Elle doit
refléter des éléments normatifs qui caractérisentpartie le de l'organisation des ventes de laquelle le
comportement d'un vendeur, lesquels doivent vendeur dépend et des clients avec lesquels il interagit
permettre de le qualifier de « bon » ou de « mauvais » à (3). Ces acteurs, susceptibles d'intervenir dans
l'évaluation de la performance d'un vendeur,
la lumière des objectifs et buts de l'organisation (5). En
somme, « la performance du vendeur représente lesinterviennent à titre de piliers sur lesquels repose le
comportements qui sont évalués selon leurs modèle d'évaluation et de mesure de la performance
contributions aux buts de l'organisation » (13). présenté à la figure 1.
Les interactions existant entre chaque duo d'acteurs spécifique » représente la contribution personnelle
constituent les trois interfaces du modèle global nette du vendeur aux résultats que réalise l'organisation
présenté soit 1) l'interface « vendeur-organisation », avec ses clients et elle est directement imputable à ses
2) l'interface « vendeur-clients » et 3) l'interface efforts individuels et à sa compétence particulière. La
« organisation-clients ». De l'examen de ce schéma, « performance non spécifique » représente les résultats
deux questions émergent ; premièrement, parmi les que l'entreprise dégagerait seule si le vendeur n'était
trois interfaces possibles, quelles sont celles qui pas à son service. La « performance spécifique » s'insère
permettent d'estimer la performance du vendeur? sur l'interface « vendeur-clients ». La « performance non
Deuxièmement, pour l'interface ou les interfaces spécifique » se place quant à elle sur l'interface
retenues, quels sont les critères à retenir pour dériver « organisation des ventes-clients » car elle s'identifie à
l'évaluation ? Sachant que différents acteurs sont plus l'efficacité de l'organisation vis-à-vis de ses clients,
à même d'avoir à évaluer certains aspects de la indépendamment de l'action spécifique du vendeur (5).
performance des représentants, la logique d'évaluation
appuyée sur les travaux antérieurs relatifs aux différentsEn définitive, cette notion bipolaire de la performance
types de performance des vendeurs sera reconsidérée. des résultats nous permet d'avancer que l'interface
« organisation de ventes-clients » ne représente pas ce
qu'est la performance du vendeur puisqu'elle reflète sa
Les types de performance performance non spécifique. En revanche, l'interface
du vendeur « vendeur-clients » intégrant la performance spécifique
du commercial constitue réellement une facette de sa
La recension des écrits sur la performance du vendeur performance (voir figure 1).
indique que ce concept est abordé essentiellement à
travers quatre types de performance. Il s'agit de la Malgré l'importance de la « performance spécifique »,
performance des résultats, de la performance celle-ci ne représente toutefois pas la performance
comportementale, de la performance « dans le rôle » et réelle du vendeur puisque ce dernier ne contrôle pas
de la performance « extra-rôle ». certains facteurs externes tels que le potentiel de son
territoire de vente ou encore l'intensité des actions
La performance des résultats est une évaluation concurrentes (7) susceptibles d'affecter sa
objective des résultats dégagés par le vendeur dans la performance. Il devient donc nécessaire pour mesurer
réalisation des buts de l'organisation (2, 6). Elle la performance d'isoler ces facteurs extérieurs. Cela
amène tout naturellement à aborder un deuxième type
correspond aux résultats quantitatifs (« extrants »)
dérivés des efforts et compétences du vendeur (1) et de performance, à savoir la performance
c'est traditionnellement la dimension qu'utilisent les comportementale .
