Vous êtes sur la page 1sur 50

“ Cours de

Thermodynamique Industrielle
EN1-Q3

Cycles des Turbines à vapeur



Réalisé par : Mme SAKLY MZALI Ahlem
Cycles des Turbines à vapeur

Objectifs du cours

• Enoncer les applications industrielles et les éléments qui forment


l’installation d’une Turbine à Vapeur (TV) ;

• Etudier et tracer le cycle réel de Rankine des TV dans le diagramme


entropique ;
2
• Comparer et évaluer les techniques industrielles d’amélioration du
rendement thermodynamique des TV telles que le cycle de Hirn à
resurchauffe et le cycle de Hirn à resurchauffe et soutirage.
Introduction
3

Plusieurs procédés permettent de produire de l’électricité et ce à


partir de différents vecteurs énergétiques tels que :
• L’Énergie fossile (solide : charbon et uranium ; liquide : fioul ;
gaz : gaz naturel) dans des centrales à vapeur, des turbines à gaz,
des moteurs alternatifs à gaz…
• L’Énergie chimique : dans des piles à combustible : la production
de l’électricité se base sur l’oxydation de l’hydrogène et la
réduction simultanée de l’oxygène.
• Les Énergies renouvelables : dans des centrales solaires
thermiques, des installations d’hydroélectricité, photovoltaïques,
éoliennes…
• Les centrales thermiques ainsi que les centrales nucléaires
4
sont à la base des cycles moteurs ; que la chaleur soit
apportée par la fission de l’uranium, ou par la combustion
d’une source d’énergie fossile, le principe général reposant
sur une turbine à vapeur est le même.
• Ces cycles moteurs utilisent un fluide (dit fluide moteur)
qui change d’état au cours du cycle. Ce changement d’état
génère des variations importantes de l’enthalpie ce qui
permet de transformer de grandes quantités de chaleur en
travail.
• Les liquides ont une excellente capacité calorifique
volumique en comparaison à celle de l’air.
Particulièrement, l’eau est la plus abondante et
certainement la moins difficile à manipuler.
5 I. Eléments de base et cycle de Rankine d’une installation TV
1. Eléments constitutifs de l’installation
Sous sa forme la plus simple, l’installation d’une turbine à
vapeur (figure 1) est formée par les éléments suivants :
Générateur de vapeur

Figure 1. Schéma d’une installation d’une turbine à vapeur


• Une chaudière (générateur de vapeur) : qui peut remplir successivement
6 trois fonctions en jouant le rôle d’un triple échangeur de chaleur et
permettant de générer de la vapeur surchauffée à haute pression. Ces
fonctionnalités sont :

➢ Initialement, le chauffage de l’eau alimentée par un système de


pressurisation jusqu’à l’atteinte de la température de vaporisation à la
pression correspondante ;

➢ Ensuite, la vaporisation de l’eau chauffée : c’est le changement d’état en


vue de l’obtention de la vapeur ;

➢ Finalement, la surchauffe de la vapeur ainsi obtenue jusqu’à la


température souhaitée.
Cette chaudière représente la source chaude de l’installation qui permet de
lui procurer de la vapeur, elle est considérée comme isobare.
7
• Une turbine à vapeur : c’est le corps maitre dans une centrale à
vapeur. La vapeur générée par la chaudière vient se détendre dans
ce corps en cédant une partie de son énergie sous forme de travail.
Ce travail récupéré sur un arbre moteur est transmis aux
alternateurs de manière à le convertir en énergie électrique. La
turbine assure donc la détente de la vapeur avec production de
travail.
• Un condenseur : la vapeur sortant de la turbine est liquéfiée et donc
ramenée à l’état liquide (à basse pression et basse température)
dans le condenseur. C’est le composant le moins glorieux de
l’installation. Le condenseur est l’équivalent de la source froide
dans le cycle. Il est alimenté par une source froide externe (eau de
fleuve, eau de mer…) qui assure dans cet échangeur le
refroidissement et la condensation de l’eau.
• Une pompe : permet de refouler le liquide condensé vers la
8
chaudière pour l’alimenter en lui conférant la pression de celle-ci
pour que le cycle recommence. Généralement la pompe est
centrifuge et nécessite plusieurs étages dans le cas d’un rapport de
pression élevé.
2. Caractéristiques des transformations de base et cycle de Rankine
a. Processus de transformations

Figure 2. Processus de conversions énergétiques dans une turbine à vapeur


9 Les transformations élémentaires sont dotées des caractéristiques suivantes :

• Au niveau des chambres de combustion, chaudières et générateurs de vapeur,


les parois de ces systèmes ne sont pas mobiles et donc la chaleur cédée au
fluide traversant ce corps est égale à sa variation d’enthalpie. Les échanges
thermiques peuvent être supposés comme isobares.

