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LE SYNTAGME NOMINAL
Nous allons dans ce chapitre aborder la structure du syntagme nominal. Il s’agit d’un ensemble de
fiches regroupées et donnant de nombreux exemples d’illustration du raisonnement. Nous avons travaillé,
pour les premières fiches, sur le roman de Bret Easton Ellis, American Psycho, Picador, Londres, 1991. Puis
sur divers livres et sur Ravelstein de Saul Bellow, Viking, New York, 2000. Nous vous conseillons de vous
reporter à ces ouvrages pour élargir le domaine. Nous allons, à partir de ces romans, travailler sur des
syntagmes nominaux de divers registres dont une série concernant essentiellement la description des
vêtements et une autre issue du langage très abstrait de Saul Bellow.
D’abord sa logique adjectivale que nous montrerons se décomposer en quatre zones orientées de
droite à gauche. Puis le Génitif qui peut être identifiant ou classifiant. Puis toute la détermination de
l’extension par un système d’articles très complexe et fort différent du système français. Enfin nous
aborderons quelques problèmes divers, noms géographiques, adjectifs et noms de nationalité et les adjectifs
substantivés.
Trop souvent les grammaires ne donnent que des règles partielles et non des fonctionnements
logiques. Nous visons à montrer certains de ces fonctionnements logiques. Les linguistes formels ou
pragmatiques en reviennent toujours à la sémantique interprétative pour comprendre les valeurs sans voir
que celui qui parle ne peut pas interpréter ce qu’il n’a pas encore produit. Pour produire du discours, et les
élèves et étudiants doivent viser à cela, il faut dominer les logiques génératives de la langue et non
simplement une méthode d’interprétation, aussi fine soit-elle.
Certes, nous interpréterons ne nombreux exemples pour en donner la finesse du sens, mais notre
but est de montrer comment on peut produire du discours incluant ces finesses à partir de là.
Dans la pratique pédagogique quotidienne, ce ne sont pas ces logiques que nous apprenons, mais
le plus souvent des morceaux, dirons-nous, choisis. Comprendre la logique permet de mieux choisir les
éléments à employer. C’est ensuite le réemploi dans la lecture, l’écoute et la parole qui peut
progressivement fixer des habitudes, des réflexes disent certains. Mais nous verrons que parfois il est
impossible de fixer de tels réflexes sans bien démarquer l’anglais du français, et cela ne peut se faire que
par une approche comparative et réflexive.
L’étude des langues étrangères à un âge plus ou moins avancé ne peut se faire comme pour la
langue maternelle qui a impliqué une immersion totale et permanente pendant plusieurs années pour plus ou
moins bien dominer les fonctionnements fondamentaux, puis une immersion et une réflexion tout aussi
totales et permanentes de près de vingt ans en milieu scolaire. Et cela n’amène l’apprenant qu’au niveau
universitaire. C’est dans ce commerce avec la langue écrite standard de l’école que la finesse s’apprend et
se fixe. Comment en faire autant avec deux ou trois heures par semaine, une trentaine de semaines par an
et au mieux sept ou huit ans d’étude sans intensifier l’acquisition par la réflexion et l’application consciente
de logiques génératives et structurelles ? Poser la question c’est y répondre.
Ce cours doit permettre à ses utilisateurs de mieux comprendre comment certains phénomènes
centraux fonctionnent pour ensuite en tirer une approche pédagogique que nous ne ferons qu’esquisser
dans les notes pédagogiques de la fin de chaque fiche.
EXAMPLE DE DÉPART
« A figure with slicked-back hair and horn-rimmed glasses approaches in the distance, wearing a beige
double-breasted wool-gabardine Cerruti 1881 suit. (Brett Easton Ellis, American Psycho, Picador, New
York, 1991, p.7)
Le syntagme nominal retenu pose le problème de la place des adjectifs, bien sûr antéposés, et
surtout de leur ordre. Ici nous avons l’ordre suivant de gauche à droite : la couleur, la caractéristique
structurelle, le matériau et le concepteur et/ou modèle. On notera que la couleur ne peut que se rapporter au
nom lui-même.
La première question à poser est de savoir si cet ordre est toujours le même, si cet ordre est
canonique.
On trouve des exemples où la position du concepteur peut varier et donc se trouver ailleurs qu’après
le matériau.
« … and she’s wearing a Krizia cream silk blouse, a Krizia rust tweed skirt and silk-satin
d’Orsay pumps from Manolo Blahnik » (idem, p.8)
Le concepteur peut donc se placer avant le matériau. Il est possible de considérer que les couleurs
cream et rust se rapportent au matériau, mais aussi que ce puisse être la couleur du vêtement. On doit alors
remarquer que l’accentuation serait différente. Dans le cas où ce serait la couleur du matériau on aurait un
accent principal sur la couleur, pas d’accent sur le matériau puis à nouveau un accent principal sur le nom.
Dans le cas où ce serait la couleur du vêtement, on aurait un accent principal sur la couleur, puis un autre
sur le matériau et un troisième (moins fort) sur le nom. Cela tient à l’accentuation des « noms composés » :
c’est le premier élément du nom composé qui porte l’accent principal :
[cream silk] [blouse]
[cream][silk blouse]
Cela nous permet de dire que juste devant le nom nous avons un premier groupe de qualifications que nous
appellerons structurelles :
(couleur) caractéristique structurelle + matériau + concepteur et modèle + Nom
ou bien
caractéristique structurelle + concepteur et modèle + (couleur) matériau + Nom.
Nous confirmons que ce groupe d’éléments fait un tout car ce sont les seuls éléments qui peuvent
être postposés avec des prépositions bien précises.
« … who is wearing a bicolored suit of wool grain with passementerie trim by Myrone de
Trémonville. » (idem, p.40)
Notons que la couleur reste toujours antéposée. Of introduit le matériau, with une caractéristique
structurelle généralement superficielle, et parfois un détail ou un accessoire :
« …a spread-collar pencil-striped Sea Island cotton shirt with French cuffs … » (idem,
p.67). Détail .
« … a silk gazar blouse with rhinestone cuff links by Louis Dell’Olio … » (idem, p. 77).
Accessoire.
Les deux seules autres caractéristiques que l’on peut trouver postposées avec préposition sont : le
magasin, ou origine du vêtement, introduit par la préposition from, et le destinataire du vêtement, le magasin
qui le met en vente. Ces deux compléments, qui tous deux traitent du magasin, du marchand, sont toujours
postposés, et, dans le cas de plusieurs compléments postposés, toujours derniers :
« … is wearing a splendid double-breasted white linen jacket by Hackett of London from
Bergdorf Goodman. » (idem, p.55)
« … but she looks pretty decent anyway : … crystal earrings by Wendy Gell for Anne
Klein… » (idem, p.77)
Notons une possible variation d’ordre avec :
Remarquons que l’on peut trouver le concepteur et modèle après les caractéristiques structurelles. Il
semble que ce soit le seul élément mobile. Je penche pour dire que cette mobilité permettrait de remonter
devant la couleur quand il n’y a pas de caractéristiques structurelles, mais aussi de renforcer le rattachement
de cette couleur au matériau.
En postposition nous avons un ordonnancement tout aussi strict (avec la variation FROM-BY que
nous avons vue ci-dessus) :
Cet ordre strict a une logique dictée par les prépositions. From et for exprime l’origine et le
destinataire, la source et le but, soit le marchand pour le client, soit le marchand pour le concepteur. By
introduit l’agent de la conception et exprime un mouvement de passage le long d’un lieu, passage par un
point donné (I walked by his house this afternoon. I went from Manchester to London by Sheffield,
Nottingham and Leicester.). Cette préposition by a de nombreuses valeurs confirmant ou développant cette
valeur de base, en particulier l’expression by the way ou by the bye : By the way (By the bye), do you intend
going to the flower show next Wednesday ? Elle peut même former de nombreux composés avec ce sens :
to by-pass, a by-pass, a by-election, a by-product, a by-street et bien d’autres. With exprime un simple
accompagnement : I am with my friend, I’ll go with him. (De là elle peut exprimer l’accompagnement de
l’agent, et donc l’outil, l’instrument dans le cadre du passif). Enfin, of est la préposition en anglais qui a une
valeur absolument abstraite, c’est à dire qui n’a pas de valeur véritable propre (malgré son étymologie qui lui
fait exprimer la source d’un mouvement) et elle est utilisée pour exprimer un simple lien logique ou matériel
avec des valeurs extrêmement nombreuses quant à ce lien. Source et But, puis l’Agent (Source de l’action)
et son accompagnement, l’instrument, donc aussi une Source, seconde, et une préposition abstraite qui est
comme une absence de valeur et donc le contraire même de l’Agent, l’absence d’agence de droite à gauche.
