Vous êtes sur la page 1sur 45

PREMIÉRE PARTIE

LE SYNTAGME NOMINAL

Nous allons dans ce chapitre aborder la structure du syntagme nominal. Il s’agit d’un ensemble de
fiches regroupées et donnant de nombreux exemples d’illustration du raisonnement. Nous avons travaillé,
pour les premières fiches, sur le roman de Bret Easton Ellis, American Psycho, Picador, Londres, 1991. Puis
sur divers livres et sur Ravelstein de Saul Bellow, Viking, New York, 2000. Nous vous conseillons de vous
reporter à ces ouvrages pour élargir le domaine. Nous allons, à partir de ces romans, travailler sur des
syntagmes nominaux de divers registres dont une série concernant essentiellement la description des
vêtements et une autre issue du langage très abstrait de Saul Bellow.

Le syntagme nominal anglais pose de très nombreux problèmes à un francophone.

D’abord sa logique adjectivale que nous montrerons se décomposer en quatre zones orientées de
droite à gauche. Puis le Génitif qui peut être identifiant ou classifiant. Puis toute la détermination de
l’extension par un système d’articles très complexe et fort différent du système français. Enfin nous
aborderons quelques problèmes divers, noms géographiques, adjectifs et noms de nationalité et les adjectifs
substantivés.

Trop souvent les grammaires ne donnent que des règles partielles et non des fonctionnements
logiques. Nous visons à montrer certains de ces fonctionnements logiques. Les linguistes formels ou
pragmatiques en reviennent toujours à la sémantique interprétative pour comprendre les valeurs sans voir
que celui qui parle ne peut pas interpréter ce qu’il n’a pas encore produit. Pour produire du discours, et les
élèves et étudiants doivent viser à cela, il faut dominer les logiques génératives de la langue et non
simplement une méthode d’interprétation, aussi fine soit-elle.

Certes, nous interpréterons ne nombreux exemples pour en donner la finesse du sens, mais notre
but est de montrer comment on peut produire du discours incluant ces finesses à partir de là.

Dans la pratique pédagogique quotidienne, ce ne sont pas ces logiques que nous apprenons, mais
le plus souvent des morceaux, dirons-nous, choisis. Comprendre la logique permet de mieux choisir les
éléments à employer. C’est ensuite le réemploi dans la lecture, l’écoute et la parole qui peut
progressivement fixer des habitudes, des réflexes disent certains. Mais nous verrons que parfois il est
impossible de fixer de tels réflexes sans bien démarquer l’anglais du français, et cela ne peut se faire que
par une approche comparative et réflexive.

L’étude des langues étrangères à un âge plus ou moins avancé ne peut se faire comme pour la
langue maternelle qui a impliqué une immersion totale et permanente pendant plusieurs années pour plus ou
moins bien dominer les fonctionnements fondamentaux, puis une immersion et une réflexion tout aussi
totales et permanentes de près de vingt ans en milieu scolaire. Et cela n’amène l’apprenant qu’au niveau
universitaire. C’est dans ce commerce avec la langue écrite standard de l’école que la finesse s’apprend et
se fixe. Comment en faire autant avec deux ou trois heures par semaine, une trentaine de semaines par an
et au mieux sept ou huit ans d’étude sans intensifier l’acquisition par la réflexion et l’application consciente
de logiques génératives et structurelles ? Poser la question c’est y répondre.

Ce cours doit permettre à ses utilisateurs de mieux comprendre comment certains phénomènes
centraux fonctionnent pour ensuite en tirer une approche pédagogique que nous ne ferons qu’esquisser
dans les notes pédagogiques de la fin de chaque fiche.

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 1


Première Fiche : Composition du syntagme nominal complexe

 Domaine de la sous-classification adjectivale du nom


 Couleur
 Nom de marque
 Caractéristiques structurelles
 Modèle
 Matériau
 Postposition des caractéristiques structurelles, du concepteur, de l’intermédiaire commercial
 Prépositions OF – WITH – BY – FROM – FOR.

EXAMPLE DE DÉPART

« A figure with slicked-back hair and horn-rimmed glasses approaches in the distance, wearing a beige
double-breasted wool-gabardine Cerruti 1881 suit. (Brett Easton Ellis, American Psycho, Picador, New
York, 1991, p.7)

Le syntagme nominal retenu pose le problème de la place des adjectifs, bien sûr antéposés, et
surtout de leur ordre. Ici nous avons l’ordre suivant de gauche à droite : la couleur, la caractéristique
structurelle, le matériau et le concepteur et/ou modèle. On notera que la couleur ne peut que se rapporter au
nom lui-même.
La première question à poser est de savoir si cet ordre est toujours le même, si cet ordre est
canonique.
On trouve des exemples où la position du concepteur peut varier et donc se trouver ailleurs qu’après
le matériau.
« … and she’s wearing a Krizia cream silk blouse, a Krizia rust tweed skirt and silk-satin
d’Orsay pumps from Manolo Blahnik » (idem, p.8)
Le concepteur peut donc se placer avant le matériau. Il est possible de considérer que les couleurs
cream et rust se rapportent au matériau, mais aussi que ce puisse être la couleur du vêtement. On doit alors
remarquer que l’accentuation serait différente. Dans le cas où ce serait la couleur du matériau on aurait un
accent principal sur la couleur, pas d’accent sur le matériau puis à nouveau un accent principal sur le nom.
Dans le cas où ce serait la couleur du vêtement, on aurait un accent principal sur la couleur, puis un autre
sur le matériau et un troisième (moins fort) sur le nom. Cela tient à l’accentuation des « noms composés » :
c’est le premier élément du nom composé qui porte l’accent principal :
[cream silk] [blouse]
[cream][silk blouse]
Cela nous permet de dire que juste devant le nom nous avons un premier groupe de qualifications que nous
appellerons structurelles :
(couleur) caractéristique structurelle + matériau + concepteur et modèle + Nom
ou bien
caractéristique structurelle + concepteur et modèle + (couleur) matériau + Nom.
Nous confirmons que ce groupe d’éléments fait un tout car ce sont les seuls éléments qui peuvent
être postposés avec des prépositions bien précises.
« … who is wearing a bicolored suit of wool grain with passementerie trim by Myrone de
Trémonville. » (idem, p.40)
Notons que la couleur reste toujours antéposée. Of introduit le matériau, with une caractéristique
structurelle généralement superficielle, et parfois un détail ou un accessoire :
« …a spread-collar pencil-striped Sea Island cotton shirt with French cuffs … » (idem,
p.67). Détail .
« … a silk gazar blouse with rhinestone cuff links by Louis Dell’Olio … » (idem, p. 77).
Accessoire.
Les deux seules autres caractéristiques que l’on peut trouver postposées avec préposition sont : le
magasin, ou origine du vêtement, introduit par la préposition from, et le destinataire du vêtement, le magasin
qui le met en vente. Ces deux compléments, qui tous deux traitent du magasin, du marchand, sont toujours
postposés, et, dans le cas de plusieurs compléments postposés, toujours derniers :
« … is wearing a splendid double-breasted white linen jacket by Hackett of London from
Bergdorf Goodman. » (idem, p.55)
« … but she looks pretty decent anyway : … crystal earrings by Wendy Gell for Anne
Klein… » (idem, p.77)
Notons une possible variation d’ordre avec :

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 2


« I’m wearing a nailhead-patterned worsted wool suit with overplaid from DeRigueur by
Schoeneman … » (idem, p. 137)
Cela ne semble pas être dicté par des éléments syntaxiques, mais par une volonté de focalisation du
locuteur. Ici le marchand vient avant le concepteur, probablement parce que dans le discours du locuteur (le
héro du roman) la tenue vestimentaire est un élément fondamental d’exhibitionnisme social. Il met donc en
dernier celui qui semble avoir le plus de valeur.
Ceci étant dit, peut-on avoir d’autres éléments antéposés entre ceux que nous venons d’identifier et
le nom ? Il semble que l’on puisse avoir un élément qui donne la fonction du vêtement, sa destination
fonctionnelle :
« … a prewashed wrinkled-cotton striped dress shirt … » (idem, p.41)
Le terme dress donne la destination fonctionnelle de cette shirt.
Nous devons d’ailleurs élargir un peu cette approche. Ainsi on peut avoir plusieurs caractéristiques
structurelles :
« … a four-button double-breasted wool suit... » (idem, p.31)
On remarque alors simplement que les caractéristiques structurelles s’ordonnent de droite à gauche,
des plus profondes au plus superficielles. Le matériau est l’élément structurel le plus fondamental dans cette
perspective. Cela nous permet de réintégrer la couleur qui est une caractéristique structurelle de pure
surface, et donc, à gauche, avant les caractéristiques structurelles elles-mêmes. D’où ma tendance naturelle
dans les exemples ci-dessus (cream silk et rust tweed) de considérer que la couleur se rapporte au matériau
plus qu’au vêtement. on a donc bien, du matériau à la couleur, un éloignement progressif vers la gauche du
plus profond au plus superficiel.
Nous en arrivons donc ici à l’ordonnancement des qualificatifs objectifs :

couleur + caractéristique + caractéristique + (couleur) matériau + concepteur et modèle


structurelle structurelle
de surface profonde

Remarquons que l’on peut trouver le concepteur et modèle après les caractéristiques structurelles. Il
semble que ce soit le seul élément mobile. Je penche pour dire que cette mobilité permettrait de remonter
devant la couleur quand il n’y a pas de caractéristiques structurelles, mais aussi de renforcer le rattachement
de cette couleur au matériau.
En postposition nous avons un ordonnancement tout aussi strict (avec la variation FROM-BY que
nous avons vue ci-dessus) :

OF + matériau WITH + caractéristique BY + concepteur FROM + magasin d’origine


structurelle
plus superficielle
qu’en antéposé
FOR + magasin destinataire de la conception

Cet ordre strict a une logique dictée par les prépositions. From et for exprime l’origine et le
destinataire, la source et le but, soit le marchand pour le client, soit le marchand pour le concepteur. By
introduit l’agent de la conception et exprime un mouvement de passage le long d’un lieu, passage par un
point donné (I walked by his house this afternoon. I went from Manchester to London by Sheffield,
Nottingham and Leicester.). Cette préposition by a de nombreuses valeurs confirmant ou développant cette
valeur de base, en particulier l’expression by the way ou by the bye : By the way (By the bye), do you intend
going to the flower show next Wednesday ? Elle peut même former de nombreux composés avec ce sens :
to by-pass, a by-pass, a by-election, a by-product, a by-street et bien d’autres. With exprime un simple
accompagnement : I am with my friend, I’ll go with him. (De là elle peut exprimer l’accompagnement de
l’agent, et donc l’outil, l’instrument dans le cadre du passif). Enfin, of est la préposition en anglais qui a une
valeur absolument abstraite, c’est à dire qui n’a pas de valeur véritable propre (malgré son étymologie qui lui
fait exprimer la source d’un mouvement) et elle est utilisée pour exprimer un simple lien logique ou matériel
avec des valeurs extrêmement nombreuses quant à ce lien. Source et But, puis l’Agent (Source de l’action)
et son accompagnement, l’instrument, donc aussi une Source, seconde, et une préposition abstraite qui est
comme une absence de valeur et donc le contraire même de l’Agent, l’absence d’agence de droite à gauche.
Si on prend l’ordre à partir du nom, ce qui est logique dans le cadre d’un ordonnancement postposé,
on remarque que l’on s’éloigne progressivement, de gauche à droite, du structurel (matériau puis surface)
vers l’extérieur (concepteur et marchand soit pour le consommateur, soit pour le concepteur). On a donc un
processus d’éloignement cette fois sémantique. On remarque également que of et with sont plutôt statiques
alors que by et from ou for sont dynamiques. Pour toutes ces raisons l’ordre ainsi se justifie et marque un
éloignement de l’objet lui-même désigné par le nom.
Cet éloignement sémantique est en partie contradictoire avec la dynamique des prépositions, même
si parfaitement compatible, car c’est la dynamique des prépositions qui exprime l’éloignement sémantique :

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 3


Proche —————————————————————————————— éloigné

OF – WITH BY FROM – FOR


Caractéristiques ————— Concepteur ——— Source du vêtement (magasin)
Internes Externe ——— But du vêtement (magasin)
Intermédiaire commercial

Le concepteur est plus proche, même si externe (lié au vêtement en tant que tel), que le marchand,
alors même que le marchand est un intermédiaire entre le concepteur et le client, celui qui permet la
circulation de la marchandise, du vêtement. On remarque une double logique de définition du marchand :
par rapport au client (donc source) ou par rapport au concepteur (donc but, bénéficiaire).
La dernière remarque à faire ici, c’est que le premier élément qualificatif à gauche du nom peut être
classifiant, et un élément classifiant ne peut se trouver que directement à la gauche du nom. C’était le cas de
la fonction avec dress devant shirt, élément dont nous avons dit qu’il donnait la fonction, ou la destination
fonctionnelle du nom. Donnons un autre exemple non vestimentaire :
« … the wide-screen Panasonic remote-control television set. … » (idem, p.23)
On a ici l’ordre suivant

the + caractéristique + Marque + caractéristique + classifiant + Nom


structurelle structurelle
de surface de profondeur

Le positionnement de la marque entre les deux caractéristiques structurelles pousse même à


comprendre la caractéristique structurelle de profondeur comme étant classifiante par rapport à television set
vu comme un nom composé.
Ceci nous permet de dire qu’il y a une certaine liberté dans l’antéposition et de l’antéposition à la
postposition, liberté qui permet de focaliser le groupe nominal sur tel ou tel élément. Il est sûr que la position
de Panasonic met en valeur l’élément remote-control. Mais soyons prudent car à l’oral les accents peuvent
renverser tout cela et un accent fort sur Panasonic focalise le syntagme nominal sur cet élément. Le locuteur
a donc le choix entre le jeu des ordonnancements et le jeu des accentuations pour focaliser comme il
l’entend.

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 4


Deuxième Fiche : Les trois fonctions des adjectifs épithètes et les deux
rôles du génitif

 Les éléments identifiants


 Les adjectifs identifiants
 Les adjectifs qualifiants
 Les adjectifs descriptifs
 Les adjectifs classifiants
 Génitif identifiant et génitif classifiant
 Accentuation, sous-classification et composition

EXAMPLE DE DÉPART

« But then, when you’ve just come to the point when your reaction to the times is one of total and sheer
acceptance,, when your body has become somehow tuned into the insanity and you reach that point where it
all makes sense, when it clicks, we get some crazy fucking homeless nigger who actually wants – listen to
me, Bateman – wants to be out on the streets, this, those streets, see, those » -- he points – « and we have
a mayor who won’t listen to her, a mayor who won’t let the bitch have her way – Holy Christ – let the fucking
bitch freeze to death, put her out of her own goddamn self-made misery, and, look, you’re back where you
started, confused, fucked… » (Brett Easton Ellis, American Psycho, Picador, New York, 1991, p.6)

Nous trouvons dans ce paragraphe trois autres éléments antéposés au nom.


D’une part des éléments identifiants comme her et own. Le premier est un génitif (ici adjectif
possessif, mais on pourrait avoir de la même façon the ugly old homeless bag lady’s, comme cette femme
est identifiée page 5). Ce génitif identifiant, qui renvoie à la personne qui « possède » le syntagme nominal,
auquel le syntagme nominal est rapporté comme lui étant propre vient bien sûr en premier à gauche. De
même l’adjectif qualificatif identifiant own est en premier rang à gauche des adjectifs antéposés, en premier
rang à droite du déterminant, car il renvoie ici au possessif de façon circulaire. On a donc en ouverture du
syntagme nominal les identifiants qui peuvent être des déterminants (possessifs) ou un syntagme nominal
propre (syntagme nominal génitif) ou encore un adjectif qualificatif (le nombre en est fort réduit : sheer, mere,
sole, only, own,…). Donnons en exemple des génitifs identifiants les exemples suivants :
« … Phil Collins’ presence … Peter Gabriel’s departure … Collins’ drumming … Tony
Banks’ keyboard riffs … » (idem, p. 133)
«  … the album’s funkiest song … the album’s most lyrical song … the group’s undisputed
masterpiece … » (idem, p. 135)
En ce qui concerne les adjectifs identifiants, il est nécessaire de faire un cas à part au couple first-last :
« … the group’s first big hit … the last domino … » (idem, p. 133-136)
Ce couple nous permet de bien poser l’immédiateté après le déterminant de l’adjectif identifiant, puisqu’en
anglais on a : the last twenty pages, par opposition au français : les vingt dernières pages. En français le
quantifiant l’emporte en rang sur l’identifiant. Pas en anglais. Le quantifiant devient alors un simple élément
qualifiant. Mais ce couple nous ouvre d’une part sur les adjectifs numéraux ordinaux qui sont tous vus
comme identifiants et se plaçant juste après le déterminant : the third twenty pupils went on the boat (le
troisième groupe de vingt), the twentieth ten books (le vingtième groupe de dix). Cela nous amène aussi au
rôle identifiant des superlatifs qui se placent immédiatement après le déterminant en particulier parce qu’ils
font couple avec le déterminant the, y compris quand le déterminant est un génitif identifiant :
«  … the finest rock ‘n’ roll achievements … the most moving pop song … » (idem, p.136)
Notons que ces adjectifs qualificatifs identifiants changent de sens quand ils deviennent qualifiants,
c’est à dire qu’ils ne sont plus une boucle centrée sur le déterminant identifiant ou sur la matière sémantique
du nom lui-même, comme dans total and sheer acceptance. Notons que la coordination entre les deux
adjectifs fait que les deux doivent être traités de la même façon, donc de façon identifiante, renvoyant en
boucle sur la matière sémantique du nom. Donnons quelques exemples de changement de sens :
total and sheer acceptance (identifiant) vs a long and total study (qualifiant)
une simple et totale (ou absolue) acceptation
vs une étude longue et totale (approfondie)
the only boy of the family (identifiant) vs he is an only child (qualifiant)
le seul garçon de la famille
vs c’est un enfant unique
On peut même avoir les deux valeurs l’une après l’autre :
Paul is the only only child in the class (identifiant + qualifiant)
le seul enfant unique de la classe.

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 5


On peut d’ailleurs se poser la question de savoir si ce second only est qualifiant ou classifiant. Si on
ajoute un adjectif ouvertement descriptif et donc qualifiant, sa position va déterminer la valeur du second
only. Des deux ordonnancements suivants, lequel est le plus naturel ?
Paul is the only only red-haired child in the class.
Paul is the only red-haired only child in the class.
Il me semble que le deuxième énoncé est plus naturel, beaucoup plus naturel. Cela nous permet
donc de dire que le second only n’est pas qualifiant mais bien plutôt classifiant, donc limitant le sens de child
non pas par une caractéristique accidentelle, mais par la création d’une sous-classe, d’un concept constitué
par la division de la classe portée par le concept child en au moins deux sous-classes conceptuelles only
child qui s’oppose aux autres qui n’ont pas un terme spécifique mais que l’on peut représenter par non-only
child.
Ensuite nous avons les adjectifs qualifiants, qui décrivent le nom, donc qui limitent la matière
sémantique du nom. Mais un ordre apparaît du plus subjectif à gauche au moins subjectif à droite, voire à
l’objectif.
some crazy fucking homeless nigger
déterminant jugement jugement descriptif Nom

her own goddamn self-made misery


déterminant adjectif jugement objectif Nom
identifiant identifiant (relatif)

an ugly old homeless bag lady


déterminant jugement objectif objectif classifiant Nom
(relatif)
D’autres exemples seraient :
«  … a cheap, shitty stereo … » (idem, p.101)
Dans cet exemple on a deux adjectifs qualificatifs subjectifs, séparés par une virgule qui les égalise.
«  … in a brash, whiny pseudo-Mexican voice … reaching new heights of Collins’ clowny,
prankish, unpredictable side … full of sharp, finely drawn images … » (idem, p. 135-136)
Dans ces exemples la subjectivité est difficile à mesurer tout autant qu’à éliminer. Mais on retrouve
la différence majeure que l’exemple précédent avait avec les exemples dont nous sommes partis dans cette
fiche. Il y a des virgules. Sans virgule la dynamique de gauche à droite est complète. Avec virgules, raison
de plus avec coordination finale entre les deux derniers, il y a définitivement égalisation des adjectifs qui sont
tous du même genre. Le locuteur assène des jugements les uns après les autres, avec pause entre chacun.
Ainsi j’ai tendance à considérer que les virgules égalisent les adjectifs comme une coordination, car c’est
bien dans une suite coordonnée qu’apparaissent les virgules. Cela apparaît clairement en position d’attribut :
« The words are intense, complex and gorgeous. » (idem, p. 135)
Or la coordination ne joint que des éléments absolument identiques. S’il y a une différence entre deux
éléments coordonnés, il y a hiatus et donc volonté expressive forte. Dans les exemples ci-dessus dont nous
parlons tous les adjectifs (sauf pseudo-Mexican, du fait de l’absence de virgule justement) ont une mesure
de subjectivité, même si on n’atteint pas le subjectif absolu de crazy, fucking et goddamn. On peut avoir le
même phénomène sans réelle subjectivité, plutôt de l’empathie :
« We are gathered here today to pay our last respects to Sten. He was a straightforward,
reliable, friendly sort of guy who worked hard and always made an effort to join in
whatever was going on. » (John Hodge, The Beach a screenplay, Faber and Faber, London,
2000, p. 101)
Cela permet de poser la structure générale du syntagme nominal :

déterminant + adjectif identifiant + adjectif qualifiant + adjectif descriptif + adjectif classifiant + nom

Si nous reportons dans cette approche le contenu de la fiche précédente nous obtenons une
structure encore plus complexe du syntagme nominal.

