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CENTRE INTRENATIONAL DE FORMATION DE L’ORGANISATION INTERNATIONALE DU

TRAVAIL

Université de Turin

MEMOIRE DE FIN DE FORMATION


POUR L’OBTENTION D’UN MASTER EN
GOUVERNANCE ET MANAGEMENT DES MARCHES
PUBLICS EN APPUI AU DEVELOPPEMENT DURABLE

THEME :

ANALYSE DU SYSTÈME DE
CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS
EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE
PASSATION AU MALI
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

Préparé par :
Monsieur Soumaïla ONGOIBA

Sous la direction de :


Docteur Eric KY
Chef de Division Réforme de la Commande Publique (DRCP) de l’UEMOA
CIQUIEME PROMOTION : « SAPHIR »

ANNEES : 2017-2018

DEDICACE
Par la grâce de DIEU, ensuite de son prophète (PSL), je dédie ce modeste travail à
ma mère adoptive Mme Fatouma ELHADJ pour son affection, ses soutiens moraux et
matériels tout au long de mes études fondamentales et secondaires. Qu’elle retrouve ici, à
travers ces quelques lignes, l’expression de ma profonde gratitude.

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

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REMERCIEMENTS

La réalisation du présent Mémoire n’a été possible que grâce au bon Dieu, ensuite aux sages
conseils, à l’inestimable appui et aux précieux apports de toutes natures, dont j’ai bénéficié
tout au long de cette formation et de la phase de recherche auprès de très aimables
personnalités, auxquelles je tiens à exprimer ma profonde gratitude.
Ainsi, j’adresse mes sincères remerciements à :
 mes parents et toute ma famille pour tout ;
 Monsieur Eli DIALLO, Directeur des Finances et du Matériel du Ministère de la
Jeunesse de l’Emploi et de la Construction Citoyenne, pour son appui indéfectible tout
au long de cette formation ;
 Monsieur Chaka BAGAYOKO, Directeur des Finances et du Matériel du Ministère du
Travail et de la Fonction Publique, Chargé des Relations avec les Institutions, pour
n’avoir ménagé aucun effort pour rendre effective la présente formation;
 Monsieur Guillaume MERCIER ; Madame Carole CRAVELO et Madame Roberta
TRESOLDI pour leur disponibilité effective, leur professionnalisme leurs
encadrement  et conseils tout au long de cette formation;
 tous les intervenants au cours du séjour de formation pour leur disponibilité et la
qualité des connaissances transmises,
 l’ensemble du personnel du Centre International de Formation de l’Organisation
Internationale du Travail (CIF-OIT) pour nous avoir rendu l’environnement propice à
une formation épanouissante ;
 tous ceux qui de près ou de loin ont participé à l’effectivité du présent Mémoire.
Que mes collègues GOMAPIENS et particulièrement ceux de la 5 ème Promotion « SAPHIR »
soient assurés de ma sympathie, de mon affection et de mes sincères souhaits de réussite.
Merci à tous !

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TABLE DES MATIERES


DEDICACE……………………………………………………..................................................................... 1
REMERCIEMENTS………………………………………………….......................................................... 2
TABLE DES MATIERES…………………………………………………………………………………. 3
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS……………………………………………………………… 8
LISTE DES TABLEAUX………………………………………………………………………………….. 10
LISTE DES GRAPHIQUES………………………………………………………………………………. 11
INTRODUCTION………………………………………………………………………………………….. 12
Première partie : Présentation des systèmes de passation et de contrôle des marchés
publics au Mali ……………………............................................................................ 14
Chapitre I : Organisation du système de passation des marchés publics au Mali …………… 16
Section 1 : Notion de marchés publics et système de passation au Mali………………………….. 16
A- Notion de marchés publics…………………………………………………………………. 16
I- Définitions : ……………………………………………………….............................. 16
1. Un marché public :………………………………………………………………... 16
2. Distinctions d’un Partenariat Public-Privé (PPP) d’un marché public :…….......... 17
3. Le candidat ou soumissionnaire d’un marché public: …………………................. 17
4. L’attributaire d’un marché public :………………………………………….......... 17
II- Les acteurs de la commande publique………………………………………………… 18
1. Le pouvoir adjudicateur: …………………………………………………………. 18
2. Les opérateurs économiques : ……………………………………………………. 18
III- Les principes fondamentaux de la commande publique :……………………….......... 19
1. Le principe de l’économie et l’efficacité du processus d’acquisition : ………….. 18
2. Le principe du libre accès à la commande public :………………………….......... 18
3. Le principe de l’égalité de traitement des candidats :..…………………………… 19
4. Le principe de la transparence des procédures :…………………………………... 19
5. La concurrence :…………………………………………………………………… 19
IV- Les catégories de marchés et modes de passation :……………………………............. 20
1. Les grandes catégories de marchés publics :………………………………………. 20
2. Les différents modes de passation :………………………………………………... 20
B- Présentation du système de passation des marchés publics au Mali…………………........... 21
I- Les institutions et organes politique, législatif et règlementaire :…………………….. 21
1. La définition de politiques relatives aux marchés publics:………………………... 21
2. Au niveau législatif :………………………………………………………………. 22
3. Les Directives, lois et règlements dans le domaine :……………………………… 22
II- Les structures en charge de la passation des marchés publics au Mali :…………….. 23
1. Les Directions des Finances et du Matériel (DFM) :……………………………… 23
2. Les Direction Administratives et Financières (DAF) :………………………........ 23
3. Les autres unités de passation :………………………………………………........ 24
Section 2 : Procédures de passation des marchés publics au Mali…..…………………………….. 25
A- Procédures de passation des marchés de travaux, fournitures et services courants………… 25
I- La préparation de la passation :…………………………………………………......... 25
1. Le Plan de Passation des Marchés (PPM):………………………………………… 25
2. L’expression de besoin : ………………………………………………………….. 26
3. Les spécifications techniques :……………………………………………………. 26
4. Le Dossier d’Appel d’Offres (DAO) :……………………………………………. 26
II- La passation proprement dite :………………………………………………….......... 27
1. La publication de l’Avis d’Appel d’Offres (AAO) :…………………………........ 27
2. L’ouverture des offres : ………………………………………………………….. 27

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3. L’évaluation des offres :………………………………………………………….. 27


B- Procédure de passation des marchés de prestations intellectuelles………………………… 30
I- Les activités préliminaires : …………………………………………………............. 30
1. Du PPM à la détermination du besoin :…………………………………………… 30
2. La préparation des Termes de Référence (TDR) :……………………………….. 30
II- La passation proprement dite :…………………...………………………………….. 30
1. La publication et l’ouverture des dossiers de manifestation d’intérêt:…………… 31
2. L’évaluation des dossiers de manifestation d’intérêt :…………………………… 31
3. La Demande de Proposition (DP) :…………………………………………......... 31
4. L’invitation des candidats retenus sur la liste restreinte, ouverture et évaluation des
propositions techniques :…………………………………………………............. 31
5. L’ouverture et l’évaluation des offres financières :………………………………. 34
6. Les négociations avec le consultant retenu pour l’exécution des prestations :….. 35
III- Aperçu sur les autres modes de sélection :……………………………………......... 36
1. La Sélection Fondée sur la Qualité-technique (SFQ) : …………………………. 36
2. La sélection fondée sur les qualifications des consultants : ……………………. 36
3. La sélection Fondée sur le Moindre Coût (SFMC) :……………………………. 36
4. La Sélection Fondée sur un Budget Déterminé (SFBD) :………………………. 36
5. Sélection des consultants individuels :………………………………………….. 36
Chapitre II : Organisation du système de contrôle des marchés publics au Mali ………….. 37
Section 1 : Notions de Contrôle et système de contrôle au Mali…………………………............. 37
A- Notions de Contrôle ……………...………………………………………………............... 37
I- Quelques définitions :……………………………………………………………….. 37
1. Le contrôle : …………………………………………………………………….. 37
2. Le contrôle financier public :……………………………………………………. 37
3. Une règle fondamentale : la séparation des fonctions de contrôleur et d’ordonnateur : 37
II- Les différentes sortes de contrôle :………………………………………………….. 38
1. Le contrôle politique : …………………………………………………………... 38
2. Le contrôle administratif :……………………………………………………….. 38
3. Le contrôle juridictionnel : …………………………………………………........ 38
4. Le contrôle interne et externe :…………………………………………………… 38
5. Le contrôle a priori et a posteriori :…………………………………………........ 38
6. Le contrôle de conformité et contrôle de légalité :………………………………. 39
B- Présentation du système de contrôle des marchés publics au Mali………………................. 39
I- Les institutions et organes politique, législatif et règlementaire :……………………. 39
1. Les politiques de contrôle:……………………………………………………......... 39
2. Au niveau législatif :……………………………………………………………….. 39
3. Les Directives, lois et règlements dans le domaine :………………………………. 41
II- Les structures en charge du contrôle a priori des marchés publics au Mali : ………… 41
1. Les organes en charge de la passation des marchés publics au Mali :…………….. 41
2. La Direction Générales des Marchés Publics et des Délégations de Service Public :
……………………………………………………………………….......... 41
3. La Direction Nationale du Contrôle Financier (DNCF) : ………………................ 42
4. L’Autorité de Régulation des Marchés Publics et des Délégations de Service Public
(ARMDS) :………………………………………………………………………… 42
Section 2 : Procédures de contrôle au Mali……………………………..………………………….. 43
A- Procédures de contrôle de la passation des marchés publics au Mali : ………………………. 43
I- La procédure de contrôle des AOO et les différentes étapes :………………............... 43
1. Les différentes sortes d’Avis donnés par la DGMP-DSP suite à un contrôle……... 43
2. Le contrôle du plan de passation des marchés publics :…………………............... 44

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3. Le contrôle du Dossier d’Appel d’Offres :……………………………................... 44


4. Le contrôle du PV d’ouverture ; du rapport de dépouillement et de jugement des
offres et du rapport de la séance plénière :……………………………................... 45
5. Le contrôle du contrat approuvé et sa numérotation :…………………….............. 45
II- La procédure de contrôle des marchés de prestations intellectuelles :……………….. 46
1. Le contrôle de l’effectivité de la publication, du PV d’ouverture et de la liste
retreinte :…………………………………………………………………………… 46
2. Le contrôle de la Demande de Proposition (DP) : …...……………………………..
47
3. Le contrôle du PV d’ouverture ; du rapport de dépouillement et de jugement des
propositions techniques et du rapport de la séance plénière :……………………… 47
4. Le contrôle du rapport combiné (proposition technique et financières) ; du PV des
négociations et du projet du contrat :……………………………………………… 48
B- Procédures de contrôle financier des marchés publics au Mali :…………………………….. 49
I- Le contrôle de l’engagement de la dépense relative au marché :…………….............. 49
1. L’engagement de la dépense :……………………………………………….......... 49
2. À propos des textes :………………………………………………………………. 50
3. Le contrôle proprement dit dans la pratique :…………………………………….. 50
II- Le contrôle du mandat :………………………………………………………………. 51
1. Le mandatement :…………………………………………………………………. 51
2. À propos des textes :……………………………………………………………… 51
3. Le contrôle proprement dit du mandat de paiement dans la pratique:……………. 52
Deuxième partie : Analyse du système de contrôle en rapport avec le système de
passation………………………………………………………............................................ 54
Chapitre III : Analyse des rapports entretenus par les deux systèmes 55
Section 1 : Analyse des deux systèmes au regard du cadre législatif, légal, réglementaire et
procédural……………………………………………………………………………………........... 55
A- Analyse du cadre législatif, juridique, procédural et capacité de gestion………………….. 55
I- Analyse du cadre législatif, juridique:…………………………………………......... 55
1. Cadre législatif du contrôle et des marchés publiques :…………………….......... 55
2. Analyse du cadre juridique du contrôle et de la passation des marchés publics : 56
……………………………………………………………………………
3. Analyse du cadre institutionnel de la passation et du contrôle a priori :…….......... 57
II- Analyse de la capacité de gestion des structures en charge de la passation et du contrôle
des marchés publics au Mali:………………………………………............................ 59
1. Le système de passation des marchés publics est incorporé et bien intégré dans le
système de gestion des finances publiques :………………………………………. 59
2. Le pays est doté d’une institution responsable de la fonction normative:…………….. 60
3. Les entités adjudicatrices et leur mandat :…………………………………………. 60
4. L’intégration de la passation des marchés dans un système d’information efficace :……... 60
5. Le système de passation des marchés publics, et de contrôle et leur potentiel
d’amélioration :……………………………………………………………………. 61
B- Analyse de certains rôles et responsabilités des organes en matière de contrôle de passation et
des marchés contrôlés entre 2015 et 2017 au Mali…………………...................................... 61
I- Analyse des certains rôles et responsabilités des organes en matière de contrôle de
passation :…………………………………………………………………………….. 62
1. Le constat par rapport aux Autorités contractantes :………………………………. 62
2. La faiblesse du contrôle des TDR au Mali :………………………………………. 63
3. Le problème posé par le manque de manuel de procédures de contrôle de la passation
à la DGMP-DSP :…………………………………………………………………. 63

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4. Autres insuffisances du contrôle de la passation des marchés publics au Mali :


……………………………………………………………………………… 63
II- Analyse des marchés contrôlés par la DGMP-DSP et la DRMP au cours des trois
derniers exercices (2015 ; 2016 et 2017) :……………………………….................... 64
1. Présentation des situations des marchés contrôlés par la DGMP-DSP et la DRMP au
cours des années 2015 ; 2016 et 2017 :…………………………………………… 64
2. L’analyse par rapport à la nature des marchés contrés :………………………….. 66
3. L’analyse des marchés par rapport aux sources de financement :………………… 68
4. L’analyse des marchés par rapport au mode de passation :………………………. 69
Section 2 : Analyse des deux systèmes selon d’autres critères de la méthodologie MAPS…………… 71
A- Analyse des activités d’acquisition publique et pratiques du marché………………………. 71
I- Analyse de la planification, de la sélection et de l’adjudication:…………….............. 71
1. Planification des marchés :……………………………………………………….. 71
2. L’Analyse de la sélection des candidats et de l’adjudication des marchés:………. 72
II- L’analyse du marché des acquisitions publiques : ……………………………........... 73
1. La nature du dialogue et partenariats entre les secteurs public et privé :………….. 73
2. Analyse de l’organisation du secteur privé et son accès au marché des acquisitions
publiques :…………………………………………………………………………. 73
B- Analyse du système de contrôle à priori selon la méthodologie de la MAPS………………. 74
I- La transparence et la participation de la société civile en rapport avec l’intégrité dans la
passation des marchés publics :………………………………………......................... 74
1. Un environnement propice à la consultation et au contrôle du public :…………… 74
2. Le public a accès aux informations de manière adéquate et rapide :………............ 74
3. Participation directe de la société civile :…………………………………………. 75
II- Le pays est-il doté de mécanismes de contrôle et d’audit efficaces ?………………… 75
1. L’organisation et quelques faiblesses du contrôle : ………………………………. 75
2. La coordination des contrôles et audits des acquisitions publiques : …………….. 75
3. La mise en application et le suivi des conclusions et recommandations :………… 76
4. Qualification et formation pour effectuer des audits de passations de marchés : … 76
Chapitre IV : Le contrôle face aux nouvelles exigences de la dépense publique :…………….. 77
Section 1 : Les enjeux et défis liés à la réforme des systèmes de passation et de contrôle…………….. 77
A- La passation des marchés au Mali et la Directive N°04/2005/CM/UEMOA………………. 78
I- Contexte et enjeux de la réforme:…………………………………………….............. 78
1. Le contexte de la réforme :………………………………………………………... 78
2. Les enjeux de la réforme :…………………………………………………………. 78
II- Les innovations apportées à la passation par la reforme issue de la Directive
N°04/2005/CM/UEMOA:…………………………………………………….............. 79
1. Les aspects non prévues par le décret N° 08-485/P-RM du 11 août 2008 mais pris en
compte par le N° 2015-0604/P-RM du 25 septembre 2015 :……………………… 80
2. Les améliorations apportées aux dispositions déjà existantes :…………………… 81
B- L’évolution du contrôle ou nécessité de réforme…………………………………………… 82
I- Évolution structurelle du contrôle : ………………………………………………….. 82
1. La réforme aboutissant à la création de la DGMP-DSP et de l’ARMDS :……........ 82
2. La réforme aboutissant à la création des cellules de passation :………………........ 82
3. Les directives de l’UEMOA et la réforme structurelle de la DNCF :……….......... 82
II- Les innovations apportées au contrôle de la passation par les reformes issues des
Directives de l’UEMOA:…………………………………………………................... 83
1. L’élimination de la double revue :…………………………………………………. 83
2. L’évolution de la procédure du contrôle de la passation pour certain seuils :…….... 83
3. Les nouvelles missions du contrôle financier :…………………………………...... 83

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4. L’état de mise en œuvre des nouvelles missions de la DNCF issues des directives de
l’UEMOA :………………………………………………………………………… 84
Section 2 : Pistes de solutions pour une perspective nouvelle……………………………………… 86
A- Les perspectives………………………………………………………………………........... 86
I- Les perspectives en rapport avec passation au Mali : …………………………........... 86
1. Le diagnostic en profondeur du système lancé par l’ARMDS:…………………… 86
2. La dématérialisation :……………………………………………………………… 87
3. La favorisation du développement durable à travers le code des marchés public : 87
4. La pérennisation du poste de directeur des finances et du matériel :……………… 87
5. L’opérationnalisation de la Centrale d’achat : ……………………………………. 87
II- Les perspectives en rapport avec le contrôle des marchés publics au Mali :………… 88
1. La lutte contre la corruption :……………………………………………….......... 88
2. L’efficacité du contrôle : ………………………………………………………….. 88
3. La déconcentration en profondeur de la DGMP-DSP :…………………………… 88
4. Le renforcement du contrôle citoyen dans le cadre des marchés publics :….......... 88
B- Recommandations………………………………………………………………………….. 88
I- À l’endroit de la passation et des autorités en charge de la passation:………………. 88
1. L’application des recommandations issues des missions de contrôle :…………… 88
2. La nomination des DFM et DAF sur la base de leurs qualifications et expériences : 88
3. Le suivi des actions de réforme :…………………………………………….......... 89
4. L’application des sanctions :………………………………………………………. 89
5. D’autres recommandations utiles : ………………………………………………... 89
II- À l’endroit du contrôle et des Autorités en charge du contrôle :…………………….. 90
1. Pallier la faiblesse du contrôle des TDR en ce qui concerne le budget national :
…………………………………………………………………………... 90
2. Pallier le manque de manuel de procédures de contrôle de passation à la DGMP:
……………………………………………………………………………. 90
3. Le renforcement de la dématérialisation du contrôle :……………………………. 90
4. La poursuite la déconcentration de la DGMP-DSP :……………………………… 90
5. D’autres recommandations utiles : ……………………………………………….. 90
CONCLUSION……………………………………………………………………………………………… 92
BIBLIOGRAPHIE………………………………………………………………………………………….. 94
ANNEXES :…………………………………………………………………………..................................... 97
ANNEXE1 : Architecture institutionnelle de l’ARMDS:……………………………............................. 98
ANNEXE2 : Schéma du circuit de traitement des dossiers financiers à la DNCF…………………… 99
ANNEXE3 : Organigramme de la DGMP-DSP…………………………………………………………. 100
ANNEXE4 : Organigramme de la direction nationale de la DNCF..………………………………….. 101

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LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

AMI Avis de Manifestation d’Intérêt


AAO Avis d’Appel d’Offres
AN Assemblée Nationale
ANO Avis de Non Objection
AO Appel d’Offres
AON Appel d’Offres National
AOI Appels d’Offres International
AOO Appel d’Offres Ouvert
AOR Appel d’Offres Restreint
ARMDS Autorité de Régulation des Marchés et des Délégations de Service Public
BVG Bureau de Vérificateur Général
CAISFF Cellule d’Appui à l’Informatisation des Services Fiscaux et Financiers
CCAG Cahier des clauses Administratives Générale
CCTG Cahier des Clauses Techniques Générales
CFEPPSP Commission des Finances, de l’Économie, du Plan et de la Promotion du
Secteur privé
CGSP Contrôle Général des Services Publics
CIF-OIT Centre International de Formation de l’Organisation Internationale du Travail
CNUDCI Commission des Nations Unies pour le Droit International Commercial
DAF Direction Administrative et Financière
DAO Dossier d’Appel d’Offres
DEBF Diplôme d’Études Supérieures Bancaires et Financières
DFM Direction des Finances et du Matériel
DGABE Direction Générale de l’Administration des Biens de l’État
DGMP-DSP Direction Générale des Marchés Publics et des Délégations de Service Public
DNCF Direction Nationale du Contrôle Financier
DP Demande de Proposition
DRPCO Demande de Renseignement et de Prix à Compétition Ouverte
DRPCR Demande de Renseignement et de Prix à Compétition Restreinte
DRH Direction de Ressource Humaine
ED Entente Directe
FC Fourni Conforme
F CFA Francs des Communautés
FNC Fourni Non Conforme
GRH Gestion des Ressources Humaines
HIMO Haute Intensité de Main d’œuvre Ouvrière
HT Hors Taxes
IC Instructions aux Candidats
INPS Institut National de Prévoyance Social
INTOSAI International Organisation of Suprême Audit Institutions (organisation
internationale des institutions supérieures d’audits)

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MAPS Méthodologie d’Évaluation des Systèmes de Passation des Marchés Publics


MDAC Ministère de la Défense et des Anciens Combattants
MP-DSP Marchés Publics et des Délégations de Service Public
NF Non Fourni
PDI Programme de Développement Institutionnel
NIF Numéro d’Identification Fiscale
NT Note Technique
OMH Office Malienne de l’Habitat
OSC Organisation de la Société Civile
PAT Projet d’Assistance Technique
PEFA Public Expenditure and Financial Accountability (« Dépenses Publiques et
Responsabilité Financière »)
PME Petites et Moyennes Entreprises
PMI Petites et Moyennes Industries
PPM Plan de Passation des Marchés
PPP Partenariat Public-Privé
RGCP Règlement Général sur la Comptabilité Publique
SAV Services Après-Vente
SGG Secrétariat Général du Gouvernement
SF Score Financier
SFBD Sélection Fondée sur un Budget Déterminé
SFQ Sélection Fondée sur la Qualité-technique
SFQC Sélection Fondée sur la Qualité-technique  et le Coût
SFMC sélection Fondée sur le Moindre Coût
SIGMAP Système Intégré de Gestion des Marchés Publics
SO Sans Objet
ST Score Technique
TDR Termes de Référence
TTC Toutes Taxes Comprises
UEMOA Union Économique et Monétaire Ouest Africaine
UF Unité Fonctionnelle

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LISTE DES TABLEAUX


Tableau 1 : Seuils de passation des marchés, de conclusion des DRPCO, DRPCR et contrats
simplifiés pour les fournitures, services courants et travaux

Tableau 2 : Vérification de la fourniture et conformité des pièces demandées 

Tableau 3 : Évaluation technique 

Tableau 4 : Examen préliminaire des offres 

Tableau 5 : Marchés contrôlés par la DGMP-DSP au titre de l’année 2015

Tableau 6 : Marchés contrôlés par la DGMP-DSP au titre de l’année 2016 

Tableau 7 : Marchés contrôlés par la DGMP-DSP au titre de l’année 2017

Tableau 8 : Comparaison des seuils de passation de l’ancien au nouveau code 

Tableau 9 : Contrôle de l'effectivité des prestations au cours de 2014 ; 2015 et 2016.

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LISTE DES GRAPHIQUES


Graphique 1 : Les marchés de fournitures 

Graphique 2 : Les marchés de fournitures entre 2015 et 2017

Graphique 3 : Les marchés de prestations intellectuelles entre 2015 et 2017

Graphique 4 : Les marchés financés par le Budget National entre 2015 et 2017

Graphique 5 : Les marchés sur financement conjoint entre 2015 et 2017

Graphique 6 : Les marchés sur financement extérieur entre 2015 et 2017

Graphique 7 : Les marchés passés par AOO entre 2015 et 2017

Graphique 8 : Les marchés passés par AOR entre 2015 et 2017

Graphique 9 : Les marchés passés par ED entre 2015 et 2017.

Graphique 10 : Situation du contrôle de l’effectivité de la prestation entre 2014 et 2016.

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Introduction :
« La confiance n’exclut pas le contrôle » a-t-on coutume de dire. En effet, pour l’assurance
d’une gestion performante des deniers publics, l’institution d’un contrôle financier public de
façon générale et celui des marchés publics en particulier, de par son importance, s’impose
comme une nécessité absolue.
L’existence du contrôle financier public et son évolution sont inhérentes à la naissance et aux
mutations de la dépense publique. Au sein de tous les royaumes et empires du monde, il a
toujours existé un système de contrôle financier, aussi rudimentaire soit-il, pour s’assurer de
la bonne utilisation des fonds publics. À la fin du XIXe siècle, alors que la IIIe République en
France cherche à assurer plus solidement ses fondations parlementaires, s’ouvre un long
cycle de réflexion et de réforme sur le contrôle de la dépense publique et des ordonnateurs,
depuis le contrôle de la préparation du budget jusqu’au contrôle de son exécution1.
Des classiques, aux néoclassiques, jusqu’à la période moderne, le contrôle financier a toujours
occupé une place centrale dans le processus budgétaire. A ce contrôle purement financier, il
est venu s’ajouter une nouvelle forme de contrôle dite « de la procédure de passation », avec
la naissance des marchés publics au cours de la période d’entre les deux guerres.
Au Mali, le contrôle financier a été institué au sein de la direction du budget dès l’accession
du pays à son indépendance en 1960. Quant au contrôle spécifique de la procédure de
passation, il a débuté avec la création de la Direction Générale des Marchés Publics et des
Délégations de Service Public (DGMP-DSP) tout récemment en 2008. Les deux types de
contrôle ont évolué positivement de leur création à nos jours.
Le contrôle des finances publiques, de façon générale, est défini comme « un élément
indispensable d’un système régulateur qui a pour but de signaler en temps utile les écarts par
rapport à la norme ou les atteintes aux principes de la conformité aux lois, de l’efficience, de
l’efficacité et de l’économie de la gestion financière de manière à ce que l’on puisse, dans
chaque cas, prendre des mesures correctives, préciser la responsabilité des parties en cause,
obtenir réparation ou prendre des mesures pour empêcher, ou du moins rendre plus difficile,
la perpétration d’actes de cette nature2». C’est aussi « une activité telle que mesurer,
examiner, essayer ou passer au calibre une ou plusieurs caractéristiques d’une entité, et
comparer les résultats aux exigences spécifiées en vue de déterminer si la conformité est
obtenue pour chacune des caractéristiques3».
Quant au contrôle de la passation des marchés publics, il peut spécifiquement être considéré
comme étant une activité ayant essentiellement pour but de déceler en amont toute omission,
imperfection, erreur ou violation vis-à-vis du règlement des marchés publics en vigueur et
proposer une correction afin de rendre conforme la procédure. Le contrôle des marchés
publics peut aussi se définir comme étant l’activité par laquelle les autorités étatiques,

1
https://www.cairn.info/revue-francaise-d-administration-publique-2007-4-page-659.htm
2
Définition INTOSAI : International Organisation of Suprême Audit Institutions (organisation internationale des institutions supérieures
d’audits)
3
Source : Norme ISO 8402

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

mandatées à cet effet, vérifient la gestion du système des marchés publics, telle qu’elle est
mise en œuvre à travers les procédures de passation.
Les activités de contrôle peuvent être exercées aussi bien en l’interne (contrôle mis en œuvre
par les organes propres à l’Administration Publique), et en l’externe (contrôle exercé par des
Institutions ou organes indépendants de l’Administration Publique), qu’a priori ou « ex ante »
(en cours de gestion) et a posteriori ou « ex post » (contrôle postérieur à la gestion). Dans le
cadre de cette analyse, nous nous intéresserons particulièrement au contrôle a priori ou
contrôle de la passation, c’est-à-dire de la préparation du Plan de Passation des Marchés
(PPM) à la notification définitive au titulaire du contrat.
Un système national des marchés publics est constitué d’un certain nombre de fonctions
nécessaires à son équilibre et à son intégrité, parmi lesquelles « la fonction de contrôle a
priori ». Dès lors, analyser le système de contrôle a priori en rapport avec le système de
passation des marchés nous conduit à adopter, ne serait-ce qu’en partie, la Méthodologie
d’Évaluation des Systèmes de Passation des Marchés Publics (MAPS), bien qu’à ce jour,
aucune analyse basée sur cette méthodologie n’a encore été réalisée par le Gouvernement en
République du Mali. Pour rappel, la MAPS s’appuie sur quatre principaux piliers, à savoir : le
cadre législatif, réglementaire et politique (Pilier I), le cadre institutionnel et capacité de
gestion (Pilier II), les opérations de passation des marchés et les pratiques du marché (Pilier
III) et l’obligation de rendre compte, l’intégrité et la transparence (Pilier IV).
Praticien de la passation que je suis, mes divergences de points de vue avec ceux des organes
de contrôle a priori sur l’interprétation des textes soulèvent souvent des difficultés d’obtention
de leurs Avis de Non Objection (ANO), nécessaires à la poursuite de la procédure de
passation. A ces divergences, s’ajoutent les difficultés d’adaptation liées à l’évolution de la
passation et du contrôle, issue des réformes d’harmonisation au sein de l’espace UEMOA
(Union Économique et Monétaire Ouest Africaine). Conscient de cette réalité, je n’ai pu rester
indifférent à la tentation de voir et comprendre ce rapport (passation-contrôle) d’un peu plus
près, tout en essayant de lui apporter atténuation et réconfort à travers un certain nombre de
recommandations. C’est donc ce qui justifie tout l’intérêt que le thème : « Analyse du système
de contrôle en rapport avec le système de passation au Mali » suscite en moi.
 Que renferment donc les systèmes de passation et de contrôle des marchés au Mali ?
 Les systèmes de contrôle et de passation maintiennent-ils une évolution adaptée
réciproque?
 Le contrôle peut-il être un outil efficace pour une passation saine et performante des
marchés publics ?
 Quelles propositions pertinentes pourraient être formulées pour l’atténuation des effets
négatifs de la passation et du contrôle ?
Voilà autant d’interrogations constituant une véritable problématique dont les réponses nous
permettront d’être mieux élucidés sur les systèmes de contrôle et de passation, à travers non
seulement une présentation synoptique desdits systèmes au Mali (Première partie), mais
également une analyse synthétique des systèmes de passation et de contrôle basée en partie
sur la MAPS, accompagnée de recommandations utiles pour une perspective mieux éclairée
(Deuxième partie).

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

Première partie :
Présentation des systèmes de
passation et de contrôle des marchés
publics au Mali

Présentation des systèmes de passation et de contrôle des marchés publics au Mali

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

Tout d’abord, un système de marché publics et de contrôle peut etre considéré comme étant
un ensemble d’élements ( institutionnels, politiques, juridiques, organisationnels…) régis par
des lois, reglèments… lui permettant d’être en équilibre. On retrouve dans un système des
marchés publics un ensemble de fonctions essentielles à son maintien et à son harmonie. Il
s’agit de :

 Fonctions politiques et législatives ;


 Fonctions politiques et réglementaires ;
 Fonctions de coordination internationale ;
 Fonctions de développement et de coordination des marchés publics ;
 Fonctions de supervision et de contrôle a priori ;
 Fonctions d’audit ;
 Fonctions consultatives et de soutien opérationnel ;
 Fonctions éditoriales et informatives ;
 Fonctions apparentées mais non concernées (ex PPP) ;
 Fonctions de professionnalisation et de renforcement des capacités ;
 Fonction de recours et règlement des litiges ;
 Fonction de collecte de statistiques ;
 Fonction de gestion des listes noires ;
 Fonction de contrôle des administrateurs de marchés4 …

La présentation du système de passation des marchés publics (Chapitre I), tout comme celui
du contrôle au Mali (Chapitre II), dans le cadre de cette étude est une représentation
synoptique de leurs cadres legislatifs, reglémentaires, institutionnels et politiques dans
lesquels, la passation et le contrôle evoluent.