Si on prend l’ordre à partir du nom, ce qui est logique dans le cadre d’un ordonnancement postposé,
on remarque que l’on s’éloigne progressivement, de gauche à droite, du structurel (matériau puis surface)
vers l’extérieur (concepteur et marchand soit pour le consommateur, soit pour le concepteur). On a donc un
processus d’éloignement cette fois sémantique. On remarque également que of et with sont plutôt statiques
alors que by et from ou for sont dynamiques. Pour toutes ces raisons l’ordre ainsi se justifie et marque un
éloignement de l’objet lui-même désigné par le nom.
Cet éloignement sémantique est en partie contradictoire avec la dynamique des prépositions, même
si parfaitement compatible, car c’est la dynamique des prépositions qui exprime l’éloignement sémantique :
Le concepteur est plus proche, même si externe (lié au vêtement en tant que tel), que le marchand,
alors même que le marchand est un intermédiaire entre le concepteur et le client, celui qui permet la
circulation de la marchandise, du vêtement. On remarque une double logique de définition du marchand :
par rapport au client (donc source) ou par rapport au concepteur (donc but, bénéficiaire).
La dernière remarque à faire ici, c’est que le premier élément qualificatif à gauche du nom peut être
classifiant, et un élément classifiant ne peut se trouver que directement à la gauche du nom. C’était le cas de
la fonction avec dress devant shirt, élément dont nous avons dit qu’il donnait la fonction, ou la destination
fonctionnelle du nom. Donnons un autre exemple non vestimentaire :
« … the wide-screen Panasonic remote-control television set. … » (idem, p.23)
On a ici l’ordre suivant
EXAMPLE DE DÉPART
« But then, when you’ve just come to the point when your reaction to the times is one of total and sheer
acceptance,, when your body has become somehow tuned into the insanity and you reach that point where it
all makes sense, when it clicks, we get some crazy fucking homeless nigger who actually wants – listen to
me, Bateman – wants to be out on the streets, this, those streets, see, those » -- he points – « and we have
a mayor who won’t listen to her, a mayor who won’t let the bitch have her way – Holy Christ – let the fucking
bitch freeze to death, put her out of her own goddamn self-made misery, and, look, you’re back where you
started, confused, fucked… » (Brett Easton Ellis, American Psycho, Picador, New York, 1991, p.6)
déterminant + adjectif identifiant + adjectif qualifiant + adjectif descriptif + adjectif classifiant + nom
Si nous reportons dans cette approche le contenu de la fiche précédente nous obtenons une
structure encore plus complexe du syntagme nominal.
C’est à ce niveau là que nous avons des jeux sur des noms composés classifiants par rapport au
NOM lui-même. Notons qu’un génitif peut être classifiant dans cette position. On peut opposer :
classifiant : my old doctor’s degree
c’est mon diplôme de docteur qui est vieux
my old general practitioner doctor’s degree
c’est mon diplôme de docteur généraliste qui est vieux
general practitioner est classifiant par rapport à doctor et le tout est
classifiant par rapport à degree.
identifiant : my old doctor’s degree
c’est mon docteur qui est vieux
my old doctor’s beautifully framed degree
c’est mon docteur qui est vieux et c’est son diplôme qui est bellement
encadré
En d’autres termes dans le premier cas fast est classifiant par rapport à car, assembly est classifiant
par rapport à line et fast car est classifiant par rapport à assembly line. Dans le deuxième cas fast est
qualifiant, assembly est classifiant par rapport à line et car par rapport à assembly line. Ces nuances d’oral
sont parfois très aléatoires dans le discours courant, surtout en américain. Elles n’en existent pas moins.
EXAMPLE DE DÉPART
Le même corpus, le même ouvrage va nous permettre de travailler sur les adjectifs composés.
Troisième cas : le second élément est un NOM + ED, un faux participe passé.
Nous avons là une particularité très intéressante de l’anglais, un trait d’ailleurs issu des origines
germaniques de la langue. L’ouvrage que nous utilisons n’en donne pas beaucoup, et ce sont des composés
souvent gelés, particulièrement dans le domaine de la mode et de la couture, comme celui qui suit et qui se
retrouve très fréquemment. Il semble que ce soit un signe extérieur de richesse pour les jeunes yuppies dont
il s’agit dans le roman.
« a four button double-breasted wool suit. » (idem, p. 31)
Le problème est de savoir comment nous pourrions décomposer cet adjectif composé. Nous
suggérons de dire : the four button wool suit has a double breast. En français nous avons un adjectif
spécifique : croisé.
Conclusion
« If-you-don’t-shut-your-fucking-mouth-I-will-kill-you-are-you-understanding-me ? » (idem, P.82)
Ce type de composé que l’on pourrait appelé agglutinant n’est pas rare en anglais. On retrouve
souvent des composés de ce genre à l’intérieur des syntagmes nominaux. Nous avons donné quelques
exemples et nous les avons appelés du copier-coller. Le goddamn, que nous avons déjà cité, est de ce
genre : une expression proche du juron et reprise telle quelle avec cependant ici une réduction à partir de :
God damn it ! C’est d’ailleurs le principe qui sous-tend de nombreux « adjectifs composés ».
Nous donnerons ici un exemple tiré d’un autre ouvrage (Jonathan TROPPER, Plan B, St.Martin’s
Press, New York, 2000, p. 302) :
« I didn’t know why I found myself thinking about that as I taped a cardboard, glow-in-the-
night skeleton to the Schollings’s front door. »
Les adjectifs en a-
Origines
Emploi en musique et poésie
Epithètes
Attributs du sujet
Attributs divers et variations
Adverbes
Prépositions
Noms.
EXAMPLE DE DÉPART
« For five frantic minutes the call resounded, and guards, the ever-present keys ajangle, ran from cell to cell,
from tier to tier, until the burning, smoking cell was located and the white frothy liquid quenched the flames…
She burst into the tiny visiting room, her brown eyes aglitter with happiness… « You ready for this?» Mike
asks rhetorically, his face ablaze with a smile…The foghorn cries faded, then cried again, then faded, and
then cried anew… He has never held a woman as a mate or lover; he has never held a newborn in his palm,
its heart athump with new life; he hasn’t seen the sun rise, nor the moon glow, in almost fifteen years – for a
robbery, « armed » with a pellet gun, at fifteen years old… » (Mumia Abu-Jamal, Live from Death Row, Avon
Books, New York, 1995, p. 20-22-34-39-43)
Cette suite d’exemples tirés d’un même ouvrage pose le statut des adjectifs commençant par « a- ».
Ces adjectifs sont nombreux et peuvent être employés comme des adverbes (anew). Certains même ne sont
plus employés que comme des adverbes (again).
Le premier problème à régler est celui de leur origine. Prenons les deux cas again et anew, qui ont
le même sens. Again (Walter W. Skeat, Concise Etymological Dictionary of the English Language, OUP,
Oxford, 1965) vient de l’anglo-saxon et correspond à la préposition on, issue du germanique an, plus gegn
dont le sens est direct ou straight. On pourrait discuter de savoir si la préposition anglo-saxonne est bien on
ou an. Cela a peu d’importance. On trouve an dans des textes anglo-saxons de certains dialectes ou plus
anciens. Cette préposition a été réduite beaucoup plus tard du fait de l’accent principal tombant sur le
deuxième élément. En moyen anglais, on trouve de nombreux groupes prépositionnels de ce genre. Anew
vient de cette période mais correspond à of plus new. La même réduction se fera plus tard. On voit donc que
l’origine de ces adjectifs ou adverbe, toujours une préposition plus un adjectif, n’est pas unique. En anglais
moderne on a aussi bien : the house is on fire que the house is afire. Dans ce cas on a on plus un nom.
L’anglais moderne, pour les composés les plus récents, conserve parfois les deux solutions.
De façon plus systématique, ce préfixe a- a plusieurs origines, très exactement douze :
1- of comme dans adown,
2- on comme dans afoot, (« this is the commonest value of the prefix a- », Skeat, op cit),
3- and comme dans along,
4- la particule verbale anglo-saxonne ā- comme dans arise,
5- le préfixe français a- venu du latin ad comme dans achieve ou astringent,
6- le latin ã comme dans avert,
7- le latin ex- comme dans amend,
8- l’exclamation française a, ah comme dans alas,
9- le grec ά- ou άv- comme dans abyss,
10- la préposition at comme dans ado,
11- l’anglo-saxon ge-, devenu y-, i- en moyen anglais, comme dans aware,
12- le néerlandais houd comme dans avast.
Le moins que l’on puisse dire c’est que l’origine de ce préfixe est complexe et fait l’objet d’un vaste
mouvement d’assimilation à travers les âges (certains appellent ce phénomène une synapse, à partir du
terme médical). Il semble cependant que ce préfixe soit devenu autonome en anglais moderne car il permet
de créer de nouveaux adjectifs ou adverbes sur un modèle multiple ancien.
Ce même procédé peut produire des prépositions. Citons above, qui vient de l’anglo-saxon on-be-
ufan.