Déterminant + adjectif + adjectif + adjectif + couleur + caractéristique +

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 6


(pouvant être qualificatif qualificatif qualificatif structurelle
identifiant) identifiant qualifiant descriptif de surface
subjectif objectif

caractéristique + (couleur) matériau + concepteur et modèle + élément + Nom +


structurelle classifiant
profonde pouvant être
un génitif
classifiant

OF + matériau + WITH + caractéristique + BY + concepteur + FROM + magasin d’origine


structurelle
plus superficielle
qu’en antéposé
FOR + magasin destinataire
de la conception

On peut bien sûr aller vers une épure :

Déterminant + identifiant + qualifiant + descriptif + classifiant + NOM + éléments descriptifs.

Ce qu’il est important de voir ce sont les dynamiques :


Au niveau de l’identifiant : déterminant ou syntagme génitif identifiant puis adjectifs identifiants.
Au niveau du qualifiant : on est dans le subjectif et on passe du plus subjectif au moins subjectif de
gauche à droite.
Au niveau du descriptif : on est dans l’objectif et on passe du plus superficiel au plus profond de
gauche à droite.
Au niveau du classifiant : on est encore dans de l’objectif et chaque élément classifiant réduit ce
qui le suit, d’où l’élément de gauche sur-classifie ce que l’élément de droite a déjà classifié. Il s’agit là
d’étapes successives de conceptualisation en réduction.

C’est à ce niveau là que nous avons des jeux sur des noms composés classifiants par rapport au
NOM lui-même. Notons qu’un génitif peut être classifiant dans cette position. On peut opposer :
classifiant : my old doctor’s degree
c’est mon diplôme de docteur qui est vieux
my old general practitioner doctor’s degree
c’est mon diplôme de docteur généraliste qui est vieux
general practitioner est classifiant par rapport à doctor et le tout est
classifiant par rapport à degree.
identifiant : my old doctor’s degree
c’est mon docteur qui est vieux
my old doctor’s beautifully framed degree
c’est mon docteur qui est vieux et c’est son diplôme qui est bellement
encadré

My old general practitioner’s degree


c’est mon généraliste qui est vieux

My old general practitioner’s beautifully framed doctor’s


degree
c’est mon généraliste qui est vieux, mais c’est son diplôme de docteur qui
est bellement encadré
On peut à l’envie jouer sur ces éléments et reprendre certains éléments de la fiche UN et voir que
certains adjectifs ou éléments qualificatifs que nous avons dit qualificatifs objectifs et voir que certains sont
classifiants ou peuvent être analysés comme classifiants, comme par exemple dans
« … the wide-screen Panasonic remote-control television set. … » (idem, p.23)
on aurait :
the wide-screen Panasonic remote-control television set
déterminant caractéristique marque classifiant NOM
superficielle |
caractéristique - nom caractéristique - Nom | nom - nom
superficielle superficielle (?) | classifiant

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 7


Le plus difficile à saisir dans cette logique c’est le passage à l’oral. Il faut toujours se dire qu’un
élément autonome porte un accent principal. Dès que nous posons des composés, c’est le premier élément
qui porte l’accent. J’ai déjà signalé dans la fiche UN comment on pouvait changer de sens par l’accentuation.
Quand les composés ont des tirets, cela est simple, mais ce n’est pas toujours le cas. Par exemple television
set est un composé et ne portera qu’un accent principal sur le premier élément. Cependant il n’y a pas de
tiret. Cependant encore une focalisation peut tout changer.
« I’m not looking at the radio set but at the television set. »
deux accents forts sur radio et television.
« I’m not watching the television program but the television set itself. »
accents forts sur program, set et itself.
L’oral rajoute à la logique de la langue écrite que nous venons de montrer une surcouche de
focalisation et de topicalisation subjective grâce à l’intonation, à l’accentuation et à la gestique.

Nous pouvons alors arriver à des variations de sens énormes :


a fast car assembly line
peut être une chaîne de montage de voitures rapides avec deux accents forts sur fast et sur assembly et des
intonations descendantes sur car et line, ou bien une chaîne rapide de montage de voitures (ou une chaîne
de montage rapide de voitures, ou une chaîne de montage de voitures rapide) avec un accent fort sur fast et
car et une intonation descendante jusqu’à line. On a les compositions suivantes :

1- a {[fast car][assembly line]}


2- a fast {[car[assembly line]}

En d’autres termes dans le premier cas fast est classifiant par rapport à car, assembly est classifiant
par rapport à line et fast car est classifiant par rapport à assembly line. Dans le deuxième cas fast est
qualifiant, assembly est classifiant par rapport à line et car par rapport à assembly line. Ces nuances d’oral
sont parfois très aléatoires dans le discours courant, surtout en américain. Elles n’en existent pas moins.

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 8


Troisième Fiche : La composition adjectivale et nominale

 Les adjectifs composés


 La composition nominale
 Le second élément est un adjectif (un participe présent, un participe passé)
 Le second élément est un NOM+ED, un faux participe passé
 L’inclusion de chiffres dans le syntagme nominal.

EXAMPLE DE DÉPART

« Armstrong is wearing a four-button double-breasted chalk-striped spread-collar cotton shirt by


Christian Dior and a large paisley-patterned silk tie by Givenchy Gentleman. » (Bret Easton Ellis, American
Psycho, Picador, Londres, 1991)

Le même corpus, le même ouvrage va nous permettre de travailler sur les adjectifs composés.

Premier type : la composition nominale


Ce type de qualification du nom relève de la sous-classification de ce nom par un autre nom, simple
ou double.
« Is it proper to wear tasseled loafers with a business suit ? » (idem, p.31)
Ici le nom business donne la fonction de suit.
«  Van Patten is wearing a double-breasted wool and silk sport coat, button-fly wool and
silk trousers. » (idem, p. 31)
Ici on a deux types de doublons. D’une part button-fly qui est lui-même un nom composé de deux
noms. Notez l’absence de pluriel sur le premier. Et ce nom composé sert de qualificatif donnant une
caractéristique structurelle des trousers. D’autre part wool and silk est aussi un doublon mais incluant une
coordination. Ce doublon implique que les deux vêtements sont faits des deux matériaux. Il faut le
différencier du suivant :
« a beige double-breasted wool-gabardine Cerruti 1881 suit. » (idem, p. 7)
Ici on a un composé de deux noms. Le nom principal (de droite) donne le type de tissu employé et le
nom de gauche donne le matériau à proprement parler.
Dans ce type nous pouvons classer un doublon composé d’un adjectif et d’un nom, comme dans :
« a Krizia rust-tweed skirt. » (idem, p. 8)
Le nom de droite donne le tissu et le nom de gauche donne la couleur, mais sous la forme d’un nom.
Ou encore plus clairement :
« the thermal-insulated stainless-steel espresso cup. » (idem, p. 29)
Ici l’élément de gauche est un vrai adjectif. Mais on peut aussi avoir un participe passé :
« a prewashed wrinkled-cotton striped dress shirt. » (idem, p. 41)
Il faudrait aussi considérer les noms de concepteurs ou de marques composés de deux noms :
« my black wool Giorgio Armani overcoat. » (idem, p. 8)
Au niveau des noms de marques on peut avoir des variations énormes :
« the same pair of silk-satin d’Orsay pumps. » (idem, p.9)
Ou plus complexe encore :
« the Sharp Model R-1810A Carousel II microwave oven. » (idem, p. 29)
Notons la logique de gauche à droite : la marque (Sharp), puis le nom du modèle (Model R-1810A),
et enfin la caractéristique principale de ce modèle, c’est à dire son innovation par rapport aux modèles
antécédents (Carousel II). Cela correspond au titre de la page présentant ce matériel dans un catalogue et
sa logique d’ordre est l’inverse de la logique générale du syntagme nominal : du plus large à gauche au plus
étroit à droite. Il s’agit de la simple importation de cet ensemble d’éléments dans le syntagme nominal. C’est
du copier-coller.
Tous ces éléments relèvent du processus de composition nominale où celui qui est qualifiant
restreint la compréhension du nom principal. Mais ce sont bien des qualificatifs car ils peuvent être séparés
du nom qu’ils qualifient par un autre élément de nature purement adjectivale comme dans :
« a wool-crepe tailored jacket. » (idem, p. 40)
Le dernier exemple à signaler est :
« a faux-tortoise-shell toothbrush. » (idem, p.26)
Son originalité tient au fait qu’il comporte trois éléments, à droite un nom composé de deux noms et
à gauche un adjectif, qui plus est étranger, le tout classifiant le nom principal qui est lui-même un composé.
Cela ne change rien au phénomène.

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 9


Deuxième type : le second élément est un adjectif
Dans le premier cas nous avons à gauche un quantifiant indéfini :
« a universal all-directional shower. » (idem, p.26)
Dans le deuxième cas nous avons à gauche un nom pour lequel l’adjectif free est une sorte de
suffixe. Cette utilisation de l’adjectif free comme suffixe formant des adjectifs à partir de noms est courant
dans l’alimentation, les produits de beauté, et en général dans toute énumération de composants d’un
produit. On peut ainsi trouver de très nombreux composés de ce genre : caffeine-free (« a caffeine-free Diet
Coke » (idem, p.97)), sugar-free, asbestos-free, fertilizer-free, GMO-free, etc. Le journalisme d’ailleurs en
produit de nouveaux tous les jours, ainsi que les notices techniques et scientifiques : carbon-free, en
particulier pour notifier l’absence volontaire d’un composant chimique.
« an alcohol-free antibacterial toner. » (idem, p. 27)
Maintenant nous avons les adjectifs de couleur. le premier élément est nominal et donne la nuance
de la couleur qui suit, quand ce deuxième élément est un adjectif. Nous savons qu’en anglais beaucoup de
couleurs sont exprimées, aujourd’hui de plus en plus, par des noms. Cela est d’ailleurs vrai de nombreuses
langues indo-européennes.
«  a double-breasted navy-blue blazer. » (idem, p. 41)
Le deuxième élément adjectival peut aussi être un participe présent. On a donc alors en arrière un
verbe et le premier élément est la complétude de ce verbe. Dans l’exemple qui suit on a un adjectif parce
que le verbe look appelle un tel adjectif. Mais en fonction du verbe on peut avoir en particulier des noms  :
water-saving, wood-cutting, air conditioning (system),… Le nom principal du syntagme nominal est alors
simplement le ‘sujet’ de ce verbe, portant par rapport à ce verbe la fonction dictée par ce verbe (agent,
patient ou autre) : dans l’exemple qui suit on a en arrière la phrase : an expensive haircut that looks good.
« a good-looking, expensive haircut. » (idem, p.63)
Le deuxième élément peut aussi être un participe passé. Dans ce cas on a en arrière une phrase
passive : a well-cut suit is a suit that has been well cut, a well-designed apartment is an apartment that has
been well designed. Dans l’exemple qui suit, c’est un peu plus complexe, même si stripe est un verbe. Mais
quand on parle de tissu, on voit mal le processus de production des rayures, mais bien davantage un état
final. Le participe passé n’est donc pas le passif d’un processus mais l’état résultant de ce processus, un
quasi-adjectif. Nous ne pensons pas qu’il faille interpréter cet adjectif composé comme se rattachant au
troisième cas de notre fiche, car on dira couramment : this suit is striped, a zebra is a striped animal. Le
premier élément de l’adjectif composé pose ici la couleur de la rayure.
« a six-button double-breasted chalk-striped suit. » (idem, p. 67)
Le cas suivant ne pose aucune ambigüité. Nous avons bien un participe passé qui correspond à un
passif. Cela tient bien sûr au fait que le premier élément est un adverbe (the sharp images of despair are
finely drawn) :
« Part one, ’In the Heat of the Night’ is full of sharp finely drawn images of despair. » (idem,
p. 136)
Ou bien encore :
« a water-activated gel cleanser. » (idem, p.26)
Ici, on a bien un passif : the gel cleanser is activated by water.
Le cas suivant est un peu spécial car le premier élément est un préfixe, mais l’auteur le traite comme
un élément à part par le tiret. Notons cependant que ce préfixe n’est pas purement adjectival mais peut
s’utiliser avec divers éléments : pseudo-pregnancy, pseudo-monad, pseudo-sophisticated, ce dernier posant
un verbe hypothétique : to pseudo-sophisticate (en fait il s’agit du verbe to sophisticate et de son participe
passé sophisticated auquel on affixe le préfixe pseudo). On voit que la plupart des mots attestés (dans notre
cas) par le Webster’s sont des termes relevant de la médecine ou de la science. Cependant on peut sans
problème créer des mots avec ce suffixe : pseudo-intelligent, pseudo-president, to pseudo-eradicate, etc.
Dans l’exemple qui suit nous avons une telle création ad hoc par l’auteur lui-même.
« a brash, whiny pseudo-Mexican voice. » (idem, p. 135)

Troisième cas : le second élément est un NOM + ED, un faux participe passé.
Nous avons là une particularité très intéressante de l’anglais, un trait d’ailleurs issu des origines
germaniques de la langue. L’ouvrage que nous utilisons n’en donne pas beaucoup, et ce sont des composés
souvent gelés, particulièrement dans le domaine de la mode et de la couture, comme celui qui suit et qui se
retrouve très fréquemment. Il semble que ce soit un signe extérieur de richesse pour les jeunes yuppies dont
il s’agit dans le roman.
« a four button double-breasted wool suit. » (idem, p. 31)
Le problème est de savoir comment nous pourrions décomposer cet adjectif composé. Nous
suggérons de dire : the four button wool suit has a double breast. En français nous avons un adjectif
spécifique : croisé.

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 10


Le suivant ne peut pas être pris comme le dérivé du verbe car il ne désigne pas le patron sur lequel
la cravate ou le costume ont été coupés, mais le motif particulier du tissu, et donc il s’agit ici du nom.
« a large paisley-patterned silk tie. » (idem, p. 137)
« a nailhead-patterned worsted wool suit. » (idem, p. 137)
Les équivalents pourraient être : the large silk tie has a paisley pattern et the worsted wool suit has a
nailhead pattern.
Par contre l’exemple suivant est un vrai participe passé :
« a foulard-patterned silk-crepe tie. » (idem, p. 180)
En effet il ne s’agit pas du motif cette fois, mais bien de la forme générale, du patron utilisé pour
couper la cravate.
Le suivant ne correspond pas à un quelconque verbe, du moins selon le Webster’s, mais ce
dictionnaire pose lipsticked comme un adjectif reconnu. C’est cela qui explique la présence de l’adverbe. Il
n’en reste pas moins que c’est un faux participe passé.
«  her thickly-lipsticked mouth. » (idem, p. 168)
Ici l’équivalent pourrait être : her mouth is thickly lipsticked ou bien her mouth is thickly covered with
lipstick.
L’exemple que nous examinons maintenant est parfaitement clair : un faux participe passé construit
à partir d’un nom.
« a thin-stemmed Steuben wineglass. » (idem, p. 170)
L’équivalent est sans problème : a Steuben wineglass with a thin stem.
Même chose avec celui qui suit.
« portable palm-sized color TVs. » (idem, p. 177)
L’équivalent est : portable color TVs that have the size of your palm.
On pourrait citer encore :
« the woman’s flat, slanty-eyed face. » (idem, p.83)
« I look up into his slanty-eyed round face. » (idem, p. 151)
avec pour équivalents : the woman’s face was flat and had slanty eyes, et his round face had slanty eyes.
Notons bien sûr qu’il s’agit de rétablir le pluriel quand cela est nécessaire. Nous aurions bien sûr le singulier
si nous décrivions un cyclope.
Ou encore, en position d’attribut :
« She keeps yipping, wild-eyed. » (idem, p.82)
avec comme équivalent : she had wild eyes.

Quatrième cas : l’inclusion de chiffres dans le syntagme nominal


Il ne s’agit pas bien sûr d’un déterminant numérique se rapportant au nom, mais d’un élément de
quantification au niveau d’une caractéristique de ce nom.
« a four-button double-breasted wool suit. » (idem, p. 31)
« a six-button double-breasted chalk-striped suit. » (idem, p.67)
On remarque immédiatement que la marque du pluriel a disparu dans cette position d’épithète, et
que l’ordre logique est de gauche à droite, donc inverse de celui du syntagme nominal. C’est du copier-coller
avec modification.
« a thirty inch vertical range. » (idem, p. 26)
Même remarque que précédemment. Mais au lieu de donner une caractéristique structurelle, ici on a
une dimension, la dimension de la portée de la douche.
« a forty-five dollar handkerchief. » (idem, p.106)
« shoehorns that cost two hundred dollars … and two-hundred-dollar shoehorns. » (idem,
p.179)
Dans ces deux cas nous avons le prix de l’objet. Le deuxième exemple montre bien que le pluriel est
nécessaire en position d’attribut ou de complément, donc en dehors du syntagme nominal.
« a Harrison AK-47 assault rifle. » (idem, p.124)
Il s’agit ici d’un modèle. Il est simplement intégré tel quel dans le syntagme nominal.
« Maria and Darwin Hutton’s five-year-old daughter, Cassandra. » (idem, p. 182)
Nous avons là l’âge de l’enfant.
Ces quelques exemples nous amènent à poser la question du pluriel dans le syntagme nominal. En
général il disparaît comme dans les exemples suivants :
« button-fly wool and silk trousers. » (idem, p. 31)
Avec pour équivalent : the fly of the trousers had buttons (and not a zipper).
« a silk sport coat. » (idem, p.31)
Ce n’est pas une règle absolue, du moins pour ce dernier exemple. Il est courant de trouver ou
d’entendre : a sports magazine. Cependant il me semble qu’il s’agit d’une licence récente essentiellement
pour ce cas précis. Le Webster’s qui donne le nom au singulier, donne l’« adjectif » tant avec que sans ‘s’, et

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 11


il atteste les mots : sportscar, sportscast, sportsman, sportswear, sportswoman, sportswriter. Un vieux mot
comme billiards qui n’a pas de singulier perd cependant sa marque de pluriel dans les composés : a billiard
table.
Le dernier cas que nous voudrions considérer ici, c’est l’opposition entre :
« a man’s cotton dress shirt. » (idem, p.53)
ou le génitif classifiant est au singulier et les exemples :
«  the men’s room. » (idem, p.57)
« the ladies’ room. » (idem, p.101
« A Guide to Quality in Menswear. » (idem, p.154)
où nous avons un génitif classifiant au pluriel. D’autres exemples existent comme : a women’s magazine. La
différence de sens est fine mais existe et se rend en français par l’opposition : une chemise d’homme et un
magazine pour hommes. Il n’empêche qu’il y a une légère contradiction entre a man’s shirt et menswear. Il
semble que le génitif pluriel s’applique à un nom principal plus vaste en compréhension, ou plus générique.
Cela est très net avec menswear, où le génitif a été incorporé complètement dans un nom composé qui est
devenu un nom à part entière. Il est évident aussi que le pluriel de ce génitif classifiant dans le syntagme
nominal n’a aucune incidence sur le choix du déterminant du syntagme nominal lui-même qui se rapporte au
nom principal. On peut trouver : Do you have a men’s room, by any chance, or any kind of a restroom ?

Conclusion
« If-you-don’t-shut-your-fucking-mouth-I-will-kill-you-are-you-understanding-me ? » (idem, P.82)

Ce type de composé que l’on pourrait appelé agglutinant n’est pas rare en anglais. On retrouve
souvent des composés de ce genre à l’intérieur des syntagmes nominaux. Nous avons donné quelques
exemples et nous les avons appelés du copier-coller. Le goddamn, que nous avons déjà cité, est de ce
genre : une expression proche du juron et reprise telle quelle avec cependant ici une réduction à partir de  :
God damn it ! C’est d’ailleurs le principe qui sous-tend de nombreux « adjectifs composés ».
Nous donnerons ici un exemple tiré d’un autre ouvrage (Jonathan TROPPER, Plan B, St.Martin’s
Press, New York, 2000, p. 302) :
« I didn’t know why I found myself thinking about that as I taped a cardboard, glow-in-the-
night skeleton to the Schollings’s front door. »

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 12


Quatrième Fiche : Les adjectifs qualificatifs en a-

 Les adjectifs en a-
 Origines
 Emploi en musique et poésie
 Epithètes
 Attributs du sujet
 Attributs divers et variations
 Adverbes
 Prépositions
 Noms.