gestionnaires pour récompenser ou sanctionner le
vendeur. Bien qu'il existe peu de consensus quant aux La performance comportementale reflète la
critères à retenir pour circonscrire cette performance, manière avec laquelle le vendeur accomplit les activités
les principaux critères recensés en offrent une mesure qui relèvent de sa responsabilité dans le cadre de son
absolue (exemples : volume de ventes, profit, travail (1). Elle exclut les variables susceptibles
commission par mois, quantité de nouveaux clients et d'affecter la performance de résultats du vendeur (1,
nombre de commandes) ou relative (exemple : 6) sur lesquelles il n'exerce aucun contrôle (15), mais
pourcentage de réalisation des quotas, part de marché,recouvre deux catégories de comportements dits
taux de pénétration). L'examen de la nature de« vendant et non-vendant » (6).
l'ensemble de ces critères montre qu'ils reflètent
finalement une performance hétérogène présentant Les comportements « vendant » sont ceux adoptés par
deux facettes : celle du vendeur qui apporte des le vendeur en clientèle de nature qualitative (exemple :
résultats par sa contribution propre (exemple : connaissance technique, adaptation à la vente, habileté
commande décrochée suite à une bonne à la vente), susceptibles de se matérialiser à court terme
argumentation de vente), mais aussi celle de en résultats et d'affecter la performance spécifique du
l'entreprise qui, par les stratégies et politiques vendeur. Ils contribuent concrètement à produire de
marketing qu'elle élabore et met en œuvre, génère des la valeur pour le client et sont donc associés à
résultats (exemple : commande spontanée suite à une l'interface « vendeur-clients ». Les comportements
campagne publicitaire) (7). En conséquence, la « non-vendant », de nature qualitative (exemple :
performance des résultats est un indice d'efficacité de remontée d'information) ou quantitative (exemple :
l'organisation des ventes qui revêt deux facettes que contrôle des dépenses) et sans retombées concrètes
nous nommerons « performance spécifique » et immédiates pour le commercial se réfèrent à
« performance non spécifique ». La « performance l'accomplissement de tâches rattachées à l'exercice de
sa fonction dans l'organisation. Ces comportements Alors que les comportements considérés pour évaluer
« non-vendant » incluent des activités liées à son la performance « dans le rôle » sont formels, la
planning de vente, la fréquence des visites qu'il considération des comportements informels du
effectue, sa contribution au sein d'équipes de travail et vendeur se réalise par l'entremise d'un autre type de
la remontée d'information issue des marchés ; ils sont performance appelée performance « extra-rôle ».
comparables au troisième type de performance, à savoir
la performance « dans le rôle ». La performance « extra-rôle » se définit comme un
comportement discrétionnaire du vendeur non
La performance « dans le rôle » se réfère au officiellement exigé dans le cadre de son travail,
comportement du vendeur qui consiste à accomplir lequel contribue à la survie de l'organisation (9). Elle
de façon continue les tâches et activités formelles exige un effort volontaire non récompensé mais pris
associées à son poste telles que prescrites par son en considération lors de l'évaluation du vendeur (9).
