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Le renouvellement des légitimations

L’axe du vide dans les opérations (attendues) de l’art et de


la rue
Christian Ruby
Dans Nectart 2023/2 (N° 17), pages 56 à 63
Éditions Éditions de l'Attribut
ISSN 2429-2877
ISBN 9782916002989
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NECTART # 1 7 Dossier

Le renouvellement
des légitimations

L’axe du vide
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dans les
opérations
(attendues)
de l’art et
de la rue
CHRISTIAN RUBY
NECTART # 1 7

De la posture surplombante de la statuomanie


des premières Républiques à la poétique urbaine
contemporaine, autonome et chaotique, l’art dans
l’espace public n’a eu de cesse de questionner

o
les notions démocratiques et du « commun ».
Le philosophe Christian Ruby en discerne trois
moments clés.
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ù puiser des sources En un siècle et demi, ce domaine des signi-
de renouvellement des fications publiques imaginaires s’est mué
légitimations des actions de la narration en statuaire surplombante à
en matière de relation de des œuvres à hauteur des passants, d’œuvres
l’art et de la rue, en France, de nos jours ? Sans « d’avant-garde » à des œuvres « à usage »,
doute dans l’examen avisé des rapports entre « à ambiance » ou encore « à participation »1.
la représentation publique que la démocratie Mais c’est qu’il entre à chaque fois dans des
sécularisée moderne se donne d’elle-même, de stratégies différentes concernant l’État, les
la Révolution à nos jours, et les pratiques d’un villes modernes et les rues, les individus et
art autonome appliqué à la rue. Cet examen les foules, toutes conquêtes centrales de cette
peut exalter dans l’imagination la tâche du ère démocratique. Il a appuyé longtemps le
moment, car il montre à la fois qu’il n’y a pas grand récit uniforme du progrès, s’est trouvé
d’essence de l’art public ; que ses pratiques, ensuite lié au défi de sa décrédibilisation,
sous commande, s’ancrent et se déploient dans et se rend attentif désormais à la montée
des lieux urbains différents par des interven- en puissance de l’espace urbain en forme
tions sensibles ; enfin, qu’elles activent un d’opérateur démocratique.
public indifférencié de l’art en rapport avec L’examen des légitimations présentes ne peut
les débats de l’espace public. être négligé non plus. On entend « restau-
rer » des fictions publiques d’unité, « (re)
tisser du lien social », « réenchanter » les
lieux publics. Curiosité : ces légitimations
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Dossier - Le renouvellement des légitimations
L'axe du vide dans les opérations (attendues) de l'art et de la rue

s’enroulent autour des notions de retour D’un côté : la démocratie doit cultiver une
et de vide. Regardons cela de près en trois esthétique de ce vide afin de ne pas figer les
moments, qui ne composent cependant pas découpes qu’un peuple majeur peut vouloir
des stades d’une progression. constamment transformer. Son modèle est
fourni par Jean-Jacques Rousseau : on ne
peut séparer l’art dans la rue de la démo-
Premier moment : cratie autoréflexive, mais le seul art public
une fondation dans l’un concevable est celui que présente le peuple
lui-même, rassemblé en espace public pour
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L’idée de configurer les villes à l’aune du poser sa loi (Lettre à d’Alembert sur les spec-
grand récit démocratique et de faire de cette tacles, 1758) ; il est repéré dans la réalité par
conjonction le moteur d’un certain commun l’historien Jules Michelet, expliquant que le
a présidé à l’organisation première de ce véritable héritage de la Révolution française,
domaine. Ainsi s’établit, à partir de 1789, en matière d’art public, est un lieu vide,
la prolifération de ce que la IIe République fabriqué, terrassé : le champ de Mars, destiné
appellera « art public ». Ce dernier, dès la à l’assemblée de la Fédération4. Ce vide doit
IIIe  République laïque, est soumis à des être universalisé, préservé dans chaque ville
archétypes de statuomanie sous l’égide afin que le peuple s’y assemble pour délibérer.
de la foi en la nation2. Ses canons visent De l’autre : la démocratie doit adopter des
l’incarnation de l’«  intérêt général  » par procédures pour remplir les deux vides
la « beauté ». Ses types et les lieux mis en publics suscités (espace et lieux) aux fins
relief sont connus. Les œuvres ont largement d’éducation d’un peuple encore « mineur ».
répété des fonctions de partage symbolique Suivant la doctrine des Lumières, Condorcet
– appartenances, attributs, normes – et de et Sade affirment nécessaire de lui imposer des
partage de l’urbain – public/privé, centre/ œuvres de surplomb, destinées à permettre
périphérie, monument/relégation, métro- aux élites « majeures » parce qu’éduquées
pole/colonies, monde mâle monumentalisé/ d’élever son esprit, voire de compenser son
féminin invisibilisé –, livrant aux affects des non-accès direct au pouvoir souverain par
passants des figures d’unité conformes à une religion civile.
l’idée du corps politique choisi. La seconde option est devenue hégémonique.
Cette idée se tient dans ces limites : après avoir Elle reflète une peur de ces vides, car, dit-on,
vidé les rapports sociaux du roi et des absolus ils risquent d’être occupés par des « foules
et le domaine royal des ouvrages de ces cultes furieuses » ou les exclus. Qu’il s’agisse du
(démolition ou exportation vers un musée), vide de transcendance dans les débats de
non sans laisser des traces et se heurter au
vécu de beaucoup, deux options sont débattues
durant la transition vers un espace public et la
réalisation d’un domaine public3.
NECTART # 1 7