• Au niveau des turbines : ces corps assurant une détente avec production de
travail sont caractérisés par une conception compacte et tournent à des
vitesses élevées. Il en résulte que les particules fluides ne s’y séjournent que
pour une très courte période. En outre, la surface de contact fluide-paroi est
très limitée. A ces conditions, s’ajoutent des coefficients d’échange thermique
faibles des gaz traversant les turbines, donc l’échange de chaleur est moindre
et ces transformations sont considérées comme adiabatiques.
10
• Au niveau du condenseur : le condenseur étant un échangeur de
chaleur qui requière des surfaces d’échange importantes pour
un transfert thermique bénéfique. Dans cette finalité et pour des
considérations techniques, ces corps sont statiques en l’absence
de parois mobiles.

• Au niveau de la pompe : la pompe assure la compression de


l’eau à l’état liquide, ce qui nécessite peu d’énergie. En
comparant le travail de compression au travail récupéré sur
l’axe de la turbine lors de la détente, on constate que le travail
de la pompe est très limité.
b. Diagramme entropique et différentes zones
11

Figure 3. Différentes zones du diagramme entropique de l’eau


12

Figure 4. Différentes courbes du diagramme


entropique de l’eau
c. Cycle théorique d’une turbine à vapeur : Cycle de Rankine
13
Le cycle théorique de base d’une turbine à vapeur est appelé : cycle
de Rankine idéal dont la finalité est de transformer de la chaleur en
travail. Ces transformations se déroulent suivant le cycle représenté
sur la figure 5. Il renferme :
• Deux transformations isobares :
➢ (1---->2) : échauffement et vaporisation de l’eau dans la chaudière.

➢ (3---->4) : condensation de la vapeur d’eau.

• Deux transformations isentropiques : (adiabatiques + réversibles)


➢ (2---->3) : détente de la vapeur dans la turbine.

➢ (4---->1) : pompage de l’eau de nouveau vers le générateur de


vapeur.
14

Figure 5-a. Installation d’une TV simple Figure 5-b. Cycle de Rankine simple
15
Relativement à ce cycle de Rankine, la détente se fait
majoritairement voire totalement dans la zone humide (milieu
diphasique) et ceci engendre l’inconvénient majeur de ce cycle :
les ailettes de la turbine risquent d’être rapidement érodées par
les gouttelettes liquides qui apparaissent pendant cette détente.

Pour remédier à ce problème et dans l’objectif d’améliorer aussi


le rendement du cycle, une surchauffe est recommandée. L’ajout
d’un surchauffeur dans les installations industrielles permet de
réaliser le cycle de Rankine avec surchauffe connu également
sous le nom de cycle de Hirn.
16 II. Cycle de Rankine à surchauffe : Cycle de Hirn
1. Principe
Le cycle de Rankine présente un risque majeur de destruction
des aubages de la turbine, causé par les gouttelettes d’eau
notamment pour des valeurs importantes des vitesses. A cet
effet, il est recommandé que la détente s’effectue en milieu
vapeur sèche.
Le cycle de Hirn est un cycle de Rankine modifié, dans lequel la
vapeur éjectée du générateur de vapeur est surchauffée durant la
phase B---->2 (figure 6). Dans les installations industrielles, ce
cycle nécessite l’ajout d’un surchauffeur. Cependant, cette
surchauffe peut être effectuée dans le générateur de vapeur lui-
même après l’obtention de la vapeur. Ce cycle peut avoir
plusieurs avantages :
17
▪ La surchauffe permet d’augmenter la température (et donc
l’enthalpie) de la vapeur qui vient se détendre ensuite dans la
turbine, par conséquent elle augmente la quantité du travail
récupérable. En d’autres termes, ceci a l’avantage de limiter le
débit du fluide circulant pour une puissance mécanique donnée.

▪ La phase de détente aura lieu majoritairement en régime sec, ce


qui permet de garantir une meilleure longévité de la turbine.