employeur (12). Ce comportement exerce une Représentant le lubrifiant des machines sociales de
influence importante sur la performance globale del'organisation, elle contribue à minimiser les frictions
l'organisation de ventes (12) puisqu'il reflète et à augmenter l'efficience (12). Dénommée
l'efficacité du vendeur dans l'application de la « comportement organisationnel de citoyenneté »
stratégie marketing fixée par l'organisation. Cette (COC) par certains (8), la performance « extra-rôle »
performance est généralement mesurée par des est un concept qui englobe quatre dimensions : la
critères tels que la commission totale, les ventes par conscience, la sportivité, la vertu civique et l'aide
année et le pourcentage des quotas (8). Or, la comportementale. La conscience fait référence à la
définition de la performance « dans le rôle » et les ponctualité plus qu'il est normalement exigé de
mesures utilisées pour la capturer peuvent sembler l'employé. Le côté sportif d'une personne désigne sa
contradictoires selon une logique d'évaluation. En volonté de tolérer des situations non idéales sans se
effet, l'examen de la définition de la performance plaindre et à passer outre certains désagréments
« dans le rôle » souligne l'importance de la réalisation rencontrés (11). La vertu civique caractérise le
par le vendeur des tâches et activités assignées par comportement qui engage l'individu dans la
l'entreprise. Donc le rôle du vendeur est associé à la participation à la survie de l'entreprise (8). L'aide
description de son poste (15). Il s'agit d'un rôle fixé comportementale manifestée au travers de
par l'entreprise et non par les clients. C'est pourquoi l'altruisme, la courtoisie, la pacification et
la performance « dans le rôle » est associée à l'interface l'encouragement, traduit le souci d'aider des
« vendeur-organisation de ventes ». Dès lors, la collègues à éviter ou à résoudre des problèmes liés
performance de comportement « non vendant » et les au travail (8). De façon plus spécifique, l'altruisme fait
critères qui lui sont associés (planning des ventes, référence au comportement d'oubli de soi pour
nombre de visites, travail d'équipe, retour résoudre les problèmes des autres. La courtoisie
d'information du marché, soutien à la vente et inclut les conseils et informations prodigués aux
contrôle des dépenses) sont le reflet des activités liéescollègues pour leur éviter de se confronter à certaines
à sa fonction de vendeur évaluable par l'organisationdifficultés dans le cadre de leur travail. La pacification
de ventes. C'est pourquoi la performance « dans leintègre des actions entreprises en vue d'aider à
rôle » se confond avec la performance du prévenir ou solutionner des conflits interpersonnels
comportement « non vendant » du commercial. (par exemple, agir comme un stabilisateur dans
l'organisation quand d'autres ont des désaccords sur
Si la performance « dans le rôle » fait référence à des commissions, des perspectives, ou des
l'interface « vendeur-organisation de ventes », sa mesureterritoires). L'encouragement se manifeste par des
ne doit refléter que les critères retenus par comportements de soutien aux collègues dans leur
l'organisation pour évaluer la performance du vendeur accomplissement et développements professionnels
et non « évaluables » par la clientèle. C'est pourquoi le (par exemple, encourager d'autres vendeurs qui se
volume de vente n'est pas retenu comme faisant partie situent en deçà de leurs objectifs de ventes).
de la performance « dans le rôle » car il se compare à
la performance non spécifique. Inversement, outre les Ces volets du comportement organisationnel de
critères « non vendant », la commission totale et le citoyenneté (COC) de nature discrétionnaire peuvent
pourcentage des quotas dégagés par un vendeur y sont se répertorier selon qu'ils bénéficient à l'organisation
associés (8) puisqu'ils constituent des moyens formels comme entité (COC-O) ou aux individus de
mis à la disposition de l'organisation de ventes pour l'organisation (COC-I) (14). Il existe également une
évaluer la performance du vendeur dérivée de sa autre forme de comportement organisationnel de
performance « dans le rôle », par rapport aux objectifs citoyenneté caractérisée par des comportements
qui lui avaient été fixés. orientés clients (COC-C) (exemple : fournir de
performance « dans le rôle » et la performance« vendeur-clients » car ce sont ces derniers qui jugent si les
« extra-rôle » associée à l'individu (COC-I) et à commandes sont méritées ou non. En revanche, la
l'organisation (COC-O). réalisation des quotas doit être assignée à l'interface
« vendeur-organisation » car un volume de vente n'a de
Après avoir clarifié les types de performance et les avoirsens que s'il est comparé avec les objectifs prédéfinis. À
jumelés aux interfaces sur lesquelles ils sont cet égard, il arrive souvent qu'un client estime que les
susceptibles d'être utilisés pour évaluer la performance commandes réalisées avec un vendeur sont significatives
d'un vendeur, la section suivante précise les critères de alors qu'au niveau de l'organisation elles sont considérées
chacun des types de performance. comme insatisfaisantes (voir figure 2).
