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Cet ouvrage présente une analyse des projets et des programmes formulés par des urbanistes français pour
l'aménagement de la capitale algérienne de 1846 à 1958, en examinant les innovations d'un urbanisme
«hors de France» et leur influence sur les développements de la discipline en France. Les urbanistes furent
confrontés à des lieux et des environnements autres qui ont suscité une réflexion sur les traces du passé et
leur déstabilisation. L'attention portée au patrimoine bâti a conduit à des mesures de protection et à intégrer
une réglementation concernant l'esthétique et le paysage urbain dans un projet de transformation de ce
même paysage.
En s'attachant aux plans qui ont projeté Alger en «capitale d'Afrique du Nord», cet ouvrage vise à souligner
l'intérêt que présentent les plans d'aménagement comme matériaux historiques. Ce sont des sources
documentaires riches en information, à la fois sur les représentations de la ville moderne et sur les
instruments d'action forgés par les professionnels.
Outre une étude monographique de la ville d'Alger, de 1846 à 1958, cet ouvrage nous introduit tant à
l'histoire locale de la ville à travers les différents projets, les politiques urbaines, la réglementation, la
conservation des tissus anciens et leur intégration dans l'aménagement de la ville moderne qu'à la trajectoire
intellectuelle des nombreux aménageurs, conservateurs et architectes. Alger a été un territoire d'innovations
pour la modernisation urbaine. Les perspectives qui construisent l'étude de l'histoire de l'urbanisme et, plus
largement, les théories de l'aménagement et des processus de patrimonialisation en France, se limitent le
plus souvent au cadre des frontières de l'hexagone. Cet ouvrage tend d'une part à montrer qu'il convient de
les élargir, pour ce qui concerne le début du xxe siècle, à l'espace outre-mer qui a largement contribué au
développement de l'urbanisme en France, et d'autre part de repenser en même temps le passé colonial de la
France et de l'Algérie.
1- SERVICE DE L’URBANISME :
chargé
De veiller en relation avec les services des collectivités locales, à l’existence et à la mise en
œuvre des instruments d’urbanisme ;
De donner des avis techniques pour l’établissement des divers actes d’urbanisme ;
D’assurer le contrôle de la conformité des actions d’urbanisme ;
De veiller dans le cadre de la législation et de la réglementation en vigueur à la mise en œuvre
des mesures de police d’urbanisme, au respect de la qualité architecturale de la construction et à
la protection des sites historiques, culturels et naturels marqués ;
D’entreprendre toutes action en vue de l’amélioration de cadre bâti et du développement d’un
habitat conforme aux exigences socio-géo climatiques et d’aménagement foncier ;
De suivre en relation avec les structures concernées les études d’aménagement et d’urbanisme
visant la maîtrise du développement du territoire communal ;
De mettre en œuvre et de suivre le processus d’initiation et d’élaboration des instruments
d’aménagement et d’urbanisme en relation avec les collectivités locales ;
D’assurer en relation avec les collectivités locales la concertation dans le cadre de l’élaboration
des instruments d’urbanisme ;
De veiller en relation avec les structures habilitées à la prise en charge des dispositions
législatives et réglementaires spécifiques à certaines parties du territoire ;
D’organiser et d’animer des rencontres à caractère et méthodologique en ce qui concerne les
instruments d’urbanisme avec les bureaux d’études et les communes.
Desuivre les opérations de rénovation urbaine ;
De soutenir techniquement les opérateurs chargés de la conduite des opérations de rénovation
urbaine et immobilière ;
D’encadrer les opérateurs fonciers pour une rationalisation de l’utilisation des sols ;
De suivre les actions de promotion des activités structurantes ;
De veiller à l’application des dispositions législatives et réglementaires en matière
d’aménagement et d’urbanisme ;
D’émettre conformément à la législation et à la réglementation en vigueur les avis techniques
et/ou conformes relatifs à la délivrance des actes d’urbanisme et d’en contrôler leur mise en
œuvre ;
D’assurer la conservation et la gestion des documents relatifs aux actes d’urbanisme ;
D’élaborer des statistiques en matière d’aménagement et d’urbanisme ;
De procéder, en collaboration avec les autorités locales, à l’inventaire des éléments constitutifs
marquant des architectures locales, en vue de leur préservation et de leur réintégration ;
D’engager et d’animer la concertation en matière d’architecture et d’environnement bâti ;
De promouvoir des actions d’intégration des tissus spontanés et des grands ensembles en
matière d’urbanisme et d’architecture ;
De veiller au traitement spécifique des projets structurants et des repère urbains ;
De participer à l’examen et à l’instruction des dossiers de permis de construire.
2- SERVICE DE LA CONSTRUCTION :
chargé
De suivre l’évolution des moyens d’études et de réalisation dans la wilaya et de rechercher les
voies et moyens de les stabiliser et de les développer ;
De suivre le fonctionnement et les tendances du marché des matériaux de construction ;
De participer à l’élaboration et à la mise en œuvre de la réglementation technique en matière
de construction ;
D’assurer la collecte et l’exploitation de l’ensemble des données relatives aux études à la
réalisation et à l’économie de la construction ;
De mettre en œuvre la politique technique de construction ;
De développer les systèmes et règles de construction ;
De veiller à la maîtrise des technologies et des coûts de construction en rapport avec le
contexte local.
De suivre l’évolution des moyens d’études et de réalisation dans la wilaya et de rechercher les
voies et moyens de les stabiliser et de les développer ;
D’assurer la collecte et l’exploitation de l’ensemble des données relatives aux études à la
réalisation et à l’économie de la construction ;
De mettre en œuvre dans le cadre des pouvoirs qui lui sont conférés, le plan annuel du secteur,
conformément aux textes législatifs et réglementaires ;
D’effectuer un suivi constant des actions engagées et de les évaluer périodiquement en vue de
leur transmission à la tutelle.
De participer à l’évolution et à la mise en œuvre de la réglementation technique en matière de
construction ;
De mettre en œuvre la politique technique de construction et de s’assurer de la diffusion et de
l’application des règles techniques ;
D’assurer le soutien technique au service de l’urbanisme lors des différents examens des
dossiers de permis de construire, notamment pour les projets structurants ;
De participer au diagnostic des ouvrages et des cas pathologiques.
De suivre le fonctionnement et les tendances du marché des matériaux de construction ;
De participer avec les administrations et organismes concernés à l’étude et à la promotion de
produits, matériaux et composants nouveaux ou traditionnels entrant dans la construction et d’en
contrôler leur utilisation ;
D’assurer la diffusion locale des systèmes et procédés de construction agréés et d’en suivre la
miser en œuvre ;
D’assure la collecte et l’exploitation de l’ensemble des données relatives à la production et à
l’utilisation des produits, matériaux et composants au niveau local.
3- SERVICE DE L’ADMINISTRATION ET DES MOYENS :
chargé
De gérer, conformément à la réglementation et aux procédures établies, les moyens humains,
financiers et matériels mis à la disposition de la direction ;
De mettre en œuvre les mesures destinées à assurer l’application de la réglementation
générale, de connaître et de suivre en relation avec les structures concernées l’application de la
règlementation et d’en évaluer périodiquement les résultats.
De gérer les personnels administratifs et techniques, conformément à la réglementation en
vigueur ;
De veiller à la mise en place des moyens humains indispensables au fonctionnement des
services.
De préparer conjointement avec les autres services concernés, le budget de fonctionnement et
d’en assurer l’exécution suivant les modalités arrêtées ;
D’assurer la gestion des moyens de la direction ;
De développer toute action de nature à garantir la disponibilité pour chaque service, des
moyens nécessaires à son fonctionnement régulier ;
De mettre en œuvre les mesures destinées à assurer l’application de la réglementation
générale ;
De connaître, suivre et régler le contentieux général dans le cadre des activités du secteur, en
relation avec les structures concernées et d’en évaluer, périodiquement, les résultats.