La première et la seule caractéristique de ces adjectifs (quand ce sont des adjectifs), comme la
plupart des exemples de départ le montrent, est qu’ils sont toujours postposés. Ils ne peuvent pas
s’employer en épithète préposés, comme la règle le voudrait. Quand ce sont des adverbes ils sont aussi
postposés au verbe (c’est à dire après le verbe intransitif ou après le complément d’objet direct du verbe
transitif) ou en position finale dans la phrase. S’il s’agit d’une préposition ils s’emploient comme toutes les
prépositions. Certains, du fait de leur origine spéciale, ont des règles d’emploi tout aussi spéciales. C’est le
cas de alas, qui peut devenir un ponctueur de discours et s’employer entre pratiquement chaque mot d’une
phrase de façon répétitive, du fait de sa valeur expressive spéciale. On notera que les étymologies de Skeat
proposent même des noms dans cette vaste catégorie de mots (Abyss). Dans ce cas ils s’emploient comme
des noms normaux. Il propose aussi des verbes, qui s’emploient comme des verbes normaux.
Nous allons maintenant essayer de donner des exemples de tels mots. Certains ont des références
bibliographiques. ceux qui n’en ont pas ont simplement été collectés dans la communication courante (radio,
conversation, éventuellement presse, etc.). Certains très courants ne sont pas dans ce listing, comme par
exemple asleep. Nous allons les classer suivant les fonctions qu’ils ont dans les phrases.
1- Epithètes
« The fact alone has tremendous implications for risk management to stay abreast of exposures in
geographically dispersed facilities. » (Louis J. Drapeau, The Future of Risk Management : Are You Reading
the Signs of the Times, The Internet, 2000)
Adjectif épithète clairement postposé. Mais on peut bien sûr l’interpréter comme le raccourci
d’une subordonnée complète : this fact, and that is the only fact, … De tels raccourcis ne
changent rien à la fonction épithète. Notons le sens de cet adjectif par rapport à only : this
only fact (adjectif identifiant, un peu redondant par rapport à this, d’où une valeur quasi-
qualifiante mais métaphorique par déplacement du champ normal de only son, par exemple,
à ce domaine de la politique de la gestion des risques dans l’industrie au sens large), ou only
this fact (adverbe restrictif), impliqueraient tous les deux qu’aucun autre fait ne peut être pris
en considération. Ici, clairement, alone met en avant comme absolument dominant le fait
dont parle l’auteur mais n’exclut pas la possibilité d’autres faits, moins importants, allant
dans le même sens. C’est donc ici une position de dominance et non une position
d’exclusivité.
2- Attributs du sujet
« The lights of the auditorium were ablaze. » (Ishmael Reed, The Freelance Pallbearers)
Adjectif, attribut du sujet.
« The fact alone has tremendous implications for risk management to stay abreast of exposures in
geographically dispersed facilities. » (Louis J. Drapeau, op. cit.)
Adjectif, attribut du sujet (dans le cadre d’une proposition infinitive : le sujet de l’infinitif to
stay est introduit par la préposition for, comme étant le bénéficiaire de l’infinitive.)
« Something new was afoot. »
Adjectif, attribut du sujet.
« It’s already clear that change is afoot. » (Louis J. Drapeau, op cit)
Adjectif, attribut du sujet. Notons que change est équivalent de something new dans
l’exemple précédent. C’est là le sens courant de afoot : promesse d’un changement vu de
façon positive.
« My mind was still aglow from the wonderful news. » (Ishmael Reed, The Freelance Pallbearers)
4- Adverbes
« I don’t really like wandering afield. »
Adverbe.
« The bracing sensation of starting life afresh. »
Adverbe.
« And ever and anon the flame and smoke would come out in such abundance. » (John Bunyan,
The Pilgrim’s Progress)
Adverbe.
« They went on apace. » (John Bunyan, The Pilgrim’s Progress)
Adverbe.
« The carefullest training to think aright. » (W.E. Burghardt Dubois, The Souls of Black Folks)
5- Prépositions
« With a view from its front window adown this not very enlivening prospect. » (Nathaniel
Hawthorne, The Scarlet Letter)
Préposition.
« I might have had husbands afore now. » (John Bunyan, The Pilgrim’s Progress)
Préposition.
« Long agone. » (John Bunyan, The Pilgrim’s Progress)
Equivalent de ago, donc ici une sorte d’adverbe. Mais pourtant, comme ago, ce mot a une
valeur de préposition, mais au fonctionnement totalement erratique, puisqu’elle se place
après le complément temporel qu’elle est sensée introduire, donc en position postposée. En
fait nous devons ici parler davantage d’un adjectif postposé, sa forme de participe passé
justifie cette interprétation, transformé, par l’usage, en une sorte d’ « adverbe-préposition-
postposée ». L’évolution de la langue réduira ce mot à sa forme actuelle ago.
« You are astraddle a bronc. » (Hal Borland, When the Legends Die)
Préposition, certes. Et pourtant on pourrait voir ici un adjectif attribut du sujet qui a, par
usage, fait disparaître la préposition on (on a bronc).
« It throws its new-found energies athwart the current of advance. » (W.E. Burghardt Dubois, The
Souls of Black Folks)
Préposition, certes. Mais on pourrait aisément y voir un adjectif attribut du complément
d’objet que l’usage a transformé en préposition. Cependant ici la distance entre cet adjectif
supposé et cette préposition clairement posée est largement plus importante que dans le
cas de astraddle, car on ne peut pas penser à une autre préposition qui aurait été élidée.
6- « Noms »
« Clear from anear, a call from afar replying. » (James Joyce, Ulysses)
Ici, cet emploi après préposition en fait quasiment un nom. Notons que l’expression from afar
est figée dans une valeur adverbiale.
« Clear from anear, a call from afar replying. » (James Joyce, Ulysses)
Ici, cet emploi après préposition en fait quasiment un nom. Notons que l’expression from
anear est largement figée dans une valeur adverbiale, quand on la met en parallèle contrastif
avec from afar.
Cet exemplier fonctionnel, qui n’a pas la prétention d’être un corpus, montre la grande variété
d’interprétation, la grande variabilité d’utilisation de ces « adjectifs » qui n’en sont pas toujours, loin de là, et
la plupart du temps l’étymologie pourrait nous aider à trouver une explication. Cependant, ce tour, cette
dérivation, est encore très vivant et vivace. Des mots nouveaux peuvent être créés. Seules des lectures
extensives peuvent en donner quelques exemples ici et là. Nous avons remarqué que cette dérivation est
très courante dans le domaine du bruit et de la luminosité. A partir de verbes de bruit on peut créer sans
difficultés des adjectifs de ce genre. Même chose à partir de verbes de luminosité, ceux que l’on appelle les
équivalents du français briller. Dans l’exemple de départ nous avons ablaze et aglitter qui viennent de verbes
de luminosité, un ancien et l’autre plus idiosyncratique de l’auteur, ainsi que ajangle et athump qui viennent
de verbes de bruit, les deux étant assez idiosyncratiques.
Le génitif
Règles de formation
Génitif et noms propres
Le génitif classifiant
Ambigüité de l’article
Génitif contre groupe prépositionnel : focalisation et topicalisation, le style de l’auteur dicte
l’usage de la syntaxe.
EXAMPLE DE DÉPART
« It starts off with the bouncy danceable ‘I Wanna Dance with Somebody (Who Loves Me)’ which is in the
same vein as the last album’s irrepressible ‘How Will I Know.’ This is followed by the sensuous ‘Just the
Lonely Talking Again’ and it reflects the serious jazz influence that permeated the first album and one can
also sense a newfound artistic maturity in Whitney’s voice – she did all the vocal arrangements on this
album – and this is all very evident on ‘Love Will Save the Day’ which is the most ambiguous song Whitney’s
ever performed. It was produced by Jellybean Benitez and it pulsates with an uptempo intensity and like
most of the songs of this album it reflects a grownup’s awareness of the world we all live in. She sings and
we believe it. This is quite a change from the softer, little-girl-lost image that was so appealing on the first
album. » (Bret Easton Ellis, American Psycho, Picador, New York, 1991, p. 254-255)
Cette citation met en évidence l’emploi du génitif en anglais. Les deux premiers sont identifiants et le
troisième est classifiant (repris immédiatement après par : « She projects an even more adult image on …).
Nous allons donc aborder le génitif en anglais.
La première remarque à faire est celle de l’ordre logique des termes. Whitney’s voice s’oppose à the
voice of Whitney. Ou en formulation abstraite :
NP2 – marque du génitif – NP1 vs NP1 of NP2.