es Aide aux clients ms Connaissance technique ms Planning de visites ms Réalisation des quotas es Volumes de ventes
ms Conscience ms Adaptation à la vente ms Travail d'équipe ms Commission totale ms Profits
ms Vertu civique es Habilité à la vente es Retour de l'information & Nombre de visites es Nombre de commandes
es Sportivité es Présentation es Support à la vente es Contrôle des dépenses es Taux de pénétration
es Comportement d'aide: * Nouveaux clients
es Altruisme
es Courtoisie
es Pacification
es Encouragement
Six directeurs commerciaux ont été choisis pour Par ailleurs, la performance est approchée au travers
couvrir une certaine diversité de situations eu égard à des comportements que le commercial manifeste dans
la thématique étudiée. Ils sont issus d'entreprises l'exercice de sa mission (vis-à-vis des clients et vis-à-vis
œuvrant dans le secteur alimentaire (3 répondants), le de l'organisation), que ces comportements contribuent
secteur des services (2 répondants) et de l'équipement ou non, de manière directe ou indirecte, à la réalisation
bureautique (1 répondant), dans une optique « business des objectifs quantitatifs précédemment évoqués.
to consumer » (4 répondants) et « business to business » L'organisation attend de son commercial qu'il ait des
(2 répondants) ; les directeurs interrogés encadrent des réactions ou pose des gestes en réponse aux
forces de vente de taille variée (les effectifs supervisés stimulations qui lui viennent de l'environnement
s'échelonnent de 7 à 400 vendeurs), de statuts divers externe (clients, concurrence) ou interne (marque,
(vendeurs intégrés ou salariés, VRP et agents produits, gamme). Ainsi la performance est ici définie
commerciaux) et dans un contexte national et/ou comme l'ensemble des actes comportementaux du
international. Ils ont été interrogés par téléphone du commercial en interaction avec son milieu
fait de leur éloignement géographique, à l'exception professionnel : « la performance... c'est, choisir
de l'un d'entre eux interrogé en face-à-face. Les clients..., la présentation de la gamme, la fidéli
entretiens, de nature semi-directive, ont duré une heure au produit, le développement de la marque...
à une heure et trente minutes, ont été enregistrés, puis (vendeur) performant c'est donc quelqu'un qu
établir la marque..., positionner clairement le
retranscrits. Ils ont fait l'objet d'une analyse de contenu
et thématique dans le but d'identifier et de classer les produit, sélectionner ses clients pour établir des
informations obtenues en fonction des quatre thèmes relations à long terme qui soient profitables dans le
évoqués plus haut. Ils ont également permis de relever temps et qu'il assure un suivi ».
certaines définitions ou approches de la performance
qui seront présentées dans leur version originale (sous Les directeurs des ventes interrogés définissent donc
forme de verbatim en caractères italiques) pour illustrer prioritairement la performance en termes de
certains éléments de l'analyse. « performance des résultats » du vendeur et de
« performance dans le rôle ». Leur définition est
conforme à celle que nous avons relevée et la mesure
Définition et conceptualisation qu'ils utilisent recouvre totalement celles des « extrants »
de la performance (quantification relative ou absolue des résultats atteints).
Dans un second temps, ils évoquent la performance
La grande majorité des directeurs interrogés définit la comportementale mais en l'illustrant, de manière
performance des vendeurs en terme de contribution de presque exclusive, par des comportements « vendant ».
ces derniers à la réalisation des objectifs quantitatifs (au La première définition donnée par les directeurs
sens de mesurables par des indicateurs chiffrés) que commerciaux est donc centrée sur l'aptitude du vendeur
l'organisation leur a fixés. Dans cette optique, un à réaliser des ventes et à se comporter pour en obtenir.