4- BUREAU DU CONTRÔLE
Le contrôle en matière d’Urbanisme et d’Architecture à travers le territoire de la
Wilaya d’Alger est organisé sous forme de brigades mixtes d’urbanisme, et de la police
d’urbanisme et la protection de l’environnement (PUPE) affectées au niveau de chaque
circonscription administrative.
Les Brigades Mixtes d’Urbanisme ont été créées suite à l’arrêté du Wali d’Alger n°1194 en date
du 23/07/1997 dont l’inspecteur d’urbanisme est désigné comme chef de brigade.
Ces brigades mixtes interviennent à travers les treize (13) circonscriptions administratives de la
Wilaya d’Alger, et sont chargées de rechercher et de constater les infractions à la législation et à
la réglementation en matière d’urbanisme et de la construction, conformément à la loi 04/05 du
14/08/2004 modifiant et complétant la loi 90-29 du 01/12/1990 relative à l’Aménagement et à
l’Urbanisme.
Les infractions constatées sont portés sur les procès verbaux réglementaires et consignés sur
des registres tenus à jour au niveau de chaque brigade par l’inspecteur de l’urbanisme.
La synthèse de l’activité des Brigades Mixtes d’Urbanisme pour l’année 2008, conformément à
la loi 04/05 du 14/08/04 modifiant et complétant la loi 90/29 relative à l’aménagement et
l’urbanisme est comme suit :
Actuellement, l’effectif exerçant au niveau des 13 Brigades de l’urbanisme à travers la wilaya
d’Alger est constitué de :
– 17 inspecteurs, actifs au sein des brigades.
– 04 agents habilités assermentés.
Plan
II. Les villes algériennes en 1998 : distribution spatiale et diversité de l’accroissement annuel
Conclusion
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Texte intégral
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1Ce bref exposé fait suite au commentaire relatif à l’armature urbaine algérienne, paru dans le
numéro 12 d’Insaniyat ; la revue "Collections statistiques" n° 97 (Office national des statistiques,
2000) fournit des séries de données du recensement de juin 1998 qui méritent d’être portées à la
connaissance des lecteurs intéressés par la question urbaine.
3La tendance au regroupement des populations dans localités -rurales et urbaines- est nette
depuis 1966 ; son amorce a probablement débuté au moment du dénombrement d’octobre 1954
en raison de la misère des campagnes et des effets de la Guerre de libération (transferts de
populations éparses vers les plaines, zones interdites, expulsions, exode vers les villes, villages de
regroupement…). En arrondissant les pourcentages des populations agglomérées, ce phénomène
apparaît spectaculaire et régulier : 56 % en 1966, 61 % en 1977, 71 % en 1987 et 81 % en 1998.
Depuis l’indépendance, la nature des causes de ce regroupement semble aller vers une plus grande
diversité : appropriation de la ville, équipement du monde rural, réalisation de villages socialistes
agricoles, emploi dans les campagnes, lotissements villageois, effets du terrorisme, sécheresse… Il
y a lieu de noter que pour la première fois depuis 1966, » la population éparse a enregistré une
diminution puisqu’elle passe de 6 721 000 à 5 420 000 habitants », soit une baisse supérieure à un
million d’individus entre 1987 et 1998 !
5La population urbaine a le mérite d’être mieux affinée. Comme en 1977 et 1987, l’unité urbaine
est définie par l’agglomération. Cinq critères quantitatifs et qualitatifs permettent de classer en
1998 les unités urbaines : le seuil de 5 000 habitants agglomérés, l’emploi au sein des secteurs
non agricoles, les équipements collectifs et la viabilisation, le taux d’accroissement évalué entre
1987 et 1998 et le rang administratif de la localité. A partir de ces critères, ont été classées 579
agglomérations urbaines en 4 strates :
6La population algérienne n’est devenue à dominante urbaine que récemment (tab. 1). En valeur
absolue, l’accélération de la population des villes date de la décennie 1960.
Tab. 1 : Evolution de la population algérienne, urbaine et rurale, de 1886 à 1998. En milliers
d’habitants (chiffres arrondis)
7En valeur relative, le population urbaine avait mis deux tiers de siècle (1889 à 1954) pour doubler
son taux d’urbanisation alors que ce doublement vient d’être obtenu en un tiers de siècle entre
1954 et 1998 ! En 1987, il faut relever que la population rurale équivalait à la population urbaine.
9Il nous semble utile de revenir brièvement sur les facteurs utilisés pour définir l’urbanisation en
Algérie en 1966, 1977 et 1987. En 1977, l’introduction des normes relatives aux niveaux
d’équipement, au taux d’accroissement inter- censitaire… a permis de retenir cinq strates :
urbaine, suburbaine, semi-urbaine, semi-urbaine potentielle et non classée ailleurs. Sur le plan
démographique, le seuil de population admis pour classer une localité dans la strate urbaine « est
ramené à 5 000 habitants au lieu de 10 000 ». La clarification de la définition de la ville, méritoire il
est vrai, demeure encore imparfaite à cause du manque d’enquêtes qualitatives récentes portant
sur l’armature urbaine algérienne et de la crise économique actuelle (fermeture de petites unités
industrielles étatiques, dissolution d’entreprises publiques locales de bâtiment, sociétés locales de
transport…) vécue par de très nombreuses agglomérations, urbanisées, à la limite de l’urbanisation
ou en voie d’urbanisation et ce, dans un territoire national très étendu et très diversifié.
11Le taux d’accroissement annuel moyen urbain a connu une baisse puisqu’il est de 3,6 % en
1998 contre 5,5 % en 1987. 206 agglomérations dépassent cette moyenne nationale de 1998.
Quelques constats méritent d’être relevés :
12Selon la taille démographique des agglomérations et le classement ordonné des villes, certaines
ont amélioré leur rang entre les recensements de 1987 et 1998 (Biskra, Tébessa, Tiaret, Ouargla,
Bordj Bou Aréridj, Jijel…) alors que d’autres ont reculé (Chlef, Skikda, Bédjaïa, Béchar, Médéa,
Ghardaïa, Mostaganem…) ; le rang des huit villes les plus peuplées du pays est demeuré inchangé.
13En un tiers de siècle, l’Algérie est passée d’une société rurale à une société majoritairement
urbaine ; son taux d’urbanisation a subi une progression notable allant de 31,4 % en 1966 à
58,3 % en 1998. En valeur absolue, le rythme de l’augmentation est nettement plus faible pour la
population rurale qui n’a gagné que 539 000 personnes entre 1987 et 1998, que pour la population
urbaine qui a connu une étonnante progression -dix fois plus importante- évaluée à 5 523 000
habitants ! Dans le détail, « à la prépondérance des grandes villes du littoral, a succédé un
rééquilibrage au profit des villes de l’Intérieur et du Sud et qui concerne surtout les petites
villes » relève sobrement le document portant sur l’armature urbaine. En effet, le gonflement
démographique de quelques agglomérations de l’Intérieur et du Sud apparaît caractérisé par la
démesure comme c’est le cas de Djelfa, d’Ouargla ou de Touggourt ; le cas le plus spectaculaire
concerne Tamanrasset dont la population a été multipliée par cinq en une décennie -12 712
habitants et 1987 et 65 397 en 1998 !- en raison de l’absorption d’une dizaine d’agglomérations
secondaires et des apports migratoires. A un niveau d’une autre nature, le même document signale
l’originalité du semis urbain national à cause, à la fois du progrès enregistré par les petites villes et
du « degré de diffusion du phénomène d’urbanisation dans le milieu rural ».
14Par ailleurs, ce sont les petites villes peuplées de 10 000 à 20 000 habitants qui ont,
numériquement, cru les plus fortement (plus de 109 localités) ces dernières onze années (tab.2).
