L’avocat exerce son art de défense, pour défendre les intérêts de ses clients, et ce, en utilisant tous les moyens de droit, qu’il juge appropriés à la défense. Il ne peut promettre à son client un résultat qui ne dépend pas de lui. Il n’est obligé que d’une obligation de moyens et ne s’engage qu’à déployer les moyens adéquats à l’art du métier pour y parvenir, sauf s’il a commis une erreur qui a eu un impact sur l’affaire. → Est considérée comme une faute de l’avocat de ne pas connaître la règle de droit et son application jurisprudentielle ou de procéder à une fausse interprétation des textes de loi, le client peut actionner et demander les dommages-intérêts en fonction du préjudice causé par l’avocat et ses conséquences sur ses intérêts. Ainsi, il incombe au client de démontrer le manquement de l’obligation de l’avocat s’il a commis une faute.
► L’obligation de résultat de l’avocat :
Comme il est déjà prévu que les obligations de l’avocat envers ses clients sont des obligations de moyens, mais dans certains cas elles se convertissent en obligations de résultat, notamment en matière de prescription, de délais de rigueur pour l’exercice de certains droits ou procédures, en matière immobilières, et de conflits d’intérêts si l’avocat n’avait pas pris les moyens appropriés pour assurer la prestation fournie à son client. Au Maroc, l’avocat traitant les affaires du statut personnel et surtout quand il assiste une partie d’un couple conjugal dans une affaire de discorde devant un tribunal de famille, est tenu d’obligation de résultat, c’est-à-dire qu’il doit avoir un jugement de divorce pour ses clients, parce que le tribunal de famille n’a pas le droit de rejeter la demande sous réserve qu’elle respecte les conditions de forme édictées par le code de la procédure civile. En effet, si l’avocat qui a introduit la demande, n’a pas respecté les conditions de forme, il engage sa responsabilité envers son client ou sa cliente.
► Les obligations professionnelles de l’avocat :
• L’obligation de conseil et d’information : L’avocat est chargé vis-à-vis son client d’une mission de conseil de renseignements et d’information. A ce titre, l’avocat est tenu de mettre le client au courant de toutes les procédures envisageables pour traiter son affaire et de l’orienter vers la procédure la plus adéquate, la plus efficace et la moins couteuse, il doit l’informer, surtout sur ce qui a un rapport direct et indirect avec les intérêts qu’il lui a confié, afin de prendre la décision nécessaire dans le temps utile. L’information donnée doit être complète, dans le cadre de sa mission d’assistance en justice, Il doit informer son client sur l’existence des voies de recours contre les décisions rendues à son encontre. Ainsi, l’avocat doit l’informer des risques encourus, lui indiquer ses réserves quant aux chances de succès de l’action. Une fois sa mission terminée, il est tenu d’informer son client du sort de son affaire et lui rendre compte de son activité. • L’obligation du secret professionnel de l’avocat : En tant que professionnel du droit et en tant qu’acteur nécessaire au bon fonctionnement de la justice, l’avocat est tenu au secret professionnel. Il ne doit rien révéler des confidences qui lui sont faites et des informations qui lui sont révélées. Il est donc débiteur du secret professionnel à l’égard de son client. C’est une obligation d’ordre public et d’ordre contractuel. Sa violation entraîne la réparation du dommage subi par le client, selon les règles de la responsabilité contractuelle ou extracontractuelle. • L’obligation de diligence : La diligence est le fait pour un avocat d’exécuter son travail avec empressement. Cet empressement est accompagné d’un soin particulier apportée à la défense de son client. L’avocat s’engage à assurer des prestations pour le compte de ses clients dans le but d’atteindre un résultat souhaité. Et pour que l’avocat assure son obligation, il doit être au courant, d’une manière régulière et constante de l’évolution du droit, et doit avoir une connaissance parfaite de la loi, de la jurisprudence et de la doctrine. Les diligences comprennent l’étude du dossier, les recherches qu’il induit, les déplacements qu’il entraîne, les collaborations qui s’avèrent nécessaires, éventuellement avec les experts comptables, les experts désignés par les juridictions compétentes, les prises de contact avec l’administration fiscale ou avec des tierces personnes physiques et, d’une manière générale, les prestations fournies par l’avocat dans le cadre général de sa mission. Il est aussi primordial que l’avocat informe régulièrement son client de l’évolution et du sort du dossier et des difficultés de la procédure qu’il peut rencontrer. Il ne peut, sans l’accord préalable de son client, exercer en son nom des voies de recours comme l’opposition, l’appel ou le pourvoi en cassation.