Nous parlons d’ordre logique, c’est à dire que nous considérons le groupe nominal (Noun Phrase =
NP) qui modifie l’autre et vice versa, le groupe nominal qui est modifié et est donc dominant. On remarque
que l’emploi du génitif renverse l’ordre logique et place en position initiale le NP qui modifie et en position
finale le NP qui est modifié, alors que la construction développée (construite avec la préposition of) suit
l’ordre logique, à savoir le NP modifié et dominant et sa subséquence modifiante (modifié et modifiant font
référence à la sémantique, tandis que l’ordre logique se fonde sur la syntaxe). On retrouve au niveau du
génitif le fonctionnement normal du groupe nominal anglais qui met toutes les qualifications et
déterminations devant le nom. Cette première remarque est importante car nos étudiants ne connaissent
que le français, et en français l’ordre logique est respecté de gauche à droite car le français n’a pas de
génitif décliné. Donc, en anglais, le génitif fonctionne de droite à gauche au niveau logique, comme les noms
composés, les adjectifs composés, le groupe nominal lui-même. Certains parlent de « tête » pour le NP1 et
d’ « expansion » pour le NP2 (ou tout autre extension adjectivale ou prépositionnelle). Nous n’aimons pas le
terme d’expansion car en fait le rôle de ces extensions est de restreindre le sens du NP1, au moins de le
spécifier. Le terme d’expansion ne se justifie purement qu’au niveau de la surface : le NP2, ou autres,
élargit, agrandit le groupe nominal pris dans sa globalité, en surface bien sûr.
Revenons maintenant sur les deux types de génitifs que nous avons signalés au départ.
Le génitif identifiant
NP2 toponymique
NP2 temporel
NP1 partie de NP2
NP1 partie du corps
Relations familiales
Relations d’appartenance
Génitifs de magasins, etc.
NP2 indéfini
Nombre et génitif identifiant
Adjectifs identifiants du NP1
NP1 et adjectifs
Extraction d’un ensemble
Génitif et nominalisation.
EXAMPLE DE DÉPART
« ‘Love Is a Contact Sport’ is the album’s real surprise – a big-sounding, bold, sexy number that, in terms
of production, is the album’s centerpiece, and it has great lyrics along with a good beat. It’s one of my
favorites. On ‘You’re Still My Man’ you can hear how clearly Whitney’s voice is like an instrument – a
flawless, warm machine that almost overpowers the sentiment of her music, but the lyrics and the melodies
are too distinctive, too strong to let any singer, even one of Whitney’s caliber, overshadow them. ‘For the
Love of You’ shows off Narada’s brilliant drum programming capabilities and its jazzy modern feel harks
back not only to purveyors of modern jazz like Michael Jackson and Sade but also to other artists, like Miles
Davis, Paul Butterfield and Bobby McFerrin. » (Brett Easton Ellis, American Psycho, Picador, New York,
1991, p.255)
Le génitif identifiant fonctionne logiquement comme le génitif classifiant, comme tout génitif. Mais il
indique à qui ou à quoi le NP1 est rapporté, qui ou ce qui identifie le NP1 comme unique. Il établit donc un
rapport qui réduit l’extension du nom à une personne ou chose, à un NP2 qui peut d’ailleurs être pluriel.
Sans le génitif le NP1 a une extension vaste, uniquement déterminée ou réduite par l’article et les autres
déterminants possibles. Avec le génitif NP2, cette extension est réduite au seul champ envisagé par ce NP2.
C’est le génitif le plus courant, mais un certain nombre de problèmes de fonctionnement se posent. Nous
allons les examiner essentiellement à partir de l’ouvrage de référence ci-dessus.
Tout d’abord nous allons spécifier les types sémantiques de rapports couverts par ce génitif.
La conclusion qui s’impose à ce niveau-là c’est qu’on est très loin d’une simple possession. La
possession est une des relations couvertes par ce génitif identifiant, et de loin la relation minoritaire face à
une grande variété d’autres relations possibles. Le terme de cas possessif est donc totalement déplacé pour
désigner cette forme. On notera en passant que l’adjectif possessif est tout aussi mal nommé car il peut
s’employer dans tous les cas que nous venons de voir. Il s’agit d’un adjectif personnel identifiant, et il serait
même plus juste de parler d’un déterminant personnel identifiant car il occupe toujours la place du
déterminant à l’initiale du syntagme nominal.
Il nous reste maintenant à voir quelques problèmes de ce génitif identifiant. Les problèmes sont
nombreux.
6- Génitif et nominalisation
Nous n’entrerons pas dans le détail ici car nous en traiterons longuement dans une fiche sur la
forme V-ing relevant du discours. Mais signalons le cas avec quelques exemples.
« The bastard’s wearing the same damn Armani linen suit I’ve got on. » (idem, p. 274)
Le NP2 au génitif est l’agent sous-jacent du verbe à la forme en –ing.
« … she pulls the trash can away, revealing a face completely covered in red blood and the
child’s having trouble blinking its eyes because of this, grabbing at his throat, now
kicking weakly. » (idem, p. 299)
Cette phrase est difficile a saisir. Le NP2 au génitif est le sujet non agent de having, le sujet agent de
grabbing, et le sujet agent de kicking. Il est surprenant que child soit référé avec its puis his ; donc avec deux
adjectifs possessifs différents. Mais on ne peut en rien penser que c’est la mère qui est le sujet agent de
grabbing car alors elle serait aussi le sujet agent de kicking et la phrase n’aurait aucun sens. Il faut donc voir
un mouvement mental de Patrick Bateman qui vient de poignarder à mort l’enfant et celui-ci est neutre, une
quasi-chose pratiquement morte d’abord, puis reprend de la masculinité, de la vie par le mouvement de ses
mains. On écartera l’idée d’une coquille d’impression.
« and Mario Cipollina’s bass playing gets to shine on it » (idem, p. 255)
Sans entrer dans les détails, Mario Cipollina est le sujet agent sous-jacent de playing, et bass en est
l’objet patient sous-jacent, si on considère cette forme comme étant une nominalisation. On peut considérer
aussi que bass playing est un NP pur, composé.
« … that the world could be a better place through one’s taking pleasure in a feeling or a
look or a gesture, of receiving another’s person’s love or kindness. » (idem, p. 375)
Le NP2 au génitif est générique en étant un pronom indéfini et il est le sujet non agent sous-jacent
de l’expression taking pleasure dont le verbe est à la forme en V-ing.
La conclusion qui s’impose pour le moment, c’est que le génitif peut aussi recouvrir des fonctions
syntaxiques profondes par rapport au verbe nominalisé dans le cadre de la nominalisation. Le génitif est
donc aussi la marque d’une relation fonctionnelle par rapport à un verbe nominalisé.
EXAMPLE DE DÉPART
« ‘I’m not the pipe of [Ø] Saratoga Springs, where the Bronx Jews came in [Ø] summer with [Ø] cups to
drink [Ø] life-giving water for free – a remedy for [Ø] constipation or [Ø] hardening of the arteries. I’m not a
free commodity or [Ø] public giveaway, am I ! Incidentally the wonder-working water turned out to be
carcinogenic. Bad for the liver. Worse for the pancreas.’ He laughed at this—not with [Ø] pleasure.
« If these characters hadn’t come by [Ø] bus and [Ø] train to drink [Ø] Saratoga water they would have
eaten or drunk something just as deadly in [Ø] Flatbush or [Ø] Brownsville. How can you tabulate the
endless dangers of [Ø] tobacco, of [Ø] food preservatives, [Ø] asbestos, the stuff the crops are sprayed with
– the E. coli from [Ø] raw chicken on the hands of the kitchen employees. ‘Nothing is more bourgeois than
the fear of [Ø] death,’ [Ø] Ravelstein would say. He gave these little anti-sermons in a wacko style. He
reminded me of the rag-doll dancers, [Ø] clowns of the twenties who waved their tattered, nerveless long
arms and painted [Ø] huge smiles on their powdered faces. So that [Ø] Ravelstein’s [Ø] serious
preoccupations ‘coexisted’ to borrow a word from [Ø] twentieth-century politics, with his buffoonery. Only his
friends saw this side of him. He could be correct enough on [Ø] serious occasions, not as a concession to
[Ø] academic fussbudgets but because there were [Ø] real issues to be considered – [Ø] matters related to
the purpose of our existence : say, the correct ordering of the human soul – and there he was as stable and
earnest as any of the deepest and greatest of [Ø] teachers. [Ø] Ravelstein was vigorous and hard. Although
even while teaching one of his Platonic dialogues he allowed himself to cut a caper.
« He sometimes said, ‘Yes, I play the pitre.’
« ‘The straight man.’
« ‘The buffoon.’
« We had both lived in [Ø] France. The French were genuinely educated – or had been so once. They had
taken a bad beating in this century. However, they had a real feeling for [Ø] beautiful objects still, for [Ø]
leisure, for [Ø] reading and [Ø] conversation ; they didn’t despise [Ø] creaturely needs – the human basics. I
keep making this pitch for the French.