Tab. 2 : Evolution numérique des agglomérations urbaines selon la population (1987-98)
Plus de
16 32 16
100.000
50-100.000 26 34 8
20-50.000 79 114 35
15Toutefois, leur accroissement absolu estimé à 1 436 00 individus, se place loin derrière les 2 583
000 enregistrés par la catégorie des villes de plus de 100 000 habitants.
Les métropoles urbaines : Alger (28 arrondissements) : 1 570 000 habitants en 1998,
Oran : 705 000 h., Constantine : 465 000 h., Annaba : 353 000 h.
Les grandes villes peuplées, de 247 000 à 174 000 habitants, comprennent six unités
urbaines : Batna, Blida, Sétif, Sidi Bel Abbès, Biskra et Chlef.
Les villes moyennes regroupent 22 agglomérations dont la population varie de
159 000 (Djelfa) à 102 000 habitants (M’sila).
Les villes moyennes potentielles, au nombre de 34, rassemblent 100 000 (Bou
Saada) à 51 000 résidents (Aïn Mlila).
Les villes intermédiaires sont au nombre de 114 unités urbaines dont la masse
démographique s’étire de 49 000 h. (Boufarik) à 20 000 résidents (Aïn el Kébira).
Les petites villes forment l’effectif le plus large avec 399 agglomérations situées dans
la fourchette s’étalant de 19 890 h. (Téleghrma) à 5 076 habitants (Kherraza).
17Le même modèle de croissance semble exister au sein des métropoles urbaines algériennes.
A côté d’Alger, composée de plusieurs arrondissements, il a été tenu compte de l’expansion
marquante des banlieues. Ainsi, le terme usité d’unité urbaine recouvre aussi bien la notion
d’agglomération intercommunale que celles de villes isolées. Pour la Capitale et compte tenu de sa
toute récente réorganisation administrative, l’Office distingue le Grand Alger peuplé de 1 570 000
habitants et la wilaya d’Alger, formée de 12 circonscriptions administratives recouvrant 57
communes (29 communes et 28 arrondissements), qui accueille 2 562 000 résidents en 1998 et
dont 90,7 % sont des ‘urbains’.
18En l’absence d’enquêtes récentes portant sur les différents flux, l’Office a tout de même délimité
approximativement les différentes aires des quatre métropoles. Si la population d’Alger (28
arrondissements urbains) connaît un ralentissement démographique somme toute normal
(0,36 %), le déversement de sa population dans ses énormes banlieues de la Mitidja et du Sahel
explique logiquement le fort taux de croissance de ses périphéries dont le taux d’accroissement
annuel moyen est de 5,35 % (moyenne nationale évaluée entre 1987 et 1998 : 3,57 %). La même
tendance d’accroissement est valable pour Oran (1,03 %) alors que le rythme de sa périphérie
s’élève à 6,43 % attestant de fait, l’importance de la mobilité résidentielle intra-urbaine qui
contribue à l’éclatement du bâti périurbain. Une situation comparable est observable dans la
métropole constantinoise qui rencontre de grandes contraintes d’extension du bâti (topographie
mouvementée, glissement de terrain, marché foncier, réglementation…) ; là encore, la baisse
manifeste de l’accroissement moyen de la ville (0,48 %) contraste avec la notable progression du
croît moyen de sa périphérie (6,45 %), comparable au taux de la périphérie oranaise.
Naturellement, Annaba n’échappe pas à ce modèle classique de la péri- urbanisation.
19Le phénomène de conurbation, entendu comme la jonction physique et fonctionnelle d’une ville
avec une autre ou d’autres ville(s) de moindre importance, voire même de localités encore sous-
équipées, semble prendre forme autour de la métropole nationale certes, mais aussi autour des
métropoles régionales à l’instar d’Oran qui a déjà fusionné physiquement avec Bir el Djir ou même
à Constantine qui est entrain de dessiner la même configuration avec El Khroub. Par ailleurs,
durant la dernière période inter- censitaire, il nous faut relever l’absorption de localités proches par
des villes moyennes comme Djelfa ou encore Tamanrasset. Ce fait récent, pour cette strate
urbaine, explique le doublement démographique de Tamanrasset qui a « fusionné avec dix
agglomérations secondaires (Tahaggart, Gueltet el Oued…) ».
Conclusion
20L’urbanisation accélérée dans un pays en crise comme le nôtre donne la mesure de la crise de la
ville et dans la ville car la précarité de la vie urbaine touche à la fois les hommes (emploi informel,
conditions de vie…), les activités (explosion de la branche commerciale, régression de la production
industrielle…), le bâti (non conformité à la règle architecturale, non respect de la réglementation…),
la gestion de la ville (équipement, conflits, dégradation de l’environnement…). C’est dire enfin, la
double action à mener par le pouvoir politique central en matière de réorganisation de l’armature
urbaine et territoriale et en second lieu, la mise en œuvre d’une véritable politique de la ville
perçue en tant que structure vivante en perpétuelle évolution.
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Référence papier
Abed Bendjelid, « Armature urbaine et population en Algérie », Insaniyat / 138-131 ,2001 | 13 ,إنسانيات.
Référence électronique
Abed Bendjelid, « Armature urbaine et population en Algérie », Insaniyat / [إنسانياتEn ligne], 13 | 2001,
mis en ligne le 28 février 2013, consulté le 20 octobre 2017. URL : http://insaniyat.revues.org/11253
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Auteur
Abed Bendjelid
Présentation [Texte intégral]
Mohamed HADEID: Mutations spatiales et sociales d’un espace à caractère steppique : le cas des Hautes
Steppes sud oranaises (Algérie) [Texte intégral]
CHIKHR, F. L’eau à Alger : Ressources, distribution, consommation. Etude de géographie urbaine [Texte
intégral]
FERHI, Salah : Migrations, urbanisation et développement local : le cas des Trara dans l’Ouest algérien
(Algérie) [Texte intégral]
Droits d’auteur
Éditorial
Présentation [Texte intégral]
Présentation [Texte intégral]
Présentation [Texte intégral]
Présentation [Texte intégral]
Présentation [Texte intégral]
PREMIERES RECHERCHES II
Anthropologie, Sociologie, Géographie, Psychologie, Littérature [Texte intégral]
Paru dans Insaniyat / 2005 | 30-29 ,إنسانيات
PRIMERAS INVESTIGACIONES II
Antropología, Sociología, Geografía, Sicología, Literatura [Texte intégral | traduction]
2 أبحاث أولى
]Texte intégral | traduction [ أدب، علم النفس، جغرافيا، علم االجتماع،أنثروبولوجيا
Article
Crise de développement et nouvelles stratégies d’acteurs dans les petites villes de montagne et de
steppe de l’Algérie occidentale [Texte intégral]
Mutations sociales et adaptation d’une paysannerie ksourienne du Touat : Ouled Hadj Mamoun
(wilaya d’Adrar, Algérie) [Texte intégral]
Anthropologie d’un nouvel espace habité : enjeux fonciers et spatialités des classes moyennes à
Oran et sa banlieue (Algérie) [Texte intégral]
Différenciations sociospatiales dans les nouveaux espaces urbanisés d’Oran [Texte intégral]
Oran face aux actions d’aménagement urbain d’Alger : similitudes, modulations et effets de
l’image de la capitale sur les pouvoirs locaux [Texte intégral]
Mohamed HADEID: Mutations spatiales et sociales d’un espace à caractère steppique : le cas des
Hautes Steppes sud oranaises (Algérie) [Texte intégral]
Centre d’études et de recherches sur l’urbanisation du Monde arabeURBAMA, UMR 6592- CNRS
Université de Tours Collections de recherches, Tours (France) [Texte intégral]
Séminaire d’études, ‘‘La ville sur la ville’’. Fès, 2003 [Texte intégral]
Paru dans Insaniyat / 2003 | 21 ,إنسانيات
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Femmes et sport dans les pays méditerranéens. ERRAÏS Borhane et LANFRANCHI Marie-
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L’Algérie en quelques chiffres. Alger, Office national des statistiques, n° 30, 2001 [Texte intégral]