4
Présentation des cadres légaux institutionnels nationaux de la régulation des marchés publics (Professeur Laurence Folliot Lalliot) au CIF-
OIT dans le cadre du Master en Gouvernance et Management des Marchés Publics en Appui au Développement Durable (GOMAP 2018)

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

Chapitre I : Organisation du système de passation des marchés publics au Mali :

Le système de passation de marchés publics au Mali a évolué aussi bien sur le plan
organisationnel que sur le plan réglementaire à travers notamment la création de nouvelles
structures conférant au système plus d’équilibre, l’adoption de règlements renforçant la bonne
gouvernance et la transposition des directives de l’UEMOA pour plus d’harmonisation au sein
de l’espace communautaire. Cependant, la compréhension du système ne saurait prospérer
que lorsque le cadre théorique des marchés publics est brièvement éclairci, à travers des
notions fondamentales sur les marchés publics (Section I). Dès lors que le système est
présenté, nous auront toutes les raisons de nous plonger dans les procédures de passation de
marchés (Section II), ce qui permettra à tout exploitant d’établir les différences avec ceux de
son pays.

Section 1 : Notion de marchés publics et système de passation au Mali :


Les marchés publics qui constituent un maillon important de la dépense public au Mali, tout
comme ailleurs dans les autres pays de l’UEMOA, doivent être passés dans un système en
parfait harmonie avec ses divers constituants, mais aussi bien équilibré.
A- Notion de marchés publics :
I- Définitions :
1. Un marché public :
« Un marché public est un contrat écrit conclu à titre onéreux par une autorité
contractante pour répondre à ses besoins en matière de travaux, de fournitures ou de
services.»5
a. Un marché public est un contrat écrit entrainant un accord de volonté d’au moins deux
parties. Dès lors qu’on parle d’accord de volonté, on fait référence à la liberté
contractuelle. On ne peut contraindre personne à contracter contre sa volonté !
b. Un marché public est un contrat régi par le droit administratif, contrairement aux
contrats entre personnes privées :
 Une partie au contrat est généralement une personne publique ou remplissant une
mission de service public, ou agissant pour le compte de la personne publique ;
 L’Autorité contractante dispose des pouvoirs exorbitants traduits dans le contrat
par des clauses faisant référence aux prérogatives de puissance publique
exorbitante du droit commun6 ou le contrat baigne dans un régime exorbitant du
droit commun7 : rupture unilatéral et diverses sanctions à l’encontre du
cocontractant, clauses léonines au profit de l’Administration publique etc.
c. Un marché public se conclut à titre onéreux, par opposition aux contrats conclus à titre
gratuit, c’est-à-dire que l’Autorité contractante se procure : un ouvrage à la suite de
travaux réalisés, un bien livré ou un service exécuté, en contrepartie d’un paiement
5
Article 2 du DECRET N°2015-0604/P-RM du 25 septembre 2015 portant code des marchés publics et des délégations de service public en
République du Mali
6
Jurisprudence du Conseil d’Etat du 31 juillet 1912, société des granits porphyroïdes des Vosges
7
Jurisprudence du Conseil d’Etat du 19 janvier 1973, société d’exploitation de la rivière du San

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

monétaire à l’opérateur qui est dans la plupart des cas privé, mais non exclusivement.
d. Un marché public est conclu en réponse à la satisfaction d’un besoin prédéfini par
l’Autorité contractante, soit en matière de fournitures, soit en matière de travaux ou de
service, soit la combinaison de ses trois éléments.
2. Distinctions d’un Partenariat Public-Privé (PPP) d’un marché public :
«Un Partenariat Public-Privé est un contrat de long-terme, entre une entité publique et une
société privée, au travers duquel la société privée s’engage à fournir un service global
pouvant combiner financement, conception, réalisation, exploitation et maintenance d’une
infrastructure publique. La société privée est rémunérée soit par les redevances payées
directement par les usagers, soit par des paiements de l’entité publique, conditionnés à
l’atteinte de certains niveaux de performance du service, soit par une combinaison des
deux8.»
a. Les PPP s’étendent généralement sur le long terme (15 à 30 ans, voire plus) et donc
ont une durée de vie relativement plus longue que celle des marchés publics.
b. Dans un PPP, le contractant peut fournir tout ou partie du financement nécessaire pour
la réalisation de l’objet du partenariat, alors que dans un marché public, le financement
vient intégralement de l’autorité contractante.
c. Un PPP implique que la conception et l’exploitation d’un ouvrage, objet du
partenariat, puissent être effectuées par le partenaire privé, pendant que dans le cadre
d’un marché public, l’exploitation n’est pas du ressort du contractant.
d. Dans le cadre d’un PPP, le contractant peut se faire rémunérer, soit directement sur les
usagers au cours de l’exploitation, soit par paiements différés à échéances réguliers du
pouvoir adjudicateur, soit la combinaison des deux. Par contre, dans le cadre d’un
marché public, la rémunération vient toujours de l’Autorité contractante en contre
partie de la satisfaction du besoin après la vérification du service fait.
e. Les PPP sont réalisés dans un contexte de partage de risques entre l’Autorité
contractante et le partenaire privé.
3. Le candidat ou soumissionnaire d’un marché public:
Le soumissionnaire désigne la personne physique ou morale faisant acte de candidature ou de
soumission dans le cadre d’un appel à manifestation d’intérêt ou d’Appel d’Offres (AO) ou
encore qui est retenu par une autorité contractante afin de participer à une procédure de
passation de marchés. Pour être en mesure de faire acte de candidature, tout entrepreneur doit
au préalable remplir un certain nombre de conditions d’éligibilité variant plus ou moins
légèrement d’un pays à un autre, d’un espace communautaire à un autre. Aussi, pour être
attributaire, il doit répondre au moins à des conditions de qualification technique et financière.
4. L’attributaire d’un marché public :
L’attributaire désigne le candidat ou soumissionnaire dont l’offre a été retenue par le pouvoir
adjudicateur (Autorité contractante). Le candidat ou soumissionnaire est attributaire
provisoire lorsque l’attribution est faite, mais le contrat non encore approuvé par l’Autorité
d’approbation. Par contre, il est titulaire du marché ou attributaire définitif lorsque le contrat
est conclu et approuvé.

8
Définition donnée aux Partenariats Public-Privé (PPP) par la Banque Mondiale (BM), https://www.banquemondiale.org/ 

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

II- Les acteurs de la commande publique :


Un marché public est un contrat conclu entre un pouvoir adjudicateur et un opérateur
économique (public ou privé).
1. Le pouvoir adjudicateur:
Le pouvoir adjudicateur ou Autorité contractante est tout d’abord cette personne morale de
droit public qui se livre à une opération d’achat découlant d’un marché public. Pour avoir la
qualité de pouvoir adjudicateur en tant que personne morale de droit privé, l’Autorité
contractante doit remplir au moins une des conditions suivantes :
 tout ou partie de ses dirigeants sont nommés par une personne de droit public ;
 entièrement ou en partie financée par une personne morale de droit public ;
 entièrement ou en partie sous le contrôle d’une personne de droit public.
Est considérée comme organisme de droit public toute personne dont « […]soit l’activité est
financée majoritairement par l’État, les collectivités territoriales ou d’autres organismes de
droit public, soit la gestion est soumise à un contrôle par ces derniers, soit l’organe
d’administration, de direction ou de surveillance est composé de membres dont la moitié est
désignée par l’État, les collectivités territoriales ou d’autres organismes de droit public 9 »,
sous réserve que l’organisme ait été créé pour satisfaire un besoin d’intérêt général autre
qu’industriel et commercial et qu’il soit doté de la personnalité juridique.
Sont considérés comme pouvoirs adjudicateurs: l’État ; les collectivités territoriales ; les
établissements publics n’ayant pas une activité commerciale et/ou industrielle et les
établissements publics locaux.
2. Les opérateurs économiques :
Dans le cadre des marchés publics, les opérateurs économiques peuvent être classés en deux
grandes catégories : publiques et privées.
 Les entreprises publiques ayant un caractère industriel et/ou commercial
peuvent prendre part à un marché public en tant que « candidat ou
soumissionnaire » au même titre et sur le même pied d’égalité que les privées.
A ce titre, le Conseil d’Etat s’est prononcé dans la « jurisprudence Jean Louis
Bernard du 08 novembre 2000 » sur le fait qu’un établissement public
administratif peut se porter candidat à l'attribution d'un marché public ou d'un
contrat de délégation de service public, mais subordonne cette attribution à
diverses conditions. En effet, « il est interdit à un établissement public
administratif d'utiliser les avantages structurels dont il pourrait être doté à
raison de ses missions de service public pour fausser la concurrence. D'une
part, le prix proposé par l'établissement public administratif doit être
déterminé en prenant en compte l'ensemble des coûts directs et indirects
concourant à la formation du prix de la prestation objet du contrat. D'autre
part, l'établissement public ne peut pas bénéficier, pour déterminer le prix qu'il
a proposé, d'un avantage découlant des ressources ou des moyens qui lui sont
9
Article 2 du DECRET N°2015-0604/P-RM du 25 septembre 2015 portant code des marchés publics et des délégations de service public en
République du Mali

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

attribués au titre de sa mission de service public. En d'autres termes, l'activité


commerciale doit être distinguée des missions de service public dont les
ressources et moyens ne doivent pas être utilisés pour obtenir un prix de la
prestation commerciale inférieur au coût de revient réel10 ».
 Les entreprises privées qui sont les plus nombreuses à prendre part aux Appels
Offres (AO) sont de deux types : soit des personnes physiques, soit des
personnes morales.
III- Les principes fondamentaux de la commande publique11 :
Les marchés publics sont gouvernés par un certain nombre de principes garantissant la bonne
gouvernance de la commande publique. Il s’agit de :
1. Le principe de l’économie et l’efficacité du processus d’acquisition :
Ce principe voudrait que le pouvoir adjudicateur achète la meilleure qualité au prix le plus bas
possible. Il s’agit de l’attribution du marché au « mieux disant ». Ce principe ne défend pas
toujours l’attribution du marché au « moins-disant » sauf si le rapport qualité-prix du « moins
disant » remplit les conditions idoines.
2. Le principe du libre accès à la commande public :
Le pouvoir adjudicateur doit éviter par exemple toute restriction pouvant limiter l’accès des
marchés publics à certaines entreprises comme les Petites et Moyennes Entreprises (PME).
Aucune barrière discriminatoire ne doit être érigée pour limiter l’accès des entreprises à la
commande publique. Il suppose donc la participation des candidats sans distinction de
nationalité.
3. Le principe de l’égalité de traitement des candidats :
Un traitement équitable, juste et égal doit être réservé à tous les candidats sans exclusion. Par
exemple la notification à tous les soumissionnaires de tout renseignement pouvant avoir un
impact positif ou négatif sur leurs offres. Aussi au cours de l’évaluation, l’Autorité
contractante doit appliquer la même décision à tous les soumissionnaires se trouvant dans une
situation identique.
4. Le principe de la transparence des procédures :
L’Autorité contractante doit faire de la transparence un maillon fort du processus
d’acquisition et ce à travers les publications et la traçabilité des informations. Par exemple la
publication de l’avis d’appel d’offre ; la publication de l’attribution du marché avec le nom de
l’entreprise attributaire, le montant du marché, le délai d’exécution… ; l’information des
autres candidats et les motifs de rejet de leurs soumissions etc.
5. La concurrence :
La promotion de la concurrence permet d’accroitre le nombre de candidats et d’obtenir la
meilleure qualité sur le marché au moindre coût. Ce principe est intimement lié à celui du
libre accès à la commande publique et permet d’atteindre plus facilement celui l’économie et
l’efficacité du processus d’acquisition.
10
http://www.conseil-etat.fr/Actualites/Communiques/Sous-certaines-conditions-un-etablissement-public-administratif-peut-se-porter-
candidat-a-l-attribution-d-un-marche-public-ou-d-un-contrat-de-delegation-de-service-public
11
Article 3 du DECRET N°2015-0604/P-RM du 25 septembre 2015 portant code des marchés publics et des délégations de service public en
République du Mali

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

IV- Les catégories de marchés et modes de passation :


Pour la réalisation de ses travaux, l’acquisition des fournitures ou l’exécution des services qui
sont les trois principales catégories de marchés, en vue de la satisfaction de ses besoins,
l’Autorité contractante utilise divers modes de sélection des candidats en fonction de la nature
du marché, de son montant ou des circonstances auxquelles il doit être exécuté.

1. Les grandes catégories de marchés publics :


a. Les marchés de travaux :
Les marchés de travaux ont pour objet, l’exécution ou la conception et la construction d’un
ouvrage ou de travaux de bâtiment ou de génie civil répondant aux besoins de l’acheteur
public, qui en assure la maitrise d’ouvrage12.
b. Les marchés de fournitures :
Un marché public de fourniture est un marché qui a pour objet l’achat, le crédit-bail, la
location ou la location-vente avec ou sans option d’achat de biens de toute nature y compris
des matières premières, produits, équipements et objets sous forme solide, liquide ou gazeuse,
ainsi que les services accessoires à la fourniture de ces biens13.
c. Les marchés de service :
Les marchés publics de service sont des marchés ayant pour objet la prestation de services
autre que ceux relatifs aux marchés de travaux. Il s’agit essentiellement de prestations
intellectuelles.
d. Les marchés de type mixte :
À côté de ces trois grandes catégories connues de marchés publics, nous pouvons trouver une
quatrième dite mixte. Un marché public mixte, comme nom l’indique, est la combinaison des
trois (3) catégories de marchés ci-dessus citées.
2. Les différents modes de passation :
a. L’Appel d’Offres Ouvert (AOO):
L’AOO est le mode de sélection ou de passation par défaut. L’appel d’offres est dit ouvert
lorsque tous les candidats possédant les capacités juridiques et techniques nécessaires peuvent
soumettre une offre ou une demande de pré-qualification. Il peut être précédé d’une pré-
qualification ou passé en deux étapes pour les marchés de grande complexité par exemple.
b. L’Appel d’Offres Restreint (AOR):
L’appel d’offres est dit restreint lorsque seuls peuvent soumettre des offres, les candidats que
l’autorité contractante a décidé de consulter sur la base de leurs qualifications juridique et
technique. Il est ensuite procédé comme en matière d’appel d’offres ouvert14. Le recourt à
cette procédure doit être justifié par la nature spécialisée des biens, travaux ou services qui
fait qu’ils ne sont disponibles qu’auprès d’un nombre restreint de prestataires.
c. L’Entente Directe (ED) :
12
Comprendre simplement les marchés publics, Pierre De Baecke, Edition du Moniteur, Paris 2013, P16
13
Article 1er de la Directive N°04/2005/CM/UEMOA portant procédures de passation, d’exécution et de règlement des marchés publics et
des délégations de service public dans l’union économique et monétaire ouest africaine  
14
Article 54 du DECRET N°2015-0604/P-RM du 25 septembre 2015 portant code des marchés publics et des délégations de service public
en République du Mali

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

Le marché est passé par entente directe ou gré à gré lorsque l’autorité contractante engage,
des discutions utiles, avec un entrepreneur, un fournisseur ou un prestataire de service,
lorsque :
 les besoins ne peuvent être satisfaits que par une prestation nécessitant l’emploi d’un
brevet d’invention, d’une licence ou de droits exclusifs détenus par un seul
prestataire ;
 il y a extrême urgence ou d’urgence impérieuse motivée par des circonstances
imprévisibles ou de force majeure ne permettant pas les délais prévus dans les
procédures d’appel d’offres, nécessitant une intervention immédiate ;
 il ne peut être confié qu’à un seul prestataire pour des raisons techniques ou
artistiques.
NB : Dans tous les cas, « le recours à tout mode de passation autre que l’AOO doit être
exceptionnel, justifié par l’autorité contractante et être autorisé au préalable par l’organe
chargé du contrôle des marchés publics et des délégations de service public15 ».
d. L’offre spontanée :
Une offre spontanée est une offre relative à la fourniture de biens, la prestation de services et
à la réalisation de travaux, notamment dans le cadre de marché clé-en-main assorti d’un
montage financier, qui n’est soumise en réponse ni à un appel à concurrence, ni à une
sollicitation par entente directe16.
À la différence des trois précédents modes traditionnels de passation pour lesquels
l’Administration (bénéficiaire ou pouvoir adjudicateur) est l’initiatrice principale, on retrouve
dernièrement un nouveau mode se caractérisant essentiellement par le fait que c’est un
opérateur qui y est à l’origine. L’Autorité contractante peut réserver une suite favorable à ces
genres d’offres si elles présentent un intérêt général manifeste pour la réalisation des travaux,
la fourniture de biens ou l’exécution de prestation intellectuelle. C’est seulement en ce
moment qu’elle fait recours à l’une des trois méthodes traditionnelles de passation, c’est-à-
dire par AOO, par AOR ou engage des négociations directes avec l’offreur.
La satisfaction de la nécessité d’appréhender des notions fondamentales sur les marchés
publics, nous conduit à présent à une présentation simplifiée du système de passation du Mali.
B- Présentation du système de passation des marchés publics au Mali :
Le système de passation des marchés au Mali a une organisation intégrant un cadre législatif,
institutionnel, légal, réglementaire et fonctionnels.
I- Les institutions et organes politique, législatif et règlementaire :
1. La définition de politiques relatives aux marchés publics:
La définition de politiques concernant les marchés publics au niveau supranational, de façon
directe ou indirecte, se fait dans le cadre de l’harmonisation des politiques et réglementations
nationales des pays membres de l’espace communautaire UEMOA (communauté composée
de : le Benin ; le Burkina Faso ; la Cote d’Ivoire ; la Guinée-Bissau ; le Mali ; le Niger ; le
15
48.2 Article 54 du DECRET N°2015-0604/P-RM du 25 septembre 2015 portant code des marchés publics et des délégations de service
public en République du Mali
16
Article 2 du DECRET N°2015-0604/P-RM du 25 septembre 2015 portant code des marchés publics et des délégations de service public en
République du Mali

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

Sénégal et le Togo), à travers des directives transposées.


Au niveau du Mali, toute politique affectant directement ou indirectement les marchés publics
est du ressort du Gouvernement, bien que l’Autorité de Régulation des Marchés Publics et des
Délégations de Service Public (ARMDS) soit habilitée à faire des propositions dans ce
domaine. Aussi, le Parlement y joue un rôle important.
2. Au niveau législatif :
Le Mali est un pays dont le système politique est présidentiel avec un parlement
monocaméral : l’Assemblée Nationale (AN) joue le rôle de chambre législative unique. De ce
fait, elle peut être à l’origine de propositions de lois relatives aux marchés publics, même si à
ce jour, aucune loi y afférente n’existe dans ce pays. Par ailleurs, elle amande et vote chaque
année la loi de finances qui a un impact direct sur les marchés publics.
3. Les Directives, lois et règlements dans le domaine :
À ce jour, deux principales directives de l’UEMOA influencent fortement la réglementation
nationale des marchés publics en vigueur au Mali, car transposées. Il s’agit de :
 la Directive N°04/2005/CM/UEMOA portant procédures de passation, d’exécution et
de règlement des marchés publics et des délégations de service public dans l’union
économique et monétaire ouest africaine ;
 la Directive N°05/2005/CM/UEMOA portant contrôle et régulation des marchés
publics et des délégations de service public dans l’union économique et monétaire
ouest africaine.
À côté de ces deux directives, nous retrouvons des décrets et arrêtés régissant ensemble les
marchés publics et les délégations de services publics. Par ailleurs, il y a une loi régissant
spécialement les Partenariats Public-Privé (PPP), promulguée vers la fin de l’année 2016.
Nous avons :
 le Décret N°2015-0604/P-RM du 25 septembre 2015, portant code des marchés
publics et des délégations de service public en République du Mali ;
 le Décret N° 2016-0920/P-RM du 06 décembre 2016, portant modification du Décret
N°2015-0604/P-RM du 25 septembre 2015, portant code des marchés publics et des
délégations de service public en République du Mali ;
 le Décret N° 2016 portant code d’éthique et de déontologie dans les marchés publics et
les délégations de service public ;
 le Décret N° 2014-0764/P-RM du 09 octobre 2014 fixant le régime des marchés de
travaux, fournitures et services exclus du champ d’application du Décret N° 08-485/P-
RM du 11 août 2008, portant procédures de passation, d’exécution et de règlement des
marchés publics et des délégations de service public en République du Mali ;
 le Décret N°09-2019 P/RM du 11 mai 2009 déterminant les autorités chargées de la
conclusion et de l’approbation des marchés publics et des délégations de service
public ;
 l’Arrêté N°2015-3721/MEF-SG du 22 octobre 2015 fixant les modalités d’application
du Décret N°2015-0604/P-RM du 25 septembre 2015, portant code des marchés
publics et des délégations de service public en République du Mali ;
 le Manuel de procédures de passation des marchés des collectivités territoriales ;

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

 le Guide de l’acheteur public du Mali;


 le Lexique des marchés publics.
Les politiques et les réglementations ont pour objet principal de mettre à la disposition des
organes chargés de passation des marchés publics des outils et mécanismes leur permettant
d’assurer une gestion saine et performante des deniers publics.
II- Les structures en charge de la passation des marchés publics au Mali :
Elles sont nombreuses et de natures diverses, mais les Directions des Finances et du Matériel
(DFM) y occupent une place de premier choix. Aussi, on y retrouve entre autres structures :
des Directions Administratives et Financières (DAF) ; des Établissements Publics autres
qu’industriels et commerciaux ; des unités de gestion et de coordination des projets de
développement  etc.
1. Les Directions des Finances et du Matériel (DFM) :
L’ordonnance N°09-010/PM-RM du 04 mars 2009 est à l’origine de la création des directions
des finances et du matériel. Ces organes, en plus de cette ordonnance ont chacun un texte de
création. Une DFM peut assurer la gestion des marchés publics d’un ministère ou d’un groupe
de ministères. Chacune d’elles a donc la responsabilité de la gestion des marchés publics et
joue à ce titre, le rôle d’Autorité contractante.

Une DFM a pour mission d’élaborer, au niveau du département ou du groupe de


départements ministériels, les éléments de la politique nationale dans le domaine de la
gestion des ressources financières et matérielles et de l’approvisionnement des services
publics. À cet effet, elle est chargée :
 d’élaborer le budget du département ou du groupe de départements ministériels et en
assurer l’exécution;
  d’assurer l’exécution des fonds publics mis à la disposition du département ou du
groupe de départements ministériels;
 de procéder  à l’établissement des différents comptes administratifs y relatifs;
 d’assurer l’approvisionnement du département ou du groupe de départements
ministériels;
 de procéder à la passation des marchés publics conformément à la réglementation en
vigueur et d’assurer la tenue de la comptabilité matière.17
2. Les Direction Administratives et Financières (DAF) :
Avant le 04 mars 2009, il n’y avait que des DAF au sein des départements ministériels. À la
différence des DFM, en plus de gérer les marchés publics, elles prennent en charges la
Gestion des Ressources Humaines (GRH). Aujourd’hui, les DAF sont répertoriées seulement
à la Présidence de la République, à la Primature et dans les Institutions de la République, à
cause de la création des DFM et des Directions de Ressources Humaines (DRH). La Loi N°
88-47/P-RM du 10 novembre 1989, portant création des Directions administratives et
financières définit leurs missions en ces termes :
Les DAF ont pour mission d’élaborer les éléments propres de la politique du département
17
Article 2 de l’Ordonnance N°09-010/PM-RM du 04 mars 2009, portant création des directions des finances et du matériel

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

dans le domaine du personnel, des matériels et des moyens financiers et de participer à la


préparation et à la mise en œuvre de la politique du gouvernement dans le même domaine18.
À ce titre, les DAF participent entre autres missions au contrôle de gestion du matériel et
l’application de la réglementation en matière de marchés publics.
3. Les autres unités de passation :
Les collectivités locales, les établissements publics autres qu’industriels et commerciaux, les
unités de gestion des projets de développement etc. ont chacun, soit une direction ou une unité
de passation de marchés publics fonctionnant selon les règles du code des marchés publics et
des délégations de service public en République du Mali. Cependant, ces catégories
d’Autorités contractantes présentent une différence de seuil avec les DFM et les DAF, en ce
qui concerne la conclusion et l’approbation des marchés passés.
Les textes en vigueur en République du Mali soumettent toutes les structures ci-dessus citées
aux mêmes règles ou procédures de passation de marchés, pour l’assurance d’une meilleure
gestion des fonds publics et le respect des principes de bonne gouvernance. Pour cela, ces
procédures méritent grandement d’être examinées.

18
Article 2 de la Loi N° 88-47/P-RM du 10 novembre 1989, portant création des Directions administratives et financières

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

Section 2 : Procédures de passation des marchés publics au Mali :


Tout d’abord, « la passation d’un marché est l’acquisition, au moyen d’un marché public de
travaux, de fournitures ou de services par un ou plusieurs pouvoirs adjudicateurs auprès
d’opérateurs économiques choisis par lesdits pouvoirs, que ces travaux, fournitures ou
services aient ou non une finalité publique19 ».
Quant à la procédure, elle fait référence aux règles et directives consignées dans les textes en
vigueur en République du Mali par rapport aux trois principales catégories de marchés
publics. Étant donné que les marchés de travaux et ceux de fournitures sont soumis à la même
procédure de passation (à quelques exceptions près), ils seront présentés ensemble (A) dans le
cadre de cette étude. Par contre, les procédures de passation prestations intellectuelles qui
présentent bien des différences avec les deux précédents, seront exposées séparément (B).
A- Procédures de passation des marchés de travaux, fournitures et services courants :
Pour une description plus détaillée de la procédure de passation des marchés de travaux,
fournitures et services courants, nous nous référeront à la procédure par excellence ou par
défaut qui est l’AOO.
Au Mali, les seuils20 de passation des marchés de travaux, fournitures et services courants sont
les suivants :
Tableau n°1 : Seuils de passation des marchés, de conclusion des DRPCO, DRPCR et
contrats simplifiés pour les fournitures, services courants et travaux
Mode de passation Fournitures et services courants Travaux
Appels d’offres Au moins 80 000 000 FCFA Au moins 100 000 000 FCFA
DRPCO De 25 000 000 à 79 999 999 De 25 000 000 à 99 999 999
FCFA FCFA
DRPCR 5 000 000 à 24 999 999 F CFA 5 000 000 à 24 999 999 F CFA
Contrat simplifié 500 000 à 4 999 999 F CFA 500 000 à 4 999 999 F CFA
Bon de commande Moins de 500 000 F CFA Moins de 500 000 F CFA

Cependant, avant toute passation, l’Autorité contractante débute toujours par des activités
préliminaires ou préparation de la passation.
I. La préparation de la passation :
Conformément à la Directive N°04/2005/CM/UEMOA portant procédures de passation,
d’exécution et de règlement des marchés publics et des délégations de service public dans
l’union économique et monétaire ouest africaine  et au code des marchés publics et des
délégations de service public du Mali, la préparation de la passation d’un marché public
nécessite la mise en place préalable d’un plan de passation des marchés, des spécifications
techniques, du Dossier d’Appel d’Offres (DAO) …
1. Le Plan de Passation des Marchés (PPM):
L’autorité contractante doit préparer en collaboration avec ses services techniques un plan
annuel et un Avis général de passation en année « n » pour les marchés qui seront passés en
19
Article premier de la Directive 2014/24/UE du parlement européen et du conseil du 26 février 2014 sur la passation des marchés publics et
abrogeant la directive 2004/18/CE
20
Article 9 du Décret N°2015-0604/P-RM du 25 septembre 2015, portant code des marchés publics et des délégations de service public en
République du Mali 

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

année « n+1 » grâce à un modèle type. Dans ce PPM révisable, on définit entre autres, l’Unité
Fonctionnelle (UF), le nom du service, la nature du marché, le mode de passation, le type
financement (national ou extérieur), l’objet du marché, la période de passation, le coût
estimatif. Il est soumis à l’avis de la Direction Générale des Marchés Publics et des
Délégations de Service Public (DGMP-DSP), avant d’être publié par le pouvoir adjudicateur
et l’Autorité de Régulation des Marchés et des Délégations de Service Public (ARMDS) qui
veille à l’application correcte de la procédure de passation et au respect du principe de la
transparence. Le PPM permet une meilleure maîtrise des dépenses, d’éviter les marchés
passés par entente directe, les morcellements ou fractionnements, les risques de perte de
crédits et les gaspillages. Il permet en outre aux opérateurs économiques de se préparer en
avance, donc d’être mieux préparés.
2. L’expression de besoin :
La détermination des besoins par l’autorité contractante et ses services bénéficiaires en vue de
la passation d’un marché, est effectuée selon les principales étapes suivantes :
 Établir que la commande envisagée répond à une demande ;
 Faire valider le principe de la commande et le calendrier par l’autorité contractante ;
 Évaluer le cout estimatif du marché21.
Selon les articles 34.2 et 34.3 du code des marchés publics et des délégations de service
public, cette définition des besoins ne doit pas avoir pour effet de soustraire des marchés ou
des délégations de service public aux règles qui leur sont normalement applicables. Par
ailleurs, le lancement d’une procédure de passation de marché public est subordonné à
l’existence de crédits budgétaires suffisants et au respect des règles organisant les dépenses
des autorités contractantes.
3. Les spécifications techniques :
Chaque marché est préparé en référence à des normes ou spécifications techniques ou
agréments techniques. L’article 35 du code traite de la question. Les spécifications techniques
sont généralement jointes à l’expression de besoin faite par le service bénéficiaire. Dans le cas
contraire, le service Achat (DFM ; DAF …) les fait établir par les structures publiques ayant
les compétences et qualifications nécessaires en l’occurrence, la Direction Générale de
l’Administration des Biens de l’État (DGABE) ; la Cellule d’Appui à l’Informatisation des
Services Fiscaux et Financiers (CAISFF)… ou à défaut des structures privées tout en
accordant une attention particulière aux règles applicables au confit d’intérêt. Aucune
référence à une marque spécifique ne doit être faite, sauf pour des cas extrêmes pour lesquels,
l’Autorité contractante doit y ajouter le terme « ou équivalent ».
4. Le Dossier d’Appel d’Offres (DAO) :
La passation d’un marché public par AOO, nécessite la préparation d’un dossier d’appel à
concurrence par référence à un dossier type. Ce dossier peut comporter plusieurs lots :
l’allotissement qui présente des avantages techniques et/ou financiers. Le DAO qui peut être
remis gratuitement ou moyennant un paiement raisonnable couvrant les frais de reprographie,
donne des informations sur les éléments constitutifs du marché qui sont :
21
Article 6 de l’Arrêté N°2015-3721/MEF-SG du 22 octobre 2015 fixant les modalités d’application du Décret N°2015-0604/P-RM du 25
septembre 2015, portant code des marchés publics et des délégations de service public en République du Mali  

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

 Les documents particuliers :


- Acte d’engagement ;
- Cahier des clauses administratives particulières et Cahier des clauses particulières ;
- Autres documents contractuels ;
 Les documents généraux :
- Cahier des Clauses Techniques Générales (CCTG) ;
- Cahier des Clauses Administratives Générale (CCAG).
Selon l’article 37.3 du code des marchés publics et des délégations de service public, « un
procès-verbal de toutes modifications apportées au dossier d’appel d’offres à la concurrence
est dressé. Les modifications du dossier d’appel d’offres à la concurrence sont transmises à
tous les candidats dix (10) jours ouvrables au minimum avant la date de remise des offres, qui
peut, dans cette hypothèse, également être prorogée par l’autorité contractante ».
II. La passation proprement dite :
La passation des marchés au Mali dont il est question dans le présent Mémoire, ne concerne
que ceux dont les montants prévisionnels sont au moins égaux aux montants prévus par les
seuils (80 000 000 F CFA pour les fournitures et services courants et 100 000 000 F CFA
pour les travaux). Les différentes étapes pour un AOO sont les suivantes :
1. La publication de l’Avis d’Appel d’Offres (AAO) :
Les AAO ainsi que les avis de pré-qualification doivent faire l’objet d’une publicité par voie
électronique ou dans un journal de couverture nationale. La durée de quatre (4) semaines pour
les Appels d’Offres Nationaux (AON) pourrait être réduite à deux (2). Ce délai qui est revu à
la hausse (six (6) à huit (8) semaines) dans le cadre d’un Appel d’Offres International (AOI)
pourrait aussi être ramené à quatre semaines, après avis de la DGMP-DSP, sur demande
justifiée de l’Autorité contractante. En tout état de cause, « l’absence de publication de l’avis
est sanctionnée par la nullité de la procédure 22».
2. L’ouverture des offres :
Aux termes du délai consigné dans l’AAO, aux date et heure prévues, tous les opérateurs
intéressés doivent avoir effectués le dépôt de leurs offres au lieu indiqué. Pour l’ouverture et
l’analyse des offres, il est créé par décision, une commission d’ouverture et d’évaluation des
offres. Cette commission peut s’adjoindre toute personne ressource pour ses compétences.
L’ouverture des offres qui est publique se fait à la date et heure indiquées dans le DAO et
l’AAO. Une fois l’ouverture des plis commencée, aucune offre ne pourrait faire objet de
réception quel que soit le motif. Les éléments constitutifs de chaque offre sont lus
publiquement, à haute et intelligible voix. À la fin de l’ouverture, sur demande du président
les représentants des soumissionnaires peuvent faire des observations sur d’éventuelles
omissions, chacun en ce qui concerne son offre. Un Procès-verbal est dressé et remis à chaque
candidat présent.
3. L’évaluation des offres :
Après la levée de la séance d’ouverture des plis, il est mis en place une sous-commission
technique ayant pour charge, l’évaluation des offres et la proposition du ou des attributaires
22
Article 63.4du Décret N°2015-0604/P-RM du 25 septembre 2015, portant code des marchés publics et des délégations de service public
en République du Mali 