« On any street you could buy a baguette, a pair of [Ø] underpants [Ø] taille grand patron, or [Ø] beer or [Ø]
brandy or [Ø] charcuterie. [Ø] Ravelstein was an atheist, but there was no reason why an atheist should not
be influenced by the Sainte-Chapelle, should not read [Ø] Pascal. For a civilized man there was no
background, no atmosphere like the Parisian. For my part I had often felt myself hustled and despised by
[Ø] Parisians. I didn’t see [Ø] Vichy as a product of the Nazi occupation. I had [Ø] ideas of my own about
[Ø] collaboration and [Ø] fascism. » (Saul Bellow, Ravelstein, Viking, New York, 2000, p. 44-45)
Nous avons pris un long texte. Nous avons marqué l’article zéro. Nous avons aussi marqué l’article
négatif. Cela montre immédiatement, et de façon purement visuelle, voire statistique, que presque toutes les
approches de l’article, nous dirons en anglais, pêchent par un défaut de méthode. Ces approches, rarement
ou au mieux de façon partielle, prennent en compte cet article zéro. Un décompte rapide montre qu’il est
largement dominant. De plus une lecture un peu plus attentive montre que cet article zéro correspond à
diverses valeurs : [Ø] France a peu à voir avec a pair of [Ø] underpants, ou bien [Ø] hardening of the
arteries.
La deuxième erreur de la plupart des approches est de partir de l’article lui-même, c’est à dire du
mot ou des mots qu’on appelle articles, ce qui pose un problème immédiat aux francophones, car il n’y a pas
d’article indéfini pluriel. On ne parle pas cependant d’article zéro, ou rarement, ou sans expliciter réellement
cet objet.
Nous pensons qu’il faut partir des opérations abstraites qui fondent « le système de l’article », c’est à
dire la détermination de l’extension du nom. Notons qu’il est alors plus juste de parler de déterminants, mais
cela met dans le même sac les déictiques, les possessifs, les indéfinis et les « articles ». Cela est confus
pour nous ici. Il nous semble qu’il est plus objectif et rationnel de partir de trois opérations précises ne
concernant que les « articles » :
l’opération d’extension indéfinie (indéfinitude),
De plus, nous devons nous appuyer sur des discours les plus récents possibles car le « système de
l’article » est particulièrement, non pas volatile, mais évolutif. Il suit de très près l’évolution du pouvoir
conceptuel des locuteurs (dans leur ensemble) de la langue concernée, sous domination des évolutions
technologiques, essentiellement, et scientifiques, en soubassement. On sait, et on constate tous les jours, la
variation entre The Internet (forme correcte, si on relie ce média au téléphone, et forme traditionnelle il y a
encore peu de temps, forme d’ailleurs copiée par le français académique) et Internet (forme de plus en plus
courante, justement sur le média lui-même, comme si ce média devait être relié à la télévision dont il utilise
un écran similaire).
Nous allons donc examiner ce champ grammatical suivant les trois lignes de l’indéfinitude, de la
définitude et de la généricité, donc en dernière analyse, des trois déterminations possibles de l’extension du
syntagme nominal. Nous ne ferons pas de références linguistiques précises, mais préfèrerons une approche
réaliste qui explique bien le fonctionnement de l’anglais et permet une comparaison efficace avec le français,
ou d’autres langues. Nous abordons là un champ extrêmement vaste.
A- L’indéfinitude
Définissons d’abord l’opération. Il s’agit de l’extraction d’un élément (au singulier) ou de plusieurs
éléments (au pluriel) d’un ensemble d’éléments. Cet ensemble est de type conceptuel à l’heure actuelle, et
c’est ce que l’on appelle une notion. Cette notion couvre l’ensemble des éléments qui répondent à la
définition concernée. Cette notion varie en extension selon les locuteurs et selon les domaines de discours.
Ainsi la notion [chien] n’est pas la même pour une vieille dame (animal de compagnie), un chasseur (chien
de chasse), un fermier (chien de ferme : garde et surveillance des animaux), un éleveur de bétail (et cela
varie selon le bétail : chien berger pour les moutons, chien de troupeau pour les vaches), un esquimau
(chien de traineau), un enfant (animal jouet), un adepte de l’idéologie de la survie dans un monde hostile
(chien de défense ou d’attaque), etc. Quand chacun parle d’un chien on a bien l’extraction d’un élément mais
d’un ensemble qui varie en extension et en nature. De même un [conifère] dans la forêt des Landes, dans la
Forêt Noire ou dans la forêt de séquoia de Californie ne répond pas à la même extension, voire définition.
Pourtant les arbres auxquels les locuteurs font alors références sont bien tous des conifères. Un menuisier
ou charpentier ne parle pas de [pin] avec la même valeur selon qu’il fait une charpente, des portes et
fenêtres, ou des tables, car il n’utilise pas les mêmes bois pour ces diverses utilisations. Un excellent
exemple de ce problème de définition d’une notion est le suivant :
« Give a man wood and he will learn to make fire. But back there in those days Man knew
nothing about wood. Oh yes, oh sure – he slept in trees, he swung from vines. He dug in the
earth for tender roots – but wood ? What in the world was wood ? He used clubs of hickory
and oak and even ebony … but wood – what was wood ? Did old Nero know about steel ?
Man knew no more about wood than a hill of butter beans ! » (Ralph Ellison, Juneteenth,
Vintage International, New York, 1999, p. 101)
La notion se construit à partir de l’utilisation, de la fonction. C’est cette fonction qui, une fois
inventée, décante la notion correspondante, et ainsi tous les « bois » que l’homme utilise, ne deviennent du
« wood » qu’à partir du moment où il a découvert ou inventé le feu qui transforme les « bois » utilisés
précédemment pour d’autres fonctions en combustible « wood ».
Donc on part d’une notion et on extrait un ou plusieurs éléments de cette notion. C’est le contexte
qui fixe l’extension de la notion.
« At Chequers, Mrs Thatcher called his attention to a painting by Titian : a rearing lion caught
in a net. A mouse was gnawing at the cords to set the lion free. » (Saul Bellow, op cit, p. 48)
Le contexte fait que l’on a bien ici des articles indéfinis concrets, c’est à dire ne prêtant aucunement
à confusion avec un sens plus générique. Dans le premier cas la notion est double : d’abord celle de
painting, tous les tableaux jamais faits dans le monde, voire tout ce qui peut être défini comme un tableau,
puis le sous-ensemble painting by Titian, c’est à dire tous les tableaux dont Le Titien est l’auteur (en fonction
de celui qui parle, en fonction de ses connaissances cette notion a plus ou moins d’extension : les tableaux
du Titien que la personne connaît, même si il peut ouvrir la notion à tous les tableaux que l’on peut attribuer
au Titien. Très souvent, pour des locuteurs ordinaires, parler d’un artiste et de ses œuvres, c’est amener
dans sa conscience un certain nombre de visions d’œuvres pouvant provoquer la surprise quand on
présente à ce locuteur une œuvre qu’il ne connaissait pas et même qui lui semble d’un style différent). De
cet ensemble, de cette notion, on tire un élément, que l’on va décrire, donc un élément bien concret, en plus
qui est présenté dans une situation concrète : le tableau accroché au mur devant les deux personnes
concernées dans cette situation, Mrs Thatcher et Ravelstein.
La description du tableau utilise trois articles indéfinis singulier pour présenter trois éléments du
tableau. Les notions sont alors claires : l’ensemble des lions (l’adjectif descriptif de la position du lion
n’intervient pas), l’ensemble des filets (et la situation réduit immédiatement cet ensemble à celui des filets
Il nous faut cependant poser une autre catégorie. Nous avons dit que cette indéfinitude
correspondait à une extraction, l'extraction d'un élément ou de plusieurs éléments, d'une notion vue comme
un ensemble d'éléments.
En anglais, comme dans beaucoup de langues, il existe des notions qui ne sont pas des ensembles
d’éléments, mais des notions qui couvrent une entité qui ne peut pas être conçue en éléments. C’était le cas
de wood dans la citation de Ralph Ellison. Nous touchons ici l’opposition entre les noms comptables (nous
gardons le mot anglais) et les noms compacts (nous choisissons un mot français qui permet de ne pas
utiliser l’ambigu non-countable, ‘non-comptable’, de l’anglais, surtout pour les élèves et étudiants dont
La dernière question qui se pose ici est celle des extracteurs nécessaires pour quantifier la quantité
de matière compacte que l’on extrait de la notion. La structure générale de ces extracteurs a la forme : a
NOUN of NON-COUNTABLE MATTER : a cup of tea, a pound of rice, a can of tuna, etc. Pour rester dans
l’indéfini on emploie : a little of wine, some water, etc. Ici j’aimerais donner un cas d’extracteur pour un nom
abstrait :
La définitude
La détermination d’un nom : prédétermination, post-détermination identifiante, post-
détermination prépositionnelle, post-détermination relative restrictive, détermination
contextuelle
La généricité : les diverses opérations
Indéfinitude singulier
Indéfinitude pluriel
Définitude singulier
Définitude pluriel
Négatif
Compact.