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Collections statistiques (Office national des statistiques, Alger), n° 80, 180 p., 51 graphiques,
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Les principaux résultats du sondage au 1/10° du recensement général de la population et de
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n° 359, juillet-août 2000
Maghreb : la chute irrésistible de la fécondité par B.H. Ouadah et J. Vallin [Texte intégral]
Alger
La pensée de midi. N° 4, Actes Sud et La pensée de midi, Marseille, 2001 [Texte intégral]
Fatiha BERRAHI : Contraintes à l’intensification d’un périmètre irrigué algérien : le cas de Sig
(wilaya de Mascara) [Texte intégral]
Magisters
Larbi BELOUADI : Processus fonciers et immobiliers à Saïda [Texte intégral]
Mémoires
Sonia DENDANE : La résorption de l’habitat précaire à Oran. De l’approche locale à l’implication
internationale dans le projet de développement [Texte intégral]
Espaces maghrébins
revue de l’Union géographique marocaine, nos 1-2, Rabat et Casablanca (Maroc), 2002 [Texte
intégral]
Espaces maghrébins
n° 5-6, 2005, Université de Aïn Chock, Casablanca, Maroc. Spécial : Espaces périurbains au
Maghreb. 133 p. en langue française et 97 p. en langue arabe. ISSN : 1114-62-73 [Texte intégral]
Djazaïrouna, l’atlas pratique de l’Algérie, 198 pages, cartes non numérotées, Editions de l’Institut
national de cartographie et de télédétection, Alger, 2004. ISBN : 9947-0-0593-3[Texte intégral]
Abdelkader HAMIDI : Mutation d’un quartier périphérique d’une ville moyenne en centre
d’animation : Debdaba à Bechar (Algérie) [Texte intégral]
Mythes et réalités d’un désert convoité : Le Sahara. Jean Bisson, 479 pages, Paris, L’Harmattan,
2003. ISBN : 2-7475-5008-7 [Texte intégral]
Nadir BOUMAZA et al., Villes réelles, villes projetées. Villes maghrébines en fabrication [Texte
intégral]
Migrations entre les deux rives du Sahara. Autrepart, Revue de sciences sociales du Sud, n° 36,
Paris, I.R.D., Editions Armand Colin, 2005. 199 p [Texte intégral]
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2010/3 (n° 143)
Pages : 210
ISBN : 9782749212456
DOI : 10.3917/esp.143.0101
Éditeur : ERES
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ays essentiellement rural jusqu’à la fin des années 1960, l’Algérie va connaître
P
une urbanisation qui deviendra le fait marquant d’une société vivant des
transformations rapides, générant souvent des tensions, qui affectent les modes de
vie comme les structures sociales. Alors que la population générale de l’Algérie a triplé
durant cette période, la population des villes, elle, a été multipliée par 10. Le nombre
d’agglomérations urbaines ne cesse de croître (40 % des communes sont urbaines) et
une soixantaine d’agglomérations ont dépassé les 100 000 habitants (elles n’étaient
que 3 en 1962 et 32 en 1987). Au dernier recensement de 2006, près de 65 % de la
population vit dans des agglomérations urbaines contre 30 % en 1966, et 62 % en 1998.
Ces profondes transformations, portées par des dynamiques de différents types,
interpellent à plus d’un titre. L’informel urbain fait partie de ces dynamiques. Son
ampleur oblige à s’y arrêter.
2
L’urbain informel semble a priori couvrir une même réalité : une production illicite,
c’est-à-dire se développant en dehors de la législation et de la réglementation, de
logements et de commerces d’accompagnement ; des pratiques exercées en marge et
s’opposant à la production « moderne » qui, elle, repose sur la division technique,
sociale et institutionnelle du travail promue par le capitalisme et régulée par l’État
(Massiah et Tribillon, 1988). Cette définition en somme très globale ne suffit pas à
rendre compte de la complexité et des différentes formes que revêt une pratique dont
le poids est considérable dans la fabrication de la ville. Si, initialement, l’urbain
informel s’exprimait essentiellement à travers le bidonville, ses manifestations
actuelles sont différentes et son organisation n’a rien de strictement spontané.
Depuis la période coloniale, l’informel a évolué et pris des formes nouvelles tout en
étant porté par des acteurs différents.
3
Trop souvent les études urbaines portant sur les villes algériennes n’ont fait que
constater les distorsions existant entre les règles et les pratiques et entre les
programmes et leur réalité, opposant parfois de manière incantatoire la ville voulue
et la ville vécue, dénonçant l’impuissance de l’État à contrôler une urbanisation cause
de fléaux sociaux [1][1] Pour une analyse des recherches urbaines portant sur....
En fait, les pratiques informelles, celles qui contreviennent à la règle, posent
frontalement la question de la légitimité sociale face à la légalité institutionnelle. Cela
oblige à sortir du cadre purement normatif et à interroger ces pratiques sous l’angle
de leur rapport avec la structure sociale. Comprendre la ville, c’est d’abord la lire
comme un produit sans cesse renouvelé de l’activité des agents qui sont eux-mêmes
un produit des conditions sociales et urbaines. C’est dans cette perspective que nous
tenterons de saisir l’informel urbain dans son évolution, ses manifestations, ses
champs d’action et ses acteurs. Dans une société en pleine mutation comme l’Algérie,
les constructions de l’espace social et de l’espace physique vont de pair, mais à partir
de brouillages dont participe l’informel. Les modalités de fabrication de la ville
algérienne sont à chercher dans les processus de recomposition sociale qui
produisent et accompagnent la production et la distribution des territoires de la ville.
« La ville est sans cesse fabriquée, détruite et recomposée » (Roncayolo, 1985, p. 9). Elle
est le produit d’une combinaison d’interventions où production « programmée » et
production « spontanée » se rencontrent, s’affrontent ou se complètent. Notre propos
cherche à comprendre l’informel comme un phénomène participant pleinement à la
fabrication de la ville et donc à interroger la place et le statut qu’il occupe dans ce
processus. En nous appuyant sur des cas spécifiques, nous nous intéresserons aux
logiques sociales qui concourent à sa production.
De la ville duale à la ville hybride
C’est toujours cette distribution duale des tissus urbains qui prédomine dans la
décennie qui suit l’indépendance de l’Algérie. Mais déjà, les signes annonciateurs de
la ville hybride apparaissent. À la fin des années 1960, l’Algérie s’engage dans un
important projet de développement économique et social visant à transformer la
société. Le choix des investissements industriels et le développement des services mis
en œuvre à partir de grands programmes volontaristes font de la ville le lieu privilégié
du développement. Son rôle attractif s’accroît tant par l’importante création
d’emplois (services, industrie et BTP) que par les services nouveaux qui sont ouverts
aux populations (école, santé publique).
6
La ville éclatée
10
L’informel en Algérie connaît un coup d’accélération et de modification de ces formes
avec le passage à l’économie de marché. « Depuis la fin des années 1970, le secteur
informel ne cesse d’étendre son emprise sur l’Algérie », jusqu’à en être parfois «
pionnier des changements de la législation en marge de laquelle il fonctionnait
initialement » (Prenant, 2002, p. 79). Si des similitudes demeurent, de nombreuses
dissemblances sont relevées entre l’informel de l’an 2000 et celui de l’époque coloniale
; elles concernent les champs où il agit et les groupes sociaux auxquels il s’adresse.