vendeur est considéré comme « performant » lorsqu'il De manière spontanée, les directeurs commerciaux ne
a atteint ou dépassé une norme fixée par l'organisation font pas de différence entre la «performance non
en terme de volume de ventes (ou de quantité de spécifique » et la « performance spécifique », bien qu'ils
comprennent cette nuance. De leur point de vue, il est
produits vendus), de chiffre d'affaires (ou de valeur) ou
de budget (différence nette entre le chiffre d'affaires certes légitime de la faire, mais impossible de la rendre
réalisé et les dépenses engagées par le commercial pour active et opérationnelle dans la vie quotidienne de leur
le générer). Ainsi la performance n'est pas définie en organisation, ce qui justifie qu'ils ne l'évoquent pas. Il
soit, mais comme la conséquence de l'aptitude du est également notable de constater qu'ils regroupent,
vendeur à atteindre un niveau de production dans sans les différencier, la performance spécifique et la
l'absolu (le résultat quantitatif en tant que tel), ou performance « dans le rôle » (pour sa partie quantitative)
relativement à un étalon ou un référentiel définis car ils accordent une grande importance à la mesure
préalablement par l'organisation (l'objectif) et qu'ilquantitative des résultats de vente par rapport aux
convient d'atteindre ou de dépasser: «un vendeur objectifs fixés. La performance « dans le rôle », pour sa
performant, c'est un vendeur qui a une capacité partie qualitative, n'est pas citée dans leur définition
d'atteindre et de dépasser les objectifs qu'on lui a initiale de la performance ; notre interprétation est que
les directeurs commerciaux la considèrent comme une
donnés de façon régulière », « la performance du
vendeur, c'est sa capacité à produire du chiffre condition nécessaire mais non suffisante à la production
de résultats.
d'affaires, à produire un niveau de marge également,
sachant que derrière, (ces éléments) sont définis. Pour
un vendeur donné, cela se traduit par des objectifs La performance « extra-rôle » est peu évoquée, et de
précis quantifiés ». plus, elle est citée après que les autres dimensions aient
été rappelées et explicitées. L'un des répondants public", je ne dirais pas cela ». L'analyse des entrevues
évoque « des objectifs d'amélioration de relationnel » confirme donc bien que la performance est au centre
alors qu'un autre précise quV un bon vendeur, c'est d'un triangle à trois sommets. Elle représente le centre
un vendeur qui fait des résultats. Premièrement, il de gravité du triangle dont les trois interfaces isolées
n'y a rien d'autre qui est mesuré comme tel, à part sont d'inégale importance, selon les types de clientèle
si vous voulez le "leadership"... (et) il y a un élément desservis (particulier ou entreprise).
nouveau..., c'est l'éthique ».
marché et environnement (information sur le marché centre du modèle conceptuel triangulaire proposé,
et la concurrence), action marketing (connaissance et comme centre de gravité des trois interfaces et des
présentation des produits, valorisation des produits, différents types de performance, et qu'elle peut être
contribution à la marque, notoriété, positionnement), mesurée par des critères qualitatifs et quantitatifs qui
action commerciale (choix des clients, promotion, se déploient sur les quatre types de performance et les
référencement et placement des produits, tenue du trois interfaces du modèle.
rayon, négociation des contrats), gestion des clients
(suivi, capacité à solutionner les problèmes financiers), L'analyse des entrevues apporte toutefois trois pistes
« leadership » et éthique (professionnalisme, travail d'améliorations possibles.
d'équipe, attitude positive, capacité d'apprentissage).
