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ECONOMIE GENERALE

CHAPITRE 1 : OBJET ET MÉTHODOLOGIE DE LA SCIENCE ÉCONOMIQUE

Section 1 : Définition et raisonnement économique

1. Définition de l'économie :

Étymologiquement, le terme économie vient de deux mots grecs dont le premier "oikois"
signifie maison et le second "nomos" signifie ordre, règle ou loi. L'économie est la science qui
étudie, analyse et schématise comment les êtres humains satisfont leurs besoins illimités face
à des ressources rares dont ils disposent.

[Définition de Raymond Barre (Économie politique, Paris : PUF, 1959]

L'économie est une science humaine car elle étudie les relations :

➢ Entre les êtres humains


➢ Entre les êtres et des choses

L'économie se distingue des autres sciences humaines par :

➢ L'étude de la satisfaction des besoins - La satisfaction des besoins implique


l'aménagement de la rareté.
2. Le raisonnement économique :

D'après les définitions ci-dessus, les agents économiques sont donc amenés à faire des choix.
Par exemple :

➢ Pour un consommateur : choisir entre la consommation de biens X ou Y ou entre


acheter Smartphone ou un ouvrage de l'économie.
➢ Pour un producteur : faire le choix entre des facteurs de production K ou L ou entre
un salarié qualifié ou une machine automatique.
➢ Pour une Banque : choisir entre des facteurs de production O ou P ou entre un
Ordinateur ou un technicien en informatique.
➢ Pour l'État : cet agent économique se trouve parfois dans une situation de dilemme
ou il doit faire un choix entre une politique de relance ou d'austérité. Ces différents
choix sont généralement imposés par la rareté des ressources comme le montre la
figure ci-après :

Besoins illimités => Ressources rares => Choix

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• Le besoin de respirer est un besoin au sens courant, par contre le besoin de respirer
l'Oxygène mis en bouteille est un besoin économique : dans les hôpitaux ou dans les travaux
sous terrain : production minière par exemple.

• Le besoin de dormir est un besoin au sens courant, mais si j'ai besoin de dormir dans un
hôtel 5 étoiles là je suis devant un besoin économique : car il s'agit d'un service produit.

On distingue donc entre :

a) besoin économique

b) besoin non économique

Les besoins non économiques n'entrâmes aucun coût dans leur satisfaction.

Exemple : eau d'un puits ou rivière contre l'eau de la CDE

➢ Classification des besoins :

a) besoins relatifs au minimum vital psychologique.

b) besoins relatifs au minimum vital psychologique.

c) besoins de confort.

Exemple :

• Besoin relatif au minimum vital physiologique : nourriture, logement habillement : le pain,


et sucre ...

• Besoin relatif au minimum vital psychologique : s'équiper, se déplacer : transport.

• Besoin de confort : influencer par le progrès technologique : smartphones, par exemple :


iPhone, Samsung Galaxy Edge ...

➢ On distingue aussi entre :

a) besoins individuels.

b) besoins collectifs.

• Besoins individuels : ce sont des besoins qui se caractérisent par une sensation personnelle
de manque dans la satisfaction des besoins.

Exemple : smartphone, stylo.

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• Besoins collectifs : ce sont des besoins dont leur satisfaction est assurée par l'État.

Exemple : routes, autoroutes, éclairage public, sécurité nationale ...

3. Classification des besoins selon Maslow :

L'apport principal de Maslow aux sciences économiques étai le fait de faire un classement
des besoins par ordre d'importance décroissante.

On distingue généralement entre :

➢ Les besoins physiologiques : ces besoins sont décrits comme étant des besoins
primaires voire de suivre. On trouve la faim (besoin de nourriture, eau), respirer (air),
dormir (sommeil) ...
➢ Les besoins de sécurité : ce sont des besoins physiques, comme se vêtir (les
vêtements), avoir un toit ou un foyer ...
➢ Les besoins sociaux ou de reconnaissance : ce sont des besoins de l'humain de se
sentir avec ses semblables, des besoins d'échanges et de se sentir utile, comprendre
qu'il compte pour les autres.
Exemple : amour, amitié ...
➢ Le besoin d’estime : représente le besoin de ressentir des signes d'appréciations
positifs que les autres émettent vers lui, idée de ressentir que l'on a de la valeur pour
d'autres. Pour arriver à satisfaire un tel besoin, l'humain ira parfois jusqu'à faire une
grève de la faim.

Exemple : confiance, respect des autres ...

➢ La réalisation de soi : représente l'affirmation de son individualité, la touche tout à fait


personnelle ou ce qui identifie l'individu de manière "unique" au sein des autres. Le
fait de chercher à détenir un bien unique, que les autres ne détiennent pas à pour
objectif de satisfaire ce besoin.

Exemple : achat d'une voiture dernier modèle.

5. Satisfaction des besoins :

Lorsqu'un individu consomme, il satisfait un besoin. Cependant, au fil de la consommation,


le niveau de satisfaction augmente de moins en moins.

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Par exemple, lorsque vous avez soif et que vous buvez un verre d'eau, vous êtes satisfait. Mais
si vous buvez encore un autre verre d'eau après que votre soif passée, vous ne ressentirez plus
le même niveau de satisfaction.

➢ Si j'ai faim, je dois consommer un repas dans un restaurant en contrepartie d'un prix :
on dit qu'on a consommé un bien.
➢ Si je veux me déplacer je dois prendre un taxi en contrepartie d'un prix : on dit qu'on
a consommé un service. => En général pour satisfaire nos besoins on doit consommer
des biens ou des services.

6. Notion du bien et service :

Un bien est un objet ou une chose matérielle qui est produite en vue d'être consommé. - Un
service est une activité ou une prestation soumise à un échange

(Ex : la prestation contre paiement), qui est intangible et qui ne donne lieu à aucun transfert
de propriété).

Les services sont consommés au moment de la production, il y a donc une impossibilité de


stockage et sont adaptés aux besoins du consommateur. Il n'y a pas de droit de propriété lié
aux prestations de services, ceux-ci sont remplacés par des droits d'usages.

7. Les caractéristiques des biens :

➢ Biens de consommation : ce sont des biens que les individus consomment en


définitive en vue de satisfaire un besoin.