EXAMPLE DE DÉPART
« The admiration of black adolescents helped Ravelstein to offset the hatred of his colleagues, the
professors. The popular success of his book drove the academics mad. He exposed the failings of the
system in which they were schooled, the shallowness of their historicism, their susceptibility to European
nihilism. A summary of his argument was that while you could get an excellent technical training in the U.S.,
liberal education had shrunk to the vanishing point. We were in thrall to the high tech, which had
transformed the modern world. The older generation saved toward the education of its children. The cost of
a B.A. had risen to $150,000. Parents might as well flush these dollars down the toilet, Ravelstein believed.
No real education was possible in American universities except for aeronautical engineers, computerists, and
the like. The universities were excellent in biology and the physical sciences, but the liberal arts were a
failure. The philosopher Sidney Hook had told Ravelstein that philosophy was finished. » (Saul Bellow,
Ravelstein, Viking, New York, 2000, p. 47)
Nous allons maintenant envisager les deux autres opérations d’extension du syntagme nominal : la
définitude et la généricité.
B- La définitude
D’abord définissons l’opération. Elle ne peut intervenir qu’en second. Il est nécessaire que,
mentalement, nous ayons d’abord extrait un ou plusieurs éléments d’un ensemble, d’une notion, pour
pouvoir faire cette seconde opération. Cela tient à ce que l’article défini est dérivé du déictique that, mais
sous une forme amenuisée, et partiellement dématérialisée, ce qui implique qu’elle conserve une certaine
valeur déictique. Or le déictique ne peut pointer le doigt que sur ce qui a déjà été, au moins mentalement,
posé. On ne peut pas pointer sur, mettre en avant ce qui n’a pas encore été posé, donc ce qui n’a pas
encore été extrait d’une notion.
L’opération en tant que telle est une ré-assertion des éléments extraits comme étant leur propre
base de définition d’extension, et non plus la notion initiale. Si on a extrait un élément, on le ré-asserte avec
l’article défini the au singulier :
« I wonder what terms to apply to Ravelstein’s large, handsome apartment – his Midwestern
base… His windows gave him a huge view of the city. » (idem, p. 46)
Bien que le nom de la ville ne soit jamais cité directement, on sait que c’est une grande ville
universitaire dans le Midwest. L’anonymat de cette ville s’impose pour pouvoir construire un discours général
sur le monde universitaire, de la part de Saul Bellow, sans compter que cela pose bien une ville universitaire
indéfinie parmi beaucoup d’autres. Aussi à la page 46, nous avons reçu tous les détails nécessaires. La ville
a été depuis longtemps posée. Il est donc normal que l’on parle d’elle comme étant the city. Une fois posée,
elle est ré-assertée et devient donc définie.
Nous avons le même phénomène au pluriel.
« In approaching a man like Ravelstein, a piecemeal method is perhaps best.
« I had come up to his penthouse luxury suite on this June morning in Paris not so much to
discuss the biographical essay I was going to do as to collect some facts about his parents
and his early life. I didn't want more detail than I could use and I was by now familiar with the
large outlines of his life story. The Ravelsteins were a Dayton, Ohio, family. » (idem, p. 16)
Ravelstein a été posé et décrit depuis seize pages. Sa famille est posée juste avant l’emploi de
l’article défini ci-dessus. L’article défini correspond donc bien à la reprise d’un groupe extrait de l’ensemble
des hommes et ré-asserté comme se définissant par rapport à lui-même.
La post-détermination cotextuelle identifiante par un adjectif identifiant placé juste après l’article défini.
« Those were the most beautiful, the most distinguished rooms he had ever lived in, he
said. » (idem, p.70)
« the U.S., the winner of the Cold War, the only superpower remaining ; » (idem, p. 19)
La post-détermination cotextuelle par une subordonnée relative vue comme « restrictive ». Si celle-ci
n’est pas restrictive, alors l’article défini ne s’impose pas : Vela buys a few hundred dollars’ worth of
chow and has it delivered in boxes by young criminals who have parole officers keeping an eye on
them. (idem, p. 88). Ici très nettement on a un autre phénomène : soit la subordonnée n’est pas vue
comme restrictive et donc on est dans l'ordre de l'hypothèse sans plus, aléatoire et non-obligatoire ; soit
on a construit la notion complexe [young criminals who have parole officers keeping an eye on them]
dont on extrait quelques éléments indéfinis. Voici deux exemples de subordonnées restrictives, singulier
et pluriel :
« When he rose to the top of the best-seller list, he gave the old stuff away to Ruby Tyson,
the black woman who came in twice weekly to wash up and do the dusting. » (idem, p.
49)
« The clothes you wear may not be the latest, but you did have the makings of a dude,
Chick. » (idem, p. 72)
La détermination contextuelle qui vient de notre connaissance du contexte. Dans l’exemple suivant il
s’agit bien sûr des écoles et instituts de Paris, la ville préférée de Ravelstein. La subordonnée n’est pas
restrictive car cela irait à contre-sens du texte qui veut que Ravelstein soit apprécié, prisé et reconnu à
Paris (en général et sans exception), alors qu’aux Etats Unis il est controversial pour le moins, sinon
franchement rejeté :
« He was well received by the écoles and instituts where he lectured on French subjects in
his own sort of French. » (idem, p. 45)
C- La généricité
Il s’agit d’abord de définir l’opération.
La première définition, la plus générale, est que l’on prend un élément dans le cadre des deux
premières opérations et qu’on en fait, d’une façon ou d’une autre le représentant d’un tout, donc on lui donne
une valeur générique. Il s’agit de voir comment cette opération fonctionne dans les divers cas.
Si nous avons un cas d’indéfinitude pluriel, on utilise une même opération de parcours qui donne à ce
pluriel une valeur de référence à tous les éléments de la notion.
Si nous avons un cas de définitude singulier, on a un élément qui réfère à lui-même. Donc on peut
avoir deux situations.
D’abord, l’ensemble notionnel est un singleton : la valeur est générique car cet ensemble est
nécessairement générique de lui-même.
Ensuite, l’ensemble notionnel est lui-même pluriel : la valeur générique est le résultat d’un parcours
à nouveau de cet ensemble qui, constatant la parfaite similitude de tous les éléments avec celui qui
a été extrait et ré-asserté par rapport à lui-même, en fait le représentant de l’ensemble notionnel tout
entier. Ici nous atteignons le niveau du concept. Nous avons généralisé le mouvement mental qui
avait produit le défini singulier pour atteindre le niveau abstrait du concept. Notons que le concept
est l’abstraction de la notion, est donc un niveau supérieur par rapport à la notion : cela se comprend
puisqu’entre la notion et le concept il y a trois opérations de détermination de l’extension d’un nom.
Si nous avons un cas de définitude pluriel, traditionnellement on dit que la valeur générique n’est pas
possible en anglais. Cependant nous allons voir avec les exemples tirés de notre ouvrage de référence
que nous atteignons ici aussi une valeur générique, mais une valeur générique réduite par rapport au
concept, réduite au seule sous-ensemble pluriel constitué des éléments définis par les opérations qui ont
produit ce cas de définitude pluriel. Nous avons donc par rapport au concept total, que le nom défini
pourrait porter au singulier, un sous-concept.
Il reste à examiner le cas des noms compacts. D’emblée ils renvoient à la notion qui est indivisible. Le
concept est alors simplement atteint par le singulier (ils n'ont pas de pluriel) « indéfini » (et donc sans
marque d'article comme nous l’avons vu). D’ailleurs si on les dote d’un article indéfini singulier, ils ne
renvoient plus à la notion mais à un type particulier de cette notion, de l’élément référentiel de cette
notion. Dans ce cas on peut avoir le pluriel indéfini signifiant plusieurs types particuliers. Ensuite, sur la
base de ces opérations d’extraction on peut avoir l’opération de ré-assertion et donc l’article défini
singulier ou pluriel. On traite en fait ainsi un compact en comptable. On peut alors atteindre le concept
en partant de ces opérations. On a ainsi d’une certaine façon dé-compactisé la notion et le concept qui
en devient alors moins abstrait, similaire au concept d’un nom comptable.
i- Indéfinitude singulier
« Those Gobineaus were famous Jew-haters. And I’m no mere Jew but, even worse, an
American one – all the more dangerous to civilization as they see it. Anyway, they will let a
Jew live on their street, but he should pay for it. (idem, p. 70)
Dans cet exemple, on a la genèse même de la valeur générique d’un indéfini singulier. Jew in Jew-
haters est bien sûr générique, mais dans le cadre d’une composition nominale, donc Jew est classifiant. Par
contre, no mere Jew fait référence à Ravelstein et est donc indéfini sans plus, même si la négation no
renvoie d’une certaine façon au général, ou au générique. L’apposition an American one se rapporte elle
aussi à Ravelstein et est donc orientée vers le particulier, même si on a une valeur plus généralisante du fait
de la négation antérieure et de la structure générale sujet + BE + attribut. Cette structure rattache le sujet
particulier à une classe, mais on approche seulement de la notion, pas vraiment du générique absolu.
