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EPIGRAPHE
« L’essence de la stratégie est le choix d’accomplir ses activités d’une manière différente de
celle de ses concurrents »
Michael Porter
ii
DEDICACE
REMERCIEMENTS
A vous tous et à ceux dont nous n’avons pas saisi l’opportunité de révéler leurs noms
ici, veillez retrouver dans ces mots les sentiments de notre sincères reconnaissances.
INTRODUCTION
Avant toute réflexion orientée vers la production des connaissances scientifiques, il est
nécessaire, si ce n’est une contrainte d’ordre scientifique ou une tradition académique, de faire
le point sur les travaux des recherches antérieurs qui se sont déroulés autour de la problématique
ou du thème de recherche sur lequel le scientifique souhaite entamer sa réflexion. Cette
démarche, appelée couramment « état de la question » ou « revue de la littérature », nous permet
de prendre connaissance des résultats et des démarches de recherches antérieures qui ont porté
autour de la politique d’entreprise, son environnement et ses performances, ce qui nous permet
de situer notre étude parmi un éventail des travaux de recherches et de lui donner une
démarcation par rapport aux travaux de recherches antérieurs.
Notons que, cette situation est la situation générique qui prévaut sur l’ensemble ou du
moins la majorité des entreprises publiques, mais à des niveaux variables.
1
A. NGALULA KADIMA, Appréciation de la performance financière des entreprises publiques à travers leurs
paramètres financiers, cas de la REGIDESO S.A de 2005 à 2010, Mémoire inédit, UNIKIN, 2012.
2
De prime abord, selon les propos de l’auteur, « l’image que projette ce secteur n’est
point reluisante ». Dans sa démarche, le Premier Ministre honoraire a pu relever d’énormes
défaillances structurelles quant à la capacité de ces entreprises à bien mener leurs missions.
Plusieurs points ont été signalés, nous avons pu relever quelques points suivants : Des
effectifs pléthoriques non proportionnel à leur niveau d’activité, pas de proportionnalité entre
le niveau de personnel administratif ou de commandement et ceux d’exécution ; Des
conventions collectives budgétivores qui font absorber près de deux tiers (2/3) du chiffre
d’affaires ; Une vétusté et un niveau élevé d’obsolescence d’outils de production ; Difficulté
d’accès au financement essentiel pour la maintenance et le renouvellement d’outils de
production ; Inexistence d’une politique de constitution de provisions pour les créances âgées ;
Manque de compétitivité au regard des opportunités du marché en raison des excès de politique
de rente accordée par l’Etat ; Une culture de corruption et d’impunité ; absences ou irrégularité
des informations financières et de gestion ; Instabilité des mandataires (dirigeants) ; un pilotage
à vue, sans tableau de bord et procédure formalisée ; Inexistence ou manque
d’opérationnalisation des services d’audit ; Nombreux litiges au tribunal qui occasionnent des
manques à gagner au détriment de la trésorerie ; Paiement des charges de tutelle alourdissant
les charges des entreprises ; Paiements des avances sur dividendes sans tenir compte de la
situation des entreprises.
2
https://zoom-eco.net/economie/rdc-mabi-mulumba-fait-le-diagnostic-de-la-gouvernance-des-entreprises-du-
portefeuille-de-letat/ Consulté le 26/06/2020 à 20h40.
3
Pour le cas de notre analyse portant sur la SCTP qui est une entreprise du portefeuille
de l’Etat, nous essaierons d’apporter une démarcation par rapport aux deux précédentes
analyses, en ce sens qu’au-delà des aspects du diagnostic interne et des performances
économiques, notre démarche va intégrer les influences de l’environnement externe, afin
d’appréhender les réactions de cette entité publique, en terme de stratégie, au regard de sa
situation interne.
0.2. Problématique
L’entreprise évolue dans un environnement dont elle fait partie intégrante et, les
activités de l’entreprise se déroulent en étroite interdépendance avec cet environnement qui,
non seulement lui offre certaines opportunités, mais aussi lui impose d’importantes contraintes.
Cet environnement d’entreprise concerne l’ensemble des facteurs et institutions externes (ou
internes) à l’entreprise qui exercent une certaine influence sur l’entreprise et ses activités, mais
sur lesquels l’entreprise n’a aucun ou peu d’influence. Au lieu de subir passivement cet
environnement et à défaut de l’orienter à sa guise, l’entreprise est appelée à s’adapter
continuellement et à mieux maîtriser son environnement.
Une fois que les stratégies sont mises en place, après un certain laps de temps,
l’entreprise est amenée à se rendre compte de l’efficacité de ses décisions sur ses activités, elle
va donc procéder à l’évaluation de sa performance à travers différents indicateurs de
performance qu’elle met en place. Cette évaluation lui permettra de repérer d’éventuelles failles
de ses stratégies et d’ouvrir des nouvelles perspectives pour la continuité de ses activités dans
l’avenir.
En effet, la SCTP bien qu’étant une société de droit public, évolue dans un
environnement qui est en perpétuelle mutation. Cet environnement étant à la fois instable et de
plus en plus complexe, impose donc à la société de s’adapter, au risque de se faire disqualifier
de son marché et son secteur d’activité. Comme l’histoire nous le renseigne, le secteur de
transport a toujours été un secteur pivot pour le développement de la RDC. Cela peut se révéler
par cette correspondance de Stanley au roi de la Belgique, dans lequel il écrivit cette phrase :
« sans chemin de fer le Congo ne vaut pas un penny ». Cette phrase résume la nécessité du
secteur de transport pour le Congo, car le pays étant un vaste territoire enclavé aussi bien à
l’intérieur qu’à l’extérieur, il est donc plus qu’important de développer le secteur de transport
et ce développement passe à la fois par le développement des infrastructures de transports et
celui des services de transports.
Etant un secteur stratégique pour le pays, le secteur de transport fut largement confié
au monopole de l’Office de Transports Coloniaux, OTRACO en sigle, qui deviendra ensuite
Office de Transports du Congo, jusqu’à devenir l’Office National de Transport, ONATRA en
sigle. Si nous pouvons bien remarquer les différentes dénominations, cela passe généralement
par des changements politiques du pays, la politique étant un des facteurs de l’environnement
des entreprises, elle a une incidence sur l’orientation des entités publiques.
Mais des changements qui sont intervenus depuis la création de cette société ne se
limitent pas qu’aux facteurs politiques. Nous pouvons aussi remarquer les différentes crises
sociaux-économiques qui ont émaillé le pays jadis. Aussi la réglementation étant évolutive, la
libéralisation du transport fluvial, à la suite d'une décision du Conseil exécutif en 1977 retire à
la société le monopole et autorise toute personne physique ou morale à devenir armateur, par
cette occasion la dégradation générale de ses services et la compétition font baisser
considérablement le trafic passager de l’ONATRA à 121 779 en 1982, alors qu’en 1973 elle
atteignait un maximum de 410 871 passagers transportés.
5
Vers les années 2008 le gouvernement congolais va s’engager dans un vaste chantier
de la réforme des entreprises et établissements publiques.
Ainsi, dans la vision de les rendre performantes et viables, les entreprises publiques
seront transformées en des entreprises commerciales, bien que restant totalement à participation
publique, mais leur mode de gestion devient privée. C’est le 24 décembre 2010 que l’Office
nationale de transport, ONATRA en sigle, va enregistrer ses statuts et sera transformée en
SARL dénommée Société Commerciale des Transports et de Ports, SCTP en sigle.
Des années après la réforme le problème ne cesse de perdurer, la SCTP tout comme
les autres entreprises publiques transformées, a accumulé d’autant des défaillances structurelles
qui constitueraient pour elle des obstacles majeurs ne le permettant pas de facilement s’adapter
aux nouveaux enjeux de son environnement. Cet environnement devenu de plus en plus
turbulent. Par ailleurs bien qu’il y ait des obstacles, les opportunités dans le secteur de transport
ne cessent de s’accroître. Pour viabiliser sa gestion et rendre la SCTP performante, cela dépend
du génie du corps managérial à réaliser un bon diagnostic stratégique lui permettant de prendre
des décisions stratégiques adaptées face à cet état de l’évolution de l’environnement.
0.3. Hypothèses
Définies comme des réponses anticipées que le chercheur formule afin de le guider
dans ces investigations, pour le présent travail les hypothèses que nous soulevons au regard de
la problématique et des questions de recherche, sont les suivantes :
- L’environnement exercerait une influence à la fois positive et négative sur les activités
portuaires de la SCTP ; autrement dit il y aurait d’une part des éléments de
l’environnement qui ont une influence positive sur les activités portuaires de la SCTP
s.a.r.l et d’autre part, il existerait également des éléments de ce même environnement
qui exerceraient une incidence négative sur les activités de cette société.
- La SCTP emploierait une stratégie de volume et donc de domination par les coûts, cela
au regard des objectifs stratégiques lui assignés par le Gouvernement.
- Faute de capacités stratégiques adéquates et adaptées aux enjeux de l’évolution de son
environnement, la SCTP serait peu compétitive face à la concurrence.
Telles sont donc les réponses anticipées que notre analyse s'essaiera d'affirmer ou
d'infirmer après investigation grâce aux différentes méthodes et techniques de recherche ainsi
que les différentes autres outils d’analyse stratégique utilisées à cette occasion.
Aucun véritable travail scientifique ne pourrait être réalisé et acheminer à bon port
sans le respect d’une méthodologie. Cette méthodologie, composée des méthodes et techniques
de recherches, permet au chercheur de suivre un cheminement logique qui lui permettra
d’arriver à l’objectif poursuivit. Elle permet donc au chercheur d’arriver à la vérité qu’il
recherche.
7
0.4.1. Méthodes
Dans un sens étroit, on définit la méthode comme une procédure particulière appliquée
à l’une ou l’autre étape de la recherche ou de l’explication du phénomène qu’on étudie. Il s’agit
alors d’une démarche rationnelle de l’esprit pour arriver à la connaissance ou à la démonstration
de la vérité3. Au regard de la multiplicité des méthodes de recherche existantes en sciences
sociales, afin d’adapter la démarche de la recherche au sujet et à la problématique de ce dernier,
pour la présente étude nous allons recourir à l’approche systémique.
0.4.2. Techniques
Elles sont les outils de la recherche, et impliquent une certaine manipulation matérielle,
des procédés de collecte des données adaptées à l’objet sur lequel porte la recherche
(documents, individus etc.), l’objectif de la recherche, ainsi que la méthode de recherche4. Dans
ce travail, nous allons recourir à :
La Technique documentaire qui nous servira à la lecture des ouvrages, des articles,
textes officiels, notes de cours et autres documents se rapportant à notre sujet d’études,
susceptibles de nous fournir les données et les connaissances essentielles pour notre
recherche.
L’interview qui nous servira d’obtenir auprès des personnes sources, des informations
nécessaires au phénomène étudié et plus essentiellement sur les activités de la SCTP et
l’environnement des activités portuaires en République Démocratique du Congo.
3
V. OPANGA, Méthode de recherche en sciences sociales et initiation à la recherche scientifique, L2 FED, Cours
inédit, UCC, 2017-2018
4
Idem
8
Le choix et l’intérêt de ce sujet est grandement motivé par notre ambition, du fait de
notre formation académique en économie et développement et plus spécialement dans la filière
d’Entrepreneuriat, Fiscalité et Gestion des Entreprises, nous voulons nous mettre dans la peau
d’un gestionnaire d’entreprise quitte à nous permettre d’appréhender les réalités du monde des
affaires dans lequel nous avons l’ambition d’intégrer après notre formation.
Aussi au regard de la situation alarmante à laquelle cette société nationale fait face,
cette analyse se veut de constituer un point de référence quitte à proposer des suggestions
adéquates pouvant permettre à cette dernière de décoller.
Par souci de précision, la présente étude est délimitée dans l’espace sur la SCTP et son
environnement, alors que temporellement, par souci de ne pas biaiser l’analyse en accumulant
beaucoup trop de données et au regard des données en notre possession, la présente analyse
couvre une période allant de 2010 à 2018.
0.7. Canevas
Ensuite nous allons présenter le cadre théorique de référence dans lequel nous allons
recadrer notre analyse. Les sciences de gestion et les sciences sociales, riches en des théories,
il est plus que probable d’arriver à des résultats différents selon qu’on se situe dans telle ou telle
approche théorique. Ce cadre théorique va donc nous permettre d’inscrire notre recherche dans
une perspective théorique connue et pertinente afin de faciliter l’analyse des données et
9
l’interprétation des résultats que nous allons observer, dans le but de répondre à notre
problématique de recherche. Pour ce qui s’agit de notre étude, notre cadre théorique de
référence est celui du paradigme « Structure-Comportement-Performance », paradigme SCP
en sigle. Nous allons essayer de le présenter et de présenter ses différentes implications dans
une démarche scientifique.
I ère PARTIE
Dans ce premier chapitre trois sections majeures seront abordées, il s’agit du concept
« entreprise », « environnement de l’entreprise » et « analyse stratégique ».
Section 1 : ENTREPRISE
§1. Définition
C’est en référence à ces trois approches que nous allons essayer d’appréhender le
concept d’entreprise et cela va nous permettre de formuler une définition plus ou moins
synthétique de ce concept. Cette définition va de ce fait servir de base dans l’appréhension de
ce concept d’entreprise dans la présente analyse.
12
Dans cette approche l’entreprise peut être définie comme une unité économique et
juridique qui a pour principale fonction la production des biens et services destinés à être vendus
sur un marché5. Dans la même optique, Selon A. CORHAY et M. MBANGALA « l’Entreprise
peut être définie comme une unité économique organisée qui, par la combinaison des facteurs
de production produit des biens et/ou des services pour un marché déterminé en poursuivant
des objectifs multiples6» . Cette approche donne donc une définition mécanique de l’entreprise,
considérant celle-ci comme une « boite noire », dont les activités peuvent être réparties en deux
phases distinctes.
5
G. NGALAMULUME, Analyse de l’Environnement de l’Entreprise, M1 FBA-EFGE, Cours inédit, UCC, 2019-2020
6
A. CORHAY - M. MBANGALA, Fondements de gestion financière, 2ème éd, Université de liège, 2007, Liège, p.9
13
Au sein de cette organisation humaine trois groupes d’acteurs peuvent être identifiés :
Les Apporteurs de capitaux, les Dirigeants et les Salariés. Ces acteurs ont des objectifs et
des stratégies individuelles différentes. Les apporteurs des capitaux, leur logique est purement
financière, ils recherchent avant tout la rentabilité de leur placement (Investissement). Leur but
est de garantir leurs gains et si possible les augmenter, et leur source de pouvoir est le capital
investi. Pour les dirigeants, leur logique est la maximisation des performances de l’entreprise
évaluée par la rentabilité économique des capitaux. Leur but consiste à garantir leur place et à
élargir leur pouvoir. En ce qui concerne les salariés, leur logique est l’épanouissement et la
sécurité de l’emploi. Ils ont pour but de garantir leur emploi, si possible en réalisant un travail
intéressant dans de bonnes conditions matérielles et psychologiques. La source de leur pouvoir
est le savoir-faire.