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

provisoires. Pour l’évaluation des offres, la méthodologie suivante est adoptée :


a. Examen préliminaire des offres :
L'examen préliminaire des offres a pour objet d'identifier et de rejeter celles qui sont
incomplètes, non recevables ou non conformes pour l'essentiel aux dispositions du Dossier
d'Appel d'Offres. Cet examen porte sur les points suivants :
 la vérification des documents et pièces constitutives des offres ;
 les critères de provenance, le cas échéant et la garantie des offres, le cas échéant ;
 l’exhaustivité des offres ;
 la conformité pour l’essentiel aux dispositions techniques, commerciales et juridiques
du dossier d’appel d’offres.
b. Examen détaillé des offres :
Seules les offres qui sont retenues à l’issue de l’examen préliminaire sont examinées à ce
stade. Cet examen détaillé concerne :
 la correction des erreurs et la correction des sommes provisionnelles le cas échéant ;
 les modifications et les rabais ;
 la monnaie de l’évaluation ;
 les ajustements pour omissions et les autres ajustements ;
 les valorisations monétaires des variations mineures (éventuelles).
c. Vérification de la Post Qualification :
La vérification de la post qualification a pour objet de s’assurera que le Candidat retenu pour
avoir soumis l’offre évaluée la moins-disante en fonction de critères exprimés en termes
monétaires et substantiellement conforme aux dispositions du dossier d’appel d’offres,
possède bien les qualifications requises pour exécuter le marché de façon satisfaisante. Cette
détermination sera fondée sur l’examen des pièces attestant les qualifications du Candidat.
L’attribution du Marché au Candidat est subordonnée à l’issue positive de cette
détermination. Au cas contraire, l’offre sera rejetée et il faudra procéder à l’examen de la
seconde offre évaluée la moins-disante en fonction de critères exprimés en termes monétaires
afin d’établir de la même manière si le Candidat est capable d’exécuter le marché de façon
satisfaisante.
d. Proposition d’attribution du marché :
A ce stade, le soumissionnaire le moins disant après évaluation est celui dont l’offre évaluée
présente le plus bas prix, sous réserve de la prise en compte des éléments ci-dessous :
 de l’incidence éventuelle de la marge de préférence en faveur du pays de l’Autorité
contractante sur le classement des offres, le cas échéant ;
 de l’impact des rabais proposés si plus d’un marché ou lot est attribué à un même
soumissionnaire (rabais conditionnels) ; et
 des conclusions de la vérification a posteriori (après vérification) de la capacité du
soumissionnaire à réaliser le contrat ou, si la procédure de pré qualification a été
appliquée, de la confirmation des informations sur la base desquelles le
soumissionnaire a été pré qualifié23.
23
Extrait du rapport type d’évaluation des offres « 2017 » relatives aux marchés de fournitures et services courants en République du Mali

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

Les résultats de cette évaluation sont consignés dans un rapport signé par les membres de la
commission et envoyé à la DGMP-DSP avec le projet de marché pour Avis Juridique. Dès
que la DGMP-DSP a donné son Avis de Non Objection (ANO), une notification provisoire est
adressée à l’attributaire provisoire et des lettres de rejet aux perdants avec les motifs de rejet
de leurs offres. Après expiration du délai de (15) jours et éventuellement du délai de recours
relatif à la passation, l’Autorité contractante publie les résultats avant d’entamer la préparation
du projet de marché en vue de sa conclusion et de son approbation24.
e. Circuit de signatures et d’approbation et d’enregistrement du marché :
Le contrat préparé est multiplié en quinze (15) exemplaires au moins, avant d’être intégré
dans le circuit de signatures, d’approbation et d’enregistrement qui se décrit ainsi :
 Signature par l’attributaire provisoire ;
 Signature de l’autorité contractante ;
 Engagement et liquidation du marché par l’Autorité contractante ;
 Visa du Contrôle Financier ;
 Signature de l’autorité d’approbation ;
 Numérotation à la DGMP-DSP ;
 Notification définitive du marché à l’attributaire provisoire qui devient ainsi titulaire
du contrat. Le délai d’exécution commence à courir à partir de la date de réception de
cette nouvelle notification ;
 Enregistrement au service des impôts (Paiement d’un droit d’enregistrement
équivalent à 3% du montant Hors Taxes (HT) du marché et d’une redevance de
régularisation équivalent à 0,5% du montant HT du marché ;  
 Transmission d’une copie du contrat au Secrétariat Général du Gouvernement (SGG)
pour information et archivage.
De l’avis de plusieurs spécialistes, la réception de la notification définitive par le titulaire
du marché marque la fin de la procédure de passation et le début de celle de l’exécution.
NB : En ce qui concerne les procédures exceptionnelles, de façon ramassée, nous avons :
a. Par rapport aux consultations restreintes, il est à noter qu’après l’ANO de la
DGMP-DSP sur le DAO et signature de la décision créant la commission d’ouverture
et d’évaluation des offres, il n’y a pas de publication. Les soumissionnaires sont
directement invités à soumettre leurs offres à la date et heure limites indiquées.
L’ouverture des offres au lieu indiqué, leur évaluation, la signature et l’approbation du
contrat se font dans les mêmes conditions que celles décrites pour l’AOO.
b. Quant à l’entente directe ou gré à gré, dès que la DGMP-DSP donne son ANO sur
la demande de passation du marché par entente directe, un contrat est fait sur la base
des négociations conclues et de la facture présentée par l’attributaire et envoyé à la
DGMP-DSP pour Avis. Le reste de la procédure est comme celle décrite pour l’AOO
à l’exception du fait qu’il n’y a pas de lettre aux perdants.

24
Article 14.2 de l’Arrêté N°2015-3721/MEF-SG du 22 octobre 2015 fixant les modalités d’application du Décret N°2015-0604/P-RM du 25
septembre 2015, portant code des marchés publics et des délégations de service public en République du Mali.  

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

Rappelons que la procédure de passation des marchés de travaux, fournitures et services


courants ci-dessus décrite, présente bien de différences avec celle des prestations
intellectuelles, qui, aussi bien en théorie qu’en pratique est plus longue. Il serait donc très
intéressent, de toucher du doigt les points communs, mais surtout les différences majeures qui
existeraient entre les deux procédures.
B- Procédure de passation des marchés de prestations intellectuelles :
Les marchés de prestations intellectuelles sont de ceux-là faisant appel aux services de
consultant. Il n’existe pas de définition clairement établie. Cependant, une prestation de
service peut s’entendre comme étant une prestation intellectuelle à partir du moment où la
part de réflexion est supérieure à la part de service. Elle est immatérielle et fait appel à
l’imagination et à la créativité. Contractuellement parlant, c’est un cas de figure où le
prestataire ne va pas vendre une marchandise, mais va mettre à la disposition de son client
son savoir-faire dans un domaine précis25. Par ailleurs, par rapport à la procédure de
passation, tout comme les marchés de travaux, fournitures et services courants, les marchés de
prestations intellectuelles nécessitent des activités préparatoires (A) avant la passation
proprement dite (B).
I- Les activités préparatoires :
1. Du PPM à la détermination du besoin :
La préparation du PPM pour un exercice donné se fait dans les mêmes conditions que celles
décrites pour les travaux, fournitures et services courants. En fait, pour un exercice déterminé
le même PPM doit contenir toutes les catégories de marchés pour l’exercice en question.
Cependant, dans certaines conditions pour des projets de développement, il est généralement
établi pour une période de dix-huit (18) mois et peut faire l’objet de révision à tout moment, à
condition d’être soumis à la DGMP-DSP pour Avis. Aussi, la détermination du besoin se
passe dans les mêmes conditions que celles décrites pour les travaux, fournitures et services
courants.
2. La préparation des Termes de Référence (TDR) :
Les TDR sont aux prestations intellectuelles ce que les spécifications techniques sont aux
travaux, fournitures et services courants. Le document s’y référant énonce les objectifs de la
mission, son champ d’application, les activités, les tâches à exécuter, les responsabilités
respectives de l’Autorité contractante et du Consultant ainsi que les résultats attendus et les
prestations devant être fournies. On y trouve également les qualifications minimales exigées
pour les consultants, la durée de la mission, la nature du financement etc. Le dossier de
Demande de Proposition (DP) y prend appui pour l’établissement des critères d’évaluation.
II- La passation proprement dite :
Il est important de préciser à ce niveau que la procédure qui sera décrite est celle fondée sur la
qualité technique et coût, du fait qu’elle est la procédure de droit commun dans le cadre d’un
marché de prestations intellectuelles. Elle est l’AO des marchés de prestation intellectuelle.
Ses différentes étapes sont les suivantes :
1. La publication et l’ouverture des dossiers de manifestation d’intérêt:

25
www.prestationintellectuelle.com  les spécificités des achats de prestations intellectuelles

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

Dans le cadre d’une Sélection Fondée sur la Qualité-technique et le Coût (SFQC), dès que le
besoin est défini et les TDR élaborés, un Avis de Manifestation d’Intérêt (AMI) conforme à
l’expression de besoin est publié dans les mêmes conditions que celles décrites pour les
marchés de travaux, fournitures et services courants. Une fois l’avis publié, les consultants
intéressés manifestent leurs intérêts dans un délai de deux (2) semaines ou un mois selon les
seuils, à la date et heures limites indiquées sur l’avis. L’ouverture et l’élaboration de son PV
se font également dans les mêmes conditions que celles décrites pour les marchés de travaux,
fournitures et services courants.
2. L’évaluation des dossiers de manifestation d’intérêt :
Les consultants (bureaux ou groupement de bureaux) intéressés par la manifestation doivent
fournir les informations indiquant qu’ils sont qualifiés pour exécuter les services (références
concernant l’exécution des contrats similaires, les dates, délais, coûts des études, sources de
financement, le personnel qualifié, les expériences et compétences dans le domaine de la
mission). L’évaluation se fait sur la base des expériences des cabinets et de leurs experts dans
le domaine de la prestation. Les cabinets ayant le nombre de missions similaires minimales
seront retenus sur une liste restreinte. Le résultat de cette évaluation est consigné dans un
rapport qui sera signé par les membres de la commission.
3. La Demande de Proposition (DP) :
La SFQC nécessite la préparation d’une DP par référence à un dossier type. La DP qui peut
être remis aux candidats retenus gratuitement ou moyennant un paiement raisonnable
couvrant les frais de reprographie, donne des informations précises sur les éléments
constitutifs du marché qui sont :
 Section 1. Lettre d’invitation ;
 Section 2. Instructions aux Candidats (IC) ;
 Section 3. Données particulières de la DP ;
 Section 4. Proposition technique - Formulaires types ;
 Section 5. Proposition financière - Formulaires types ;
 Section 6. Termes de référence ;
 Quatre (4) annexes.
L’avis de manifestation d’intérêt, la preuve de sa publication ainsi que le rapport d’évaluation
afférant à cette manifestation d’intérêt, sont soumis en même temps que la demande de
propositions à l’approbation de l’organe chargé du contrôle des marchés publics et des
délégations de service public26 (DGMP-DSP).
4. L’invitation des candidats retenus sur la liste restreinte, ouverture et évaluation
des propositions techniques :
À la réception de l’ANO de la DGMP-DSP, une décision de constitution d’une commission
d’ouverture et d’évaluation des propositions et de négociation est prise dans les mêmes
conditions que celles des AOO. C’est alors que des lettres d’invitation sont adressées aux
consultants retenues sur la liste restreinte. Les invitations font état de la date, l’heure et le lieu
de retrait de la DP moyennant paiement ou non d’un montant défini pour la constitution des
26
Article 55, dernier aliéna du Décret N°2015-0604/P-RM du 25 septembre 2015, portant code des marchés publics et des délégations de
service public en République du Mali

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

dossiers. Les invitations précisent également la date limite, l’heure et le lieu de dépôt des
propositions techniques et financières ainsi que la date, l’heure et le lieu d’ouverture des
propositions techniques. L’ouverture des propositions techniques se fait dans les mêmes
conditions que celles des AOO, à la différence que les propositions techniques et financières
sont toutes deux (2) dans deux enveloppes séparées à l’intérieur d’une grande enveloppe. Le
jour de l’ouverture, seules les propositions techniques sont ouvertes et les propositions
financières conservées dans un lieu sûr par l’Autorité contractante.
La sous-commission technique procède à l’analyse et au jugement des propositions techniques
en adoptant généralement la méthodologie suivante:
a. Vérification de la fourniture et de la conformité des pièces demandées dans le dossier ;
b. Évaluation technique ;
c. Classement des consultants par ordre décroissant du score technique.
Exemple :
a. Vérification de la fourniture et conformité des pièces demandées :
Tableau n°2 s’inspirant du rapport type d’évaluation des propositions techniques
Libellé Agrément/ Quitus Statut Procuration CNF CV du Conclusion
carte fiscal du personnel
Pli n° professionne signataire spécialisé
lle ou
équivalent
1- X SO FC FC SO FNC NF REJETEE
2- Y SO FC FC FC FC FC RETENUE
3- Z SO FC FC SO FC FC RETENUE

Légende : FC : Fourni conforme ; SO : Sans objet ; NF : Non fourni ; FNC : Fourni Non Conforme

b. Évaluation technique :
Cette séance technique consiste à évaluer les consultants suivant la grille d’annotation
indiquée dans la DP. Le nombre de points minimal requis est de de 75/100.
Par exemple :
Tableau n°3 s’inspirant du rapport type d’évaluation des propositions technique
Critères et sous critères Pli 2 : Y Pli 3 : Z
i) Expérience du Cabinet dans le domaine 10 10
concerné …………………………….. 10points
réalisation d’au moins deux missions similaires 10 10
dans le domaine concerné..…………… 10 points
ii) Conformité du plan de travail, de la 30 25
méthodologie proposée, de l’organisation et
personnel aux Termes de référence…... 30points

 Plan de travail 10 points


 Conforme 10 points 10 10

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

 Peu conforme 5 points


 Pas conforme 0 point
 Méthodologie 15 points
 Conforme 15 points 15
 Peu conforme 10 points 10
 Pas conforme 0 point
 Organisation et personnel
 Conforme 5 points 5 5
 Peu conforme 2,5 points
 Pas conforme 0 point
iii) Qualifications et compétences techniques 58 60
du consultant pour la mission ……….60 points
 Un Expert A spécialiste dans un domaine
pertinent pour la mission (Chef de
mission) …………………....…. (35 points)
 Qualifications générales : 10 pts 10 10
- Diplôme dans un domaine en rapport avec la 5 5
mission….. ……………………………….…5 points
- Avoir une expérience générale d’un nombre 5 5
d’années définies..………………….………..5 points
 Expérience spécifique : 25 pts 25 25
Expérience pertinente pour la mission, à raison de 25 25
5 point par mission similaire……………….25 points
Un Expert B spécialiste dans un domaine
pertinent pour la mission….……....…. (35 points)
Qualifications générales : 10 points 10 10
- Diplôme dans un domaine en rapport avec la 5 5
mission….. ……………………………….…5 points
- Avoir une expérience générale d’un nombre 5 5
d’années définies..………………….………..5 points
 Expérience spécifique : 15 pts 12 15
Expérience pertinente pour la mission, à raison de 12 15
3 points par mission similaire…………..….15 points
Total des points / 100 97/100 95/100
Ce qu’il y a d’intéressent à signaler à ce niveau, c’est que chaque point obtenu ou perdu par
un candidat est commenté dans le rapport avec les motifs de gain ou de perte.
Au vu de cette évaluation illustrative, nous remarquons que les deux candidats ont obtenu plus
que la note minimale requise et sont d’ailleurs hautement qualifiés techniquement. Cependant,
un cabinet n’ayant pas fourni la documentation nécessaire a été écarté de toute évaluation au
niveau de la vérification et de la conformité des pièces demandées.
c. Classement des cabinets consultés par ordre décroissant du score technique :

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

L’évaluation des offres relatives au recrutement d’un consultant pour le domaine concerné,
dont le résultat est consigné dans le tableau ci-dessus donne le classement suivant :
 1er pli n° 2- Y avec 98 sur 100 points.
 2emePli n° 3 : Z avec 95 sur 100 points.
La note technique minimale requise étant 75/100 points, le pli n° 2- Y ayant obtenu 98/100
points et le pli n° 3 : Z ayant obtenu 83/100 points, sont proposés pour l’évaluation
financière.
À la fin de l’évaluation, le rapport signé par les membres de la commission est envoyé à la
DGMP-DSP pour Avis. Ce rapport comme tout autre peut faire l’objet d’un rejet motivé.
5. L’ouverture et l’évaluation des offres financières :
Dès que la DGMP-DSP donne son ANO sur le rapport des propositions techniques, tous les
candidats sont informés de la rétention ou du rejet de leurs propositions, suivi de l’observation
du délai d’attente pour le recours avant la poursuite de la procédure. C’est alors qu’une date
est arrêtée par l’Autorité adjudicatrice pour l’ouverture des propositions financières qui se fait
d’ailleurs dans les mêmes conditions que celle des propositions techniques.
Par contre, à l’évaluation, la sous-commission technique y procède en adoptant la
méthodologie suivante:
a. Examen préliminaire de l’offre ;
b. Calcul du score ;
c. Proposition d’attribution du marché.
a. Examen préliminaire des offres :
La sous-commission technique procède à l’examen de la recevabilité financière des
propositions par la vérification des conditions dans lesquelles les pièces demandées dans la
DP doivent être fournies, et la façon dont elles doivent être présentées suivant les formulaires
annexés à la demande de propositions.
Le tableau de l’examen préliminaire des offres financières : En poursuivant notre illustration
Tableau n°4 s’inspirant du rapport type d’évaluation des propositions financière
Désignation Lettre de État récapitulatif Ventilation de la Ventilation des Observations
Soumission des coûts rémunération frais
remboursables
Pli N°2 : Y FC FC FC FC RETENUE
Pli N°3 : Z FC FC FC FC RETENUE
Légende : FC : Fourni Conforme 
Dans la présente illustration, nous supposons que les deux offres sont jugées conformes en ce
concerne l’évaluation préliminaire. Ce qui nous permet de passer à l’étape suivante :

b. Vérification des propositions jugées conformes :


La sous-commission technique procède alors à la vérification des ventilations des coûts et de
l’état récapitulatif, sachant que la note technique vaut 70% et la financière 30% de la notation.
Par exemple :

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

 Le pli N°2 : X, n’a commis aucune erreur de sommation du montant total au quel cas,
la commission allait procéder à la correction. Ainsi, le montant après vérification est
de 22.900 500 F CFA TTC.
 Le pli N°2 : Z, n’a commis aucune erreur de sommation du montant total. Ainsi, le
montant après vérification est de 20.711.400F CFA TTC.
c. Calcul du score :
c-1 Calcul du score financier (SF) :
Pour le calcul du score financier on utilise la formule suivante :
 Note Financière (NF) = 100 x Proposition financière la moins distante/la proposition
financière de l’offre.
 Score Financier (SF) = NF x 0,3
Ainsi :
 NF du pli N°2 : Y = (20.511.400/22.900.500) x 100 = 89,57.
SF du pli N°2 : Y = 89,57 x 0,3 = 26,87
 SF du pli N°3 : Z = (20.511.400/20.511.400) x 100 = 100.
SF du pli N°3 : Z = 100 x 0,3 = 30

c-2 Calcul de la combinaison du score technique et du score financier :


Score Global (SG) = Score Technique (ST) + SF
 ST du pli N°2 : Y = 97 x 0,7 = 67,90
 SG du pli N°2 : Y = 26,87 + 67,90 = 94,77 points
 ST du pli N°3 : Z = 95 x 0,7 = 66,50
 SG du pli N°3 : Z = 66,5 + 30 = 96,50 points
c-3 Classement :
1er pli N°3 : Z = 96,50 points.
2ième pli N°2 : Y = 94,77 points.
d. Proposition d’attribution du marché :
La sélection étant fondée sur la qualité technique et la sélection « au moindre coût », le
Bureau ayant obtenu le score global le plus élevé est celui du pli N°3 : Z. Le pli N°3 : Z est
donc celui proposé pour les négociations.
Ces résultats sont consignés dans un rapport d’évaluation dite « Rapport d’évaluation
combinée », car prend en charge le SF et ST. Le candidat ayant obtenu le SG le plus élevé,
ici : le pli N°3, est invité pour les négociations.
6. Les négociations avec le consultant retenu pour l’exécution des prestations :
Les négociations avec le consultant retenu sont programmées. Le jour de la négociation tous
les membres de la commission y participent avec le consultant. Le résultat de ces négociations
est consigné dans un Procès-Verbal signé puis accompagné du rapport d’évaluation combinée
et du projet de marché pour Avis de la DGMP-DSP. Les candidats non retenus sont alors
informés. À partir de l’ANO de la DGMP-DSP, nous pouvons nous référer à l’AOO pour ce
qui est du circuit de signature et d’approbation du marché.

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

III- Aperçu sur les autres modes de sélection :


La FSQC décrite ci-dessus constitue le mode de sélection par excellence en matière de
prestations intellectuelles, cependant, compte tenu d’un certain nombre de raisons, comme un
budget limité, une urgence ; la nature de la prestation…, l’Autorité contractante peut faire
recours à d’autre mode de sélections qui, néant moins ne sont que très peu utilisés au Mali. Il
s’agit de :
1. La Sélection Fondée sur la Qualité-technique (SFQ) :
Le cabinet ayant obtenu le nombre de point le plus élevé au moment de l’évaluation
technique, sera invité pour les négociations.
2. La sélection fondée sur les qualifications des consultants :
Ce mode de sélection est basé sur l’évaluation des expériences des cabinets dans le domaine
concerné. Le consultant ayant présenté le plus grand nombre d’expériences dans le domaine
concerné est invité pour les négociations.
3. La sélection Fondée sur le Moindre Coût (SFMC) :
Seuls les cabinets qualifiés techniquement sont concernés. Le cabinet proposant le coût le plus
bas sera invité pour les négociations même si elle est le dernier qualifié.
4. La Sélection Fondée sur un Budget Déterminé (SFBD) :
Seuls les cabinets qualifiés techniquement sont concernés. Le cabinet se rapprochant le plus
du budget sans le dépasser est invité pour les négociations.
5. Sélection des consultants individuels :
Ce mode de sélection est basé sur l’évaluation des Curriculum Vitae (CV) des consultants
individuels ayant manifestés leurs intérêts. Le consultant individuel ayant présenté le plus
grand nombre d’expériences dans le domaine concerné est invité pour les négociations.
Étant informé sur le système de passation de marchés publics, les procédures et les différents
modes de passation appliqués au Mali, il serait à présent opportun de nous intéresser au
système de contrôle et les procédures qui s’appliquent dans ce pays membre de l’UEMOA.

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

Chapitre II : Organisation du système de contrôle des marchés publics au Mali :


De façon générale, le système de contrôle des finances publiques a été mis en place depuis
l’accession du pays à l’indépendance en 1960 et n’a cessé d’évoluer. Quant à celui des
marchés publics, il a un passé relativement récent avec la création de la DGMP-DSP en 2008,
suivant la loi N°08-022 du 23 juillet 2008, mais qui a tout de même subi une petite révolution
avec la loi N°2011-029 du 24 juin 2011, portant modification de la loi N°08-022 du 23 juillet
2008, portant création de la DGMP-DSP.
Comprendre ce système nous exigera dans un premier temps de nous aventurer, un temps soit
peu, dans les avenues du cadre théorique, à travers des notions de base sur le contrôle, avant
de présenter le système (Section I). Dans un second temps, la présentation des procédures de
contrôle des marchés reprendront leurs droits (Section II).
Section 1 : Notions de Contrôle et système de contrôle au Mali :
Toute activité humaine, de l’individu en passant par une simple organisation pour terminer
par un État, a besoin d’être contrôlée pour mieux s’exécuter. Le contrôle a cependant
tendance à s’accentuer lorsque nous faisons référence aux finances publiques et les marchés
publics ne pourront nullement faire exception.
A- Notions de Contrôle :
I- Quelques définitions :
1. Le contrôle :
Le contrôle, de façon générale, c’est la vérification, la surveillance, l’examen d’une situation,
d’un dossier, dans le but d’en déceler, s’il y a lieu, les erreurs, les incorrections, les failles et
pendre des mesures correctrices.
2. Le contrôle financier public :
Le contrôle financier public est celui exercé sur l’exécution des deniers publics ou finances
publiques. « Le contrôle financier, au sens large, est le contrôle qui pèse sur les finances.
Pour être efficace, le contrôle doit être distinct de l’acte de dépense. Le contrôleur doit en
outre être cantonné à un rôle d’observateur indépendant. Affranchi de la relation
hiérarchique, il ne doit pas se servir de ses prérogatives pour interférer sur l’action afin de ne
pas la paralyser27 ». 
3. Une règle fondamentale : la séparation des fonctions de contrôleur et
d’ordonnateur :
La fonction de contrôleur financier est incompatible avec celle d’ordonnateur, règle
fondamentale en matière de gestion des finances publiques. Pour être efficace, « le contrôle
financier doit respecter la stricte séparation entre le décideur (le contrôlé) et le
contrôleur28 ». Il faut dès lors une stricte séparation de ces fonctions, que ce soit dans le cadre
d’une dépense publique ordinaire ou des marchés publics.

27 Le contrôle des dépenses engagées : Sébastien Kott, Collection : Histoire économique et financière - XIXe-XXe ; Vincennes (2004) ; P 74
28 Le contrôle des dépenses engagées : Sébastien Kott, Collection : Histoire économique et financière - XIXe-XXe ; Vincennes (2004) ; P 74

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

II- Les différentes sortes de contrôle :


Il en existe plusieurs types selon l’angle de vue adapté et nous pouvons en citer parmi tant
d’autres: le contrôle de gestion ; de légalité ; de performance ; de conformité ; a priori ; a
posteriori ; interne ; externe ; politique ; administratif ; juridictionnel etc. Dans le cadre du
présent, nous nous intéresserons particulièrement à ceux effectués au sein de l’appareil de
l’Etat et tenterons d’en définir quelques-uns :
1. Le contrôle politique :
Il est exercé au niveau du parlement (AN au Mali) et au niveau local un type de contrôle dit
politique. En effet, l’AN effectue, un contrôle politique lors du vote de la loi de règlement en
vérifiant si les prévisions budgétaires sont conformes à l’exécution qui en a été faite. Ce type
de contrôle est également effectué au niveau des collectivités locales, soit par le conseil
régional, soit par le conseil de cercle, soit par le conseil municipal en adoptant le compte
administratif.
2. Le contrôle administratif :
Le contrôle administratif est exercé au sein des administrations publiques, soit par la
hiérarchie, soit par les ordonnateurs, soit par les contrôleurs financiers, soit par les comptables
publics au cours de l’exécution du budget d’Etat. Le contrôle auquel nous faisons référence ici
est un contrôle dont l’essentiel se déroule au sein des administrations financières.
3. Le contrôle juridictionnel :
Il est exercé par la plus haute juridiction au Mali : la Cour Suprême en sa Section des
Comptes qui juge les comptes de gestion des comptables publics. A la suite de ce contrôle, un
comptable public ou un ordonnateur peut être mis en débet ou avoir quitus par rapport à sa
gestion de denier public.
4. Le contrôle interne et externe :
a. Le contrôle interne :
On parle de contrôle interne lorsque le contrôle est exercé au sein des administrations
publiques par ses propres organes de contrôle comme la DNCF, l’Inspection des Finances ; le
Contrôle générale des services Publics ; les autres inspections auprès des départements
ministériels ; la DGMP-DSP…
b. Le contrôle externe :
Le contrôle est dit externe lorsque les organes et les contrôleurs sont complètement
indépendants du pouvoir exécutif. Il peut être législatif (AN), juridictionnel (Cours des
comptes) et autres (Vérificateur général, cabinets d’audit, ARMDS…)
5. Le contrôle a priori et a posteriori :
a. Le contrôle a priori ou ex ante :
On entend par contrôle a priori le genre de contrôle exercé avant et pendant l’exécution des
finances publiques. A cet égard, nous considérons que tout contrôle au sein des
administrations publiques, intervenant au moment de la passation des marchés publics
(préparation du PPM, jusqu’à la notification définitives au titulaire) est un contrôle a priori.
b. Le contrôle a posteriori ou ex post :

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

Le contrôle a posteriori intervient en fin de gestion afin de s’assurer que les procédures, lois et
règlements ont été respectés tout au long de l’exécution. On considère que ce genre de
contrôle n’intervient que lorsque le marché public est passé et complètement exécuté.
6. Le contrôle de conformité et contrôle de légalité :
a. Le contrôle de conformité :
Le contrôle de conformité au sein des administrations publiques se définit comme l'obligation
de veiller à ce que soient scrupuleusement respectés : les dispositions législatives et
réglementaires propres à ses activités ; les normes, usages professionnels et déontologiques;
les codes de conduites notamment le code éthique et les procédures internes…
b. Le contrôle de légalité :
« On appelle contrôle de légalité la procédure qui permet aux représentants de l'Etat,
les préfets le plus souvent, de vérifier, a posteriori, que les actes adoptés par les collectivités
territoriales et certains établissements publics sont conformes aux lois et aux règlements en
vigueur, mais sans juger de leur opportunité29 ».
La distinction entre ces différentes sortes de contrôle nous permettra d’avoir une idée plus
dégagée du système de contrôle au Mali de par sa présentation synoptique.
B- Présentation du système de contrôle des marchés publics au Mali :
Le système de contrôle des marchés publics est construit, tout comme celui de la passation,
autour d’un cadre législatif, institutionnel, légal et réglementaire qui fonctionnent, même si
des petites tares n’y sont constatées en permanence. Des institutions importantes comme l’AN
y jouent un rôle important. À côté de ces institutions, nous avons des structures
opérationnelles qui interviennent quotidiennement dans le contrôle du processus budgétaire de
façon générale et celui des marchés publics en particulier.
I- Les institutions et organes politique, législatif et règlementaire :
1. Les politiques de contrôle:
Les politiques communautaires en matière de finances publiques ont une très grande influence
sur les politiques nationales de contrôle financier. D’une politique de contrôle de moyen,
aujourd’hui, le Mali à l’instar des autres pays membres de l’UEMOA ont tendance à
s’orienter de plus en plus vers une politique de contrôle de performance. Le Gouvernement est
à la base de la définition de toute politique nationale se rapportant aux finances publiques.
2. Au niveau législatif :
L’AN joue un rôle très important en matière de contrôle budgétaire lors du vote de la loi de
finances. Des commissions spéciales d’enquêtes peuvent être créées au sein de l’AN 30. Ces
commissions sont créées à tout moment pour recueillir des informations sur des marchés en
cours d’exécution, ayant attiré l’attention de l’AN, à travers des polémiques, les médias ou
toute autre source d’informations crédible. Le rapport de ce contrôle a priori est remis à l’AN
et peut donner lieu à l’ouverture d’une information judiciaire.
3. Les Directives, lois et règlements dans le domaine :
En plus des directives communautaires qui impactent directement les règlementations
29
http://www.toupie.org/Dictionnaire/Controle_legalite.htm
30
Article 88 du règlement intérieur du jeudi 15 octobre 2015 de l’AN