Exemple : morceau de chocolat.

➢ Biens de production : sont des biens qui sont incorporés dans un processus de
production afin de produire d'autres biens ou services.

Exemple : machine de production de chocolat.

8. Les différentes manières de satisfaire les besoins :

➢ L'autoconsommation : c'est le fait de consommer sa propre production (petits


agriculteurs par exemple)
➢ Le troc : c'est l'échange d'un bien contre un autre bien (sans utilisation de la monnaie)
➢ Demande d'achat : c'est l'échange d'un bien contre une monnaie en contrepartie.

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9. Postulat de rationalité :

➢ C'est un postulat qui suppose que les individus cherchent à satisfaire leurs besoins au
mieux : on dit qu'ils sont maximisateurs. On parle d'Homo œconomicus (homme
économique en Latin) ;
➢ En même temps, ces individus cherchent à atteindre cet objectif en minimisant les
moyens dont il dispose, c'est à dire en minimisant le coût.

10. Coût d'opportunité :

Ce coût représente ce à quoi on a renoncé pour satisfaire nos besoins. Le coût d'opportunité
d'une décision représente la valew· de la meilleure option à laquelle on a renoncé.

Exemple :

Si vous avez le choix entre 4 options : X, Y, Z, et W; et que vous avez choisi l'option Y. Si
l'option Y est la meilleure option des trois qui restent : alors le coût d'opportunité est la valeur
de l'option Y.

Section 2 : Méthode de l'analyse économique

A. Les étapes de la démarche scientifique

1. Les étapes de la démarche scientifique :

La démarche scientifique consiste donc à décrire, expliquer et prévoir les faits afin d'orienter
l'action humaine. L'économie est une science comme les autres sciences, car elle cherche à
élaborer des lois qui réagissent les phénomènes économiques. La loi permet de prévoir la
répartition de phénomènes économiques et d'effectuer des prévisions mesurables.

Pour élaborer ces lois, la science économique passe généralement par les étapes suivantes :

➢ Phase d'observation : c'est la phase de constatation des phénomènes dans la réalité.


➢ Phase d'abstraction: phase destinée à simplifier le monde réel pour mieux le
représenter et le comprendre (explication du phénomène)

-Hypothèses : précisent le contexte dans lequel on travaille. Une hypothèse est une simple
supposition, appartenant au domaine du possible ou du probable que l'on peut affirmer ou nier.
- Modèles : à partir des hypothèses, une synthèse peut-être également faite sous forme de
modèle dans lequel sont postulés des liens entre plusieurs variables.

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➢ Phase de vérification de la théorie : Cette vérification peut être réalisée par l'utilisation
des séries statistiques et des modèles mathématiques ou économiques.

Si la théorie est vérifiée par les faits elle est acceptée sinon elle est rejetée.

2 - Les démarches scientifiques :

➢ Démarche hypothético-déductive : consiste à élaborer des hypothèses et à les confronter


à la réalité en vue d'en tirer des jugements sur leurs validités. C'est donc une application
d'une règle générale, admise par tous, à un cas particulier, pour lequel on tire une
conclusion.
➢ Démarche inductive : consiste à généraliser les observations de la réalité. Cette
démarche est une méthode scientifique qui obtient des conclusions générales à partir de
prémisses individuelles.

3 - Les approches scientifiques :

On demande souvent aux économistes d'expliquer les causes de phénomènes économiques


(science économique descriptive ou positive) et parfois on leur demande également d'émettre
des recommandations afin d'améliorer la situation économique (science économique
normative).

➢ Approche positive : consiste à comprendre des phénomènes économiques sans


émettre un quelconque jugement de valeur.
➢ Approche normative : décrit l'économie telle qu'elle devrait être, de manière à
assurer la meilleure allocation des ressources rares.

4 - Les niveaux d'analyse :

L'économiste se trouve confronté à deux types de problèmes : comment expliquer les


comportements des unités de décisions individuelles ? Et comment analyser les
problèmes économiques globaux concernant les communautés (nationale, régionale, ou
internationale) ?

Ces problèmes donnent naissance à deux types de branche de l'analyse économique

➢ L'analyse microéconomique : une partie des sciences économiques qui est consacrée
à l'étude du comportement individuel des agents économiques (entreprise ou

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consommateur), dans leurs activités de production, de consommation, d'investissement


et d'épargne.
➢ L'analyse macroéconomique : étudie les conditions optimales d'utilisation des
ressources disponibles et les conséquences de leur variation en ne considérant que les
grandeurs économiques agrégées (revenus, consommation, épargne par exemple).
➢ L'analyse miso-économique : est un niveau d'analyse économique qui étudie le niveau
intermédiaire entre la micro et la macro, c'est le cas d'études semi-globales.

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Chapitre 2 : présentation de l’activité économique


Cette activité se décompose de :

➢ Acteurs : agents économiques


➢ Flux : circuit économique
➢ Les marchés

Les agents économiques désignent les personnes physiques ou morales qui participent à
l'activité économique.

L'économie est constituée de millions d'agents économiques de toute nature : ménages actifs,
ménages retraites, entreprises industrielles, entreprises commerciales ...

Section 1 : Les agents économiques

I - Les entreprises

Les entreprises sont des unités dont la fonction économique principale réside dans la
production de biens et de services destinés à être revendus à d'autres acteurs de la vie
économique.

Le processus de production peut être schématisé de la manière suivante :

1. Achat de matières premières, Utilisation du capital, Utilisation de travail

2. Transformation

3. Vente de produits

La fonction de production des entreprises :

Q : f (K, L) {Avec K : facteur de production capital}

{L : facteur de production travail}

II - Les ménages :

Un ménage est constitué de l'ensemble des occupants d'un même logement avec ou sans un
lien de parenté. Exemple :

➢ Une famille

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➢ Deux amis ou collocation ...

Le processus de consommation des ménages :

Travail + Capital = Ressources => Ménages <= Achat de biens et services = Dépenses

III - Les administrations

Les institutions financières :

Ce sont des institutions ayant comme mission principale le financement de l'économie. Elles
collectent de l'épargne auprès des agents à capacité de financement, pour le redistribuer sous
forme de prêt aux agents ayant des besoins de financement.