► La responsabilité contractuelle de l’avocat :
La responsabilité contractuelle de l’avocat naît du contrat qui lie ce dernier à son client, et qui produit des obligations qui incombent à l’avocat. Le manquement à ces obligations déclenche la responsabilité contractuelle de l’avocat. Le client se réfère alors à ce contrat pour prouver la déchéance de son avocat. Il doit exister un lien de causalité entre l’inexécution de l’obligation et le préjudice subi. (LA FAUTE) La faute commise par un avocat dans le cadre de sa profession, répond sans grande surprise au nom de faute professionnelle. Il s’agit de toute faute commise par une personne lors de sa profession, lorsque celle-ci adopte un comportement illicite qui contrevient à un devoir imposé par la loi, par la coutume ou par une norme générale de comportement. La faute contractuelle au sens de l’inexécution d’une obligation contractuelle issue du contrat qui lie l’avocat à son client, est le seul fait générateur de sa responsabilité contractuelle. L’avocat est donc tenu à l’égard de son client, d’exécuter les obligations qui sont exonérées de tous les aléas, c’est-à dire des obligations contractuelles. L’avocat s’engage à procurer à son client un résultat déterminé, lorsque le résultat contracté n’est pas atteint, l’avocat engage sa responsabilité envers son client. En effet, l’inexécution d’une obligation contractuelle ou le retard dans l’exécution constitue l’une des conditions fondamentales de la responsabilité de l’avocat. Certes, il n’y pas de responsabilité sans l’établissement de l’existence d’une faute ; mais en matière de responsabilité contractuelle, un avocat qui n’exécute pas son obligation contractuelle ou tarde dans son exécution est fautif. Le client quant à lui, n’a pas besoin de démontrer la faute de l’avocat, il lui suffit de prouver l’inexécution, le retard ou la mauvaise exécution d’une obligation de résultat. (LE PREJUDICE) Le préjudice ou le dommage, dans la plupart des cas, se déduit de l’inexécution d’une obligation de résultat qui constitue en elle-même une faute. Le préjudice subi par le client consiste à perdre une chance de gagner sa cause. Cette défaillance peut être due à l’inexécution de l’obligation ou à son exécution de façon insatisfaisante, ou encore avec retard. Elle doit être certaine, prévisible et directe. Selon l’article 264 du DOC, « les dommages sont la perte effective que le créancier a éprouvée, et le gain dont il a été privé, et qui sont la conséquence directe de l‘inexécution de l’obligation ». (LE LIEN DE CAUSALITE) Une faute n’entraîne la responsabilité de son auteur que si elle est la cause du dommage. Il doit y avoir un lien qui unit la cause à l’effet.