EXAMPLE DE DÉPART

« For five frantic minutes the call resounded, and guards, the ever-present keys ajangle, ran from cell to cell,
from tier to tier, until the burning, smoking cell was located and the white frothy liquid quenched the flames…
She burst into the tiny visiting room, her brown eyes aglitter with happiness… « You ready for this?» Mike
asks rhetorically, his face ablaze with a smile…The foghorn cries faded, then cried again, then faded, and
then cried anew… He has never held a woman as a mate or lover; he has never held a newborn in his palm,
its heart athump with new life; he hasn’t seen the sun rise, nor the moon glow, in almost fifteen years – for a
robbery, « armed » with a pellet gun, at fifteen years old… » (Mumia Abu-Jamal, Live from Death Row, Avon
Books, New York, 1995, p. 20-22-34-39-43)

Cette suite d’exemples tirés d’un même ouvrage pose le statut des adjectifs commençant par «  a- ».
Ces adjectifs sont nombreux et peuvent être employés comme des adverbes (anew). Certains même ne sont
plus employés que comme des adverbes (again).

Le premier problème à régler est celui de leur origine. Prenons les deux cas again et anew, qui ont
le même sens. Again (Walter W. Skeat, Concise Etymological Dictionary of the English Language, OUP,
Oxford, 1965) vient de l’anglo-saxon et correspond à la préposition on, issue du germanique an, plus gegn
dont le sens est direct ou straight. On pourrait discuter de savoir si la préposition anglo-saxonne est bien on
ou an. Cela a peu d’importance. On trouve an dans des textes anglo-saxons de certains dialectes ou plus
anciens. Cette préposition a été réduite beaucoup plus tard du fait de l’accent principal tombant sur le
deuxième élément. En moyen anglais, on trouve de nombreux groupes prépositionnels de ce genre. Anew
vient de cette période mais correspond à of plus new. La même réduction se fera plus tard. On voit donc que
l’origine de ces adjectifs ou adverbe, toujours une préposition plus un adjectif, n’est pas unique. En anglais
moderne on a aussi bien : the house is on fire que the house is afire. Dans ce cas on a on plus un nom.
L’anglais moderne, pour les composés les plus récents, conserve parfois les deux solutions.
De façon plus systématique, ce préfixe a- a plusieurs origines, très exactement douze :
1- of comme dans adown,
2- on comme dans afoot, (« this is the commonest value of the prefix a- », Skeat, op cit),
3- and comme dans along,
4- la particule verbale anglo-saxonne ā- comme dans arise,
5- le préfixe français a- venu du latin ad comme dans achieve ou astringent,
6- le latin ã comme dans avert,
7- le latin ex- comme dans amend,
8- l’exclamation française a, ah comme dans alas,
9- le grec ά- ou άv- comme dans abyss,
10- la préposition at comme dans ado,
11- l’anglo-saxon ge-, devenu y-, i- en moyen anglais, comme dans aware,
12- le néerlandais houd comme dans avast.
Le moins que l’on puisse dire c’est que l’origine de ce préfixe est complexe et fait l’objet d’un vaste
mouvement d’assimilation à travers les âges (certains appellent ce phénomène une synapse, à partir du
terme médical). Il semble cependant que ce préfixe soit devenu autonome en anglais moderne car il permet
de créer de nouveaux adjectifs ou adverbes sur un modèle multiple ancien.

Il ne faut pas confondre ce phénomène de construction d’adjectifs avec un autre phénomène,


similaire mais d’un autre type. Les artistes du folk-song, anciens (traditionnels) ou récents (Bob Dylan), pour
des raisons de rythmique, le plus souvent iambique, utilisent ce « préfixe » comme temps-cheville
inaccentué : I’m a-wandering ou bien The times are a-changing. C’est un phénomène similaire, mais les

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 13


motivations sont totalement différentes. On ne produit pas des adjectifs mais on rééquilibre la rythmique de
la chanson.. Donnons un exemple traditionnel :
« Froggie went a-courtin’ and he did ride, a-huh, a-huh,
« Froggie went a-courtin’ and he did ride,
« Sword and pistol by his side, a-huh, a-huh. »
(Pete Seeger, American Favorite Ballads, Oak Publications, New York, 1961)
Cet exemple montre parfaitement le rôle de cheville ici iambique de ce tour stylistique. L’exemple
suivant montre une utilisation plus courante, mais toujours dans le champ de la musique et avec le but de
rééquilibrer le rythme iambique de la phrase :
« I shrug too. ‘I’m just a happy camper.’ And I add, remembering, quoting, my brother :
‘Rocking and a rolling.’ » (American Psycho, p. 397)
Cet exemple nous rappelle bien sûr l’expression : « I’m a rolling stone », jeu de mots sur le proverbe
« A rolling stone gathers no moss » et « rock and roll ».

Ce même procédé peut produire des prépositions. Citons above, qui vient de l’anglo-saxon on-be-
ufan.

La première et la seule caractéristique de ces adjectifs (quand ce sont des adjectifs), comme la
plupart des exemples de départ le montrent, est qu’ils sont toujours postposés. Ils ne peuvent pas
s’employer en épithète préposés, comme la règle le voudrait. Quand ce sont des adverbes ils sont aussi
postposés au verbe (c’est à dire après le verbe intransitif ou après le complément d’objet direct du verbe
transitif) ou en position finale dans la phrase. S’il s’agit d’une préposition ils s’emploient comme toutes les
prépositions. Certains, du fait de leur origine spéciale, ont des règles d’emploi tout aussi spéciales. C’est le
cas de alas, qui peut devenir un ponctueur de discours et s’employer entre pratiquement chaque mot d’une
phrase de façon répétitive, du fait de sa valeur expressive spéciale. On notera que les étymologies de Skeat
proposent même des noms dans cette vaste catégorie de mots (Abyss). Dans ce cas ils s’emploient comme
des noms normaux. Il propose aussi des verbes, qui s’emploient comme des verbes normaux.

Nous allons maintenant essayer de donner des exemples de tels mots. Certains ont des références
bibliographiques. ceux qui n’en ont pas ont simplement été collectés dans la communication courante (radio,
conversation, éventuellement presse, etc.). Certains très courants ne sont pas dans ce listing, comme par
exemple asleep. Nous allons les classer suivant les fonctions qu’ils ont dans les phrases.

1- Epithètes
« The fact alone has tremendous implications for risk management to stay abreast of exposures in
geographically dispersed facilities. » (Louis J. Drapeau, The Future of Risk Management  : Are You Reading
the Signs of the Times, The Internet, 2000)
Adjectif épithète clairement postposé. Mais on peut bien sûr l’interpréter comme le raccourci
d’une subordonnée complète : this fact, and that is the only fact, … De tels raccourcis ne
changent rien à la fonction épithète. Notons le sens de cet adjectif par rapport à only : this
only fact (adjectif identifiant, un peu redondant par rapport à this, d’où une valeur quasi-
qualifiante mais métaphorique par déplacement du champ normal de only son, par exemple,
à ce domaine de la politique de la gestion des risques dans l’industrie au sens large), ou only
this fact (adverbe restrictif), impliqueraient tous les deux qu’aucun autre fait ne peut être pris
en considération. Ici, clairement, alone met en avant comme absolument dominant le fait
dont parle l’auteur mais n’exclut pas la possibilité d’autres faits, moins importants, allant
dans le même sens. C’est donc ici une position de dominance et non une position
d’exclusivité.

2- Attributs du sujet
« The lights of the auditorium were ablaze. » (Ishmael Reed, The Freelance Pallbearers)
Adjectif, attribut du sujet.
« The fact alone has tremendous implications for risk management to stay abreast of exposures in
geographically dispersed facilities. » (Louis J. Drapeau, op. cit.)
Adjectif, attribut du sujet (dans le cadre d’une proposition infinitive : le sujet de l’infinitif to
stay est introduit par la préposition for, comme étant le bénéficiaire de l’infinitive.)
« Something new was afoot. »
Adjectif, attribut du sujet.
« It’s already clear that change is afoot. » (Louis J. Drapeau, op cit)
Adjectif, attribut du sujet. Notons que change est équivalent de something new dans
l’exemple précédent. C’est là le sens courant de afoot : promesse d’un changement vu de
façon positive.
« My mind was still aglow from the wonderful news. » (Ishmael Reed, The Freelance Pallbearers)

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 14


Adjectif, attribut du sujet.
« He’s all agog. » (Iris Murdoch, Bruno’s Dream)
Adjectif, attribut du sujet.
« Would I be stern and aloof but benevolent to my constituency ? » (Ishmael Reed, The Freelance
Pallbearers)
Adjectif, attribut du sujet, coordonné à deux autres par and (en antériorité) et par but (en
postériorité).
« With his King James’s ruff fastened askew. » (Nathaniel Hawthorne, The Scarlet Letter)
Adjectif, attribut du « sujet », dans le cadre d’une proposition participiale passive intégrée par
la préposition with comme complément circonstanciel descriptif de l’apparence d’un
personnage.
« Then parted we asunder. » (John Bunyan, The Pilgrim’s Progress)
Adjectif, attribut du sujet. Cette valeur est renforcée par l’inversion qui met côte à côte we et
asunder. Une valeur adverbiale de asunder peut être vue sous cette valeur d’attribut.
« I’m not aweary, mother. » (Nathaniel Hawthorne, The Scarlet Letter)
Adjectif, attribut du sujet.

3- Attributs divers et variations


« Henry Fletcher was so taken aback… » (Margaret Walker, Jubilee)
Adjectif, attribut du sujet, mais ici doublé d’une valeur adverbiale (pratiquement un post-
verbe) par un certain figement du verbe to be taken aback. Notons que le passif s’impose
dans cette expression.
« He was bound to run afoul of that force. » (Earl Conrad, The Premier)
Cas difficile à déterminer. D’une certaine façon c’est un adjectif attribut du sujet he, mais
aussi un adverbe modifiant le verbe run, surtout que l’expression run afoul est grandement
figée.
« Now she looked again at the younger woman standing, arms akimbo, on the porch. » (Margaret
Walker, Jubilee)
Adjectif attribut postposé à un nom dans le cadre d’une incise adverbiale descriptive de la
position de la femme, position portée par le verbe standing. Cette incise est équivalente
à and her arms were akimbo.
« Richie cocked his lips apout. » (James Joyce, Ulysses)
Adjectif, attribut du complément d’objet direct.
« He bid them awake. » (John Bunyan, The pilgrim’s Progress)
Adjectif, attribut du complément d’objet direct.
« His face reflected the red coals, his forehead awash in sweat from the steam. » (Andrew Huebner,
American by Blood)
Adjectif attribut postposé à une apposition à valeur adverbiale, descriptive du visage du
personnage, postposition renforcée par le complément prépositionnel se rapportant à cet
adjectif.
«  A straw hat awry on his brow. » James Joyce, Ulysses)
Adjectif attribut postposé à une apposition à valeur adverbiale, descriptive de l’apparence
d’un personnage, postposition renforcée par le complément prépositionnel se rapportant à
cet adjectif. L’utilisation d’appositions pour décrire des personnages sont courantes dans la
littérature anglaise.
« Two men running amain. » (John Bunyan, The Pilgrim’s Progress)
Deux interprétations : adjectif attribut du sujet ou bien adverbe.
« Asquat on the cuckstool. » (James Joyce, Ulysses)
Adjectif. La citation trop courte ne permet pas d’en établir la fonction réelle, mais il est
probablement attribut d’un sujet, d’un complément d’objet ou d’une apposition, du fait de sa
valeur descriptive d’un personnage. Simple trace dans des notes de lectures anciennes.

4- Adverbes
« I don’t really like wandering afield. »
Adverbe.
« The bracing sensation of starting life afresh. »
Adverbe.
« And ever and anon the flame and smoke would come out in such abundance. » (John Bunyan,
The Pilgrim’s Progress)
Adverbe.
« They went on apace. » (John Bunyan, The Pilgrim’s Progress)
Adverbe.
« The carefullest training to think aright. » (W.E. Burghardt Dubois, The Souls of Black Folks)

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 15


Adverbe.

5- Prépositions
« With a view from its front window adown this not very enlivening prospect. » (Nathaniel
Hawthorne, The Scarlet Letter)
Préposition.
« I might have had husbands afore now. » (John Bunyan, The Pilgrim’s Progress)
Préposition.
« Long agone. » (John Bunyan, The Pilgrim’s Progress)
Equivalent de ago, donc ici une sorte d’adverbe. Mais pourtant, comme ago, ce mot a une
valeur de préposition, mais au fonctionnement totalement erratique, puisqu’elle se place
après le complément temporel qu’elle est sensée introduire, donc en position postposée. En
fait nous devons ici parler davantage d’un adjectif postposé, sa forme de participe passé
justifie cette interprétation, transformé, par l’usage, en une sorte d’ « adverbe-préposition-
postposée ». L’évolution de la langue réduira ce mot à sa forme actuelle ago.
« You are astraddle a bronc. » (Hal Borland, When the Legends Die)
Préposition, certes. Et pourtant on pourrait voir ici un adjectif attribut du sujet qui a, par
usage, fait disparaître la préposition on (on a bronc).
« It throws its new-found energies athwart the current of advance. » (W.E. Burghardt Dubois, The
Souls of Black Folks)
Préposition, certes. Mais on pourrait aisément y voir un adjectif attribut du complément
d’objet que l’usage a transformé en préposition. Cependant ici la distance entre cet adjectif
supposé et cette préposition clairement posée est largement plus importante que dans le
cas de astraddle, car on ne peut pas penser à une autre préposition qui aurait été élidée.

6- « Noms »
« Clear from anear, a call from afar replying. » (James Joyce, Ulysses)
Ici, cet emploi après préposition en fait quasiment un nom. Notons que l’expression from afar
est figée dans une valeur adverbiale.
« Clear from anear, a call from afar replying. » (James Joyce, Ulysses)
Ici, cet emploi après préposition en fait quasiment un nom. Notons que l’expression from
anear est largement figée dans une valeur adverbiale, quand on la met en parallèle contrastif
avec from afar.

Cet exemplier fonctionnel, qui n’a pas la prétention d’être un corpus, montre la grande variété
d’interprétation, la grande variabilité d’utilisation de ces « adjectifs » qui n’en sont pas toujours, loin de là, et
la plupart du temps l’étymologie pourrait nous aider à trouver une explication. Cependant, ce tour, cette
dérivation, est encore très vivant et vivace. Des mots nouveaux peuvent être créés. Seules des lectures
extensives peuvent en donner quelques exemples ici et là. Nous avons remarqué que cette dérivation est
très courante dans le domaine du bruit et de la luminosité. A partir de verbes de bruit on peut créer sans
difficultés des adjectifs de ce genre. Même chose à partir de verbes de luminosité, ceux que l’on appelle les
équivalents du français briller. Dans l’exemple de départ nous avons ablaze et aglitter qui viennent de verbes
de luminosité, un ancien et l’autre plus idiosyncratique de l’auteur, ainsi que ajangle et athump qui viennent
de verbes de bruit, les deux étant assez idiosyncratiques.

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 16


Cinquième Fiche : Le génitif, règles générales et génitif classifiant

 Le génitif
 Règles de formation
 Génitif et noms propres
 Le génitif classifiant
 Ambigüité de l’article
 Génitif contre groupe prépositionnel : focalisation et topicalisation, le style de l’auteur dicte
l’usage de la syntaxe.

EXAMPLE DE DÉPART

« It starts off with the bouncy danceable ‘I Wanna Dance with Somebody (Who Loves Me)’ which is in the
same vein as the last album’s irrepressible ‘How Will I Know.’ This is followed by the sensuous ‘Just the
Lonely Talking Again’ and it reflects the serious jazz influence that permeated the first album and one can
also sense a newfound artistic maturity in Whitney’s voice – she did all the vocal arrangements on this
album – and this is all very evident on ‘Love Will Save the Day’ which is the most ambiguous song Whitney’s
ever performed. It was produced by Jellybean Benitez and it pulsates with an uptempo intensity and like
most of the songs of this album it reflects a grownup’s awareness of the world we all live in. She sings and
we believe it. This is quite a change from the softer, little-girl-lost image that was so appealing on the first
album. » (Bret Easton Ellis, American Psycho, Picador, New York, 1991, p. 254-255)

Cette citation met en évidence l’emploi du génitif en anglais. Les deux premiers sont identifiants et le
troisième est classifiant (repris immédiatement après par : « She projects an even more adult image on …).
Nous allons donc aborder le génitif en anglais.

La première remarque à faire est celle de l’ordre logique des termes. Whitney’s voice s’oppose à the
voice of Whitney. Ou en formulation abstraite :
NP2 – marque du génitif – NP1 vs NP1 of NP2.
Nous parlons d’ordre logique, c’est à dire que nous considérons le groupe nominal (Noun Phrase =
NP) qui modifie l’autre et vice versa, le groupe nominal qui est modifié et est donc dominant. On remarque
que l’emploi du génitif renverse l’ordre logique et place en position initiale le NP qui modifie et en position
finale le NP qui est modifié, alors que la construction développée (construite avec la préposition of) suit
l’ordre logique, à savoir le NP modifié et dominant et sa subséquence modifiante (modifié et modifiant font
référence à la sémantique, tandis que l’ordre logique se fonde sur la syntaxe). On retrouve au niveau du
génitif le fonctionnement normal du groupe nominal anglais qui met toutes les qualifications et
déterminations devant le nom. Cette première remarque est importante car nos étudiants ne connaissent
que le français, et en français l’ordre logique est respecté de gauche à droite car le français n’a pas de
génitif décliné. Donc, en anglais, le génitif fonctionne de droite à gauche au niveau logique, comme les noms
composés, les adjectifs composés, le groupe nominal lui-même. Certains parlent de « tête » pour le NP1 et
d’ « expansion » pour le NP2 (ou tout autre extension adjectivale ou prépositionnelle). Nous n’aimons pas le
terme d’expansion car en fait le rôle de ces extensions est de restreindre le sens du NP1, au moins de le
spécifier. Le terme d’expansion ne se justifie purement qu’au niveau de la surface : le NP2, ou autres,
élargit, agrandit le groupe nominal pris dans sa globalité, en surface bien sûr.

La deuxième remarque concerne les règles de formation.


Les deux règles fondamentales sont les suivantes :
1- Tout NP2 singulier prendra la marque ’s.
2- Les NP2 pluriels se terminant en -s prendront la marque ’ alors que les NP2 pluriels ne se
terminant pas en -s prendront la marque ’s.
Exemples :
« the bathroom’s door » (American Psycho, p. 195)
« Luis’s grip » (idem, p. 222)
« the women’s room » (idem, p. 259)
« the ladies’ room » (idem, p. 260)
Cependant nous avons un problème avec les noms propres, qui sont nécessairement singuliers, et
qui se termine en -s. Dans l’ouvrage utilisé ici, nous avons les exemples suivants :
« Luis’s grip » (idem, p. 222)
« Harold Carnes’ number » (idem, p. 352)
Dans cet ouvrage, la règle est appliquée pour les prénoms mais n’est pas appliquée (simple ’) pour les noms
de famille. Mais cet usage particulier semble propre, au niveau de l’écriture, à cet auteur. D’autres
respectent la règle classique :

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 17


« Mel Brooks’s arms » (Saul Bellow, Ravelstein, Viking, New York, 2000, p. 11)
Cela révèle une règle de prononciation, et donc d’oralité. L’usage courant, en Américain du moins,
prononce la marque du génitif dans le cas d’un prénom se terminant en -s, tandis qu’il ne prononce pas la
dite marque du génitif dans le cas d’un nom de famille se terminant en -s. Cela est une évolution récente,
générale, semble-t-il, au niveau de la prononciation, mais spécifique à Ellis au niveau de l’écriture. On peut
donc être, en écriture, conservateur ou bien réaliste.
Saul Bellow nous permet de spécifier une règle particulière pour les noms propres grecs (qui se
termine en -es en anglais classique et ne prennent que la marque ’), type de noms que l’on ne retrouve pas
dans American Psycho :
« Thucydides’ huge tragedy » (Saul Bellow, op cit, p. 11)

Revenons maintenant sur les deux types de génitifs que nous avons signalés au départ.