Pour que l’entreprise puisse fonctionner, compte tenu des stratégies individuelles
élaborées par ces trois acteurs identifiés, il faut donc un consensus ou compromis
organisationnel. La dimension humaine et sociale est donc indispensable pour gérer le travail
des hommes dans l’entreprise, les contraintes proviennent de la nécessité de faire converger les
objectifs de l’entreprise et les intérêts individuels.
Dans cette approche, un système peut être appréhendé comme un ensemble d’éléments
en interaction dynamique organisé en fonction d’un but8. De cette définition, il découle qu’un
système peut se caractériser par : une frontière qui le délimite par rapport à l’environnement
dans lequel il est plongé ; une finalité ou l’intention d’atteindre un objectif fixé ; une évolution
7
S.BALLAND - A. BOUVIER, Management des entreprises en 24 fiches, DUNOD, Paris, 2008, p.2
8
J. De ROSNAY, Le macroscope, vers une vision globale, Seuil, Paris, 1975.
14
dans le temps (passé, présent et à venir) ; et une organisation c’est-à-dire sa structure (les
éléments qui le composent et les relations qui les relient) ainsi que son processus9. Un système
est dit ouvert s’il est en interaction avec l’environnement qui l’entoure.
Au regard de ces trois approches énoncées ci-haut, nous pouvons donner une définition
synthétique et plus ou moins complète du concept d’entreprise en ce terme : « L’entreprise est
une organisation économique et intégrée dans un environnement. Elle est composée d’êtres
humains et moyens (financiers, physiques, informationnels, …) réunis en vue de produire des
biens ou des services et de repartir des richesses. Elle est organisée par un centre de décision
(les dirigeants) disposant d’une certaine autonomie et orientent les activités de manière à
dégager un excèdent (bénéfice)10 ». Cette définition a l’avantage de présenter à la fois
l’approche économique, l’approche sociologique et l’approche systémique de l’entreprise.
Par la réalisation de cette mission l’entreprise poursuit un objectif principal qui est
celui de dégager ou réaliser un profit pécuniaire (lucre), nécessaire pour assurer sa survie, sa
9
Ecophare.fr/?p=71 Consulté le 17/09/2021 à 21h45
10
W. KALOMBAYI, Comptabilité générale, Conforme au système comptable OHADA, Feu Torrent, 2016, p.7
15
- Objectifs sociaux : bonnes conditions de travail, bien-être des salariés, créer des
emplois, assurer des formations, épanouissement personnel des employés.
- Objectifs environnementaux : ne pas produire de biens inutiles, nocifs ou dangereux
pour l’homme et l’environnement, produire en polluant le moins possible
l’environnement, participer au développement durable.
L’un des objectifs secondaires qui est intimement lié à l’objectif principal concerne la
satisfaction de clients, sans laquelle l’entreprise ne saurait garantir son profit à long terme, ainsi
que sa croissance et sa pérennité.
Du point de vue économique les entreprises peuvent être classées selon le secteur
d’activité, la nature d’activité ou types d’opérations réalisées, la branche d’activité et selon leur
taille.
- Les entreprises du secteur primaire, regroupent toutes les entreprises utilisant à titre
principal le facteur naturel. Elles concernent les activités relatives à l’agriculture, à
l’élevage, aux mines et à toute exploitation de matières premières ;
- Les entreprises du secteur secondaire, réunissent toutes les entreprises ayant comme
activité la transformation de matières premières en produits finis et englobent donc
toutes les industries ;
- Les entreprises du secteur tertiaire, rassemblent toutes les entreprises prestataires de
services. Sa composition est très hétérogène car elles regroupent tout ce qui n'appartient
16
pas aux deux autres secteurs, à savoir : les activités de distribution, de transport, de
loisir, de crédit, d'assurance, hôtellerie, etc.
- Les entreprises agricoles : Ce sont des entreprises dans lesquelles le facteur naturel est
prédominant ;
- Les entreprises industrielles : Celles qui transforment les matières premières en
produits finis, lesquels sont destinés à la vente. Il peut s’agir d’activité artisanale
(boulangerie, menuiserie, savonnerie) ou d’une industrie géante à l’instar des
concentrations et des conglomérats ;
- Les entreprises commerciales : Réalisent les opérations de distribution des biens et
assurent la fonction de grossiste (c’est-à-dire l’achat en grande quantité directement
chez le fabricant et la vente en grande quantité au revendeur) ou de semi-grossistes
(stade intermédiaire entre le grossiste et le détaillant) ou de détaillants qui vendent
directement au consommateur ;
- Les entreprises de service : Celles qui vendent des services à d’autres agents
économiques. Très souvent, le service vendu n’est pas stockable, contrairement aux
entreprises commerciales et industrielles. C’est le cas des entreprises de transports, des
sociétés de nettoyage, etc. ;
- Les entreprises financières : réalisent des opérations financières à savoir : la création,
la collecte, la transformation et la distribution des ressources monétaires et des
ressources d’épargne. Elles sont constituées par les banques et sociétés d’assurance.
Une branche regroupe les entreprises fabriquant, à titre principal, la même catégorie
de biens ou de services. Les entreprises d’une même branche ont pour points communs : l’usage
d’une même technologie ; l’utilisation des mêmes matières premières ; des intérêts communs
dans certains domaines : ce qui leur permet de regrouper certaines de leurs activités et de créer
des services communs, notamment de recherche, d’achat ou de vente, filiales communes. Parmi
17
d) Selon la taille
Selon la taille les entreprises peuvent être classées selon plusieurs critères quantitatifs
dont : l’effectif, le chiffre d’affaires, les capitaux investis, le total bilan, etc. parfois on peut
recourir à une combinaison de ces différents critères. Ainsi d’après le seuil fixé par chaque
règlementation nous pouvons distinguer quatre types d’entreprises, à savoir : Micro-entreprise,
Petite entreprise, Moyenne entreprise et Grande entreprise.
1. La Micro Entreprise ou la Très Petite Entreprise (TPE) répond aux critères et seuils
suivants :
- Effectif compris entre 1 (un) et 5 (cinq) employés ;
- Chiffre d’affaires annuel hors taxe variant entre 1 (un) à 10.000 USD (dix mille
dollars) ;
- Valeur des investissements nécessaires mis en place pour les activités de
l’entreprise inférieure ou égale à 10.000 USD (dix mille dollars) :
- Mode de gestion concentré.
2. La Petite Entreprise (PE) répond aux critères et seuils suivants :
- Effectif compris entre 6 (six) et 50 (cinquante) employés ;
- Chiffre d’affaires annuel hors taxes variant entre 10.001 (dix mille un) à 50.000
USD (cinquante mille dollars) ;
- Valeur des investissements nécessaires mis en place pour les activités de
l’entreprise variant entre 10.001 (dix mille et un) à 150.000 USD (cent cinquante
mille) ;
- Mode de gestion concentré.
3. La Moyenne Entreprise (ME) répond aux caractéristiques et seuils suivants :
- Effectif compris entre 51 (cinquante et un) et 200 employés (deux cents) ;
- Chiffre d’affaires annuel hors taxes variant entre 50.001 (cinquante mille un) à
400.000 USD (quatre cent mille dollars) ;
18
- Investissement net variant entre 150.001 (cent cinquante mille et un) à 350.000
USD (trois cent cinquante mille) ;
- Mode de gestion plus ou moins ouvert à la décentralisation.
4. Les grandes entreprises (GE) constituent les entreprises qui dépassent les seuils de
moyennes entreprises
Dans la classification juridique, une première distinction est faite entre les entreprises
du secteur public et les entreprises du secteur privé ; ensuite une deuxième distinction est établie
entre les entreprises individuelles et les entreprises sociétaires.
La distinction majeure qui est fait entre ces deux types d’entreprises réside dans la
qualité de la personne du propriétaire de l’entreprise. Les entreprises publiques sont créées et
appartiennent à des personnes de droit public, notamment l’Etat, les collectivités publiques, les
provinces, les communes, etc. Ces entreprises sont souvent créées pour des objectifs
stratégiques autres que celui du lucre qui n’est tout de même pas pour autant exclu.
Par contre les entreprises privées sont des entreprises dont les propriétaires sont des
personnes de droit privé. Ces entreprises ont essentiellement le lucre comme objectif principal,
toutefois d’autres objectifs secondaires peuvent existés.
A côté de ces deux types d’entreprise, un type d’entreprise hybride existe, il s’agit des
entreprises d’économie mixte dans lesquelles pouvoirs publics et investisseurs privés mettent
ensemble des ressources pour la réalisation d’une activité économique. Dans pareilles
entreprises, très souvent, la part des pouvoirs publics est minoritaire, c’est-à-dire inférieur à
50% de l’ensemble du capital social engagé.11
Les entreprises individuelles sont des entreprises dont l’ensemble des capitaux
appartient à une seule personne physique, contrairement aux entreprises sociétaires où le capital
social est partagé entre plusieurs associés ou actionnaires. Les entreprises sociétaires ont une
11 11
A. CORHAY - M. MBANGALA, Op.cit., p.11
19
personnalité juridique bien distincte de celle de ses propriétaires, ainsi elles sont qualifiées des
personnes morales, contrairement aux entreprises individuelles où il est parfois difficile de
faire la différence entre l’entreprise et son propriétaire.
§1. Définition
Cet environnement est composé des facteurs très hétérogènes qui exercent diverses
influences sur l’entreprise à des niveaux différents. Aussi ces facteurs ne sont pas isolées, ils
s’imbriquent et forment un environnement à trois variables : domaine, acteur, force comme
l’indique le schéma ci-après :
Source : http://www.tifwat.com/wp-content/uploads/micro-macro-environnement-entreprise.png
12
G. NGALAMULUME, Op.cit.
20
L’environnement externe par contre s’intéresse à l’ensemble des facteurs qui sont à
l’extérieur de l’entreprise. Cet environnement rassemble des facteurs très hétérogènes, qui
peuvent être à la fois matériels et immatériels, au niveau d’un secteur d’activité, d’un pays ou
au niveau international. Ces facteurs exercent des influences directement ou indirectement sur
l’entreprise, sa croissance et sa performance, mais sur lesquels l’entreprise n’exerce aucune ou
juste peu d’influence.
L’environnement extérieur d’une entreprise est composé des facteurs dont l’influence
peut être directe ou indirecte sur la vie de l’entreprise. On qualifie d’environnement global ou
général de l’entreprise tout ce qui se situe ou existe en dehors de l’organisation13, c’est un
environnement dont les facteurs présentent une influence indirecte et parfois peu certaine sur
l’entreprise. Cet environnement est qualifié également de Macro-environnement dans le sens
où il est identique pour l’ensemble des entreprises peu importe leurs offres ; leurs secteurs
13
J. OKANA, Principes généraux de management, UCC, 2017, p.48
21
Peu importe l’état dans lequel se trouve l’environnement d’une entreprise, il est
important pour tout manager de prendre en compte les différentes influences de son
environnement afin de mener des actions adaptées, permettant à l’entreprise de réaliser ses
objectifs.
22
Quel que soit le degré d’influence et l’état dans lequel se trouve l’environnement d’une
entreprise, cette dernière est appelée à bien connaître son environnement et l’impact que ce
dernier pourrait avoir sur les objectifs et la performance de l’entreprise. Cette connaissance de
l’environnement de l’entreprise passe par une démarche communément appelée « Analyse ou
Diagnostic stratégique ».
§1. Définition
14
J. OKANA, Politique d’entreprise, UCC, 2021, p.27
15
J. OKANA, Principes généraux de management, Op. cit., p.58
16
F. BRULHART – C. FAVOREU, Management d’entreprise, Dunod, Paris, 2016, pp. 81-89.
23
Une opportunité est un élément qui compose l’environnement d’une entreprise qui
peut être exploité. Dans ce cas, la valorisation de l’opportunité contribue à la compétitivité de
l’entreprise concernée. Une menace est une caractéristique de l’environnement qui affectera la
compétitivité d’une entreprise (ou d’un ensemble d’entreprises). Toutes les entreprises d’une
même industrie sont d’ailleurs concernées.17
Cette analyse a pour finalité de permettre d’identifier les facteurs clés du succès (FCS),
entendu ici comme les règles du jeu et les conditions de performance propre à un secteur
d’activité. Ces conditions de performance s’agissent des ressources et compétences que
l’entreprise doit maitriser si elle souhaite surpasser la concurrence et être en phase avec les
caractéristiques dominantes de son environnement. À chaque activité correspond sa
combinaison spécifique de FCS. Précisons que le terme « clés » employé dans l’expression
facteurs clés de succès a deux implications. En premier lieu les facteurs à retenir doivent être
en nombre restreint, trois à cinq maximums, sinon ils ne seraient plus essentiels. En second lieu,
ils doivent concerner les éléments essentiels sur lesquels se joue la concurrence au moment de
l’analyse ; ceux qui permettent de distinguer les compétiteurs et non ceux qui, maîtrisés par
tous, constituent des facteurs de base non différenciant en termes de concurrence.18
- Le modèle PESTEL ;
- Le diamant de PORTER
- Le modèle de cinq (+1) forces concurrentielles de PORTER
- La courbe de vie
17
Strategor, Politique générale de l’entreprise, 4ème éd., Dunod, pp.37-38
18
Strategor, p104
24
monétaires pour s’en convaincre. Quelles pourraient être les influences à terme d’un
réchauffement climatique ? Ces dimensions très macro doivent être mobilisées autant que de
besoin pour qualifier le contexte général dans lequel les entreprises évoluent.
La conduite de l’analyse stratégique à travers le modèle PESTEL passe par trois phases
successives19 :
Nous pouvons présenter l’essentiel des facteurs de ce modèle dans le schéma suivant
19
J. OKANA, Politique d’entreprise, UCC, 2021, p28
25
Pour bien mener cette démarche, une fois les différents facteurs sont identifiés, une
classification est opérée de manière à permettre de ressortir les facteurs les plus significatifs sur
lesquels l’entreprise pourrait se concentrer en priorité. Le tableau suivant permet de classer les
facteurs environnementaux découlant de l’analyse PESTEL, selon les critères suivants.
Economique … … … …
Sociologique … … … …
Technologique … … … …
Environnemental … ... … …
Légal … … … …
Ce modèle suggère qu’il existe des raisons intrinsèques qui expliqueraient le fait que
certaines entreprises soient plus compétitives que d’autres entreprises du même secteur. Selon
Michael PORTER, l’origine nationale d’une entreprise joue un rôle important dans sa capacité
à dégager un avantage compétitif. La localisation de départ d’une entreprise peut procurer un
certain nombre de facteur fondamentaux à partir desquels les entreprises sont capables de
construire et de développer leur compétitivité. Ces facteurs peuvent être regroupés en quatre
principales catégories :
Stratégie des
entreprises, structure
de la concurrence
Conditions Demande
spécifiques locale
Stimulation mutuelle
entre industries
pousse les entreprises à adopter des comportements les permettant de répondre à cette exigence,
etc.
Héritier de l’économie industrielle, Michael Porter présente un schéma très utile dans
son ouvrage de 1980, intitulé Competitive Strategy. L’analyse des forces de la concurrence
consiste à déterminer les forces qui structurent la dynamique concurrentielle dans une industrie.