▪ Le rendement du cycle pourrait augmenter sous l’effet de la


surchauffe.
18

Figure 6. Cycle de Rankine avec surchauffe : cycle de Hirn


(relativement à ce cycle, le pompage et la détente sont
supposées isentropiques)
2. Application
19 On considère une installation simple d’une turbine à vapeur (figure 5-a)
fonctionnant suivant le cycle de Hirn. Le fluide de travail est l’eau. On
donne :
• La pression de condensation : BP = 0.1 bar
• La pression d’ébullition : HP = 150 bar
• La vapeur à la sortie du générateur de vapeur est surchauffée jusqu’à la
température 500°C.
• La détente dans la turbine est adiabatique, avec un rendement
isentropique : 𝜂𝑖𝑠_𝑇 = 0.85
• A l’extrémité du condenseur, avant sa sortie, le liquide saturé subit un
sous-refroidissement de 5°C par rapport à la température de
condensation.
• Le pompage est supposé isentropique.
• La puissance mécanique nette obtenue sur l’arbre est : 𝑊𝑛𝑒𝑡
ሶ = 150 𝑀𝑊
20

Travail demandé :

a. Tracer l’allure du cycle sur le diagramme entropique.


b. Déterminer les propriétés suivantes : T(°C), P(bar), h(kJ/kg) et
s(kJ/kg.K) pour les points de référence du cycle thermodynamique
sur le diagramme entropique.
c. Evaluer les différentes énergies mises en jeu et calculer le rendement
du cycle.
d. Déterminer le débit du fluide en circulation.
21 Solution :
a. Le cycle présente l’allure suivante sur le diagramme entropique
(figure 7).

Figure 7. Cycle de Rankine avec surchauffe


Ou encore cycle de Hirn
b. Les propriétés aux sommets du cycle :
22
✓ Point 2 : nous allons commencer par ce point : vapeur surchauffée (sortie
chaudière) : 𝑇2 = 500°𝐶; 𝑃2 = HP = 150 bar.
Sur les tables (page 5) « vapeur surchauffée » et relativement à ces valeurs de
température et de pression (15 MPa), nous pouvons directement tirer ces
valeurs : ℎ2 = 3308.6 𝑘𝐽/𝑘𝑔 et 𝑠2 = 6.3443 𝑘𝐽/𝑘𝑔.K

✓ Point 3s (mélange diphasique) : on a (2---->3s) est une détente isentropique


de référence.
Donc :
𝑠3𝑠 = 𝑠2 = 6.3443 𝑘𝐽/𝑘𝑔.K
𝑃3𝑠 = 𝐵𝑃 = 0.1 𝑏𝑎𝑟 = 10 𝑘𝑃𝑎
Dans les tables relativement au domaine diphasique (page 3) et pour cette
valeur de la pression, nous pouvons extraire les données suivantes :
s(liq)=0.6493 kJ/kg.K et s(vap)=8.1502 kJ/kg.K
h(liq)=191.83 kJ/kg et h(vap)=2584.7 kJ/kg
23
▪ 𝑇3𝑠 = 45.81 °𝐶 (la température de condensation à cette
24 pression).

▪ En appliquant le théorème des segments inverses, l’entropie du


point 3s est donnée par :
𝑠3𝑠 = 𝑥3𝑠 𝑠𝑣𝑎𝑝 + (1 − 𝑥3𝑠 )𝑠𝑙𝑖𝑞

Donc : le calcul du titre massique en vapeur de ce point est donné


par :
𝑠3𝑠 − 𝑠𝑙𝑖𝑞
𝑥3𝑠 = = 0.759
𝑠𝑣𝑎𝑝 − 𝑠𝑙𝑖𝑞

▪ En se basant sur ce titre, on calcule ensuite et suivant le


théorème des segments inverses l’enthalpie massique du point
(3s) :
ℎ3𝑠 = 𝑥3𝑠 ℎ𝑣𝑎𝑝 + 1 − 𝑥3𝑠 ℎ𝑙𝑖𝑞 = 2008.1 kJ/kg
25
1. Point 3 (mélange diphasique) : on a (2---->3) est la détente réelle adiabatique,
𝑃3 = 𝐵𝑃 = 0.1 𝑏𝑎𝑟 = 10𝑘𝑃𝑎
et on a :
𝑊 𝑟é𝑒𝑙 ℎ 2 −ℎ 3
𝜂𝑖𝑠_𝑇 =
𝑊 𝑖𝑠
=
ℎ 2 −ℎ 3𝑠