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

nationales en matière de finances publiques et de contrôle financier, nous avons une directive
portant particulièrement sur le contrôle des marchés publics. Parmi ces directives citons :
 la Directive N°05/2005/CM/UEMOA portant contrôle et régulation des marchés
publics et des délégations de service public dans l’union économique et monétaire
ouest africaine ;
 la Directive N°01/2009/CM/UEMOA, du 27 mars 2009 portant Code de transparence
dans la gestion des finances publiques au sein de l’UEMOA ;
 la Directive N°06/2009/CM/UEMOA, du 26 juin 2009 portant Lois de finances ;
 La Directive n°07/2009/CM/UEMOA du 26 juin 2009, portant règlement général sur
la comptabilité publique au sein de l’UEMOA…
Quant aux règlementations nationales ayant un impact sur le contrôle des marchés publics,
nous avons :
 La loi N°08-022 du 23 juillet 2008, portant création de la DGMP-DSP ;
 La loi N°08-023 du 23 juillet 2008, portant création de l’ARMDS ;
 La loi N°2011-029 du 24 juin 2011, portant modification de la loi N°08-022 du 23
juillet 2008, portant création de la DGMP-DSP ;
 La loi N° 2011-030 du 24 juin 2011 portant modification de la loi N°08-023 du 23
juillet 2008 portant création de l’ARMDS ;
 la loi n°2013-028/ du 11 juillet 2013, modifiée, relative aux lois de finances ;
 la loi n°2013-031/ du 23 juillet 2013 portant approbation du Code de Transparence
dans la gestion des Finances Publiques ;
 l’ordonnance n°2016-013/P-RM du 29 mars 2016, ratifiée par la loi n°2016-020/AN-
RM du 09 juin 2016, portant création de la Direction Nationale du Contrôle Financier ;
 le décret n°10-681/P-RM du 30 décembre 2010 portant Règlementation de la
Comptabilité-matières ;
 le décret n°2014-0349/P-RM du 22 mai 2014 portant Règlement Général sur la
Comptabilité Publique ;
 le Décret N°2015-0604/P-RM du 25 septembre 2015 portant code des marchés publics
et des délégations de service public en République du Mali ;
 le Décret N°2014 0349/PRM du 22 mai 2014, portant règlement générale sur la
comptabilité publique ;
 le décret n°2015-0604/P-RM du 25 septembre 2015 portant Code des Marchés Publics
et des Délégations de Service Public ;
 le décret n°2016-0214/P-RM du 1er avril 2016 fixant l’organisation et les modalités de
fonctionnement de la Direction Nationale du Contrôle Financier ;
 le décret n°2016-0224/P-RM du 5 avril 2016 fixant le cadre organique de la Direction
Nationale du Contrôle Financier ;
 l’arrêté n°2011-4795/MEF-SG du 25 novembre 2011 fixant les modalités
d’application du décret n°10-681/P-RM du 30 décembre 2010 portant Règlementation
de la Comptabilité-matières ;
 l’Arrêté N°2015-3721/MEF-SG du 22 octobre 2015 fixant les modalités d’application
du Décret N°2015-0604/P-RM du 25 septembre 2015, portant code des marchés

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

publics et des délégations de service public en République du Mali ;


 l’Arrêté n°2016-3224/MEF-SG fixant les modalités d’application du contrôle à priori
sélectif des dépenses ;
 l’Arrêté n°2016-3224/MEF-SG du 06 septembre 2016 portant sur le contrôle a priori
sélectif des dépenses ;
 l’Arrêté n°2016-3223/MEF-SG du 06 septembre 2016 fixant les modalités de
l’évaluation a posteriori des résultats et des performances des programmes ;
 la Stratégie Nationale du Contrôle Interne (SNCI) adoptée en juillet 2011 ;
 l’institutionnalisation de la Gestion Axée sur les Résultats (GAR)…
II- Les structures en charge du contrôle a priori des marchés publics au Mali :
En République du Mali, toutes les structures en charge de la passation des marchés comme les
DFM et DAF ont en leur sein un système de contrôle nommé « contrôle hiérarchique ». En
plus du rôle joué par les structures de passation, le Mali dispose de trois principaux organes de
contrôle des marchés publics : la DGMP-DSP ; la DNCF et l’ARMDS. Les deux premiers ont
une mission de contrôle systématique, alors que le troisième n’effectue de contrôle qu’en cas
de recours au moment de la passation.
1. Les organes en charge de la passation des marchés publics au Mali :
Les DFM ; DAF et autres organes de passation des marchés publics jouent un rôle de premier
plan en matière de contrôle de passation des marchés publics. Par exemple : le Directeur des
finances et du Matériel est chargé sous l’autorité du Ministre de diriger, programmer,
coordonner et contrôler les activités du service31. En effet, le Directeur a toutes les
compétences pour exercer un contrôle hiérarchique quant à la procédure de passation des
marchés publics de sa structure d’une part et sur tous les chefs de Divisions ou sous-directeurs
d’autre part. Aussi, les Chefs de Divisions ou sous-directeurs en font de même sur les
activités des Chefs de section, ainsi de suite jusqu’aux simples agents d’exécution.
2. La Direction Générales des Marchés Publics et des Délégations de Service Public 
La DGMP-DSP a pour mission le contrôle de l’application de la règlementation sur les
marchés publics et les délégations de service public. A ce titre, elle est chargée entre autres
de : suivre et contrôler la passation et l’exécution des marchés publics et des délégations de
service public (MP-DSP) ; émettre un avis, accorder les autorisations et les dérogations à la
demande des autorités contractantes conformément à la règlementation ; donner son avis sur
les projets de texte relatifs aux MP-DSP32…
De façon concrète, la DGMP-DSP donne son avis sur les PPM ; les DAO et les DP ; les
rapports, PV d’ouverture et d’évaluation des offres ainsi que les propositions techniques et
financières ; les projets de contrat ; les PV de négociation etc.
Au niveau de chaque département ministériel existe une Cellule de passation de marchés
publics, représentant la DGMP-DSP, afin de faciliter les procédures de passation pour des
seuils définis. Ces seuils concernent les DRPCO et les DRPCR conformément au tableau n°1,
p 25.
31
Article 3 du Décret N°09-137 /P-RM du 27 mars 2009, fixant l’organisation et les modalités de fonctionnement des DFM au Mali
32
Article 2 de la Loi n° 08-022 du 23 juillet 2008, modifiée par la loi n°2011-029 du 24 juin 2011, portant création de la DGMP-DSP

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

La DGMP-DSP est également présente au niveau régional, à travers des Directions régionales
des Marchés Publics et des Délégations de Service Public (DRMP-DSP).

3. La Direction Nationale du Contrôle Financier (DNCF) :


L’ordonnance n°2016-013/P-RM du 29 mars 2016, portant création de la DNCF, ratifiée par
la Loi n°2016-020 du 09 juin 2016, assigne au à la Direction National du contrôle financier
entre autres missions:
 assurer un contrôle financier à priori qui peut être sélectif ou non des dépenses du
budget d’État et des comptes et fonds spéciaux ;
 assurer un contrôle financier à priori qui peut être sélectif ou non des budgets annexes,
des budgets des établissements publics et des collectivités territoriales ;
 assurer un contrôle d’effectivité de la prestation, objet de la dépense publique à partir
d’un seuil fixé par décret pris en conseil de ministres ;
 donner son avis sur la qualité de la gestion et du contrôle interne des ordonnateurs.
Même si parmi ses nouvelles missions, la DNCF est chargée d’assurer un contrôle à posteriori
à travers l’évaluation des résultats et des performances des programmes, nous ne nous
concentrerons que sur ses missions de contrôle a priori, comme à chaque fois, dans le cadre de
cette étude.
Par ailleurs, tout comme la DGMP-DSP, la DNCF est également présente dernièrement dans :
 les départements ministériels, les institutions, les organismes personnalisés et
assimilés par des délégations du contrôle financier ;
 les Entrepôts maliens dans les ports de transit et autres services similaires par de
délégations Extérieures du contrôle financier et
 au niveau subrégional par des délégations locales du contrôle financier33.
4. L’Autorité de Régulation des Marchés Publics et des Délégations de Service
Public (ARMDS) :
L’ARMDS est chargée entre autres missions d’initier des enquêtes relatives à des irrégularités
ou des violations de la réglementation, en matière de marchés publics.
L’ARMDS assure le règlement non juridictionnel des litiges en statuant en qualité d’Autorité
de recours non juridictionnel. À ce titre, elle reçoit les réclamations et statue sur les
irrégularités, fautes et infractions constatées en matière de passation ou d’exécution des
marchés publics et délégations de service public34.
Concrètement, lorsqu’un recours est porté devant l’ARMDS, cette dernière peut ouvrir une
enquête auprès de l’Autorité contractante concernée, en effectuant un certain nombre de
contrôles portant sur la procédure de passation. Ce contrôle n’est pas systématique comme
ceux effectués par la DNCF et la DGMP-DSP, il est déclenché dès lors qu’un recours est
porté devant l’ARMDS. Ce contrôle a priori peut en effet porter sur des éléments de la
passation tels que : le PPM ; le contenu des avis publiés ou le mode de publication ; les
spécifications techniques ; les capacités techniques et financières ; l’évaluation des offres ou
des propositions techniques et financières etc.
33
Article 20 du décret N°2016-0214/PRM du 01 avril 2016 fixant l’organisation et les modalités de fonctionnement de la Direction
Nationale du Contrôle Financier
34
Article 2c. de la loi N° 2011-030 du 24 juin 2011 modifiant la Loi 08-023 du 23 juillet 2008 relatif à l'ARMDS

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

Les principaux organes en charge du contrôle des marchés publics au Mali étant identifiés,
notre curiosité nous oriente à présent vers une compréhension des procédures utilisées par
deux de ces organes : la DGMP-DSP et la DNCF.
Section 2 : Procédures de contrôle au Mali :
Malgré l’existence du contrôle hiérarchique et celui exercé par l’ARMDS en cas de recours
non juridictionnel sur la procédure de passation, le contrôle de la procédure de passation des
marchés publics et le contrôle financier des contrats conclus sont les deux grandes catégories
de contrôle a priori des marchés publics au Mali. Le premier étant du ressort de la DGMP-
DSP dont la procédure et les différentes étapes seront disséqués (A) et le second qui a une
forme générale, car ne concerne pas que les marchés publics, est l’apanage de la DNCF (B).
A- Procédures de contrôle de la passation des marchés publics au Mali :
Le contrôle de la passation des marchés publics comme défini précédemment est l’activité par
laquelle les autorités étatiques, mandatées à cet effet, vérifient la gestion du système des
marchés publics, telle qu’elle est mise en œuvre à travers les procédures de passation.
Rappelons une fois de plus que ce contrôle est sous la responsabilité de la DGMP-DSP qui a
une procédure spécifique d’intervention pour plus d’efficacité et d’efficience. Pour mieux
élucider les différentes étapes de cette catégorie de contrôle, nous nous intéresserons tout
d’abord au contrôle des AOO en suite à celui des prestations intellectuelles.

I- La procédure de contrôle des AOO et les différentes étapes :


1. Les différentes sortes d’Avis donnés par la DGMP-DSP suite à un contrôle :
Pour chaque étape de contrôle, la DGMP-DSP a la possibilité de réserver l’un des trois types
d’Avis suivants :
a. L’Avis de Non Objection (ANO) :
L’ANO signifie que le dossier envoyé par l’Autorité adjudicatrice ne fait l’objet d’aucune
observation majeure, compte tenu des informations dont la DGMP-DSP dispose. Cet Avis
autorise tout simplement l’Autorité contractante à poursuivre la procédure de passation.
b. L’Avis favorable sous réserve :
Ce second type d’Avis est donné par la DGMP-DSP lorsque des petits cookies ou
incohérences, n’entrainant la nécessité de rejeter le dossier, sont constatés. Cet Avis signifie
que l’Autorité contractante peut poursuivre la procédure de passation, sous réserve de la prise
en charge des observations formulées dans une version corrigée du dossier qui doit
obligatoirement parvenir à la DGMP-DSP.
c. Le rejet du dossier :
Ce troisième type d’Avis consistant à rejeter le dossier est donné par la DGMP-DSP lorsque
les griefs sont tels que la responsabilité de la DGMP pourrait être entièrement engagée si elle
donnait un ANO. On est dans un cas de figure où le dossier présente d’énormes lacunes ou
insuffisances qui doivent d’abord être corrigées et renvoyées dans une version corrigée du
dossier à la DGMP pour un nouvel Avis.
2. Le contrôle du plan de passation des marchés publics :
Une fois que le projet de PPM est finalisé par l’Autorité contractante concernée, elle le

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

soumet à la DGMP-DSP pour avis juridique. C’est à partir de ce moment que le premier
contrôle exercé par cette structure commence. En effet, la DGMP-DSP vérifie sur chaque
PPM entre autres éléments :
 l’exercice budgétaire ; l’existence de l’Unité Fonctionnel (UF) et le chapitre ;
 le nom du service, son niveau d’autorisation et sa compatibilité avec l’UF et le
chapitre ;
 l’objet du marché et sa compatibilité avec l’UF et le chapitre ;
 le montant prévisionnel du marché et la capacité du chapitre à le supporter ;
 la nature du marché ;
 la cohérence entre différentes dates prévisionnelles (de la date de transmission à la
celle de fin d’exécution du marché)…
Notons que le PPM n’est pas rigide, au contraire, sa flexibilité est telle qu’une procédure de
révision peut être engagée par l’Autorité contractante à chaque fois que de besoin. Cependant,
chaque version du PPM doit obligatoirement passer par la DGMP-DSP pour un nouvel Avis
avant d’être adopté.
3. Le contrôle du Dossier d’Appel d’Offres :
Après l’ANO sur le PPM, l’Autorité contractante peut envoyer son premier DAO à la DGMP-
DSP pour Avis. Comme pour le cas du PPM, la DGMP-DSP effectue un certain nombre de
vérifications sur le DAO et parmi lesquelles, nous pouvons retenir :
 l’utilisation du DAO type mis à la disposition de chaque Autorité contractante ;
 l’inscription du marché dans le PPM actualisé ;
 la concordance dans le PPM et dans le DAO de certains éléments comme l’objet du
marché ; la source de financement, l’exercice budgétaire… ;
 la détermination et l’identification correcte des lots, le cas échéant ;
 le respect des conditions de qualification applicables aux soumissionnaires, sans
exagération ni complaisance au niveau des données particulières de l’AO;
 le respect des conditions de détermination du montant de la caution de soumission qui
doit être compris entre 1 et 3% du montant prévisionnel du marché ;
 la nécessité ou non de demander des catalogues, Services Après-Vente (SAV) ;
services connexes ; l’autorisation du fabricant etc. ;
 les capacités techniques et financières demandées sont-elles conformes à la
réglementation en vigueur ?;
 la pertinence des pièces administratives demandées ;
 la ou les monnaie (s) de l’offre ; la nature des prix ; le délai de validité des offres et de
la garantie de soumission ;
 le lieu, la date et l’heure de retrait du DAO et de dépôt des offres ;
 l’existence et le respect des normes par les spécifications techniques et les formulaires
du DAO ;
 la qualification et nombre d’années raisonnables d’expériences pour les experts ; chefs
de chantiers, techniciens et autres spécialistes pour les marchés de travaux et les autres
types de marché, le cas échéant ;

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

 les variantes et les conditions dans lesquelles elles ont été prévues, le cas échéant ;
 la cohérence des bordereaux des prix, devis estimatifs et calendriers de livraison ;
 le montant proposé, le cas échéant, pour la vente du DAO est-il raisonnable ?;
 l’existence d’un formulaire type partiellement renseigné pour le contrat futur dans le
DAO…
Si les conditions requises ont été remplies par l’Autorité contractante, la DGMP-DSP accorde
son ANO sur le DAO, afin que publication et ouvertures soient faites.
4. Le contrôle du PV d’ouverture ; du rapport de dépouillement et de jugement des
offres et du rapport de la séance plénière :
L’évaluation des offres est l’étape donnant lieu le plus à des recours devant le commuté de
règlement des différends. C’est dire à quel point ces dernières années la DGMP-DSP y
accorde de l’importance. Pour un marché atteignant au moins un montant de trois cent
millions (300 000 000) de francs CFA, la DGMP-DSP demande systématiquement à
l’Autorité contractante la mise à disposition des offres pour un contrôle plus approfondi. Les
vérifications portent généralement sur un certain nombre de points parmi lesquels :
 l’utilisation des rapports types par la commission de dépouillement et de jugement des
offres (ouverture ; évaluation et séance plénière); 
 la preuve que la publication a été faite selon les prescriptions réglementaires ;
 le respect du quorum conformément à la décision créant la commission de
dépouillement et de jugement des offres ;
 la pertinence des causes d’élimination de tout candidat ;
 l’attributaire ou les attributaires remplissent d’une part toutes les conditions pour
lesquelles les autres candidats ont été éliminés et d’autre part toutes les conditions de
qualification exigées par le DAO ;
 le respect des conditions d’égalité de traitement entre les candidats ;
 le respect du délai prévu pour l’ouverture et l’évaluation des offres ;
 la qualité des membres de la commission de dépouillement et de jugement des offres ;
 le respect des conditions prévues par les variantes et les remises dans l’attribution du
ou des marchés, le cas échéant ;
 la signature du rapport par tous les membres de la commission de dépouillement et de
jugement des offres et le ou les motifs de non signature par un membre quelconque, le
cas échéant;
 le respect et conformité de toutes conditions et prescriptions prévues par le DAO et les
réglementations en vigueur dans l’attribution.
C’est seulement, lorsque le constat est formel que toutes les conditions et prescriptions aient
été respectées, que la DGMP-DSP accorde son ANO à l’Autorité contractante pour la
poursuite de la procédure.
5. Le contrôle du contrat approuvé et sa numérotation :
Un dernier contrôle relatif à la conclusion et l’approbation du contrat est effectué par la
DGMP-DSP pour s’assurer que le contrat conclu est bien celui par rapport auquel elle a
donné son ANO d’une part, et que la conclusion et l’approbation ont été réalisées

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

conformément aux textes en vigueur d’autre part. C’est seulement à la suite de cette
vérification que le contrat est numéroté, puis renvoyé à l’Autorité contractante pour la
notification définitive au titulaire du marché.

Notons bien que les cellules de passation auprès des départements ministériels ainsi que les
DRMP-DSP, à l’exception de l’ANO sur le PPM, exercent les mêmes genres de contrôle que
ceux de la DGMP-DSP, lorsque l’enveloppe prévisionnel d’un marché ne dépasse pas le seuil
pour lequel elles sont compétentes.
À travers la procédure de passation étudiée, nous savons désormais que celle des marchés de
travaux, fournitures et services courant est différente de celle des marchés de prestations
intellectuelles. En effet, cette différence de procédure de passation est répercutée sur la
procédure de contrôle et c’est d’ailleurs pour cette raison, qu’il serait très intéressent de
toucher du doigt les quelques points de différence.
II- La procédure de contrôle des marchés de prestations intellectuelles :
Ici, nous nous intéresserons directement la procédure de contrôle d’autant plus que celle du
PPM a déjà été décrite lorsqu’a été abordée la question de la procédure de contrôle des AOO
en « I. ». Rappelons que le PPM comporte l’ensemble des marchés sous la responsabilité de
l’Autorité contractante (travaux, fournitures et services courants et prestations intellectuelles).
1. Le contrôle de l’effectivité de la publication, du PV d’ouverture et de la liste
retreinte :
Concernant les prestations intellectuelles, le premier contrôle de la procédure est celui de
l’effectivité de la publication. En effet, suite à la manifestation d’intérêt, le PV d’ouverture, la
publication, ainsi que la liste restreinte sont acheminés vers la DGMP-DSP pour Avis. C’est à
ce stade que cette structure de contrôle vérifie si :
 la publication a été faite dans le respect des normes requises en la matière ;
 l’avis comporte tous les éléments essentiels pour la présentation d’un dossier complet
de manifestation d’intérêt ;
 la séance d’ouverture des Manifestations d’intérêt s’est déroulée conformément à la
procédure décrite ;
 le quorum a été atteint avant l’ouverture et les membres de la commission ont les
qualifications nécessaires pour la constitution de la liste restreinte ;
 les candidats ont été traités de façon égale et équitable lors de la constitution de la
liste restreinte ;
 les critères choisis pour la constitution de la liste restreinte respectent les normes en la
matière (raisonnables ; non excessifs ; pas laxistes) ;
 La signature du rapport par tous les membres de la commission de dépouillement et
de jugement des MI et le ou les motifs de non signature par un membre quelconque,
le cas échéant…
Si tout y est conforme, la DGMP-DSP ou la cellule selon les seuils, donne son ANO pour la
poursuite de la procédure. Signalons à ce niveau, que l’Autorité contractante a également la
possibilité de joindre la Demande de Proposition (DP) à la liste restreinte pour une demande

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

d’un seul Avis Juridique. Elle peut le faire aussi de façon séparée.
2. Le contrôle de la Demande de Proposition (DP) :
Le contrôle de la DP par la DGMP-DSP s’exerce dans les mêmes conditions que celui du
DAO. À cet égard, la structure en charge du contrôle (DGMP-DSP ou cellule de passation)
prête une attention particulière à un certain nombre d’éléments constitutifs du dossier parmi
lesquels nous indexons :
 l’urtication de la DP type mise à la disposition de chaque Autorité contractante ;
 l’inscription de la prestation dans le PPM actualisé ;
 la complétude de la DP, c’est-à-dire l’existence de toutes les sections (Section 1.
Lettre d’Invitation et liste Restreinte ; Section 2. Instructions aux Soumissionnaires ;
Section 3. Données particulières de la lettre d’Invitation ; Section 4. Termes de
Référence ; Section 5. Proposition technique – Formulaires ; Section 6. Proposition
financière – Formulaires ; Section 7. Contrat Type et l’ensemble des annexes) ;
 la concordance dans le PPM et dans la DP de certains éléments comme l’objet du
marché ; la source de financement, l’exercice budgétaire… ;
 le respect des normes par rapport aux pièces administratives pouvant être demandées
aux consultants;
 le respect des fourchettes de notation par rapport à chaque partie des données
particulières (expérience des consultants pertinente pour la mission (ne pas dépasser
10 points) ; conformité du plan de travail et de la méthode proposée (entre 20 et 50
points); qualifications et compétence du consultant pour la mission (entre 30 et 60
points); participation de ressortissants nationaux au personnel clé
(ne pas dépasser 10 points) ; transfert de compétence comme la formation (ne pas
dépasser 5 points35) ;
 la pertinence des pièces administratives demandées ;
 la ou les monnaie (s) de l’offre ; la nature des prix ; le délai de validité des offres et de
la garantie de soumission ;
 l’existence et le respect des normes par les TDR équivalents aux spécifications
techniques dans les AO et les formulaires types de la DP ;
 la qualification et le nombre d’années raisonnables d’expériences pour les experts ;
chefs de mission, techniciens et autres spécialistes pour l’exécution correcte des
prestations etc.
À la suite de ces vérifications, la DGMP-DSP ou la cellule selon les seuils, accorde son ANO
pour la poursuite de la procédure, c’est à dire l’invitation des candidats retenus sur la liste
restreinte, afin de constituer leurs propositions techniques et financières.
3. Le contrôle du PV d’ouverture ; du rapport de dépouillement et de jugement des
propositions techniques et du rapport de la séance plénière :
À la suite de l’ouverture des propositions techniques, les propositions financières sont
conservées en lieu sûr par le l’Autorité contractante, comme décrit plus haut. L’évaluation des
propositions techniques est sanctionnée par un PV d’ouverture ; un rapport de dépouillement

35
Source : DP type en vigueur en République du Mali

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

et de jugement des propositions techniques et du rapport de la séance plénière, le tout


est envoyé à la DGMP-DSP pour Avis. Les vérifications de la structure de contrôle portent
généralement sur:
 l’utilisation des rapports types par la commission de dépouillement et de jugement des
offres (ouverture ; évaluation et plénière);
 la preuve que chaque candidat retenu sur la liste restreinte a été invité conformément
aux prescriptions réglementaires ;
 le respect du quorum conformément à la décision créant la commission de
dépouillement et de jugement des offres ;
 la façon d’attribuer les points aux différents candidats conformément aux critères
d’annotation définis dans la DP ;
 l’égalité de traitement des candidats durant tout le long de l’évaluation ;
 l’attributaire ou les attributaires remplissent d’une part toutes les conditions pour
lesquelles les autres candidats ont été éliminés et d’autre part toutes les conditions de
qualification exigées par la DP ;
 le respect des conditions d’égalité de traitement des candidats ;
 le respect du délai prévu pour l’ouverture et l’évaluation des offres ;
 la qualité des membres de la commission de dépouillement et de jugement des offres ;
 la signature du rapport par tous les membres de la commission de dépouillement et de
jugement des offres et le ou les motifs de non signature par un membre quelconque, le
cas échéant;
 Le respect de toutes conditions et prescriptions prévues par la DP et les
réglementations en vigueur concernant la qualification technique des candidats.
Un ANO récompense le travail bien fait de la commission de dépouillement et de jugement
des propositions techniques.
4. Le contrôle du rapport combiné (proposition technique et financières) ; du PV
des négociations et du projet du contrat :
L’Autorité contractante envoie à la DGMP-DSP, pour Avis, un rapport combiné (proposition
technique et financières) ; du PV des négociations et du projet du contrat après la séance des
négociations conformément à la procédure. La DGMP-DSP veuille à ce que ;
 le formulaire type ait été utilisé par l’Autorité contractante ;
 le calcul des notes financières ait été fait en HT ;
 il y ait une concordance entre le personnel clé des propositions techniques et les
honoraires des propositions financières ;
 une égalité de traitement des candidats durant l’évaluation financière;
 la combinaison des scores techniques et financières ait été réalisée sans erreur ;
 les éléments négociés et consignés dans le PV des négociations sont conformes à ceux
autorisés par la réglementation en vigueur ;
 toutes les parties sont tombées d’accord et aient matérialisé cet accord par
l’apposition de leurs signatures dans le PV des négociations. Tout désaccord doit être
mentionné ;

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

 le formulaire type ait été utilisé pour le projet de contrat ;


 le projet de contrat ait été renseigné de façon complète ;
 il n’y ait aucune erreur majeure dans l’un des trois documents pouvant remettre en
cause l’attribution du contrat…
Lorsque toutes ces vérifications aient été effectuées et que rien d’important susceptible
d’entrainer le rejet du dossier n’est constaté, la DGMP-DSP accorde son ANO pour la
conclusion et l’approbation du contrat.
A la réception de cet ANO, l’Autorité contractant procède à la conclusion ; approbation et
enregistrement du contrat, exactement dans les mêmes conditions que celles relatives aux
contrats de travaux, fournitures et services courants ci-dessus décrites.
Concernant les autres procédures de sélection de consultant, la procédure de contrôle s’exerce
dans les mêmes conditions, à chaque fois qu’un rapport ; PV ; ou projet de contrat est produit
par l’Autorité contractante et envoyé à la DGMP-DSP ou à l’un de ses services.
Par ailleurs, il est particulièrement important de souligner que les marchés régit par le Décret
n°2014-0764/P-RM du 9 Octobre 2014 qui fixe le régime des marchés de travaux, fournitures
et services exclus du champ d'application du décret n°08-485/P-RM du 11 aout 2008, portant
procédures de passation, d'exécution et de règlement des marchés publics et des délégations
de services publics échappent complétement au contrôle de la DGMP-DSP, car couverts par
le secret en matière de défense. À ce titre, ils ne sont même pas inscrits dans le PPM du
Ministère de la Défense et des Anciens Combattants (MDAC).
Ce contrôle méticuleux qui n’est exercé par la DGMP-DSP et ses services déconcentrés que
par rapport aux procédures de passation des marchés publics et des délégations de service
public, n’est pas le seul opposé aux marchés publics : il y a un autre type de contrôle cette
fois-ci d’ordre général dit « contrôle financier » de la dépense publique.
B- Procédures de contrôle financier des marchés publics au Mali :
Étant donné que les marchés publics entrainent des dépenses publiques, et non des moindres,
tous les contrats issus de la procédure de passation décrite passent par les canaux du contrôle
financier, exercé par la Direction Nationale du Contrôle Financier (DNCF), avant tout
paiement. Ces contrôles s’effectuent à deux niveaux : juste après l’engagement de la dépense
et après le mandatement de la dépense relative au marché, selon l’article 88 de la directive
n°07/2009/CM/UEMOA.
I- Le contrôle de l’engagement de la dépense relative au marché :
1. L’engagement de la dépense :
Lorsque le contrat a fait une partie du circuit de signature (contrat conclu), il est procédé du
côté de l’Autorité contractante, à l’engagement total ou partiel de la dépense relative au
marché en question, selon les termes du contrat. Rappelons que l’engagement d’une dépense
publique, c’est l’acte juridique par lequel l’État est rendu débiteur. L’engagement juridique de
la dépense publique est l’acte par lequel l’État crée ou constate à son encontre une obligation
de laquelle résultera une charge. L’engagement comptable de la dépense publique consiste à

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

affecter des crédits au paiement de la dépense36. Au niveau de chaque Autorité contractante, il


y a ce qu’on appelle le PRED-SIGD (Système Intégré de Gestion des Dépenses-publics) qui
est un logiciel permettant d’assurer la gestion, la centralisation, l’interfaçage et la facilitation
du contrôle des dépenses publiques, en l’occurrence les engagements et les ordonnancements.
La phase d’engagement se matérialise par une « fiche d’engagement », appelée aussi
autorisation de dépenses, qui est jointe au contrat et transmis au contrôle financier pour Visa.
2. À propos des textes :
La directive n°07/2009/CM/UEMOA du 26 juin 2009, portant règlement général sur la
comptabilité publique au sein de l’UEMOA, transposée à travers le Décret N°2014
0349/PRM du 22 mai 2014, portant règlement générale sur la comptabilité publique nous
donne une grande précision sur le contrôle de l’engagement de la dépense publique : « […]
Tous les actes des ordonnateurs portant engagement de dépenses, notamment les marchés
publics ou contrats, arrêtés, mesures ou décisions émanant d’un ordonnateur, sont soumis
au visa préalable du Contrôleur financier. Ces actes sont examinés au regard de
l’imputation de la dépense, de la disponibilité des crédits, de l’application des dispositions
d’ordre financier, des lois et règlements, de leur conformité avec les autorisations
parlementaires, des conséquences que les mesures proposées peuvent avoir sur les finances
publiques37[…]»
3. Le contrôle proprement dit dans la pratique :
Lorsque le marché engagé est transmis à la DNCF ou à l’un de ses services déconcentrés, le
contrôleur financier, avant tout Visa, effectue un certain nombre de vérifications
conformément à la directive n°07/2009/CM/UEMOA du 26 juin 2009, portant règlement
général sur la comptabilité publique au sein de l’UEMOA, transposée à travers le Décret
N°2014 0349/PRM du 22 mai 2014, portant règlement générale sur la comptabilité publique.
Ces contrôles portent sur :
 la disponibilité du crédit : le contrôleur financier vérifie, en effet, que le crédit est bien
disponible sur la ligne budgétaire indiquée sur le contrat et que le montant disponible
est bien suffisant pour prendre en charge la dépense ;
 la cohérence de la nature du crédit avec l’objet du marché : le contrôleur financier
vérifie également que la ligne budgétaire sur laquelle l’engagement a été effectué est
bien compatible avec l’objet du marché. Par exemple une ligne budgétaire devant
servir à exécuter des dépenses d’investissement ne doit pas servir d’engagement pour
des dépenses de fonctionnement ;
 l’existence et la conformité des pièces justificatives qui sont constituées des copies
certifiées des pièces fiscales en cours de validité (quitus fiscal, attestation TVA,  NIF).
Outre les éléments ci-dessus cités, le Manuel de procédures de contrôle du Contrôleur
Financier du Mali (version 2016) nous donne parmi d’autres éléments auxquels le contrôleur
financier s’intéresse:
 le PPM ; le rapport de dépouillement, si nécessaire ;
 la vérification des prix par rapport à la mercuriale des prix pour les marchés de

36
Article 45 de la Directive 07/CM/UEMOA portant RGCP.
37
Article 88 de la directive n°07/2009/CM/UEMOA.

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

matériels et fournitures passés par entente directe ;


 l’existence de la lettre de non objection de la DGMP-DSP ;
 la précision des quotes-parts pour les marchés à financement mixte ;
 les prix unitaires minimum et maximum ; les limites minimales et maximales de la
prestation globale à fournir et la fiche de suivi des quantités (marché à commande) ;
 Les mentions obligatoires dans le marché38 :
 l’indication des parties contractantes avec notamment le numéro d’inscription au
registre du commerce et du crédit mobilier ou au registre des métiers, pour les
candidats étrangers, la référence à l’immatriculation auprès d’organismes
équivalents dans l’Etat dont ils sont ressortissants ; la justification de la personne
signant le marché ;
 la définition de l’objet et du montant du marché, ainsi que le délai d’exécution ;
 les conditions de réception et le cas échéant de livraison;
 les conditions de règlement et la domiciliation bancaire où les paiements seront
effectués et les garanties éventuellement exigées ;
 les conditions de résiliation39…
A la suite de toutes ces vérifications, le Contrôleur Financier peut : soit octroyer son visa, soit
effectuer un rejet motivé dossier, si ce dernier est entaché d’irrégularité et éventuellement
conseiller l’ordonnateur par rapport à la démarche à suivre.
II- Le contrôle du mandat :
1. Le mandatement :
Lorsque le contrat aura fait tout le circuit de signature et d’approbation, ensuite, numéroté et
enregistré au service des impôts, il est procédé du côté de l’Autorité contractante, au
mandatement total ou partiel de la dépense selon les termes et/ou la nature du marché.
L’ordonnancement est l’ordre donné par l’ordonnateur au comptable de payer la dette de
l’État. La directive n°07/2009/CM/UEMOA du 26 juin 2009, portant règlement général sur la
comptabilité publique au sein de l’UEMOA, transposée à travers le Décret N°2014
0349/PRM du 22 mai 2014, portant règlement générale sur la comptabilité publique, précise :
« L’ordonnancement est l’acte administratif par lequel, conformément aux résultats de la
liquidation, l’ordre est donné par l’ordonnateur au comptable assignataire de payer la dette
de l’État40 ». En effet, dans les mêmes conditions que celles de l’engagement, le mandatement
est effectué à travers le PRED-SIGD, au niveau de l’Autorité contractante, avant que ne soit
envoyé le mandat à la DNCF ou à l’un de ses représentants pour Visa.
2. À propos des textes :
La directive n°07/2009/CM/UEMOA du 26 juin 2009, portant règlement général sur la
comptabilité publique au sein de l’UEMOA, transposée à travers le Décret N°2014
0349/PRM du 22 mai 2014, portant règlement générale sur la comptabilité publique nous
informe sur le contrôle du mandat: « […] Toute ordonnance de paiement, tout mandat de

38
Article 45 du décret 2015-0604 /P-RM du 25 septembre 2015, portant code des marchés publics et de délégations de service public au
Mali ;
39
Source : Manuel de procédures de contrôle du Contrôleur Financier (version 2016) ; Pages 74 à 75.
40
Article 47 de la directive 07/2009/CM/UEMOA portant règlement général sur la comptabilité publique au sein de l’UEMOA.