L’urbain informel se décline sur plusieurs échelles, définissant des pratiques de
micro-informel, lorsqu’il s’agit par exemple d’un détournement des fonctions
premières de l’habitation (introduction de locaux à usage commercial) ou de macro-
informel, agissant à l’échelle d’un groupement d’habitations (création d’un quartier
nouveau).
Le permis de construire
11
12
13
L’informel se décline à travers des pratiques multiples et couvre des réalités et des
objectifs variés. Il met en jeu des groupes sociaux aux motivations différentes.
Prenant parfois des formes mafieuses (formes organisées de spéculation foncière,
détournements des fonds publics lors de la réalisation de marchés de construction,
pots-de-vin pour attribution des marchés de construction), l’informel interpelle sur la
place et le rôle qu’il joue dans la recomposition de la structure sociale et la
reconfiguration du champ urbain. L’informel de la misère, celui issu de l’exode rural,
de la paupérisation des couches populaires et de la crise du logement, prend
généralement la forme de l’habitat périphérique et donne lieu à des pratiques
d’adaptation (introduction de petits locaux commerciaux par exemple). Les milieux
populaires ne sont pas les seuls à recourir à l’informel, les nouvelles couches
moyennes et supérieures, celles issues des nouvelles dynamiques économiques
enclenchées après l’indépendance, en font aussi un instrument dans leurs stratégies
résidentielles tant sur le plan des pratiques constructives que des moyens d’accès aux
lotissements pavillonnaires. L’immeuble familial de rapport, devenu une
caractéristique de la ville, est un des résultats de ces stratégies résidentielles [8][8] Sur
cette question, voir Belguidoum (1985, 1995, 2.... Si la finalité recherchée par ces
différents groupes est d’ordre social (droit à la ville pour les couches populaires,
ascension sociale pour les autres), l’informel est aussi une stratégie à finalité
économique. C’est le cas pour les entrepreneurs et les promoteurs immobiliers.
14
15
La forte croissance urbaine a obligé les pouvoirs publics à agir dans l’urgence.
Réponses rapides, partielles et ponctuelles à la demande sociale massive qui, loin de
s’inscrire dans la logique d’un urbanisme pensé, ont pris la forme de programmes et
dont la ZHUN constitue « la figure emblématique de ce que l’État a produit comme
espace ordonné » (Sidi Boumedine, 2002, p. 27). Pris dans l’urgence, mais surtout
dans les jeux de rapports de forces qui déterminent sa légitimité, l’État, tout en
enrobant ses pratiques dans une terminologie qui met en avant le projet urbain, a
développé un « urbanisme de fait ».
16
Nedjma est l’exemple même d’une urbanisation informelle produite par des acteurs
institutionnels. Elle illustre une situation d’urbanisation de fait qui se réalise en
dehors des règles d’urbanisme édictées par les mêmes pouvoirs publics : absence de
permis de lotir, choix de terrains techniquement inconstructibles (présence de
servitudes d’un gazoduc haute pression et d’une ligne électrique très haute tension,
terrain inondable) et réglementairement (Nedjma se trouve en dehors du périmètre
d’urbanisation tel que délimité par Plan d’urbanisme directeur sur une zone non
ædificandi), attribution des lots de terrains sans acte de propriété notarié. À ce jour la
régularisation n’a pas été faite, ce qui oblige les éventuels vendeurs à passer par des
modes informels de transaction.
18
19
Une pratique urbaine est informelle dès lors qu’elle ne s’inscrit pas dans le dispositif
normatif défini par les pouvoirs publics. En promouvant son modèle d’urbanisme,
l’État fixe la norme et définit l’informel. Comme acteur de la ville, « l’État a affaire à la
totalité de la ville ; il a pour charge l’ensemble des actes de gestion et d’émission des
droits et règles qu’y sont et lui sont applicables ; il est conduit à ce titre à produire des
qualifications » (Sidi Boumedine, 2002, p. 32). Par là même, il se donne le rôle de
gardien de la légitimité urbaine. C’est compte tenu de ce pouvoir que l’État compose,
en fonction des rapports de forces sociaux, entre la norme et les pratiques. Face aux
transgressions des populations, l’État réprime, tolère ou régularise. Il en vient lui-
même à transgresser les règles, il les adapte. L’échelle de l’État est celle qui délimite
les champs, elle est régulatrice de l’ordre produit. En effet, ce sont les pouvoirs publics
qui « accordent un statut déterminé à un territoire en prédéterminant sa destination
sur les plans d’urbanisme » (Sidi Boumedine, 2002, p. 33). Il établit un zonage strict
qui permet de réserver les territoires utiles à la réalisation de ses programmes et de
confiner dans les espaces périphériques, qui s’intègrent progressivement au tissu de
la ville, les quartiers de l’autoconstruction plus ou moins contrôlés.
20
Les pouvoirs publics ont hérité d’une situation post-indépendance où les quartiers
spontanés liés aux vagues de l’exode rural ont proliféré. Ils ont réussi à en régulariser
un grand nombre en les reconnaissant, en les intégrant aux gestions communales, en
les reliant aux réseaux d’AEP, à l’évacuation des eaux usées et aux circuits électriques,
voire au gaz de ville. Mais ils n’ont pas pour autant endigué le mouvement de création
de nouveaux quartiers de ce type.
21
22
Plus qu’une instrumentalisation par l’État, l’informel est à la fois le produit des
mutations sociales en cours, un reflet des recompositions sociales et un ensemble de
dynamiques par lesquelles ces recompositions se réalisent. Dans ses grandes lignes, «
le processus de recomposition sociale que vit l’Algérie peut se caractériser comme le
passage, largement engagé, d’une société qui avait construit son lien social sur des
solidarités lignagères et claniques à une société où la solidarité tend à se construire
sur des intérêts de classe et où les processus d’individuation se heurtent aux
résistances des anciens codes sociaux toujours agissants » (Belguidoum, 2008, p. 11).
Ce passage ne se fait pas de manière mécanique. La survivance des solidarités
traditionnelles et leur réactivation sous des formes diverses, notamment à travers les
activités informelles de différentes sortes et le recours massif à l’activité
polyfonctionnelle des ménages dans leur vie quotidienne, brouillent les enjeux et la
compréhension de la structure sociale.
23
C’est cette « société de l’entre-deux » qui agit et façonne l’espace ; c’est dans la ville
que les recompositions sociales s’opèrent. La distribution inégale et hiérarchisée des
richesses économiques, des positions de prestige et des pouvoirs se réalise à travers
de multiples combinaisons entre les différentes formes de capitaux possédés et
utilisés par les agents pour les faire fructifier et ainsi construire leur place dans le
nouvel ordre social qui se met en place.
24
Cette combinaison entre, d’une part, les formes de la vie sociale issues des lois du
marché et, d’autre part, les appartenances à des groupes d’intérêts socio-
économiques et des groupes lignagers et claniques se constate dans les pratiques
quotidiennes comme dans celles plus stratégiques ; ce sont elles qui sont à l’œuvre
dans l’urbain informel. Le désordre physique visible qui en résulte masque un ordre
social en marche. Parmi ces stratégies, l’action collective commence à émerger. Mais
l’absence de véritables structures de dialogue et de concertation, le caractère encore
embryonnaire du mouvement associatif, font que souvent les émeutes urbaines, de
plus en plus banalisées, deviennent la forme courante utilisée par les populations
pour exprimer leurs revendications. Enfants illégitimes de la ville, « les habitants de
la périphérie de l’habitat informel et des autres quartiers précaires revendiquent un
statut d’enfants légitimes d’une architecture et d’un urbanisme qui ne parviennent
pas à proposer un projet de ville à la hauteur de leurs aspirations, de leurs attentes, de
leur imaginaire » (Lakjaa, op. cit., p. 34).