Donc : ℎ3 = ℎ2 − 𝜂𝑖𝑠−𝑇 (ℎ2 − ℎ3𝑠 ) = 2203.12 kJ/kg

En se basant sur le théorème des segments inverses, on tire que :


ℎ3 − ℎ𝑙𝑖𝑞
𝑥3 = = 0.8405
ℎ𝑣𝑎𝑝 − ℎ𝑙𝑖𝑞

Puis, on calcule l’entropie massique : 𝑠3 = 𝑥3 𝑠𝑣𝑎𝑝 + (1 − 𝑥3 )𝑠𝑙𝑖𝑞 = 6.9538 𝑘𝐽/𝑘𝑔.K.


Remarque :
26

Le doublet (T,P) ne peut pas déterminer les propriétés thermodynamiques


du point 3. Dans un mélange diphasique, la température et la pression sont
reliées par la courbe de saturation (figure 8).

Cette courbe permet de constater qu’au-


dessous du point critique, la température
de vaporisation de l’eau augmente avec
la pression. Cette dépendance permet
d’avoir une température d’ébullition de
l’eau égale à 100°C pour la pression 1bar.
D’où la nécessité d’utiliser l’enthalpie ℎ3
pour déterminer l’entropie 𝑠3 .

Figure 8. Courbe de saturation de l’eau


27 1. Point 4 (liquide saturé sous-refroidi) : on a (3---->4) est une condensation isobare
dans le condenseur qui est accompagné d’un léger sous-refroidissement de 5°C par
rapport à la température de condensation.
𝑃4 = 𝐵𝑃 = 0.1 𝑏𝑎𝑟 = 10𝑘𝑃𝑎
𝑇4 = (45.81 − 5 )°𝐶 = 40.81 °𝐶
Pour déterminer l’enthalpie et l’entropie du point 4 ; on se réfère aux propriétés du
liquide saturé à cette température 𝑇4 (étant donné que les pressions sont
confondues dans la zone liquide). (Tables page 3)

Pour ce faire, une interpolation linéaire (entre les valeurs des températures :
40.29 °C et 45.81 °C ) est indispensable pour déterminer l’enthalpie et l’entropie du
point 4. Les propriétés trouvées sont les suivantes :

ℎ4 =170.9 kJ/kg

𝑠4 =0.58 kJ/kg.K
28
Principe simplifié de l’interpolation linéaire:

Si on dispose des données 𝑥1 , 𝑦1 et 𝑥2 , 𝑦2 , et on cherche relativement à 𝑥𝑖 situé entre


𝑥1 𝑒𝑡 𝑥2 , le paramètre 𝑦𝑖 , cette inconnue est calculée suivant :

𝑥𝑖 − 𝑥1
𝑦𝑖 = 𝑦1 + 𝑦2 − 𝑦1
𝑥2 − 𝑥1

Pour le point 4, liquide saturé (table page 3), à la température 40,81(°C), se situant entre
les températures 40,29 et 45,81 correspondant respectivement aux entropies (du liquide
saturé) (0,5764 et 0,6493) et aux enthalpies (168,79 et 191,83), on peut calculer
l’entropie et l’enthalpie du point 4.
29 1. Point 1 (liquide comprimé) : on a (4---->1) est un pompage isentropique de l’eau
liquide pour l’acheminer de nouveau vers le générateur de vapeur.

Donc :

𝑠1 = 𝑠4 = 0.58 𝑘𝐽/𝑘𝑔.K

𝑃1 = 𝐻𝑃 = 150 𝑏𝑎𝑟 = 15 𝑀𝑃𝑎

Dans les tables renfermant les caractéristiques du liquide comprimé et relativement


à la valeur de la haute pression, l’entropie du point 1 est délimitée par les valeurs
0.5666 𝑘𝐽/𝑘𝑔.K et 0.8232 𝑘𝐽/𝑘𝑔.K. Une interpolation linéaire permet de calculer ℎ1
et 𝑇1 . Les propriétés trouvées sont les suivantes : (Tables page 6)

ℎ1 =186.16 kJ/kg

𝑇1 = 41.3 °C
30
31
Tableau 1 : propriétés thermodynamiques des
sommets du cycle de Hirn simple