Exemples :

➢ Banques
➢ Société de Crédit-Bail (Leasing)
➢ Bourses …

IV- Le reste du Monde :

C'est un agent fictif avec lequel l'économie nationale entretien de nombreuses relations qui
peuvent être commerciales, financières, monétaires ...

Exemples :

➢ Banques étrangères,
➢ Entreprises multinationales ...

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Les agents économiques

Agents
Fonctions Ressources (+) Dépenses (-)
économiques
Achat des biens et
Ménages Consommation… Revenus/salaires
services
Institution
Financement Intérêt / épargne Salaires / Intérêts
financières
Entreprises Production Capital/Emprunt Salaires/impôts
Administrations Impôts/cotisations Infrastructures,
Redistribution
publiques sociales Prestations sociales
Reste du monde Echanges Exportations Importations

Présentation de l’activité économique

1. Les entreprises

Processus de production de l’entreprise

- Achats de matières premières


- Utilisation du capital
- Utilisation de travail

- Transformation
- Produits finis ou semi fini
- stockage

- Vente des produits

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2. Les ménages

Travail
Achat des biens
RESSOURCES Ménages Dépenses et services
Capital

Revenus Consommations

3. Les administrations publiques

Impôts/ cotisations Prestations sociales

Administration Ménages
publique
Entreprises Biens et services Impôts/ cotisations
Non marchand

4. Les institutions financières

Agents ayant un Capital et intérêt Agent à capacité


Capital et intérêt de financement
besoin de
financement Institution Ménages
Entreprises financière
Epargne et placement Entreprises
Prêt et emprunt
Ménages

5. Le reste du monde

Relations commerciales (M/X)

Economie Relations financières (I/E) Reste du


national monde
Relations monetaires

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Section 2 : les marchés


C'est un lieu de rencontre (physiquement ou théoriquement) entre l'offre et la demande d'un
bien, service ou monnaie.

Exemples :

➢ Marché du travail : c'est le lieu de rencontre entre l'offre et la demande du travail.


➢ Marché des biens et services : c'est le lieu de rencontre entre l'offre et la demande de
biens et services et la demande de ces derniers.
➢ Marché des capitaux : c'est le lieu de rencontre entre les agents économiques à besoin
de financement et ceux ayant une capacité de financement.

Section 3 : le circuit économique


C'est un schéma simplifié qui représente une activité économique. Il fait apparaître les
différentes relations d’interdépendance entre les différents agents économiques à travers des
flux économiques et par l'intennédiation des marchés.

➢ Flux économiques :

Un flux économique est un mouvement de biens, de monnaie ou plus généralement de toute


grandeur· économique entre agents économiques au cours d'une ce1taine période. On
distingue généralement entre deux flux économiques :

➢ Flux réels : représente la circulation des biens et services dans une économie. Ils sont
mesurés par des quantités physiques (litres, tonnes, mètres ... etc.).
➢ Flux monétaires : c'est la contrepartie du flux réels. Les flux monétaires sont évalués en
valeur financière (dirhams, dollars ...)

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SCHEMA DU CIRCUIT ECONOMIQUE

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Chapitre 3 : LE MARCHE LIEU DE RENCONTRE ENTRE


L’OFFRE ET LA DEMANDE

INTRODUCTION
La notion de marché, dans les économies industrialisées contemporaines, est devenue pour
une large majorité d’économistes la référence principale. De manière synthétique, le marché
est défini comme le lieu de la rencontre entre l’offre (en lien avec la production) et la demande
(en lien avec la consommation). A ce titre, comprendre comment fonctionne le marché ouvre
de larges perspectives aux économistes s’occupant d’économies précisément dites «
économies de marché ». Dans cette logique, « faire de l’économie » peut être assimilé – même
si ce choix théorique n’est pas partagé par tous les courants de pensée en économie, nous y
reviendrons en deuxième partie – à étudier le (ou les) marché(s). Les thèmes d’intérêt majeurs
concernent alors la formation de l’offre, de la demande, des prix ; la réalisation des échanges
; la structure des marchés ainsi que la capacité du marché à répondre à l’ensemble des besoins
exprimés par les agents économiques. Notre point de départ dans cette introduction générale
à l’économie va donc être l’exposition de la représentation traditionnelle que les économistes
dits néoclassiques font du marché puis d’énoncer les principales implications théoriques d’une
telle représentation.

I. La représentation standard d’un marché

Le courant dominant actuellement en économie, celui des économistes néoclassiques,


appuie ses raisonnements théoriques sur une représentation standard de ce qu’est un marché.
Il s’agit d’une représentation stylisée et abstraite qui résulte d’une simplification du réel.
L’objectif de toute construction théorique est en effet de réduire la complexité du réel afin de
n’en conserver que les traits saillants jugés pertinents et pouvoir ainsi dégager des mécanismes
simples de fonctionnement du marché.

Les économistes néoclassiques ne sont évidemment pas les premiers à s’être intéressés
au marché et à son fonctionnement. Dès l’apparition de l’économie en tant que discipline –
alors appelée économie politique – avec les auteurs classiques du XVIIIe siècle, le marché
comme lieu d’échange est au cœur des préoccupations des économistes. Les mécanismes de
l’échange et de la fixation des prix que les néoclassiques mettent en évidence sont en fait la
généralisation formalisée de mécanismes empiriques déjà amplement décrits par les

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économistes classiques, au premier rang desquels Adam Smith. Ce dernier se livre dans son
ouvrage clef Recherche sur la nature et les causes de la richesse des Nations (1776) à une
observation des faits qui peut se résumer ainsi : sur un marché, au sens littéral, se rencontrent
des vendeurs et des acheteurs, qui réalisent ou non des transactions, pour un prix pouvant
fluctuer. Il note que si les marchandises s’écoulent mal faute d’acquéreurs, les vendeurs auront
tendance à baisser leurs prix pour essayer d’écouler leurs produits. Inversement, si les
vendeurs constatent que leurs marchandises sont très demandées, ils vont tout de suite
comprendre qu’il est de leur intérêt d’accroître les prix. Ce double constat empirique va être
traduit en termes automatiques par les néoclassiques de la façon suivante : lorsque l’offre est
supérieure à la demande, le prix s’ajuste à la baisse ; lorsque la demande est supérieure à
l’offre, le prix s’ajuste à la hausse. La théorie néoclassique en tirera d’autres conséquences en
termes d’« équilibre économique » ; nous y reviendrons plus loin.