Conclusion : Quand l’informel interroge la ville en
devenir
26
Références bibliographiques
Notes
[*]
Najet Mouaziz, chargée de cours au département d’architecture, Université des sciences de la technologie
d’Oran, doctorante.
najetmouaziz@yahoo.fr
[1]
Pour une analyse des recherches urbaines portant sur l’Algérie, voir : Sidi Boumedine et
Taïeb (1996), Bendjelid (2001), Madani (2008).
[2]
L’exode rural connaît un net ralentissement entre 1970 et 1990. Il reprendra durant la
décennie 1990, pour des raisons liées à l’insécurité dans les campagnes provoquée par
l’insurrection islamiste.
[3]
Tandja à Sétif a d’abord été un lotissement de regroupement que les autorités coloniales ont
favorisé pour accueillir les populations rurales du massif des Babor. À la fin de la
colonisation, il fut qualifié de « cancer urbain ». Ces petites maisonnettes d’un niveau, de
deux ou trois pièces, et dotées d’une petite cour sont devenues aujourd’hui des R + 2, voire 3.
Celles situées sur les principaux axes, devenus avenues ou boulevards, se sont transformées
en immeubles de rapport.
[5]
Notre propos s’appuie entre autre sur une série d’enquêtes et d’observations réalisées depuis
une dizaine d’années sur la ville d’Oran. Ces pratiques sont signalées régulièrement dans
d’autres travaux (voir bibliographie).
[6]
Nous avons analysé ce rôle du promoteur dans une communication présentée à Rouen : «
Pouvoir local et les enjeux de la gouvernance urbaine en Algérie » (2009).
[10]
Enquête réalisée en 1998 à partir du dépouillement des fichiers scolaires portant sur 794
chefs de famille. N. Mouaziz-Bouchentouf (op. cit.).
Résumé
Français
L’urbain informel semble a priori couvrir une même réalité : des pratiques exercées
en marge d’une réglementation et s’opposant à la production « moderne » de la ville.
Souvent les études urbaines portant sur les villes algériennes constatent les
distorsions existant entre les règles et les pratiques, opposant parfois de manière
incantatoire la ville voulue et la ville vécue et dénonçant l’impuissance de l’État à
contrôler un urbanisme, cause de fléaux sociaux. Cette production qui contrevient à
la règle, pose frontalement la question de la légitimité sociale face à la légalité
institutionnelle. Notre propos sort du cadre purement normatif et interroge ces
pratiques sous l’angle de leur rapport avec la structure sociale et les dynamiques
urbaines actuelles. L’informel urbain est saisi dans son évolution, ses manifestations,
ses champs d’action et l’identité de ses acteurs.
Mots-clés
informel
acteurs
villes algériennes
légitimité sociale
dynamique urbaine
Español
El urbano informal y las paradojas de la ciudad argelina: políticas urbanas y
legitimidad socialEl urbano informal parece a priori cubrir una misma realidad :
prácticas ejercidas al margen de una reglamentación y que se oponen a la producción
‘moderna’ de la ciudad. A menudo los estudios urbanos sobre las ciudades argelinas
no han hecho más que constatar las distorsiones que existían entre las normas y las
prácticas, oponiendo (algunas veces de manera evocativa) la ciudad deseada y la
ciudad tal que es vivida, denunciando la impotencia del Estado a controlar un
urbanismo, causa de plaga social. Esta producción, que contraviene a la regla, coloca
al descubierto la cuestión de la legitimidad social frente a la legalidad institucional.
Nuestro objetivo es el de salir del cuadro normativo puro e interrogar dichas prácticas
desde el punto de vista de su relación con la estructura social y las dinámicas urbanas
actuales. Se trata de aprehender el informal urbano en su evolución, sus
manifestaciones, sus campos de acción y la identidad de sus actores.
Palabras claves
informal
protagonistas
ciudades argelinas
legitimidad social
dinámica urbana
Il semble bien à cet égard que la Loi d’orientation foncière de 1990 dont les objectifs, consistaient
à passer d’un modèle de gestion administrée du foncier à un autre d’inspiration plus libérale
accordant aux seules lois du marché la capacité de réguler l’affectation de l’espace, a mis en branle
de nouveaux mécanismes de recomposition du paysage spatial et social qui tranchent avec ceux
observés pendant les décennies précédentes.
Rappelons en effet que l’Algérie, de par les conditions historiques qui prévalurent lors de l’épisode
de la décolonisation, connut une situation d’étatisation de fait et de jure du parc foncier et
immobilier considérable abandonné par les Européens lors de leur exode massif de l’été 1962,
situation qui à ce jour n’est pas encore totalement résorbée. En plus des processus d’occupation
par la violence de ce “butin de guerre” immobilier urbain par les Algérois qui contribuèrent à casser
les logiques de ségrégation ethnique en vigueur auparavant ; signalons aussi les conséquences en
terme de verrouillage de l’offre de terrains à bâtir et en terme d’infléchissement des pratiques de
distribution dans des directions inattendues que l’orientation socialisante et volontariste adoptée
par les pouvoirs publics à partir de 1974 (Loi sur les réserves foncières communales) apporta de
manière massive.
Les effets pervers de cette option rigoriste contribuèrent dans le contexte algérois à amplifier des
phénomènes relativement connus, car observés dans d’autres contextes nationaux. Citons entre
autres :
3°) La prédilection de ce type d’urbanisation pour les zones de statut privé (“melk”), très
nombreuses dans le Sahel algérois ;
4°) Le développement, ou plutôt, la généralisation à grande échelle des transactions foncières
informelles, etc…
Il faut remarquer cependant que ces effets généraux s’articulèrent à ceux produits par la mise en
place des dispositifs de distribution administrée de l’espace : clientélisme politique ou à
soubassement régionaliste, formes de spécialisation catégorielle dans les nouveaux ensembles
d’habitat collectif induites par la concentration de personnels appartenant aux mêmes entreprises
ou organismes d’Etat, exclusion des catégories sociales “hors l’Etat” et notamment, les couches
défavorisées des bénéfices de la distribution administrative, etc…
Force est de constater que la Loi d’orientation foncière de 1990 vint donc s’insérer dans un
contexte sociétal et spatial fortement marqué par les conditions de genèse historique du système
urbain algérois qui favorisèrent la mise en place de logiques singulières de ségrégation urbaine
complètement déconnectées du marché. La question centrale que pose donc la promulgation de
cette loi s’impose d’elle-même : comment les logiques ségrégatives “naturelles” portées par les lois
du marché se sont-elles intégrées ou superposées aux dynamiques artificielles ou “parasites”
générées par un système de gestion administrée de l’urbain ?
En d’autres termes, comment peut-on lire dix années après la mise en place de ces dispositifs, les
nouvelles formes de ségrégation ou de recomposition urbaine en cours dans l’espace algérois ? Y a-
t-il rupture ou continuité ? Le désengagement formel de l’Etat a-t-il effectivement eu lieu, libérant
en quelque sorte les initiatives spontanées bridées par l’ancien dispositif qui se voulait anti-
ségrégatif et égalitaire ?
C’est à cette somme d’interrogations auxquelles nous allons essayer de répondre dans la mesure
des informations dont nous disposons à l’heure actuelle, collectées à deux sources :
Nous étayerons notre démonstration par un jeu de cartes et de graphiques qui illustreront les
divers développements de l’argumentation.
Commençons tout d’abord par identifier la manière dont s’est mis en place le contexte post-colonial
dans lequel sont venus s’inscrire les nouveaux dispositifs théoriquement porteurs de nouveaux
processus et formes de recomposition urbaine.
2°) Le processus de réoccupation - très rapide lui aussi - de ce parc des “biens-vacants” par les
populations algéroises, toutes couches confondues, selon un scénario de substitution spatiale qui
contribua à casser la ségrégation d’ordre ethnique existant auparavant ;
3°) L’étatisation de ce parc immobilier et foncier qui s’échelonna de 1962 à 1966 et qui aboutit à
terme à l’érection de l’Etat algérien comme propriétaire foncier et immobilier prédominant dans
l’agglomération d’Alger.