Point T(°C) P(bar) h(kJ/kg) s(kJ/kg.K) Etat

2 500 150 3308.6 6.3443 Vapeur surchauffée

3s 45.81 0.1 2008.1 6.3443 Mélange diphasique

3 45.81 0.1 2203.12 6.9538 Mélange diphasique

4 40.81 0.1 170.9 0.58 Liquide saturé sous-refroidi

1 41.3 150 186.16 0.58 Liquide comprimé

Remarque: les valeurs notées en vert sont les valeurs utilisées pour déterminer les
autres paramètres du cycle.
c. Energies échangées
32
▪ Au niveau de la turbine :
𝑤𝑇𝑏 = ℎ3 − ℎ2 = −1105.6 𝑘𝐽Τ𝑘𝑔
▪ Au niveau de la pompe :
𝑤𝑃 = ℎ1 − ℎ4 = 15.1 𝑘𝐽Τ𝑘𝑔

▪ Au niveau du générateur de vapeur (chaudière):


𝑄𝑐ℎ = ℎ2 − ℎ1 = 3123.6 𝑘𝐽Τ𝑘𝑔

▪ Le rendement thermodynamique du cycle est donné par :


effet utile 𝑤𝑇𝑏 𝑤𝑇𝑏
𝜂𝑡ℎ = ′ = ≈ = 35 %
l énergie consommée pour obtenir cet effet utile 𝑄𝑐ℎ + 𝑤𝑃 𝑄𝑐ℎ

▪ Le débit massique du fluide en circulation est donné par :



𝑊𝑛𝑒𝑡 𝑘𝑔
𝑚ሶ = = 135.67 = 488.42 𝑡𝑜𝑛𝑛𝑒𝑠/ℎ
𝑤𝑇𝑏 𝑠
33 II. Cycle de Hirn à Resurchauffe
1. Principe

Parmi les améliorations apportées au cycle de Hirn c’est la


resurchauffe. Cette technique industrielle se base sur l’utilisation
d’une turbine à deux corps qui sont montés sur le même axe ce qui
permet de récupérer toute la puissance mécanique sur un seul
arbre moteur. La vapeur vient se détendre une première fois dans
le premier corps jusqu’à une pression intermédiaire PI, ensuite elle
est acheminée vers le générateur de vapeur pour subir une
resurchauffe, avant de se détendre dans le deuxième corps de la
turbine jusqu’à la basse pression du cycle.
Remarque :
34 Le surchauffeur et le resurchauffeur peuvent être intégrés dans le
générateur de vapeur (l’exemple de la figure 9), comme ils peuvent être
installés comme des corps autonomes à l’aval de la chaudière.

Figure 9. Installation d’une turbine à vapeur selon le


cycle de Hirn à resurchauffe
35 1. Application

Pour pouvoir détecter les avantages de la resurchauffe par rapport au


cycle de Hirn simple, nous allons adopter l’installation précédente (voir
diapo 19 avec la même puissance mécanique nette 𝑊𝑛𝑒𝑡 ሶ ) en y apportant
les modifications suivantes :
• La pression de condensation : BP = 0.1 bar
• La pression intermédiaire : PI= 50 bar
• La pression d’ébullition : HP = 150 bar
• Les deux turbines HP et BP présentent le même rendement isentropique
𝜂𝑖𝑠_𝑇 = 0.85
• A la sortie de la turbine BP, le mélange est diphasique.
• A la sortie du resurchauffeur, la vapeur est à la température 500 °C, donc :
𝑇6 = 𝑇2 = 500°𝐶
Nous allons reprendre les mêmes questions de l’application du cycle de
Hirn simple.
Solution :
36
a. Le cycle de Hirn à resurchauffe présente l’allure suivante sur le diagramme
entropique (figure 10).

Figure 10. Cycle de Rankine avec resurchauffe


b. Les propriétés aux sommets du cycle :
37 1. Point 2 : ce point est le même que celui sur le cycle de Hirn simple : vapeur surchauffée
(sortie chaudière) : 𝑇2 = 500°𝐶; 𝑃2 =HP = 150 bar et ayant les valeurs d’entropie et
d’enthalpie déjà extraites du tableau.

2. Point 5s (vapeur surchauffée) : on a (2---->5s) est une détente isentropique de référence


dans la turbine HP.