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

paiement ou toute délégation de crédits ne peut être présenté à la signature de


l’ordonnateur qu’après avoir été soumis au visa du Contrôleur financier ou de son délégué.
Les ordonnances ou mandats de paiement et les délégations de crédits non revêtus du visa
du Contrôleur financier ou de son délégué sont nuls et de nul effet. Le Contrôleur financier
ou son délégué s’assure notamment que les ordonnances et les mandats se rapportent à un
engagement de dépenses déjà visé par lui. Si les titres de paiement lui paraissent entachés
d’irrégularités, il doit en refuser le visa ».
3. Le contrôle proprement dit du mandat de paiement dans la pratique:
Après l’effectivité du mandat, il est transmis à la DNCF ou à l’un de ses services
déconcentrés, pour Visa. Le contrôleur financier effectue les vérifications conformément à la
directive n°07/2009/CM/UEMOA du 26 juin 2009, portant règlement général sur la
comptabilité publique au sein de l’UEMOA, transposée à travers le Décret N°2014
0349/PRM du 22 mai 2014, portant règlement générale sur la comptabilité publique. Ce
contrôle concerne :
 la compatibilité entre l’engament déjà visé et le mandat : Le Contrôleur financier ou
son délégué s’assure que le mandat se rapporte bien à l’engagement déjà visé par lui ;
 tous les éléments contrôlés lors du visa après engagement sont passés en revue pour
s’assurer qu’aucun d’eux n’a subi la moindre modification.
Outre ces éléments, le contrôleur financier porte une attention particulière sur :
 l’approbation du marché par l’autorité compétente41;
 la numérotation du contrat par DGMP-DSP; son enregistrement au service des
impôts  et la quittance de recouvrement de la redevance de régulation ;
 la date de notification ; le procès-verbal de réception dument signé;
 l’existence de pénalités de retard par rapport à la date de notification et au délai
d’exécution, le cas échéant;
 la caution de bonne exécution et la retenue de garantie ou le cautionnement, le cas
échéant ; la facture définitive liquidée et certifiée respectivement par l’Ordonnateur et
le comptable-matières ;
 l’ordre de mouvement dans le cas des marchés à commande ou marchés à clientèle ;
 la fiche de suivi des quantités et les conditions et les modalités de paiements ;
 l’exactitude des chiffres de la fiche de liquidation, des bordereaux d’émission et des
titres de paiement et le numéro du compte bancaire.
 le bon d’achat dans le cas des marchés à commandes et des marchés à clientèle42…
Aussi, il est opportun à ce niveau, d’attirer l’attention sur le fait que le contrôle de la
liquidation des marchés est vérifiée par le Contrôleur Financier au moment de la vérification
du mandat, ci-dessus décrite, à travers les factures définitives liquidées et certifiées
respectivement par l’Ordonnateur-matières et le comptable-matières. Pour ce faire, le
Contrôleur Financier constate cette liquidation au verso desdites factures au moment de
l’ordonnancement.
41
Dispositions du décret N°2014-0256/P-RM du 10 avril 2014 déterminant les autorités chargées de la conclusion et de l’approbation des
marchés publics et des délégations de service public.
42
Source : Manuel de procédures de contrôle du Contrôleur Financier (version 2016) ; Pages 104 à 105.

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

Notons, par ailleurs que, ce pouvoir de contrôle a priori est encore plus renforcé au niveau des
collectivités territoriales où les le Délégué local du Contrôle Financier remplit toutes ses
fonctions traditionnelles de contrôle déjà énumérées, mais prend aussi provisoirement la
place du contrôleur de passation de la DGMP-DSP dans ses attributions pour les marchés des
Collectivités Territoriales dont :
 le montant est supérieur ou égal à 25 millions, mais inférieur ou égal à 50 Millions F
CFA pour les travaux, fournitures et services courants ;
 le montant est supérieur ou égal à 15 millions, mais inférieur ou égal à 30 millions de
F CFA pour les prestations intellectuelles43.
Au cours de la procédure de contrôle, « en cas de désaccord persistant sur un engagement ou
un ordonnancement de dépense, les contrôleurs pourront en référer à leur autorité
hiérarchique (le ministre des finances pour le contrôleur financier au niveau des
administrations centrales, ou le contrôleur financier central pour le contrôleur financier
délégué) qui aura la possibilité de passer outre par déclaration écrite au refus de visa du
contrôleur financier44 ».
En fin, précisons que les marchés de travaux, fournitures, services courants et prestations
intellectuelles passés conformément au décret n°2014-0764/P-RM du 09 octobre 2014 fixant
le régime des marchés exclus du champ d'application du décret N° 08-485/P-RM du 11 août
2008, portant procédures de passation, d’exécution et de règlement des marchés publics et des
délégations de service public en République du Mali, sont également soumis aux procédures
de contrôle ci-dessus détaillées, malgré leur caractère confidentiel.
En effet, « les marchés passés en vertu des dispositions du décret sont revêtus du visa des
engagements préalables du contrôle financier de la dépense afférente. Tout contrat non
revêtu du visa préalable du contrôle financier est nul et expose ses auteurs aux sanctions
prévues par la réglementation en vigueur45.»
A travers cette modeste photographie des systèmes de passation et de contrôle a priori des
marchés publics et la description sommaire des procédures, nous nous sommes déjà fait une
idée aussi simple soit elle, de ce que représente la passation au contrôle et le contrôle à la
passation dans un pays comme le Mali. Avoir une présentation ou une représentation d’un
phénomène ou d’un système quelconque peut être considéré comme un bon début de
compréhension, mais ne saurait en aucune manière donner tous les éléments clés permettant
d’émettre un jugement fondé encore moins objectif.
Il serait donc, dès lors, très intéressent dans une deuxième partie de ce mémoire, de nous
adonner à un exercice consistant à pénétrer ces systèmes de fond en comble, afin de faire
ressortir, le cas échéant, les relations d’interdépendance, de complémentarité, les
particularités, les points convergences ou autres existant entre ces deux systèmes.

43
Dispositions des articles 17 et 20 de l’Arrêté interministériel n°10-0203 /MEF/MATCL-SG du 28 janvier 2010 fixant les dispositions
particulières à la passation des marchés publics des collectivités territoriales.
44
Article 92 alinéa 2 et 3 de la directive n°07/2009/CM/UEMOA portant RGCP.
45
Article 14 Al. 3 du Décret n°2014-0764/P-RM du 09 octobre 2014 fixant le régime des marchés exclus du champ d'application du décret
N° 08-485/P-RM du 11 août 2008, portant procédures de passation, d’exécution et de règlement des marchés publics et des délégations de
service public en République du Mali.

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

Deuxième partie :
Analyse du système de contrôle en
rapport avec le système de passation

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

Analyse du système de contrôle en rapport avec le système de passation :


Les systèmes de passation des marchés publics et de contrôle apriori en République du Mali sont
des systèmes opérationnels au sein desquels, on peut retrouver l’écrasante majorité des fonctions
nécessaires à leur fonctionnement. Même si des faiblesses y existent, car, il n’en existe aucun de
parfait, ces systèmes sont tout de même devenus au fil des ans plus fiables, grâce à une séparation
nette des fonctions de passation et de contrôle a priori d’une part et l’évolution réglementaire et
procédural de la passation et de son contrôle d’autre part. Pour autant, sommes-nous en position
d’affirmer dès à présent que ces systèmes sont intimement liés grâce aux relations de cause à effet
qu’ils entretiennent ?
Quoi qu’il en soit, la sagesse voudrait que nous nous y plongions de prime abord pour acquérir
cette vision experte des rapports entretenus entre eux (Chapitre III), avant d’atteindre les
profondeurs des nouvelles exigences imposées par cette gestion révolue des dépenses publiques
(Chapitre IV).
Chapitre III : Analyse des rapports entretenus par les deux systèmes :
Le contrôle est une nécessité absolue pour la bonne marche de toute activité humaine et les
marchés publics, de par leur importance, ne peuvent rester en marge. Selon un angle de vue
bien défini, chacun évolue dans son propre système qui croise inéluctablement celui de l’autre
pour n’en former qu’un seul et ce : à travers un cadre législatif, juridique, institutionnel et
procédural que nous dépouillerons (Section I). Aussi, il existe d’autres critères d’analyse mis
à notre disposition par la méthodologie MAPS et auxquels nous feront volontiers recours sans
procéder à une notation spécifique, afin d’avoir un autre regard, sous un autre angle de ce que
représentent ces systèmes, voire leur niveau de solidité, de pérennité… (Section II).
Section 1 : Analyse des deux systèmes au regard du cadre législatif, juridique, et
procédural 
L’analyse du cadre législatif fera ressortir le rôle important de l’AN aussi bien dans le
domaine des marchés publics que du contrôle a priori. Quant à l’évolution salutaire du cadre
juridique, elle est à mettre au compte de l’UEMOA qui a servi de locomotive à tous les pays
membres, dans le domaine des réformes (A). Les organes de gestion et de contrôle des
marchés publics existent en nombre suffisant au Mali, ils sont opérationnels (plusieurs
marchés passés et contrôlés entre 2015 et 2017 le démontrent), bien entendu avec des
possibles défaillances, mais ils évoluent positivement, grâce notamment à l’évolution des
cadres juridiques (B).
A- Analyse du cadre législatif, Juridique, institutionnel et capacité de gestion :
I- Analyse du cadre législatif, juridique:
1. Cadre législatif du contrôle et des marchés publiques :
L’Assemblée nationale est saisie du projet de Loi de Finances dès l’ouverture de la session
ordinaire précédant la période budgétaire. Le projet de Loi de Finances doit prévoir les
recettes nécessaires à la couverture intégrale des dépenses46. Les projets de loi de finances
sont examinés à l’AN par une Commission spécialisée : la Commission des Finances, de
l’Économie, du Plan et de la Promotion du Secteur privé (CFEPPSP). Cet examen effectué
46
Article 77 de la Constitution de la République du Mali du 25 février 1992

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

par cette commission est un véritable acte de contrôle à priori au sein de l’AN. Avant le vote
de la loi de finances, un débat souvent très houleux est engagé au sein de l’hémicycle et
d’innombrables questions pleuvent sur les ministres sectoriels qui sont tenus de répondre. Ce
débat permet de faire ressurgir beaucoup d’aspects positifs en termes de contrôle et les
réponses aux questions d’éclairer non pas les législateurs seulement, mais tous les maliens qui
ont la possibilité de suivre cette séance en direct à la télévision nationale. Quant au vote de la
loi de finances, il est la matérialisation de l’impact du pouvoir législatif sur les marchés
publics, car si le budget voté en faveur des marchés publics est conséquent, alors l’impact ne
pourrait qu’être énorme sur la passation. En effet, la procédure de contrôle a priori et de vote
de la loi de finances au Mali rempli les critères recommandés en la matière et doit être sur une
bonne note. Par ailleurs, même s’il n’existe pas encore une loi sur les marchés publics au
Mali47, plusieurs lois réglementant soit le contrôle, soit la création, l’organisation et le
fonctionnement des structures de contrôle ou de régulation des marchés publics (DGMP-DSP;
DNCF ; ARMDS) ont passé à l’AN pour vote avant promulgation.
2. Analyse du cadre juridique du contrôle et de la passation des marchés publics :
La loi mère qui est la Constitution du 25 février 1992 est naturellement celle qui est au-dessus
de toutes lois et réglementations nationales. On y trouve en son article 70 des précisions sur le
fait que c’est la loi qui détermine la création, l’organisation et le contrôle des services publics.
Le cadre juridique des marchés publics et du contrôle est fortement influencé par les
Directives de l’UEMOA, d’abord : La réforme annoncée lors de l’évaluation PEFA en 2006 a
abouti à l’adoption d’un nouveau code qui internalise les Directives communautaires N° 04 48
et 0549 du 9 décembre 2005 de l’UEMOA et corrige par ailleurs certains dysfonctionnements
spécifiques particuliers : c’est l’objet du décret n°08-485/PM-RM du 11 août 2008 portant
procédures de passation, d’exécution et de règlement des marchés publics et des délégations
de service public et des textes subséquents50. Ensuite, ce décret est à son tour remplacé par le
Décret N°2015-0604/P-RM du 25 septembre 2015, portant code des marchés publics et des
délégations de service public en République du Mali et ses textes subséquents, pour prendre
en compte entre autres aspects : la réduction des délais de passation et de soumission des PPM
à la DGMP-DSP ; l’élimination de la double revue; la simplification du circuit de signature et
d’approbation des marchés … Il y a eu également l’adoption du Décret n°2014-0764/P-RM
du 9 Octobre 2014 qui fixe le régime des marchés de travaux, fournitures et services exclus du
champ d'application du décret n°08-485/P-RM du 11 août 2008, portant procédures de
passation, d'exécution et de règlement des marchés publics et des délégations de services
publics. Ce décret qui est adopté dans le cadre de l’amélioration de la transparence dans le
domaine de la gestion des marchés publics fait suite à un grand scandale d’achat d’avion
présidentiel au Mali. Notons aussi parmi d’autres directives:
 la directive N°06/2009/CM/UEMOA portant Lois de finances au sein de l’UEMOA,
transposée à travers la Loi N°2013-028 du 11 juillet 2013 relative aux lois de finances;
47
Tous les codes ayant réglementés les marchés publics au Mali ont été des décrets, à ce jour aucune loi encore. Rappelons que depuis 2016,
c’est le Décret N°2015-0604/P-RM du 25 septembre 2015
48
Directive N°04-2005-CM-UEMOA, du 09 décembre 2005, portant procédures de passation, d’exécution et de règlement des marchés
publics et de délégations de service public dans l’UEMOA
49
Directive N°05-2005-CM-UEMOA, du 09 décembre 2005, portant contrôle et régulation des marchés publics et de délégations de service
public dans l’UEMOA
50
Évaluation PEFA Mali 2010, rapport définitif-juin 2011, Page 73

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

 la directive N°07/2009/CM/UEMOA du 26 juin 2009, portant règlement général sur la


comptabilité publique au sein de l’UEMOA, transposée à travers le Décret N°2014
0349/PRM du 22 mai 2014 portant règlement générale sur la comptabilité publique.
D’autres lois, décrets et arrêté cités dans la présentation des systèmes de passation et de
contrôle viennent étoffer le cadre juridique. Il s’agit particulièrement des textes de création
des structures de contrôle et de passation qui ont tous subi des modifications, donc une
évolution pour tenir compte de certains aspects entrant dans le cadre de la modernisation et de
la Gestion des Finances Publiques (GFP).
Le rapport entre la passation et le contrôle est d’autant plus étroit que le code des marchés
publics ne s’y est pas tardé pour nous faire comprendre la solidité de ce lien, et ce dès son
entame à son article premier, en ces termes : « Le présent décret fixe les règles régissant la
passation, l’exécution, le règlement, le contrôle et la régulation des marchés publics et des
délégations de service public51». Ce rapport est d’autant plus renforcé que l’article 2 de la loi
N° 2011-029 du 24 juin 2011 modifiant la loi N°08-022 du 23 juillet 2008, portant création de
la DGMP-DSP nous précise : « la DGMP-DSP a pour mission le contrôle de l’application de
la règlementation sur les marchés publics […] ». Quant au contrôle financier des marchés
nous retrouvons dans l’ordonnance n°2016-013/P-RM du 29 mars 2016 portant création de la
DNCF et ratifiée par la Loi n°2016-020 du 09 juin 2016 qui assigne au contrôle financier  les
missions d’assurer « un contrôle financier à priori qui peut être sélectif ou non des dépenses
du budget d’État... ». Les marchés publics se retrouvent clairement au sein de ce contrôle. En
fin, ce rapport passation-contrôle est encore mis en exergue à travers la loi de création de
l’ARMDS qui en tant qu’autorité de recours non juridictionnel « […] statue sur les
irrégularités, fraudes et infractions constatées en matière de passation 52 […] ». L’ARMDS se
retrouve dès lors dans un rôle de contrôleur a priori de la passation, car, avant de statuer elle
est obligée d’examiner tous les éléments (PPM ; publications ; DAO ; DP ; rapports etc.) sur
lesquels porte le recours.
Le cadre juridique « passation-contrôle a priori » présente visiblement une faiblesse notoire en
ce qui concerne le code des marchés publics et des délégations de service public. Le fait qu’il
n’y ait pas de loi réglementant un domaine aussi important que les marchés publics au Mali,
mais des simples décrets, augmente les risques de tripatouillages desdits décrets au sein du
pouvoir exécutif. Donc, bien que le cadre juridique soit globalement bien garni par la
transposition d’un grand nombre de directives issues du cadre harmonisé de l’UEMOA et
établissant un lien très fort entre passation et contrôle, cette faiblesse vient tout de même lui
porter un coup dur en abaissant logiquement sa notation de quelques points.
3. Analyse du cadre institutionnel de la passation et du contrôle a priori :
Le cadre institutionnel régissant le système de passation et de contrôle a priori est largement
influencé par les directives de l’UEMOA tout comme le cadre juridique. Les principaux
acteurs impliqués dans la passation des marchés publics et son contrôle sont répertoriés pour
une grande majorité au sein du ministère des finances qui y joue un rôle prépondérant. Cela
constitue un point commun entre contrôle a priori et passation. Par exemple la DGMP-DSP et
51
Article 1er du décret 2015-0604 /P-RM du 25 septembre 2015, portant code des marchés publics et de délégations de service public
52
Article 2 de la loi N°08-023 du 23 juillet 2008, portant création de l’ARMDS 

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

la DNCF qui sont les principaux organes en charge du contrôle a priori des marchés publics
sont des structures du ministère des finances, pendant que tous les directeurs des finances et
du matériel qui ont la responsabilité de la grande partie de la passation, sont nommés aussi par
le ministre des finances. Par ailleurs, ses structures ont toutes subi une évolution positive au
cours de leur existence :
a. Le contrôle financier :
Celui-ci qui n’était qu’une simple division au sein de la défunte Direction Nationale du
Budget jusqu’au début des années 80, a été érigée en DNCF par l’ordonnance N°85-30/P-RM
du 19 décembre 1985 portant création de la DNCF ensuite, le décret N°04-546P- RM du 23
novembre 2004 fixant l’organisation et les modalités de fonctionnement de la DNCF.
Aujourd’hui, l’harmonisation a poussé les autorités compétentes à mettre en vigueur
l’ordonnance n°2016-013/P-RM du 29 mars 2016 portant création de la DNCF et ratifiée par
la Loi n°2016-020 du 09 juin 2016 qui élargit le champ de compétences de cette direction qui
en plus du contrôle a priori, a sous sa responsabilité une autre forme de contrôle : le contrôle a
posteriori portant sur la performance des dépenses (rappelons tout de même et autant de fois
que nécessaire que le contrôle a posteriori ne fait pas partie de cette étude).
b. La DGMP-DSP :
Elle qui n’existait pas avant 2008 a été créée par la loi N°08-022 du 23 juillet 2008, portant
création de la DGMP-DSP. Cette loi a subi une modification pour la prise en charge de
certaines préoccupations ayant trait à la mission de la direction. Cette modification a été
rendue effective grâce à la loi N° 2011-029 du 24 juin 2011 modifiant la loi N°08-022 du 23
juillet 2008, portant création de la DGMP-DSP. L’innovation apportée par cette loi est une
véritable révolution.
c. Du côté des autorités contractantes :
La loi n°88-47/AN-RM du 05 avril 1987 portant création des DAF attribuait à ces structures
les missions d’élaboration et de mise en œuvre des politiques dans les domaines du personnel,
du matériel et des finances. La gestion du personnel étaient assurée au niveau central par la
Direction National de la Fonction Publique et du Personnel et les DAF et au niveau des
régions par les Gouvernorats. Dans le cadre du Programme de Développement Institutionnel
(PDI), adopté en juillet 2003, aux fins d’améliorer la qualité du service public rendu aux
usagers, il y a eu la création des DFM et des DRH au sein de tous les départements
ministériels en mars 2009, en lieu et place des DAF. Elles n’ont pas complètement disparues
car, elles sont toujours dans les Institutions de la Républiques, à la Présidence et à la
Primature. Les DFM qui jouaient le rôle des autorités contractantes au niveau des ministères
commencent à se voir amputer une partie de leur pouvoir d’ordonnateurs secondaires
délégués. Cette évolution au sein des DFM à leur tour est due cette fois-ci à la modernisation
de la gestion des finances publiques introduisant le budget-programme qui confère aux chefs
de programmes ce rôle d’ordonnateurs secondaires délégués.
De l’analyse, il ressort que chacun de ces organes, de par les pouvoirs conférés joue un rôle
d’une importance capitale, contribuant ainsi à assurer l’équilibre du système. Si nous prenons
pour exemple la DNCF, la DGMP-DSP et la DFM du Ministère des finances, nous
remarquons que toutes les acquisitions dont le montant atteint le seuil de passation que la

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

DNCF ou la DGMP-DSP voudrait effectuer sont obligatoirement exécutées par la DFM, qui
les fait contrôler par la DGMP-DSP et par la DNCF elles-mêmes. Les structures de contrôle
ne sont pas habilitées à passer leurs marchés elles-mêmes, à l’exception de l’ARMDS qui est
une autorité indépendante, elles sont obligées de passer par les structures de passation. À
l’inverse, tous les marchés passés par les structures de passation, à l’exception de ceux exclus
du champ d’application du code des marchés publics et des délégations de service public,
passent obligatoirement par les structures de contrôle pour ANO et Visa. Chacune d’elles a un
pouvoir notoire sur les autres. C’est donc cette surveillance multi-structurelle qui garantit
l’équilibre fondamental du système.
II- Analyse de la capacité de gestion des structures en charge de la passation et
du contrôle des marchés publics au Mali:
Il s’agit à ce niveau de vérifier : l’existence du lien du système de passation avec le système
des finances publiques, le contrôle y compris ; l’existence des institutions chargées de remplir
les fonctions nécessaires à un système adéquat de passation de marchés et de contrôle ainsi
que leur opérationnalité ; la suffisance des capacités de gestion au regard des principes de la
transparence et de l’efficience.
1. Le système de passation des marchés publics est incorporé et bien intégré dans le
système de gestion des finances publiques :
a- La planification des acquisitions et le cycle budgétaire :
L’élaboration du PPM est postérieur au vote de la loi de finances et donc au budget. Ceci traduit
au Mali une planification des marchés faite sur la base des disponibilités de crédits budgétaires.
Les crédits budgétaires sont mis à la disposition des autorités contractante à temps opportun et les
montants sont généralement suffisants pour couvrir les dépenses prévues. Cependant, il n’est pas
très rare d’assister à des coupes budgétaires abusives, sans passer par un collectif budgétaire,
affectant ainsi et lourdement les résultats attendus de l’exécution du budget-programmes.
L’exécution des marchés font l’objet d’un compte-rendu à l’AN à travers la loi des règlements .
b- Procédures financières et le cycle de passation des marchés :
Avant la mise en place du Système Intégré de Gestion des Marchés Publics (SIGMAP) en 2016,
les départements trouvent les moyens de lancer une procédure d’achat public alors même que les
fonds ne sont pas encore disponibles. Cela n’est plus possible au Mali grâce à la mise en œuvre de
la réglementation et à la mise en place du SIGMAP 53. La validation du PPM par la DGMP-DSP
tient lieu de disponibilité de crédit budgétaire. D’où l’importance et le rapport que le contrôle
entretient avec la planification des marchés, car ce contrôle à ce niveau porte sur la véracité de la
disponibilité du crédit budgétaire avant tout ANO.

53
Le SIGMAP est différent des logiciels de gestions des marchés électroniques. Noter que la passation électronique n’est pas encore
d’actualité au Mali et dans tous les pays membres de l’UEMOA.

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

2. Le pays est doté d’une institution responsable de la fonction normative:


a. La responsabilité de l’institution assurant la fonction normative :
L’ARMDS est l’autorité indépendante chargée de la régulation du système de passation en
intervenant dans le domaine de la définition des politiques et de la réglementation ; de la
formation et de l’information ; de l’audit des marchés publics ; du règlement non
juridictionnel des litiges ; des relations de coopération et des liaisons. Elle est opérationnelle
depuis février 2010 et fonctionne parfaitement à ce jour. Le comité de règlement des
différends créé par la Décision N°002/ARMDS-CR du 2 mars 2010, statue sur
d’innombrables recours non juridictionnels, soit 11354 entre 2014 et 2016.
b. L’organisation, le financement, et le degré d’indépendance et d’autorité
L’ARMDS qui est sous la tutelle de la Primature a une organisation paritaire tripartite
(l’Administration publique, le Secteur privé et la Société civile). Elle est certes subventionnée
par le gouvernement, mais l’essentiel de son financement découle du paiement de la
redevance de régularisation perçue sur les contrats atteignant au moins le seuil de la DRPCO
et sur les délégataires de service public. Le taux est de « 0.5% du montant HT des marchés
publics, o.1% du chiffre d’affaires annuel HT réalisé par les délégataires de service
public55 ». Elle perçoit également des fonds issus du produit de la vente des dossiers d’appel à
concurrence des collectivités territoriales, à hauteur de 20%. Elle jouit d’une véritable
autonomie et d’une indépendance constatée sur la tendance de ses jugements. De ce point de
vue, le Mali reste sur une bonne note.
3. Les entités adjudicatrices et leur mandat :
La gestion des marchés publics relève entièrement de leur responsabilité et elles assument
pleinement leur rôle qui est défini par leurs textes de création ainsi que le code des marchés
publics. Elles font preuve de plus en plus de transparence à travers les publications des PPM ;
AAO ; résultats d’attribution…, même si elles ne sont pas toutes au même niveau de
transparence dans leurs actions quotidiennes et que des efforts doivent être consentis. En effet,
toutes les DFM et DAF ne publient pas les résultats d’attribution des marchés, pour le
moment, elles ne sont que quelques-unes à le faire. Quant à la centrale d’achat permettant les
économies d’échelle, elle est prévue par le code des marchés publics et des délégations de
service public en son article 6. Cependant, sa création et son opérationnalisation ne sont
toujours pas d’actualité, à cause des réticences au sein des départements sectoriels.
4. L’intégration de la passation des marchés dans un système d’information efficace :
Au Mali, le système d’information en place présente toutes les caractéristiques d’un système
complet et qui pourrait être performant. En effet, la connexion internet couvre au moins 80%
des zones habitées et les journaux écrits «L’ESSOR » et d’autres ont une capacité de diffusion
nationale aussi lente soit-elle. La DGMP-DSP dispose d’un site internet pour les publications
et sur lequel, sont accessibles en tout temps tous les dossiers types de passation, les lois et
règlements sur les marchés publics ainsi que des statistiques sur les marchés publics 56 et
54
Rapport d’analyse des recours et décisions rendus par le CRD en 2014-2016, page 4
55
Article 2 du Décret N°09-687/P-RM du 29 décembre 2009 fixant le taux de la redevance de régularisation des marchés publics et de
délégations de service public ; des produits de la vente des dossiers d’appel d’offres versés à l’ARMDS et des frais d’enregistrement des
recours non juridictionnels
56

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

quelques publications effectuées. Un certain nombre de départements ministériels s’acquittent


correctement de cette obligation de transparence, par la publication des plans indicatifs de
passation des marchés, d’AOO, d’attribution provisoire et définitive dans les journaux écrits.
C’est dire que l’existence du système d’information doit en principe constituer un atout
majeur pour le renforcement de la transparence, la reddition des comptes et une force pour le
contrôle, s’il est bien exploité. Cependant, force est de reconnaitre qu’aujourd’hui, les plans
indicatifs de passation des marchés ne sont pas publiés par plus de 50% des départements
sectoriels, y compris par le Ministère de l’Économie et des Finances. En plus de cette
insuffisance patente de transparence bien que les outils soient disponibles, les publications de
toutes natures effectuées sur le site de la DGMP-DSP ne représentent même pas 2% de la
totalité des marchés passés par an (en volume et en nombre). En effet, l’essentiel des AOO est
publié dans les journaux écrits qui ont une lente capacité de diffusion nationale. La
transparence dans ce domaine s’améliore chaque jour un peu plus, mais n’est pas encore
arrivée à son niveau optimale et de ce point de vue, le système d’information et son
opérationnalisation ne peuvent qu’être moyennement notés.