« L’idée de configurer les villes à l’aune du grand


récit démocratique et de faire de cette conjonction
le moteur d’un certain commun a présidé
à l’organisation première de ce domaine. »

l’espace public (principe de la démocratie par la commande publique en 1982. Trois


sécularisée) ou de celui de lieux publics plans le délimitent.
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destinés, le remplir s’accomplit par des D’abord, le prétexte de l’ère du vide5 – résultat,
représentations de l’autorité, l’imposition dit-on, de la consommation, de l’omnipuis-
de valeurs esthétiques – l’idéal de la démo- sance des médias, de l’individualisme et de
cratisation culturelle prend ici sa source –, la fin des grands récits. Il convient aussi de
et un urbanisme rigoureux partageant les briser l’horizon d’attente d’une statuomanie
lieux de pouvoir et les lieux populaires, les officielle et pompier que les dystopies fasciste
mœurs urbaines et les récepteurs des pra- et stalinienne ont érigée en propagande. Et il
tiques culturelles. Soulignons cependant que importe de remplacer le grand récit exclusif
tous n’adhèrent pas à la « neutralité » de cet de la nation par une autre structure narrative
art : désaccords sur son enrôlement dans un inclusive capable de « retisser » un « Nous »
apparat, requêtes d’autres significations et sans surplomb, au cœur des différences et des
lieux urbains, demandes (au moins littéraire) droits culturels.
de déboulonnages. En témoins  : Charles Ensuite, la critique de la ville – la vide ville
Baudelaire, Jules Vallès, Victor Hugo, Louise soumise aux forces du marché, produisant de
Michel, à tout le moins. la déshérence et des ségrégations –, critique
adressée aux architectures de la Reconstruc-
tion et des Villes nouvelles, dans les termes
Deuxième moment : de philosophes, des architectes eux-mêmes
une fondation dans la différence et des populations urbaines rejetées à la
périphérie des villes.
Ce lien intrinsèque entre ère démocratique Enfin, le travail des artistes s’est enrichi des
moderne, statut de l’urbain et art dans ou expériences intrinsèquement signifiantes des
de la rue demeure central dans la crise de avant-gardes, conceptuelles, minimalistes,
l’organisation de la légitimation de l’art élargi rhizomatiques ou anartistiques. Tout en
prenant part aux mutations des débats dans
l’espace public, notamment contre le « beau »
et sur le « contemporain », ses modes d’action
attendus et la palette de ses implications dans
les milieux urbains et le commun l’ont élargi.
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Dossier - Le renouvellement des légitimations
L'axe du vide dans les opérations (attendues) de l'art et de la rue

