Victor Hugo, Les Contemplations, “Demain dès l’aube à l’heure où
blanchit la campagne”.
Victor Hugo est un poète du XIXe siècle, il est surnommé “l’homme
siècle” car il a vécu de 1802 à 1885. Il est contemporain de Lamartine, Vigny et Baudelaire. Ce poème est le quatorzième du Livre IV des Contemplations, “pauca meae”, ce qui peut se traduire par “quelques vers pour ma fille”. Nous sommes donc dans la deuxième partie des Contemplations : Aujourd’hui (1843-1855). Les Contemplations sont parues en 1856, Victor Hugo est par conséquent en exil sur les îles anglo-normandes de Jersey et Guernesey, exil dû à sa résistance envers l’empereur Napoléon III. Cependant, ce poème est écrit le 3 septembre 1847, soit la veille de l’anniversaire de la mort de sa fille, le 4 septembre 1843. Dans ce poème, Victor Hugo décrit le jour où il ira sur la tombe de sa fille. Pourtant, dans est premier temps ce poème nous fait l’effet d’une déclaration d’amour. Nous nous demanderons donc en quoi l’impatience que Victor Hugo évoque ici est-elle singulière ? Dans un premier temps, nous nous pencherons sur l’annonce du voyage, ensuite, sur celui-ci et enfin nous étudierons l’arrivée. Impatience de Victor Hugo : verbe de mouvement au futur “je partirai […] j’irai x2” “vois-tu, je sais que tu m’attends”, prosopopée, il doit rejoindre l’être aimé “j’irai par la forêt, j’irai par les montagnes”, parallélisme, il traverserait tout pour rejoindre cette personne “Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps”, impatience, “ne puis”, effet de déclaration d’amour “loin de toi”, Rime suffisante croisées “les yeux fixés sur mes pensées”, abstraction, pensées= non réel, il ne penserait plus qu’à la personne qu’il rejoint. “sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit”, parallélisme, tous ses sens ne lui serviraient qu’à rejoindre et pensé à cette personne, il se fiche de ce qui peut être autour de lui “triste, et le jour pour moi sera comme la nuit”, effacement du contexte amoureux avec l’adjectif “triste”, comparaison du jour et de la nuit comme si Victor Hugo ne voulait plus vivre. CCL-> portée symbolique, il ne semble pas voir les endroits qu’il traverse. Rime suffisantes croisées “je ne regarderais ni l’or du soir qui tombe, ni les voiles au loin descendant vers Harfleur”, double négation partielle, métaphore filée “l’or du soir”-> couché du soleil, “les voiles au loin”-> tombée de la nuit, énumération “Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.”, “ta tombe”, grâce à ces mots et la date nous savons désormais qui était cette personne aimée, l’ambiguïté est donc levée explicitement-> effet de surprise qui crée plus de tristesse et qui marque l’impatience de la mort, “houx vert”, le houx représente la fertilité hivernale ainsi que la promesse du retour à la lumière et la chaleur, donc, nous pouvons penser que Victor Hugo verrait la mort comme un nouveau printemps, “bruyère en fleur”, la bruyère représente un amour profond et fort ainsi que des rêveries solitaires ce qui renforce cette idée. Son voyage prend donc une dimension symbolique puisqu’il semble vouloir rejoindre sa fille dans la mort. Rime riches croisées -> souligner son désir Nous pouvons donc en conclure que l’impatience qu’évoque ici Victor Hugo est singulière puisque dans un premier temps il nous parle de son empressement de rejoindre un être aimé, ce qui nous amène à penser à une déclaration d’amour. Ensuite, contrairement à son incipit, il ne semble plus faire attention aux choses autour de lui, nous sortons donc implicitement de ce contexte amoureux notamment avec l’adjectif “triste”, enfin, il nous montre une impatience morbide puisqu’il voudrait rejoindre sa fille qui est entre les morts.