Le caractère novateur de la représentation standard du marché réside dans le passage


d’une perspective positive à une approche normative. La démarche positive a pour objectif la
représentation de ce qui est. La démarche normative représente ce qui devrait être, la meilleure
situation possible. La représentation théorique du marché ne cherche donc pas à être fidèle à
la réalité mais bien à offrir une vision idéale du marché : ce n’est pas le marché tel qu’il
fonctionne réellement mais tel qu’il fonctionnerait dans des conditions parfaites (celles de la
concurrence justement appelée « pure et parfaite » dont nous verrons les hypothèses au point
1.2.2). Il s’agit donc de la meilleure façon possible de laisser fonctionner le marché, un idéal
vers lequel tendre. Cela permet également de sortir d’une logique de cas par cas propre à la
description et d’entrer dans une dimension à portée générale : la représentation standard ne
concerne pas un marché en particulier, elle est généralisable à n’importe quel bien ou service,
y compris le travail, selon les néoclassiques.

A. Représentation graphique

Concrètement, la représentation standard du marché prend la forme d’un graphique qui


synthétise toutes les informations disponibles, pour un marché quelconque, sur l’ensemble des
acheteurs (symbolisés par la courbe de demande globale) et sur l’ensemble des vendeurs ou
producteurs (symbolisés, eux, par la courbe d’offre globale). Ces deux courbes relient des
quantités offertes ou demandées à différents niveaux de prix. Prix et quantité constituent donc
les axes du repère. Traditionnellement, les quantités sont portées en abscisses et les prix en
ordonnées.

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La représentation théorique du marché réduit ce dernier au comportement de seulement


deux catégories d’agents : les vendeurs / producteurs et les acheteurs / consommateurs. Ce sont
les seuls agents considérés comme pertinents. L’État, lui, est absent du raisonnement.

Les préférences exprimées par les vendeurs et les acheteurs permettent de tracer les courbes
d’offre et de demande correspondant à des quantités respectivement offertes ou demandées en
fonction des prix. Concrètement, les courbes d’offre et de demande peuvent avoir la forme
d’une courbe, d’une droite ou bien être en paliers. Le point E est le point d’équilibre, celui
déterminé par l’intersection entre les courbes d’offre et de demande. Les coordonnées du point
E déterminent deux éléments cruciaux :

➢ p* : le prix à l’équilibre ;
➢ q* : la quantité à l’équilibre.

Ce point est fondamental pour la théorie économique puisque la plupart des débats économiques
se focalisent autour de cette notion d’équilibre : est-il toujours atteint ? Comment y revenir en
cas de déséquilibre ? Peut-il y avoir déséquilibre durable ? L’équilibre atteint signifie-t-il qu’il
y ait simultanément plein emploi ? Le point E constitue pour les néoclassiques la « meilleure
situation possible » pour le marché : c’est le point où l’offre est égale à la demande. Cela ne
signifie pas que tous les biens produits sont vendus. Cela signifie qu’en ce point acheteurs et

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offreurs satisfont leurs préférences. C’est également le point pour lequel le maximum de
transactions est réalisé. La démonstration est simple.

Envisageons deux cas de figure représentés sur le graphique où le prix envisagé n’est pas le
prix à l’équilibre.

➢ Premier cas de figure : le prix p1 est supérieur à p*, prix à l’équilibre


Déterminons quelles sont les valeurs offertes et demandées pour ce niveau de prix. Il
suffit de projeter la valeur de p1 sur les courbes d’offre et de demande et obtenir ainsi
D(p1) et O(p1). Les quantités déterminées sont telles que la quantité demandée est
inférieure à celle offerte. En termes d’échanges réalisés, cela veut dire que la demande
va contraindre l’offre : c’est le « côté court » qui s’impose puisqu’on ne peut forcer les
acheteurs à acheter plus qu’ils ne le désirent pour un prix donné. Or D(p1) est inférieur
à q*. Donc, dans ce premier cas de figure, p1 ne permet pas de réaliser autant de
transactions qu’à l’équilibre. Cette situation est moins bonne en termes d’échanges
réalisés que celle à l’équilibre.
➢ Deuxième cas de figure : le prix p2 est inférieur à p*

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Le processus est le même et permet de déterminer O(p2) et D(p2). Cette fois-ci, c’est la
quantité offerte qui est inférieure à la quantité demandée. C’est donc l’offre qui
représente le côté court du marché et qui va contraindre l’échange. Si bien que la
quantité effectivement échangée va être O(p2), soit un niveau à nouveau inférieur à celui
établi à l’équilibre. La situation déterminée par p2 est donc inférieure à celle à
l’équilibre en termes d’échanges réalisés.
Sur le marché considéré, le point E est la meilleure situation car on ne peut espérer
échanger plus de marchandises et, comme on l’a vu en envisageant deux cas de figure
où les prix envisagés ne correspondent pas au prix à l’équilibre, si les offreurs décident
d’offrir plus qu’à l’équilibre (cas 1) ou si les demandeurs décident de demander plus
qu’à l’équilibre (cas 2), ils seront contraints par des décisions contraires respectivement
des demandeurs et des offreurs.
Au total, on peut donc dire que l’équilibre est la meilleure situation possible parce que
c’est celle pour laquelle le plus grand nombre de transactions sera réalisé, et ce au
meilleur prix. Les économistes néoclassiques, de conviction libérale, démontrent de la
sorte la supériorité du marché par rapport à tout autre mode d’allocation des ressources.
On peut par ailleurs en tirer la définition générale ci-après de la notion d’équilibre sur
un marché.
L’obtention d’un équilibre se traduit par le fait qu’aucun agent n’a intérêt à changer ses
décisions, soit parce qu’aucun agent ne peut espérer meilleure situation, soit parce que
si l’un des agents changeait ses décisions, il ne trouverait pas d’autres agents prêts à les
accepter.
Puisque ce sont elles qui déterminent conjointement l’équilibre, voyons maintenant plus
précisément les caractéristiques de la courbe d’offre puis de la courbe de demande.