S’y englobent désormais art urbain, art et sentations du corps politique et des pratiques
ville, art dans l’espace public… La ville prête de l’art dans la rue, aujourd’hui, indique qu’à
de nouveaux « territoires de l’art » et des côté de prolongements d’un passé mythique,
« non-lieux » à des œuvres favorisant des des inventions orientées vers l’avenir sont
formes de communitas6 à éprouver. mises en œuvre au droit de motivations
Par des opérations transversales, paritaires collectives qui ne fonctionnent plus. Ces
et multiculturelles, cette poétique a favorisé tendances contrastées restent cependant
de nouveaux repères, décolonisé le public, dans les limites d’un même discours : cher-
promu des œuvres qui ont offert leur simple cher à enforcir la fragilité des individus et
présence en support de devenirs à interroger l’instabilité de la communitas. Les artistes
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(le féminisme, les droits civiques, le racisme, contemporains y déploient une multitude
le sida, l’Europe…), mis en scène des critiques de formats :
de la normalisation des comportements – Les ritualistes et les plus conservateurs
publics. Parfois, des performances autour de jettent l’opprobre sur les « carences/déca-
récits modestes ont enchanté des communs dences » de l’art contemporain dans la rue
par des ambiances inédites. et souhaitent qu’on se réfère aux œuvres
Les politiques publiques en attendaient des symboliques et narratives fondatrices en
potentiels de vie commune, des engagements rétablissant des « valeurs républicaines »
dans le cadre d’une immanence des relations rigoristes en religion civile laïque, contrant
entre individus et de l’attention à ceux qui le « vide social et politique »8.
échappent à la visibilité dominante. L’urbain – Cette stratégie est prise à revers par ceux
devenait « paysage »7. Ainsi se sont déployés qui abhorrent la communauté du grand récit
les thèmes de la participation et de la démo- républicain surplombant et colonisateur. Ils
cratie culturelles. veulent provoquer un vide choquant par
Cela étant, là aussi des mouvements contra- déboulonnage public des images masquant
dictoires se sont démarqués de ce nouveau les violences du passé. C’est néanmoins pour
rapport instauré entre les fonctions de l’art le remplir à nouveau par des œuvres réparant
dans la rue et la jouissance publique (moins des mémoires discriminées en narrations
la nation que la république et la vie com- décoloniales.
mune). Parmi eux, le refus de cette politique – D’autres persévèrent à vouloir redéfinir la
esthétique civique. vie ordinaire en perturbant les lieux publics
par un potentiel d’exercices offert par
des objets de pure présence (murs peints,
Troisième moment : géométries spatiales ou autoréflexives…),
une fondation pragmatique des performances et des immersions,

Cette politique de l’incarnation du corps


social et politique persévère. Un sommaire
état des lieux des légitimations, des repré-
NECTART # 1 7

« Par des opérations transversales, paritaires et


multiculturelles, cette poétique a favorisé de nouveaux
repères, décolonisé le public, promu des œuvres qui
ont offert leur simple présence en support de devenirs
à interroger (le féminisme, les droits civiques, le
racisme, le sida, l’Europe…). »

des environnements. Autant de surfaces de se débattre avec des lieux publics problé-
d’invitation au commun ou de jeu à plusieurs matiques, ils veulent créer des processus de
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niveaux de projection de récits redécoupant déprise des encadrements par des inventions
les places (les genres, les migrations, le surprenantes ou impliquer les individus dans
postcolonialisme, l’écologie…), voire de prise un « éveil » à une vie sensible de solidarité
de conscience de schémas relationnels et de et d’échange des voix. Ils favorisent des
codes comportementaux vides. « tiers-lieux » desserrant les discriminations,
– Il reste que, par son inventivité, tout un impulsent l’imagination des individus en
archipel d’interventionnistes, tantôt dans la auteurs de narrations singulières d’appar-
filiation des activistes (années 1960, Pippo tenances blessées ou leur resocialisation à
Delbono, Lygia Pape…), tantôt inspiré par la partir de vécus disqualifiés.
recherche-création, des lab(s) ou des forma- Pour autant, dans cet archipel de l’art-action,
tions (de type FAI-AR, à Marseille), est enclin les artistes veulent souvent rétablir des affini-
à afficher en public des significations nou- tés stimulantes, restaurer la confiance dans
velles grâce à des activités soucieuses de faire l’espace public, faciliter la recomposition
vivre ensemble des multitudes hétéroclites. d’expressions urbaines interactives. Entre
Ces artistes – parfois sans autre œuvre que récits et liens, ils veulent réintégrer l’art
leur présence – se tiennent au carrefour d’un dans la vie d’un nouveau « Nous ». Et se
espace public plus divisé que jamais, d’une réapproprier la ville par le plaisir de faire
dispersion du commun dans un urbanisme corps, sous participation, immersion ou
de décor et un vécu de la démocratie qui ne recréation. Or, ces projets faisant appel au
servent plus d’étayages, et de la nécessité de potentiel fictionnel évanoui des habitantes
vivre autrement (écologie). Par leur art de et habitants ne peuvent passer pour des cri-
susciter un « faire ville » ou « faire événement tiques de type hétérotopique de la situation
de ville » (et non de la) – impulser, fabuler, présente que s’ils font advenir de nouveaux
traduire, parasiter, provoquer, créoliser –, usages en bousculant les attitudes et les
conceptions moralisantes du commun dans
l’urbain.