D’abord le génitif classifiant. Celui-ci réduit, ou modifie, la compréhension du NP1 en sous-classifiant


la valeur conceptuelle de ce NP1 en une valeur conceptuelle plus étroite.
« the ladies’ shoe department » (Bret Easton Ellis, op cit, p. 292)
Il ne s’agit pas d’un rayon de chaussures pour tout le monde, mais d’un rayon de chaussures
spécialisé dans la chaussure féminine, pour les dames ou les femmes. Certains de ces génitifs classifiants
sont totalement figés en unités lexicales reconnues comme :
« Valentine’s Day » (idem, p. 382)
Quand il y a figement, on ne peut en rien introduire des éléments adjectivaux entre les deux NPs.
Quand le figement n’est pas total, on peut le faire :
« He had a drunkard’s red face. … His blue abstract alcoholic look. » (Saul Bellow, op cit,
p. 7)
Le contexte d’une part, et, d’autre part, la reprise deux lignes plus loin par alcoholic, montrent que le
génitif est bien classifiant, mais aussi que l’adjectif red est une caractéristique normale d’un tel visage
d’alcoolique et donc qu’il est plus classifiant qu’autre chose. Le visage d’un alcoolique est nécessairement
rouge. Cela d’ailleurs rejoint ce que nous avons dit de ce problème dans une fiche antérieure. On notera au
passage que l’adjectif abstract est probablement classifiant dans la reprise, mais que l’adjectif blue donne la
couleur réelle des yeux. S’il n’en était pas ainsi le sens serait différent et renforcerait celui de abstract avec
une idée de spleen, nostalgie, souffrance, mal à l’âme, bref le blues. Le texte ne permet pas de trancher.
Il faut faire très attention à la traduction : on dira : le visage rouge d’un ivrogne, mais ce sont les
règles du français qui s’appliquent ici. On aurait aussi pu dire : un visage rouge d’ivrogne qui serait plus
proche de l’anglais, mais aussi plus abstrait, plus conceptuel dans sa forme, et donc moins accessible pour
de nombreux élèves et étudiants. La traduction ne saurait permettre de déduire les règles de l’anglais.
Par contre devant le NP2, les adjectifs se rapportent à l’ensemble NP2’s NP1 et sont donc
descriptifs ou identifiants. Nous avons donné des exemples dans les fiches antérieures. Mais donnons en un
nouveau :
« Four of the nine bathrooms contained trompe-l’œil paintings and five of them had antique
lead ram’s heads that hung over the sink, water spouting from their mouths. » (Brett Easton
Ellis, op cit, p. 279)
Ici nous avons la description de robinets sur les lavabos de cinq salles de bain. On notera le pluriel de ram’s
heads, mais le singulier de ram, montrant bien le caractère classifiant de ce terme par rapport à heads. On
notera aussi le singulier de sink qui ne peut se justifier que par le caractère générique de la remarque (on
aurait attendu le pluriel normalement comme pour ram’s heads mais on peut comprendre qu’il y a deux
robinets sur chaque lavabo et donc que la règle des cinq salles de bain qui devraient entraîner le pluriel, et
pour ram’s heads, et pour sink, est suspendue pour exprimer cette ‘subtilité’, alors même qu’elle est
appliquée pour their mouths par rapport à ram’s heads. Lead est la matière, quasi classifiante, dont les ram’s
heads sont faits et antique est une caractéristique structurelle pour les ram’s heads.
« Oscar de la Renta men’s deodorant » (idem, p. 278)
Exactement la même situation que précédemment, mais avec un nom de marque qui ne peut, de
toute évidence, que se rapporter à l’ensemble men’s deodorant, où men pluriel est classifiant par rapport à
deodorant.
Le déterminant qui précède le tout s’applique normalement au tout. La preuve en est que ce
déterminant prend le nombre du NP1 :
« a men’s room » (idem, p. 225)
« A children’s crusade might be possible even in the present age. » (Saul Bellow,
Ravelstein, p. 57)
Il nous reste à considérer un cas particulier :
« Elizabeth, totally red-faced, her neck muscles straining like a mad-woman’s, tries to bury
her head in … » (Bret Easton Ellis, op cit, p. 288)
Le fait que le génitif est incomplet (le NP1 est élidé par souci d’éviter une répétition : Her neck muscles), ne
change rien au problème. L’utilisation d’un trait d’union par l’auteur permet aisément d’analyser le terme

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 18


mad-woman comme constituant un tout. Le trait d’union se trouvant, dans le texte, à la fin d’une ligne, on ne
peut savoir si l’auteur aurait normalement écrit mad-woman ou madwoman. L’adjectif mad est ici de toute
évidence classifiant par rapport à woman. Ce ne sont donc pas les muscles du cou qui sont fous, mais ce
sont les muscles du cou d’une folle. Il nous faut cependant ajouter que l’article indéfini singulier employé ici
ne peut se rapporter qu’à mad-woman, puisque le NP1 serait pluriel. Nous touchons là à un autre problème
qui a trait à l’article indéfini singulier qui peut avoir une valeur générique, et donc qui rejoint le caractère
classifiant du génitif. On peut donc considérer que dans certains cas cet article indéfini singulier générique
se rapporte aussi bien au premier élément qu’au tout. Dans a drunkard’s red face, comme dans celui qui
nous occupe ici, nous avons un article indéfini qui peut être vu comme générique et se rapportant à
drunkard, ou comme simplement indéfini et se rapportant à red face. Il nous semble cependant que le lien
générique avec le NP2 singulier classifiant doit être pris en considération comme dominant. Un dernier
exemple renforce l’ambiguité :
« They had a duty to know – an artist’s duty. » (Saul Bellow, op cit, p. 9)
La présence de a duty avant, et le caractère de reprise de l’apposition font pencher la balance vers
l’interprétation d’un article indéfini se rapportant à duty. Mais comme le NP2 est au singulier, la valeur
d’article indéfini singulier générique n’est pas impossible. Les deux partageant la même forme on peut
simplement considérer que an a les deux valeurs. C’est là le seul cas d’ambigüité trouvé. Mais nous devons
donner quelques exemples supplémentaires tirés de cet ouvrage.
« These were some of his fundamental assumptions, and the foundations of his teacher’s
vocation. » (idem, p. 53)
De toute évidence l’adjectif possessif ne peut s’appliquer qu’à vocation.
« This is what comes of taking a cabinet maker’s approach to the human head. » (idem, p.
54)
Ici nous avons l’ambigüité de l’article indéfini a, mais aussi le fait que le NP2 est un nom composé.
« Risk, limit, Ø death’s blackout were present in every living moment. » (idem, p. 54)
C’est l’article zéro ici qui est ambigu car il s’applique aussi bien à death qu’à blackout, du fait de la
série qui précède : on a bien des mots traités en mots abstraits et donc exigeant l’article zéro. Mais cette
série justifie un traitement du génitif en génitif classifiant.
« But unless the facts were known, no real life was possible. So you make your choice with a
jeweller’s touch. » (idem, p. 59)
On retrouve l’ambigüité de l’article indéfini. Alors que dans le cas suivant l’article indéfini ne peut se
rapporter qu’au NP2 :
« He wore a tango dancer’s shoes. » (idem, p. 66)
Mais le plus surprenant est l’exemple suivant :
« I saw her with the eyes of a lover. But not entirely. I also took a naturalist’s view of her. »
(idem, P ; 108)
Le second est un génitif classifiant avec ambigüité de l’article indéfini, mais le premier s’oppose à a
lover’s eyes. Pourquoi l’auteur à ce moment-là a-t-il choisi de ne pas utiliser le génitif classifiant  ? C’est une
simple question de topicalisation et de focalisation. Le verbe saw pose déjà dans le connu the eyes et donc
on ne peut considérer comme étant le nouvel élément topicalisé que a lover qui définit la nature du déjà
posé, the eyes. Et en plus cela focalise sur cet élément, a lover, car il vient en second, ce qui dans le cadre
d’une structure décomposée prépositionnelle met l’accent justement sur le second élément. L’auteur
décompose le génitif classifiant pour ainsi mettre un double accent fort sur a lover. On remarquera ensuite
que le génitif classifiant qui suit, a naturalist’s view, du fait de sa structure différente, est ainsi mis en valeur,
sans pour autant empêcher la focalisation sur la suite : of her. Ainsi les deux phrase font un tout avec une
double structure en chiasme :
her – the eyes – a lover – a naturalist – view – her
Si on met en correspondance syntaxique et sémantique les éléments de cette structure on a :
A – B – C – C’ – B’ – A’.
On voit bien ici cette structure de double chiasme, l’un enchâssé dans l’autre, et le tout porté par une
structure de simple translation syntaxique avec I en initiale et le reste de chaque proposition donnant une
façon de voir. Les deux propositions sont donc ainsi identiques et le résultat d’une symétrique vectorielle. On
remarquera en passant que ce tour : chiasme (symétrie spéculaire) et parallélisme (symétrie vectorielle) est
un tour extrêmement richement exploité par un auteur comme Shakespeare. La conclusion ici est que
topicalisation, focalisation, et style ne font qu’un et dictent la structure syntaxique de la phrase, ici l’emploi
d’un génitif identifiant décomposé puis d’un génitif identifiant composé.
« Well, by all reports it’s a women’s kindgom over there. » (idem, p. 76)
On retrouve ici une structure avec un NP2 pluriel, mais ce n’est pas une structure figée comme
celles que nous avons vues précédemment, mais ici une structure largement vivante, car il parle de la famille
d’un cardiologue, terroriste dans son métier, et totalement dominé par sa femme et ses deux filles dans la
vie privée.
Ce petit panorama de génitifs classifiants montre la créativité de cette structure pour certains auteurs
qui modifient des expressions figées ou créent de nouvelles expressions parfois totalement inattendues.

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 19


Tous les autres génitifs sont des génitifs identifiants. Nous les signalons ici, mais nous allons les
développer dans la fiche suivante. Nous conclurons donc ici que le génitif établit un rapport entre deux
groupes nominaux. Ce rapport varie selon la valeur de ce génitif. Dans le cadre du génitif classifiant, nous
avons un rapport conceptuel de sous-classification du NP1. Dans le cas du génitif identifiant, nous avons
un rapport extensif de limitation de l’extension du NP1.

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 20


Sixième Fiche : Le génitif identifiant

 Le génitif identifiant
 NP2 toponymique
 NP2 temporel
 NP1 partie de NP2
 NP1 partie du corps
 Relations familiales
 Relations d’appartenance
 Génitifs de magasins, etc.
 NP2 indéfini
 Nombre et génitif identifiant
 Adjectifs identifiants du NP1
 NP1 et adjectifs
 Extraction d’un ensemble
 Génitif et nominalisation.

EXAMPLE DE DÉPART

« ‘Love Is a Contact Sport’ is the album’s real surprise – a big-sounding, bold, sexy number that, in terms
of production, is the album’s centerpiece, and it has great lyrics along with a good beat. It’s one of my
favorites. On ‘You’re Still My Man’ you can hear how clearly Whitney’s voice is like an instrument – a
flawless, warm machine that almost overpowers the sentiment of her music, but the lyrics and the melodies
are too distinctive, too strong to let any singer, even one of Whitney’s caliber, overshadow them. ‘For the
Love of You’ shows off Narada’s brilliant drum programming capabilities and its jazzy modern feel harks
back not only to purveyors of modern jazz like Michael Jackson and Sade but also to other artists, like Miles
Davis, Paul Butterfield and Bobby McFerrin. » (Brett Easton Ellis, American Psycho, Picador, New York,
1991, p.255)

Le génitif identifiant fonctionne logiquement comme le génitif classifiant, comme tout génitif. Mais il
indique à qui ou à quoi le NP1 est rapporté, qui ou ce qui identifie le NP1 comme unique. Il établit donc un
rapport qui réduit l’extension du nom à une personne ou chose, à un NP2 qui peut d’ailleurs être pluriel.
Sans le génitif le NP1 a une extension vaste, uniquement déterminée ou réduite par l’article et les autres
déterminants possibles. Avec le génitif NP2, cette extension est réduite au seul champ envisagé par ce NP2.
C’est le génitif le plus courant, mais un certain nombre de problèmes de fonctionnement se posent. Nous
allons les examiner essentiellement à partir de l’ouvrage de référence ci-dessus.

Tout d’abord nous allons spécifier les types sémantiques de rapports couverts par ce génitif.

1- NP2 est un élément toponymique


Ce peut être un nom de pays, un nom de ville, donc un nom géographique, mais aussi un nom
toponymique plus vaste.
« I could even take it to the apartment in Hell’s Kitchen. » (idem, p.249)
Il s’agit d’un nom de lieu à New York. L’entité géographique est ici symbolique.
« It no longer attracted the world’s great intellects. » (Saul Bellow, op cit, p. 30)
Il s’agit ici d’une entité géographique très large.
« Churchill saying about him that England’s offense had been to help la France. » (idem, p.
31)
Il s’agit ici d’une entité géographique réduite, un pays.

2- NP2 est un élément temporel


Cet élément temporel peut être très varié.
« This morning’s Patty Winters Show. » (Brett Easton Ellis, op cit. p. 219)
Ici nous avons une partie du jour déterminée par un déictique.
« to return yesterday’s videotapes. » (idem, p. 229)
Nous avons ici une référence à un jour précis.
« pages from last month’s Vanity Fair. » (idem, p. 290)
La référence temporelle devient plus vaste.
« on the second album, 1982’s Picture This. » (idem, p. 354)
Nous atteignons ici une année, une date.

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 21


3- NP1 est une partie de NP2
Nous envisageons ici d’abord les parties d’objets.
« the bathroom’s door » (idem, p. 195)
« the material’s weave » (idem, p. 267)
Il faut bien remarquer que la relation entre NP1 et NP2 est celle de tout à partie, mais une partie
fonctionnelle, constitutive du tout dans sa fonction. Autant on peut dire the house’s windows, ou the house’s
key, autant on ne peut pas dire the house’s bricks, sinon quand la maison a été réduite à un tas de briques
ou bien en considérant les briques nécessaires à la construction de cette maison. On trouve dans notre
corpus : « the building’s roof » (idem, p.352)
Nous avons la même relation avec :
« Most of the neck’s innards, including the jugular, hang out of her mouth. » (idem, p. 305)
Il s’agit bien des composants fonctionnels du cou. Cela nous amène à la catégorie suivante.

4- NP1 est une partie du corps


Le plus souvent NP2 est la personne vivante à qui appartient ce corps. Nous avons alors la même
relation que précédemment. NP1 est la partie et NP2 est le tout.
« Evelyn’s head » (idem, p. 137)
On peut absolument avoir n’importe quelle partie du corps, organe ou non. Citons en vrac celles que
j’ai relevées dans l’ouvrage de référence : head, nose, legs, eyes, face, voice, body, bones, blood, hips,
cunt, ass cheeks, asshole, waist, saliva, cunt juice, tits, hands, breasts, corpse, shoulder, feet, pussy,
vagina, mouth, stomach, brain, femur, left jawbone, hair, finger, skull, ears, arm, forehead. On peut même
rattacher à ce type des NP1 plus abstraits : mind, attention. On voit, et cette liste n’est en rien exhaustive,
que l’on peut avoir aussi bien tout le corps, qu’une partie, qu’un organe, qu’une partie de partie, et même les
fluides de ce corps.
Le NP2 peut être un nom propre (Patrick’s finger, p.349), un nom commun (the watchman’s
contorted, twisted face, p. 351), un animal (the snowy owl’s eyes, p. 300) ou ce corps lui-même, vivant ou
mort (one of the corpses’ stomachs, p. 306). La relation peut parfois être encore plus distante, tout en restant
la même :
« the keys I took from the corpse’s pocket. » (idem, p. 218)
Le vêtement du cadavre fait corps avec le cadavre.

5- Relation de famille entre NP1 et NP2


« the child’s mother » (idem, p. 298)
La relation est de l’ascendant (NP1) au descendant (NP2)
« Maria and David Hutton’s five year old daughter. » (idem, p. 182)
Ici la relation est inverse : de descendant (NP1) à ascendant (NP2).

6- Relation d’appartenance : NP2 possède, contrôle NP1


Là à nouveau, nous avons une grande variété de NP2, en sachant que les NP1 sont absolument
sans restriction. On peut d’abord avoir un NP2 personnel, nom propre :
« Evelyn’s Christmas party. » (idem, p. 180)
Ou bien un NP2 personnel, nom commun :
« the manufacturer’s registration number. » (idem, p. 185)
Dans cette catégorie entrent les noms de fabricants :
« Pioneer’s LD-ST disc player with wireless remote and the Sony MDP-700 multidisc
player with digital effects and universal-wireless-remote programming … The LD-W1 from
Pioneer … Yamaha’s CDV-1600 multidisc player … » (idem, p. 307-308)
Si j’ai donné ce passage un peu plus long et contenant deux formulations qui ne contiennent pas un
génitif, c’est pour attirer l’attention sur la « concurrence » entre plusieurs architectures : le génitif identifiant,
la simple utilisation du nom de marque dans le cadre de la partie du NP traitant des caractéristiques
structurales, et le complément prépositionnel postposé introduit ici par from. Nous avons déjà traité de cela
dans une fiche antérieure. Le génitif n’est donc pas exclusif. L’intérêt de cet exemple c’est que nous avons
en NP1 des matériels exactement similaires, tous incluant un nom de modèle. On ne peut pas imaginer un
parallélisme plus parfait. Et pourtant nous avons ces variations dans le même paragraphe. Il ne peut plus
alors s’agir que de liberté stylistique, expressive ou d’usage.

7- Les génitifs de magasin élidés


Cet emploi n’est pas réservé aux magasins mais peut aussi s’employer pour les églises, les écoles,
les universités, les hôpitaux et bien d’autres institutions. En ce qui concerne les magasins nous avons deux
possibilités : le génitif élidé ou bien un simple nom de magasin sans génitif. Cela peut concerner n’importe
quel magasin. Donnons un exemple :
« Delmonico’s » (idem, p. 362)

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 22


Il ne faut pas confondre cette utilisation du génitif avec des génitifs identifiants contenus dans le nom
de magasin lui-même : Dick London’s Strafford Inn, No Man’s Land, World’s End.
Dans le livre de référence nous ne trouvons pas les noms communs de boutiques comme butcher’s,
baker’s, chemist’s, et quelques autres. Cela doit tenir en grande partie à l’Américain qui a inventé des noms
communs dérivés de l’artisan ou du commerçant : bakery, butchery (attention à la variation sens dans ce
cas), pharmacy, etc., y compris s’il le faut des mots français très à la mode.
« In every quartier, the fresh-produce markets, the good bakeries, the charcuterie with its
cold cuts. » (Saul Bellow, op cit, p. 31)
Même si la scène se passe à Paris, l’utilisation de charcuterie n’est pas gratuite. L’Américain n’aime
pas trop ces génitifs et préfère d’autres dérivations : a liquor store, a delicatessen (allemand), pizzeria
(italien), et bien d’autres.
Le plus intéressant cependant c’est que l’élision du « magasin » est absolument stabilisée et le
génitif peut fonctionner avec des éléments contenus dans ce magasin. Le génitif est donc figé dans son
élision d’une certaine façon, mais pas mort :
« it could be in Nell’s best interest if … » (Brett Easton Ellis, op cit, p. 200)
« the attention of a Barney’s security guard standing by the store’s front entrance. » (idem,
p. 294)
Dans le premier cas le NP1 est abstrait. Dans le deuxième cas le NP1 désigne un personnel du
magasin, avec l’article indéfini qui ne peut se rapporter qu’à ce personnel (on est au bord d’un génitif
classifiant) et avec la reprise the store’s front entrance qui marque bien que l’on parle du magasin.

La conclusion qui s’impose à ce niveau-là c’est qu’on est très loin d’une simple possession. La
possession est une des relations couvertes par ce génitif identifiant, et de loin la relation minoritaire face à
une grande variété d’autres relations possibles. Le terme de cas possessif est donc totalement déplacé pour
désigner cette forme. On notera en passant que l’adjectif possessif est tout aussi mal nommé car il peut
s’employer dans tous les cas que nous venons de voir. Il s’agit d’un adjectif personnel identifiant, et il serait
même plus juste de parler d’un déterminant personnel identifiant car il occupe toujours la place du
déterminant à l’initiale du syntagme nominal.

Il nous reste maintenant à voir quelques problèmes de ce génitif identifiant. Les problèmes sont
nombreux.

1- NP2 est un indéfini


On peut trouver dans cette position someone, everyone, each other (en fait un réflexif non indéfini de
par le contexte), one.
« The guy Francesca pointed out is sitting in a booth near the stage where the jazz band
plays. His hair is slicked back … and it’s not difficult to imagine him in someone’s bedroom
tonight, lying, probably to the girl he’s sitting with blonde, big tits, wearing a metal-studded
dress by Giorgio di Sant’Angelo. » (idem, p. 209)
La référence réelle est indiquée par le contexte cité ici. L’emploi de l’indéfini est la marque d’une
supposition du narrateur, Patrick Bateman. Il s’agit de the girl he’s sitting with. On peut aussi voir un certain
cynisme dans l’emploi de cet indéfini qui réduit la femme à peu de chose.
« … since the light outside Nell’s is too bright, really unflattering, and tends to make
everyone’s skin look the same yellowish, washed-out color. » (idem, P ; 210)
La référence est bien sûr contextuelle : les gens qui sont là ce soir là à l’extérieur de ce bar.
« … the two of them start feverishly licking and fingering each other’s cunts. » (idem, p.
288)
Encore une fois l’indéfini réflexif est résolu par le contexte, the two of them, décrites préalablement.
Dans l’exemple suivant, on atteint un vrai indéfini, même si la lecture du roman dans son entier
spécifie qui est le someone :
« Another broken scene in what passes for my life occurs on Wednesday, seemingly pointing
to someone’s fault, though whose I can’t be sure. » (idem, p. 389)
Dans le cotexte immédiat on ne voit pas qui est ce someone, surtout que la reprise relative avec le
pronom relatif génitif whose insiste sur la non identification pour Patrick Bateman de cette identité, même si
sa paranoïa schizophrénique lui fait dissimuler ses propres responsabilités.
Nous avons, dans la citation suivante un vrai indéfini :
« Elvis might think that intellectual wordplay is as important as having a good time and
having one’s cynicism tempered by good spirits. » (idem, p. 353-354)
On atteint la valeur générale, générique même, une espèce de parcours de tout le monde sans le
moindre arrêt sur qui que ce soit car tout le monde est concerné.
« You must, Richard.
« -- I’ll throw up.
« -- Richard, you must.