B. Caractéristiques de la courbe d’offre


Une courbe d’offre individuelle est constituée par l’ensemble des points associant la
quantité de marchandises offerte par un vendeur / producteur pour un prix donné.
Une courbe d’offre globale est constituée par l’ensemble des points qui associent la
quantité totale de marchandises offerte par les vendeurs / producteurs pour un prix
donné.
Toute fonction d’offre associe des quantités à des prix. Le niveau de quantité offerte par
rapport à un prix donné est déterminé par les coûts de production. Un vendeur accepte

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de vendre un bien sur le marché à partir du moment où le prix proposé couvre ou dépasse
les coûts de production engagés pour ce bien : au mieux le vendeur réalise un gain ; au
pire il rentre dans ses frais. La courbe d’offre est donc une fonction croissante du prix :
quand les prix augmentent, la quantité offerte augmente globalement.
Mathématiquement cela veut dire que la dérivée de la fonction d’offre est positive :
O’(p) > 0.
Le caractère croissant de la courbe se comprend de façon intuitive :
➢ Si le prix augmente, les vendeurs / producteurs sont incités à fournir le maximum de
marchandises sur le marché ; de nouveaux producteurs dont les coûts de production
étaient jusqu’alors trop élevés vont également entrer sur le marché maintenant que le
niveau des prix rend leur production rentable.
➢ Si le prix diminue, il y aura diminution du nombre d’offreurs : le marché devient moins
attractif et les offreurs dont les coûts de production sont devenus supérieurs à p se
retirent du marché.

Si les quantités offertes croissent toujours avec le prix, le rapport entre les deux
augmentations n’est pas forcément toujours le même selon le marché pris en considération.
En d’autres termes, les quantités varient plus ou moins fortement en réaction à une variation
du prix. D’un point de vue graphique, cela se traduit par le fait que la pente de la courbe
d’offre va être plus ou moins forte. En termes économiques, cela renvoie à la notion
d’élasticité, plus précisément, ici, d’élasticité prix de l’offre.

L’élasticité prix de l’offre correspond à la variation relative de l’offre quand le prix


varie d’un pour cent.

L’élasticité prix de l’offre sert à mesurer de combien va augmenter (diminuer) la quantité


offerte lorsque l’on assiste à une faible augmentation (baisse) du prix. L’élasticité prix de
l’offre peut être classée en faible, forte ou nulle. La nature des marchandises échangées peut
donner des indications sur le niveau d’élasticité prix de l’offre :

➢ Pour des produits difficiles à stocker (ex. les fruits et légumes) et/ou dont le transport est
difficile, on aura une élasticité prix faible ou nulle : même si les prix baissent et que le
marché devient moins attractif pour les vendeurs, ces derniers ont tout de même intérêt
à vendre leurs marchandises pour ne pas risquer de les perdre ; ils ne réagiront donc pas
ou peu à une baisse des prix.

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➢ Pour des produits dont la production est facilement ajustable à la hausse ou à la baisse,
l’élasticité prix de l’offre sera forte : les offreurs pourront, grâce à un outil de production
flexible, réagir rapidement à toute variation de prix, notamment en offrant plus de biens
dès lors que les prix augmentent.

Jusqu’ici nous nous sommes intéressés à l’élasticité prix de l’offre. En réalité, la notion
d’élasticité est beaucoup plus large et, pour généraliser, on peut dire qu’une élasticité mesure
l’importance de la variation d’une donnée en réaction à la variation d’une autre donnée. Il est
donc très important de préciser les variables prises en considération. A titre d’exemples on peut
parler d’élasticité prix de la demande, d’élasticité revenu de la consommation, etc. Dans le nom
que l’on donne à l’élasticité, on nomme d’abord la donnée qui varie en premier puis celle dont
on étudie la réaction. Ainsi l’élasticité revenu de la consommation signifie que l’on étudie la
variation de la consommation induite par une faible variation, à la hausse ou à la baisse, du
revenu. L’élasticité x de y correspond à la variation de y par rapport à x.

Mathématiquement, l’élasticité se calcule à partir des dérivées dans la mesure où il s’agit d’un
rapport entre deux variations liées : la variation de la fonction considérée (ici l’offre) et la
variation du paramètre (ici le prix) à l’origine de la variation de la fonction. On peut noter cela
ainsi :

ep = variation de l’offre / variation du prix

Graphiquement, la plus ou moins grande élasticité prix de l’offre va déterminer le degré de la


pente de la courbe d’offre. Plus l’élasticité sera forte plus la pente sera faible et la courbe proche
de l’horizontale. La courbe d’offre est horizontale lorsque l’élasticité est nulle : dans ce cas
extrême, l’offre ne varie pas suite à une variation du prix. Elle est nettement plus verticale dès
lors que l’élasticité est très faible.

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Sur chacun des schémas nous avons représenté graphiquement l’augmentation de la quantité
offerte pour une petite variation initiale du prix. Dans le premier cas, la variation est importante
: l’élasticité est donc forte (on retrouve les caractéristiques énoncées ci-avant : la pente est bien
faible et la droite proche de l’horizontale). Dans le deuxième cas, la variation est plus réduite :
l’élasticité est faible et la pente forte.

Lorsque la courbe d’offre prend réellement la forme d’une courbe, et non d’une droite,
l’élasticité calculée n’est pas la même aux différents points de la courbe. Elle peut donc varier
et devenir plus ou moins forte selon que l’on se déplace sur la courbe.

Dernier élément à bien garder à l’esprit, la courbe d’offre est totalement indépendante de la
courbe de demande et vice versa. Chacune des deux courbes se construit séparément et la forme
de l’une n’influence pas la forme de l’autre. Lorsque les vendeurs formulent leurs souhaits en
termes de prix de vente acceptables, ils ne se préoccupent pas de la demande qui leur sera ou
non adressée sur le marché et ne tiennent compte que de leurs coûts de production. Ainsi un
changement de la courbe de demande n’affecte pas la courbe d’offre ; il ne fera que déplacer le
point d’équilibre, pas la courbe d’offre.