Donc :

𝑠5𝑠 = 𝑠2 = 6.3443 𝑘𝐽/𝑘𝑔.K

𝑃5𝑠 = 𝑃𝐼 = 50 𝑏𝑎𝑟 = 5 𝑀𝑃𝑎


Dans les tables relativement au domaine vapeur surchauffée et pour cette valeur de la
pression, cette valeur d’entropie est située entre les valeurs suivantes :

𝑠′ = 6.2084 𝑘𝐽/𝑘𝑔.K et 𝑠′′ = 6.4493 𝑘𝐽/𝑘𝑔.K

Pour ce faire, une interpolation linéaire est indispensable pour déterminer l’enthalpie
et la température du point 5s. Les propriétés trouvées sont les suivantes :(Table p.5)

ℎ5𝑠 = 3004.1 kJ/kg

𝑇5𝑠 = 326.89 K
38
Point 5 (vapeur surchauffée) : on a (2---->5) est la détente réelle adiabatique dans
la turbine HP :
39

𝑃5 = 𝑃𝐼 = 50 𝑏𝑎𝑟 = 5 𝑀𝑃𝑎

et on a :
𝑊 𝑟 é𝑒𝑙 ℎ −ℎ
𝜂𝑖𝑠_𝑇 = 𝑊 𝑖𝑠
= ℎ 2−ℎ 5
2 5𝑠

Donc : ℎ5 = 3049.9 kJ/kg

Dans les tables relativement au domaine vapeur surchauffée et pour cette valeur de la
pression, cette valeur d’enthalpie est située entre les valeurs suivantes : (Table p.5)

ℎ′ = 2924.5 𝑘𝐽/𝑘𝑔 et ℎ′′ = 3068.4 𝑘𝐽/𝑘𝑔

Pour ce faire, une interpolation linéaire est indispensable pour déterminer l’entropie
et la température du point 5. Les propriétés trouvées sont les suivantes :

𝑠5 = 6.418 kJ/kg.K

𝑇5 = 343.44 K
✓ Point 6 : ce point représente la vapeur resurchauffée (sortie resurchauffeur) :
40
𝑇6 = 500°𝐶; 𝑃6 = PI = 50 bar et ayant les valeurs d’entropie et d’enthalpie
suivantes extraites du tableau (table page 5) relativement à cette température
et cette pression :
ℎ6 = 3433.8 𝑘𝐽/𝑘𝑔 et 𝑠6 = 6.9759 𝑘𝐽/𝑘𝑔.K
✓ Point 3s (mélange diphasique) : on a (6---->3s) est une détente isentropique de
référence.
Donc :
𝑠3𝑠 = 𝑠6 = 6.9759 𝑘𝐽/𝑘𝑔.K
𝑃3𝑠 = 𝐵𝑃 = 0.1 𝑏𝑎𝑟 = 10 𝑘𝑃𝑎
Dans les tables relativement au domaine diphasique et pour cette valeur de la
pression, nous pouvons extraire les données suivantes :
𝑠𝑙𝑖𝑞 = 0.6493 𝑘𝐽/𝑘𝑔.K et 𝑠𝑣𝑎𝑝 = 8.1502 𝑘𝐽/𝑘𝑔.K

ℎ𝑙𝑖𝑞 = 191.83 𝑘𝐽/𝑘𝑔 et ℎ𝑣𝑎𝑝 = 2584.7 𝑘𝐽/𝑘𝑔


𝑇3𝑠 = 45.81 °𝐶 (la température de condensation à cette pression).
En appliquant le théorème des segments inverses, l’entropie du point 3s est donnée
41 par :
𝑠3𝑠 = 𝑥3𝑠 𝑠𝑣𝑎𝑝 + (1 − 𝑥3𝑠 )𝑠𝑙𝑖𝑞

Donc : le calcul du titre massique de vapeur de ce point est donné par :