► La responsabilité délictuelle de l’avocat :
La majorité des cas d’engagement de responsabilité d’un avocat concerne sa relation contractuelle avec le client, aussi l’engagement de sa responsabilité civile délictuelle est nécessairement résiduel. Il arrive toutefois que l’avocat cause un préjudice à un tiers, auquel cas le droit commun de la responsabilité s’applique et sa responsabilité est alors engagée. Et cette responsabilité peut entrainer des effets. (FAUTE) toute faute, aussi petite soit-elle, engage la responsabilité de son auteur. L’inexécution de l’obligation d’ordre public, qui ne résulte pas d’une convention, est une faute de l’avocat qui a ainsi causé préjudice au client. En effet, la faute consiste, soit à omettre ce qu’on était tenu de faire, soit à faire ce qu’on n’était pas censé faire, même s’il n’y a pas l’intention de causer un dommage. • Fautes commises dans l'exercice de l'activité judiciaire : L’avocat peut en effet, sans le vouloir, faire ou omettre de faire une chose qui par ailleurs aurait constitué un manquement à son devoir de diligence. Par ailleurs, l’avocat n’est pas responsable dans le cas d’un jugement défavorable à son client, sauf s’il a commis une erreur ou s’il a mal orienté la procédure. → s’il introduit une procédure auprès d’un tribunal incompétent et par conséquent cause à son client une perte de chance, de dépenses ou du temps, il engage sa responsabilité envers ce client. →Il est aussi responsable du retard de l’introduction d’une action en laissant écouler le délai imparti, il cause à son client des dommages. Dans ce cas il est redevable d’indemnité à ce client. La perte de chance résultant de l’inaction de l’avocat doit être indemnisée, quand bien même cette perte de chance ne serait que faible. L’avocat doit prendre toutes les précautions nécessaires, notamment bien étudier le dossier et chercher les moyens susceptibles pour défendre les intérêts de son client. S’il juge que l’affaire dépasse ses connaissances juridiques, il lui est autorisé de consulter un spécialiste et d’assurer ainsi l’exécution de ses obligations • Faute commise en qualité de rédacteur d’actes ou de conseil : La rédaction des actes ou des consultations effectuées par l’avocat peuvent produire des problèmes juridiques. L’avocat conseille son client au vu des règles de droit en vigueur, en appuyant ses conseils par la jurisprudence récente afin de trouver une solution convenable à la question de droit qui lui est soumise. → L’omission ou la non-conformité de l’acte à certaines formalités de la loi ou les usages, engage sa responsabilité. En effet, l’avocat chargé de la rédaction d’un acte ou d’une consultation, est tenu d’un devoir de diligence et de conseil. → S’il omet d’introduire au contrat, rédigé par ses soins, une clause ou des clauses qui assurent l’efficacité du contrat et par la suite la protection des intérêts de son client, il engage sa responsabilité et répond au préjudice subi par son client. → L’omission ou l’absence de vérification d’une clause dont dépend la validité ou l’efficacité de l’acte, constitue ainsi un manquement au devoir de diligence. Il doit apporter aux actes qu’il rédige une certaine efficacité et sûreté. → En tant que rédacteur d’un projet de cession d’un fonds de commerce, s’il prive cet acte d’efficacité en omettant de prévoir l’hypothèse où une clause du bail, qui pourrait apportée des restrictions en cas de cession du fonds, il met sa responsabilité en cause. (PREJUDICE) : Si l’inexécution de l’obligation, la mauvaise exécution ou le retard dans l’exécution assumée par l’avocat n’entraîne pas de préjudice pour le client, il n’y aura pas de responsabilité, c’est- à dire pas de préjudice, par conséquent aucune responsabilité engagée. En effet, le dommage est le résultat de la violation d’une obligation dont est tenu par l’avocat. Il importe donc que le demandeur ait subi un préjudice réparable certain, direct et actuel. Le préjudice subi par le client se caractérise par l’échec ou la privation de la prestation promis par l’avocat, à cause de son imprudence, de sa négligence, d’une défense défectueuse ou de sa malveillance et parfois même à cause de son incompétence. Le juge qui va apprécier la faute commise par l’avocat et ses conséquences sur les intérêts du client, devra le faire à la lumière de la chance perdue ou de la faute commise qui est d’ailleurs irréparable. (LE LIEN DE CAUSALITE) Les conditions de la responsabilité seront remplies, si un lien de cause à effet entre la faute et le dommage causé est démontré. Le client doit établir l’existence d’une imprudence ou d’une négligence, et l’avocat doit prouver qu’il a bien mis en œuvre tous les moyens pour exécuter son obligation. Il faut que le préjudice invoqué par le client soit bien la conséquence directe de la méconnaissance de l’obligation.