C. Caractéristiques de la courbe de demande

Une courbe de demande individuelle est constituée par l’ensemble des points associant la
quantité de marchandises demandée par un acheteur / consommateur pour un prix donné.

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ECONOMIE GENERALE

Une courbe de demande globale est constituée par l’ensemble des points associant la quantité
totale de marchandises demandée par l’ensemble des acheteurs / consommateurs pour un prix
donné.

Une courbe de demande est une fonction que l’on peut rendre plus ou moins complexe selon le
nombre et la nature des paramètres que l’on va prendre en considération pour sa construction.
Par exemple, la quantité de marchandises demandée par un individu peut dépendre des facteurs
suivants (la liste est loin d’être exhaustive) :

➢ Le prix du bien ;
➢ Le niveau des revenus dont la personne dispose ;
➢ Les goûts de cette personne, lesquels transparaissent en termes microéconomiques sous
l’appellation d’utilité ;
➢ L’existence de produits de substitution et leur niveau de prix.

Ceci appelle deux définitions, celle des biens de substitution et celle de l’utilité,
fondamentale en microéconomie.

Un bien de substitution est un bien qui peut en remplacer un autre dans le panier de
consommation des ménages.

L’existence de biens de substitution fait varier la quantité demandée dès lors qu’il existe
une différence de prix entre les deux biens. Dans ce cas, pour un niveau d’utilité (donc de
satisfaction) identique, l’acheteur va rationnellement demander celui des biens substituables
qui coûte le moins cher.

CAS PRATIQUE

1) Complétez le texte avec les mots et expressions suivantes : offre (x2), quantité (x2),
demande (x2), prix (x2), accroître, baisser, échange, acquérir, vendre, faibles, élevé

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ECONOMIE GENERALE

II- L’ÉQUILIBRE SUR LE MARCHÉ

L’équilibre sur le marché est caractérisé par les égalités suivantes :

q*=qd = qo et p*=pd =po

➢ C’est-à-dire que les quantités demandées sont égales aux quantités offertes et que le
prix demandé est égal au prix offert.
➢ On met une * pour dire que c’est le niveau d’équilibre

Pour trouver l’équilibre sur le marché il faut soit:

1) Égaliser les quantités de la demande avec les quantités de l’offre pour trouver les
quantités d’équilibre q*, puis substituer q* dans l’équation de la demande ou dans
l’équation de l’offre pour trouver le prix d’équilibre p*.
2) Égaliser le prix de la demande avec le prix de l’offre pour trouver le prix d’équilibre p*,
puis substituer p* dans l’équation de la demande ou dans l’équation de l’offre pour
trouver les quantités d’équilibre q*.
3) Substituer une variable soit p ou q dans l’autre équation et isoler la variable restante,
puis ensuite substituer la solution dans une des équations.

Exemple : L’équation de la demande est donnée par : p d= 70 - 2qd

L’équation de l’offre est donnée par : p o =10 + 4qo

On a le graphique suivant…

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ECONOMIE GENERALE

Par la méthode 1

On peut égaliser les prix.

p d = po

On laisse tomber les indices d et o car à l’équilibre q*=qd = qo et p*=pd =po

70 - 2q = 10 + 4q

70 - 10 = 4q+2q

60= 6q

Donc,

6q = 60 et q* =60/6 =10 (quantités d’équilibre)

Maintenant que l’on a les quantités d’équilibre q*, on cherche le prix d’équilibre p*.

Pour se faire on substitue q* dans l’offre ou dans la demande afin trouver le prix d’équilibre,
choisissons l’offre :

p = 10 + 4q

p = 10 + 4(10)

p* =50

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ECONOMIE GENERALE

Ceci nous donne le graphique suivant

L ’élasticité-prix de la demande

Déf. : mesure de la sensibilité de la quantité demandée d’un bien aux variations du prix de
ce bien

Exemple de calcul
➢ Qd = 1000 - 50P
➢ Calculons Ep si le prix passe de 4F à 5F
P0 = 4F ⇒ Q0 = 800
P1 = 5F ⇒ Q1 = 750

Interprétation

➢ Lorsque Ep = -0,25 cela signifie l’une des deux choses suivantes:


➢ Une hausse du prix de 1 % provoque une diminution des quantités de 0,25 %
➢ Une baisse du prix de 1 % provoque une augmentation des quantités de 0,25 %

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ECONOMIE GENERALE

Méthode du point milieu

Calculons Ep

si le prix passe de 4F à 5F

➢ P0 = 4F ⇒ Q0 = 800
➢ P1 = 5F ⇒ Q1 = 750

Classification des Ep

➢ Parfaitement inélastique Ep = 0
➢ Inélastique 0 < Ep <1
➢ Élasticité unitaire Ep = 1
➢ Élastique 1< Ep < ∞
➢ Parfaitement élastique Ep = ∞

1. L’élasticité croisée de la demande

Déf. : mesure de la sensibilité de la quantité demandée d’un bien aux variations du prix d’un
autre bien

Exemple de calcul

Supposons que Py affecte Qx de la façon suivante :

Py0 = 10F ⇒ Qx0 = 100

Py1 = 11F ⇒ Qx1 = 108

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ECONOMIE GENERALE

2. L’élasticité revenu de la demande


Déf. : mesure de la sensibilité de la quantité demandée d’un bien aux variations du revenu des
consommateurs

Exemple de calcul
Supposons que R affecte Qx de la façon suivante :
R0 = 20 000F ⇒ Q0 = 100
R1 = 22 000F ⇒ Q1 = 105

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ECONOMIE GENERALE

3. L’élasticité-prix de l’offre

Déf. : mesure de la sensibilité de la quantité offerte d’un bien aux variations du prix de ce bien

Exemple de calcul
Qo = 100P – 500
Calculons Ep si le prix passe de 10 à 11F
P0 = 10F ⇒ Q0 = 500
P1 = 11F ⇒ Q1 = 600

