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#14 – DEVOIR DE CONSEILS DE L’EXPERT-COMPTABLE

Le devoir de conseil fait partie du code de déontologie de l’expert-comptable.


L’article 155 du Code de déontologie précise :
« Dans la mise en œuvre de chacune de leurs missions, les personnes mentionnées à l'article
141 sont tenues vis-à-vis de leur client ou adhérent à un devoir d'information et de conseil,
qu'elles remplissent dans le respect des textes en vigueur. »

L’obligation ou le devoir de conseil, termes employés indifféremment par les professionnels,


résulte à l’origine d’une construction jurisprudentielle dont la finalité vise à protéger le non-
professionnel, à savoir le client.

Le contentieux de responsabilité en matière de manquement à l’obligation de conseil


s’appuie sur un déséquilibre entre les connaissances qui sont celles du professionnel expert-
comptable, le sachant, de celles de son client, considéré comme profane.

Le défaut de conseil constitue la plus grande source de conflits sur la responsabilité des
experts-comptables.

Le devoir de conseil peut être défini comme étant une obligation imposée au professionnel
libéral d’influer sur le comportement de son client en vue d’assurer ses intérêts.

Le tribunal de grande instance de Créteil, dans un jugement du 4 mai 1999, a donné la


définition suivante du devoir de conseil. Ainsi, le devoir de conseil se traduit par « l’obligation
dans laquelle le professionnel se trouve :
• D’éclairer les parties
• De vérifier si les intérêts sont sauvegardés
• De leur indiquer leurs droits et obligations
• De leur expliquer tous les effets de leurs engagements ».

Le devoir de conseil est devenu depuis le 1er décembre 2007 une disposition réglementaire.
Cette disposition figure à l’article 155 du décret n°2012-432 du 30 mars 2012.

Si l’obligation présente dorénavant un caractère réglementaire et une obligation


déontologique de ce fait susceptible de sanctions professionnelles, aucune précision n’est
apportée sur la définition de l’obligation de conseil.
Nous pouvons définir le devoir de conseil par ces deux composantes :
• Le devoir de conseil : consiste à évaluer les différentes possibilités et préconiser des
solutions.
• En présence d’une option qui s’offre au client, l’obligation de conseil de l’expert-
comptable consiste à informer le client de celle-ci et à le mettre en garde sur les
conséquences de l’activation (ou non) de cette option.
La doctrine professionnelle a établi une distinction du devoir de conseil selon les 4 grands
axes.
Le devoir de conseil de traduit par le devoir d’informer, de mettre en garde, d’exiger et de
refuser toute complaisance.

I. Le devoir d’informer
Il a pour finalité d’apporter au client des informations pouvant concerner sa situation.
L’expert-comptable doit ainsi porter à la connaissance de son client les informations d’ordre :
• Comptables
• Juridiques
• Fiscales et sociales
Il doit également être capable d’informer correctement son client sur les opportunités
offertes par telle ou telle mesure légale en regard de sa situation personnelle.

II. Le devoir de mise en garde


Ce devoir pourrait être défini comme un devoir d’alerte. Il consiste, pour l’expert-comptable
et pour les sujets entrant dans son domaine de compétence, à une obligation
d’information de son client dès lors qu’il a connaissance d’une action ou d’une omission qui
pourrait être de nature à lui causer un préjudice.

Cette catégorie d’obligation peut aussi être qualifiée de devoir de conseil « actif » dans la
mesure où l’expert-comptable, lorsqu’il est en possession d’une information, a l’obligation
(rôle actif) de faire connaitre à son client les conséquences éventuellement dommageables
résultant des données relatives à cette information.

Le devoir de mise en garde ne se limite cependant pas à alerter le client mais peut aller
jusqu’à un devoir d’incitation auprès de lui afin qu’il prenne les mesures appropriées.

III. Le devoir d’exiger


Il se traduit de deux manières :
• L’expert-comptable a le devoir d’exiger l’obtention des documents qu’il estime
nécessaires au bon accomplissement de sa mission en temps utile ;
• Il doit être capable d’user de son autorité afin d’imposer à son client les mesures
indispensables à la sauvegarde de ses intérêts.

À défaut pour le client de suivre les exigences imposées par son expert-comptable, ce dernier
devra en tirer les conséquences appropriées concernant le maintien ou non de sa mission
contractuelle. Il en est notamment ainsi lorsque l’expert-comptable n’obtient pas les
documents nécessaires à la réalisation de sa mission. Il doit alors y mettre fin.
IV. Le devoir de refuser toute complaisance
Ce devoir impose à l’expert-comptable de manifester une désapprobation claire des
agissements commis par un client même si ses derniers ne sont pas répréhensifs (frauduleux).

Enfin, il est essentiel de retenir que dans le cadre de son obligation de conseil, l’expert-
comptable est soumis à une obligation de moyens. La distinction avec l’obligation de
résultat présente un intérêt, du moins théorique, en matière de preuve.

Le principe veut que la charge de la preuve revienne au créancier qui devra démontrer que
l’inexécution de l’obligation résulte d’une faute du débiteur. Toutefois, la pratique montre
que, dans les faits, il revient à l’expert-comptable de prouver qu’il a bien satisfait à son
obligation de conseil.

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