Ces trois facteurs combinés à d’autres variables d’ordre socio-politique, contribuèrent donc à
former un nouveau système de rapports entre les différents acteurs de la société urbaine, système
reposant sur ce que l’on pourrait appeler “le consensus tacite de la décolonisation”, à savoir
l’usufruit à titre gratuit du butin de guerre immobilier colonial, comme référent paradigmatique de
tous les comportements urbains. Et pour résumer la question, disons que cet épisode fondateur a
rendu possible la légitimation de l’accès au foncier par des voies non-marchandes, option qui
n’était pas possible auparavant pour le commun des mortels, période de conquête militaire exclue.
A partir de ce moment là, toutes les pratiques et stratégies à enjeux fonciers et immobiliers des
acteurs étaient conditionnées par leurs possibilités “d’actionner” les filières et dispositifs sociaux de
mobilisation des ressources non-monétaires : ressources de relations sociales et politiques,
d’appartenance à des groupes de parenté ou régionaux…
L'ensemble des logiques urbaines reposait dorénavant sur des critères autres qu’économiques.
D'un côté, il y avait l'utilisation par les pouvoirs publics de la rente urbaine comme instrument de
gratification et de gestion politique (politique des loyers, distribution des logements comme bien de
gratification,...), de l'autre, on relevait au niveau de la société urbaine des comportements
confirmant la situation de promotion sociale et urbaine quasi-miraculeuse.
2°) L'enclenchement d'un processus de mobilité spatiale de certaines familles pauvres qui avaient
occupé des logements au dessus de leur "standing". Ces dernières refluèrent vers des lieux plus
conformes à leurs moyens. Par ailleurs, le marché de vente des "pas de porte" ou des
"désistements" est mis en branle au profit des catégories de personnes disposant de ressources
matérielles et/ou politiques conséquentes. Cependant, autant ce dernier que les mouvements de
repli des couches démunies restèrent faibles en terme de modification des nouveaux grands
équilibres.
La période 1974 à 1990 se caractérisa à cet égard par plusieurs phénomènes d'ordre social et
spatial directement induits par la tournure décidément patrimonialiste que commençaient à générer
les outputs du système.
- Ces pratiques eurent pour conséquence la périphérisation de l'urbanisation. Une véritable ceinture
de lotissements situés en zone rurale, non touchée par les dispositions de production de titres
fonciers donnant droit à la délivrance de permis de construire vit ainsi le jour. La ville s’étendait à
l’extérieur du "limes" symbolique marquant le périmètre de l'urbanisation officielle.
- Ce type d'urbanisation marquait une prédilection certaine pour les terres de statut Melk du Sahel
algérois (Khraïssia, Saoula, Birtouta nord, Chéraga, etc....) ;
- Enfin, on assista également au “perfectionnement” en quelque sorte des pratiques informelles de
vente "sous seing privé", qui eurent pour conséquence directe le renforcement des aspects
communautaires des processus d’installation des populations. Entre autres pratiques de
détournement des dispositions de blocage des transactions sur le foncier, on nota également la
montée en force du marché des "carcasses" qui, autorisé, remplaça de manière efficace celui,
interdit, des terrains nus.
De manière générale, on aboutit à une typologie de la ségrégation, avant 1990, qui se présente
comme suit :
C’est donc un paysage ségrégatif très diversifié, éclaté, sans principe organisateur d’ensemble
sinon peut être le clivage entre populations produites par les processus de distribution administrée
de l’espace, et celles produites par les processus spontanés d’agrégation dans lesquels les logiques
à soubassement marchand interfèrent avec d’autres logiques, plus complexes de mobilisation des
ressources extra-économiques ou les deux à la fois.
A la veille de la promulgation de la Loi d’orientation foncière de 1990, ce ne sont plus les formes
tranchées de ségrégation observées à l’époque coloniale avec leurs espaces nettement
individualisés et cernés par des frontières reconnues de tous. Ce sont plutôt des formes
embryonnaires de fragments urbains aux frontières et aux contenus évanescents et en quelque
sorte mal fixés, dans lesquels les populations négocient des formes d’identification identitaires
procédant bien plus de l’enfermement dans des réseaux d’appartenance que de la conscience du
partage d’un espace et d’un vécu communs
C’est dans ce contexte, dans ce paysage aux contours imprécis que vinrent jouer les effets
introduits par la Loi d'orientation foncière de 1990, notamment les dispositifs d’encadrement de
l’urbanisation : permis de lotir, de construire, Plans directeurs d’aménagement urbain (P.D.A.U.).
Mieux que de longs discours, l’examen de quelques cartes est évocateur des changements apportés
pendant la période intercensitaire 1987/1998, dans la mesure toutefois où ces derniers ont une
expression spatiale. Soulignons avant de passer à l’analyse, les changements institutionnels et
réglementaires les plus saillants :
1°) La fin (théorique) du monopole des municipalités sur les transactions foncières à l’intérieur des
périmètres d’urbanisation, c’est-à-dire la possibilité pour les propriétaires fonciers privés de vendre
leur propriété sans passer par la municipalité ;
4°) L’abandon des prix “administrés” et l’adoption du principe de l’alignement des coûts et des prix
de cession des biens fonciers et immobiliers sur les prix du marché.
En somme, une batterie de dispositifs et de textes d’inspiration plus libérale que ceux des
décennies précédentes, qui avaient pour objectif avoué de lever les diverses pesanteurs
institutionnelles qui, selon les autorités publiques, constituaient un frein à l’émergence des autres
acteurs de l’urbanisation.
Au recensement de 1998, on constate les données suivantes : le taux de croissance annuelle de la
population algéroise (ensemble de la wilaya d’Alger) est de 2,2%, dépassant de 0,1 point
seulement le taux de croissance naturelle pendant la période (2,1%).
Pendant le même laps de temps, le taux de croissance des constructions dans toute l’aire
métropolitaine algéroise était de 4,36%, ce qui est un taux bien vigoureux comparé au taux de
croissance de la population. On constate en outre que le plus gros de cette croissance est supporté
par les 27 communes de la périphérie plutôt que par les 29 arrondissements urbains de la capitale
(Alger intra-muros). Ces derniers atteignent à peine 1% en fin de période 1987/1998 alors qu’ils
avoisinaient les 3,4% durant la décennie précédente.
Par ailleurs, les cartes 2 et 3 montrent que cet accroissement des taux d’urbanisation est
principalement le fait de l’habitat de type individuel qui constitue entre 70% et 90% de l’ensemble
des constructions réalisées. Cette tendance tranche nettement avec celle observée pendant la
période précédente, dominée par l’offre de logements de type collectif.
Enfin, l’analyse des flux de populations présentée par la carte n°4 permet de conclure au caractère
fortement périphérisé de la croissance urbaine algéroise. Quoiqu’il en soit, les données que nous
venons de présenter montrent de manière très claire le formidable mouvement d’urbanisation de la
périphérie algéroise sur le mode de l’étalement urbain de basse densité formé de logements
individuels. Ce mouvement ne semble plus procéder, à l’instar de ce qui avait été observé dans les
années soixante-dix et quatre-vingt d’un processus soutenu d’exode rural, mais de l’installation de
populations provenant essentiellement des quartiers centraux d’Alger.
Cette dynamique traduit apparemment une plus grande fluidité du marché foncier dans toutes les
communes rurales de la wilaya mais, elle montre aussi paradoxalement que cette fluidité est
beaucoup plus forte dans les communes à majorité de terres domaniales que dans celles à majorité
de terres privées.