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ECONOMIE GENERALE

L’Ep en un point
Qo = 100P - 500
Calculons Ep à un prix de 11F
P = 11F ⇒ Q = 600

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ECONOMIE GENERALE

4. Marché et efficience : Surplus du consommateur, surplus du producteur et


bien-être
a. Le surplus du consommateur
Supposons que plusieurs exemplaires du premier album de GIMS soient mis en vente
Quatre acheteurs semblent intéressés
– John est disposé à payer 100F
– Paul est disposé à payer 80F
– Georges est disposé à payer 70F
– Ringo est disposé à payer 50F
En millier de franc
Nous aurons le schéma suivant

Définitions
Volonté de payer : montant maximum qu’un acheteur est disposé à débourser afin d’obtenir
un bien
Surplus du consommateur : différence entre la volonté de payer d’un acheteur et le prix
réellement payé pour le bien

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ECONOMIE GENERALE

Chapitre 4 : La Comptabilité Nationale

La comptabilité nationale permet de mesurer l’activité économique d’un pays (la france) au
cours d’une année. On va pouvoir obtenir des agrégats économiques qui permettrons
d’analyser, de prévoir l’économie.

Introduction :

1) Historique

On a commencé a avoir besoin d’une représentation de l’économie à partir du moment où


l’état est intervenu dans l’économie. Parce que si on veut être décideur dans l’économie
nationale, il faut la connaitre. L’idée même de faire un schéma des comptes nationaux est lié à
l’intervention de l’Etat.

C’est la période de l’entre deux guerres qui est importante puisqu’elle a vu naitre la crise
économique de 29, les chamboulements politiques, et face à tout cela, les Etats se sont rendus
compte qu’ils avaient besoin d’intervenir pour pallier aux effets de la crise économique
(développement de la pensée keynesienne (interventionnisme)). Et ils se sont heurtés a un
manque cruel de statistique économique, et donc ont commencé a réfléchir à faire des
schémas de comptabilité nationale (ça s’est traduit par des micro essais dans plusieurs pays de
l’Europe).

Puis au début des années 50 on a vu se développer un vrai système de comptabilité nationale


sous l’impulsion de l’Europe, mais c’est en 1976 qu’on a élargi le système de comptabilité
nationale qu’on connait aujourd’hui (modifié en 1993 pour s’adapter aux évolutions
économiques et aux besoins d’informations).

2) L’utilité de la comptabilité nationale

Chacun au début faisait un peu sa mesure dans son coin, avec certaines règles, d’une certaine
façon. Mais d’avoir un système unifié de compte nationaux, ça permet d’avoir des définitions
qui soient les mêmes pour tous.

Ça permet surtout d’avoir une représentation du système économique national, de pouvoir


voir que tel agent inter agit de telle façon avec les administrations publiques, et que ça
implique telle production, tel transfert de revenus… Et ça permet d’avoir des données
statistiques, faire des comparaisons, des prévisions.

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ECONOMIE GENERALE

3) Le circuit économique

LA comptabilité nationale repose sur l’idée d’un circuit économique. On a dans une nation
différents agents qui inter agissent.

On observe des équilibres comptables à chaque pôles :

• Au pole banques : F = S

• Au pole entreprise : U + I + Y = U + I + C + F d’où Y = C + F

• Au pole ménages : C + S = Y

Ces équilibres comptables permettent de mettre en évidence les 3 optiques de mesure de


l’économie :

• L’optique de la formation des revenus : Ca sera le revenu Y = W + pi.

• L’optique de l’utilisation des revenus. Y = C + S

• L’optique des dépenses

On mélange deux types de circuits, un circuit monétaire (l’argent) et un circuit réel (les biens),
mais on va mesurer l’économie en fonction du circuit monétaire.

Par ailleurs on ne s’intéressera pas au marché en général, mais en terme de branche, en terme
de produit. (Pas le marché de l’automobile, mais le producteur de l’automobile)

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ECONOMIE GENERALE

On aura une approche dynamique des variations

4) La comptabilité nationale

4.1 Conventions :

En économie il y a une différence fondamentale entre les variables de flux qui ont une
dimension temporelle (on pourrait les regarder évoluer dans le temps) et les variables de stock
qui n’ont pas cette variable temporelle. La comptabilité nationale c’est une comptabilité de
flux (sur une année).

On mesure l’activité économique au moment où il y a eu un transfert de propriété, donc pour


l’achat d’une voiture le 25 décembre, on mesure l’activité au moment de la livraison le 5
janvier.

La comptabilité nationale : Est une représentation globale, détaillée, et chiffrée de l’économie


nationale dans un cadre comptable. L’économie nationale c’est l’ensemble des unités
résidentes, c.- à-d. des unités qui ont un centre d’intérêt sur le territoire économique.

Si on parle de la France, ce territoire économique ce sera bien surs la France métropolitaine,


les ambassades et les consulats à l’étranger, les dom mais pas les tom. Une filiale d’une firme
française installée a l’étranger n’est pas une unité résidente, mais une filiale d’une firme
étrangère installée en France en est une.

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ECONOMIE GENERALE

Le circuit est équilibré aux trois pôles (somme des flux entrants = somme des flux sortants.
Les trois pôles Production Revenu et Dépenses sont les 3 grands pôles qui permettent de
comprendre l’économie nationale. SI les dépenses sont différentes des revenus. 2 cas :

• Dépenses < revenus : Les agents ont des capacités de financement ce qui leur permettent
d’augmenter leurs créances, par exemple en prêtant.

• Dépenses > revenus : Les agents ont des besoins de financement, empruntent

A ces 5 secteurs on ajoutera le reste du monde pour équilibrer le système (comme il y a des
relations avec le reste du monde).

4.2 Les opérations économiques :

Elles sont regroupées par la comptabilité nationale en 4 grandes catégories.

• Les opérations sur les produits : C’est la production de biens et services et les emplois de ces
différentes production (consommation, investissement, exportations) On représentera toute
l’utilisation de la production avec les tableaux entrées sorties (TES). Le système de
production est un ensemble de branches. Les branches sont des ensembles d’unités qui
produisent le même produit.

• Les opérations de répartition : On s’interessera au secteur économique, et on verra comment


les revenus sont répartis entre ces différents secteurs économiques

• Les opérations financières : C’est la variable d’ajustement, qui vont permettre aux agents
économiques qui ont un besoin de financement d’emprunter, et aux agents qui ont une
capacité de financement de prêter.