Le postulat de départ de Porter est que l’objectif fondamental d’une organisation est
d’obtenir un avantage concurrentiel, qui se mesure en dernier ressort par sa capacité à générer
du profit. Il découle de ce postulat que la notion de concurrence doit être élargie. Sera considéré
comme concurrent tout ce qui peut réduire la capacité d’une entreprise à générer du profit, et
20
G. GARIBALDI, Analyse Stratégique, 3ème éd., Edition d’organisations, 2008, p.142
28
plus largement tout qui peut empêcher une organisation de constituer un avantage concurrentiel
en limitant son degré de liberté stratégique. Porter a identifié cinq types d’intervenants qui ont
cette capacité. La détermination de la structure concurrentielle d’une industrie passe donc par
la mesure et la hiérarchisation de ces cinq forces de la concurrence, chacune pouvant capter une
partie du profit généré globalement et déstabiliser ainsi l’équilibre du secteur à son avantage.21
Les cinq forces concurrentielles sont donc :
- Concurrents du secteur ;
- Fournisseurs ;
- Clients ;
- Substituts ;
- Entrants potentiels.
Figure 3 : Les Cinq forces concurrentielles
21
J. OKANA, Politique d’entreprise, op. cit., p.35
29
- La structure des coûts de l'industrie : les secteurs avec des coûts fixes élevés
encouragent les concurrents à fabriquer à pleine capacité de production en
cassant les prix si nécessaire.
- La structure de la concurrence : Si grand nombre de concurrents de
petite/égale importance alors rivalité intense. S’il y a un leader clairement
identifié alors rivalité moindre.
- Degré de différentiation du produit : Les industries dans lesquelles les
produits sont des matières premières génèrent une rivalité intense.
- Coûts de remplacement : La rivalité est moindre quand les acheteurs ont des
coûts de permutation élevés.
- Objectifs stratégiques : Si les concurrents poursuivent des stratégies agressives
de croissance, alors la rivalité plus intense. Si les concurrents simplement
"traient" les bénéfices dans une industrie mûre, alors rivalité moindre.
- Barrières de sortie : Quand les barrières de sortie d’un secteur sont élevées, les
concurrents tendent à montrer une rivalité plus intense.
2. L’entrée de nouveaux concurrents (new entrants) : peut constituer une menace pour
une entreprise installée dans un secteur donné et donc susceptible d’intensifier la
concurrence, Plus leur nombre est important, plus l’intensité concurrentielle du secteur
sera forte. L’intensité de cette menace dépend de la présence de barrières à l’entrée; Est-
il facile ou difficile pour de nouveaux entrants de venir concurrencer le secteur ? Ces
barrières à l’entrée peuvent être liées à la dimension (effet d’expérience : effet
d’apprentissage combiné à l’effet d’échelle) ; elles peuvent être de nature financière
(exemple : le montant d’un investissement), commerciale (exemple : le référencement
en grande distribution), réglementaire (tarifaires, non tarifaires, dérégulation…). Elles
permettent de contrôler la diffusion et la banalisation des technologies.
3. Le pouvoir de négociation des clients (buyers) : Plus la part que représente un Client
dans le chiffre d’affaires d’une société est importante, plus le pouvoir de négociation du
client est grand, d’autant plus si de son côté le client dispose d’un nombre important de
fournisseurs alternatifs. La concentration des clients représente donc un critère
important de l’intensité concurrentielle du secteur, complétée par la possibilité de
diversifier son portefeuille de clients.
4. Le pouvoir de négociation des fournisseurs (suppliers) : De même, moins le chiffre
d’affaires effectué avec un Fournisseur est significatif pour ce dernier, plus le pouvoir
30
Les secteurs d’activité ont une courbe de vie, tout comme les produits. On décrit donc
la maturité du secteur en utilisant un outil de même nature que celui utilisé en marketing pour
définir le cycle de vie du produit. Ainsi on peut distinguer les quatre phases suivantes :
Décollage ou Emergence, Croissance ou Expansion, Maturité ou Saturation et Déclin.
31
Ventes
Profit
0
Temps
Le tableau suivant montre les éléments clés de définition de la maturité d’un secteur,
nous pouvons ainsi présenter les différentes caractéristiques des différentes phases d’un secteur
d’activité comme suit :
Phase Caractéristiques
Lancement - Niveau de croissance : Faible à Moyenne
- Faible concurrence
- Type de technologie : Emergente, Apparition de compétences nouvelles (Innovation)
Croissance - Niveau de croissance : Forte
- Intensité des investissements
- Forte intensification de la lutte concurrentielle
- Type de technologie : Stabilisé
Maturité - Niveau de croissance : Faible et Stable
- Stabilisation des facteurs d’évolution du jeu concurrentiel.
- Types des technologies : Stable à Mature
Déclin - Niveau de croissance : Nulle à Négative
- Structure concurrentielle faible, concentration et disparitions des certains concurrent
- Type de technologie : Mature à Obsolescence
De l’analyse de la maturité d’un secteur nous pouvons aisément observer que « plus le
secteur est jeune et plus l’imprévisibilité est grande et donc le risque ; à l’opposé les surprises
et donc les risques sont de plus en plus faibles au fur et à mesure que le secteur vieillit »22.
Il est important de remarquer que les phases de la courbe de vie ne constituent pas une
loi absolue mais réalité empirique, vérifiée statistiquement sur un grand nombre de cas.
D’importantes variations peuvent exister : la durée du cycle peut osciller entre quelques mois
et un siècle ou plus, parfois certaines phases seront absentes ou le cycle se répètera.23
22
G. GARIBALDI, Op. cit., p.155
23
J. OKANA, Principes généraux du management, Op. cit., p.65
24
J. OKANA, Politique d’entreprise, Op. cit., p.37
33
Toute capacité stratégique incorpore donc des ressources et des compétences. Les
ressources sont importantes, mais la manière dont l’organisation les utilise et les déploie l’est
tout autant. Il ne servirait à rien de détenir un équipement dernier cri sans savoir l’utiliser. La
valeur des ressources physiques, financières ou humaines ne dépend pas seulement de leur
existence, mais également des systèmes et des processus qui permettent de les employer, des
relations et des coopérations entre les individus, de leur adaptabilité, de leur capacité
d’innovation, des relations avec les liens et les fournisseurs, et de l’expérience accumulée.
1. Ressources humaines :
Qualité du personnel : formation, expertise, compétence
Relation du travail : formelles, informelles, institutionnelle
Condition de travail : dimensions physique, économique et sociale
Etc.
2. Ressources matérielles :
Equipements et technologie
Qualité et degré de modernité des matérielles
Capacité de production et potentiel inemployé
La productivité réelle des matérielles
Etc.
3. Ressources immatérielles : brevets, licence, savoir-faire, compétence clés,
etc.
4. Ressources financières : Diagnostic financier
Ressources stables
34
Capitaux d’autofinancement
Degré d’endettement
Etc.
Figure 5 : Le VRIN
V Valeur : les capacités génèrent-elles une valeur pour les clients ?
Solidité de
R Rareté : les capacités ne sont-elles détenus que par un nombre limité de concurrents ? l’avantage
concurrentiel
I Inimitabilité : les concurrents éprouvent-ils des difficultés à imiter les capacités ? obtenu
N Non-substituabilité : le risque de substitution est-il faible ?
- Une capacité stratégique doit permettre d’obtenir ce que les clients valorisent
en termes de produits ou services, à un coût qui permet à l’entreprise de dégager
une marge. Ainsi la capacité stratégique peut procurer un avantage
concurrentiel unique si elle génère une valeur supérieure à ses coûts.
- Une capacité rare n’est possédée que par quelques entreprises, la rareté d’une
capacité peu constituer un avantage concurrentiel lorsqu’elle est durable et
répond aux besoins des clients.
- Pour s’assurer de la durabilité d’une capacité stratégique ; il faut que cette
dernière soit inimitable par les concurrents, c’est-à-dire difficile à obtenir ou à
copier. Ce caractère d’inimitabilité peut provenir de quatre sources sa
35
En outre la capacité stratégique d’une entreprise est toujours une question relative en
matière de stratégie, il n’existe pas de réussite absolue ni définitive, puisque le succès se mesure
toujours par rapport aux performances des autres. Ainsi pour évaluer la capacité stratégique de
l’entreprise on peut recourir à la technique d’étalonnage ou le benchmarking, qui est un outil
d’analyse stratégique qui consiste à comparer la capacité stratégique de l’entreprise (ressources
et compétences) avec les différentes pratiques de référence, interne ou externe à son industrie.
Dans cette démarche nous pouvons distinguer quatre niveaux d’étalonnage : Historique,
Interne, avec les concurrents et avec les meilleurs pratiques.
25
Strategor, Op. cit., p.109
36
L’analyse fonctionnelle permet de repérer les points forts et les points faibles de
l’entreprise, c’est-à-dire les activités pour lesquelles elle dispose d’un avantage en termes de
coût, de valeur et/ou de marge par rapport à ses concurrents.
Pour réaliser cette analyse on recourt à la méthode de chaîne de valeur proposé par
Michael Porter en 1986. Une chaîne de valeur décrit les différentes étapes et opérations réalisées
par une firme dans une industrie donnée.26 On peut ainsi parler d’une succession des fonctions
permettant à l’entreprise de créer de la valeur pour le client.
26
Strategor, Op. cit., p.81
37
Trois étapes sont nécessaires pour réaliser un diagnostic stratégique via la chaîne de
valeur27 :
Il s’agit ici d’une part de décomposer les différentes activités et phases du processus
de production et, d’autre part, d’identifier les liaisons existant entre elles. Le modèle de Porter
pris comme référence, donne une représentation de la chaîne de valeur qui permet de faire une
distinction entre les activités de base et les fonctions support.
27
J. OKANA, Politique d’entreprise, Op. cit., p.41
38
Par ailleurs, bien que non repris dans le modèle de Porter, pour bien appréhender la
valeur perçu par le client, il est important d’étendre la chaîne de valeur interne de l’entreprise
en intégrant dans l’analyse les activités en amont et en aval de la chaîne de valeur interne de
l’entreprise, il s’agit là de la filière.
Quelle que soit l’entreprise considérée, sa propre chaîne de valeur s’insère dans un
système de chaînes de valeur beaucoup plus large car prenant en compte les industries qui se
trouvent non seulement en son aval mais aussi en son amont. S’interroger sur la filière et son
architecture amène à prendre en compte tous les stades de transformation qui la composent et
qui concourent à créer et capter une partie de la valeur perçue par le consommateur final. Cela
amène également à examiner le juste niveau de maîtrise qu’il convient d’avoir au sein de cette
chaîne de business.28
Dans son nom même, le concept de chaîne de valeur fait référence à des notions
comptables et plus particulièrement à la notion de valeur ajoutée. La valeur ajoutée est le
supplément de valeur créé par l’entreprise, dans sa propre activité, par rapport aux biens et aux
services en provenance des tiers qu’elle utilise. La valeur est donc une dimension essentielle de
l’outil élaboré par Porter. Et l’on cherchera toujours à estimer dans quelle mesure et dans quelle
proportion un maillon concourt spécifiquement à la valeur créée et perçue par le client (chaîne
de valeur) ou le consommateur final. Mais parler de valeur sans tenir compte des coûts serait
économiquement dangereux. Identifier, de la même façon, à quelle proportion un maillon
représente du coût total de l’offre est aussi essentiel.
Dans cette deuxième étape il s’agira d’identifier précisément les zones et les
mécanismes de création de valeur interne. Cette création de valeur peut résulter aussi bien des
activités que des liens existantes entre-elles. Il faudra donc analyser chaque fonction de manière
isolée et évaluer leur contribution respective à la création de valeur. Nous pouvons ainsi recourir
aux études marketing détaillées afin d’identifier les composantes de l’offre les plus valorisées
28
Strategor, Op. cit., p.83
40
par le client final et repérer par la suite les activités internes qui en sont à l’origine.29 Ce qui
permet d’identifier les activités pour lesquelles le différentiel valeur-coût est le plus élevé et la
plus favorable pour l’entreprise. Apres les fonctions, l’analyse va caractériser la nature et
l’importance des liens et des interactions existant entre les fonctions de la chaîne de valeur. La
confrontation de valeur et des coûts de chaque fonction permet d’aboutir à un résultat que nous
pouvons représenter par le tableau suivant.
Une fois les zones créatrices de valeur sont identifiées, il convient maintenant
d’optimiser ces zones afin de créer plus de valeur possible et de minimiser les coûts associés à
cette création de valeur. D’une manière plus opérationnelle, l’optimisation va consister
premièrement à investir et à allouer en priorité des ressources (humaines, financières,
technologiques,…) sur les fonctions, et les liens les plus créateurs de valeur et à acquérir les
activités manquantes. Pour ce qui s’agit des liens inter fonctionnels, ces investissements
peuvent porter sur les systèmes de management, les systèmes d’informations, les procédures et
les procès internes. Enfin, l’entreprise choisira d’externaliser les fonctions peu créatrices de
valeur et qui génèrent des coûts importants
Forces et faiblesses, une fois clairement comprises, il sera alors nécessaire de comparer
les points forts et les points faibles de l’Entreprise avec les menaces et les opportunités,
présentes aujourd’hui ou à terme, dans l’environnement. Pour réaliser cette comparaison, nous
29
J. OKANA, Politique d’entreprise, Op. cit., p.44
41
Pour faire la combinaison des facteurs internes et externes, on retient les éléments
paraissant les plus importants et on les combine les uns avec les autres, de préférence deux par
deux, afin d’imaginer les attitudes possibles pour l’Entreprise dans chaque situation.
Pour ce qui s’agit des facteurs externes, on doit prendre en considération le fait qu’une
menace ou une opportunité possède deux éléments de qualification : - Premièrement un niveau
important « d’effet », c’est-à-dire un niveau de gravité pour une menace ou un niveau
d’exploitation pour une opportunité ; - deuxièmement une probabilité réelle que l’événement
se réalise ; bien entendu, cette probabilité est favorable dans le cas d’une opportunité (on peut
parler de niveau de « chance ») et défavorable dans le cas d’une menace (on peut, cette fois,
parler de niveau de « risque »). À partir de ces deux éléments, il est relativement facile de
qualifier l’événement (menace ou opportunité), en utilisant une échelle de notation. Ce qui
permet de retenir les menaces et les opportunités qui soient réellement significatives, c’est-à-
dire les menaces et opportunités qui se révèlent avoir en même temps un effet notable et une
probabilité de se réaliser.30
30
G. GARIBALDI, Op. cit., pp. 194-195
42
F f
F1 f1
F2 f2
F3 f3
… …
FM
M fM
F1+F3→M1
M1 Danger
F1+F2→M4
M2 Défavorable
M3 ?
M3 etc.
SPECULATIF
… mini-MAX
MAXI-MAXI
O FO FO
O1 IDEAL DILEMME
O2 MAXIMUM CONTRASTE
O3 etc. etc.