Cependant, la référence à civilization élève la fin de cette phrase au niveau de généralité le plus élevé
possible. Cela donne alors, et sans discussion possible, une valeur générique absolue au dernier a Jew. Le
début de l’exemple est de l’ordre de la généralisation et la fin de l’ordre du générique absolu.
« The greatest heroes of all, the philosophers, had been and always would be atheists.
After the philosophers, in Ravelstein’s procession, came poets and statesmen. The
tremendous historians like Thucydides. The military geniuses like Caesar. » (idem, p. 53)
Le premier défini pluriel retenu dans l’exemple est lui aussi le résultat de la détermination de the
greatest heroes of all. Une sous-classe a été créée et le défini renvoie à cette sous-classe dans un
mouvement de généralisation générique. Cette sous-classe générique est ensuite reprise par le second
défini pluriel et sa valeur générique est bien mise en avant par les génériques indéfinis poets et statesmen.
Le troisième et le quatrième définis pluriel résultent eux d’un autre type de sous-classification, par un adjectif
descriptif, voire subjectif, dans le premier cas, et classifiant dans le second cas. On construit bien un
générique dans les deux cas, mais ces génériques sont le résultat d’une sous-classification, encore une fois
sans qu’il y ait une sous-notion, même si the military geniuses, du fait du caractère classifiant de l’adjectif
(qui ne donne pas une qualité de ces génies qui seraient guerroyeurs, mais un champ d’activité de ces
génies qui sont militaires) est assez proche d’une sous-notion.
« ‘I will admit Radu Grielescu sets the standards for male conduct in those East European
circles.’
« ‘You mean the courtly gentleman bullshit.’
« ‘Yes, that’s more or less it. The considerate man, the only right kind, remembers birthdays,
honeymoons, and other tender anniversaries. You have to kiss the ladies’ hands, send them
roses ; you cringe, move back the chairs, you rush to open doors and make arrangements
with the maître d’. In that set the women expect to be petted, idolized, deferred to, or
romanced.’ » (idem, p. 106)
On peut alors conclure que ce générique défini pluriel n’est possible que sur la base d’une telle
sous-classification. On joue donc ici sur le cercle de validité de la généralisation générique. Un dernier
exemple appliqué au domaine de la voiture peut être donné :
« I want him to be pleased one hundred percent – the engine, the body, all the electronic
stuff. Everything in place. Stabilizers equilibrated. It used to be the Harmonious Blacksmith –
now it’s the harmonious computers. » (idem, p. 73-74)
Toute la première partie ne parle que de la BMW 740 commandée par Ravelstein pour son ami
Nikki. Mais la dernière phrase prend un ton sentencieux et donc générique. Le défini singulier, the
Harmonious Blacksmith, et ses capitales montrent bien que nous avons ici un générique. Le parallélisme
syntaxique avec la suite donne au deuxième défini pluriel la même valeur, surtout avec la reprise de
l’adjectif. Mais là encore on parle de voitures, et non plus de la seule BMW 740. On a donc opéré une sous-
classification des ordinateurs qui ne sont que les ordinateurs de voitures.
v- Le négatif
Nous avons déjà dit que la négation no porte en elle une généralisation qui vise un ensemble, la
notion. A-t-on vraiment là un concept ? La question restera ouverte.
« We had no doorman. » (idem, p. 64 )
Le contexte est spécifique et le général de ce comptable singulier (on pourrait dire we did not have a
doorman), et le renvoi à la notion n’atteint pas le conceptuel, donc le générique vrai.
« There were no clues as to what went on behind that powerful forehead. » (idem, p. 64)
Le contexte est à nouveau spécifique. Il s’agit de Ravelstein et de sa tête comparée à un melon. Le
négatif renvoie, il est vrai à la notion. Mais le pluriel semble élargir ce renvoi et on atteint quelquechose de
plus proche du concept, du générique indéfini pluriel. On pourrait dire there were not any clues. Le any
montre le parcours et donc on peut probablement ici affirmer que nous avons un générique.
« He had no patience. » (idem, p. 65)
Le négatif porte sur un indéfini singulier mais compact et donc on a ici un générique comme nous
allons le voir ensuite. On pourrait dire he did not have any patience. Le any montre cette généricité.
vi- Le compact
Rappelons d’abord que le compact renvoie à une notion non divisible, non-comptable. Un terme
compact est donc toujours d’une certaine façon un renvoi à une notion, ce qui le rapproche d’emblée du
concept. Cela est d’autant plus vrai que ce compact est un mot abstrait. On sait que ces compacts
s’emploient sans article, quel qu’il soit, sauf si on veut les traiter en comptables, et on a alors des « types de
… » . Les quelques exemples qui suivent vont montrer ces phénomènes.
« A man in his sixties, he was big, ruddy, fleshy, his huge chilled face as thick as sweet red
pepper. » (idem, p. 64)
Ce légume n’a rien à voir avec un légume réel sur un étal de marché. Nous avons ici une
comparaison descriptive. On peut donc considérer que le renvoi à la notion se double d’une abstraction pour
ne retenir dans le contexte que l’épaisseur du poivron, on entend bien sûr l’épaisseur de sa « peau ». On est
donc là près d’un concept, d’un générique : le poivron devient représentatif de l’épaisseur de la peau
humaine, quand elle est épaisse. Son emploi cependant dans le contexte descriptif concrétise ce générique.
Mais un générique peut être concret.
« Couldn’t we break down the empty formalities of this Conference, the three-barred gate of
triple interpretations, and talk about the truth and the reality like sane and sensible
persons. » (idem, p. 81)
Dans cette dernière citation nous abordons un autre traitement de compacts. Les deux compacts de
la citation ne sont pas identiques. L’un est vraiment abstrait. L’autre est on ne peut plus concret par sa
référence. La réalité ça se touche, alors que la vérité ne peut que se concevoir ou au mieux s’entrevoir.
Dans les deux cas le locuteur s’élève au concept le plus générique que l’on puisse imaginer en dotant ces
compacts de l’article défini singulier qui renforce alors le caractère général de la notion pour atteindre le
caractère générique du concept, avec en plus une idée d’unicité absolue, de vérité divine et révélée, de
réalité sacrée et incontournable. La Conférence de Versailles dont il s’agit pourrait ramener ces abstraits
absolus vers une définition contextuelle : la vérité pour l’après-première-guerre-mondiale et la réalité de
l’Europe dans cet après-première-guerre-mondiale. Il me semble cependant que le cotexte plus étroit fait de
cette phrase une déclaration sentencieuse et donc qui a une généralité absolue.
Notes supplémentaires
First Question : a noun in English as well as in many languages can be either countable (one can
count the objects designated by the noun that can be used in the plural then : a car, a tree, two schools,
three dogs) or uncountable (one cannot count the « object » designated by the noun [which is compact
matter] that cannot take the plural then and does not take articles : courage, wine, darkness, intelligence,
hardness, depth). Be careful, we can use uncountable nouns as countable nouns : this is a good
courage (a good type of courage), a good wine, a dangerous darkness, there are many fears and at least
twenty beauties.
Articles in all languages are the result of three operations when considering countable nouns.
1- Extraction of one or several units from a notion (a notion is the set of objects covered by the
definition of these objects)
2- Reassertion of this/these extracted element(s) as compared to itself/themselves.
3- A generic operation, conceptualization, that produces a generic meaning : all the objects of the
set that is behind the definition of this/these objects.
CONCEPT
Singular A/AN THE
1 2
3 4
Plural Ø THE
CONCEPT
NORMALLY NORMALLY
9 IMPOSSIBLE POSSIBLE
IN FRENCH 10 IN FRENCH
1- Look in the street, there is a cat eating in the garbage-can. Singular indefinite
2- Look at the cat in the garbage can. It is black and grey. Singular definite
3- Look in the street. There are cats running after Mr Wilson’s dog. Plural indefinite
4- Look at them. The cats are going to attack the dog. Plural definite
5- A cat is a domesticated feline animal. Generic singular indefinite
6- The cat is one of man’s best friends. Generic singular definite
7- Cats are always trying to catch birds or rats. Generic plural indefinite
8- IMPOSSIBLE : the cats are domesticated animals. Impossible generic plural definite
(Note : it is possible if you mean all the X of a set that has been clearly defined before. If I speak of
my class, I can say: the boys are not numerous but they are rather noisy whereas the girls are
discreet in spite of their number. In each case I mean all the boys and all the girls, but only of the
class. It is a generic meaning within a limited definition, hence predetermined by the context. I could
of course have said: … boys are noisy … girls are …)
9- IMPOSSIBLE : des chats sont des animaux domestiques. Impossible generic plural indefinite
10- POSSIBLE : les chats sont des animaux domestiques. Generic plural definite
Final element : a noun, no matter what it is, needs the definite article if it is determined by EITHER a noun
complement (the courage of the boy), OR a relative clause that defines or restrict the understanding of the
noun (the beauty that Mary possesses), OR by the situation (I bought some bread this morning : the
bread is on the table).