Le graphe N°1 montre à cet égard la force du paradoxe : les plus forts taux d’illicité, c’est-à-dire
d’absence de documents administratifs (comme le permis de lotir, de construire, d’actes de
propriété authentifié, etc …) se situent dans les communes de l’Est d’Alger, à assiette foncière à
plus de 90% domaniale (daïras de Dar El Beïda et de Baraki qui regroupent respectivement 7 et 3
communes) tandis que les taux d’illicité les plus faibles se situent notamment dans les communes
de l’ouest, à plus fort taux de terres privées (Birtouta et Chéraga et dans une proportion plus forte,
Draria).
La conclusion partielle qui vient à l’esprit à propos de cette période est la suivante : la ville d’Alger
a connu entre 1987 et 1998 une poussée d’urbanisation d’une vigueur jamais atteinte auparavant.
En l’espace de onze années, cette urbanisation a consommé plus de surface que durant le siècle
précédent.
GRAPHIQUE N° 1 : NOMBRE DE CONSTRUCTIONS RÉALISÉES ENTRE 1987 ET 1998, DONT LES
CONSTRUCTIONS ILLICITES PAR DAÏRA (WILAYA D’ALGER)
L’épisode des Délégations Exécutives Communales (D.E.C.) qui furent mises en place après 1992,
en remplacement des municipalités F.I.S. élues en 1991, aura été du point de vue de la distribution
du foncier public une période faste. Les diverses clientèles arrimées au secteur public ont été
grassement servies dans cette période, confortant les logiques prédatrices qui s’étaient mises en
place durant la décennie précédente.
Ce qu’il faut souligner en termes d’effets sur la ségrégation, c’est la confirmation de la forme
d’urbanisation “fragmentaire” qui avait commencé à se dessiner dans les années soixante-dix à la
suite des phénomènes d’évasion foncière dûs à la municipalisation des sols. Les tendances au
regroupement de populations ayant des affinités entre elles, parce qu’elles appartiennent aux
mêmes filières et réseaux de captation et de distribution est à cet égard remarquable. On assista à
la création de lotissements rassemblant des gens de telle catégorie sociale (militaires, gendarmes,
grossistes, etc…), d’autres, des gens de telle région” (sétifiens, bordjiens, etc…), de telle
administration, etc…, en somme, des modalités de cristallisation dans l’espace des réseaux
d’appartenance plutôt que de disponibilité de ressources financières. A la géographie de la
répartition des grandes catégories sociales dans les territoires périphériques, en fonction des
critères d’accès financiers, s’est substituée une géographie de l’implantation des groupes
d’appartenance dans l’espace. La nouvelle donne juridique apportée par la loi de 1990 n’a en fin de
compte fait qu’accélérer le mouvement de dilapidation et de distribution de terres du domaine privé
de l’Etat à des groupes de pression et des réseaux de captation des ressources tapis dans les
rouages de l’État.
La meilleure illustration de ce phénomène est fournie par la commune de Draria dont nous
analysons les nouvelles formes d’urbanisation.
La commune de Draria offre une illustration parfaite de processus décrits plus haut. De petite
bourgade rurale dans les années soixante-dix, elle a connu en l’espace de vingt ans une expansion
urbaine extraordinaire. La figure N° 5 qui regroupe quatre cartes établies à partir de photographies
aériennes en 1977, 1983, 1992 et 1997, permet de retracer l’évolution du phénomène. On relève
deux processus :
1. La création ex nihilo ou presque de lotissements irréguliers (clandestins) dans les zones rurales
desservies par des réseaux de voirie secondaire (sites de Seballa et de Boudjema Temime) et
parfois même, complètement enclavées comme Oued Tarfa.
A1. Un premier groupe de lotissements créés dans le cadre des réserves foncières communales
entre 1977 et 1992 englobant deux catégories :
les lotissements de type “promotionnel” destinés à une clientèle aisée, consistant en des lots
entre 200 et 500 m2, vendus à des prix administrés incluant les frais de viabilisation ;
Les lotissements dits “d’autoconstruction” réservés aux populations défavorisées de la
commune, avec des superficies réduites (120 à 200 m2), cédés des prix de cession symboliques
et une qualité de viabilisation inférieure.
A2. Un deuxième groupe de lotissements distribués par la municipalité F.I.S. lors de son exercice
du pouvoir municipal entre 1991 et 1992, à une clientèle partisane à l’entrée nord de
l’agglomération ;
A3. Un troisième sous-type composé des lots attribués lors de l’épisode des Délégations exécutives
communales (D.E.C.) qui remplacèrent les municipalités islamistes après 1992 ;
A4. Enfin, un dernier sous-type de lotissements distribués par l’Agence foncière d’Alger
(A.G.E.R.F.A.) après 1997 dans des conditions de cession se rapprochant des niveaux de prix du
marché.
Ces lotissements se démarquent par rapport à ceux du type B par deux aspects :
- un principe, que l’on peut appeler “effet boule de neige” qui correspond à la propension des
premiers acheteurs de lopin de terrain à bâtir chez des privés, à opérer en groupe et à attirer dans
leur voisinage des gens qu’ils connaissent et en qui ils ont confiance ;
un principe plus commercial d’attraction de populations ne se connaissant pas entre elles, mais
qui sont attirées par ce type de lopins pour des raisons financières (modicité des prix), pour des
raisons de non appartenance aux réseaux de distribution et aux groupes de pression proches de
l’administration, enfin, pour des raisons d’urgence afin d’éviter les longues files d’attente et le
caractère aléatoire des procédés de la distribution administrée.
En tout état de cause, on peut dire que selon le principe général, de production de groupes sociaux
préconstruits, repéré dans les lotissements de type A réguliers, s’oppose au principe général
d’agrégation plus spontané dans les lotissements irréguliers de type B. Si les groupes qui
s’approprient les lotissements du premier type préexistent sous la forme de listes produites par
l’administration avant la distribution, les groupes sociaux qui investissent les quartiers de type B
sont produits par les processus même de mise en vente des lots, dans la foulée du coup parti
foncier.
Cette différence de nature, dans les processus de création des lotissements, provoque des effets de
“coagulation” de groupes sociaux différenciés dans des espaces eux-mêmes différents du point de
vue de leur qualité urbaine et de leur localisation.
Cette différenciation sociale se superpose à des différences dans le mode de traitement de ces
deux types d’urbanisation par les autorités, centrales et communales, en terme d’installation des
viabilités (électricité, gaz, téléphone, réseau d’assainissement, etc…) qui contribuent à différencier
ces deux types de lotissement en termes d’accès aux ressources publiques. Dans les lotissements
réguliers en effet, la proximité des lots par rapport au centre de l’agglomération, la proximité
même des bénéficiaires par rapport au pouvoir municipal, leur force en tant que groupes de
pression introduits dans les divers rouages de l’administration provoquent un effet de drainage des
ressources publiques vers ces sites qui bénéficient plus ou moins rapidement, selon la qualité de
leurs membres, de programmes publics d’aménagement des voiries et autres commodités
urbaines.
Dans les lotissements irréguliers excentrés par rapport à l’agglomération et par rapport au centre
de pouvoir municipal, enclavés dans des sites parfois difficiles d’accès, les viabilités tardent à venir,
quant elles ne sont pas carrément prises en charge par les populations résidentes elles-mêmes, et
à leurs frais.
CONCLUSION
N’est-on pas en face d’une nouvelle forme de discrimination et de ségrégation qui se mesure non
pas à l’aune de la diversité dans les formes d’établissement des groupes sociaux dans l’espace, à
leurs modalités de “coagulation” dans des fragments urbains nettement séparés et circonscrits,
mais essentiellement et surtout à leur capacité de s’intégrer matériellement aux divers réseaux
sociaux et de pouvoir qui constituent la ville ?
BIBLIOGRAPHIE
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