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Quelques éléments du corrigé de l’examen final Théo - 22

Sujet 2 : Le pouvoir de la règle dans les organisations

Problématique
Etant donné que l’univers organisationnel est caractérisé par l’incertitude, l’instabilité et la
complexité, l’intervention humaine à travers la règle, pour stabiliser cet univers, est utile sinon
focale. Mais puisque cette intervention concerne des actions collectives des hommes et des
femmes, l’efficacité de la règle demeure relative. La relativisation tient au caractère
irréductiblement aléatoire, spécifique et innovateur de l’action humaine, considérant ainsi que
l’acteur évolue selon une rationalité limitée. La problématique soutenue est que l’organisation
et ses acteurs sont loin d’être aussi prévisibles et déterminés pour donner à la règle l’ultime
pouvoir pour bien gérer.

I. La règle est un mécanisme rationnel du management des


organisations
En instaurant des règles, le top management formalise les méthodes du travail (division du
travail, comment il faut travailler, processus décisionnels plus transparents, qui fait quoi et
comment, et à quel coût), les mécanismes et types du contrôle seront apparents (et pour tout le
monde). Chaque individu sera conscient de quelle sauce il va goûter !!! et donc il sera
responsable de son travail, de ses actes, de ses décisions,…

Les règles précisent et détaillent et clarifient le cours des choses. Le pouvoir est formalisé à
travers une batterie de règles bien déterminées. Pour beaucoup d’auteurs, le pouvoir sans règle
n’existe pas car l’exercice du pouvoir est générateur de règles et le pouvoir sans règle devient
rapidement une forme vide. Par conséquent le pouvoir est la règle ! L’étudiant peut faire
référence aux approches traditionnelles qui visent à analyser les systèmes humains dans un
univers organisationnel singulier tel le taylorisme (OST), le fayolisme (OAT) ou la bureaucratie
wébérienne-Rationalité légale. Il s’agit de l’ORGANISATION FORMELLE où la règle
détermine TOUT. Elle est efficace dans un environnement certain, stable, ... (Taylor l’ingénieur
le concepteur est le décideur unique !, le producteur des règles par excellence sans concurrent).

Mais dans d’autres contextes est-ce que la règle est tant efficace pour entretenir le pouvoir et
son exercice ?

II. L’efficacité de la règle est mise en jeu et son pouvoir n’est pas
exempt des critiques : repenser la question de la formalisation de
l’univers organisationnel

Etant donné que les univers organisationnels sont caractérisés par la complexité inhérente au
nombre d’acteurs dans une organisation et leur évolution selon une rationalité limitée (à
l’inverse de la rationalité absolue où la règle trouve son terreau fertile), le pouvoir de la règle
perd sa consistance et d’autres mécanismes émergent comme stabilisateurs des conflits
(l’expérience, le savoir,…capacités à trouver des compromis, de négocier …). Le recours à la
règle diminue mais il demeure toujours utile (Crozier, voir le rôle des règles, cours magistral-

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système d’action concret). L’étudiant peut revenir sur les principes de l’école de la prise de
décision pour voir que Simon n’a pas été contre les règles (Les règles étaient importantes dans
le cadre de la division du travail, spécialisation afin de prendre des décisions satisfaisantes). Et,
également, il était pour le recours à la hiérarchie (règles et procédures) mais juste il insiste que
cette hiérarchie (système administratif = ensemble de règles et d’ordres) comme mécanisme de
coordination qu’elle soit docile et loyale pour qu’elle soit acceptée par les acteurs ( car les
individus dans la cadre de l’école de la prise de décisions sont aussi considérés comme des
acteurs)

L’étudiant peut se poser la question sur le pouvoir contraignant de la règle. Les interactions se
cristallisent en ordres locaux contingents, provisoires et aux limites incertaines. Dans des
contextes du travail, la règle pourrait être un élément contraignant pour les acteurs. Ces derniers
se trouvent limités dans leurs actions sociales car ils sont encadrés par une réglementation bien
précise ce qui pourrait, dans le temps, créer des tensions conflictuelles. Par exemple, dans le
cadre des conventions collectives du travail, la règle détermine le contexte de l’action mais on
n’est pas sûr de l’usage que feront les acteurs de ces conventions (ou de ces règles) car les
acteurs évoluent selon une rationalité limité (on ne comprend pas la même chose, et on n’est
pas soumis aux règles au même niveau de tolérance, ça diffère d’un acteur à un autre au sens
de Milgram, de Crozier et de Friedberg) , ...