- Premièrement, la mesure de la performance des
Les critères quantitatifs sont considérés par quatre des vendeurs devrait, selon un des répondants, être
six directeurs interrogés comme les plus importants replacée dans le contexte concurrentiel de
dans l'évaluation de la performance, leur pondération l'entreprise, ce qui souligne l'effet probable de
relative étant établie à 70 ou 80 % pour des vendeurs l'environnement externe de l'entreprise sur le
confirmés et expérimentés. Les deux autres ne modèle ; l'intensité variable de l'action commerciale
comparent pas l'importance relative des deux et marketing des concurrents peut en effet affaiblir
catégories de critères mais considèrent les critères ou augmenter la performance des vendeurs, toutes
qualitatifs comme antérieurs et complémentaires aux choses étant égales par ailleurs. Il dit en effet : « moi,
critères quantitatifs. si vous voulez, il me manque un élément par
rapport à cette performance, c'est l'environnement
Bien qu'ils n'évoquent pas de manière spontanée la concurrentiel C'est-à-dire que je peux prendre ce
catégorisation des critères de performance selon les quatre triangle-là, je vais avoir une performance et si je
types proposés dans le modèle intégrateur (figure 2 : n'évalue pas le niveau promotionnel, le
performance « spécifique », « comportementale », « dans le dynamisme de l'environnement concurrentiel, ce
rôle » et « extra-rôle »), les directeurs interrogés même triangle peut donner une performance
considèrent qu'elle est «fondée » et «pertinente ». fls ont totalement différente une autre année ».
affecté les critères qu'ils utilisent de manière appropriée - Deuxièmement, un autre répondant souligne que
par rapport au modèle, premièrement dans leur l'entreprise peut, par ses actions internes de
différenciation « quantitatif» versus « qualitatif», mais aussi motivation et de stimulation (rémunération ou
à l'intérieur du volet «qualitatif». Dans ce dernier volet, formation), orienter l'action de ses commerciaux, et
ils utilisent une catégorisation cohérente avec celle que donc affecter positivement ou négativement leur
nous avons proposée (« extra-rôle » : leadership et performance totale : « moi, le grand étonnement
éthique ; comportementale : action commerciale, que j'ai eu c'est de ne rien trouver sur les leviers
marketing, gestion des clients) ; « dans le rôle » : marché de la performance et notamment la rémunération.
et environnement). Ils retrouvent donc dans cette
Avec des leviers de motivation de la performance,
modélisation la problématique de mesure de la à un moment donné, l'entreprise peut induire des
performance telle qu'elle s'applique dans leur entreprise choses ». Le modèle proposé devrait donc également
en y apportant deux nuances. D'une part, ils précisent tenir compte de paramètres internes, relatifs au
que la liste des critères associés à chacune des quatre système de management de la force de vente, qui
catégories ne couvre ni exactement, ni totalement, leur pourraient affecter le triangle de la performance.
propre réalité professionnelle (certains critères se
- Troisièmement, les entrevues révèlent les effets
s'appliquent pas ou d'autres qu'ils utilisent ne figurent pas
probables du temps objectif (temps chronologique
dans la liste proposée) ; d'autre part, ils mentionnent que
ou « temps qui passe » entre deux événements) et
les quatre types de performance ne sont pas forcément
d'égale importance dans la formation de la performance
subjectif (évaluation personnelle et culturelle du
temps, essentiellement de nature perceptuelle et
totale (on retrouve ici la notion de « barycentre » qui avait
été explicitée pour le triangle de la performance).
émotionnelle) sur la performance des vendeurs. En
effet, selon les témoignages des répondants, des
événements internes (exemple : formation et
Pertinence du modèle intégrateur ancienneté) et externes (exemple : concurrence et
et voies df amélioration possibles macro environnement), liés au temps objectif,
pourraient affecter la performance totale des
En conséquence des points précédemment évoqués et vendeurs ; de même, l'évolution personnelle des
de l'avis des répondants, le modèle intégrateur proposé vendeurs dans l'apprentissage de leur métier
est considéré comme fondé et pertinent. Il ressort des (exemple : vendeurs seniors et juniors), ou le cycle
entrevues que la performance totale se situe bien au de vente (exemple : privilégier une approche
qualitative avant l'obtention de résultats quantitatifs qualitatifs de mesure de la performance. Ils sont donnés
auprès de certains clients « business to business »), uniquement pour expliciter la catégorisation par objets
liés tous deux au temps subjectif, auraient eux aussi proposée.
un effet sur la formation de la performance totale.
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