… MAXI-MAXI mini-MAX
Diagnostic interne
Forces Faiblesses
Stratégies offensives
Option stratégique Fo/O Option stratégique Fa/O
Stratégies défensives
Option stratégique Fo/M Option stratégique Fa/M
Conclusion partielle
Trois dimensions ont été essentielles à même de nous permettre de bien comprendre
ce concept d’entreprise. Elle est ici appréhendée comme une organisation économique, sociale
et un système ouvert. Elle produit des biens ou des services, en combinant des facteurs de
production parmi lesquels nous retrouvons les ressources humaines. Un ensemble de liens
sociaux étant établis entre les hommes, il s’avère donc important de considérer cet aspect social
de l’entreprise car il est essentiel pour la gestion de l’entreprise et l’atteinte de ses objectifs.
amenée à s’adapter à son environnement. Cet environnement d’entreprise divisée d’une part en
environnement interne et externe, et d’autres part en micro et macro environnement.
Afin d’agir sur cet environnement ou de bien s’adapter face à l’évolution dès son
environnement, il est nécessaire pour l’entreprise d’établir un diagnostic de celui-ci. Ce
diagnostic appelé également analyse stratégique consiste pour l’entreprise à analyser d’une part
son environnement interne, afin de relever les forces et faiblesses de l’entreprise, et d’autre part
son environnement externe, afin de relever les opportunités et menaces de l’environnement.
Pour réaliser cette analyse, nombreux outils ont été élaborés par des chercheurs et des
cabinets spécialisés ; quelques outils ont fait l’objet d’une description dans ce chapitre,
notamment :
Un dernier outil est utilisé afin d’établir une synthèse des deux diagnostics, interne et
externe, il s’agit de la matrice FFOM qui permet, comme son nom l’indique, de croiser les
forces et faiblesses de l’entreprise, aux opportunités et menaces de son environnement. C’est
en référence à cette synthèse que l’entreprise peut se constituer une base pour la formulation
45
des actions nécessaires à mettre en œuvre pour adapter les objectifs de l’entreprise face aux
évolutions de l’environnement.
46
II ère PARTIE
CADRE PRATIQUE
47
§1. Définition
Sur le plan étymologique le concept stratégie pourrait avoir plusieurs origines. Dans
son origine grecque, le mot stratégie vient de « stratos » qui signifie armée, et « agien » qui
signifie conduire. Du point de vu italien, le mot proviendrait de « strategia » qui signifie l’art
de coordonner l’action de l’ensemble des forces politique, militaire, économique, financière et
morale pour conduire une guerre, gérer une crise ou préserver la paix.31 Ces deux origines nous
montrent que le mot stratégie fut d’abord défini classiquement par rapport aux activités
militaires. Nous pouvons citer deux ouvrages qui abordent ce concept de stratégie dans le
domaine militaire, il s’agit de « l’art de la guerre » de l’auteur chinois Sun Tzu écrit en 450 av.
J-C et « De la guerre » du général prussien Carl Von Clausewitz.
C’est par extension que ce concept stratégie sera appliqué aux activités commerciales
et économiques. Appliquer le concept de stratégie dans le domaine des entreprises revient à
considérer les entreprises en situation de guerre avec l’ensemble des éléments qui l’entoure, et
plus particulièrement la concurrence. Chaque entreprise dispose d’une troupe, des armes et
autres matériels (Capacités stratégiques : ressources et compétences) qu’elle emploie afin de
neutraliser ses adversaires (concurrents), dans le but de remporter la guerre (visions, objectifs
à long terme), en passant par de multiples batailles (situation conjoncturelle).
Dans le domaine de management un très grand nombre de penseurs ont travaillé et ont
fourni moult définitions du mot stratégie toutes aussi différentes les unes des autres. Ces
définitions présentent toutes des notions communes comme : Allocation de ressources, atteintes
des buts et objectifs ; mais elles présentent aussi des contributions nouvelles à travers des
concepts comme : Domaine d’activités stratégiques, avantage concurrentiel, l’environnement.
Nous allons présenter quelques-unes de ces définitions.
31
A. OMANGA, Marketing stratégique international, Cours inédit, M2 EFGE, UCC, 2021
48
permettront d’atteindre ces buts et objectifs32. En d’autres termes, c’est mettre en place les
actions et allouer les ressources nécessaires pour atteindre les dites finalités.
Pour Tregoe et Zimmerman, la stratégie est ce qu’elle (l’entreprise) veut être afin de
survivre et comment elle va faire pour y arriver33.
Pour Fréderic LEROY « la stratégie c’est le fait de fixer des objectifs en fonctions de
l’environnement (Contraintes extérieures) et des ressources disponibles dans l’organisation,
puis à allouer ces ressources afin d’obtenir un avantage concurrentiel durable et défendable ».34
Cette définition rejoint celle de Michael PORTER selon laquelle « la stratégie c’est l’art de
construire des avantages concurrentiels durablement défendables ».35 Ces deux définitions
mettent l’accent sur la notion de l’avantage concurrentiel, de ce fait la stratégie de l’entreprise
doit le permettre de construire, garder et développer un avantage concurrentiel lui permettant
de faire face à la concurrence.
D’autres auteurs ont défini la stratégie comme l’ensemble des actions spécifiques
devant permettre à atteindre les buts et objectifs en s’inscrivant dans le cadre de missions et de
la politique générale de l’entreprise.36 Aussi, Gérard GARIBALDI se contente de définir la
stratégie en termes de fonction, en ce termes : « la “fonction stratégie”, pour une Entreprise, a
pour objet la gestion intelligente des rapports de force entre elle et ses concurrents dans le but
de satisfaire aux finalités fixées par les Dirigeants ».37
Toutes ces définitions présentent des notions similaires, notamment la fixation des
objectifs, l’allocation des ressources, l’environnement. Nous pouvons ainsi définir la stratégie
en ces termes : « La stratégie est l’ensemble des orientations poursuivit par une entreprise dans
l’allocation de ses ressources, lui permettant de faire face à son environnement au regard de la
vision et l’ambition définies dans la politique générale de l’entreprise édicté par le conseil
d’administration ». Pour toute entreprise qui poursuit un but lucratif, cette stratégie a pour
objectif première d’assurer sa rentabilité, son développement et sa pérennité.
32
A. CHANDLER, Stratégies et structures de l’entreprise, Editions d’organisations, Paris, 1989
33
B. TREGROE – J. ZIMMERMAN, Top management strategy. Simon & Schuster, 1980, p.17
34
F. LEROY, Les stratégies de de l’entreprise, 2ème éd., Dunod, 2004
35
M. PORTER, Choix stratégiques et concurrence : techniques d’analyse des secteurs et de la concurrence
dans l’industrie, Economica, 1999
36
A. DESREUMAUX – X. LECOCQ, ea, Stratégie, Dalloz, 1993
37
G. GARIBALDI, Op. cit., p38
49
Dans une démarche fonctionnelle nous pouvons identifier quatre niveaux spécifiques
de prise de décision dans l’Entreprise que l’on peut qualifier ainsi :
- Le niveau politique,
- Le niveau stratégique,
- Le niveau tactique,
- Le niveau opérationnel.
Le niveau politique est formé des représentants des actionnaires c’est-à-dire des
membres du conseil d’administration ou du conseil de surveillance y compris, bien sûr, les
membres de ce conseil qui exerceraient des responsabilités de gestion dans l’Entreprise tel que
le PDG et le DG (s’il est membre du conseil). C’est à ce niveau que sont prises, principalement,
les décisions concernant :
L’identité de l’Entreprise,
La vision de l’Entreprise,
La définition du projet de l’Entreprise (L’ambition économique, l’ambition
sociale et des valeurs de référence voulues par les actionnaires ou leurs
représentants : assurer la pérennité de l’Entreprise sous certaines conditions)
Le ou les métiers exercés par l’Entreprise,
La certitude du flux de capitaux (quelle que soit leur provenance), afin d’être
sûr de pouvoir mobiliser les fonds nécessaires pour satisfaire aux ambitions des
actionnaires.
La politique générale s'impose à la stratégie en lui fixant des buts à atteindre, des
contraintes et des critères à respecter et est souvent formalisée dans les chartes d’entreprises.
Ces choix doivent, bien entendu, s’intégrer dans le projet de l’Entreprise, tel que défini
par le niveau politique, mais aussi tenir compte de l’environnement de l’entreprise. En effet
l’Entreprise ne peut espérer réussir à atteindre les objectifs qu’elle s’est fixés qu’à la condition
d’être en mesure de lutter efficacement contre les influences de son environnement.
Le niveau opérationnel formé par l’ensemble des personnels n’appartenant pas aux
trois premiers niveaux, c’est-à-dire essentiellement les employés et les ouvriers et leur
encadrement direct. C’est sont des décisions de routine qui sont prises, c’est-à-dire celles prises
chaque jour par les responsables opérationnels (chef d’équipes, de service, etc.).
Il est à remarquer qu’il faut qu’il y ait une cohérence entre les différents niveaux, car
dans la plupart des entreprises, le succès des stratégies dépend très largement des
comportements adoptés et des décisions prises à chaque niveau inférieur. Chacun de ces
niveaux, pour jouer parfaitement son rôle quant à la stratégie, a besoin que le niveau qui lui est
directement supérieur joue vraiment le sien, notamment en ce qui concerne tout ce qui touche
à la transmission des informations. La cohérence de pensée et de volonté, c’est-à-dire en réalité
la synchronisation stratégique, ne peut être assurée qu’à ce prix.38 De ce fait la cohérence entre
les différents niveaux constitue un point déterminant.
38
G. GRABALDI, Op. cit., p.44
39
J. OKANA, Politique d’entreprise, Op. cit., pp.15-17
52
La première étape est celle de l’analyse stratégique par laquelle l’entreprise analyse
son environnement externe et interne, afin d’appréhender les opportunités et menaces de son
environnement externe, ensuite appréhender ses forces et faiblesses internes. Cette étape revient
donc pour l’entreprise (par ses dirigeants) à répondre aux questions suivantes : Où sommes-
nous ? Quelles sont les opportunités et menaces dans l’environnement ? Quelles sont les forces
et faiblesses de l’organisation ? Quelle est la mission fondamentale de l’organisation ? Cette
analyse s’effectue dans un angle statique pour le diagnostic immédiat de l’entreprise, mais
également dans un angle dynamique pour essayer de prévoir les évolutions futures. La stratégie
s’inscrit dans une logique de rapports de forces et donc de domination. De ce fait, il devient
essentiel de déterminer, clairement, les facteurs qui influencent ces rapports, de les analyser
avec soin pour déterminer les possibilités d’installer l’entreprise dans une situation telle qu’elle
puisse profiter au mieux de ses forces.
La deuxième étape est celle du choix stratégique, elle inclut la compréhension des
critères susceptibles de déterminer la stratégie future, la proposition et l’évaluation de
différentes options stratégiques, et enfin, la sélection des actions à entreprendre.42 Il s’agit
d’analyser les différents choix possibles permettant à l’entreprise d’atteindre ses objectifs et de
40
J. OKANA, Principes de management, Op. cit., p.51
41
ibidem
42
J. OKANA, Politique d’entreprise, Op. cit., p.17
53
La première étape étant déjà abordée dans les points précédents, nous allons dans les
points suivants présenter les deux dernières étapes du processus de la stratégie.
La prise de décision stratégique dans une approche rationnelle, peut être décomposée
en trois phases : la recherche des choix possibles, l’évaluation et le choix définitif.
Choix définitif
Les décisions stratégiques qui sont formulées à la suite du diagnostic stratégique sont
prises à deux niveaux43 :
1. Le premier niveau concerne les décisions qui ont pour objet le développement d’un
avantage concurrentiel au sein d’un domaine d’activité spécifique. Elles forment
des stratégies appelées indifféremment stratégies business, stratégie d’activité ou
stratégie de positionnement concurrentiel.
2. Le second niveau consiste à définir des stratégies visant à optimiser la gestion et
le développement du portefeuille d’activités de l’entreprise et à fixer des axes de
43
F. BRULHART – C. FAVOREU, Management d’entreprise, Dunod, Paris, 2016, p.89
54
Dans la limite de notre sujet de recherche, nous allons nous limiter ici à la présentation
des stratégies concurrentielles, les stratégies de croissances ne seront pas abordées dans la
présente analyse.
AVANTAGE STRATÉGIQUE
La situation de la firme
Le caractère unique du produit est
se caractérise par des coûts
perçu par la clientèle
faibles
DOMINANTION GLOBALE
Un DAS tout entier DIFFERENCIATION
CIBLE STRATEGIQUE
Un segment de
FOCALISATION OU CONCENTRATION
marché spécifique
44
M. PORTER, Op. cit., pp. 38-39
55
- Les économies d’échelles : Lorsque le coût unitaire d’un produit diminue suite
à une augmentation des quantités produites (étalement des frais fixes sur un
plus grand nombre de produit).
- Les effets d’apprentissage : lorsqu’au fur et à mesure que les quantités
cumulées d’un bien augmentent dans le temps, le savoir-faire commercial ou
technique s’accroît. Ainsi, l’accumulation de l’expérience permet d’apporter
des modifications aux produits afin d’éliminer les éléments superflus qui
pèserait sur les coûts.
- Les investissements dans l’innovation et la substitution capital/travail46 qui
permettent une diminution des prix : l’innovation permettra de simplifier le
processus de production qui peut favoriser la diminution des coûts.
- L’optimisation du fonctionnement interne de l’organisation47 : en
optimisant sa chaîne de valeurs
- Le pouvoir de marché : l’entreprise doit user de son pouvoir de négociation
auprès des divers partenaires impliquées dans le processus de production et
tenter d’obtenir des conditions qui lui sont favorables.
45
M. PORTER, Avantage concurrentiel, Comment devancer ses concurrents et maintenir son avance, Dunod,
2003, pp. 25-26
46
Strategor, Op. cit., p.131
47
J. OKANA, Politique d’entreprise, Op. cit., p.57
56
des crises économiques, l’offre de l’entreprise s’adresse à des segments de clients à faible
revenu.
Les stratégies de domination par les coûts sont des stratégies de volume. L'entreprise
recherchera la part de marché la plus importante. Cette stratégie est adaptée aux domaines
d'activité où la différenciation des produits est faible et où la concurrence se fait sur les prix.
Les risques sont de plusieurs ordres, cette stratégie ne pourrait produire d’effet escompté
lorsque :
- Les concurrents désireux de garder leur part de marché, se lancent dans une
guerre des prix, ce qui aura comme conséquence une perte de la rentabilité de
l’ensemble du secteur ;
- La croissance du marché est faible et lente, il pourrait s’observer une saturation
du marché du fait du volume de l’offre, ce qui pourrait entrainer une diminution
des prix, du fait de la loi de l’offre et de la demande ;
- Les concurrents acquièrent une technologie les permettant de réduire les coûts :
la baisse des coûts sur une activité peut tenir pour une large part à l’utilisation
de matériels et d’équipements plus performants, disponibles sur le marché.
- Apparition de produits de substitution ;
- L’entreprise se focalise plus sur la baisse des coûts, ce qui le conduit à passer
à côté des évolutions du marché et, notamment, à perdre de vue les
transformations qualitatives de la demande et des attentes des consommateurs.