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 23


« She had the American habit of frequently using one’s name. » (Alex Garland, The Beach,
Penguin Books, London, p. 93)
Le contexte, et lui seul, donne le sens : Sal a l’habitude de parler au gens en employant leur nom, et
non de façon directe. On a donc là une formulation générale qui vise à l’universel, à la remarque qui
concerne tout le monde. On notera que cette expression est absolument intraduisible, sinon par des
périphrases du genre : elle avait l’habitude américaine de s’adresser aux gens en employant leur nom.

2- Le problème du nombre avec les génitifs identifiants


Dans la plupart des cas, le nombre qui précède un génitif identifiant est de la forme [ number of …] .
Très souvent ce nombre est ONE. Donnons un exemple :
« one of the chair’s arms » (Brett Easton Ellis, op cit, p. 212)
Dans ce cas le pluriel du NP1 est imposé par la nature du NP2 qui, étant an armchair, a
nécessairement deux bras. Le groupe the NP2’s NP1 fait un tout et le numéral one of extrait un élément de
ce tout qui est un couple.
« one of the girls’ heads » (idem, p. 368)
Ici, chaque girl a une head, donc on a plusieurs heads. Le pluriel de NP1 est imposé par le pluriel de
NP2. le groupe the NP2’ NP1 fait un tout et le numéral one of extrait un élément de cet ensemble, qui est, de
par le contexte, un couple aussi.
On peut avoir des extractions plurielles.
« four of the album’s ten songs » (idem, p. 354)
Ici nous avons deux numéraux. D’abord le pluriel de NP1 résulte de sa propre quantification par le
numéral ten placé juste devant lui, ce qui implique bien que le génitif est identifiant comme nous l’avons vu
dans les expressions du genre the first two boys in the class. Le NP2 est singulier mais est un terme qui
contient sémantiquement, autant que référentiellement le pluriel de NP1. NP2 est un ensemble de NP1, NP1
qui est lui-même quantifié. Le groupe the NP2’s ten NP1 fait un tout et de ce tout on extrait quatre éléments
avec le numéral four of. L’extraction est elle aussi quantifiée. On a exactement la même situation avec :
« four out of the album’s ten songs » (idem, p. 353)
avec la particularité que la préposition out of implique un parcours des dix titres et un choix, alors que la
préposition of est simplement un constat d’extraction.
Même situation avec :
« only four of the restaurant’s tables » (idem, p. 262)
Le pluriel du NP1 découle de la nature du NP2 qui contient nécessairement un ensemble pluriel
relativement vaste de NP1. Le groupe the NP2’s NP1 fait un tout et le numéral only four of extrait quatre
éléments de cet ensemble. L’intérêt de cet exemple est la présence de l’adverbe restrictif only qui s’applique
tout naturellement au numéral lui-même.
Le quantifiant devant NP2’s NP1 peut être un indéfini.
« any of the city’s four newspapers » (idem, p. 366)
Le pluriel de NP1 résulte de la référence à la city qui est ici New York, en même temps que de la
quantification par le numéral four. On extrait un seul de ces quatre journaux de cet ensemble, mais en
parcourant sans s’arrêter sur l’un plutôt que sur l’autre les quatre éléments de l’ensemble. On a donc un
parcours indéfini de tout l’ensemble.
L’exemple suivant par contre fonctionne différemment.
« one of the models’ ex-boyfriend’s loft » (idem, p. 200)
Remarquons que nous avons deux génitifs. Le singulier de NP1 résulte du singulier de NP2. Le
singulier de NP2 ne résulte pas du pluriel de NP3 qui aurait naturellement impliqué le pluriel de NP2.
Cependant, la situation référentielle fait qu’une seule des modèles (j’emploie volontairement le féminin) a un
ex-boyfriend. Ainsi nous devons analyser NP2’s NP1 comme un tout, mais aussi one of the NP3 comme un
autre tout. Ainsi one of extrait une des modèles de l’ensemble des modèles concernées, qui sont au nombre
de deux semble-t-il, et on rapporte ce NP3 quantifié au groupe NP2’s NP1.
La dernière remarque à faire est que l’article défini the devant chacun des NP2 ou NP3 se rapporte à
ce NP2 ou NP3, tandis que la quantification exige la préposition of, dans tous les cas étudiés, pour
s’appliquer à l’ensemble, ou, dans le dernier cas, au seul NP3.

3- Le génitif identifiant et les adjectifs identifiants du NP1


Ces adjectifs identifiants se placent après NP2’s, donc avant le NP1.
« the band’s third album and flawless masterpiece » (idem, p. 355)
L’ordinal third se rapporte au NP1 qui est ici double par coordination, donc NP1a and NP1b. On peut
avoir d’autres identifiants comme one dans the album’s one ballad (idem, p. 356) avec le sens de one and
only one, ou bien only dans the band’s only bad video (357), ou encore un superlatif dans Huey’s strongest
vocals (358).

4- Le NP1 et les adjectifs

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 24


Généralisons la remarque précédente. Les adjectifs modifiant le NP1 se placent devant celui-ci
selon les règles étudiées dans une fiche précédente.
« Narada’s brilliant drum programming capabilities » (idem, p. 255)
Le nom capabilities est modifiée d’abord par l’adjectif classifiant composé drum programming, puis
en remontant vers la gauche par l’adjectif qualifiant descriptif brilliant. Une dose de subjectivité peut être vue
dans cet adjectif, ce qui est possible avec les qualifiants.
« McDermott’s ridiculous, incessant one-up-manship » (idem, p. 251)
Ici ridiculous pencherait fortement vers un jugement, donc un qualifiant subjectif, mais la virgule fait
que les deux adjectifs qualifiants sont similaires, et donc cela entrainerait que incessant est lui aussi
subjectif. Par contre si on considère incessant comme objectif, alors ridiculous est lui aussi objectif. Le sens
varie alors sensiblement avec une forte protestation de Patrick Bateman dans sa formulation dans le premier
cas, et une valeur d’assertion d’un fait évident dans le second, donc quelque chose sur quoi tout le monde
dans le groupe des témoins est d’accord, ce qui est loin d’être vrai quand on connaît un peu la personnalité
de Patrick Bateman. Je penche donc vers une valeur subjective pour les deux adjectifs, ou au moins une
valeur moyenne, même si cela donnerait à Patrick Bateman une sorte de position d’arbitre que sa psychose
délirante ne saurait justifier.
« Maria and David Hutton’s five-year-old daughter » (idem, p. 182)
Cet exemple montre que l’on a ici un qualifiant d’âge qui entre dans la catégorie des qualifiants de
caractéristiques « structurelles », donc absolument objectives. On notera au passage que la marque du
génitif unique fait que le NP2 est Maria and David Hutton. Si on a un NP2 double on a deux possibilités de
marque du génitif en fonction du sens : soit chaque NP2 a un NP1 et on a alors NP2a’s and NP2b’s NP1, ou
NP1 est pluriel (Mary’s and Tom’s dogs) ; soit les deux NP2 n’ont qu’un seul ou plusieurs NP1 mais
ensemble NP2a and NP2b’s NP1 ou NP1 peut être singulier ou pluriel.

5- Extraction d’un ensemble


On peut extraire d’un ensemble un élément ou plusieurs, mais la structure envisagée ici est à la fois
elliptique et redondante car le NP1 et le NP2 sont identiques en valeur référentielle. Notons que la structure
en of fait que l’on a l’ordre NP1 of NP2, où NP2 est un pronom possessif.
« a friend of mine » (idem, p. 242)
« some friends of his » (idem, p. 242)
On a les ensembles my friends ou his friends, représentés par les pronoms possessifs NP2 mine et
his, et on en extrait respectivement one friend ou some friends, qui sont les NP1 des structures. On
remarquera qu’en français on fait les choses exactement à l’envers. C’est le NP2 qui est complet et le NP1
qui est elliptique : un de mes amis.
Certains auteurs utilisent cette structure de façon très dynamique, comme d’ailleurs dans le discours
courant :
« He was never anything but natural. This protégé of Ravelstein’s. » (Saul Bellow,
Ravelstein, p. 68)

6- Génitif et nominalisation
Nous n’entrerons pas dans le détail ici car nous en traiterons longuement dans une fiche sur la
forme V-ing relevant du discours. Mais signalons le cas avec quelques exemples.
« The bastard’s wearing the same damn Armani linen suit I’ve got on. » (idem, p. 274)
Le NP2 au génitif est l’agent sous-jacent du verbe à la forme en –ing.
« … she pulls the trash can away, revealing a face completely covered in red blood and the
child’s having trouble blinking its eyes because of this, grabbing at his throat, now
kicking weakly. » (idem, p. 299)
Cette phrase est difficile a saisir. Le NP2 au génitif est le sujet non agent de having, le sujet agent de
grabbing, et le sujet agent de kicking. Il est surprenant que child soit référé avec its puis his ; donc avec deux
adjectifs possessifs différents. Mais on ne peut en rien penser que c’est la mère qui est le sujet agent de
grabbing car alors elle serait aussi le sujet agent de kicking et la phrase n’aurait aucun sens. Il faut donc voir
un mouvement mental de Patrick Bateman qui vient de poignarder à mort l’enfant et celui-ci est neutre, une
quasi-chose pratiquement morte d’abord, puis reprend de la masculinité, de la vie par le mouvement de ses
mains. On écartera l’idée d’une coquille d’impression.
« and Mario Cipollina’s bass playing gets to shine on it » (idem, p. 255)
Sans entrer dans les détails, Mario Cipollina est le sujet agent sous-jacent de playing, et bass en est
l’objet patient sous-jacent, si on considère cette forme comme étant une nominalisation. On peut considérer
aussi que bass playing est un NP pur, composé.
« … that the world could be a better place through one’s taking pleasure in a feeling or a
look or a gesture, of receiving another’s person’s love or kindness. » (idem, p. 375)
Le NP2 au génitif est générique en étant un pronom indéfini et il est le sujet non agent sous-jacent
de l’expression taking pleasure dont le verbe est à la forme en V-ing.

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 25


« … mimicking Jeanette’s probable weeping in the operating room, dizzy from the
anesthesia, thinking about a memory from her past, a moment when the world was
perfect. » (idem, p. 381)
Jeanette vient d’être déposée, à une clinique d’interruption volontaire de grossesse, par Patrick
Bateman qui la laisse tomber, enceinte, la forçant à avorter. le NP2 au génitif, Jeanette’s, est le sujet agent
sous-jacent de weeping, mais aussi de thinking. Les choses sont très complexes, surtout ici du fait de
l’adjectif probable. Nous entrerons dans le détail dans des fiches ultérieures.

La conclusion qui s’impose pour le moment, c’est que le génitif peut aussi recouvrir des fonctions
syntaxiques profondes par rapport au verbe nominalisé dans le cadre de la nominalisation. Le génitif est
donc aussi la marque d’une relation fonctionnelle par rapport à un verbe nominalisé.

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 26


Septième Fiche : Les articles et leurs trois opérations

 Les trois opérations des « articles »


 L’indéfinitude
 La notion
 Singulier A-AN
 Pluriel Ø
 Comptable versus compact
 Les extracteurs de compact.

EXAMPLE DE DÉPART

« ‘I’m not the pipe of [Ø] Saratoga Springs, where the Bronx Jews came in [Ø] summer with [Ø] cups to
drink [Ø] life-giving water for free – a remedy for [Ø] constipation or [Ø] hardening of the arteries. I’m not a
free commodity or [Ø] public giveaway, am I ! Incidentally the wonder-working water turned out to be
carcinogenic. Bad for the liver. Worse for the pancreas.’ He laughed at this—not with [Ø] pleasure.
« If these characters hadn’t come by [Ø] bus and [Ø] train to drink [Ø] Saratoga water they would have
eaten or drunk something just as deadly in [Ø] Flatbush or [Ø] Brownsville. How can you tabulate the
endless dangers of [Ø] tobacco, of [Ø] food preservatives, [Ø] asbestos, the stuff the crops are sprayed with
– the E. coli from [Ø] raw chicken on the hands of the kitchen employees. ‘Nothing is more bourgeois than
the fear of [Ø] death,’ [Ø] Ravelstein would say. He gave these little anti-sermons in a wacko style. He
reminded me of the rag-doll dancers, [Ø] clowns of the twenties who waved their tattered, nerveless long
arms and painted [Ø] huge smiles on their powdered faces. So that [Ø] Ravelstein’s [Ø] serious
preoccupations ‘coexisted’ to borrow a word from [Ø] twentieth-century politics, with his buffoonery. Only his
friends saw this side of him. He could be correct enough on [Ø] serious occasions, not as a concession to
[Ø] academic fussbudgets but because there were [Ø] real issues to be considered – [Ø] matters related to
the purpose of our existence : say, the correct ordering of the human soul – and there he was as stable and
earnest as any of the deepest and greatest of [Ø] teachers. [Ø] Ravelstein was vigorous and hard. Although
even while teaching one of his Platonic dialogues he allowed himself to cut a caper.
« He sometimes said, ‘Yes, I play the pitre.’
« ‘The straight man.’
« ‘The buffoon.’
« We had both lived in [Ø] France. The French were genuinely educated – or had been so once. They had
taken a bad beating in this century. However, they had a real feeling for [Ø] beautiful objects still, for [Ø]
leisure, for [Ø] reading and [Ø] conversation ; they didn’t despise [Ø] creaturely needs – the human basics. I
keep making this pitch for the French.
« On any street you could buy a baguette, a pair of [Ø] underpants [Ø] taille grand patron, or [Ø] beer or [Ø]
brandy or [Ø] charcuterie. [Ø] Ravelstein was an atheist, but there was no reason why an atheist should not
be influenced by the Sainte-Chapelle, should not read [Ø] Pascal. For a civilized man there was no
background, no atmosphere like the Parisian. For my part I had often felt myself hustled and despised by
[Ø] Parisians. I didn’t see [Ø] Vichy as a product of the Nazi occupation. I had [Ø] ideas of my own about
[Ø] collaboration and [Ø] fascism. » (Saul Bellow, Ravelstein, Viking, New York, 2000, p. 44-45)

Nous avons pris un long texte. Nous avons marqué l’article zéro. Nous avons aussi marqué l’article
négatif. Cela montre immédiatement, et de façon purement visuelle, voire statistique, que presque toutes les
approches de l’article, nous dirons en anglais, pêchent par un défaut de méthode. Ces approches, rarement
ou au mieux de façon partielle, prennent en compte cet article zéro. Un décompte rapide montre qu’il est
largement dominant. De plus une lecture un peu plus attentive montre que cet article zéro correspond à
diverses valeurs : [Ø] France a peu à voir avec a pair of [Ø] underpants, ou bien [Ø] hardening of the
arteries.

La deuxième erreur de la plupart des approches est de partir de l’article lui-même, c’est à dire du
mot ou des mots qu’on appelle articles, ce qui pose un problème immédiat aux francophones, car il n’y a pas
d’article indéfini pluriel. On ne parle pas cependant d’article zéro, ou rarement, ou sans expliciter réellement
cet objet.

Nous pensons qu’il faut partir des opérations abstraites qui fondent « le système de l’article », c’est à
dire la détermination de l’extension du nom. Notons qu’il est alors plus juste de parler de déterminants, mais
cela met dans le même sac les déictiques, les possessifs, les indéfinis et les « articles ». Cela est confus
pour nous ici. Il nous semble qu’il est plus objectif et rationnel de partir de trois opérations précises ne
concernant que les « articles » :
 l’opération d’extension indéfinie (indéfinitude),

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 27


 l’opération d’extension définie (définitude)
 l’opération d’extension générique, conceptuelle ou non, (généricité).

De plus, nous devons nous appuyer sur des discours les plus récents possibles car le «  système de
l’article » est particulièrement, non pas volatile, mais évolutif. Il suit de très près l’évolution du pouvoir
conceptuel des locuteurs (dans leur ensemble) de la langue concernée, sous domination des évolutions
technologiques, essentiellement, et scientifiques, en soubassement. On sait, et on constate tous les jours, la
variation entre The Internet (forme correcte, si on relie ce média au téléphone, et forme traditionnelle il y a
encore peu de temps, forme d’ailleurs copiée par le français académique) et Internet (forme de plus en plus
courante, justement sur le média lui-même, comme si ce média devait être relié à la télévision dont il utilise
un écran similaire).

Nous allons donc examiner ce champ grammatical suivant les trois lignes de l’indéfinitude, de la
définitude et de la généricité, donc en dernière analyse, des trois déterminations possibles de l’extension du
syntagme nominal. Nous ne ferons pas de références linguistiques précises, mais préfèrerons une approche
réaliste qui explique bien le fonctionnement de l’anglais et permet une comparaison efficace avec le français,
ou d’autres langues. Nous abordons là un champ extrêmement vaste.

A- L’indéfinitude
Définissons d’abord l’opération. Il s’agit de l’extraction d’un élément (au singulier) ou de plusieurs
éléments (au pluriel) d’un ensemble d’éléments. Cet ensemble est de type conceptuel à l’heure actuelle, et
c’est ce que l’on appelle une notion. Cette notion couvre l’ensemble des éléments qui répondent à la
définition concernée. Cette notion varie en extension selon les locuteurs et selon les domaines de discours.
Ainsi la notion [chien] n’est pas la même pour une vieille dame (animal de compagnie), un chasseur (chien
de chasse), un fermier (chien de ferme : garde et surveillance des animaux), un éleveur de bétail (et cela
varie selon le bétail : chien berger pour les moutons, chien de troupeau pour les vaches), un esquimau
(chien de traineau), un enfant (animal jouet), un adepte de l’idéologie de la survie dans un monde hostile
(chien de défense ou d’attaque), etc. Quand chacun parle d’un chien on a bien l’extraction d’un élément mais
d’un ensemble qui varie en extension et en nature. De même un [conifère] dans la forêt des Landes, dans la
Forêt Noire ou dans la forêt de séquoia de Californie ne répond pas à la même extension, voire définition.
Pourtant les arbres auxquels les locuteurs font alors références sont bien tous des conifères. Un menuisier
ou charpentier ne parle pas de [pin] avec la même valeur selon qu’il fait une charpente, des portes et
fenêtres, ou des tables, car il n’utilise pas les mêmes bois pour ces diverses utilisations. Un excellent
exemple de ce problème de définition d’une notion est le suivant :
« Give a man wood and he will learn to make fire. But back there in those days Man knew
nothing about wood. Oh yes, oh sure – he slept in trees, he swung from vines. He dug in the
earth for tender roots – but wood ? What in the world was wood ? He used clubs of hickory
and oak and even ebony … but wood – what was wood ? Did old Nero know about steel ?
Man knew no more about wood than a hill of butter beans ! » (Ralph Ellison, Juneteenth,
Vintage International, New York, 1999, p. 101)
La notion se construit à partir de l’utilisation, de la fonction. C’est cette fonction qui, une fois
inventée, décante la notion correspondante, et ainsi tous les « bois » que l’homme utilise, ne deviennent du
« wood » qu’à partir du moment où il a découvert ou inventé le feu qui transforme les «  bois » utilisés
précédemment pour d’autres fonctions en combustible « wood ».
Donc on part d’une notion et on extrait un ou plusieurs éléments de cette notion. C’est le contexte
qui fixe l’extension de la notion.
« At Chequers, Mrs Thatcher called his attention to a painting by Titian : a rearing lion caught
in a net. A mouse was gnawing at the cords to set the lion free. » (Saul Bellow, op cit, p. 48)
Le contexte fait que l’on a bien ici des articles indéfinis concrets, c’est à dire ne prêtant aucunement
à confusion avec un sens plus générique. Dans le premier cas la notion est double : d’abord celle de
painting, tous les tableaux jamais faits dans le monde, voire tout ce qui peut être défini comme un tableau,
puis le sous-ensemble painting by Titian, c’est à dire tous les tableaux dont Le Titien est l’auteur (en fonction
de celui qui parle, en fonction de ses connaissances cette notion a plus ou moins d’extension : les tableaux
du Titien que la personne connaît, même si il peut ouvrir la notion à tous les tableaux que l’on peut attribuer
au Titien. Très souvent, pour des locuteurs ordinaires, parler d’un artiste et de ses œuvres, c’est amener
dans sa conscience un certain nombre de visions d’œuvres pouvant provoquer la surprise quand on
présente à ce locuteur une œuvre qu’il ne connaissait pas et même qui lui semble d’un style différent). De
cet ensemble, de cette notion, on tire un élément, que l’on va décrire, donc un élément bien concret, en plus
qui est présenté dans une situation concrète : le tableau accroché au mur devant les deux personnes
concernées dans cette situation, Mrs Thatcher et Ravelstein.
La description du tableau utilise trois articles indéfinis singulier pour présenter trois éléments du
tableau. Les notions sont alors claires : l’ensemble des lions (l’adjectif descriptif de la position du lion
n’intervient pas), l’ensemble des filets (et la situation réduit immédiatement cet ensemble à celui des filets