5. Le système de passation des marchés publics, et de contrôle et leur potentiel


d’amélioration :
Par le passé, la DGMP-DSP organisait des sessions de formations à l’endroit des Autorités
contractantes, des entrepreneures et même des élus locaux, bref de tous les acteurs de la
commande publique. Aujourd’hui, grâce à la réforme des finances publiques et la
réorientation des missions des organes, l’ARMDS est l’autorité s’occupant de cette mission et
collecte à ce sujet des statistiques permettant d’éclairer le contrôleur. Dans le cadre de sa
politique de formation et d’information, l’ARMDS a organisé cent trente-neuf (139) sessions
de formations auxquelles ont pris part quatre mille neuf cent dix-huit (4 918) participants
entre 2010 et 201657. Une évaluation de ces formations a été faite en 2017 par un cabinet de
consultants dénommé « Intellect Afrik » qui n’a pas manqué de démontrer tous les bienfaits
desdites formations et les orientations nécessaires à entreprendre pour une meilleure qualité.
Parallèlement, chaque année au moins une session de formation est organisée à l’endroit des
contrôleurs financiers pour l’amélioration de leur performance dans le cadre de leur mission
de contrôle des deniers publics. Par ailleurs, un projet de décret portant création du corps des
inspecteurs des finances et du matériel était en circulation entre les départements ministériels
pour observations et avis en 2016. Le décret qui n’est toujours pas signé fait qu’à ce jour, il
n’existe aucun élément légal pour la reconnaissance de la passation comme une profession.
B- Analyse des certains rôles et responsabilités des organes en matière de contrôle
de passation et des marchés contrôlés entre 2015 et 2017 au Mali :
Autant les structures de contrôle ont un rôle et une énorme responsabilité en matière de
contrôle de passation, autant les autorités contractantes en ont. Le contrôle de la passation
présente quelques petites lacunes qui de notre point de vue méritent d’être montrées du doigt,
afin que l’attention des autorités compétentes soit attirée et qu’une réponse appropriée y soit
apportée (I). De 2015 à 2017, un grand nombre de marchés a été passé et contrôlé par la
DGMP-DSP et la DRMP. Il serait à ce niveau opportun d’y porter un regard critique (II).
57
Source ARMDS

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

I- Analyse des certains rôles et responsabilités des organes en matière de


contrôle de passation :
1. Le constat par rapport aux Autorités contractantes :
Il y a un adage grec qui dit « l’argent est le nerf de la guerre », ce qui nous permet à notre
tour de dire que les finances sont le nerf de la guerre. À ce titre, les DFM et les DAF
auxquelles nous nous sommes la plupart du temps référer pour parler des autorités
contractantes, constituent des structures très sensibles dont la gestion ne devrait point être
banalisée. En République du Mali, les nominations à ces postes stratégiques sont parfois
politiques. Un directeur des finances parachuté par des autorités politiques ayant d’autres
agendas, ne saurait apporter une réponse adéquate que si et seulement s’il dispose d’un
prérequis en matière de gestion des DFM et /ou DAF. Au Mali, des fonctionnaires ont été
nommés directeurs des finances et du matériel sans avoir reçu la moindre formation ou
expérience dans le domaine. Cet état de fait constitue une grande faiblesse en matière de
contrôle hiérarchique de la passation, un danger pour les procédures et un risque majeur pour
le responsable en question, car des entorses pourraient être causées aux procédures sans que
ce dernier ne le sache. Pour bien contrôler, il faut savoir quoi, comment et quand contrôler.
La structure des DFM et DAF au Mali est telle que : il y a une rupture dans le processus de
traitement des dossiers à cause de la répartition des taches entres les différentes divisions. Par
exemple au sein des DFM, il y a trois divisions. La Division Approvisionnement et Marchés
Publics est chargé de :
 établir les projets de marchés, baux et conventions et participer au contrôle de leur
exécution ;
 faire respecter les règles et procédures d’appel à la concurrence relatives à la
passation des marchés administratifs et aux contrats de fournitures, travaux ou
services concernant les budgets ou fonds placés sous le contrôle du Ministre ;
 tenir à jour le fichier fournisseurs58.
Pendant que la Division Finances a entre autres sous sa responsabilité « de préparer et
exécuter le budget du département ministériel59 ». Quant à la Division Comptabilités
Matières, elle s’occupe entre autres éléments de « mettre à jour tous les documents
comptables et fichiers nécessaires à la bonne gestion du matériel et de l’équipement selon les
règles de la comptabilité matières60 ». Les responsabilités de la Division Approvisionnement
et Marchés Publics sont clairement définies en matière de contrôle de l’exécution des
marchés, pendant que dans la pratique, au sein de tous les départements, cette division ne joue
aucun rôle de contrôle.
Par ailleurs, les membres de la commission de dépouillement et de jugement des offres ne
satisfont pas à l’obligation de déclaration de conflit d’intérêt. De plus, leurs noms ne figurent
pas sur la décision de constitution de ladite commission. L’agent qui est désigné par sa seule
fonction pour intervenir sur tout le processus jusqu’à la proposition d’attribution le cas
58
Article9 du Décret n°09- 137/P-RM du 27 mars 2009 fixant l'organisation et les modalités de fonctionnement des directions des directions
des finances et du matériel au Mali
59
Article7 du Décret n°09- 137/P-RM du 27 mars 2009 fixant l'organisation et les modalités de fonctionnement des directions des directions
des finances et du matériel au Mali
60
Article11 du Décret n°09- 137/P-RM du 27 mars 2009 fixant l'organisation et les modalités de fonctionnement des directions des
directions des finances et du matériel au Mali

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

échéant, ne milite pas au respect du principe de la transparence, dès lors que rien ne prouve
que la personne qui signe les différents PV correspond bien à celle qui a été nommée61.
2. La faiblesse du contrôle des TDR au Mali :
Après validation par le service commanditaire, le contrôle des TDR dans le cadre de la
préparation d’une passation d’un marché de prestation intellectuelle (SFQC) présente une
grande insuffisance qui mérite d’être soulignée à ce niveau. Cette insuffisance se traduit par le
fait que les TDR ne sont contrôlés par la DGMP-DSP qu’au moment de l’envoi du dossier de
DP par l’Autorité contractante pour ANO. Cette étape trouvera que la liste restreinte est déjà
constituée sur la base des informations publiées dans l’AMI, qui, elle-même est établi
conformément aux TDR. Dans ce cas, lorsqu’une insuffisance inadmissible (insuffisance
nécessitant le rejet du dossier et portant en même temps atteinte aux critères d’établissement
de la liste restreinte) est détectée par la DGMP-DSP dans les TDR, l’autorité contractante se
retrouve dans une position très inconfortable et pour laquelle, elle est obligée de reprendre
toute la procédure d’établissement de la liste restreinte. Or elle aurait pu gagner du temps et
économiser assez d’énergie si seulement la DGMP-DSP l’obligeait à faire contrôler lesdits
TDR en amont, c’est-à-dire avant de procéder à la publication de l’AMI. C’est d’ailleurs ce
qu’il se passe dans le cadre des procédures de la BM.
3. Le problème posé par le manque de manuel de procédures de contrôle de la
passation à la DGMP-DSP :
Au 21 siècle, il est tout simplement inadmissible, incompréhensible et intolérable qu’une
e

structure aussi importante que la DGMP-DSP dans un espace communautaire tel que
l’UEMOA, n’ait pas un manuel de procédure de contrôle à l’image de la DNCF. Cette
insuffisance notoire se retrouve à la base de nombreuses incohérences déconcertantes et
divergences de points de vue quant au contrôle d’un même dossier. Par exemple, il peut
arriver qu’une Autorité contractante donnée transmette à la DGMP-DSP pour Avis un dossier
« x » qui par la suite fait l’objet d’un rejet pour une raison « r » par un contrôleur « A », alors
que plusieurs autres contrôleurs ont toujours donné leurs ANO pour des raisons similaires. De
la même manière, il peut arriver que ce contrôleur « A » donne son ANO par rapport à un
dossier « y » qui aurait pu faire l’objet d’un rejet par un contrôleur « B ». Cette incohérence
dans le jugement n’est certainement pas de la faute des contrôleurs dans tous les cas, mais
plutôt de l’absence de manuel de procédure de contrôle a priori de la passation.
4. Autres insuffisances du contrôle de la passation des marchés publics au Mali :
Aujourd’hui, ils sont peu nombreux, les départements ministériels publiant leurs plans annuels
indicatifs de passation de marchés au Mali, alors que cela est une obligation édictée par le
principe fondamental de la transparence. Ni la DGMP-DSP, ni l’ARMDS, ni la DNCF ne fait
face à ses obligations par rapport à ce manque flagrant de transparence. En effet, une fois que
le PPM est validé par la DGMP-DSP, elle ne s’intéresse plus de savoir si les Autorités
contractantes publient ou pas leur plans indicatifs. La DNCF non plus ne soumet pas l’octroi
de son Visa à l’obligation de publication de ce plan indicatif, elle se contente seulement du
PPM qui de toute évidence est insuffisant. Quant à l’ARMDS, ses rapports font rarement cas
de cet état de fait et de son évolution d’année en année.

61
Revue indépendante de la conformité de la passation des marchés des autorités contractantes (gestion 2015) Rapport ; page 27

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

II- Analyse des marchés contrôlés par la DGMP-DSP et la DRMP au cours des
trois derniers exercices (2015 ; 2016 et 2017) :
L’AO est un mode de passation hautement recommandé, car favorise la transparence et
surtout la concurrence. Un pourcentage extrêmement élevé par rapport à ce mode démontre
que le système est fiable, crédible et transparent. Les urgences et les spécificités de certains
marchés font qu’ils ne peuvent être passés que par AOR ou ED. Ce pourcentage doit
cependant être extrêmement faible.
Les marchés qui seront présentés ne prennent pas en compte les contrats en dessous du seuil
de passation. Il faut signaler que les contrats en dessous du seuil sont les plus nombreux et
leur montant cumulé, bien que non défini précisément, est très important.
Les tableaux ci-dessous représentent la répartition des marchés, contrôlés par la DGMP-DSP
et la DRMP, par nature ; par source de financement et par mode de passation, au cours des
trois dernières exercices (2015 ; 2016 et 2017).
1. Présentation des situations des marchés contrôlés par la DGMP-DSP et la DRMP
au cours des années 2015 ; 2016 et 2017 :
a. Tableau récapitulatif des statistiques des marchés contrôlés par la DGMP-DSP et
DRMP au titre de l’année 2015
Tableau n°5
Par Nature de marché
Nature marché Nombre de Pourcentage Montant des Pourcentage
marché nombre marchés montant
Fournitures 240 76% 31 638 257 177 49%
Travaux 47 15% 13 652 425 121 217%
Prestations 30 09% 19 276 533 112 30%
intellectuelles
Total 317 100% 64 567 215 410 100%
Par source de financement
Source de Nombre de Pourcentage Montant des Pourcentage
financement marché nombre marchés montant
Budget 248 78% 35 050 722 571 54%
National
Conjoint 67 21% 20 092 970 367 31%
Financement 2 1% 9 423 522 472 15%
extérieur
Total 317 100% 64 567 215 410 100%
Par mode de passation
Mode de Nombre de Pourcentage Montant des Pourcentage
passation marché nombre marchés montant
AAO 276 87% 42 149 381 801 65%
AOR 16 5% 1 484 611 751 2%
ED 25 8% 20 933 221 858 33%
Total 317 100% 64 567 215 410 100%
Source : DGMP-DSP

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

b. Tableau récapitulatif des statistiques des marchés contrôlés par la DGMP-DSP et


DRMP au titre de l’année 2016
Tableau n°6

Par Nature de marché


Nature marché Nombre de Pourcentage Montant des Pourcentage
marché nombre marchés montant
Fournitures 866 53,23% 208 890 686 695 30%
Travaux 505 31,04% 370 131 693 526 53,17%
Prestations 256 15,73% 117 072 885 449 16,82%
intellectuelles
Total 1 627 100% 696 095 265 670 100%

Par source de financement


Source de Nombre de Pourcentage Montant des Pourcentage
financement marché nombre marchés montant
Budget 1 284 78,92% 439 251 252 386 63,10%
National
Conjoint 20 1,23% 46 218 482 530 6,64%
Financement 323 19,85% 210 625 530 754 30,26%
extérieur
Total 1 627 100% 696 095 265 670 100%

Par mode de passation


Mode de Nombre de Pourcentage Montant des Pourcentage
passation marché nombre marchés montant
AAO 1 492 91,70% 626 698 597 816 90,03%
AOR 50 3,07% 32 524 471 198 3,93%
ED 85 5,22% 36 872 196 656 6,04%
Total 1 627 100% 696 095 265 670 100%
Source : DGMP-DSP

c. Tableau récapitulatif des statistiques des marchés contrôlés par la DGMP-DSP et


DRMP au titre de l’année 2017
Tableau n°7

Par Nature de marché


Nature marché Nombre de Pourcentage Montant des Pourcentage
marché nombre marchés montant
Fournitures 2 622 54% 290 084 568 007 39%
Travaux 1 042 21% 379 477 668 903 51%
Prestations 1 219 25% 71 808 566 485 10%
intellectuelles
Total 4 883 100% 741 370 803 395 100%

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

Par source de financement


Source de Nombre de Pourcentage Montant des Pourcentage
financement marché nombre marchés montant
Budget 4 305 88% 523 564 808 388 71%
National
Conjoint 284 5,8% 25 494 322 648 03%
Financement 294 6,2% 192 311 672 359 26%
extérieur
Total 4 883 100% 741 370 803 395 100%

Par mode de passation


Mode de
Nombre de Pourcentage Montant des Pourcentage
passation marché nombre marchés montant
AAO 4 566 93,3% 681 367 112 676 92%
AOR 224 04,6% 28 648 954 869 04%
ED 93 01,9% 31 354 735 850 04%
Total 4 883 100% 741 370 803 395 100%
Source : DGMP-DSP
2. L’analyse par rapport à la nature des marchés contrés :
De l’analyse, il ressort :
a. les marchés de fournitures :
Ils dominent largement les autres types de marchés en passant de 240 sur les 317 marchés
passés en 2015, soit 76% du nombre des marchés passés, à 2 622/ 4883 en 2017, soit 54%. On
constate que ces marchés augmentent en nombre d’année en année, mais diminuent en
pourcentage. Quant au montant de ces marchés, il était moins de 32 milliards sur plus de 64
en 2015 pour se retrouver à 290 milliards sur 741,3 en 2017, soit une augmentation de près de
258 milliards de F CFA. Au même moment, ces marchés ont diminuent pourcentage soit de
76% en 2015, pour se retrouver à 39% en 2017.
Graphique1

Marchés de fournitures entre 2015 et 2017


3000
2622
2500

2000

1500

1000 866

500 240 208 290


42.1
0
2015 2016 2017

Nombre de marchés de fournitures


Marchés de fournitures en montant exprimé en milliards de FCFA

b. Les marchés de travaux :

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

Ils ne représentent que 47 en 2015, soit 15% pour se retrouver à 1 042, soit 21%. On constate
une augmentation et en nombre et en pourcentage entre 2015 et 2017. Parmi ces marchés, les
travaux d’envergure ne sont pas nombreux. Au même moment, en 2015, ces marchés n’ont
consommé que 13,6 milliards, soit 21%, contre 380 milliards, soit 51% en 2016, dépassant
ainsi les fournitures.
Graphique2 Les marchés de travaux

Marchés de travaux entre 2015 et 2017


1200
1042
1000

800

600 505
370 379
400

200
47
1.4
0
2015 2016 2017

Nombre de marchés de travaux


Marchés detravaux en montant exprimé en milliars de FCFA

c. Les marchés de prestations intellectuelles :


Ils ont concerné 30 marchés seulement en 2015, soit 9% pour passer à 1 219 marchés en 2017,
soit 25%. L’augmentation du nombre de ces marchés est chiffrée à 1 189. Concernant le
montant, la DGMP-DSP a enregistré plus de 19 milliards en 2015, soit 30%. Il atteint 117
milliards en 2016 et retombe à 72 milliards en 2017, soit 10%.
Graphique3 Les marchés de prestations intellectuelles

Marchés de prestations intellectuelles entre 2015 et 2017


1400
1219
1200
1000
800
600
400 256
200 117 72
30
19
0
2015 2016 2017

Nombre de marchés de prestations intellectuelles


Marchés de prestations intellectuelles en montant exprimé en milliards de F CFA

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

3. L’analyse des marchés par rapport aux sources de financement :


a. Le financement des marchés par le Budget National (BN):
Sur les 317 marchés contrôlés, 248 ont été financés par le BN, soit 78%, en passant à 4 305/
4883 en 2017, soit 88%. Au cours de cette période, le financement du BN domine largement
les autres types de financement. Le montant de ce financement est de 35 milliards sur 64 en
2015, soit 54%, pour se retrouver à plus de 523 milliards sur un peu plus de 741 milliards en
2017, soit 71%. Le financement par BN est constaté en nombre aussi bien qu’en volume, ce
qui est un signe positif concernant la pérennité les finances publiques.
Graphique4 Les marchés financés par le Budget National 

Marchés financés par le Budget National entre 2015 et 2017


5000
4305
4500
4000
3500
3000
2500
2000
1284
1500
1000 626
439
500 248
35
0
2015 2016 2017

Nombre de marchés financés sur BN


Marchés financés sur BN en montant exprimé en milliards de F CFA

b. Les marchés financés sur budget conjoint (BN et Financement Extérieur) :


Sur les 317 marchés, 67 sont issus d’un financement conjoint en 2015, soit 21%. Ce
financement est redescendu à 20 en 2016 avant de se maintenir à 284/4 883 en 2017, soit près
de 6%. On constate que ce financement augmente en montant en 2017, mais diminue en
pourcentage par rapport à 2015. Le montant qui est de 20 milliards sur 64 en 2015 (31%)
passe à 46 en 2016 avant de redescendre à 25/4 883 en 2017, soit seulement 3%.
Graphique5 Les marchés sur financement conjoint entre 2015 et 2017

Marchés sur financement conjoint entre 2015 et 2017


5000
4305
4500
4000
3500
3000
2500
2000
1284
1500
1000 626
439
500 248
35
0
2015 2016 2017

Nombre de marchés financés sur BN


Marchés financés sur BN en montant exprimé en milliards de F CFA

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

c. Les marchés sur financement extérieur :


Seulement 2 gros marchés sur les 317 ont été financés par des fonds extérieurs en 2015, soit
1% du nombre. La faiblesse du nombre des marchés est due à la mauvaise qualité des
relations que le Mali entretenait avec la communauté internationale, à cause de la violation
des procédures de passation des marchés relatives à l’achat de l’avion présidentiel et du
matériel militaire. Le nombre est passé à 323 en 2016 avec la normalisation des relations,
avant de redescendre à 294 en 2017. Le montant qui n’était que de 9 milliards en 2015, soit
15%, est passé jusqu’à 210 en 2016, pour redescendre à 192 en 2017, soit 26%.
Graphique6

Marchés sur financement extérieur entre 2015 et 2017


350 323
294
300
250 210.5
192
200
150
100
50 9
2
0
2015 2016 2017

Nombre de marchés sur financement extérieur


Marchés financés sur fonds extérieurs en montant exprimé en milliards de F CFA

4. L’analyse des marchés par rapport au mode de passation :


a. Les marchés passés par appel d’offres ouvert :
276 marchés ont été passés par AOO sur les 317 en 2015, soit un taux de 87%. Ce nombre est
passé à 1 492 en 2016, soit 91,70%, puis à 4 566, soit 93,5%. Des 64 milliards, 42 ont été
utilisés pour ce mode, soit 65%, contre 92% en 2017. Le constat est plus qu’encourageant, car
depuis 2015, nous remarquons que la concurrence est de plus en plus favorisée avec très peu
de recours aux procédures exceptionnelles. Ce qui est encore plus encouragent, c’est de
constater le progrès se concrétise aussi bien en nombre qu’en volume.
Graphique7

Marchés sur passés par AO entre 2015 et 2017


5000 4566
4500
4000
3500
3000
2500
2000 1492
1500
1000 626.6 681.3
500 276
42
0
2015 2016 2017

Nombre de marchés passés par AO


Marchés passés par AO en montant exprimé en milliards de F CFA

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

b. Les marchés passés par AOR :


La DGMP-DSP a recensé 16 sur 317 AOR en 2015, soit 5%. Ce nombre est passé jusqu’à
224/4883 en 2017, soit 4,6%. Quant au montant de ces marchés, il est passé de près de 1,5
milliard en 2015 (2%) à plus de 28 milliards sur 741 en 2017, soit 4%. Depuis quelques
années, les marchés passés par AOR ne constituent plus une portion importante et cela est un
indicateur de performance par rapport à la concurrence et accorde une bonne note au pays.
Graphique8

Marchés passés par AOR entre 2015 et 2017


250 224

200

150

100
50
50 32.5 28.6
16
1.4
0
2015 2016 2017

Nombre de marchés passés par AOR


Marchés passés par AOR en montant exprimé en milliards de F CFA

c. Marchés passés par Entente Directe (ED) :


Les ED, bien que faibles ont tout de même dépassé les AOR en 2015 avec 25 cas sur les 317,
soit 8%. Ce nombre qui n’a cessé d’augmenter a baissé en pourcentage. Ainsi la DGMP-
DSP a relevé jusqu’à 93 ED en 2017, mais ce nombre ne représente que 1,9%. Le montant
consacré aux ED est passé de près de 21 milliards, soit 33% en 2015, à 31 milliards en 2017,
soit 4% seulement. Ce qui traduit une grande amélioration par rapport au montant consacré à
ce mode entre 2015 et 2017.
Graphique9
Marchés passés par ED entre 2015 et 2017
100 93
90 85
80
70
60
50
36.9
40 31.3
30 25
20.9
20
10
0
2015 2016 2017

Nombre de marchés passés par AO


Marchés passés par AO en montant exprimé en milliards de F CFA

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

De façon générale, on peut affirmer sans risque de se tromper au vue de ces résultats que
depuis un certain temps, le Mali s’est remis sur la bonne voie quant au respect des modes de
passation, ce qui lui donne une bonne note.
Le système de passation et de contrôle sont certes bien en place et bien fonctionnels, avec
leurs forces, sans pour autant se débarrasser de quelques faiblesses qui y persistent.
L’évolution positive de la portion des AOO entre 2015 et 2017 étant un bon indicateur pour se
prononcer quant à sa pérennité et à son évolution future. Pour autant, il n’est certainement pas
prudent de tirer avec certitude quelques conclusions hâtives que cela puisse être sur les
systèmes dans leur globalité. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous nous aventurons sur
la voie d’autres éléments d’analyse mis à notre disposition par la MAPS pour nous
positionner avec objectivité.
Section 2 : Analyse des deux systèmes selon d’autres critères de la méthodologie MAPS
Même si nous avons déjà fait recours à certains des critères de la MAPS lors de l’analyse du
cadre institutionnel, juridique, législatif…, nous n’y renonçons pas avant de jeter un regard
critique sur les activités d’acquisition publique et pratiques du marché au Mali (A) et d’autres
éléments du système de contrôle (B).
A- Analyse des activités d’acquisition publique et pratiques du marché :
I- Analyse de la planification, de la sélection et de l’adjudication:
1. Planification des marchés :
Le PPM établi sur la base du modèle type mis à la disposition de chaque autorité contractante
par la DGMP-DSP est une obligation à laquelle, on ne peut en aucune manière se soustraire
depuis 2015. Les services bénéficiaires sont dès lors dans l’obligation de déterminer leurs
besoins avec la plus grande précision possible avant qu’ils ne soient insérés dans le PPM et
transmis à la DGMP-DSP pour Avis Juridique. Cette planification des marchés devient une
réalité plus exigeante lorsqu’il s’agit des marchés de grands travaux nécessitant des études
d’envergure, ou encore des prestations intellectuelles devant s’étendre sur plusieurs mois,
voire plusieurs années, car la détermination du mode de passation tient compte de plusieurs
paramètres. Généralement, les exigences et les résultats escomptés des contrats sont définis
lors de la planification sans prendre en compte les critères de durabilité. Les achats prenant en
comptes les aspects du développement durable ne sont pas nombreux au Mali. Ils sont surtout
identifiés dans le cadre des travaux d’envergure et de certains projets à Haute Intensité de
Main d’œuvre Ouvrière (HIMO) et qui ne représentent pas une portion importante du budget
consacré aux marchés publics. Les défaillances récurrentes constatées concernent la
détermination tardive des besoins par les services bénéficiaires, entrainant ainsi des retards
parfois considérables par rapport à l’envoi du PPM à la DGMP-DSP pour Avis Juridique. Par
exemple le PPM d’un département « x » concernant les marchés de l’année « n+1 » doit être
envoyé en fin d’année « n ». Or la réalité pour certains départements se traduit par une
transmission vers la fin du premier trimestre de l’année « n » pour les marchés de la même
année. Il arrive que les DFM et les DAF procèdent à plusieurs modifications de leurs PPM par
an, faute de détermination précise de besoin par les services bénéficiaires et à temps.

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

2. L’Analyse de la sélection des candidats et de l’adjudication des marchés:


Rappelons que la MAPS s’intéresse au-delà de la sélection des candidats et de l’adjudication
des marchés, à la gestion des contrats que notre analyse ne prend pas en compte. Concernant
la sélection des candidats, il est effectivement fait recours à la procédure de présélection dans
le cadre des marchés de grands travaux nécessitant de la part des entrepreneurs un niveau
d’expérience et de qualification élevé. Les critères utilisés pour la sélection sont généralement
objectifs, étant donné que le code des marchés publics du Mali est une transposition de la
Directive N°04/2005/CM/UEMOA, qui elle-même est une inspiration des textes de la BM et
de la loi type de la Commission des Nations Unies pour le Droit International Commercial
(CNUDCI). L’utilisation des dossiers types pour la sélection des candidats est une exigence
de l’UEMOA qui veut harmoniser autant que possible et les dossiers types sont disponibles en
tout temps sur le site officiel de la DGMP-DSP62. La concurrence est de plus en plus favorisée
et les AOO ont tout bonnement franchi la barre de 90% en moyen sur la période de 2015 à
2017, comme le démontrent les tableaux n°5 ; 6 et 7. Désormais, la sélection se fait dans des
conditions plus allégées telles que :
 La réduction des délais de passation des marchés de 120 jours à 80 jours ;
 La réduction des délais de soumission (ramenés à Septembre contre Novembre) des
plans de Marchés Publics (DGMP) et Délégations de Service Public ;
 L’élimination des doublons résultant de la double revue des projets financés par les
bailleurs grâce à la suppression du contrôle de la DGMP-DSP sur les marchés
financés sur ressources extérieures et soumis à la revue du bailleur ;
 La simplification des pièces administratives requises considérées comme éliminatoire ;
 La diminution du nombre de signataires de marchés publics (attributaires de marché,
autorité contractante (DFM, ministre dépensier, MEF ou Premier ministre)63.
Les marchés sont passés généralement en respect de la règlementation, cependant d’énormes
problèmes d’archivage ont été révélés par plusieurs missions d’audit y compris à la DFM du
Ministère de l’Économie et des Finances. Ces problèmes sont en train d’être pris en charge
grâce à la mise en place progressive dans les départements des systèmes de gestion
d’archivages électronique et physique (GED).
Les procédures sont décrites dans les dossiers d’appel à candidature et les soumissionnaires
ou leurs représentants sont autorisés à assister à l’ouverture des offres, car la séance est
publique. La société civile est également autorisée à contrôler les procédures, même si elle
n’est pas très active dans ce domaine. La confidentialité est de mise pour les membres de la
commission d’évaluation et la sélection se fait sur la base de la détermination du meilleur
rapport qualité/prix en fonction des critères énoncés dans le dossier d’appel à candidature.
Grosso modo, le processus de sélection et d’attribution des marchés est conduit de manière
efficace, efficiente et le niveau de transparence augmente un peu plus chaque année.

II- L’analyse du marché des acquisitions publiques :


62
www.dgmp.gouv.ml
63
Évaluation de la gestion des finances publiques au Mali selon la méthodologie PEFA, Rapport sur la performance de la gestion des
finances publiques, version définitive du 28 juin 2011 ; Page 97.

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

1. La nature du dialogue et partenariats entre les secteurs public et privé :


Parmi les priorités de la réforme du système de gestion des finances publiques figurent :
 Le renforcement des capacités pour mettre en œuvre le nouveau cadre institutionnel et
règlementaire et l’utilisation du nouveau Code des Marchés Publics par la formation
des personnels de la DGMP, des Ministères et du Secteur Privé […]64 et
 L’opérationnalisation de la Direction des Moyennes Entreprises (DME) pour renforcer
la mobilisation des recettes.
Au-delà de ces aspects, des mesures concrètes ont été entreprises à travers des séances de
travail entre le gouvernement et le Patronat, pour le renforcement du dialogue et du
partenariat. Notons la présence du secteur privé en tant que membre à part entière, au sein du
comité de règlement des différends de l’ARMDS. Dans le cadre de cette collaboration et en
tant que priorité, des séances de formations sont organisées par l’ARMDS à l’endroit du
secteur privé pour qu’il soit à même de connaitre les procédures de passation des marchés
publics ; pouvoir constituer des meilleures offres et mieux défendre ses intérêts et ses droits.
En effet, le secteur privé a été particulièrement concerné par les cent trente-neuf (139)
sessions de formations organisées par l’ARMDS et auxquelles ont pris part quatre mille neuf
cent dix-huit (4 918) participants entre 2010 et 2016. Aujourd’hui, force est de reconnaitre
que ce secteur est beaucoup mieux organisé pour présenter des offres, par rapport à un passé
pourtant récent, grâce à cette collaboration qui est de plus en plus renforcée. C’est dire que le
secteur privé est au cœur des préoccupations des autorités publiques, car il en va également de
la hausse des recettes fiscales. Plus le secteur privé se porte mieux, plus les recettes fiscales
sont conséquentes.
2. Analyse de l’organisation du secteur privé et son accès au marché des
acquisitions publiques :
Des dispositions sont entreprises en longueur de journées pour faciliter l’accès des Petites et
Moyennes Entreprise (PME) aux marchés publics, soit à travers des mesures législatives,
réglementaires, simplification des procédures ou incitatives comme des simples allotissements
de marchés. À part les plans indicatifs de passation et une bonne partie des publications des
résultats d’attribution des marchés, les PME disposent d’au moins 95% des informations
nécessaires à la constitution d’une offre, la soumission et l’attribution du marché. Précisons à
ce niveau que même si les résultats d’attribution des marchés ne sont pas publiés par tous les
départements, ils sont néant moins notifiés à tous les soumissionnaires. Par ailleurs, même si
des efforts doivent être encore consentis, il existe plusieurs institutions bancaires dans le pays
rivalisant à travers des conditions de plus en plus favorables aux PME pour leurs
participations dans les marchés publics. Les paiements aux entreprises sont parfois lents à
cause, soit du nombre important de dossiers à traiter au sein des DFM/DAF au regard du
personnel, soit de l’indisponibilité de liquidité au Trésor. Les intérêts de retard de paiement
sont rarement payés par l’administration aux entreprises. Ces situations entrainent :

 la cessation temporaire des activités de certaines PME ou même la faillite d’autres

64
Évaluation de la gestion des finances publiques au Mali selon la méthodologie PEFA, Rapport sur la performance de la gestion des
finances publiques, version définitive du 28 juin 2011 ; Page 19.