Cette stratégie consiste pour l’entreprise à offrir une valeur perçue comme unique par
les clients. L’entreprise propose une offre qui est à la fois différente, spécifique et jugée
supérieure par les clients par rapport aux offres concurrentes. Elle permet d’échapper à la
comparaison en termes de prix en rendant le produit difficilement comparable en termes de
valeur. Le caractère unique du produit crée un surplus de valeur et de satisfaction chez les
consommateurs, ce qui pousse les clients à accepter un surprix. Dans ce cas on parle d’une
stratégie de différenciation par le haut, appelée également stratégie de sophistication.
Par ailleurs, à la différence d’augmenter la valeur perçue par le client, l’entreprise peut
être amenée à réduire cette valeur, en écartant du produit certains caractéristiques et composants
57
jugés non nécessaires par les clients. Il s’en suivra alors une réduction des coûts et une réduction
des prix pour que l’offre reste attractive. Ce deuxième type de différenciation est qualifiée
d’épuration, ou stratégie lowcost ou encore stratégie de différenciation par le bas. Cette
stratégie est très attractive pour des économies ayant des faibles revenus et donc des moins
d’exigences surtout en matière de qualité.
Bien que cette stratégie ait l’avantage de permettre à l’entreprise d’éviter une
concurrence frontale basée uniquement sur le prix, cette stratégie de différenciation comporte
pas mal de risques, notamment :
La taille du marché cible : Elle doit être suffisamment réduite afin de ne pas
attirer les grandes entreprises pour lesquelles le volume de vente ne pourrait
leur permettre de couvrir leurs charges de structure. Par conséquent,
l’entreprise qui pratique cette stratégie de focalisation se doit de garder une
taille modeste, et donc éviter d’importantes charges de structure ;
Les capacités stratégiques spécifiques : Les ressources et compétences
permettant de répondre aux besoins de la cible doivent être très appropriés et
très spécifiques ;
L’identification d’un besoin bien précis, ne pouvant pas permettre une sur-
segmentation de la cible.
48
M. PORTER, Op. cit., pp.27-29
49
G. GARIBALDI, Op. cit., p.54
59
On pourrait se poser la question de savoir s’il est possible pour une entreprise de suivre
deux stratégies concurrentielles dans un même domaine d’activité stratégique. La réponse est
négative, au risque de faire face à ce qu’on appelle « l’enlisement dans la voie moyenne ». Une
même entreprise ne peut pas dans un même domaine d’activité stratégique suivre à la fois une
stratégie de domination par les coûts et une stratégie de différenciation (carrefour de stratégies
génériques)
RENTABILITE
Production de
masse
Source : J.P. HALFER – M. KALIKA, ea, Management stratégique, 9ème éd., Vuiberbt, 2013
Gerry Johnson, Richard Whitttington et les autres auteurs, ont identifié trois critères
d’évaluation, à savoir : la pertinence, l’acceptabilité et la faisabilité.
50
G. GARIBALDI, Op. cit., p.72
61
a) La pertinence
Par ailleurs, les facteurs environnementaux étant évolutifs et non statiques, il est de ce
fait important de vérifier la pertinence des options stratégiques vis-à-vis des différents
scenarios. Les scenarios permettent de vérifier l’adéquation d’une stratégie avec une série de
situations futures probables. Les options pertinentes sont alors celles qui restent cohérentes avec
plusieurs scenarios, donc à priori celles qui sont les plus ouvertes et les moins couteuses. Cette
approche est d’autant utile lorsque le degré d’incertitude est élevé.
avec les différentes phases du cycle de vie dans laquelle se situent les activités de l’entreprise.
À travers la matrice ADL, le cabinet d’Arthur Do Little a proposé les différentes options
possibles adaptées à la fois au cycle de vie du secteur et à la position concurrentielle de
l’entreprise.
b) L’acceptabilité
En effet, comme nous l’avons déjà soulevé dans les points précédents, aucune des
options stratégiques n’est exemptée de risques, afin d’évaluer l’acceptabilité d’une options
stratégiques, il convient de déterminer son niveau de risque. Le risque désigne ici la probabilité
et les conséquences de l’échec d’une stratégie. De ce fait, il est très nécessaire de réaliser un
bon diagnostic stratégique et qui soit assez exhaustif.
Comme pour les risques, chaque stratégie présente également des avantages. Les gains
représentent les bénéfices que les parties prenantes peuvent espérer retirer d’une stratégie. Dans
les entreprises, les parties prenantes concernées sont les actionnaires et les préteurs. Dans le
secteur public, il s’agit des financeurs, généralement les autorités de tutelle. L’évaluation des
gains financiers et non financiers générés par une option stratégique constitue une mesure
essentielle de son acceptabilité, du moins du point de vue de certaines parties prenantes. Cette
évaluation aura plus de précisons lors de la phase du déploiement stratégique, lorsqu’il s’agira
de traduire la stratégie en actions concrètes.
Pour ce qui s’agit des réactions des parties prenantes, dans le but d’analyser le contexte
politique et d’établir des priorités, il est possible d’élaborer une cartographie des parties
prenantes. Ce type de cartographie peut-être utiliser pour anticiper les réactions des parties
prenantes à une nouvelle stratégie, et donc pour déterminer son acceptabilité.
c) La faisabilité
Ces questions s’appliquent à tous types des ressources impliquées par une stratégie,
notamment les ressources financières, humaines et matérielles, mais aussi l’intégration des
différentes autres ressources.
Pour les ressources financières, on peut réaliser des prévisions de flux de financement
nécessaire pour l’application d’une option stratégique. Il revient alors de se demander si
l’entreprise dispose ou peut mobiliser les fonds nécessaires pour la mise en œuvre d’une telle
stratégie.
Pour ce qui s’agit des ressources humaines, la question est celle de savoir si l’entreprise
dispose de compétences nécessaires pour la mise en œuvre d’une telle stratégie, dans le cas
contraire peut-elle en obtenir ? La problématique de ressources humaines renvoie tant à la
qualité qu’à la quantité de la main d’œuvre. La qualité de ressources humaines fait ici allusion
à leurs compétences : savoir-faire, connaissance et expérience.
S’agissant des ressources matérielles, cela suit la même logique que les ressources
précédentes. Cela intéresse non seulement les machines et équipements, mais également la
technologie, la licence et bien d’autres.
Par ailleurs, au-delà de ces trois catégories de ressources, le succès d’une stratégie
dépend généralement de la combinaison et la gestion de nombreux types de ressources, non
seulement les individus, la finance et les ressources physiques, mais aussi l’information, la
technologie et les ressources apportées par les fournisseurs et les partenaires. Il peut y arriver,
mais cela reste rare, qu’une stratégie s’appuie uniquement sur les ressources existantes. Le plus
souvent des ressources additionnelles seront requises. La faisabilité de la stratégie doit alors
être considérée en fonction de la possibilité d’obtenir et d’intégrer ces différentes ressources, à
la fois internes et externes.
d) La compatibilité
e) La synergie
En rapport avec les critères énoncés précédemment, nous pouvons établir le tableau
suivant, dans lequel il est donné une pondération à chaque élément d’un critère d’évaluation
pour chaque alternative stratégique. Notons que ce tableau n’est pas une représentation absolue
ou un modèle standard pour toute évaluation des options stratégiques. Il revient dès lors aux
managers de l’adapter et même les critères au contexte et à la situation de l’entreprise. Aussi
les pondérations qui sont données dans ce tableau sont des caractères plus subjectifs
qu’objectifs, elles dépendent largement de chaque manager.
65
Apres l’évaluation des options stratégiques à travers les différents critères, afin de
lever l’option d’un choix définitif, il advient de constater que les résultats obtenus dans chaque
critère peuvent parfois diverger. Il revient alors aux managers (décideurs finaux) de savoir
arbitrer entre les conclusions divergentes. Cela renvoie à la capacité de jugement des managers.
Les méthodes d’évaluation leur permettent de mieux comprendre les enjeux de cet arbitrage,
mais elles ne les soustraient pas à leur rôle de décideurs. Aussi les managers doivent veiller au
maintien d’une cohérence entre la stratégie concurrentielle, la stratégie corporate et les
modalités de croissance. Elles doivent être très cohérentes les unes avec les autres, elles doivent
être considérées comme un tout et partager la même logique.
Définir une stratégie est une chose, mais mobiliser les énergies pour mettre en œuvre
cette stratégie en est une autre. Or une stratégie ne prend véritablement son sens lorsqu’elle est
mise en œuvre et traduite en actions opérationnelles. Le déploiement stratégique consiste à
traduire la stratégie retenue en actions concrètes, c’est-à-dire la mise en œuvre opérationnelle
de la stratégie. Cela revient donc à réaliser une planification d’allocation des différentes
ressources permettant à l’entreprise d’atteindre les objectifs et la vision fixés.
66
L’élaboration des plans opérationnels ou fonctionnels, lesquels sont des tactiques qui
s’appliquent aux différentes divisions et fonction de l’entreprise, en répondant en un
ensemble d’interrogation que cette phase soulevé, que faire en premier lieu ? Quand le
faire ? Qui va le faire ? Il s’agit donc ici de déterminer les actions, les ressources, les
responsabilités et le temps. Généralement les plans opérationnels sont élaborés pour un
horizon de moyen terme, et seront ensuite détailler en des plans annuels. Dans certains
cas, surtout pour les stratégies de diversification, on peut être amené à élaborer un
business plan complet.
Les budgets : il s’agit ici de traduire les plans et décisions en termes financiers pour
chacune des divisions et fonctions, ou pour chacune des actions impliquées, on établit
des engagements financiers pour une période donnée. Le budget est généralement
annuel.
Au-delà de ces phases, le déploiement d’une stratégie est un processus continue qui
doit intégrer un système de pilotage du changement, un système d’information efficace et un
mécanisme de contrôle pour s’assurer de la mise en œuvre effective de la stratégie, déterminer
si la performance des activités concorde avec le plan et corriger les écarts possibles.
51
J.P. HALFER – M. KALIKA, Op. cit., pp.38-43
67
Il faut cependant noter qu’aucun de ces prismes ne peut donner une vision complète
de la situation stratégique d’une entreprise. Interpréter la situation stratégique d’une entreprise
au travers d’un seul de ces prismes conduirait à en négliger une partie importante. Pour
comprendre un phénomène aussi riche et complexe que la stratégie d’une entreprise, il est
indispensable de les observer successivement au travers de ces quatre prismes. Il convient donc
de considérer une situation au travers de l’un des prismes, puis au travers de trois autres.
§1. Définition
52
AMINA SADIK - M. SIDI MOHAMED RIGAR, Performance Financière et Performance Environnementale:
(Cas des entreprises cotées certifiées ISO14001), Revue du Contrôle de la Comptabilité et de l’Audit, Numéro 6
: Septembre 2018, pp.441
53
Ibidem
54
A. KHEMKHEM, « La dynamique de contrôle de gestion ». Dunod, 1976. P.65.
69
a. Performance financière
b. Performance économique
55
T. Miloud, Introductions en bourse, la structure de propriété et la création de valeurs, Presses Universitaires
de Louvain, 2003, p. 202.
70
- identiques, mais dont l'une — dite être « moins disant » — bénéficie d'un prix de vente
et/ou d'un coût de revient plus attractif ;
- différentes, en ce que l'une présente pour un prix et/ou un coût analogue(s) des
caractéristiques supérieures ou plus adaptées au besoin du consommateur.
À strictement parler, l'entreprise qui se place avec succès sur des créneaux particuliers
(qualité élevée, innovation, etc.) non travaillés par ses concurrentes ou se trouve être la seule (à
un moment donné) à produire un type particulier de biens ou de services (situation de quasi-
monopole) ne fait pas preuve de compétitivité : elle pratique une stratégie qui lui permet de
s'isoler momentanément ou durablement de la concurrence. Cela dit à l'échelle d'une entreprise,
d'un territoire, ou d'un bassin d'emploi, toute spécialisation stratégique ou productive peut être
source de forte compétitivité dès lors qu'elle procure directement ou indirectement des
synergies, rendements d'échelle et externalités positives qui renforcent la situation
concurrentielle. Les effets bénéfiques pouvant rejaillir et être utilisés au gré des dirigeants pour
conforter la position spécifique de l'organisation (sur un marché, sur un domaine d'activité
stratégique…) ou au niveau de sa stratégie globale (les segments porteurs ou « vaches à lait »
servant à financer ceux en voie d'émergence ou de consolidation).
c. Performance sociétale
l’Efficacité et l’Efficience. Ces trois critères forment ce qu’on appelle « le triangle de contrôle
de gestion »56 ou « triangle de performance ».
Ce triangle est considéré comme un trait d’union entre la gouvernance (tout ce qui
édicte les principes, les règles du bon fonctionnement de l’entreprise, notamment le conseil
d’administration et la direction générale) et la gestion (Ensemble de toutes les unités
opérationnelles qui doivent appliquer les décisions du conseil d’administration et de la direction
générale, notamment la direction du budget, de la trésorerie, DRH…). Il met en relation les
objectifs, les moyens alloués et les résultats constatés.
Source : https://www.researchgate.net/figure/Performance-triangle-Hubault-1998-La-pertinence-
symbolise-ici-la-coherence-entre-les_fig1_298897623
Le critère de pertinence exige que l’on analyse a priori les moyens dont on dispose et
la façon dont ceux-ci seront utilisés pour atteindre les objectifs fixés ; ce qui implique la prise
en compte de l’adéquation entre objectifs et moyens.
56
E. MAKUNZA, Contrôle de gestion et Audit, M2 FED, UCC, cours inédit, 2021
57
A. CORHAY - M. MBANGALA, Op. cit., p.11
72
Dans le cas d’une entreprise privée, les deux notions d’efficacité et d’efficience se
confondent. Il faut et il suffit que l’entreprise soit efficiente pour qu’elle soit efficace, puisque
son objectif premier même est de maximiser le profit (rapport coût-valeur). Cependant à la
distinction entre efficacité et efficience est, au contraire d’une grande portée dans le cas d’une
entreprise publique. L’entreprise publique a, en effet pour première finalité d’atteindre les
objectifs qui lui sont fixées par les pouvoirs publics : son efficacité devra être appréciée d’abord
par rapport à ses objectifs58.
Dans tous les cas, ces deux critères (efficacité et efficience) sont essentiels pour la
réalisation de l’objectif de la production. On peut être efficace, sans être efficient. Les deux
concepts sont donc utiles pour appréhender la performance. Ainsi donc, si une entreprise
efficace et aussi efficiente, cela signifie qu’elle atteint son objectif et opère au coût le plus bas.
Autant il existe de types de performance, autant nous trouvons des indicateurs pour
chacune de typologie. Toutefois tous ces indicateurs peuvent être regroupés en deux catégories.
Ainsi la performance se mesure avec des indicateurs qualitatifs ou quantitatifs, et pour chaque
type de performance, il est possible de trouver des indicateurs qui se rapportent à chacun de
trois critères de performance, à savoir : la pertinence, l’efficacité et l’efficience. Pour mesurer
l’efficacité, on utilise un indicateur qui exprime un rapport entre le résultat obtenu et l’objectif
visé. Pour mesurer l’efficience, on utilise un indicateur qui exprime un rapport entre le résultat
obtenu et les moyens mis en œuvre.
Dans la présente étude, nous allons nous limiter à présenter les indicateurs de
performance économique.