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 28


utilisés pour la chasse au lion ou aux animaux de cette taille, voire les filets des gladiateurs, et encore ce
n’est pas sûr, mais certainement pas les filets à papillons, les filets de pêche et les filets pour cheveux, et
quelques autres), l’ensemble des souris (et encore une fois la situation, surtout pour un Français qui connaît
ses fables de La Fontaine, et pour Ravelstein qui connaît sa culture grecque sur le bout des doigts et Esope
est immédiatement cités : Is that one of Æsop’s fables ?, cela exclut les souris blanches par exemple). De
ces trois notions on extrait un élément, tout en gardant en référence mentale la notion qui est derrière ces
éléments. C’est d’ailleurs ce rapport qui permet la compréhension et la visualisation du tableau par les
lecteurs, les gens qui ne sont pas dans la situation concernée. Quelqu’un qui n’aurait pas les mêmes notions
en tête ferait des contresens de compréhension.
Voilà pour le singulier.
Nous avons ensuite le pluriel.
« We have to find [Ø] jobs for our graduates as [Ø] medical ethicists in [Ø] hospitals. »
(idem, p. 47)
Nous ne retenons que le premier des articles zéro ici comme correspondant exactement à une
extraction plurielle. On part de la notion [job] qui correspond exactement au sens d’emploi dans le contexte,
et on en extrait un certain nombre, d’ailleurs quantifiés de façon indéfinie par for our students qui implique
que le nombre est limité.
Le deuxième est similaire mais son emploi est réglé par sa position d’attribut de our graduates. Nous
avons ici le cas précis de : I’m not a free commodity, comme attribut du sujet, ou de : …to drink life-giving
water for free – a remedy for … , comme apposition. Un autre exemple :
« Ravelstein was anything but a misanthrope or a cynic. » (idem, p. 44)
On peut même moduler cet attribut :
« Nikki is such a stickler, … Nikki, as I well knew, was exacting. » (idem, p. 73-74)
On a ajouté un élément d’intensification sur l’attribut lui-même, pas seulement sur l’article. La reprise
quelques lignes plus tard avec un adjectif attribut montre bien la valeur de tels attributs  : faire partie d’un
ensemble, et l’intensification porte donc sur le rapport d’appartenance entre le sujet individuel et l’ensemble
posé par l’attribut. L’article indéfini ici est donc proche d’une valeur générique. Un dernier exemple :
« You look like a ripe honeydew melon, on the pillow. » (idem, p. 71)
Ici, on a d’abord la même valeur tendant vers le générique, mais l’adjonction de on the pillow ramène
à la situation concrète (un lit d’hôpital) avec une touche d’humour juif, et on visualise le melon, et donc on
revient à une sorte de concrétisation de l’objet, un emploi indéfini, une extraction. Ici le cotexte, et le
contexte, joue sur les mouvements mentaux derrière l’article indéfini.
Il n’en reste pas moins que l’on emploie l’article indéfini au singulier et donc l’article zéro indéfini au
pluriel : These young dudes are … [Ø] lovers of high fashion (idem, p. 46-47). On a bien une extraction, mais
réglée par un emploi spécifique qui lui donne une valeur générique.
Le troisième cas est différent car il relève cette fois d’un emploi générique pur. Nous verrons ces cas
plus tard. On notera qu’en français nous avons d’autres règles qui dépendent d’ailleurs du champ de
référence du nom : je suis professeur, je ne suis pas une marchandise gratuite, un remède pour la
constipation, ces jeunes gens sont (des) amoureux de la mode de haute couture, dans les hôpitaux.

Il existe un particularisme concernant a :


« But in an American city today. » (idem, p. 46)
Il ne s’agit là que d’une orthographe spéciale devant une voyelle orale (non nécessairement écrite).
C’est là aussi que nous rencontrons l’article indéfini négatif : There was no background, no
atmosphere…, au singulier et le même au pluriel :
« It was a minor disagreement involving no big principles. » (idem, p. 45)
On notera cependant que cet emploi négatif est la remise en cause de l’extraction et donc que l’on
revient à la notion. On a donc là un emploi quasi générique. La négation no est comprise plutôt comme
signifiant : not any plutôt que comme not a, not [Ø], not + singular or plural ([Ø]) indefinite article. On touche
ici à une remarque fondamentale : le contexte et le cotexte sont essentiels pour la valeur de ces
déterminants. Notons que l’on peut aussi avoir :
« Nothing to live for but foolishness, vainglory – no loyalty to your community, no love for
your polis, devoid of gratitude, with nothing you would lay down your life for. » (idem, p. 52)
Ici no = not any [Ø], et cela nous sert de transition.

Il nous faut cependant poser une autre catégorie. Nous avons dit que cette indéfinitude
correspondait à une extraction, l'extraction d'un élément ou de plusieurs éléments, d'une notion vue comme
un ensemble d'éléments.
En anglais, comme dans beaucoup de langues, il existe des notions qui ne sont pas des ensembles
d’éléments, mais des notions qui couvrent une entité qui ne peut pas être conçue en éléments. C’était le cas
de wood dans la citation de Ralph Ellison. Nous touchons ici l’opposition entre les noms comptables (nous
gardons le mot anglais) et les noms compacts (nous choisissons un mot français qui permet de ne pas
utiliser l’ambigu non-countable, ‘non-comptable’, de l’anglais, surtout pour les élèves et étudiants dont

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 29


l’écoute n’est pas toujours parfaite). Ces noms compacts sont d’abord les noms de matières, alimentaires ou
non, puis les noms abstraits. Si on ne peut pas les dénombrer on ne peut pas en extraire un élément. Donc,
que ce passe-t-il quand on essaie de les employer dans le cadre d’une extension d’indéfinitude ?
« charges of [Ø] misanthropy. » (idem, p. 44)
Un nom typiquement abstrait, une entité mentale, ou du moins mentalement définie, même si elle se
réalise matériellement. Valeur quasi générique du fait de son abstraction.
« to discuss [Ø] literature. » (idem, p. 46)
Un nom abstrait d’une certaine façon, une activité, mais aussi une entité que l’on peut considérer
comme matérielle, puisqu’elle se trouve dans des bibliothèques, des librairies, qu’elle a son marché et son
prix, ses contrats, ses traités internationaux, son Agence Internationale (OMPI), et même son Code de la
Propriété Intellectuelle. On ne régule pas vraiment le mental (au mieux les expressions matérielles de ce
mental), mais on régule le matériel. Valeur quasi-générique du fait de son abstraction, mais plus limitée que
dans l’exemple précédent par le contexte qui délimite le champ de la littérature concernée (antique,
particulièrement grecque, et européenne, et encore pas toute la littérature européenne, avec en plus un
choix de « qualité » parfaitement subjectif). Il s’agit là typiquement de la définition contextuelle d’une notion.
« It is [Ø] company policy. » (idem, p. 73)
Il s’agit ici d’une pratique commerciale contractuelle et définie par un ensemble de règles formant le
code de négociation avec la clientèle, ici d’un vendeur de voiture et plus exactement d’un concessionnaire
BMW. Ici on a bien un compact indéfini, mais la valeur contextuelle fait qu’il n’y a qu’une pratique de ce
compact qui est pris en compte et donc qu’on saisit cet indéfini comme unique, donc un défini par existence
en singleton, une instance de réalisation d’un compact.
« I have to have [Ø] delivery no later than Thursday. » (idem, p. 73)
Ici encore nous avons un compact qui désigne une activité, une opération commerciale, donc d’une
certaine façon un indéfini tendant vers du générique, mais le contexte réduit ce compact à une instance
particulière, la livraison de la BMW 740 en question.
« to drink [Ø] life-giving water. » (idem, p. 44)
Un nom de matière naturelle utilisée comme un médicament. Le contexte spécifie de quelle eau il
s’agit, une eau et pas n’importe quelle eau, même miraculeuse.
« the endless dangers of [Ø] tobacco. » (idem, p. 44)
Un nom de matière consommable, même si pas vraiment alimentaire. Une matière agricole utilisée
comme un « stimulant ». Ici on a probablement une vraie valeur générique. Le contexte ne spécifie pas de
limitation, sinon celle de l’usage : des cigarettes, et en plus des Marlboros.
« the E. coli from [Ø] raw chicken. » (idem, p. 44)
Ici, un élément typiquement comptable (chickens) est traité en compact, avec un adjectif qui renforce
cela car c’est un adjectif qui s’applique à des matières (raw materials). Il suit bien sûr alors les règles du
compact et change de sens pour désigner la viande, une matière alimentaire, et non plus un animal. Valeur
quasi générique même si le cotexte immédiat pose que nous ne considérons que cette viande dans le cadre
de sa production et de son traitement industriels.
On remarque tout de suite que ces noms compacts ont deux particularités : il n’ont pas de pluriel et il
n’utilisent pas l’article défini. En fait on utilise purement et simplement la notion telle quelle et brute,
mais dans la compréhension contextuelle du Locuteur. Mais prenons un exemple plus complexe
concernant les matières alimentaires et spécifions les emplois des uns et des autres. Le contexte spécifie
concrètement de quoi il s’agit : matières alimentaires achetables en supermarché aux USA.
« When [Ø] supplies ran low, Vela went to the supermarket and bought up a storm – [Ø]
apples, [Ø] grapefruits, [Ø] meats for the freezer, [Ø] cakes, [Ø] tapioca puddings for [Ø]
dessert, [Ø] canned tuna and [Ø] tomato herrings, [Ø] onions, [Ø] rice, [Ø] dry breakfast
cereals, [Ø] bananas, [Ø] salad greens, [Ø] cantaloupes. » (idem, p. 85)
[Ø] supplies : indéfini comptable pluriel, mais correspondant à un emploi générique que l’on
appellera limité, ici par le contexte : la maison du narrateur et de son épouse, Vela.
[Ø] apples, [Ø] grapefruits, [Ø] meats, [Ø] cakes, [Ø] tapioca puddings, [Ø] tomato herrings, [Ø]
onions, [Ø] dry breakfast cereals, [Ø] bananas, [Ø] salad greens, [Ø] cantaloupes : indéfinis comptables
pluriels réels. Remarquons que meat pourrait avoir un emploi de compact : ici on implique plusieurs types de
viandes.
[Ø] canned tuna, [Ø] rice : on a bien là des compacts alimentaires, l’un animal, l’autre végétal, qui
portent l’indéfini. De toute évidence, dans ce contexte, il ne peut y avoir de compréhension aussi peu que ce
soit générique. Vela n’a pu acheter qu’une quantité indéfinie de ces matières, en fait quelques boites de thon
et probablement quelques kilos de riz.

La dernière question qui se pose ici est celle des extracteurs nécessaires pour quantifier la quantité
de matière compacte que l’on extrait de la notion. La structure générale de ces extracteurs a la forme : a
NOUN of NON-COUNTABLE MATTER : a cup of tea, a pound of rice, a can of tuna, etc. Pour rester dans
l’indéfini on emploie : a little of wine, some water, etc. Ici j’aimerais donner un cas d’extracteur pour un nom
abstrait :

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 30


« But Ravelstein might have argued that there was a danger of self-indulgence in it. »
(idem, p. 97)
Cet extracteur prend bien sûr l’article indéfini, mais surtout il n’est pas une quantification
matériellement mesurable, mais une « quantification » qualitative et il équivaut à : possible self-indulgence
ou potential self-indulgence. Cet extracteur a la même structure syntaxique que les autres mais fonctionne
comme une atténuation de la brutalité de l’assertion sans extracteur (there was self-indulgence qui
apparaîtrait comme une accusation), comme donc une mise en garde, du fait de la nature qualitative de cet
extracteur.
Attention ces extracteurs peuvent devenir de simples quantifieurs, pour certains du moins, avec
des noms comptables : a pair of trousers (idem, p. 45), (quantifieurs très figé avec ces mots : trousers,
shorts, boxers, pants, swimming trunks, briefs, etc.) ; a pack of Marlboros (idem, p. 69), six packs of
Marlboros (idem, p. 70).

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 31


Huitième Fiche : Article défini et article indéfini

 La définitude
 La détermination d’un nom : prédétermination, post-détermination identifiante, post-
détermination prépositionnelle, post-détermination relative restrictive, détermination
contextuelle
 La généricité : les diverses opérations
 Indéfinitude singulier
 Indéfinitude pluriel
 Définitude singulier
 Définitude pluriel
 Négatif
 Compact.

EXAMPLE DE DÉPART

«  The admiration of black adolescents helped Ravelstein to offset the hatred of his colleagues, the
professors. The popular success of his book drove the academics mad. He exposed the failings of the
system in which they were schooled, the shallowness of their historicism, their susceptibility to European
nihilism. A summary of his argument was that while you could get an excellent technical training in the U.S.,
liberal education had shrunk to the vanishing point. We were in thrall to the high tech, which had
transformed the modern world. The older generation saved toward the education of its children. The cost of
a B.A. had risen to $150,000. Parents might as well flush these dollars down the toilet, Ravelstein believed.
No real education was possible in American universities except for aeronautical engineers, computerists, and
the like. The universities were excellent in biology and the physical sciences, but the liberal arts were a
failure. The philosopher Sidney Hook had told Ravelstein that philosophy was finished. » (Saul Bellow,
Ravelstein, Viking, New York, 2000, p. 47)

Nous allons maintenant envisager les deux autres opérations d’extension du syntagme nominal : la
définitude et la généricité.

B- La définitude
D’abord définissons l’opération. Elle ne peut intervenir qu’en second. Il est nécessaire que,
mentalement, nous ayons d’abord extrait un ou plusieurs éléments d’un ensemble, d’une notion, pour
pouvoir faire cette seconde opération. Cela tient à ce que l’article défini est dérivé du déictique that, mais
sous une forme amenuisée, et partiellement dématérialisée, ce qui implique qu’elle conserve une certaine
valeur déictique. Or le déictique ne peut pointer le doigt que sur ce qui a déjà été, au moins mentalement,
posé. On ne peut pas pointer sur, mettre en avant ce qui n’a pas encore été posé, donc ce qui n’a pas
encore été extrait d’une notion.
L’opération en tant que telle est une ré-assertion des éléments extraits comme étant leur propre
base de définition d’extension, et non plus la notion initiale. Si on a extrait un élément, on le ré-asserte avec
l’article défini the au singulier :
« I wonder what terms to apply to Ravelstein’s large, handsome apartment – his Midwestern
base… His windows gave him a huge view of the city. » (idem, p. 46)
Bien que le nom de la ville ne soit jamais cité directement, on sait que c’est une grande ville
universitaire dans le Midwest. L’anonymat de cette ville s’impose pour pouvoir construire un discours général
sur le monde universitaire, de la part de Saul Bellow, sans compter que cela pose bien une ville universitaire
indéfinie parmi beaucoup d’autres. Aussi à la page 46, nous avons reçu tous les détails nécessaires. La ville
a été depuis longtemps posée. Il est donc normal que l’on parle d’elle comme étant the city. Une fois posée,
elle est ré-assertée et devient donc définie.
Nous avons le même phénomène au pluriel.
« In approaching a man like Ravelstein, a piecemeal method is perhaps best.
« I had come up to his penthouse luxury suite on this June morning in Paris not so much to
discuss the biographical essay I was going to do as to collect some facts about his parents
and his early life. I didn't want more detail than I could use and I was by now familiar with the
large outlines of his life story. The Ravelsteins were a Dayton, Ohio, family. » (idem, p. 16)
Ravelstein a été posé et décrit depuis seize pages. Sa famille est posée juste avant l’emploi de
l’article défini ci-dessus. L’article défini correspond donc bien à la reprise d’un groupe extrait de l’ensemble
des hommes et ré-asserté comme se définissant par rapport à lui-même.

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 32


L’opération posée et les cas de base posés, on a peu de chose à dire de plus sinon que l’emploi de
l’article défini est obligatoire avec quelque nom que ce soit, compact ou comptable, singulier ou pluriel et
même commun ou propre, dès que ce nom est déterminé d’une façon ou d’une autre.

La détermination d’un nom peut être :

 La prédétermination cotextuelle d’avant par la présentation d’un élément et sa ré-assertion ultérieure :


c’est le cas que nous venons de donner en exemple. Mais donnons un autre exemple :
« Still he insisted on telling me over and over again what love was – the neediness, the
awareness of incompleteness, the longing for wholeness, and how the pains of Eros were
joined to the most ecstatic pleasures. » (idem, p. 95)
Les éléments en apposition à what love was sont les éléments constitutifs de ce love et sont donc
prédéterminés par cet élément cotextuel, tous, malgré la structure du deuxième, voire du troisième qui
pourrait les faire relever du troisième cas de cette liste (post-détermination cotextuelle par un groupe
prépositionnel postposé). Par contre the pains of Eros est coupé de la série et donc relève bien de cette
post-détermination cotextuelle par un groupe prépositionnel postposé : the pains of Eros, d’autant plus
que nous sommes dans une nouvelle proposition et avons donc quitté l’apposition.

 La post-détermination cotextuelle identifiante par un adjectif identifiant placé juste après l’article défini.
« Those were the most beautiful, the most distinguished rooms he had ever lived in, he
said. » (idem, p.70)
« the U.S., the winner of the Cold War, the only superpower remaining ; » (idem, p. 19)

 La post-détermination cotextuelle par un groupe prépositionnel postposé au nom. La préposition la plus


commune est of mais on peut avoir parfois une autre préposition. De plus il ne faut pas oublier que le
sens peut intervenir et imposer l’article indéfini malgré cette post-détermination qui n’est plus alors vue
comme déterminante, mais comme classifiante, donc de l’ordre d’une réduction de la compréhension
conceptuelle du nom : a person of beauty and delicacy (idem, p. 85) ; ou bien comme étant l’élément
principal, le premier nom n’étant qu’un « extracteur » : a cup of his coffee (idem, p.86). Voilà deux
exemples d’une telle post-détermination, au singulier puis au pluriel :
« The job of such people was to make you aware of the bourgeois upbringing from which
your education was supposed to free you. » idem, p. 50)
« In the eyes of the world it’s a big deal to be a chaos physicist. » (idem, p. 87)

 La post-détermination cotextuelle par une subordonnée relative vue comme « restrictive ». Si celle-ci
n’est pas restrictive, alors l’article défini ne s’impose pas : Vela buys a few hundred dollars’ worth of
chow and has it delivered in boxes by young criminals who have parole officers keeping an eye on
them. (idem, p. 88). Ici très nettement on a un autre phénomène : soit la subordonnée n’est pas vue
comme restrictive et donc on est dans l'ordre de l'hypothèse sans plus, aléatoire et non-obligatoire ; soit
on a construit la notion complexe [young criminals who have parole officers keeping an eye on them]
dont on extrait quelques éléments indéfinis. Voici deux exemples de subordonnées restrictives, singulier
et pluriel :
« When he rose to the top of the best-seller list, he gave the old stuff away to Ruby Tyson,
the black woman who came in twice weekly to wash up and do the dusting. » (idem, p.
49)
« The clothes you wear may not be the latest, but you did have the makings of a dude,
Chick. » (idem, p. 72)

 La détermination contextuelle qui vient de notre connaissance du contexte. Dans l’exemple suivant il
s’agit bien sûr des écoles et instituts de Paris, la ville préférée de Ravelstein. La subordonnée n’est pas
restrictive car cela irait à contre-sens du texte qui veut que Ravelstein soit apprécié, prisé et reconnu à
Paris (en général et sans exception), alors qu’aux Etats Unis il est controversial pour le moins, sinon
franchement rejeté :
« He was well received by the écoles and instituts where he lectured on French subjects in
his own sort of French. » (idem, p. 45)

C- La généricité
Il s’agit d’abord de définir l’opération.
La première définition, la plus générale, est que l’on prend un élément dans le cadre des deux
premières opérations et qu’on en fait, d’une façon ou d’une autre le représentant d’un tout, donc on lui donne
une valeur générique. Il s’agit de voir comment cette opération fonctionne dans les divers cas.

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 33


 Si nous avons un cas d’indéfinitude singulier, on utilise une opération de parcours de l’ensemble de la
notion pour lui donner une valeur générique.

 Si nous avons un cas d’indéfinitude pluriel, on utilise une même opération de parcours qui donne à ce
pluriel une valeur de référence à tous les éléments de la notion.

 Si nous avons un cas de définitude singulier, on a un élément qui réfère à lui-même. Donc on peut
avoir deux situations.
 D’abord, l’ensemble notionnel est un singleton : la valeur est générique car cet ensemble est
nécessairement générique de lui-même.
 Ensuite, l’ensemble notionnel est lui-même pluriel : la valeur générique est le résultat d’un parcours
à nouveau de cet ensemble qui, constatant la parfaite similitude de tous les éléments avec celui qui
a été extrait et ré-asserté par rapport à lui-même, en fait le représentant de l’ensemble notionnel tout
entier. Ici nous atteignons le niveau du concept. Nous avons généralisé le mouvement mental qui
avait produit le défini singulier pour atteindre le niveau abstrait du concept. Notons que le concept
est l’abstraction de la notion, est donc un niveau supérieur par rapport à la notion : cela se comprend
puisqu’entre la notion et le concept il y a trois opérations de détermination de l’extension d’un nom.