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

n’ayant pas les capacités financières de supporter des délais de paiement relativement
longs ;
 des surcoûts et des actes frauduleux qui ont un impact sur l’efficacité et l’efficience de
l’achat public et peuvent modifier la structure réelle des dépenses et ce en vue de
compenser en amont le délai supplémentaire de paiement.
Quant aux mécanismes et conditions de recours devant le comité de règlement des différends,
ils sont bien définis et permettent parfois aux soumissionnaires d’obtenir gain de cause par
rapport aux violations procédurales de passation. Au vue de ce qui a été constaté, la note du
Mali ne peut être excellente, mais l’attribution d’une note assez bonne pourrait être
raisonnable.
Les forces et faiblesses du système de passation étant identifiées grâce à plusieurs éléments de
considération, y compris la MAPS, il serait à présent très utile d’éplucher le système de
contrôle a priori selon les critères de la MAPS pour avoir une vision plus experte de la
situation qui prévaut.
B- Analyse du système de contrôle à priori selon la méthodologie de la MAPS :
I. La transparence et la participation de la société civile en rapport avec
l’intégrité dans la passation des marchés publics : 
Les publications d’AO et d’Avis à Manifestation d’intérêt sont faites régulièrement et les
DAO types accessibles au public.
1. Un environnement propice à la consultation et au contrôle du public :
Bien que le pays soit constitué à majorité d’analphabètes, l’environnement devient de plus en
plus favorable à la consultation et au contrôle public ces dernières années. En effet, le Projet
d’Assistance Technique pour la gouvernance et la décentralisation budgétaire (PAT), né dans
le cadre de la réforme des finances publiques et financé par la Banque Mondiale (BM), a
permis aux Organisations de la Société Civile (OSC) d’avoir des outils appropriés dans cadre
du contrôle des finances publiques. Des séances de formation ont été organisées à l’endroit
des membres des OSC pour comprendre l’élaboration, l’exécution et le contrôle du budget
citoyen. Même s’il reste encore beaucoup d’efforts à consentir, les OSC disposent de plus en
plus de compétence pour contrôler le processus de passation de marchés, à travers une
participation et un contrôle de plus en plus responsables. Les OSC ont pesé très lourd dans les
manifestations à l’encontre de la modification de la Constitution en 2017, ayant fait reculer le
pouvoir en place. Ceci nous permet de dire que le pouvoir tient compte de la perception des
OSC quant à la gestion du pays en général. En outre, elles sont présentes dans le comité de
règlement des différends au sein de l’ARMDS. Elles sont également consultées pour toutes
propositions de modification du code des marchés publics au Mali. Le contrôle effectué à ce
niveau par les OSC dans le cadre de l’élaboration du budget, des projets de lois et des
publications sur les marchés publics, peut être considéré comme étant un contrôle a priori.
2. Le public a accès aux informations de manière adéquate et rapide :
Les informations utiles sur les marchés publics telles que les lois, décrets ; arrêtés et dossiers
types sont disponibles sur le site de la DGMP-DSP et accessibles sans le moindre frais. Les
publications sur les marchés publics se font plus dans les journaux écrits que sur le site de la

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

DGMP-DSP. Par contre, l’obtention des informations sur des marchés passés est très difficile
au sein des départements ministériels et les dénonciations des OSC ne se font entendre que
lorsque la situation est très menaçante. Les OSC pourraient pourtant constituer des
organisations très utiles pour les publications de plans indicatifs de l’ensemble des
départements et les résultats d’attribution de tous les marchés avec les motifs d’élimination
des candidats n’ayant pas été retenus.
3. Participation directe de la société civile :
À part la séance d’ouverture des plis, la société civile n’est présente nulle part dans le
processus d’évaluation et d’attribution des marchés publics. Le code des marchés publics est
muet sur la participation de la société civile au cours de la phase de planification. D’aucuns
affirment que rien ne l’interdit, mais dans la pratique, la société civile ne prend pas du tout
part à la phase de planification des marchés publics au Mali. L’intérêt de la société civile
devient visible à travers une déclaration, seulement lorsqu’un scandale éclate.
La transparence et la participation de la société civile favorisent évidemment l’intégrité dans
la passation des marchés publics et contribue à rendre le système plus juste. Cependant cette
participation est très molle, en plus limitée.
II. Le pays est-il doté de mécanismes de contrôle et d’audit efficaces ?
L’analyse du mécanisme de contrôle doit nous amener à ne nous intéresser qu’au contrôle a
priori. Par contre, l’audit concerne le contrôle a posteriori qui en principe ne doit pas faire
partie du cadre de cette étude, mais exceptionnellement, nous nous y intéresseront à cause du
fait que l’audit s’intéresse aussi à des aspects de passation de marchés publics. Aussi, c’est
l’occasion pour nous, de parler brièvement des structures de contrôle a posteriori s’intéressant
aux procédures de passation des marchés publics.
1. L’organisation et quelques faiblesses du contrôle :
Le cadre de contrôle existant couvre toutes les activités d’acquisition publique, à travers soit
un contrôle interne, soit un contrôle externe (a priori ou a posteriori) mené conformément aux
procédures en vigueur, mais avec un bilan quelque peu mitigé. Même si les institutions de
contrôle politique, exécutif et juridictionnel telles que définies dans la législation sont bien en
place et opérationnelles, leur efficacité laisse souvent à désirer, à causes des multiples
redondances et déséquilibres. Les contrôleurs de la DGMP-DSP et ceux de la DNCF dispose
de plus en plus de pouvoir et maitrise mieux les procédures. Ce pouvoir est par ailleurs limité
d’après les OSC à cause d’une part, du mode de nomination des contrôleurs, souvent teinté de
coloration politique pour un travail technique et d’autre part, de la faiblesse de la grille
indiciaire qui ne favorise pas du tout l’épanouissement financier des contrôleurs. Loin d’être
justifié, les contrôleurs sont guettés en permanence par ces deux types de risque, toujours
d’après les OSC, qui font qu’ils allègent le contrôle de certains dossiers, soit sur instruction et
par reconnaissance à leur chef hiérarchiques, soit par attirance du gain facile compte tenu du
niveau de rémunération.
2. La coordination des contrôles et audits des acquisitions publiques :
Chaque structure, à l’exception de la DGMP-DSP a un manuel de procédures, même s’il n’est
pas suivi à la lettre, comme c’est le cas par exemple de l’absence de la Division
Approvisionnement et Marchés Publics au sein des commissions de réception, alors même

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

que la réglementation le prévoit. Quant aux missions d’audit, elles sont organisées et mises en
œuvre de façon très déséquilibrée et très mal coordonnées. En effet, ces missions sont
beaucoup plus centrées sur les services du Ministère des Finances que sur les autres, au point
que les agents de ces services sont beaucoup plus concentrés sur la mise à disposition de
pièces justificatives que sur l’exécution du budget. Par exemple : rien qu’en 2015 et 2016,
la DFM du Ministère de l’Économie et des Finances a reçu pas moins de huit (8)
missions d’audit menées par le Contrôle Général des services Publics (CGSP) ;
l’Inspection des Finances, le Bureau du Vérificateur Général (BVG), ainsi d’autres
cabinets indépendants d’audit, alors que d’autres département peuvent passer quatre
(4) ans sans recevoir la moindre visite d’auditeurs. Notons également le manque d’un
système adéquat d’archivage dans tous les services pour faciliter les missions d’audit.
3. La mise en application et le suivi des conclusions et recommandations :
La persistance du manque de suivi correct des recommandations des missions d’audit est une
situation récurrente au sein des Administrations Publiques maliennes. Exceptionnellement,
certaines recommandations sont mises en œuvres juste après leur formulation, par contre,
d’autres ne le sont pas, et ce même après plusieurs missions constatant les mêmes failles. Il
n’existe pas un système approprié du suivi de la mise en œuvre des recommandations, car les
sanctions font généralement défaut. C’est surtout ce dernier aspect qui explique la récurrence
du manque de prise en charge correcte des recommandations au Mali et dans presque tous les
domaines.
4. Qualification et formation pour effectuer des audits de passations de marchés :
La sélection des auditeurs du secteur privé est basée sur l’analyse des CV dans le cadre d’un
processus de recrutement des cabinets d’audit même si des recrutements par ED n’y manquent
pas. Pour les auditeurs du secteur public, seuls les administrateurs disposant d’un nombre
confortable d’années d’expériences sont affectés dans les structures d’audit (CGSP par
exemple). Ils suivent en outre régulièrement des formations aussi bien à l’intérieur qu’à
l’extérieur du pays. Leur indépendance est cependant critiquée par les OSC qui pointent du
doigt les copinages au sein de l’Administration Publique et le système de nomination. Quant à
l’indépendance de cabinets d’audit, il est à noter que leurs différents rapports sont
relativement critiques à l’égard des organismes publics et du coup, ils bénéficient de plus en
plus de crédibilité aux yeux des OSC, même si le bilan est toujours mitigé.

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

Chapitre IV : Le contrôle face aux nouvelles exigences de la dépense publique :


Les finances publiques n’ont cessé d’évoluer dans leur existence et ces évolutions
permanentes sont une réponse éloquente aux exigences contextuelles des différentes périodes
auxquelles elles ont fait face. Les évolutions les plus marquantes de leur histoire sont celles se
référant à la période classique, ensuite à la période néoclassique et aujourd’hui au temps
moderne. La période moderne, dans laquelle nous évolution, a quant à elle subi dans un
premier temps une gestion des finances publiques selon les moyens disponibles (Budget de
moyen) et dans un second temps une gestion basée sur une programmation budgétaire
(Budget programmes) soumise à des exigences de résultat, de performance et de reddition de
comptes. En face de cette mutation, le contrôle a tenté de s’adapter pour une efficacité
budgétaire accrue et une meilleure gouvernance. C’est dans ce contexte que plusieurs
réformes relatives aux finances publiques ont été entreprises au sein de l’espace UEMOA.
Ces réformes ont concerné les marchés publics, mais aussi son contrôle dans sa globalité.
Quels peuvent être donc les enjeux et défis liés à ces réformes ? (Section 1) Après avoir
étudié la passation et ses rapports avec les directives de l’UEMOA, ainsi que l’évolution du
contrôle, nous procéderons à la revue des perspectives pour pouvoir formuler des
recommandations qui nous paraitront les plus pertinentes aux bénéfices d’une passation plus
transparente et un contrôle plus performant (Section 2).
Section 1 : Les enjeux et défis liés à la réforme des systèmes de passation et de contrôle :
Étymologiquement, le mot réforme vient du latin reformare qui signifie reconstituer, former à
nouveau. La réforme est une correction, un changement profond, une transformation par des
moyens conformes aux règles existantes, de quelque chose, en vue de la réorganiser,
d’améliorer son fonctionnement, ses résultants. Elle suppose dès lors, l’existence d’une
situation, d’une chose ou d’un système qui, en raison soit d’une modification ponctuelle ou
conjoncturelle intervenue dans son contexte de fonctionnement, soit des évolutions
structurelles ou temporelles, politiques, économiques ou sociales, nécessite une reformulation
de sa structure processuelle et organisationnelle65.
La réforme des marchés publics et de son contrôle au Mali vise fondamentalement des aspects
relatifs à des questions de gouvernance comme la transparence, la simplification des
procédures ; la lutte contre la corruption et les cartels, la lourdeur bureaucratique, la réduction
des couts administratifs et des délais ; l’efficacité des procédures et l’introduction d’aspects
n’ayant pas été pris en charge par les textes en vigueur et constituant de ce fait une faiblesse
du système…
Pour être efficace, une réforme s’appuie généralement sur des dispositions législatives, des
méthodes de gouvernance, des diffusions de connaissance et l’amélioration des institutions 66
et des procédures.

65
Mémoire de Master « Réforme des marchés publics et performance du système: cas des nouveaux acteurs de la passation des marchés
publics » par Paul René JOUONANG, Institut Supérieur du Sahel-Université de Maroua - Ingénieur de Conception, Facilitateur de
Développement 2014, Page 17.
66
Mémoire de Master « Réforme des marchés publics et performance du système: cas des nouveaux acteurs de la passation des marchés
publics » par Paul René JOUONANG, Institut Supérieur du Sahel-Université de Maroua - Ingénieur de Conception, Facilitateur de
Développement 2014, Page 17

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

A- La passation des marchés au Mali et la Directive N°04/2005/CM/UEMOA :


Notre étude se limitera aux innovations apportées par la Directive N°04/2005/CM/UEMOA
portant procédures de passation, d’exécution et de règlement des marchés publics et des
délégations de service public dans l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine,
transposée à travers le Décret N°2015-0604/P-RM du 25 septembre 2015, portant code des
marchés publics et des délégations de service public. En d’autres termes, une étude
comparative de ce dernier décret et son prédécesseur, c’est-à-dire Décret N° 08-485/P-RM du
11 août 2008, portant procédures de passation, d’exécution et de règlement des marchés
publics et des délégations de service public en République du Mali, nous permettra de mieux
comprendre les bienfaits de la directive ci-dessus citée.

I- Le contexte et les enjeux de la réforme:


1- Le contexte de la réforme :
La réforme annoncée lors de l’évaluation PEFA en 2006 a déjà permis l’internalisation
d’aspects corrigeant certains disfonctionnements constatés dans l’application du Décret n°95-
401-P-RM du 10 novembre 1995, portant code des marchés publics, modifié par le Décret n°
99-292/P-RM du 21 septembre 1999, à travers le décret n°08-485/PM-RM du 11 août 2008
portant procédures de passation, d’exécution et de règlement des marchés publics et des
délégations de service public et des textes subséquents. Ce décret qui était déjà une révolution
en matière de passation, n’a cependant pas pris en charge toutes les prescriptions de la
directive citée.
En effet, d’autres insuffisances persistent en ce dernier décret, parmi lesquelles, les difficultés
de la fonction des crédits notamment ceux liées à l’investissement, une faiblesse  de la
responsabilisation des autorités contractantes et l’insuffisance de la réglementation sur les
procédures de passation et de contrôle des acquisitions en dessous du seuil et sur les
procédures relatives aux délégations de service public et de la maitrise d’ouvrage déléguée.
A ces difficultés s’ajoutent la faiblesse des opportunités d’accès à certains financements
innovants, les difficultés d’accès des PME/PMI à la commande publique. Face à ces
difficultés et pour améliorer les procédures de passation des marchés publics afin de les
rendre plus transparentes et plus efficaces, le gouvernement du Mali a adopté le décret N°
2015-0604/P-RM du 25 septembre 2015 portant code des marchés publics et des délégations
de service public67.
2- Les enjeux de la réforme :
Le processus de réforme des systèmes de marchés publics au sein de l’espace UEMOA est
soumis à des enjeux fondamentaux de promotion des meilleures pratiques en matière de
bonne gouvernance économique. Le Mali, à l’instar de ses paires communautaires déploie
d’énormes efforts pour être au rendez-vous de l’harmonisation progressiste dans le cadre des
marchés publics, afin de ne point rester à la traine.
Les marchés publics n’existent que pour la satisfaction des besoins publics sans déperdition
des fonds ni gaspillage et dilapidation, vue leur importance. À cet égard, toute réforme autour
67
http://maliactu.net/mali-reformes-des-marches-publics-le-mali-se-conforme-aux-normes-de-luemoa-et-des-standards-internationaux-en-la-
matiere/

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

d’eux sera confrontée à des enjeux d’ordre :


 financier, quand on sait que les marchés publics sont capables de mobiliser des
centaines de milliards de francs CFA chaque année au Mali. Par exemple en 2016 :
696 095 265 670 F CFA y ont été consacrés et en 2017 : 741 370 803 395 F CFA68 ;
 économique parce qu’ils sont le moteur de l’activité économique et les chiffres ci-
dessus publiés par la DGMP-DSP en sont un témoignage éloquent. Par ailleurs, il est
connu au Mali que tout ralentissement des paiements des entrepreneurs et fournisseurs
par le trésor public cause automatiquement un ralentissement de l’activité
économique, car l’écrasante majorité des opérateurs économiques ne survit que grâce
à l’État et aux marchés publics ;
 social grâce leur capacité de stabiliser la société. Cela se manifeste à travers par
exemple HIMO ou des projets d’infrastructures d’envergure, par la création directe ou
indirecte d’emplois par les entreprises et freine l’exode rural.
Il est essentiel dès lors de faire en sorte que les reformes entreprises puissent faire cohabiter
bonne gouvernance et épanouissement financier, économique et social au sein d’un pays en
fortes mutations. Par ailleurs, il est tout aussi important de :
 harmoniser les méthodes de passation du pays avec ceux de la communauté ;
 minimiser les divergences de points de vue quant à l’interprétation des textes ;
 réussir l’actualisation de l’application des règles procédurales.
En définitive, la réforme doit permettre de relever l’immense défi de lutte contre la
corruption, de transparence et de performance administrative pour ne citer que ceux-ci.
II- Les innovations apportées à la passation par la reforme issue de la Directive
N°04/2005/CM/UEMOA:
Selon Mme KABA Diaminatou DIALLO, Conseillère Technique au Ministère de l’Économie
et des Finances : « Les nouvelles réformes engagées permettront à notre pays de renforcer
son dispositif de lutte contre la fraude et la corruption dans le domaine des marchés publics.
Le nouveau décret adopté comporte beaucoup d’innovations. Il s’agit des innovations se
rapportant à la responsabilité accrue des autorités contractantes à travers le relèvement des
seuils d’application des procédures du code des marchés publics et la création des cellules de
passation des marchés. […] Avec ces différentes innovations, on peut affirmer sans ambages
que notre système de passation des marchés publics est mis au diapason des normes
communautaires de l’UEMOA et des standards internationaux  admis en matière de marchés
publics. Ceci ne fait que renforcer davantage la bonne gouvernance qui est le credo des plus
hautes autorités du pays69 ».
De façon un peu plus détaillée, cette réforme se rapporte tout d’abord à la prise en charge
d’éléments jamais traités au paravent par les textes en vigueur dans le pays, ensuite à
l’amélioration de dispositions déjà prévues par le décret N° 08-485/P-RM du 11 août 2008 et
ses textes subséquents.

68
Source DGMP-DSP www.dgmp.gouv.ml
69
Atelier de restitution organisé au Centre International de Conférence de Bamako (CICB) du 24 au 25 août 2015 par la DGMP-DSP sur les
nouvelles réformes des marchés publics issues des Directives de l’UEMOA

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

1. Les aspects non prévus par le décret N° 08-485/P-RM du 11 août 2008 mais pris
en compte par le N° 2015-0604/P-RM du 25 septembre 2015 :
Pour la première fois ont été évoqués dans le règlement des marchés publics au Mali :

a. L’accord-cadre conclu entre l’Autorité contractante et un ou plusieurs opérateurs


économiques dans les domaines de travaux, fournitures ou prestations intellectuelles et
qui définit les conditions de passation et de détermination des prix pendant la durée de
l’accord. Le décret en prévoit trois (3) types :
 l’accord-cadre fermé basé sur des critères prédéfinis ;
 l’accord-cadre fermé assorti d’une même restriction pour les nouveaux
entrants mais mis en œuvre en deux étapes et
 l’accord-cadre ouvert organisé en deux étapes mais sans restrictions
concernant la participation de nouveaux entrants70 ;
b. La création des cellules de passation de marchés publics auprès des départements et
Institutions de la République. Nous en fournirons d’explications plus détaillées quand
seront abordées les innovations des réformes dans le domaine du contrôle (« B » de la
présente section).
c. L’offre spontanée proposée par l’opérateur économique dans les domaines de
travaux, fournitures ou prestations intellectuelles, sans qu’il n’y ait eu un appel
d’offres ou une sollicitation d’entente directe. Ce genre d’offres est fréquent dans le
domaine des marchés clé en main. Par ailleurs, le décret précise les conditions dans
lesquelles l’Autorité contractante donne suite à une offre spontanée ; puis celles des
négociations ; de contrôle et d’attribution du contrat en son article 57.
d. L’appel d’offre avec concours lorsque des motifs d’ordre technique, esthétique ou
financier justifient des études ou des recherches particulières. Le décret définit tous les
modes possibles de passation de ce genre de marché et les conditions d’examen des
offres et d’attribution du contrat en son article 53.
e. Les procédures spécifiques à la sélection de consultant individuel dans le cadre des
missions pour lesquelles:
 une équipe d’experts n’est pas nécessaire;
 aucun appui professionnel supplémentaire extérieur n’est requis;
 l’expérience et les qualifications de l’expert constituent un critère de choix
majeur71 ;
Le décret précise en outre, les conditions de sollicitation, de négociation et d’attribution du
marché de consultation.

2. Les améliorations apportées aux dispositions déjà existantes :


a. La revue à la hausse des seuils de passation des marchés pour des raisons de
70
Article 41 du décret N° 2015-0604/P-RM du 25 septembre 2015 portant code des marchés publics et des délégations de service public
71
Article 56 du décret N° 2015-0604/P-RM du 25 septembre 2015 portant code des marchés publics et des délégations de service public

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

simplification, d’allègement et d’efficacité des procédures administratives. Ces seuils


se présentent ainsi :
Tableau 8 : Comparaison des seuils de passation de l’ancien au nouveau code
Différents types décret N° 08-485/P-RM du 11 décret N° 2015-0604/P-RM du
de marché août 2008 25 septembre 2015
Fournitures et Au moins 25 000 000 FCFA Au moins 80 000 000 FCFA
services courant
Travaux Au moins 25 000 000 FCFA Au moins 100 000 000 FCFA
Prestations
intellectuelles Au moins 15 000 000 FCFA Au moins 70 000 000 FCFA

b. Les précisions sur le Maître de l’ouvrage et le Maitre d’ouvrage délégué :


Une définition du terme « Maître de l’ouvrage » a été donnée dans le décret N° 08-485/P-RM
du 11 août 2008, sans aller plus loin. Par contre, le décret N° 2015-0604/P-RM du 25
septembre 2015 apporte plus de précisions sur les attributions du maitre de l’ouvrage et celles
du maitre d’ouvrage délégué. En plus de ces aspects, d’autres éclairages ont été apportés
quant à la convention de maîtrise d’ouvrage Déléguée, son mode de financement et les
modalités du contrôle technique, financier et comptable exercé par le maître de l’ouvrage.
c. La simplification du circuit de signature et d’approbation des contrats et
réduction du délai de passation:
Tant du nombre des acteurs présents dans le circuit de signature et d’approbation du marché
(Attributaires de marché, autorité contractante, Contrôle financier et autorité d’approbation
des marchés publics (DFM, ministre dépensier, MEF ou Premier ministre)) que du délai
nécessaire pour boucler le processus, une simplification a été apportée pour plus de clarté, de
pragmatisme et de performance. Aussi, compte tenu des mesures appropriées issues de la mise
en vigueur de ce décret, le délai moyen de passation des marchés a été réduit de 120 à 80
jours72.
d. La simplification des documents au cours d’un AO :
Cette réforme a permis une simplification des documents faisant partie intégrante des offres
des soumissionnaires. Par exemple les candidats à un marché publics ne sont plus obligés au
Mali de fournir les attestation Institut National de Prévoyance Social (INPS), Office Malienne
de l’Habitat (OMH) ; les statuts de l’Entreprise et son Numéro d’Identification Fiscale (NIF),
les statuts. Seul l’attributaire provisoire fournira désormais ces documents deux jours après la
réception de sa notification provisoire.
a. D’autres aspects positifs apportés par la réforme :
Outre les différents éléments ci-dessus soulignés, aujourd’hui, il est possible au Mali
d’obtenir une autorisation de lancement des marchés dès leur adoption par le Conseil des
ministres du projet de budget. Aussi, cette réforme a permis la « réduction des délais de
soumission (ramenés à Septembre contre Novembre) des plans de passation des marchés
prévus pour l’année budgétaire suivante à la Direction Générale des Marchés Publics
(DGMP) et Délégations de Service Public 73 ». Ce qui permet à l’Autorité contractante de
72
Cadre de Mesure de la Performance en matière de Gestion des Finances Publiques - PEFA- du Mali ; Rapport relatif à la notation des
indicateurs de performance de haut niveau, Octobre 2016, Page 97.
73
Cadre de Mesure de la Performance en matière de Gestion des Finances Publiques - PEFA- du Mali ; Rapport relatif à la notation des
indicateurs de performance de haut niveau, Octobre 2016, Page 97

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

gagner visiblement deux (2) mois supplémentaires dans l’année.


B- L’évolution du contrôle ou une nécessité de réforme :
Les innovations apportées par les directives de l’UEMOA aux marchés publics se sont
toujours manifestées en faveur d’une évolution parallèle du système de contrôle ou vice versa.
Les deux décrets étudiés (le décret N° 08-485/P-RM du 11 août 2008 et le décret N° 2015-
0604/P-RM du 25 septembre 2015), ainsi que les textes propres au contrôle financier nous en
procureront quelques preuves irréfutables.
I- L’évolution structurelle du contrôle :
1. La réforme aboutissant à la création de la DGMP-DSP et de l’ARMDS :
Avec l’application du Décret n°95-401-P-RM du 10 novembre 1995, portant code des
marchés publics, modifié par le Décret n° 99-292/P-RM du 21 septembre 1999, il n’y avait
aucune structure spécialisée pour le contrôle de la procédure de passation des marchés.
Cependant, grâce aux directives de l’UEMOA, une évolution significative a été propulsée par
la réforme structurelle du système de passation de marchés à travers la création de la DGMP-
DSP et de l’ARMDS pour respectivement le contrôle et la régulation. En fait, il était
absolument nécessaire, voire indispensable de procéder à la mise en place de ces deux
structures et leur séparation des structures de passation, avant la mise en vigueur du décret N°
08-485/P-RM du 11 août 2008 portant code des marchés publics au Mali. En conséquence,
nous pouvons affirmer que la première véritable réforme des marchés publics au Mali issues
des directives de l’UEMOA a nécessité une réforme parallèle du système de contrôle de la
procédure pour une meilleure adaptation réciproque.
2. La réforme aboutissant à la création des cellules de passation :
Avec l’application du Décret n°08-485/P-RM du 11 août 2008 portant code des marchés
publics au Mali, il n’y avait pas encore des cellules de passation. Cependant, grâce à la mise
en œuvre de la seconde grande réforme des marchés publics issue des directives de l’UEMOA
(notamment la directive N°04/2005/CM/UEMOA), des cellules ont été mises en place. Elles
jouent le même rôle que la DGMP-DSP, lorsque l’enveloppe prévisionnelle d’un marché ne
dépasse pas le seuil pour lequel elles sont compétentes. Une fois de plus, nous voyons qu’une
réforme des marchés publics au Mali a eu un impact direct sur la réforme du système de
contrôle de la passation. Ce qui confirme l’hypothèse d’une adaptation réciproque des deux
systèmes, car interdépendants du point de vue procédural.
3. Les directives de l’UEMOA et la réforme structurelle de la DNCF :
L’ordonnance n°2016-013/P-RM du 29 mars 2016, ratifiée par la loi n°2016-020/AN-RM du
09 juin 2016, portant création de la DNCF s’inspire grandement des directives de l’UEMOA,
notamment la directive n°07/2009/CM/UEMOA du 26 juin 2009 portant Règlement Général
sur la Comptabilité Publique (RGCP) au sein de l’UEMOA qui a apporté des modifications
substantielles à l’exercice de la fonction de contrôleur financier. D’une simple Division au
sein de la Direction du budget, le contrôle financier a été érigé en DNCF et aujourd’hui, en
plus de sa représentation au niveau régional, subrégional, il est aussi représenté au sein :
 des départements ministériels, des institutions, des organismes personnalisés et
assimilés par des délégations du contrôle financier ;
 des Entrepôts maliens dans les ports de transit et autres services similaires par de

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

délégations Extérieures du contrôle financier.


C’est dire que l’organisation structurelle du contrôle financier n’a cessé d’évoluer en même
temps que l’évolution des structures en charge et de la passation (DAF en DFM et DRH) et du
contrôle de la passation (DGMP ; DRMP et Cellules de passation), grâce à la réforme des
finances publiques issue des directives l’UEMOA.
II- Les innovations apportées au contrôle de la passation par les reformes issues
des Directives de l’UEMOA:
1. L’élimination de la double revue :
Avant cette dernière réforme, tous les projets sur financement extérieur subissent tout d’abord
une revue a priori de la procédure de passation à toutes les étapes nécessitant le contrôle de la
DGMP-DSP. À chaque étape de la procédure, une seconde revue a priori, exercée cette fois-ci
par le bailleur, vient se greffer à celle de la DGMP-DSP et entrainant ainsi d’énormes retards
et lourdeurs procédurales. En effet, au cours de cette double revue, il n’était pas rare que la
DGMP-DSP donne son ANO et que le bailleur rejette le dossier. Cette situation causait
d’énormes torts aux DFM et unités de coordination des projets de développement qui n’ont
cessé de plaider en faveur de la suppression de cette double revue. Aujourd’hui, grâce à la
transposition de la Directive N°04/2005/CM/UEMOA, la double revue n’est plus d’actualité.
Soit la DGMP-DSP se charge de cette responsabilité, soit le bailleur la prend à son compte,
conformément à la sélection des marchés préalablement faite au moment de la conclusion de
l’accord de financement.
2. L’évolution de la procédure du contrôle de la passation pour certains seuils :
Du point de vue structurel, la DGMP-DSP a subi une évolution par la création des cellules qui
sont ses ramifications et ses relais au sein des départements. Cette évolution structurelle a
concomitamment entrainé une révolution procédurale en ce qui concerne les seuils des
DRPCO et DRPCR. En effet, la proximité des cellules aux structures de passation a permis le
développement d’une collaboration professionnelle efficace au plus haut niveau. La réforme a
permis aux DFM, DAF et Unités de coordination des projets de développement de gagner
beaucoup plus de temps et d’être ainsi beaucoup plus performantes.
3. Les nouvelles missions du contrôle financier :
« Sous le régime financier … qui était régi par la directive n°06/97/CM/UEMOA du 16
décembre 1997 portant règlement général sur la comptabilité publique, l’exercice de la
fonction de contrôleur financier n’était pas décrit mais renvoyait en son article 97 la
description de la fonction du Contrôle Financier à la directive concernant les lois de
finances. De par la nature de la directive relative aux lois de finances, elle n’établissait que
les principes généraux du contrôle financier, sans fournir d’orientations précises sur
l’exercice de cette importante fonction74 ».
Cette imprécision a engendré différentes interprétations et pratiques peu recommandables
d’un pays membre à l’autre. La suspension du sort du dossier à l’humeur et compréhension du
contrôleur entraine des circuits de plus en plus longs et complexes, augmentant ainsi le délai
74
Mémoire pour l’obtention du Diplôme d’Études Supérieures Bancaires et Financières (DESBF) ; 39ème PROMOTION ; THEME : La
contribution à l’efficacité du rôle du contrôle financier du Mali dans le cadre des reformes des finances publiques au sein de l’UEMOA  ;
présenté par M. Mahamadou DIALLO, 2017 ; Page 15.

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

moyen de passation des marchés. Conscient de la nécessité de remédier sans tarder à cette
situation conflictuelle entre contrôleur et ordonnateur, la directive n°07/2009/CM/UEMOA du
26 juin 2009, qui remplace la n°06/97, y apporte un remède efficace. « Désormais, le
contrôleur financier est reconnu comme l’un des trois acteurs majeurs du circuit de la
dépense, et a le même niveau d’importance que les deux autres acteurs que sont
l’ordonnateur et le comptable public75 ».
4. L’état de mise en œuvre des nouvelles missions de la DNCF issues des directives
de l’UEMOA :
La concrétisation de cette prise de galon du contrôleur financier par l’augmentation de ses
pouvoirs se traduit par trois nouvelles missions. Il s’agit de :
 contrôle à priori sélectif ;
 contrôle de l’effectivité de la prestation ;
 contrôle à posteriori (ne faisant pas objet d’étude).
a. Le contrôle a priori sélectif :
Introduit dans la législation nationale par le décret N°2014-0349/P-RM du 22 mai 2014
portant règlementation générale sur la comptabilité publique, le contrôle sélectif a été
concrétisé par l’Arrêté N°2016-3224/MEF-SG du 06 septembre 2016, fixant les modalités
d’application du contrôle à priori sélectif des dépenses. La sélectivité se fait sur la base des
catégories définies de dépenses occasionnant moins de risques, telles que celles relatives aux
salaires, à l’électricité, à l’eau, au téléphone… Cependant, la consommation internet,
informatique médicale, télésanté, et autres dépenses similaires sont soumises au visa du
contrôle financier, malgré qu’elles soient imputées au même code économique que les
dépenses d’électricité, d’eau ou de téléphone.
b. Le contrôle de l’effectivité de la prestation :
Le contrôle d’effectivité consiste en la présence physique d’un agent de la DNCF, en tant
qu’observateur, au moment de réception des biens, travaux et services acquis par les Autorités
contractantes et dont le montant atteint les dix millions (10 000 000) de F CFA. Étant donné
que les acquisitions par marchés publics constituent une portion importante des acquisitions
publiques, alors le contrôle de l’effectivité de la prestation y a un impact considérable. Aussi,
les vérifications suivantes pourraient s’exercer : la quantité et/ou le poids ; la qualité
(caractéristiques techniques par exemple), le lieu de réception et toutes les autres modalités
convenues. Signalons qu’une commission de réception est constituée à cet effet et que le
contrôleur financier n’est pas signataire du PV de réception à cause de son statut
d’observateur. Aussi, les prestations intellectuelles et un certain nombre de services font
exception dans le cadre du contrôle de l’effectivité de la prestation.
Le tableau ci-après fait état des contrôles au cours des années 2014 ; 2015 et 2016
Tableau 9 : Contrôle de l'effectivité des prestations au cours de 2014 ; 2015 et 2016.

75
Mémoire pour l’obtention du Diplôme d’Études Supérieures Bancaires et Financières (DESBF) ; 39ème PROMOTION ; THEME : La
contribution à l’efficacité du rôle du contrôle financier du Mali dans le cadre des reformes des finances publiques au sein de l’UEMOA ;
présenté par M. Mahamadou DIALLO ; Page 15.