58
A. CORHAY - M. MBANGALA, Op. cit., p.12
73
obtenue grâce à des éléments comme la qualité des produits, l’innovation, le service, le
design…
Nous pouvons ainsi recourir aux différents ratios de valeur ajoutée et aussi aux parts
de marché.
La valeur ajoutée mesure globalement la création de valeur par l’entreprise (la richesse
créée par l'entreprise), du fait de son activité industrielle, commerciale ou prestation de services.
C'est donc la création ou l'augmentation de valeur apportée par l'entreprise aux biens matériels
(achetés, transformés, revendus ou consommés dans le processus de production) ou aux services
fournis par les tiers. Plus le processus de transformation est important, plus il y a de la valeur
ajoutée.
La valeur ajoutée de l’entreprise naît de la différence entre la valeur des biens et/ou
services vendus (l’output, « valeur de la production» ou « valeurs créées») et la valeur des biens
et/ou services acquis de tiers (l’input, « consommations intermédiaires »). Elle s’obtient en
soustrayant de la valeur de la production la valeur des consommations intermédiaires. Cette
création de richesse passe par une contribution des différents éléments de la chaîne de valeur
de l’entreprise. La valeur ajoutée ainsi créée permet de rémunérer les différents « facteurs de
production » de l’entreprise, à savoir :
é é ,
Pour le personnel :
é
, é é
Pour les ressources physiques :
è
Pour les dettes financières :
La part de marché est un indicateur qui mesure le poids de l’entreprise dans un secteur
d’activité, au regard de l’importance de ses ventes par rapport à d’autres concurrents du même
secteur. Il peut se calculer en deux temps, ainsi nous pouvons avoir la part de marché en volume
et la part de marché en valeur.
59
J.P. RAMAZANI, Théorie des organisations, M1 FED, UCC, Cours inédit, 2020
75
Nous allons dans ce point présenter notre cadre théorique, qui est le paradigme
Structure – Comportement – Performance. Nous allons ainsi le présenter, énoncé sa logique,
ses composants et les différentes critiques soulevées à son égard.
§1. Présentation
Dans les années 1970, une autre école, l’école de Chicago (Posner, Bork, Peltzman,
Stigler…) va mettre en cause ce paradigme, faute de confirmation empirique concluante. A la
place du paradigme SCP, l’école de Chicago propose un modèle qui considère la structure du
marché comme le résultant du comportement et de la performance du marché. Nous avons ainsi
la relation CPS, suivante : Comportement → Performance → Structure.
Entre les années 1980 et 1990, une autre école dit post Chicago ou la nouvelle
économie industrielle (Jean Tirole), analyse les interactions stratégiques entre les entreprises à
l’aide de la théorie de jeux non coopératif. Cette école va au-delà des conclusions de deux
précédentes écoles et elle arrive au constat selon lequel comportement, structure et performance
s’influencent mutuellement.
60
O. KUKATULA, Economie industrielle, Cours inédit, M2 EFGE, UCC, 2021
61
J. Bernard – A. Torre, L'énigme du chaînon manquant, ou l'absence des stratégies dans les vérifications
empiriques du paradigme S.C.P, Revue d'économie industrielle, Études empiriques, vol. 57, 1991, p. 94
76
Comportement
Stratégies
Prix
Différenciation
Ententes
Recherche et Développement
Structure Performance
Intensité concurrentielle Profit et Marge
Barrières à l’entrée et à la sortie Efficacité
Niveau de technologie Rentabilité
Niveau de différenciation
Compétitivité
Etc.
Il ne s’agit plus d’une relation unilatérale entre ces trois éléments comme soutenu par
les deux précédentes écoles, mais il s’agit plutôt des relations des réciprocités ou multilatérale
entre ces éléments.
2.1. Structure
Les barrières à l'entrée sont des entraves incompatibles avec le concept de concurrence
parfaite et ont pour effet de limiter le nombre d'opérateurs sur le marché. L'existence de fortes
barrières juridiques, économiques ou sociales à l'entrée de certains marchés justifient des
situations de monopole et d'oligopsones accroissant le pouvoir de marché de certains agents en
présence. Ces entraves peuvent revêtir plusieurs formes, sur les marchés, allant du nombre
d'opérateurs ou places disponibles sur un marché limité par une décision administrative ou autre
à des actes juridiques (licences, patentes, permis de commerce, transmission du commerce par
héritage, etc.) en passant par des contraintes ethniques sur le marché, le capital de départ dans
un système de rationnement de crédits, l'accès à l'information, à la technologie ainsi que
l'existence des économies d'échelle.
Des barrières à la sortie sont caractéristiques des marchés où existent des coûts de
sortie liés à l'immobilité et l'importance des investissements réalisés.
2.2. Comportement
D'une façon générale, face aux structures de marché, les firmes ne restent pas statiques,
elles cherchent constamment à se développer, à être en même temps efficientes et à demeurer
sur le marché. Pour ce faire, elles appliquent des stratégies qui dépendent des structures de
78
marché existantes et qui à leur tour ont des effets sur ces structures de marché. Le comportement
des entreprises s’appréhendent ici à la stratégie des entreprises.
2.3. Performance
La Performance fait référence aux résultats des secteurs industriels et des entreprises.
Sont en général mesurés sur le plan de la rentabilité, de la croissance, de l'efficacité, du progrès
technique.
Tout d'abord, la frontière entre structures et stratégies des entreprises est difficile à
déterminer. Prenons l'exemple de la différenciation des biens et des services par une firme, qui
est un élément majeur à prendre en compte lorsqu'elle décide d'investir ou de fixer son prix. Le
degré de différenciation des biens et des services présents dans son secteur constitue bien une
donnée d'environnement exogène à sa propre décision. Pour autant, la différenciation des biens
et des services est également le résultat de décisions stratégiques prises préalablement par les
entreprises : ainsi, la différenciation des biens est à la fois le fruit d'un comportement stratégique
et une contrainte exogène. Par conséquent, il est souvent difficile de faire la différence entre
des éléments caractéristiques d'une structure ou d'un comportement.
62
O. KUKATULA, Op. cit.
79
Or, si les différentes études appliquées ont effectivement révélé une relation positive
entre le nombre d'entrants et le niveau de profits dans le secteur (Geroski et Schwalbach (l991)),
elles montrent également que l'entrée ne semble pas être limitée, même dans des secteurs où les
économies d'échelle jouent un rôle important. L'entrée ne s'arrête pas pour autant, même si les
profits rendent vers zéro.
En outre, les entreprises nouvellement créées ont une faible survie, et sortent le plus
souvent du marché avant même de devenir une véritable menace pour celles déjà établies. En
effet, face à de très fortes incertitudes, une firme est généralement construite autour d'une
innovation concernant un produit, une organisation de la production, etc. Même si l'entrant est
une réplique exacte de l'entreprise établie, il existe une forte incertitude quant au niveau de la
demande, des changements de goûts des consommateurs et des innovations lancées par les
concurrents. L'entrant ne connaît donc pas la «vraie» valeur de son innovation ni la viabilité de
cette innovation, tout simplement parce qu'il ne dispose pas d'une expérience passée pour
l'informer. Ainsi, les entrants semblent être plus soumis à l'incertitude que les entreprises
établies.
Enfin, les études appliquées portant sur la validité du paradigme SCP, dont l'analyse
théorique a pour prisme le marché, portent sur des données relatives aux secteurs industriels et
non relatives aux marchés. Ces dernières étant inexistantes, l'utilisation des données
industrielles pose ainsi un problème d'interprétation, même si les sous-secteurs industriels ont
été affinés le plus possible pour «coller» à la nature du bien. C'est pourquoi un abus de langage
est souvent opéré lorsqu'on prend comme approximation du taux de marge du marché le taux
de marge réellement observé dans un sous-secteur industriel.
80
Conclusion partielle
Le deuxième chapitre du présent travail poursuit le même objectif que celui du premier
chapitre, en explicitant les concepts clés de notre analyse. Trois concepts ont été ainsi
appréhendés, il s’agit du concept de stratégie d’entreprise, performance d’entreprise et le
paradigme SCP.
La stratégie d’entreprise, bien que définie diversement par les auteurs, reste dans l’idée
essentielle d’allocation de ressources de l’entreprise en vue d’atteindre les objectifs de cette
dernière, eu égard à l’influence de l’environnement. Cette stratégie suit une démarche découlant
du processus du management stratégique, lequel dénote trois étapes majeures de la stratégie
d’entreprise, il s’agit du diagnostic stratégique, le choix stratégique et le déploiement
stratégique. L’étape du diagnostic stratégique étant déjà développée au premier chapitre, le
deuxième chapitre ne présente que les deux étapes restantes. Dans ces deux étapes nous avons
présenté les différents choix stratégiques possibles qui s’offrent à l’entreprise et la manière dont
cette dernière évalue et met en œuvre l’option stratégique choisie.
Dans cette partie, nous allons présenter notre cadre de recherche qui est la société
commerciale de transports et de ports, SCTP SARL en sigle. Nous allons tour à tour présenter
son histoire et son évolution, sa situation juridique, sa situation géographique, son objet et ses
activités, ainsi que sa structure organisationnelle.
§1. Présentation
Quid la SCTP ?
La Société Commerciale des Transports et des Ports (SCTP SARL), appelée Office
national des transports (ONATRA) avant 2011, est une entreprise publique de la République
démocratique du Congo, active essentiellement dans l'ouest et le nord du pays, est basée à
Kinshasa. L'exploitation ferroviaire et portuaire, ainsi que le transport fluvial constituent ses
activités principales. Elle est sous la tutelle du ministère de transport.
§3. Historique
La société commerciale de transport et de ports s.a.r.l a une longue histoire qui a évolué
à travers le temps avec l’évolution politique de la RDC. A l’origine la SCTP était une entreprise
paraétatique crée en 1935 sous l’appellation de l’OTRACO qui signifiait Office des Transports
63
Journal officiel de la République Démocratique du Congo, Statuts des sociétés commerciales, Numéro
spécial, 29 décembre 2010, p.314
82
Etant donné qu'à l'origine, l'OTRACO n'étant qu'un organe de gestion ne disposant pas
d'un patrimoine en propre, les besoins de rééquipement de cet établissement public, après la
seconde guerre mondiale, commencèrent à peser lourdement sur le budget de la colonie c'est
ainsi qu'afin de lui permettre de contracter librement des emprunts nécessaires
d'investissements, il lui fut accordé par l'arrêté royal du 30 décembre 1952, une personnalité
juridique autonome.
C'est en cette période que l'office se plaça au premier rang des organismes publics
Congolais et en troisième position parmi les entreprises existant après la PLZ (actuellement
MARSAVCO) et l'Union Minière du Haut Katanga (actuellement Gécamines).
A l'issue des études menées par le BIRD en 1968 sur l'état du transport au Zaïre64, il
fut décidé la réforme du 26 Janvier 1971 dont l'objectif était l'assainissement des finances
susceptibles de recréer les équilibres financiers nécessaires et la confiance des fournisseurs ainsi
que des bailleurs de fonds.
64
E-M. MAGELA, Le bon fonctionnement des entreprises publiques comme facteur du développement, cas de
l'office national de transports (ONATRA), Travail de fin de cycle inédit, Université de Kinshasa, 2008
83
Suite à cette réforme l’OTRACO sera dissoute et remplacé par l’Office Nationale de
Transports, ONATRA en sigle65.
Compte tenu des inadéquations connues vers les années 1980, il fut commandé une
étude auprès d'un consultant étranger CEGOS. Cette étude finalisée en 1987 préconisa une
décentralisation des structures de base, en différents Départements opérationnels. Les
différentes fonctions centralisées au niveau du siège devraient être progressivement repartis aux
entités.
L'office des transports et des ports « OTP » et l'office des chantiers Navals « OCN ».
Le Holding ONATRA reprenait les services auxiliaires composés de l'exploitation Forestière
de Yuki, du Médical, de l'Imprimerie, de la Régie des travaux, de l'Economat et des Affaires
Sociales.
A cet effet, Trois lois ont été voté par le parlement dont :
65
F. Kisangani, historical dictionary of the Democratic Republic of the Congo, p.557
84
Pour appuyer cela, deux décrets ont notamment été signés par le premier ministre :
Suite à cette réforme initié en 2008, c’est ainsi que l’office nationale de transport va
être transformée en société par actions à responsabilité limitée dénommée Société Commerciale
des Transports et des Ports66, dont les statuts sont enregistrés le 24 décembre 2010.
66
Article 4 de la loi n°08/008 du 7 juillet 2008 et décrets n°09/11 et 09/12 du 24 avril 2009
67
Journal officiel de la République Démocratique du Congo, Op. cit., p.313
68
Idem, p.314
85
l’exploitation des services de transport multimodal combiné ou non des personnes, des
marchandises ou d’autres objets quelconques par eau, par chemin de fer et par route ;
l’exploitation des ports et des services accessoires ou connexes ;
l’activité et la gestion des chantiers navals.
Elle pourra aussi s’intéresser par voie d’apports, souscription, fusion, participation
financière, ou sous toute autre forme, dans des sociétés ou entreprises ayant un objet similaire
ou connexe au sien, ou de nature à faciliter, développer directement ou indirectement son
activité. Et d’une manière générale, toutes opérations commerciales, industrielles, financières,
mobilières ou immobilières pouvant se rattacher directement ou indirectement, en totalité ou en
partie, à l’un quelconque des objets précités ou à tous objets similaires ou connexes et
susceptibles d’en faciliter ou d’en favoriser le développement, la réalisation ou l’extension.
L’objet social peut, en tout temps, être étendu ou restreint par voie de modification aux
statuts.
Dans l’exécution de son rôle de catalyseur de l’économie congolaise, lui dévolu par
l’Etat propriétaire grâce à l’étendue, l’éparpillement et l’intégration de son réseau, la Société
Commerciale des transports et des ports, SCTP s.a.r.l en sigle, se charge de plusieurs activités
correspondant à son social :
Il y a lieu de préciser que toutes ces activités sont mises à la disposition du public ou
de la population afin de faciliter la mobilité à travers le territoire nationale, l’intégration dans
la sous-région, l’approvisionnement des industries locales et le désenclavement de la
République Démocratique du Congo.
Pour le transport des biens et des personne, organisé en une chaîne de Transport
multimodal, les activités de transport de la SCTP s.a.r.l au regard de leurs natures, sont
segmentées en deux branches, notamment : le Transport par voie Ferroviaire et le Transport par
voie fluvial avec comme objectif de relier l’ensemble du pays, de l’embouchure du fleuve
Congo jusqu’à Kisangani et Ilebo en passant par Boma, Matadi, Kinshasa et autres localités.