 Si nous avons un cas de définitude pluriel, traditionnellement on dit que la valeur générique n’est pas
possible en anglais. Cependant nous allons voir avec les exemples tirés de notre ouvrage de référence
que nous atteignons ici aussi une valeur générique, mais une valeur générique réduite par rapport au
concept, réduite au seule sous-ensemble pluriel constitué des éléments définis par les opérations qui ont
produit ce cas de définitude pluriel. Nous avons donc par rapport au concept total, que le nom défini
pourrait porter au singulier, un sous-concept.

 Il reste à examiner le cas des noms compacts. D’emblée ils renvoient à la notion qui est indivisible. Le
concept est alors simplement atteint par le singulier (ils n'ont pas de pluriel) « indéfini » (et donc sans
marque d'article comme nous l’avons vu). D’ailleurs si on les dote d’un article indéfini singulier, ils ne
renvoient plus à la notion mais à un type particulier de cette notion, de l’élément référentiel de cette
notion. Dans ce cas on peut avoir le pluriel indéfini signifiant plusieurs types particuliers. Ensuite, sur la
base de ces opérations d’extraction on peut avoir l’opération de ré-assertion et donc l’article défini
singulier ou pluriel. On traite en fait ainsi un compact en comptable. On peut alors atteindre le concept
en partant de ces opérations. On a ainsi d’une certaine façon dé-compactisé la notion et le concept qui
en devient alors moins abstrait, similaire au concept d’un nom comptable.

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 34


Il s’agit maintenant de montrer comment cela fonctionne en situation.

i- Indéfinitude singulier
« Those Gobineaus were famous Jew-haters. And I’m no mere Jew but, even worse, an
American one – all the more dangerous to civilization as they see it. Anyway, they will let a
Jew live on their street, but he should pay for it. (idem, p. 70)
Dans cet exemple, on a la genèse même de la valeur générique d’un indéfini singulier. Jew in Jew-
haters est bien sûr générique, mais dans le cadre d’une composition nominale, donc Jew est classifiant. Par
contre, no mere Jew fait référence à Ravelstein et est donc indéfini sans plus, même si la négation no
renvoie d’une certaine façon au général, ou au générique. L’apposition an American one se rapporte elle
aussi à Ravelstein et est donc orientée vers le particulier, même si on a une valeur plus généralisante du fait
de la négation antérieure et de la structure générale sujet + BE + attribut. Cette structure rattache le sujet
particulier à une classe, mais on approche seulement de la notion, pas vraiment du générique absolu.
Cependant, la référence à civilization élève la fin de cette phrase au niveau de généralité le plus élevé
possible. Cela donne alors, et sans discussion possible, une valeur générique absolue au dernier a Jew. Le
début de l’exemple est de l’ordre de la généralisation et la fin de l’ordre du générique absolu.

ii- Indéfinitude pluriel


« I am accustomed to being downgraded by businesspeople, lawyers, engineers,
Washington hotshots, various scientists. » (idem, p. 105)
On a bien ici le renvoi à des classes complètes de gens. On atteint donc le niveau générique. Cette
phrase, cette remarque n’admet pas d’exceptions. C’est d’ailleurs une idée centrale dans le livre que Chick,
un « auteur », et Ravelstein, un « philosophe », sont systématiquement méprisés et rejetés par les
« techniciens » de la société, que la société américaine produit le rejet de la pensée non-technique et non-
scientifique au nom d’un certain pragmatisme.
« He was sure of himself, as de Gaulle had said about the Jews. He loved polemics. »
(idem, p. 62)
Ce pluriel réel est tiré par le contexte, et surtout par la phrase précédente qui renvoie à tous les
Juifs, vers un pluriel générique et donc crée un nouveau nom de science, par similitude avec physics ou
mathematics. Ce qui rend l’idée centrale du livre que j’ai résumée ci-dessus, relative, mais surtout ironique,
car le philosophe Ravelstein est lui aussi détenteur d’une science exacte et contraignante : polemics. Cela
est aussi culturellement orienté car polemics rappelle politics, surtout avec la mention de de Gaulle juste
avant, et cela renvoie alors à Athènes, à la Grèce antique, qui est la référence principale de Ravelstein en
philosophie, en histoire et en politique. Ravelstein apparaît alors comme un citoyen athénien du siècle d’or,
un nouveau Socrate.

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 35


iii- Définitude singulier
« Nikki and I laughed ourselves silly over the cut of it [a suit made in Chicago, Note de
l’Editeur]. Perfect for Las Vegas or on a politician for the annual Democratic machine
gathering at the Bismarck Hotel. » (idem, p. 72)
Le générique de a politician fait que the annual Democratic machine est lui aussi générique, défini
singulier, mais celui qui nous intéresse ici, the Bismarck Hotel, est tout aussi générique mais fait référence à
un singleton, un ensemble à élément unique. Le ton générique de la phrase fait que l’élément unique renvoie
à lui-même, mais pour représenter une situation générale, une situation, n’importe quelle situation de ce type
d’ailleurs, où un costume taillé par un tailleur de Chicago serait adapté. Cela d’ailleurs permet de visualiser
ce costume et d’imaginer bien sûr les gangsters de cette ville célèbre qu’est Chicago. On remarque alors le
ton ironique, sarcastique, mais aussi éthique du philosophe Ravelstein.
« On the whole he cared little for doctors. Doctors were the allies of the death-dreading
bourgeoisie. He was not about to change his habits for any doctor, not even for Schley,
whom he respected. As Rosamund understood when she went to buy the cigarettes, Abe
would do what he had always done. He’d never play the valetudinarian. » (idem, p. 75)
Nous sommes dans ce passage sous dominance de générique. C’est le premier doctors, repris par
le second doctors, qui crée ce ton générique. On remarquera que ces génériques indéfinis pluriel sont
amplifiés par la reprise any doctor qui est le parcours générique d’un ensemble. Cela donne alors à the
death-dreading bourgeoisie une valeur générique. On touche là à une abstraction complète de la référence
concrète pour atteindre le concept. J’irai même jusqu’à dire que le concept englobe l’adjectif. Notons qu’il
peut englober cet adjectif de deux façons : qualifiante et donc s’appliquant à toute la bourgeoisie comme
étant une caractéristique définitionnelle de cette bourgeoisie, ou bien classifiante et donc créant une sous-
classe de la bourgeoisie, celle qui a peur de la mort. Ici donc on atteint le concept absolu, mais pour un
ensemble qui est un singleton car il n'y a qu'une bourgeoisie dans cette pensée. En fait le texte général et la
personnalité de Ravelstein optent pour la première solution. Plus intéressant encore est le deuxième
exemple. Ici l’ensemble de référence est pluriel, la notion est plurielle et comptable. On vise cependant
nettement le concept à partir d’un singulier défini. Et cette conceptualisation établit une distance de
Ravelstein à l’égard de cette notion qu’il refuse d’endosser, de jouer. Il est sûr que l’association avec play en
ferait une sorte de « malade imaginaire », ce qu’il refuse d’être.

iv- Définitude pluriel


« The admiration of black adolescents helped Ravelstein to offset the hatred of his
colleagues, the professors. The popular success of his book drove the academics mad. »
(idem, p. 47)
Le premier défini pluriel est nettement une sous-classe de tous les professors, sous-classe
déterminée par his colleagues. Il s’agit donc des professors de son université. Généralisation, emploi
générique, mais sur la base d’une sous-classification. Le second défini pluriel élargit cependant cette
première généralisation pour probablement inclure tous les academics de toutes les universités américaines,
pour lesquelles Ravelstein a développé un profond mépris philosophique. On a donc ici un générique fondé
sur une sous-classification sans que l’on ait vraiment construit une sous-notion.

« The greatest heroes of all, the philosophers, had been and always would be atheists.
After the philosophers, in Ravelstein’s procession, came poets and statesmen. The
tremendous historians like Thucydides. The military geniuses like Caesar. » (idem, p. 53)
Le premier défini pluriel retenu dans l’exemple est lui aussi le résultat de la détermination de the
greatest heroes of all. Une sous-classe a été créée et le défini renvoie à cette sous-classe dans un
mouvement de généralisation générique. Cette sous-classe générique est ensuite reprise par le second
défini pluriel et sa valeur générique est bien mise en avant par les génériques indéfinis poets et statesmen.
Le troisième et le quatrième définis pluriel résultent eux d’un autre type de sous-classification, par un adjectif
descriptif, voire subjectif, dans le premier cas, et classifiant dans le second cas. On construit bien un
générique dans les deux cas, mais ces génériques sont le résultat d’une sous-classification, encore une fois
sans qu’il y ait une sous-notion, même si the military geniuses, du fait du caractère classifiant de l’adjectif
(qui ne donne pas une qualité de ces génies qui seraient guerroyeurs, mais un champ d’activité de ces
génies qui sont militaires) est assez proche d’une sous-notion.

« ‘I will admit Radu Grielescu sets the standards for male conduct in those East European
circles.’
« ‘You mean the courtly gentleman bullshit.’
« ‘Yes, that’s more or less it. The considerate man, the only right kind, remembers birthdays,
honeymoons, and other tender anniversaries. You have to kiss the ladies’ hands, send them
roses ; you cringe, move back the chairs, you rush to open doors and make arrangements
with the maître d’. In that set the women expect to be petted, idolized, deferred to, or
romanced.’ » (idem, p. 106)

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 36


Ici, nous avons encore une fois une sous-classification qui résulte du fait que Ravelstein ne parle
que des « hommes » issus de l’émigration d’après la deuxième guerre mondiale des pays de l’est européen
(ici la Roumanie dans le cas précis considéré que Ravelstein généralise). Ce sont d’ailleurs des hommes
souvent mouillés dans la collaboration avec Hitler dans ces pays pendant la guerre. Les termes the
standards for male conduct (male conduct est ici un générique abstrait), the courtly gentleman bullshit (à
nouveau un générique abstrait), the considerate man (un générique défini singulier), birthdays-honeymoons-
anniversaries (trois génériques indéfinis pluriel), ces termes créent un contexte générique qui donne alors
aux trois définis pluriel une valeur générique. Notons que ce contexte générique est entretenu par les termes
doors (indéfini pluriel générique), the maître d’ (défini singulier générique). Mais encore une fois, ce
générique défini pluriel est atteint sur la base d’une sous-classification et ne peut en rien concerner toutes
les femmes du monde et toutes les chaises du monde, sinon du « beau monde exilé des pays de l’est
européen et vivant à Paris ».

On peut alors conclure que ce générique défini pluriel n’est possible que sur la base d’une telle
sous-classification. On joue donc ici sur le cercle de validité de la généralisation générique. Un dernier
exemple appliqué au domaine de la voiture peut être donné :
« I want him to be pleased one hundred percent – the engine, the body, all the electronic
stuff. Everything in place. Stabilizers equilibrated. It used to be the Harmonious Blacksmith –
now it’s the harmonious computers. » (idem, p. 73-74)
Toute la première partie ne parle que de la BMW 740 commandée par Ravelstein pour son ami
Nikki. Mais la dernière phrase prend un ton sentencieux et donc générique. Le défini singulier, the
Harmonious Blacksmith, et ses capitales montrent bien que nous avons ici un générique. Le parallélisme
syntaxique avec la suite donne au deuxième défini pluriel la même valeur, surtout avec la reprise de
l’adjectif. Mais là encore on parle de voitures, et non plus de la seule BMW 740. On a donc opéré une sous-
classification des ordinateurs qui ne sont que les ordinateurs de voitures.

v- Le négatif
Nous avons déjà dit que la négation no porte en elle une généralisation qui vise un ensemble, la
notion. A-t-on vraiment là un concept ? La question restera ouverte.
« We had no doorman. » (idem, p. 64 )
Le contexte est spécifique et le général de ce comptable singulier (on pourrait dire we did not have a
doorman), et le renvoi à la notion n’atteint pas le conceptuel, donc le générique vrai.
« There were no clues as to what went on behind that powerful forehead. » (idem, p. 64)
Le contexte est à nouveau spécifique. Il s’agit de Ravelstein et de sa tête comparée à un melon. Le
négatif renvoie, il est vrai à la notion. Mais le pluriel semble élargir ce renvoi et on atteint quelquechose de
plus proche du concept, du générique indéfini pluriel. On pourrait dire there were not any clues. Le any
montre le parcours et donc on peut probablement ici affirmer que nous avons un générique.
«  He had no patience. » (idem, p. 65)
Le négatif porte sur un indéfini singulier mais compact et donc on a ici un générique comme nous
allons le voir ensuite. On pourrait dire he did not have any patience. Le any montre cette généricité.

vi- Le compact
Rappelons d’abord que le compact renvoie à une notion non divisible, non-comptable. Un terme
compact est donc toujours d’une certaine façon un renvoi à une notion, ce qui le rapproche d’emblée du
concept. Cela est d’autant plus vrai que ce compact est un mot abstrait. On sait que ces compacts
s’emploient sans article, quel qu’il soit, sauf si on veut les traiter en comptables, et on a alors des «  types de
… » . Les quelques exemples qui suivent vont montrer ces phénomènes.

« A man in his sixties, he was big, ruddy, fleshy, his huge chilled face as thick as sweet red
pepper. » (idem, p. 64)
Ce légume n’a rien à voir avec un légume réel sur un étal de marché. Nous avons ici une
comparaison descriptive. On peut donc considérer que le renvoi à la notion se double d’une abstraction pour
ne retenir dans le contexte que l’épaisseur du poivron, on entend bien sûr l’épaisseur de sa « peau ». On est
donc là près d’un concept, d’un générique : le poivron devient représentatif de l’épaisseur de la peau
humaine, quand elle est épaisse. Son emploi cependant dans le contexte descriptif concrétise ce générique.
Mais un générique peut être concret.

« He had also taught ballroom dancing in Indochina. » (idem, p. 64)


Ici nous avons une activité qui est bien sûr un compact. Cela devient un abstrait comme les noms
des sujets scolaires ou universitaires pour les étudiants. On a donc bien ici un générique, sans d’ailleurs
préciser quelque détail que ce soit, et entre autres les danses concernées. Le générique laisse entendre que
la gamme est large.

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 37


« A good palliative for the not-always-conscious pain of longing had a significant
importance of its own. We have to keep life going, one way or another. Marriages must be
made. In adultery men and women hope for a brief reprieve from the lifelong pain of
privation. What made adultery a venial sin in Ravelstein’s judgment was that the pain of
our longings drives us so mercilessly. ‘Souls Without Longing’ had been the working title of
his famous book. But for most of mankind the longings have, one way or another, been
eliminated. » (idem, p. 85)
Cet exemple est très riche. Les deux adultery sont en définitive similaires au cas précédent : une
activité prise dans son abstraction par le discours éthique rapporté ici. Privation fonctionne de la même
façon. Les deux longing singulier suivent le même schéma. Life suit lui aussi ce schéma. Puis on a des
variations. Pain est syntaxiquement modifié : un adjectif descriptif et l’article défini imposé par une post-
détermination dans les trois cas. Donc rien de surprenant. A significant importance introduit un adjectif
classifiant et il est alors normal que ce mot abstrait, compact, prenne l’article indéfini singulier, un seul type
d’importance. Mankind est quantifié de façon indéfinie par most of qui fonctionne donc comme un extracteur.
Our longings et the longings traitent un compact en comptable. Ils prennent alors le pluriel et sont portés par
un adjectif possessif identifiant (mais générique, renvoyant à tous les hommes et toutes les femmes), puis
par un article défini généralisant et même générique car il s’agit bien de tous les désirs. Ces pluriels définis
(par identification possessive et par article défini) ne sont que la forme définie plurielle correspondant au
générique singulier compact sans article longing du titre du livre et de la première phrase. Ici donc la logique
du compact longing devient la logique d’un comptable. Le générique du compact est naturel car le compact
abstrait, comme c’est le cas ici, renvoie à une notion abstraite et le contexte éthique du discours en fait un
concept. Mais quand on le traite en comptable, le générique est atteint comme pour les autres comptables,
mais avec le sens de « types de … ».

« Couldn’t we break down the empty formalities of this Conference, the three-barred gate of
triple interpretations, and talk about the truth and the reality like sane and sensible
persons. » (idem, p. 81)
Dans cette dernière citation nous abordons un autre traitement de compacts. Les deux compacts de
la citation ne sont pas identiques. L’un est vraiment abstrait. L’autre est on ne peut plus concret par sa
référence. La réalité ça se touche, alors que la vérité ne peut que se concevoir ou au mieux s’entrevoir.
Dans les deux cas le locuteur s’élève au concept le plus générique que l’on puisse imaginer en dotant ces
compacts de l’article défini singulier qui renforce alors le caractère général de la notion pour atteindre le
caractère générique du concept, avec en plus une idée d’unicité absolue, de vérité divine et révélée, de
réalité sacrée et incontournable. La Conférence de Versailles dont il s’agit pourrait ramener ces abstraits
absolus vers une définition contextuelle : la vérité pour l’après-première-guerre-mondiale et la réalité de
l’Europe dans cet après-première-guerre-mondiale. Il me semble cependant que le cotexte plus étroit fait de
cette phrase une déclaration sentencieuse et donc qui a une généralité absolue.

Notes supplémentaires

First Question : a noun in English as well as in many languages can be either countable (one can
count the objects designated by the noun that can be used in the plural then : a car, a tree, two schools,
three dogs) or uncountable (one cannot count the « object » designated by the noun [which is compact
matter] that cannot take the plural then and does not take articles : courage, wine, darkness, intelligence,
hardness, depth). Be careful, we can use uncountable nouns as countable nouns : this is a good
courage (a good type of courage), a good wine, a dangerous darkness, there are many fears and at least
twenty beauties.
Articles in all languages are the result of three operations when considering countable nouns.
1- Extraction of one or several units from a notion (a notion is the set of objects covered by the
definition of these objects)
2- Reassertion of this/these extracted element(s) as compared to itself/themselves.
3- A generic operation, conceptualization, that produces a generic meaning : all the objects of the
set that is behind the definition of this/these objects.

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 38


Generic A/AN THE
5 6

CONCEPT
Singular A/AN THE
1 2

NOTION EXTRACTION REASSERTION

3 4
Plural Ø THE
CONCEPT

Generic 7 Ø 8 Normally Impossible

NORMALLY NORMALLY
9 IMPOSSIBLE POSSIBLE
IN FRENCH 10 IN FRENCH

1- Look in the street, there is a cat eating in the garbage-can. Singular indefinite
2- Look at the cat in the garbage can. It is black and grey. Singular definite
3- Look in the street. There are cats running after Mr Wilson’s dog. Plural indefinite
4- Look at them. The cats are going to attack the dog. Plural definite
5- A cat is a domesticated feline animal. Generic singular indefinite
6- The cat is one of man’s best friends. Generic singular definite
7- Cats are always trying to catch birds or rats. Generic plural indefinite
8- IMPOSSIBLE : the cats are domesticated animals. Impossible generic plural definite
(Note : it is possible if you mean all the X of a set that has been clearly defined before. If I speak of
my class, I can say: the boys are not numerous but they are rather noisy whereas the girls are
discreet in spite of their number. In each case I mean all the boys and all the girls, but only of the
class. It is a generic meaning within a limited definition, hence predetermined by the context. I could
of course have said: … boys are noisy … girls are …)

9- IMPOSSIBLE : des chats sont des animaux domestiques. Impossible generic plural indefinite
10- POSSIBLE : les chats sont des animaux domestiques. Generic plural definite
Final element : a noun, no matter what it is, needs the definite article if it is determined by EITHER a noun
complement (the courage of the boy), OR a relative clause that defines or restrict the understanding of the
noun (the beauty that Mary possesses), OR by the situation (I bought some bread this morning : the
bread is on the table).