Cette autopsie de l’usage politique de la notion


de vide autour de la représentation d’un type
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Dossier - Le renouvellement des légitimations
L'axe du vide dans les opérations (attendues) de l'art et de la rue

de collectif voulu montre qu’à juste titre ou Gilles Lipovetsky, L’Ère du vide. Essais sur l’individualisme
contemporain, Paris, Gallimard, 1983.
non, elle sert de ressort à des légitimations et 6. De communautés d’affect et de connivence sans
des pratiques de l’action publique artistique adhésion politique, selon l’anthropologue Victor Turner ;
sur les territoires. Pourrait-elle aujourd’hui de côtoiements vivants, selon Claude Lefort ; d’apprentis-
orienter vers un renouvellement de l’art en sages pré-politiques, selon Hannah Arendt, etc.
7. Cf. Isaac Joseph : « Faire du paysage urbain une chose
public en direction d’un futur d’émancipation publique comme le voudraient les politiques de la ville,
et de justice, de finalités communes à venir ? c’est sans doute commencer par le saisir non comme une
Sans doute, si du moins un triple écart est chose, mais comme une composition, le produit d’une
déployé  : avec le passé et l’exclusivisme “artialisation” de l’environnement […] pour les citadins
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qui en ont l’usage et le mettent en vue en organisant
instrumental de l’État ; avec les demandes leurs propres perspectives, individuelles ou conjointes,
d’animation urbaine et les contrats d’enga- leurs rencontres avec la “chose publique” » (La Ville sans
gement républicain désormais imposés ; avec qualités, La Tour-d’Aigues, L’Aube, 1998, p. 6).
les demandes de censure et les dégradations. 8. Voir la différence entre ces projets en Europe et les
projets en Ukraine, au Kosovo…, ces pays qui doivent se
Imaginons alors des délibérations publiques reconstruire après une guerre.
et des projets artistiques portant sur l’entre-
deux, l’écart, le trans-, l’absence de fondation
de la cité… là où le vide demeure toujours
la condition d’un ad-venir, ici de l’art dans
NECTART

les lieux publics et de son interrogation


permanente des significations collectives
dans l’espace public.

1. Des modèles de référence se trouvent dans


Atlasmuseum, site fondé en 2011 par Virginie Pringuet ;
Thierry Dufrêne (dir.), L’Art à ciel ouvert. La commande
publique au pluriel (2007-2019), Paris, Flammarion, 2019 ;
Centre national des arts plastiques, Préliminaires. Études
et maquettes, Orléans, HYX, 2021.
2. Maurice Agulhon, Marianne au combat. L’imagerie
et la symbolique républicaines de 1789 à 1880, Paris,
Flammarion, 1979.
3. Cornelius Castoriadis : « Une société démocratique sait,
doit savoir qu’il n’y a pas de signification assurée, qu’elle
vit sur le chaos, qu’elle est même un chaos qui doit se
DR

donner sa forme, jamais fixée une fois pour toutes » (La CHRISTIAN RUBY est philosophe,
Montée de l’insignifiance, Paris, Seuil, 1996, p. 65 et 200).
auteur de nombreux livres et
4. Jules Michelet : « Le champ de Mars, voilà le seul
articles, dont Circumnavigation
monument qu’a laissé la Révolution […] la Révolution
a pour monument… le vide » (Histoire de la Révolution
en art public à l’ère démocratique,
française, Paris, Flammarion, t. 1, 1847, préface). avec une œuvre de Claire Maugeais
5. Yves Barel, La Société du vide, Paris, Seuil, 1984 ; (Lyon, Naufragés éphémères, 2021).
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