86
Pour ses activités connexes depuis plusieurs années, la SCTP s.a.r.l a opté d’ouvrir ses
activités auxiliaires au grand public afin de lui permettre de bénéficier d’une longue expérience
acquise dans divers domaines pour le bien être de celui-ci. Il s’agit des services ci-après :
Le Conseil d’Administration est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toute
circonstance au nom de la société. Il les exerce dans la limite de l’objet social et sous réserve
de ceux expressément attribués par la loi et les statuts aux Assemblées d’actionnaires.
a. Il précise les objectifs de la société et l’orientation qui doit être donnée à son
administration ;
b. Il exerce un contrôle permanent de la gestion assurée, selon le mode de
direction retenu, par l’Administrateur Délégué ;
c. Il arrête les comptes de chaque exercice ;
d. Il arrête par périodes annuelles des indicateurs quantitatifs et qualitatifs
permettant d’évaluer les performances de la société ainsi que leurs dirigeants;
e. Il approuve les primes sur la base des résultats atteints conformément aux
textes en vigueur ;
f. Il confie à un ou plusieurs de ses membres des tâches spécifiques en cas de
besoin.
Dans les rapports avec les tiers, la société est engagée même par les actes du Conseil
d’Administration qui ne relèvent pas de l’objet social, à moins qu’elle ne prouve que le tiers
savait que l’acte en cause dépassait cet objet ou qu’il ne pouvait l’ignorer compte tenu des
88
circonstances étant précisé que la seule publication des statuts ne peut suffire à constituer cette
preuve.
Le Conseil fixe la durée des fonctions de l’Administrateur Délégué qui ne peut excéder
celle de son mandat d’Administrateur. Le mandat de l’Administrateur Délégué est
renouvelable. Les mêmes principes s’appliquent au Directeur Général Adjoint lorsqu’il est
choisi parmi les Administrateurs.
et de contrôle sur toutes les opérations de la société. Il peut prendre connaissance, sans
déplacement, des livres, de la correspondance, des procès-verbaux et, généralement, de toutes
les écritures de la société.
1. Les contrôles et vérifications auxquels ils ont procédé et les différents sondages
auxquels ils se sont livrés ainsi que leurs résultats ;
2. Les postes du bilan et des autres documents comptables auxquels des
modifications leur paraissent devoir être apportées, en faisant toutes les
observations utiles sur les méthodes d’évaluation utilisées pour l’établissement
de ces documents ;
3. Les irrégularités et les inexactitudes qu’ils auraient découvertes ;
4. Les conclusions auxquelles conduisent les observations et rectifications ci-
dessus sur les résultats de l’exercice comparés à ceux du dernier exercice.
Conclusion partielle
Une fois les théories établies, le cadre théorique de référence connu, et le terrain
d’analyse est présenté, nous allons maintenant procéder à l’analyse proprement dite de notre
travail.
92
Dans le présent chapitre il est question d’aborder le vif de notre travail. Il s’agit de
vérifier et de juger de la pertinence et l’efficacité des stratégies mises en place par la SCTP,
particulièrement dans ses activités portuaires, depuis sa transformation en société commerciale,
au regard des influences de son environnement. C’est cette pertinence ou cette adaptation des
stratégies de la SCTP qui, selon le modèle SCP, va conditionner ses performances.
De ce fait, nous allons dans un premier temps faire une analyse stratégique de la SCTP
pour ce qui s’agit de la gestion des ports, nous allons ensuite appréhender la stratégie et les
actions stratégiques mises en œuvre. Enfin nous allons appréhender les retombés de ces
stratégies sur le plan économique et particulièrement sur la compétitivité de la société dans ce
segment d’activité pendant la période sous étude.
Pour bien débuter notre démarche d’analyse stratégique, nous allons premièrement
procéder à la segmentation stratégique de la Société Commerciale des Transports et des Ports,
afin de définir les unités stratégiques de base, c’est-à-dire les segments stratégiques sur lesquels
portent les stratégies concurrentielles.
Le transport ferroviaire
Le transport fluvial
La gestion de ports
Le chantier naval
La technologie utilisée
La concurrence
La clientèle
Les particularités géographiques
Dans le cas de la présente analyse nous allons nous focaliser seulement sur la gestion
des ports, de ce fait nous allons réaliser un diagnostic des activités ports de la SCTP.
Dimensions Facteurs
‑ Changement des gouvernements
‑ Politique budgétaire et Politique de transport, concentrées
dans les transports routier et aérien.
‑ Instabilité politique
‑ Monté du libéralisme dans les secteurs autrefois jugés
POLITIQUE
stratégiques
‑ Ouverture au commerce international
‑ Recours aux IDE
‑ Intégration régionale et problématique d’interconnexion
‑ Faible Taux de croissance et pouvoir d’achat
‑ Structure économique concentrée sur les activités
ECONOMIQUE
extractives (minerais) orientées à l’exportation
‑ Fort recours aux importations.
‑ Concentration de la population à Kinshasa
SOCIOCULTURELLE ET
‑ Centre de consommation principalement à Kinshasa et les
DEMOGRAPHIQUE
Centres de production à l’intérieur
‑ Montée des technologies électriques et moins
TECHNOLOGIQUE
encombrantes
‑ Climats saisonnières
‑ Pressions écologiques sur le transport fluvial et l’émission
ENVIRONNEMENTALE
des effets de serre
‑ Fort influence des voies navigables
‑ Législation assez ouverte
LEGALE
‑ Libre concurrence
a) Facteurs politiques
- Changement du gouvernement : Il est un facteur très significatif pour la SCTP du fait
que les managers de cette organisation sont des mandataires du gouvernement. Le jeu
politique et la répartition des postes influences grandement cette situation. Entre 2010 à
nos jours, pas mal de changements de gouvernement sont intervenus. Seulement avec
deux élections, il y a au moins sept changements de gouvernement. En 2015 le DG
TITO UMBA va être remplacé par le DG KIMBEMBE.
- La politique budgétaire : Les dépenses en capital allouées dans le secteur de transport
a pris de l’importance considérable entre 2011 et 2016. Il représentait 47% en 2016,
95
alors qu’il était 42% l’année précédente69. Par contre en 2017 cette situation commence
à se dégrader. Cependant pour constituer ses recettes le gouvernement tire des avances
sur dividendes de ses sociétés, ce qui constitue une certaine menace pour la société qui
ne sait pas encore exactement s’il y aura des bénéfices ou pas.
- Pour la politique sectorielle : Le gouvernement congolais ne cesse de chercher des
solutions pour répondre au problème de transport. Le transport routier prend de plus en
plus d’importance par rapport à d’autre forme de transport, ce qui constitue une certaine
menace pour les activités de la SCTP qui sont essentiellement concentre sur le transport
ferroviaire et fluvial.
- L’instabilité politique : Des tensions politiques ont caractérisé chacun des phases
électorales de la RDC. Il faut au moins deux ans pour que l’activité économique retourne
à la normale.
- L’attitude vis-à-vis du privé et de la concurrence : Le secteur de transport est un
secteur stratégique pour le pays, cependant l’émergence de phénomène de
mondialisation et de libéralisme pousse de plus en plus le gouvernement à une
libéralisation de la plupart des secteurs dont le monopole était jadis accordé aux seules
sociétés de l’Etat. De plus en plus des marchés deviennent libéraux, ce qui présente un
risque pour les activités portuaires de la SCTP.
- L’ouverture au commerce international et l’afflux des IDE ont un impact favorable
sur les activités portuaires de la SCTP, surtout pour les ports maritimes, au regard de la
forte recours de la RDC aux importations des biens de consommations et
d’équipements, ainsi qu’à l’exportation des minerais locaux.
- L’intégration régionale et la mise en place des voies de communication
présenteraient une menace pour les activités portuaires de la SCTP. Cette situation fait
souvent débat quant au projet de construction d’un pont-rail reliant la ville de Kinshasa
à la capitale de la République du Congo.
b) Facteurs économiques
- Croissance économique et pouvoir d’achat : Le pays a amorcé le cycle de croissance
depuis 2002, cette croissance s’est consolidée vers les années 2012 jusqu’à 2015, avant
de ralentir jusqu’en 2018. Cependant pour le PIB/hab., au regard du niveau de revenu
69
BCC, Rapport annuel 2019, p.85
96
d) Facteurs technologiques
L’émergence des technologies électriques et l’informatique permet de réduire les coûts des
matériaux de manutentions.
e) Facteurs environnementaux
- Le climat étant saisonnière cela occasionne une réduction de la mobilité des
bateau, avec comme conséquence la réduction des activités portuaires pendant
la saison sèche avec la diminution du niveau des eaux.
- Le fleuve Congo et les rivières permettent d’interconnecter plus de 80% du
territoire national
97
f) Facteurs légaux
Fort influence des voies navigables Opportunité Forte Croissante Taille du marché
LEGALE Législation assez ouverte et Libre concurrence Menace Forte Croissante Entrée des nouveaux concurrents
99
Ventes
14 000,00
12 000,00
10 000,00
8 000,00
6 000,00
4 000,00
2 000,00
-
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Source : élaborée par nous, à partir des données du rapport annuel de la BCC, 2019
Ce tableau nous montre que le secteur de transport est en phase de croissance, les
ventes augmentent chaque année. Les ventes sont ici exprimées en millions d’unités des
passagers et de marchandise transportés.
Ventes
88,00
87,00
86,00
85,00
84,00
83,00
82,00
81,00
80,00
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Source : Elaboré par nous à partir des données de la BCC, Rapport annuel 2019, p.55
100
Nous pouvons remarquer des fluctuations en dents de scie dans le secteur de transport
fluvial, toutefois ces fluctuactions stagnent entre les quatre-vingtaine. Cependant au regard de
l’importance de la concurrence et de l’informel dans ce secteur, nous emetons vraiment des
reserves quant à l’interpretation du cycle de vie de ce dernier. Toutefois nous avons des fortes
raisons d’estimer que le transport fluvial en RDC a atteint une phase de marurité, mais le cycle
peut toujours retourner vers la phase de croissance, à moins que les defaillances structurelles
relatives à l’economie et surtout le secteur agricol, puisse etre paliées.
Forces Observations
Nouveaux entrants Faible barrière à l’entrée, essentiellement financière.
Faible Substitutions de transports fluvial et maritime
Produits Substituts
par le transport routier et aérien.
Pouvoirs des clients Plusieurs clients
Pouvoirs des fournisseurs Plusieurs fournisseurs
Forte concurrence, faible degré de différenciation,
Intensité concurrentielle forte importance des couts de structure, stratégie
agressive dans les ports maritimes,
Les activités de ports prennent de l’ampleur surtout dans la ville de Kinshasa, chaque
année on assiste à l’apparition des nouveaux ports. La plupart des entreprises et autres
particuliers disposant des propriétés foncières le long du fleuve ou d’une rivière créent des ports
privés. Récemment le syndicat de la SCTP dénonçait l’existence des ports illégaux et
clandestins, dont les activités causaient pas mal du tort à cette dernière.
Alors qu’elle bénéficiait d’un certain monopole jusque-là, en 2016 l’apparition d’un nouveau
concurrent met à mal les ports maritimes de la SCTP. Il s’agit d’un port privé dénommée Matadi
Gateway Terminal (MGT).
Comme nous l’avions dit plus haut, le transport routier et le transport aérien prennent
de plus en plus d’importance en République Démocratique du Congo, ce qui pourrait avoir à
terme un impact négatif sur le transport par eau et par conséquent sur les activités des ports.
Ainsi les aéroports et gares routiers et ferroviaires pourraient largement se substituer aux ports.
Nous pouvons donc comprendre que la substitution du transport fluvial par les
transports routiers, ferroviaires et aériens reste difficile surtout pour ce qui concerne les
transports de marchandise.
c. Les fournisseurs
d. Les clients
e. L’intensité concurrentielle
La concurrence dans le secteur de ports est vraiment importante. Plusieurs ports sont
disséminés à travers le pays. Cependant la plupart de ces ports ont des faibles capacités pour ce
qui s’agit des points d’accostages, entrepôts, manutentions et autres.
Pour les ports fluviaux, avec ses trois principaux ports dont le port de Kinshasa, de
Mbandaka et de Kisangani, la SCTP garde une position encore dominante au regard de ses
potentialités, malgré une multiplicité des ports de petite taille. Cependant la part des ports privés
augmente de manière significative. En 2015, la part des ports privés dépassait 90%70.
Pour ce qui s’agit des ports maritimes la SCTP est en train de perdre cette position au
détriment de MGT.
Au regard de l’importance des charges fixes, surtout pour ce qui s’agit des
amortissements des matériels, les services des ports exploitent des stratégies de volumes, ce qui
explicite la nécessité d’expansion pour le nouveau entrants.
La stratégie est basée sur le prix surtout dans les ports fluviaux, alors que pour les ports
maritimes on combine les prix avec la performance.
70
Ministère des Infrastructures, Travaux Publics ET Reconstruction, Projet d’élaboration du plan directeur des
transports urbains de la ville de Kinshasa, avril 2019, p.3-12
103
Remarquons que cette liste n’est pas exhaustive, certains ports intérieurs ne sont pas
repris, toutefois elle nous permet de voir l’importance de la concurrence dans ce secteur.
Pour l’ensemble de ses activités la SCTP mobilise des ressources et compétences qui
lui permettent de réaliser ses activités. Il s’agit-là de sa capacité stratégique.
La gestion des ports est repartie entre trois départements. Le Département des Ports
Maritimes s’occupe des ports maritimes dont les ports de Boma, Banana et Matadi. Le
Département de Ports de Kinshasa s’occupe des ports fluviaux de Kinshasa et le Département
de Ports et Transports s’occupe des ports situés à l’intérieur du pays.
La SCPT dispose ainsi de plus de 550 000 m2 d’espace de stockage dans toute la RDC
et plus de 6 500 employés reparti sur l’étendue de la république. Elle peut exploiter jusqu’à
106
330 000 conteneurs fluviaux et maritimes. Cependant, certains ports ne sont plus
opérationnels71.
Nous allons faire une brève exposée de quelque principaux ports de la société.
En dépit du fait que le port de Matadi soit considéré comme le plus important et le plus
achalandé du pays, il y a cependant un certain nombre de facteurs qui entravent sa performance,
notamment la mauvaise qualité de l’équipement de manutention qui y est exploité. Presque
toutes les grues de rivage sur rail ne sont pas opérationnelles, alors que d’autres engins de
manutention affichent une sévère fragilité, obligeant les navires qui y accostent d’amener leurs
propres grues et autres engins de manutention de fret72.
Aussi le port souffre parfois de congestion, laquelle entraîne une suspension du trafic
fluvial et des retards d’accostage. La congestion est également aggravée par le nombre limité
de quatre couchettes seulement, obligeant d’autres navires à attendre plus loin sur le fleuve ou
au port de Boma jusqu’à la fin de la décharge et de la recharge. Tous ces retards donnent lieu à
une longue file de transbordement au port de Pointe-Noire. Le temps d’attente pour qu’un
conteneur soit déchargé au port Matadi peut s’élever jusqu’à 14 jours, soit bien au-dessus de la
norme de 2 à 3 jours.
Ceci explique notamment les difficultés rencontrées par la Société Congolaise des
Transports et des Ports (ex ONATRA), gestionnaire du Port de Matadi. Ce dernier, n’est plus
en pratique le premier port maritime de la RDC mais conserve en théorie ce statut et
particulièrement suite à la capacité installée pouvant traiter simultanément environ 10 quais.
71
https://www.sctp-sa.org/?page_id=173 consulté le 03/11/2021 à 01 :15
72
https://perspectives-cblacp.eu/les-ports-de-la-republique-democratique-du-congo/ consulté le 10/11/2021 à
15 : 40
107
Mais côté organisation et performances opérationnelles, MGT le surclasse de loin. Ce qui est
clairement démontré par le volume réel manutentionné.