The Languedoc
No definite article in front of any administrative unit :
I’ll go to Languedoc-Roussillon next week.
I’ll go to Lozere on Sunday.
No definite articles in front of purely administrative provinces :
Provence is an essential province in the 18th century.
Definite article in front of any geographical, geological region defined by its geographical, geological
or relief structure :
The Lozere is a dangerous range of mountains.
The Massif Central, the Central mountains, The Gevaudan, etc.
The Piemont, …
The Provence is a beautiful area with a very special sunshine and luminosity
Examples :
Blue Highways, William Least Heat Moon, Fawcett Crest, New York, 1982

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 39


P.72, speaking of the Carolinas (special case for the states in the US: no article in front of a state if it is
singular, but definite article in front of a state name that is plural: the Carolinas, the Dakotas, but normally no
article for a generic definite plural like Ø Southern states, Ø New England states, Ø Mid-western states, etc).
the eastern foothills of the Appalachians, the Piemont Plateau also called the Up Country, the coastal plain
also called the Low Country.
P. 120, The Atchafalaya, the Atchafalaya swamp, the Serengetti
P. 146, The Edwards Plateau
P.156, The Chihuahua desert
P.157, A chink of Chihuahua (the Mexican state or province)
« The Floridas (Flo-RYE-duhs) were treacherous jags tearing into the soft bellies of clouds »
P.165, The Chiricahuas (mountains), The Sierra Madres, the New Mexican desert.
P.210, « Sand Mountain, a single massive mound of tawny sand », « Singing Sand Mountain », « Eight Mile
Flat, a stretch of alkali crusts and shallow winter run-off where a machine scraped up salt crystals ».
P.214, « I crossed Humbug Creek », « in the valley of the Middle Fork of the Feather River », « the Indian
River », creek that designates a river like any other but seems to be of Indian origin is an exception to
the rule of using a definite article in front of river names. See P. 217 « Hat Creek », P. 226 « Muir
Creek », P. 227 « Salt Creek »
P.214, « across Lassen Peak … the foot of Lassen … from Lassen » individual mountain. See P. 217 « the
snows of Lassen ». Compare with the following example that treats differently individual summits and
ranges : P. 223 « Lassen Peak – the Cascade Range – Mount Baker – Rainier – St Helens – Adams – Hood
– Shasta – The most volcanically active range ». And again P. 236 : « four great volcanoes : Rainier, St
Helens, and Adams northward across the river in Washington [state of Washington], and Mount Hood in
Oregon. … Hood, … Mount Rainier, … Mount St Helens, … Mount Adams, … Mount Jones, … Schwartz
Peak… »
P. 217, « The scent of pine and blooming manzanita… » No article in front of plant names when they are
considered as a mass, hence as uncountable. Again P. 230 : « mountainsides of maple and fir and alder
and wet green moss. » The first three are trees and designate here forests composed of such trees, the last
one is a plant that grows as a mass, an extended surface and cannot be considered as anything else as an
uncountable mass. We must note that in French we would have quite different options : « les flancs des
montagnes couverts d’érables, de sapins, d’aulnes et de mousse verte et humide ». You can note the plural
for the trees and the singular for the moss, in French. We could even go to « une mousse verte et humide »
in French, hence not a partitive preposition but an indefinite singular article.
We must also think of the South, the West, the Far West, the Middle West, the Midwest, the North, the
North East, etc, as opposed to the English province or colony of New England.
Think of the exception that comes along with the French Republic, but also the Oklahoma territory, the
Yakima Reservation, the Auschwitz concentration camp.
We must also think of ships and boat. They use the definite article like in
p. 382 : the Great Eastern, the Monitor, the Bonhomme Richard, and the Half Moon.
But no article if the boat’s name is introduced with HMS (Her Majesty’s Ship)  or USS (United States Ship :
USS Enterprise or HMS Queen Elizabeth. It is no exception because HMS and USS are definite determiners
of their own.
G.D.H. Cole and R. Postgate, The Common People 1746-1946, Methuen and Co, 1938
« a Londoner who had business in the North, the roads between North and South [here it is more true
directions than regions] … the West Riding of Yorkshire was already an important industrial area and there
were considerable textile areas in the Midlands and a large and growing industry in the Severn Valley. »
We can also think of some areas in London like the Docks and some others. The Lake District, the
Highlands and the Lowlands in Scotland, etc
This leads to the generalization I have given before : definite article in front of any region understood as a
geographical, geological, climactic, etc region as opposed as any region that has an administrative definition
that does not take the definite article.
Never forget the rule about « (post-)determination for the use of definite articles :
Blue Highways,
P.152, It was theTexas some people see as barren waste when they cross it.

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 40


Neuvième Fiche : Les adjectifs substantivés

 Les noms géographiques


 Les adjectifs substantivés
 Adjectifs qualificatifs (sauf couleur)
 Adjectifs de couleur
 Adjectifs de nationalité
 Adjectifs en –an
 Adjectifs en –i
 Adjectifs en –ese
 Adjectifs en –ch/-sh
 Cas particuliers.

EXAMPLE DE DÉPART

« During the Civil War (p. 1), like Senator Dirksen, in the Paris Herald (p. 2), after the First World War,
the Orangerie, the Chambre des Députés, the Seine (p. 3), Youpin is the French for ‘kike’ (p. 9), the Gulf
War (p. 12), the Middle Ages, the Blessed Virgin (p. 13), distrusted the Germans (p. 17), the loathing of
the U.S.A. (p. 18), the mental disarray of the U.S., the winner of the Cold War (p. 19), the Middle West, a
bold-looking flannel from a good Scotch mill (p. 32), with Paris in the Spring, the Crédit Lyonnais (p. 34),
The Palais Royal, in the States (p. 35), Then at Oxford, where he turned British (p. 36), ‘Again that
frightful little Jew, R Kogon.’ Or ‘I do my best to tolerate Herbert’s repulsive protégé Kogon, who gets
Jewisher and viler and more unbearable by the day – with that brassy tomcat Jew face’ (p. 39), she was
good at Greek (p. 40), no atmosphere like the Parisian, lectured on French subjects in his own sort of
French, In the States (p. 45), Young Blacks would stop (p. 46), Even black women stop me (p. 47), The
philosopher Sidney Hook (p. 47), of the FBI, like the American general besieged by the Nazis, in Europe.
The Brits were inclined, the statesman Winston Churchill (p. 48), the black woman who (p. 49),
President Bush, the U.S. military, to denounce U.S. imperialism (p. 56), Young Gorman (p. 60), the
Prince of Wales (p. 68), a traditional European Jewish family (p. 69), they will let a Jew live (p. 70), by the
Germans, the Belgian ground, the theatrical Teutonic melancholy, a danger that Germany might drift into
Bolshevism, But the French still objected to the German proposal (p. 79), the starving Germans should be
allowed, a hideous Jew clutching a money bag (p. 80), to remember every Greek word (p. 82), as the
Russians say…you’re fond of Russian sayings (p. 88), to be loved or pampered by Parisians (p. 103), the
Nazi regime in Bucharest (p. 106), The Eastern Danube ? The Carpathians ? (p. 107), you could place
Vela’s origins in Greece or even Egypt (p. 108) » (Saul Bellow, Ravelstein, Viking, New York, 2000)

Il s’agit d’un relevé tout à fait partiel de noms de pays, rivières, bâtiments, adjectifs de couleur,
adjectifs de nationalité, adjectifs substantivés. Nous allons, car il est impossible de trouver rapidement et
dans un corpus unifié, des exemples de tous les cas, poser les éléments essentiels des noms de pays et
autres, et des adjectifs substantivés.

I./ Les noms géographiques


Les noms de pays ne prennent pas d’article (sauf dans le cas d’une post-détermination pour l’article
défini, ou d’un traitement en notion comptable multiple pour l’article indéfini). Les cas particuliers sont  : les
noms de pays qui contiennent une post-détermination (the U.S.A., the U.S., the USSR), les noms de pays
correspondant à un certain fédéralisme (the U.K., the GFR ou the German Federal Republic, avec extension
sur the GDR, ou the German Democratic Republic, qui n’était pourtant pas un état fédéral), les noms
incluant la forme de l’état (the French Republic opposée à France), les noms pluriels (the Netherlands). Tous
ceux-ci prennent l’article défini. Certains accumulent les critères donnés ici come the U.S.A. : il contient une
post-détermination, il est fédéral, et il est pluriel, même si aujourd’hui on le traite en singulier parce que c’est
un seul état, dans le cadre d’une vision unificatrice : « We need to rebuilt the American Republic. » déclarait
Pat Buchanan à la CNN le dimanche 6 juillet 2000. L’aspect fédéraliste s’efface, le pluriel n’est plus
pertinent, et même, dans certains cas, la post-détermination devient inefficace, d’autant plus que l’on réduit
USA à US.
Les noms de pays ou entités géographiques que l’on peut trouver avec un article défini, en plus de
ceux répondant aux règles ci-dessus, sont les suivants (liste probablement non exhaustive et évoluant
rapidement : certains assertés il y a encore vingt ans ont abandonné l’article depuis) : the Argentine (vs
Argentina), the Caribbeans, the Caribbees, the Congo, the Crimea, the Gambia, the Lebanon, the Levant,
the Nigeria, the Saar, the Sahara, the Sudan, the Transvaal, the Tyrol, the Ukraine, the Zaire, … Il faudrait
ajouter à cette liste les régions américaines : the South, the Middle West, the West, the Far-West, the South-
East, the South-West, the North-East, the North-West, etc. Mais on dira New England. Les noms des états

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 41


américains, des provinces canadiennes, des états australiens, des régions françaises, des départements
français, des états allemands, sauf bien sûr si l’une des règles du début s’applique, ne prennent pas
d’article. Notons que l’on dira Germany mais the GFR, Yugoslavia mais the YFR, etc. Ainsi on dira aussi the
EU (European Union) ou the EC (European Community), bien qu’une évolution rapide dans la presse,
surtout populaire et surtout du fait des élisions dans les titres, introduisent US, EC, EU, etc. On dira
normalement the UN (United Nations), avec début d’évolution vers UN, mais NATO par opposition à the
North Atlantic Treaty Organization.
Notons enfin que l’article disparaît de toute façon quand on utilise ces noms en éléments préposés
dans des compositions nominales : UN troops. Les règles générales de l’emploi des articles s’appliquent
alors non pas à UN mais à troops.
Par contre les noms de rivières et de montagnes prennent l’article défini, que ce soient des chaînes
de montagnes ou des montagnes isolés. The Himalayas, the Everest. Cependant pour les montagnes on
dira Mount Blanc par opposition à The Mont Blanc, Mount Everest par opposition à The Everest. Il est
prudent de ne pas se faire une politique systématique dans ces domaines et de s’en remettre à l’usage
observé, en sachant qu’en plus tout cela évolue très vite. Mais notons que les Français ont des difficultés à
saisir la différence entre : the Mississippi (la rivière), Mississippi (l’état), the Puy de Dôme (le volcan), Puy de
Dôme (le département), the Misouri (la rivière), Misouri (l’état), North Dakota et South Dakota mais the
Dakotas, North Carolina et South Carolina mais the Carolinas, Yorkshire, Somerset, Cornwall, Wales mais
the Midlands, Scotland mais the Highlands, Ireland, Northern Ireland mais the Irish Republic. Nous pourrions
multiplier les exemples.
Dans le domaine du géographique nous aimerions considérer les noms de bâtiments : Victoria
Station, Buckingham Palace, Whitehall, Scotland Yard, 10 Downing Street, Windsor Castle, etc. L’anglais
n’emploie le plus souvent pas d’article, traitant ces noms en noms propres normaux. Quelques exceptions,
historiquement motivés comme The Strand (c’était bien là où la Tamise avait son « rivage » il y a quelques
siècles) ou The Monument (métonymie pour the monument to commemorate the Big Fire of London) ou The
Houses of Parliament et The Tower of London (post-détermination), et, « étrangement », The Albert Hall,
comme The British Museum, The National Gallery, etc . Les Américains traitent beaucoup de ces bâtiments
comme les institutions dont ils sont le siège, et emploient alors l’article. The White House, the Pentagon, the
Capitol, mais Capitol Hill, Lincoln’s Monument (génitif régulier). On dira The Empire State Building, the Stock
Exchange, mais Broadway, Wall Street, Fifth Avenue, Central Park etc. Pour les noms étrangers on
recommande l’emploi de l’article : the Elysée Palace, the Champs Elysées, the Eiffel Tower, the Palais
Bourbon, the Louvre, the Tuileries Gardens, the Place de la Concorde, avec des exceptions dues à l’usage :
Versailles Castle, Place de la Concorde, Notre Dame, etc. L’usage, et l’usage seul, détermine ces emplois. Il
y a souvent des raisons linguistiques ou historiques ou géographiques et culturelles issues du pays même
ou de l’anglais, mais on ne peut guère poser des régularités absolues.

II./ Les adjectifs substantivés


Ici nous avons un domaine de régularité, mais en évolution. Il nous faut distinguer trois types
d’adjectifs et trois emplois particuliers pour caractériser tous les cas.
D’abord les types d’adjectifs : adjectifs qualificatifs (sauf couleur), adjectifs qualificatifs de couleur,
adjectifs de nationalité. En ce qui concerne les adjectifs de nationalité il est nécessaire de distinguer les cas
suivants : ceux terminés en -AN, ceux terminés en -I, ceux terminés en -ESE, ceux terminés en -SH ou -CH,
les autres. Le nom de la langue est porté par l’adjectif mais avec un fonctionnement spécial  : I speak French,
I understand American, I am learning Greek and Arabic, Do you understand Chinese, I prefer Hebrew (rien à
voir avec le pays, Israel, le peuple, the Jews, et leur adjectif, Israeli ou Jewish). On remarque que les noms
de langue ne prennent pas d’article.
Ensuite les emplois : le singulier, le pluriel compté (un certain nombre défini ou non), le pluriel
général (valeur générique).
Nous allons présenter cela sous forme de tableau.

Adjectifs Qualificatifs
Singulier : nécessité d’un nom support
A rich man (un riche), a poor woman (une femme pauvre), a silly boy (un jeune idiot), a
pretty woman (une belle femme, une beauté)
Pluriel Compté : nécessité d’un nom support
Two rich women (deux femmes riches), a few silly men (quelques idiots), many homeless
people (beaucoup de sans-abris)
Pluriel général : article défini, pas de nom support, pas de marque de pluriel. Cependant nécessité
d’un nom support pour spécifier le sexe essentiellement : dans ce cas le pluriel général suit les règles des
noms normaux : pluriel indéfini sans article. Bien sûr le pluriel général, même non marqué de ce pluriel,
implique un accord et des reprises pluriel au niveau du verbe et des pronoms divers ou adjectifs possessifs.

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 42


The rich (les riches), the poor (les pauvres), the homeless (les sans-abris), the smart (les
intelligents), the handsome (les beaux)
Rich women (les femmes riches), beautiful women (les belles femmes), intelligent kids (les
jeunes intelligents)

Adjectifs de couleur
Ceux-ci s’emploient pour les races, les opinions politiques, les équipe sportives, et quelques autres
caractérisations de ce genre : des groupes reconnus comme homogènes ou autonomes.
Singulier : nécessité d’un nom support
A black man (un noir), a black woman (une noire), a white boy (un petit ou jeune blanc), a
red activist (un rouge), a green politician (un vert), a blue and white footballer (un bleu et
blanc)
Pluriel compté : nécessité d’un nom support
Two red activists (deux rouges), a few red footballers (quelques rouges), many green
militants (beaucoup de verts), ten black women (dix noires), twenty white kids (vingt petits ou
jeunes blancs).
Pluriel général : article défini, marque du pluriel, pas de nom support (sauf pour spécifier le sexe,
l’âge, etc : dans ce cas on appliquent les règles générales du nom)
The blacks, the whites, the greens, the reds
Black women, green terrorists, red rugbymen
L’Américain évolue rapidement dans ce domaine. Il traite de plus en plus les adjectifs de couleur
substantivés comme des noms à part entière et leur applique les règles normales des noms : there were one
black, two whites and several reds in the park. Blacks and whites are learning how to speak together. Reds
and greens signed an alliance yesterday. Le contexte définit les références sémantiques. Quand le contexte
ne le permet pas on utilisera des noms supports. There were many women in the hall : a few blacks and a
majority of whites. The demonstration was a success : green women were happy to meet women and men
from othner affiliations.
Il faut ajouter que les deux usages peuvent se mêler dans un même discours. Cela porte parfois une
valeur, mais parfois cela n’est qu’accidentel.

Adjectifs de nationalité

1- Adjectifs en –AN
Ils sont devenus aujourd’hui des noms normaux. On n’emploiera un nom support que pour spécifier
le sexe et quelques autres caractéristiques de ce genre.
An American, two Germans, the Russians aussi bien que Russians, mais Italian women,
Iranian kids, etc
Parfois ils se souviennent qu’ils sont des adjectifs et on trouve alors en vis à vis avec la même
valeur :
The Americans are often vocal about religion, opposé à Americans are quite sceptical about
their political system.

2- Adjectifs en –I
Ils sont une apparition récente dans ce domaine. Ils concernent essentiellement les pays du Moyen
Orient : Israel, Irak (ou Iraq), Iran, Afghanistan, Kuweit, etc.). On ajoutera le cas de Hindi qui ne vient pas
d’un pays à proprement parler. Mais on remarquera que Lebanese, Palestinian et Syrian restent la norme.
Des formes anciennes peuvent survivre comme Jordanian, Iranian, Afghan (surtout pour ce qui concerne les
produits artisanaux traditionnels : Afghan carpets). Il est nécessaire de signaler le cas particulier de Arabia et
ses adjectifs. On notera que Arabia ne s’emploie plus que dans le cas de Saudi Arabia, et dans le cas de ce
pays on utilise Saudi comme nom et adjectif. Par contre Arab est le nom et l’adjectif général pour faire
référence au peuple, Arabic est le nom et l’adjectif qui font référence à la langue et Arabian est l’adjectif qui
fait référence à la culture traditionnelle et ancienne en connection avec Arabian Nights (Les Contes des Mille
et Une Nuits).
Ce sont des noms et des adjectifs normaux. Ils se comportent donc comme des noms et des
adjectifs normaux.
An Israeli, two Kuweitis, many Pakistanis, the Afghanis, an Afghani woman, the U.S.
bombed the Iraki capital yesterday.

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 43


3- Adjectifs en –ESE
Ce sont des adjectifs normaux, mais des noms invariables donc qui ne prennent pas la marque du
pluriel. Puisqu’ils sont devenus des noms on les traitent de plus en plus en noms et de moins en moins en
adjectifs substantivés. Ils concernent les noms de peuples qui ont été « découverts » par les portugais qui
ont laissé un mot portugais derrière eux, noms de peuple comparables aux noms portugais (en – es)
conservés en anglais sur le modèle de Portuguese, mais ils se concentrent principalement en Asie (Angola-
Angolan, Mozambique-Mozambican). Cambodian, Indonesian, Korean, Sri Lankan et Malaysian font
exception. Goan et Goanese existent parallèlement.
A Chinese, two Japanese, a few Vietnamese, many Thailandese (l’adjectif et le nom Thai
existent concuremment), the Taiwanese. Mais a Cantonese woman, a Singhalese child,
several Portuguese girls.

4- Adjectifs en –CH et –SH


Ce sont des adjectifs qui se comportent comme des adjectifs qualificatifs substantivés normaux
(catégorie UN)
A Frenchman, two English women, many Welsh kids, the Dutch, Spanish women, a few
British guys.

5- Quelques cas particuliers


Généralement ce sont les cas où le nom et l’adjectif sont différents ou bien n’entrent dans aucune
des catégories ci-dessus. Dans ce cas l’adjectif et le noms suivent les règles normales de leur catégorie
syntaxique d’adjectif ou de nom respectivement.
Turkey a Turk Turkish
Scotland a Scot (a Scotsman) Scotch (produits alimentaires)
Scottish (langue et produits culturels)
Greece a Greek Greek
(nom normal)
Switzerland a Swiss Swiss
(nom invariable)
Arabia an Arab Arab (valeur ethnique)
Arabic (la langue)
Arabian (la culture traditionnelle)
Ø, the Diaspora a Jew Jewish
India an Indian Indian
Hindi (la religion)
Australia an Australian Australian (population immigrée, surtout blanche)
an Aborigene Aboriginal (native Australian)
USA an American American
an Afro-American Afro-American
an African-American African-American
[Ebonics : langue et culture des Afro-Américains]
an Italian American Italian American
a Cuban-American Cuban-American
a Hispanic Hispanic
a Chicano Chicano
an Eskimo Eskimo
a Native American Native American [Indian]
a Sioux Sioux
an Apache Apache
a Blackfoot Blackfoot
(pl.Blackfeet or Blackfoot)
a Nez-Perce Nez-Perce
etc etc
Alaska an Alaskan Alaskan
Hawaii an Hawaiian Hawaiian
Greenland an Eskimo Eskimo
Saxony a Saxon Saxon
Serbia a Serb Serbian
Croatia a Croat Croatian
Les pays de la Ligue hanséatique
Poland a Pole Polish

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 44


Denmark a Dane Danish
Sweden a Swede Swedish
Finland a Finn Finnish
Lapland a Lapp Lappish

Certains noms ont été parfois créés de façon ad hoc : a Brit, a Britisher, a Frenchy, a New
Englander, a Cajun. On remarquera que pour les habitants des villes on a des règles variées : a Parisian, a
Londoner, a New Yorker, et de nombreuses villes n’ont pas de dérivés. Il est aussi à la mode, surtout aux
USA, mais également en Angleterre dans certains domaines, d’employer les mots d’origine : a Bordelais ou
a Marseillais par exemple. La cuisine raffole de mots français ou autres. Ils semblent beaucoup aimer les
dérivés français en -ais. Quand les anglophones ont un trou de mémoire, surtout pour des noms nouveaux,
ils utilisent le plus souvent des dérivés en -an, -ian, ou -er. Mais attention à Savoyard qui a un tout autre
sens (a devotee, performer or producer of the comic operas of W.S. Gilbert and A.S. Sullivan) qui vient du
Savoy Theater construit pour présenter les opéras ou comédies musicales de ces deux artistes.

© Dr Jacques COULARDEAU & Université Paris 1 Panthéon Sorbonne 45

Vous aimerez peut-être aussi