A noter aussi l’étudiant peut avancer la théorie des coûts de transactions pour justifier la
relation entre le pouvoir de la règle car toute transaction passe par un contrat et ce dernier est
un acte qui relève du droit (légal) mais la force du contrat ( qui est un ensemble de règles )
dépend de la capacité de l’entreprise à conclure un BON contrat mais le bon contrat n’existe
pas car on parle de l’incomplétude des contrats ( vu la rationalité limité des acteurs).
L’entreprise quoi qu’elle face, elle ne produit que des contrats satisfaisants donc Pouvoir Limité
de la règle.

Conclusion : ouverture ou critique radicale !

L’étudiant intelligent peut rappeler le modèle où la règle perd son sens complétement. Il s’agit
du modèle de la poubelle (ou carbage can, voir école de la prise de décision) ou appelé par
Friedberg le modèle de l’anarchie organisée (L’ordre dans le désordre). Le manager anarchiste
n’aura plus besoin de l’ordre pour gérer. Il trouve un vrai ordre dans son désordre. Pour ce
modèle, toute règle socio-organisationnelle est fortuite. C’est le hasard qui fera bien les choses.
Ce sont des contextes particuliers mais, ça arrive parfois où on est face à un mur mais il faut
quand même agir (crise des subprimes, Covid…où le dépannage et le bricolage a trouvé un
sens). Dans ce cas, le pouvoir n’appartient à personne !

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Sujet 1 : « Etant donné que la logique dominante de la pensée managériale américaine est
fondée sur la rationalité, cette pandémie a forcé le manager à accepter de quitter les espaces
sécurisants de la seule rationalité au sens d’Aristote, pour qui l’homme est un animal
rationnel dont le prima est la raison », (TAGHZOUTI, les Inspirations Eco, Jeudi 10 septembre
2020, p.17).

Problématique
La pandémie du Covid-19 représente une situation qui a bien démontré que les assises de l’école
classique ne vont pas répondre aux exigences du présent univers organisationnel. Cette crise a
prouvé qu’il n’existe pas de rationalité absolue. Etant complexe, instable et incertain, le monde
des organisations interpelle le manager à repenser son modèle de référence. L’ère de la
rationalité absolue est révolue. Les bonnes décisions ne sont plus possibles dans tel
environnement vu le nombre restreint des choix possibles. La rationalité absolue pourra tuer si
le manager maintient son modèle classique pour formuler ses décisions stratégiques. Par
conséquent, l’entreprise est appelée, inéluctablement, à s’adapter en relativisant l’efficacité de
ses choix stratégiques car ses acteurs-managers évoluent selon une rationalité adaptative (moins
de relativité que limitée). On cherche un niveau minimum de satisfaction dans un cadre
organisationnel contraignant (I). Dans certains circonstances, le manager est encore plus
contraint à bricoler ou à dépanner, allant jusqu’à être irrationnel dans ses choix en tâtonnant
(II). En conclusion, nous voulons bien montrer qu’au fur et à mesure qu’on remonte dans les
temps (vers plus de subjectivité), le degré de la rationalité diminue.

I. La prise de décision dans un contexte d’ambiguïté (incertitude, instabilité et


complexité)

- Le modèle de la rationalité limité


- Le modèle de l’entreprise adaptative (modèle plus évolué)

II. Au-delà de la rationalité : le modèle de la poubelle ou le bricolage managérial

Conclusion

Personne ne peut contester que la crise du Covid a bouleversé le fonctionnement de plusieurs


organisations et a mis à nu la fragilité des économies. Cependant, elle était une école de laquelle
les managers ont appris beaucoup de leçons. La meilleure est que l’enjeu de chaque entreprise
est de s’adapter, c'est-à-dire faire un choix dans un contexte contraignant. Les entreprises qui
ont pu survivre sont celles qui ont su s’adapter. Ceci laisse entendre que le modèle de
l’entreprise adaptative est un modèle convaincant dans beaucoup de contextes mais dans
d’autres, plus singuliers, les managers pourraient aller jusqu’à être irrationnel en empruntant à
March, Cohen et Olsen leur modèle de garbage can (ou poubelle) où l’anarchie organisée
pourrait être efficace. Ce que nous avons appelé du bricolage organisationnel ou tâtonnement.
L’étudiant intelligent va se rappeler en conclusion de ce que j’ai répété à plusieurs reprises :
Au fur et à mesure qu’on remonte vers plus de subjectivité, le degré de la rationalité diminue.
D’une rationalité absolue et parfaite dans les assises classiques et moins parfaite avec l’école
de la prise de décision où le problème de trouver une structure parfaite commence à se poser à
une irrationalité avec le modèle de la poubelle.

3/3

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