Le port de Boma est situé sur la rive nord du Fleuve Congo à environ 90 km de la côte
atlantique. Construit à l’origine comme un port d’exportation pour les secteurs agricole et
forestier, il s’est, au fil du temps et avec le déclin de ces industries, de plus en plus spécialisé
dans les importations de véhicules.
Après le port de Matadi, c’est le deuxième plus grand port maritime en République
Démocratique du Congo. Situé à environ quatre heures de transit en rivière depuis le port de
Banana. Il dispose de quatre couchettes d’une longueur totale de 685 m avec un tirant d’eau
d’environ 11 m, bien que la profondeur pour le port soit souvent limitée à environ 7 m en raison
du dépôt naturel régulier de sable dans la rivière à l’entrée du port.
Le deuxième quai est une couchette de conteneur tandis que les couchettes 1, 3 et 4
sont destinées aux cargaisons conventionnelles. L’équipement de manutention des cargaisons
du port de Boma est faible, avec seulement six grues à quai d’une capacité de levage de 3 à 3,5
tonnes et généralement considérées comme étant en mauvais état de fonctionnement.
Matadi Gateway Terminal « MGT » Fruit d’un partenariat privé – privé conclu en
janvier 2014 entre la société des Philippines, International Container Terminal Services, Inc.
(ICTSI), via sa filiale ICTSI Coopérative UA, et la Société de Gestion Immobilière Lengo
(SIMOBILE), Matadi Gateway Terminal est entré en exploitation initiale à la mi-juin 2016 avec
un poste à quai. Le 31 Mars 2017, l’ouvrage a été complété avec l’incorporation d’un deuxième
poste à quai pour une longueur de quai totale de 350 m, capable de traiter des navires de 12 000
EVP et 350 000 tpl, en deux services simultanés.
permettre à ce port de doubler sa capacité de traitement de conteneurs pour passer de 200 000
EVP à 400 000 EVP. En investissant sur le terminal, l’opérateur souhaite faire de Matadi
Gateway Terminal l’entrée naturelle vers la mégalopole de Kinshasa.
Cette deuxième phase des travaux comprend l’extension du quai de 350 m linéaires à
500 m, offrant la possibilité de faire accoster simultanément deux navires de type Wafmax (4
500 EVP). La surface de stockage passera à 10,5 hectares. Avec ces infrastructures, le
concessionnaire du terminal va investir dans de nouveaux moyens de manutention et des
équipements informatiques. Deux portiques viendront appuyer les opérations des trois grues
mobiles actuelles. Des engins de parc viendront améliorer les opérations sur l’aire de stockage.
Le système informatique sera étendu pour une meilleure efficacité et une plus grande fluidité
du trafic, le tout pour un coût additionnel d’investissement d’USD 100 millions. MGT a réalisé
une importante modernisation des opérations portuaires en RDC.
Ce nouveau port se veut un port moderne, il est en plein expansion en augmentant ses
capacités d’exploitation. La SCTP est l’un des actionnaires de ce nouveau port, bien qu’elle ne
détienne qu’une part minoritaire, soit 10%.
S’agissant des ports fluviaux, dans les ports de Kinshasa la SCTP dispose des
capacités suivantes :
Les ports en RDC sont traditionnellement des ports de service, c’est-à-dire, des ports
où l’autorité portuaire s’occupe également des opérations de manutention portuaire. Ainsi dans
les ports de la SCTP plusieurs services sont organisés, notamment : la police portuaire, le
chargement et déchargement des barges, véhicules routier et ferroviaires, l’entreposage, et
autres. Pour les ports fluviaux de l’intérieur les données suivantes sont présentées :
109
Source : SCPT
Ces ressources de la SCTP donnent cette dernière des avantages dans certaines
localisations et pour certaines catégories de clients, et plus particulièrement pour les gros
transporteurs.
Cette incapacité conduit l’entreprise dans une difficulté de mise à niveau de ses
matériels de manutention. Cette situation occasionne des manques à gagner pour l’entreprise et
risque de faire disqualifié la société de la course.
Une autre faiblesse déplorée est la lenteur des procédures et la multiplicité des services
dans les ports. La procédure est semi informatisé et une grande partie reste encore manuelle.
Dans le présent point nous allons faire la synthèse de l’analyse externe et interne des
activités portuaires de la société commerciale de transports et des ports. Pour y parvenir nous
allons recourir à l’analyse SWOT, laquelle va nous permettre d’appréhender d’une part, les
influences des facteurs externes, en termes d’opportunités et menaces ; d’autre part les capacités
stratégiques de l’entreprise en termes de forces et faibles internes.
110
Forces Faiblesses
‑ Des potentialités sous exploitées ‑ Lenteur de la procédure
‑ Mauvais état des équipements
‑ Importance des charges de structures
Opportunités Menaces
‑ Montée de l’informatique ‑ Croissance du transport routier et
‑ Apparitions des technologies plus aérien
performantes ‑ Intensité concurrentielle et entrée des
‑ Ouverture au commerce extérieur nouveaux concurrents
‑ La dépendance de la RDC aux
importations et la faible connectivité
des provinces
La société dispose encore des potentialités sous exploitées, notamment pour ce qui
s’agit des capacités d’accueil dans certains ports et la capacité de stockage. Cependant la
dépendance de la RDC aux importations et la faible connectivité des provinces offrent des
potentielles que la SCTP peut exploiter. Pour exploiter ses potentialités la SCTP se doit de
remédier au mauvais état de ses équipements et envisager des contrats avec les transporteurs
fluviaux et maritimes, ainsi que autres entreprise de production, importation et exportation.
Avec cette stratégie la SCTP serait en mesure de faire face à ses concurrents actuels et
les entrants potentiels. Aussi en appliquant des coûts faibles, notamment grâce aux économies
d’échelle induit par l’acquisition des technologies et compétences nouvelles, la SCTP pourra
faire face à la montée des transports routiers et autres.
Enfin en information ses processus du début à la fin, notamment par la mise en place
des logiciels adaptés, elle pourra palier à la lenteur des démarches administratif.
Dans ce point nous allons présenter la stratégie appliquée par la SCTP dans ses
activités portuaires, il s’agit donc d’appréhender la stratégie concurrentielle de la SCTP dans la
gestion de ports.
111
Comme nous l’avons signalé dans le deuxième chapitre, deux principales stratégies
concurrentielles s’offrent à l’entreprise dans un segment stratégique et il est pratiquement
difficile de mettre en œuvre toutes les deux stratégies à la fois. Soit l’entreprise recourt à la
stratégie de domination par les coûts ou soit elle recourt à la différentiation.
Au regard des caractéristiques du secteur de transport fluvial, marqué par une forte
influence des charges de structures, il est donc nécessaire pour l’entreprise de générer des
recettes suffisantes capables de lui permettre d’amortir ses coûts de structures.
De par son origine la SCTP occupait une position de monopole, et bénéficiait des
capacités énormes pouvant lui permettre d’accueillir plus de bateaux. Nous pouvons donc
comprendre que la SCTP met en place des stratégies de volume et pour se faire, elle acquit des
équipements pouvant lui permettre d’assoir sa stratégie, notamment les grues, les remorques,
les terres, et autres.
Durant toute la période sous étude, nous pouvons ainsi remarquer que la SCTP est
restée constante dans sa stratégie concurrentielle, c’est-à-dire s’appuyer sur ses capacités pour
exploiter de plus en plus de volume. La stratégie de volume engendre la baisse des coûts et
l’utilisation des économies d’échelle, ce qui ne manifeste pas à la SCTP, à cause de la hauteur
des charges de structures.
Nous allons ici présenter quelque chiffre sur l’exploitation des différents ports de la
SCTP qui illustrent les retombées des actions de la SCTP.
Ce tableau nous montre que les volumes d’exploitation des marchandises dans les
différents principaux ports de la société sont en régression. Depuis 2015 l’exploitation est en
chute libre, nous pouvons remarquer une forte baisse en 2017, surtout dans le port de Matadi,
cela s’explique par l’apparition d’un nouveau concurrent plus performant. Nous pouvons bien
illustrer cette décroissance à travers le graphique suivant.
3 500 000,00
3 000 000,00
2 500 000,00
2 000 000,00
1 500 000,00
1 000 000,00
500 000,00
-
2015 2016 2017 2018
Le port de Matadi étant le plus gros port de la société, la régression de son exploitation
aura des impacts significatifs sur les recettes de la société.
Le port MGT est à environ 150 kilomètres en amont de l’océan Atlantique. A ce jour,
80% des importations sont manutentionnées au Port MGT, qui a ainsi ravi une large part des
marchés au port de Matadi qui se contente des 20% restants.
La stratégie de la SCTP est restée constante bien que les enjeux environnementaux ont
pu évoluer. Cependant la SCTP ne dispose plus assez de capacités pour faire face à ses
113
nouveaux enjeux et bien assoir sa stratégie. Les capacités sur lesquelles elle s’appuyait autrefois
ne sont plus en état de lui permettre d’obtenir un avantage concurrentiel qui soit à la fois décisif,
durable et défendable.
Cette observation se rallie à celle du professeur Mabi Mulumba dans son diagnostic
des entreprises relevant du portefeuille de l’Etat.
Section 5 : Recommandations
Au regard des constants faits dans notre analyse nous avons pu remarquer que la
stratégie de la SCTP est de réaliser plus de volume, donc une stratégie de domination par les
coûts, cependant les capacités pouvant lui permettre de bien tirer profit de cette stratégie ne sont
plus en bon état. Il est donc nécessaire pour la SCTP de moderniser ses équipements et de lancer
des nouveaux investissements pour lui permettre de bien faire face aux nouveaux enjeux de
l’environnement.
Par ailleurs, nous avons aussi pu relever les difficultés de la SCTP à mobiliser les
ressources financières nécessaires pour lancer ces investissements. Il revient donc aux
actionnaires de mettre des moyens à la disposition de la SCTP afin de lui permettre d’atteindre
les objectifs à la fois économique et stratégique assignés à cette société.
Conclusion partielle
L’objectif du présent chapitre était d’aborder le vif de notre analyse. A cet effet nous
avons tour à tour analysé l’environnement des activités portuaires de la SCTP, présenté la
stratégie concurrentielle de la SCTP dans les activités portuaires et les retombés de la
combinaison de ces deux premieres variables en termes de compétitivité de l’entreprise.
Nous avons pu constater que l’environnement a une influence positive sur les activités
portuaires de la SCTP en lui offrant des opportunités, mais cet environnement présente
114
également des influences négatives qui présentent des menaces pour la société. Ce constant
confirme donc notre première hypothèse.
Pour sa part, au regard de l’importance des charges de structures dans les activités
portuaires, notamment pour l’amortissement et entretiens des équipements de manutentions, la
SCTP met en place des stratégies de volume pouvant lui permettre d’étaler ses charges de
structure grâce au niveau d’activité. Cette stratégie tient également du fait des objectifs
stratégiques assignés à la SCTP par ses actionnaires, dont l’Etat congolais, à l’origine de sa
création. Cela confirme notre deuxième hypothèse.
Cette analyse s’est inscrite dans la démarche du paradigme SCP, à cela nous avons pu
observer que l’environnement appréhendé ici en termes d’intensité concurrentielle et autres,
exerce une influence sur les activités portuaires de la SCTP. La SCTP de son côté est restée
constante dans sa stratégie concurrentielle, elle n’a donc pas modifié son comportement. Elle
pratique la stratégie de volume qu’elle a toujours appliqué pendant qu’elle était en situation de
quasi-monopole. Cependant les capacités qui lui permettaient d’assoir autrefois cette stratégie
ne sont plus en mesure de lui permettre de garder son leadership d’autrefois, au pire, ces
capacités se dégradent.
Face à cette situation il est donc normal que la compétitivité de la SCTP se dégrade,
cela surtout à cause de l’avènement de Matadi Gateway Terminal, un nouveau port qui se veut
plus moderne. Quelques recommandations ont été formulées à l’endroit des autorités de ladite
société et de l’actionnaire principal et unique qui est l’Etat congolais.
115
CONCLUSION
Nous voici arriver au terme de notre dissertation scientifique. Le sujet de ce travail est
« l’analyse de la performance économique de la stratégie concurrentielle de la Société
Commerciale des Transports et des Ports dans la gestion des ports ; de 2010 à 2018 ». La
question au cœur de cette analyse était de savoir quelles étaient les retombées de la stratégie
concurrentielle mise en place par la SCTP dans la gestion des ports. Cette problématique a été
systématisée en trois questions de recherche suivantes :
Pour bien mener notre dissertation, nous avons divisé le travail en quatre chapitres,
regroupés en deux grandes parties. La première partie a explicité les concepts clés de notre
analyse ainsi que notre cadre théorique de référence. La deuxième partie nous a servi de cadre
pratique dans lequel nous avons présenté d’abord notre champ d’analyse qui est la Société
Commerciale des Transports et des Ports, ensuite nous avons effectué notre analyse. Ces
analyses nous ont permis d’établir un diagnostic stratégique des activités portuaires de la SCTP,
appréhender la stratégie concurrentielle mis en place par la SCTP et enfin appréhender les
retombés de cette stratégie en termes de compétitivité.
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118
EPIGRAPHE ............................................................................................................................... i
DEDICACE ................................................................................................................................ ii
REMERCIEMENTS ................................................................................................................. iii
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS ............................................................................ iv
LISTE DES TABLEAUX .......................................................................................................... v
LISTE DES FIGURES ............................................................................................................... v
INTRODUCTION ...................................................................................................................... 1
0.1. Etat de la question ............................................................................................................... 1
0.2. Problématique...................................................................................................................... 3
0.3. Hypothèses .......................................................................................................................... 6
0.4. Méthodologie de la recherche ............................................................................................. 6
0.4.1. Méthodes ................................................................................................................... 7
0.4.2. Techniques ................................................................................................................ 7
0.5. Choix et intérêts du sujet ..................................................................................................... 8
0.6. Délimitation de l’étude ........................................................................................................ 8
0.7. Canevas ............................................................................................................................... 8
CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE ............................................................................ 10
CHAPITRE I : ENVIRONNEMENT DE L’ENTREPRISE ET SON ANALYSE ................. 11
Section 1 : ENTREPRISE ........................................................................................................ 11
§1. Définition .................................................................................................................... 11
a) Approche économique : Entreprise, une unité économique .................................. 12
b) Approche sociologique : Entreprise, une organisation humaine et sociale............ 12
c) Approche systèmique : Entreprise, un système ouvert .......................................... 13
§2. Missions et Objectifs de l’Entreprise .......................................................................... 14
§3. Typologie et Classification des Entreprises ................................................................ 15
3.1. Classification économique ..................................................................................... 15
a) Selon le secteur économique .............................................................................. 15
b) Selon la nature d’activité .................................................................................... 16
c) Selon la branche d’activité ................................................................................. 16
d) Selon la taille ...................................................................................................... 17
3.2. Classification juridique .......................................................................................... 18
a) Entreprise publique – Entreprise privée ............................................................. 18
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