The Languedoc
No definite article in front of any administrative unit :
I’ll go to Languedoc-Roussillon next week.
I’ll go to Lozere on Sunday.
No definite articles in front of purely administrative provinces :
Provence is an essential province in the 18th century.
Definite article in front of any geographical, geological region defined by its geographical, geological
or relief structure :
The Lozere is a dangerous range of mountains.
The Massif Central, the Central mountains, The Gevaudan, etc.
The Piemont, …
The Provence is a beautiful area with a very special sunshine and luminosity
Examples :
Blue Highways, William Least Heat Moon, Fawcett Crest, New York, 1982
EXAMPLE DE DÉPART
« During the Civil War (p. 1), like Senator Dirksen, in the Paris Herald (p. 2), after the First World War,
the Orangerie, the Chambre des Députés, the Seine (p. 3), Youpin is the French for ‘kike’ (p. 9), the Gulf
War (p. 12), the Middle Ages, the Blessed Virgin (p. 13), distrusted the Germans (p. 17), the loathing of
the U.S.A. (p. 18), the mental disarray of the U.S., the winner of the Cold War (p. 19), the Middle West, a
bold-looking flannel from a good Scotch mill (p. 32), with Paris in the Spring, the Crédit Lyonnais (p. 34),
The Palais Royal, in the States (p. 35), Then at Oxford, where he turned British (p. 36), ‘Again that
frightful little Jew, R Kogon.’ Or ‘I do my best to tolerate Herbert’s repulsive protégé Kogon, who gets
Jewisher and viler and more unbearable by the day – with that brassy tomcat Jew face’ (p. 39), she was
good at Greek (p. 40), no atmosphere like the Parisian, lectured on French subjects in his own sort of
French, In the States (p. 45), Young Blacks would stop (p. 46), Even black women stop me (p. 47), The
philosopher Sidney Hook (p. 47), of the FBI, like the American general besieged by the Nazis, in Europe.
The Brits were inclined, the statesman Winston Churchill (p. 48), the black woman who (p. 49),
President Bush, the U.S. military, to denounce U.S. imperialism (p. 56), Young Gorman (p. 60), the
Prince of Wales (p. 68), a traditional European Jewish family (p. 69), they will let a Jew live (p. 70), by the
Germans, the Belgian ground, the theatrical Teutonic melancholy, a danger that Germany might drift into
Bolshevism, But the French still objected to the German proposal (p. 79), the starving Germans should be
allowed, a hideous Jew clutching a money bag (p. 80), to remember every Greek word (p. 82), as the
Russians say…you’re fond of Russian sayings (p. 88), to be loved or pampered by Parisians (p. 103), the
Nazi regime in Bucharest (p. 106), The Eastern Danube ? The Carpathians ? (p. 107), you could place
Vela’s origins in Greece or even Egypt (p. 108) » (Saul Bellow, Ravelstein, Viking, New York, 2000)
Il s’agit d’un relevé tout à fait partiel de noms de pays, rivières, bâtiments, adjectifs de couleur,
adjectifs de nationalité, adjectifs substantivés. Nous allons, car il est impossible de trouver rapidement et
dans un corpus unifié, des exemples de tous les cas, poser les éléments essentiels des noms de pays et
autres, et des adjectifs substantivés.
Adjectifs Qualificatifs
Singulier : nécessité d’un nom support
A rich man (un riche), a poor woman (une femme pauvre), a silly boy (un jeune idiot), a
pretty woman (une belle femme, une beauté)
Pluriel Compté : nécessité d’un nom support
Two rich women (deux femmes riches), a few silly men (quelques idiots), many homeless
people (beaucoup de sans-abris)
Pluriel général : article défini, pas de nom support, pas de marque de pluriel. Cependant nécessité
d’un nom support pour spécifier le sexe essentiellement : dans ce cas le pluriel général suit les règles des
noms normaux : pluriel indéfini sans article. Bien sûr le pluriel général, même non marqué de ce pluriel,
implique un accord et des reprises pluriel au niveau du verbe et des pronoms divers ou adjectifs possessifs.
Adjectifs de couleur
Ceux-ci s’emploient pour les races, les opinions politiques, les équipe sportives, et quelques autres
caractérisations de ce genre : des groupes reconnus comme homogènes ou autonomes.
Singulier : nécessité d’un nom support
A black man (un noir), a black woman (une noire), a white boy (un petit ou jeune blanc), a
red activist (un rouge), a green politician (un vert), a blue and white footballer (un bleu et
blanc)
Pluriel compté : nécessité d’un nom support
Two red activists (deux rouges), a few red footballers (quelques rouges), many green
militants (beaucoup de verts), ten black women (dix noires), twenty white kids (vingt petits ou
jeunes blancs).
Pluriel général : article défini, marque du pluriel, pas de nom support (sauf pour spécifier le sexe,
l’âge, etc : dans ce cas on appliquent les règles générales du nom)
The blacks, the whites, the greens, the reds
Black women, green terrorists, red rugbymen
L’Américain évolue rapidement dans ce domaine. Il traite de plus en plus les adjectifs de couleur
substantivés comme des noms à part entière et leur applique les règles normales des noms : there were one
black, two whites and several reds in the park. Blacks and whites are learning how to speak together. Reds
and greens signed an alliance yesterday. Le contexte définit les références sémantiques. Quand le contexte
ne le permet pas on utilisera des noms supports. There were many women in the hall : a few blacks and a
majority of whites. The demonstration was a success : green women were happy to meet women and men
from othner affiliations.
Il faut ajouter que les deux usages peuvent se mêler dans un même discours. Cela porte parfois une
valeur, mais parfois cela n’est qu’accidentel.
Adjectifs de nationalité
1- Adjectifs en –AN
Ils sont devenus aujourd’hui des noms normaux. On n’emploiera un nom support que pour spécifier
le sexe et quelques autres caractéristiques de ce genre.
An American, two Germans, the Russians aussi bien que Russians, mais Italian women,
Iranian kids, etc
Parfois ils se souviennent qu’ils sont des adjectifs et on trouve alors en vis à vis avec la même
valeur :
The Americans are often vocal about religion, opposé à Americans are quite sceptical about
their political system.
2- Adjectifs en –I
Ils sont une apparition récente dans ce domaine. Ils concernent essentiellement les pays du Moyen
Orient : Israel, Irak (ou Iraq), Iran, Afghanistan, Kuweit, etc.). On ajoutera le cas de Hindi qui ne vient pas
d’un pays à proprement parler. Mais on remarquera que Lebanese, Palestinian et Syrian restent la norme.
Des formes anciennes peuvent survivre comme Jordanian, Iranian, Afghan (surtout pour ce qui concerne les
produits artisanaux traditionnels : Afghan carpets). Il est nécessaire de signaler le cas particulier de Arabia et
ses adjectifs. On notera que Arabia ne s’emploie plus que dans le cas de Saudi Arabia, et dans le cas de ce
pays on utilise Saudi comme nom et adjectif. Par contre Arab est le nom et l’adjectif général pour faire
référence au peuple, Arabic est le nom et l’adjectif qui font référence à la langue et Arabian est l’adjectif qui
fait référence à la culture traditionnelle et ancienne en connection avec Arabian Nights (Les Contes des Mille
et Une Nuits).
Ce sont des noms et des adjectifs normaux. Ils se comportent donc comme des noms et des
adjectifs normaux.
An Israeli, two Kuweitis, many Pakistanis, the Afghanis, an Afghani woman, the U.S.
bombed the Iraki capital yesterday.
Certains noms ont été parfois créés de façon ad hoc : a Brit, a Britisher, a Frenchy, a New
Englander, a Cajun. On remarquera que pour les habitants des villes on a des règles variées : a Parisian, a
Londoner, a New Yorker, et de nombreuses villes n’ont pas de dérivés. Il est aussi à la mode, surtout aux
USA, mais également en Angleterre dans certains domaines, d’employer les mots d’origine : a Bordelais ou
a Marseillais par exemple. La cuisine raffole de mots français ou autres. Ils semblent beaucoup aimer les
dérivés français en -ais. Quand les anglophones ont un trou de mémoire, surtout pour des noms nouveaux,
ils utilisent le plus souvent des dérivés en -an, -ian, ou -er. Mais attention à Savoyard qui a un tout autre
sens (a devotee, performer or producer of the comic operas of W.S. Gilbert and A.S. Sullivan) qui vient du
Savoy Theater construit pour présenter les opéras ou comédies musicales de ces deux artistes.