𝑠3𝑠 − 𝑠𝑙𝑖𝑞
𝑥3𝑠 = = 0.8431
𝑠𝑣𝑎𝑝 − 𝑠𝑙𝑖𝑞
En se basant sur ce titre massique, on calcule suivant le théorème des segments
inverses l’enthalpie massique :
ℎ3𝑠 = 𝑥3𝑠 ℎ𝑣𝑎𝑝 + 1 − 𝑥3𝑠 ℎ𝑙𝑖𝑞 =2209.3 𝑘𝐽/𝑘𝑔
✓ Point 3 (mélange diphasique) : on a (6---->3) est la détente réelle adiabatique, 𝑃3 =
𝐵𝑃 = 0.1 𝑏𝑎𝑟 = 10𝑘𝑃𝑎
et on a :
𝑊𝑟é𝑒𝑙 ℎ6 −ℎ3
𝜂𝑖𝑠_𝑇 = =
𝑊𝑖𝑠 ℎ6 −ℎ3𝑠
Donc : ℎ3 = ℎ6 − 𝜂𝑖𝑠−𝑇 ℎ6 − ℎ3𝑠 = 2392.9 kJ/kg
En se basant sur le théorème des segments inverses, on calcule :
ℎ3 − ℎ𝑙𝑖𝑞
𝑥3 = = 0.9205
ℎ𝑣𝑎𝑝 − ℎ𝑙𝑖𝑞
En comparant ce titre massique de vapeur à celui calculé dans
42
l’application précédente pour ce même point 𝑥3 = 0.8405 , nous
constatons l’effet de la resurchauffe sur le décalage de la détente vers le
milieu vapeur.

Rappel : relativement à cette pression, on a :


ℎ𝑙𝑖𝑞 = 191.83 𝑘𝐽/𝑘𝑔 et ℎ𝑣𝑎𝑝 = 2584.7 𝑘𝐽/𝑘𝑔 et
𝑠𝑙𝑖𝑞 = 0.6493 𝑘𝐽/𝑘𝑔.K et 𝑠𝑣𝑎𝑝 = 8.1502 𝑘𝐽/𝑘𝑔.K

Donc, on calcule ensuite l’entropie massique :


𝑠3 = 𝑥3 𝑠𝑣𝑎𝑝 + (1 − 𝑥3 )𝑠𝑙𝑖𝑞 = 7.549
✓ Point 4 (liquide saturé sous-refroidi) : on a (3---->4) est une condensation isobare
dans le condenseur et qui est accompagnée d’un léger sous-refroidissement de
5°C par rapport à la température de condensation. Ce point est le même point 4
déjà étudié dans le cycle de Hirn simple.𝑃4 = 𝐵𝑃 = 0.1 𝑏𝑎𝑟 = 10𝑘𝑃𝑎
𝑇4 = 45.81 − 5 °𝐶 = 40.81 °𝐶
43 ✓ Point 1 (liquide comprimé) : on a (4---->1) est un pompage isentropique de l’eau
liquide pour l’acheminer de nouveau vers le générateur de vapeur. Ce point est le
même point 1 déjà étudié dans le cycle de Hirn simple.
c. Energies échangées
Au niveau de la turbine HP :
44
𝑤𝑇𝑏_𝐻𝑃 = ℎ5 − ℎ2 = −258.9 𝑘𝐽Τ𝑘𝑔
Au niveau de la turbine BP :
𝑤𝑇𝑏_𝐵𝑃 = ℎ3 − ℎ6 = −1040.4 𝑘𝐽Τ𝑘𝑔

Au niveau de la pompe :
𝑤𝑃 = ℎ1 − ℎ4 = 15.06 𝑘𝐽Τ𝑘𝑔

Au niveau du générateur de vapeur (chaudière):


𝑄′𝑐ℎ = (ℎ2 −ℎ1 ) + (ℎ6 −ℎ5 ) = 3506.9 𝑘𝐽Τ𝑘𝑔

𝑤𝑇𝑏_𝐻𝑃 + 𝑤𝑇𝑏_𝐵𝑃 𝑤𝑇𝑏


𝜂′𝑡ℎ = = ≈ 36.9 %
𝑄′𝑐ℎ + 𝑤𝑃 𝑄′𝑐ℎ + 𝑤𝑃

d. Le débit massique du fluide en circulation est donné par :



𝑊𝑛𝑒𝑡 𝑘𝑔
𝑚ሶ = = 115.44 = 415.6 𝑡𝑜𝑛𝑛𝑒𝑠/ℎ
𝑤𝑇𝑏 𝑠
45 e. Comparaison entre le cycle de Hirn simple et le cycle de Hirn avec
resurchauffe
A travers le cycle de Hirn à resurchauffe, et en fractionnant la détente, nous
avons remarqué qu’il y a une légère amélioration des performances du cycle
simple.