• Les opérations sur le patrimoine : On est sur des variables de stocks.

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ECONOMIE GENERALE

Exercices :

Exercice 1 : On considère une économie fermée à trois pôles : B (banques) E (entreprises) M


(ménages). Au cours d’une période donnée, les flux écoulés entre ces pôles sont les suivants :

• U : coûts d’usages de la production

• I : les investissements

• C : La consommation finale des ménages

• W : Les salaires

• ∏ : profit

• S : L’épargne

• F : Le besoin de financement

1. Donner la représentation graphique de ce circuit :

2. Définir le revenu global et l’exprimer à l’aide des flux précédents de deux façon distinctes :

Y = W + ∏.

L’égalité entre flux entrant et sortant va permettre de représenter de deux façons :

• Au pôle de ménage : Y = W + ∏ = C + S

• Au pôle des entreprises :Y = C + F

• On déduit que F = S donc l’épargne est égale au financement

Sachant que la consommation des ménages représente 3/4 de leur revenu global, que les
revenus salariaux sont 4 fois plus élevés que les revenus du patrimoine, que le revenu

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ECONOMIE GENERALE

distribué par les entreprises dépasse de 50% les dépenses interentreprises, que l’épargne nette
constitués par les ménages s’élève à 30 et que I = F, calculez la valeur de tous les flux du
circuit.

Banques : S = 30 = F et comme I = F = 30

Ménages : On sait que Y = C + S, donc = C + 30.

Or on nous dit que C = ¾Y donc Y = 0,75Y+30 = 120 et donc C = 0,75Y = 90

On sait que W = ⅘Y, donc = ⅘120 = 96.

On sait que ∏ = ⅕Y = ⅕120 = 24

Entreprises : Y = W + ∏ et on dit que le revenu distribué dépasse les dépenses


interentreprises : U + I

Donc W + ∏ = 120 = U + I + (U + I)/2 donc 120 = (3/2)U + (3/2)I donc U = 50

Exercice 2 :

Soit une économie caractérisée par les valeurs suivantes :

• production (Y ) : 7000 dont biens d’équipement (I) destinés aux entreprises : 1400

• consommation finale des ménages (C) : 4300

• salaires versés aux ménages par les entreprises (W) : 5000

• dividendes versés aux ménages détenteurs d’actions (_) : 2000

• achat des administrations (G) : 1300

Cette économie fonctionne selon les principes suivants :

• la production des biens et services (destinés à la consommation finale) et de biens


d’équipement est intégralement vendue ; les revenus de cette production sont distribués
intégralement aux ménages sous forme de salaire (W) et de dividendes (_) ;

• les ménages (M) épargnent 20% des revenus perçus auprès des banques (B) ; cette épargne
(S) est entièrement utilisée pour financer l’investissement des entreprises (I) ;

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ECONOMIE GENERALE

• les administrations (A) prélèvent des impôts et taxes (T) sur les ménages et achètent aux
entreprises (E) pour un montant identique (G).

1. Représenter graphiquement cette économie.

On voit qu’il y a 4 agents économiques :

2. Vérifiez pour chaque pôle (E, M, B, A) l’égalité des flux entrants et sortants. Ménages : On
doit avoir C+I+S = Y  4300 + 1300 + 1400 = 7000 (c’est juste, vérifié) Entreprises : Y + I =
C + I + G + F  7000 + 1400 = 4300 + 1300 + 1400 + 1400 (c’est juste, vérifié)

Banques : F = S 1400 = 1400 (juste, vérifié)

L’état : T = G  1300 = 1300 (juste, vérifié)

3.Le circuit est-il modifié si le montant de salaires est égal à 2000 à niveau de production
inchangé ? Comment interpréter la nouvelle répartition des revenus ?

Ce qu’on nous dit ici c’est que Y = 7000, par contre W = 2000 (baisse de salaire). Ca va
impliquer quoi en terme de distribution des revenus : SI Y est inchangé : Y = W + ∏  ∏ =
5000

En fait la diminution des salaires et l’augmentation du profit va pas du tout changer la


distribution sur le circuit. C’est juste qu’il y a une augmentation des dividendes par rapport
aux salaires dans le revenu global.

5. L’État décide de diminuer les impôts et taxes sur les ménages de 100 tout en
maintenant le niveau des dépenses publiques (les administrations consomment

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ECONOMIE GENERALE

toujours 1300 mais ne prélèvent que 1200 sur les revenus des ménages ; par
conséquent, il apparaît un déficit budgétaire _D).

En admettant que les ménages affectent intégralement cette diminution d’impôts à leur
consommation et que les entreprises n’augmentent pas leur niveau de production mais
diminuent leurs stocks (S), évaluer la nouvelle valeur des flux et écrivez l’égalité des
ressources et des emplois à chaque pôle.

Maintenant l’Etat prélève T = 1200 et G = 1300 (si on regarde le circuit, on a un


déséquilibre). Et on dit que leur consommation est C = 4300 + 100 = 4400 (les ménages
affectent intégralement cette diminution d’impôts à leur consommation)

Et les entreprises n’augmentent pas leur niveau de production mais diminuent leurs stocks :
Donc Y ne change pas Y = 7000

∆D (D pour déficit) = 100 et ∆S = -100 (la consommation augmente de 100 donc elles doivent
puiser dans leur stocks pour répondre à cette consommation augmentée). On voit apparaitre
donc une variation de stocks pour régler le problème de la production, et on s’aperçoit qu’il va
falloir rajouter sur le circuit une variation de stock.

Et sur les administrations, on voit qu’il y a un déficit public de 100.

Ménages : C + T + S = 4400 + 1200 + 1400 = 7000 = Y (on a diminué les taxes et on a


augmenté la consommation)

Entreprises : Y+I = C + G + F + I + ∆S (on rajoute la variation de stock pour équilibrer le pole


entreprise)  Y = 4400 + 1300 + 1400 – 100 = 7000 (on retrouve bien le revenu global).

Banques : Rien n’a changé : F = S = 1400 Etat : T = G - ∆D  1200 = 1300 – 100

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