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

Montant du Total budget Taux du


Pourcentage
Nombre contrôle de Total budget hors dépenses contrôle de
par rapport au
Année de l'effectivité exécuté non soumises l'effectivité
budget exécuté
contrôle de la (liquidation) au contrôle de la
(liquidation)
prestation effectif prestation
2014 1891 152 904 764 933 1 119 902 856 741 323 208 072 990 13,65 47,31
2015 1909 141 280 905 382 1 355 933 494 614 580 981 726 990 10,42 24,32
2016 2428 278 976 312 745 1 402 025 961 034 631 250 882 240 19,90 44,19
Source  : DNCF (Données de la division situations périodiques et analyses)
76

Graphique10

Situation du controle de l'effectivité de la prestation entre


2014 et 2016 au Mali
1,600,000,000,000
1,402,025,961,034
1,355,933,494,614
1,400,000,000,000

1,200,000,000,000 1,119,902,856,741

1,000,000,000,000

800,000,000,000
631,250,882,240
580,981,726,990
600,000,000,000

400,000,000,000 323,208,072,990
278,976,312,745

200,000,000,000 152,904,764,933 141,280,905,382

0
2014 2015 2016
Montant du contrôle de l'effectivité de la prestation
Total budget exécuté (liquidation)
Total budget hors dépenses non soumises au contrôle effectif

  En 2014, le contrôle de l'effectivité de la prestation a atteint un nombre de 1891


dossiers pour près de cent cinquante-deux milliards de francs CFA. Cela représente un
faible pourcentage (13%) au regard du budget exécuté (1 119 902 856 741 F CFA), à
cause du fait qu’un bon nombre de dépenses publiques échappe non seulement aux
marchés publics, s’exécute en plus en dessous du seuil de dix millions, mais aussi
toutes les dépenses liquidées ne sont pas soumis à ce contrôle. Par contre, ce
pourcentage est revu à la hausse dès que nous nous intéressons au total du budget
76
Direction Nationale du Contrôle Financier (DNCF), données de la Division Situations Périodiques et Analyses de 2014 à 2016

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

soumis au contrôle de l’effectivité, soit plus de 47% ;


 En 2015, nous nous retrouvons avec 1909 dossiers contrôlés, soit seulement 19 de plus
qu’en 2014, mais avec un montant à la baisse (141 280 905 382 F CFA). Le taux chute
à son tour à 10,42% par rapport au montant total liquidé, soit une baisse de plus de 3%
par rapport à 2014, car une frange encore plus importante du budget a échappé à ce
contrôle. Moins de 25% du montant total soumis à ce contrôle ont été effectivement
contrôlés. Cela pourrait être dû à une mauvaise programmation, des PPM improvisés
et aux multiples fractionnements au sein des départements sectoriels;
 En 2016, le nombre de dossiers contrôlés est revu nettement à la hausse par rapport à
2014 et 2015 avec 2428 dossiers, soit près de 500 de plus que 2015. Le taux
s’améliore en se retrouvant à 19% au total du budget liquidé (1 404 025 961 034).
Quant au pourcentage par rapport au total du budget hors dépenses non soumises à ce
contrôle, il se chiffre à 44%, ce qui est mieux qu’en 2015, mais moins qu’en 2014.
De façon globale, le contrôle de l’effectivité institué par la réforme des finances publiques
permet de s’assurer que la dépense est réellement exécutée, donc introduit une dose
supplémentaire de rigueur dans l’exécution du budget. Son utilité n’est plus à démontrer, car
en l’absence de contrôle d’opportunité de la dépense, il est tout à fait normal que le contrôleur
s’assure de l’exécution physique de la dépense. Cependant, ce faible taux ne guère
encourageant, en plus « aucun texte ne formalise le rapport du contrôleur financier. Il ne
constitue pas encore une pièce justificative de la dépense publique77 ».
Section 2 : Pistes de solutions pour une perspective nouvelle :
Elles s’articulent essentiellement autour des dispositions qui seront probablement entreprises
au cours des reformes à venir, ainsi que des mesures témoignant de la détermination des
autorités compétentes à faire de l’Administration en charge de la passation l’une des plus
modernes de l’espace UEMOA (A). Ces dispositions peuvent malgré tout paraitre
insuffisantes, cependant la prise en compte des quelques modestes recommandations
formulées (B) pourrait permettre de combler les lacunes n’ayant pas encore fait l’objet de
prise en charge, afin d’atteindre ainsi les objectifs tant recherchés.

A- Les perspectives :
I- Les perspectives en rapport avec passation au Mali :
1. Le diagnostic du système des marchés publics lancé par l’ARMDS:
L’ARMDS a entrepris une étude en profondeur de tout le système de passation des marchés
publics au Mali, la première du genre dans le pays initié par le pays. Cette étude pourrait
étaler les failles et obsolescences persistants du système, ce qui favoriserait la mise en œuvre
de recommandations utiles permettant de mettre davantage le Mali au diapasonne des normes
communautaires et internationales. Cette étude dont les résultats sont attendus utilise comme
méthodologie celle de la MAPS.
2. La dématérialisation :
77
Mémoire pour l’obtention du Diplôme d’Études Supérieures Bancaires et Financières (DESBF) ; 39ème PROMOTION ; THEME : La
contribution à l’efficacité du rôle du contrôle financier du Mali dans le cadre des reformes des finances publiques au sein de l’UEMOA ;
présenté par M. Mahamadou DIALLO ; Page 24.

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

Le développement des logiciels existant déjà au sein des administrations publiques par rapport
au budget, à la passation et au contrôle des marchés publics est une priorité du gouvernement
pour plus de traçabilité, de transparence et de performance. Ce processus qui est encours est
conduit par la CAISEFF et nécessite l’intégration d’outils nouveaux pour une évolution
maitrisée. Il a aussi pour objectif d’interconnecter tous les services d’assiette, de faciliter les
recoupements d’informations et d’utiliser le moins de papier possible.
3. La favorisation du développement durable à travers le code des marchés publics :
Dans le code des marchés publics, en son article 34 « détermination des besoins », à ce jour
aucune référence au développement durable n’est faite. Cependant, puisque  la nature et
l’étendue des besoins à satisfaire au sein des administrations publiques sont déterminées avant
le lancement de la sollicitation, les Autorités contractantes sont encouragées pour la prise en
compte des objectifs de développement durable aussi bien dans leurs dimensions économique,
sociale qu’environnementale. En termes de perspectives, les nombreuses réunions qui ont eu
lieu entre le ministère de l’environnement et le ministère des finances devraient permettre
dans le code des marchés publics, l’insertion de clauses incitatives, à défaut d’être
impératives. L’intégration de ses clauses dès le stade de la définition des besoins, donnera
nécessairement lieu à une clause contractuelle réglementant l’exécution de la prestation. Par
exemple : une clause à caractère sociale ayant pour objet le recrutement des jeunes au niveau
local dans l’exécution des travaux au moment de la détermination des besoins aura forcément
un caractère contractuel obligatoire au moment de l’exécution desdits travaux.
4. La pérennisation du poste de directeur des finances et du matériel :
Par le passé, chaque ministre nommait lui-même son directeur des finances et du matériel, ce
qui créait une instabilité au sein des DFM à chaque fois que le ministre est remplacé à la tête
du département. En termes claire, la plus part des nouveaux ministres remercie le directeur
des finances et du matériel trouvé sur place, alors même que le poste est purement technique.
Aujourd’hui, en plus du fait que la prérogative de nomination des DFM soit revenue au
Ministre des finances, il s’agit de pérenniser le poste pour une durée d’au moins cinq (5) ans,
sauf en cas de flagrant délit de faute lourde ou d’incompétence avérée.
5. L’opérationnalisation de la Centrale d’achat :
Bien que prévu par l’article 6 du décret n°2015-0604/P-RM du 25 septembre 2015 portant
code des marches publics et des délégations de service public, la mise en place d’un
organisme de centralisation des achats, qui acquiert des fournitures et /ou des services
destinés à des autorités contractantes, n’a pu être effective à cause des multiples réticences au
sein des départements ministériels. Cependant, grâce à la volonté affichée du ministre des
finances, un projet de texte sera bientôt initié pour pallier cette insuffisance et permettre ainsi
à l’État de faire des économies d’échelle.

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

II- Les perspectives en rapport avec le contrôle des marchés publics au Mali :
1. La lutte contre la corruption :
Dans le cadre de la lutte contre la corruption, la mise à niveau des conditions d’emploi décent,
un projet de décret accordant certains primes et avantages aux agents de la Direction Générale
du Budget (DGB), de la DNCF et de la DNPD est dans le circuit pour Approbation par le
Conseil des Ministres. Ces mesures pourraient s’étendre aux autres structures, notamment
celles intervenant dans le domaine de la passation. Il a été démontré qu’il y a une forte
corrélation entre le niveau de rémunération des agents et la corruption. En effet, en améliorant
les conditions de travail par la mise à l’abri des agents de certains besoins fondamentaux, le
niveau de corruption à tendance à baisser.
2. L’efficacité du contrôle :
L’application effective de la récente réforme des finances publiques augmenterait les pouvoirs
du contrôleur financier qui pourrait effectuer un contrôle a priori, mais également un contrôle
a posteriori basé sur la performance, ce qui rendrait le contrôle financier des marchés encore
plus performant.
3. La déconcentration en profondeur de la DGMP-DSP :
Il s’agit de la poursuite des efforts déjà consentis dans le domaine du rapprochement des
services publics des usagers d’une part et le rapprochement des services de la DGMP-DSP
des plus grands collaborateurs publics d’autre part. Puisque les cellules de passation et les
DRMP ne suffisent pas pour permettre à la DGMP-DSP d’assurer la plénitude de la mission à
elle confiée, il est envisagé la création des représentations locales au niveau des cercles dès
que la situation sécuritaire du pays le permettrait. Ceci augmenterait considérablement les
performances de la structure et déchargerait la DNCF qui en assume les responsabilités.
4. Le renforcement du contrôle citoyen dans le cadre des marchés publics :
La formation des acteurs de la société civile, en passant par le CNSC, est au centre des
préoccupations des autorités publiques. Au-delà des efforts du projet PAT, les perspectives
sont très encourageantes quant au renforcement des capacités dans le cadre du contrôle
citoyen et précisément les marchés publics. Il s’agit de trouver les voies et moyens
d’augmenter le nombre de formations par an et parallèlement accroitre l’indépendance des
organisations de la société civile par des financements extérieurs.
B- Recommandations :
I- À l’endroit de la passation et des autorités en charge de la passation:
1. L’application des recommandations issues des missions de contrôle :
L’application des recommandations se rapportant à la passation, lors des missions de contrôle 
permet aux autorités contractantes d’être à cheval sur les normes et règlements en vigueur et
de leur offrir un environnement propice à une évolution positive et assurer ainsi la fiabilité du
système.
2. La nomination des DFM et DAF sur la base de leurs qualifications et expériences :
L’abandon des nominations politiques à des postes aussi stratégiques que techniques comme
les DFM et DAF, pour ne citer qu’elles, leur permettraient de retrouver de la stabilité, de

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

l’efficacité et d’être ainsi au rendez-vous de la performance. Il serait dès lors très utile de ne
procéder qu’à la nomination de fonctionnaires ayant une expérience avérée dans le domaine
ou à défaut, d’ouvrir les postes à la concurrence entre tous les fonctionnaires figurant dans le
cadre organique des structures concernées.
3. Le suivi des actions de réforme :
Le suivi des actions de réforme permet aux Autorités contractantes de mettre le système à
jour, de renforcer l’objectivité des mesures et la transparence de la passation.
4. L’application des sanctions :
Il est essentiel de tenir compte des résultats des contrôles et des audits effectués pour prendre
des mesures disciplinaires et pénales à l’encontre des agents se rendant coupables d’infraction
et violation de la règlementation en vigueur dans le domaine de la passation des marchés.
5. D’autres recommandations utiles :
Outre les recommandations ci-dessus énumérées, il est important de :
 légiférer sur les marchés publics quand viendra le moment de l’adoption du nouveau
Code, pour lui donner un niveau d’importance supérieur et éviter ainsi les
tripatouillages inopportuns (une loi est moins exposée aux tripatouillages qu’un
décret) ;
 procéder à un renforcement des capacités des agents en charge de la passation de
façon périodique et régulière pour éviter l’obsolescence ;
 professionnaliser la fonction de passation en créant, comme c’était prévu, un corps
d’inspecteurs des finances et du matériel au sein de la fonction publique, afin de lui
donner toute sa place dans une administration publique en perpétuel mouvement ;
 élaborer un manuel de procédure et des guides pour rendre plus accessible la passation
des marchés publics aux usagers de services publics particulièrement les
soumissionnaires ou opérateurs économiques ;
 évaluer périodiquement, mais régulièrement à l’aide d’indicateurs objectivement
mesurables, les travaux de passation dans les départements afin d’y apporter, le cas
échéant, des améliorations convenables ;
 procéder au renforcement des capacités des entreprises locales de façon périodique et
régulière, pour mieux les inciter à postuler dans les marchés publics ;
 organiser plus d’ateliers de formation à l’endroit des acteurs de la passation sur,
l’éthique et la déontologie, afin qu’ils soient mieux conscientisés et contribuer à rendre
l’effort collectif plus efficient ;
 renforcer davantage les dispositions d’indépendance en matière de passation et
pousser les membres des commissions de dépouillement et de jugement des offres à
déclarer l’existence ou non de conflit d’intérêt ;
 améliorer à travers l’ARMDS le modèle de décision de nomination des membres des
commissions utilisées par les Autorités contractantes ;
 veiller au respect des délais de signature par le titulaire, l’Autorité contractante et le
contrôleur ;

20
ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

 administrer la base des données et le site Internet de la DGMP-DSP et de l’ARMDS et


diffuser toutes les informations et les statistiques garantissant la transparence des
marchés publics, de façon régulière;
 Exiger à chaque ministère le développement d’un système d’information fiable sur les
passations de marchés publics qu’ils entreprennent…
II- À l’endroit du contrôle et des Autorités en charge du contrôle :
1. Pallier la faiblesse du contrôle des TDR en ce qui concerne le budget national :
Il est essentiel d’obliger tous les services bénéficiaires à soumettre leurs TDR pour les
activités futures à une revue préalable de la DGMP-DSP ou de la Cellule de passation en
fonction des montants prévisionnels desdites activités. L’ANO de la DGMP-DSP ou l’un de
ses services déconcentrés constitue une solide garantie contre tout rejet éventuel lié aux
défaillances habituelles des TDR et entrainant la reprise intégrale du dossier de sollicitation.
2. Pallier le manque de manuel de procédures de contrôle de passation à la DGMP:
Compte tenu de la grandeur des enjeux, il est tout simplement inadmissible que la DGMP-
DSP n’ait pas à ce jour un manuel de procédure de contrôle. En effet, tout comme la DNCF,
la DGMP-DSP doit procéder au recrutement d’un consultant pour la mise en place rapide
d’un manuel des procédures de contrôle de la passation, afin d’harmoniser la procédure de
contrôle au sein de tous ses services, éviter la cacophonie et permettre à tous les acteurs de la
passation d’avoir une vision commune de ce qu’on attend d’un dossier ( DAO ; DP ; Rapport ;
PV etc.) à une étape définie de la procédure.
3. Le renforcement de la dématérialisation du contrôle :
La dématérialisation permet au contrôleur financier et celui de la procédure de passation
d’analyser en ligne et d’apposer le visa électronique ainsi que l’ANO en ce qui concerne les
marchés publics. Aussi, l’interconnexion du logiciel de gestion des marchés publics
(SIGMAP) et du système intégré de gestion des dépenses (PRED 5) pourrait permettre au
contrôleur d’accéder à l’ensemble des dossiers de la passation, à l’ANO de la DGMP-DSP et
à la Fiche d’engagement. Cela permettrait de rendre possible les recoupements et d’assurer
une plus grande célérité au système.
4. La poursuite de la déconcentration de la DGMP-DSP :
Au niveau des cercles, c’est la DNCF qui assure le rôle de la DGMP-DSP. À ce titre, il est
très important que la DGMP-DSP poursuive son extension dans le cadre de la
déconcentration, en rendant opérationnelles toutes les représentations locales.
5. D’autres recommandations utiles :
En plus de celles formulées ci-dessus les recommandations suivantes pourraient être
entreprises pour une amélioration continue du système:
 procéder à un renforcement des capacités des agents en charge de la passation de
façon périodique et régulière pour éviter l’obsolescence ;
 ouvrir un numéro vert de dénonciation et de lutte contre la corruption dans le domaine
des marchés et de son contrôle
 évaluer périodiquement à l’aide d’indicateurs objectivement mesurables, les travaux

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

de contrôle de la passation dans les départements afin d’y apporter, le cas échéant, des
améliorations adaptables ;
 conditionner l’ANO de la DGMP-DSP sur un dossier de passation à son inscription
dans un plan indicatif publié ;
 procéder à un renforcement des capacités des agents en charge du contrôle de la
passation, de façon régulière pour lutter contre l’obsolescence ;
 donner quitus à la DGMP-DSP d’exiger la preuve de la publication des résultats
d’attribution du marché, avant la numérotation du contrat ;
 Inciter la société civile à mener régulièrement des campagnes de lutte contre la
corruption dans le domaine de la passation des marchés publics et du contrôle ;
 revoir à la hausse les seuils de contrôle des contrats au sein des ministères de 500 000
F CFA actuellement à 5 000 000 correspondant au seuil de la DRPCR, afin de
d’accroitre la célérité du traitement des dossiers…

Cette liste de recommandations non exhaustive résume les actions correctives qui nous
semblent pertinentes et dont la mise en œuvre doit sans tarder être entreprise aussi bien par les
organes de contrôles que par les Autorités contractantes pour une garantie assurée de la
performance des systèmes.

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

CONCLUSION
Au moins une chose est sure : une très grande portion des dépenses publiques est exécutée à
travers les marchés publics qui ne cessent d’ailleurs d’intéresser plus d’un et de prendre de
plus en plus de l’importance dans tous les pays membres de l’UEMOA. Le Mali qui ne fait
point exception se trouve confronter aux enjeux fondamentaux de l’efficacité et de la
performance du système de passation par le développement d’un système de contrôle mieux
adapté tout autant efficace et performant.
Cette étude lève définitivement le voile quant à l’appartenance des deux systèmes à un
ensemble plus grand qu’est les finances publiques, au point d’avoir l’impression quelques
fois, sous un autre angle d’analyse, qu’il ne s’agit en fait que d’un seul et unique système.
Aussi, il devient plus explicite, sous un autre angle d’analyse, que l’évolution du système de
passation ne s’est pas opérée seule, mais plutôt en parallèle avec celle du contrôle spécifique
des marchés publics, d’une part et du contrôle général financier a priori d’autre part. Les
différents rapports (Évaluation de la gestion des finances publiques au Mali selon la
méthodologie PEFA, Rapport sur la performance de la gestion des finances publiques, version
définitive du 28 juin 2011 et le Cadre de Mesure de la Performance en matière de Gestion des
Finances Publiques - PEFA- du Mali ; Rapport relatif à la notation des indicateurs de
performance de haut niveau, Octobre 2016), les lois et règlements sur les finances publics, le
contrôle des finances publics et les marchés publics nous ont permis au moins de comprendre
que chaque évolution du système de la passation des marchés publics a nécessité une
évolution parallèle du système de contrôle et vice versa. Il ressort que cette évolution
parallèle pourrait être un indicateur de cohérence, d’efficacité et de performance de la gestion
des finances publique dans le pays.
Légiférer sur les marchés publics au Mali, s’impose aujourd’hui comme étant une nécessité
fondamentale pour le renforcement de la solidité du système de passation, car de cette
manière, toute réforme dans ce domaine sera légitimée par les représentants du peuple malien
(l’AN). La transparence qui est en progrès dans le pays mérite une attention particulière de la
part des autorités compétentes, afin de rehausser le niveau de confiance des citoyens en
l’Administration et mieux tendre vers les objectifs de bonne gouvernance des marchés
publics.
Par ailleurs, le système de contrôle (y compris le contrôle citoyen) peut être une des
locomotives les plus intéressantes d’un système de passation en perpétuelle évolution, si
toute fois l’appui conseil des organes de contrôle est exercé en harmonie avec la législation en
vigueur d’une part et les formations organisées chaque année au bénéfice de tous les acteurs
contribuent positivement à inculquer une vision commune des textes et procédures d’autre
part.
Aussi, étant donné les frappantes ressemblances des systèmes des pays membres de
l’UEMOA, une frange importante des défaillances notées tout au long de ce modeste travail
ne pourraient-elles pas trouver leur épilogue d’expériences importées d’un horizon lointain?
Il nous parait à cet effet, très important de sillonner le monde à la recherche de meilleures
pratiques adaptables à chaque insuffisance, qu’elle soit du contrôle ou de la passation, au

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

bénéfice d’un système de passation répondant à toutes les exigences d’un système de contrôle
axé sur les résultats.
Pour en finir, et comme pour donner raison à ceux-là qui défendent la thèse du système
unique en lieu et place de deux systèmes distincts, ne pouvons-nous pas affirmer que la
passation et le contrôle sont intimement liés et dépendants au point de faire penser aux
rapports de dépendance qu’entretiennent les organes du corps humain ? Quoi qu’il en soit, le
contrôle, utilisé de façon adapté, peut être un outil efficace pour une passation saine et
performante des marchés publics. En fin, à ce jour, l’indispensable mise à jour des deux
systèmes de façon évolutive et presque concomitante est plus qu’une réalité dans le sens d’un
soutien réciproque et combien important, afin de garantir la pérennité d’une gestion saine et
performante des finances publiques.

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

BIBLIOGRAPHIE

A- Ouvrages généraux :
 Comprendre simplement les marchés publics, Pierre De Baecke, Edition du Moniteur, Paris 2013 ;
 Le contrôle des dépenses engagées : Sébastien Kott, Collection : Histoire économique et financière
- XIXe-XXe ; Vincennes (2004) ;
 Économie des partenariats public-privé, Stéphane SAUSSIER, 2015 ;
 OUATTARA, T-A, (2002). « l’économie des finances publiques et le système budgétaire malien»,
Bamako, 2ème édition « Jamana ».

B- Mémoires :
 Mémoire de Master « Réforme des marchés publics et performance du système: cas des nouveaux
acteurs de la passation des marchés publics » par Paul René JOUONANG, Institut Supérieur du
Sahel-Université de Maroua - Ingénieur de Conception, Facilitateur de Développement 2014 ;
 Mémoire pour l’obtention du Diplôme d’Études Supérieures Bancaires et Financières (DESBF) ;
39ème PROMOTION ; THEME : La contribution à l’efficacité du rôle du contrôle financier du
Mali dans le cadre des reformes des finances publiques au sein de l’UEMOA ; présenté par M.
Mahamadou DIALLO, 2017.

C- Documents officiels :
 Manuel de procédures de contrôle du Contrôleur Financier (version 2016) 
 Manuel de procédures de passation des marchés des collectivités territoriales du Mali ;
 Guide de l’acheteur public des collectivités territoriale du Mali;
 Rapport type d’évaluation des offres « 2017 » relatives aux marchés de prestations intellectuelles
en République du Mali ;
 Rapport type d’évaluation des offres « 2017 » relatives aux marchés de fournitures et services
courants en République du Mali ;
 Rapport type d’évaluation des offres « 2017 » relatives aux marchés de travaux en République du
Mali ;
 DP type en vigueur en République du Mali ;
 DAO type pour les marchés de fournitures et services courants en vigueur en République du Mali ;
 DAO type pour les marchés de travaux en vigueur en République du Mali ;
 Stratégie Nationale du Contrôle Interne (SNCI) adoptée en juillet 2011 ;
 Cadre de Mesure de la Performance en matière de Gestion des Finances Publiques - PEFA- du
Mali ; Rapport relatif à la notation des indicateurs de performance de haut niveau, Octobre 2016 ;
 Évaluation de la gestion des finances publiques au Mali selon la méthodologie PEFA, Rapport sur
la performance de la gestion des finances publiques, version définitive du 28 juin 2011 ;
 Revue indépendante de la conformité de la passation des marchés des autorités contractantes
(gestion 2015) Rapport ;
 Rapport d’analyse des recours et décisions rendus par le CRD en 2014-2016. 

D- Directives :
 Directive N°04/2005/CM/UEMOA portant procédures de passation, d’exécution et de règlement
des marchés publics et des délégations de service public dans l’union économique et monétaire
ouest africaine ;

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

 Directive N°05/2005/CM/UEMOA portant contrôle et régulation des marchés publics et des


délégations de service public dans l’union économique et monétaire ouest africaine ;
 Directive N°01/2009/CM/UEMOA, du 27 mars 2009 portant Code de transparence dans la gestion
des finances publiques au sein de l’UEMOA ;
 Directive N°06/2009/CM/UEMOA, du 26 juin 2009 portant Lois de finances ;
 Directive n°07/2009/CM/UEMOA du 26 juin 2009, portant règlement général sur la comptabilité
publique au sein de l’UEMOA ;
 Directive 2014/24/UE du parlement européen et du conseil du 26 février 2014 sur la passation des
marchés publics.

E- Constitution et lois :
 Constitution de la République du Mali du 25 février 1992 ;
 Loi N° 88-47/P-RM du 10 novembre 1989, portant création des Directions administratives et
financières en République du Mali ;
 Loi N°08-022 du 23 juillet 2008, portant création de la DGMP-DSP ;
 Loi N°08-023 du 23 juillet 2008, portant création de l’ARMDS ;
 Loi N°2011-029 du 24 juin 2011, portant modification de la loi N°08-022 du 23 juillet 2008,
portant création de la DGMP-DSP ;
 Loi N° 2011-030 du 24 juin 2011 portant modification de la loi N°08-023 du 23 juillet 2008
portant création de l’ARMDS ;
 Loi n°2013-028/ du 11 juillet 2013, modifiée, relative aux lois de finances ;
 Loi n°2013-031/ du 23 juillet 2013 portant approbation du Code de Transparence dans la gestion
des Finances Publiques.

F- Ordonnances :
 Ordonnance N°09-010/PM-RM du 04 mars 2009 portant création des directions des finances et du
matériel en République du Mali ;
 Ordonnance n°2016-013/P-RM du 29 mars 2016, ratifiée par la loi n°2016-020/AN-RM du 09 juin
2016, portant création de la Direction Nationale du Contrôle Financier.

G- Décrets :
 Décret n°10-681/P-RM du 30 décembre 2010 portant Règlementation de la Comptabilité-
matières ;
 Décret n°2014-0349/P-RM du 22 mai 2014 portant Règlement Général sur la Comptabilité
Publique ;
 Décret N° 2014-0764/P-RM du 09 octobre 2014 fixant le régime des marchés de travaux,
fournitures et services exclus du champ d’application du Décret N° 08-485/P-RM du 11 août 2008,
portant procédures de passation, d’exécution et de règlement des marchés publics et des
délégations de service public en République du Mali ;
 Décret n°09-137/P-RM du 27 mars 2009 fixant l'organisation et les modalités de fonctionnement
des directions des directions des finances et du matériel au Mali ;
 Décret N°09-687/P-RM du 29 décembre 2009 fixant le taux de la redevance de régularisation des
marchés publics et de délégations de service public ; des produits de la vente des dossiers d’appel
d’offres versés à l’ARMDS et des frais d’enregistrement des recours non juridictionnels ;
 Décret N°2014-0256/P-RM du 10 avril 2014 déterminant les autorités chargées de la conclusion et
de l’approbation des marchés publics et des délégations de service public ;

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

 Décret n°2016-0214/P-RM du 1er avril 2016 fixant l’organisation et les modalités de


fonctionnement de la Direction Nationale du Contrôle Financier ;
 Décret n°2016-0224/P-RM du 5 avril 2016 fixant le cadre organique de la Direction Nationale du
Contrôle Financier ;
 Décret N°2015-0604/P-RM du 25 septembre 2015, portant code des marchés publics et des
délégations de service public en République du Mali ;
 Décret N° 2016-0920/P-RM du 06 décembre 2016, portant modification du Décret N°2015-
0604/P-RM du 25 septembre 2015, portant code des marchés publics et des délégations de service
public en République du Mali ;
 Décret N° 2016 portant code d’éthique et de déontologie dans les marchés publics et les
délégations de service public.

H- Arrêtés et autres règlements :


 Arrêté interministériel n°10-0203 /MEF/MATCL-SG du 28 janvier 2010 fixant les dispositions
particulières à la passation des marchés publics des collectivités territoriales ;
 Arrêté n°2011-4795/MEF-SG du 25 novembre 2011 fixant les modalités d’application du décret
n°10-681/P-RM du 30 décembre 2010 portant Règlementation de la Comptabilité-matières ;
 Arrêté N°2015-3721/MEF-SG du 22 octobre 2015 fixant les modalités d’application du Décret
N°2015-0604/P-RM du 25 septembre 2015, portant code des marchés publics et des délégations de
service public en République du Mali ;
 Arrêté n°2016-3224/MEF-SG fixant les modalités d’application du contrôle à priori sélectif des
dépenses ;
 Arrêté n°2016-3223/MEF-SG du 06 septembre 2016 fixant les modalités de l’évaluation a
posteriori des résultats et des performances des programmes ;
 Règlement intérieur du jeudi 15 octobre 2015 de l’AN du Mali.

I- Webographie/ Sitographie :
 https://www.cairn.info/revue-francaise-d-administration-publique-2007-4-page-659.htm ;
 https://www.banquemondiale.org/ ;
 www.prestationintellectuelle.com ;
 http://www.toupie.org/Dictionnaire/Controle_legalite.htm;
 www.dgmp.gouv.ml;
 http://maliactu.net/mali-reformes-des-marches-publics-le-mali-se-conforme-aux-normes-de-
luemoa-et-des-standards-internationaux-en-la-matiere;
 www.primature.gouv.ml.
 www.armds.ml
 http://www.conseil-etat.fr

J- Autres :
 Norme ISO 8402 ;
 Présentation des cadres légaux institutionnels nationaux de la régulation des marchés publics
(Professeur Laurence Folliot Lalliot) au CIF-OIT dans le cadre du Master en Gouvernance et
Management des Marchés Publics en Appui au Développement Durable (GOMAP 2018) ;
 Rapport d’évaluation du système de passation du Mali, Présenté par : Abdourazack Arboncana
MAIGA & Moctar AG ABDOULAYE, Mai 2016, dans le cadre de la formation GOMAP 2016
 Lexique des marchés publics.

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

Annexes

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ANALYSE DU SYSTÈME DE CONTRÔLE DES MARCHES PUBLICS EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME DE PASSATION AU MALI

ANNEXE1 :

ARCHITECTURE INSTITUTIONNELLE DE L’ARMDS

PAYS Mali
Autorité de Régulation des Marchés Publics et des Délégations de
RÉGULATEUR Service Public (ARMDS)

INDEPENDANCE Rattacher à la Primature doté d’une autonomie financière composée


de l’administration du secteur privé et la société civile

COMPÉTENCE DU
Oui
CONTROLE
COMPÉTENCE DU
RECOURS Oui
DECONCE
Non
NTRE
Composé de 3 conseillers l’administration 3 du secteur privé et 3 de
COMPOSITION DU
la société civile
REGULATEUR
Exclusion des entreprises ou entrepreneurs, transmission de dossier
SANCTIONS
au pôle économique et à la justice le cas échéance

LISTES Oui, disponible sur le site de l’ARMDS

COORDINATION Oui, UEMOA et autres PTF


INTERNATIONALE

FORMATION Oui, l’ensemble des acteurs impliqués dans la passation/


gratuitement

Source : RAPPORT D’ÉVALUATION DU SYSTEME DE PASSATION DU MALI, Présenté par :


Abdourazack Arboncana MAIGA & Moctar AG ABDOULAYE, Mai 2016, page 3, dans le cadre de la
formation GOMAP 2016.

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ANNEXE 2 :
Schéma du circuit de traitement des dossiers financiers à la DNCF

Planton Directeur Adjoint pour


Directeur ou toute autre Observations et paraphe
Planton pour les dossiers de la
Autorité chargée de Visa DNCF
Ordonnateurs

Division Situations Planton


Périodiques et
Analyse
Planton Planton
Planton
Planton
Agent chargé Chef de Division
de contrôle Contrôle des dépenses
pour examen et
paraphe

Chargé de contrôle
pour Vérification du Planton Agent chargé de
contrôle

Chef de Division
Secrétariat Général Organismes
Agents Chargés de
Personnalisés pour
Enregistrement et Contrôle pour Planton examen et paraphe
Ventilation des Vérification et

Légende : Circuit de Visa Circuit Sortie CA : Compte Administratif


ANNEXE 3

ORGANIGRAMME DE LA DGMP-DSP

Source : http://www.dgmp.gouv.ml/?q=node/58
ANNEXE IV
ORGANIGRAMME DE LA DIRECTION NATIONALE DU CONTROLE FINANCIER

DIRECTEUR NATIONAL

SECRETARIAT PARTICULIER

DIRECTEUR NATIONAL ADJOINT

BUREAU D’AUDIT INTERNE ET CELLULE DE SECRETARIAT BUREAU D’APPUI A LA GESTION DU


BUREAU D’ACCUEIL ET
D’APPUI-CONSEIL L’INFORMATIQUE ET DE LA
D’ORIENTATION PERSONNEL ET DU MATERIEL
DOCUMENTATION

DIVISION CONTROLE ET DIRECTIONS DELEGATIONS DELEGATIONS


DIVISION EVALUATION DELEGATIONS
DIVISION CONTROLE ET DIVISION SITUATIONS EXTERIEURES
SUIVI DES ORGANISMES DES RESULTATS ET DES REGIONALES MINISTERIELLES ETS. PULICS
SUIVI DES DEPENSES DU PERIODIQUES ET ANALYSES PERFORMANCES DES
PERSONNALISES ET ET INSTITUTIONS
BUDGET ETAT PROGRAMMES
ASSIMILES

SDMI SCCBACF SSPAD SERPPAQGCI


SSPAR
SCSRD SCSRD AA S SCOEACAR DDP DELEGATIONS
OPAS DDFI DDBC LOCALES
OPASSS
E

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