• Nous pouvons constater que la resurchauffe a amélioré d’une façon


modérée le rendement du cycle thermodynamique.
• Le degré d’humidité dans les derniers étages de la turbine a diminué ; la
détente s’effectue majoritairement dans le régime sec (le titre massique en
vapeur a augmenté). Cette amélioration permet de garantir une meilleure
longévité de la turbine.
• La même puissance nette récupérée sur l’arbre de la turbine est obtenue
pour un débit massique du fluide plus réduit.
• Cependant, ces avantages procurés par la resurchauffe sont obtenus au
détriment d’une plus grande complexité de l’installation.
III. Cycle de Hirn à Resurchauffe et Soutirage
46 1. Principe
Le cycle de Hirn à resurchauffe et soutirage (figure 11) consiste à prélever ou
soutirer une petite fraction du débit total de la vapeur en sortie du 1er étage de la
turbine (point 5) pour en exploiter l’enthalpie (étant donné que l’enthalpie de la
vapeur est nettement supérieure à celle du liquide due à la chaleur latente de
vaporisation). Cette quantité de chaleur, et au lieu d’être rejetée inutilement sous
forme de pertes dans le condenseur, sera transmise à l’eau qui alimente la
chaudière. Cette partie du débit soutirée est dirigée vers un mélangeur (point 5’’)
pour assurer le préchauffement de l’eau condensée. Pour que cette technique soit
possible, il faut que la température de la vapeur soutirée soit supérieure à celle du
liquide.
Le reste du débit de la vapeur détendue dans la turbine HP (point 5’) subit une
resurchauffe soit dans un système conçu à cet effet (surchauffeur), soit dans la
chaudière elle-même, pour subir ensuite une deuxième détente dans la turbine BP
avant d’être condensée dans le condenseur. Ce liquide acheminé par la pompe
d’extraction sera mélangé dans un mélangeur avec la vapeur soutirée pour obtenir à
sa sortie, du liquide préchauffé ramené vers la chaudière via une pompe
d’alimentation.
47

Le cycle à soutirage présente un


rendement meilleur que le même
cycle mais sans soutirage. Les
centrales thermiques utilisent ce
type de cycle avec plusieurs
soutirages effectués (6 voire 8) pour
améliorer le rendement du
processus. Cependant, dans ce cas,
l’emploi de plusieurs pompes
auxiliaires est remplacé par des
vannes statiques pour la commodité
et la simplicité de l’installation.

Figure 11. Installation d’une turbine à vapeur selon le cycle de Hirn à


resurchauffe et soutirage
2. Application

48 Pour pouvoir détecter les avantages du soutirage, le cycle de Hirn à


resurchauffe de l’installation précédente (avec la même puissance mécanique

nette 𝑊𝑛𝑒𝑡 , voir diapo 32) est amélioré en y apportant les modifications
suivantes :
• La pression de condensation : BP = 0.1 bar
• La pression intermédiaire : PI= 50 bar
• La pression d’ébullition : HP = 150 bar
• Les deux turbines HP et BP présentent le rendement isentropique 𝜂𝑖𝑠_𝑇 = 0.85
A la sortie du resurchauffeur, la vapeur est à la température 500 °C, donc :
𝑇6 = 𝑇2 = 500°𝐶
• Les détentes sont adiabatiques et les compressions sont isentropiques.
• La fraction soutirée est représentée par : α = 0.1
• Le mélangeur est adiabatique
Nous allons reprendre le même travail demandé que le cycle de Hirn avec
resurchauffe. Interpréter les résultats trouvés et l’apport de ce cycle sur le cycle
précédent.
49 Au niveau du mélangeur schématisé ci-dessous :

• Bilan de masse au niveau du mélangeur :


𝑚ሶ 8 = 𝑚5′′
ሶ + 𝑚ሶ 7
𝑚ሶ = 𝑚𝛼 ሶ + 𝑚(1ሶ − 𝛼)
• Bilan d’énergie au niveau du mélangeur :
𝑚ሶ 8 ℎ8 = 𝑚5′′
ሶ ℎ5′′ + 𝑚ሶ 7 ℎ7
𝑚ℎ
ሶ 8 = 𝑚α.
ሶ ℎ5 + 𝑚(1
ሶ − α). ℎ7
50

Figure 12. Cycle de Rankine avec resurchauffe et soutirage

Vous aimerez peut-être aussi