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Si les dysménorrhées de l'adolescente sont fréquentes, leur cause est souvent mal connue. Leur prévalence est estimée de façon
éminemment variable, entre 20 et 90 % [2]. Elles sont souvent banalisées car interprétées comme la mise en place progressive des
menstruations. Ces douleurs seraient dues au relargage de prostaglandines dans le flux menstruel, à l'origine de contractions utérines
parfois violentes.
Il faut différencier les algies pelviennes progressives mais continues des algies pelviennes secondaires, survenant avec un intervalle libre
sans douleur après les premières règles. Ces dernières doivent faire rechercher une pathologie organique : kyste, malformation,
hydrosalpynx...
Les algies pelviennes s'accentuant avec l'âge doivent faire suspecter une endométriose. Les travaux menés par Harel [3] montrent que
l'endométriose serait à l'origine de 10 % des dysménorrhées sévères. L'intensité de la dysménorrhée, marquée par un absentéisme
scolaire ou la nécessité de prendre une pilule œstro-progestative, paraît corrélée avec l'existence d'une endométriose profonde [4].
L'échographie suspubienne élimine un kyste endométriosique mais seule l'échographie réalisée par voie endovaginale permet de
rechercher une endométriose profonde [5]. Lorsque cette voie ne peut être réalisée, une IRM est utile pour étayer le diagnostic. Pandis et
al. [6] ont montré l'incidence significative de l'endométriose retrouvée lors de chirurgies minimalistes dans le cadre d'algies pelviennes
majeures à l'adolescence.
Endométriose pelvienne
L'endométriose est certainement la cause la plus fréquente de douleurs pelviennes chroniques : environ 65 %, voire 70 à 90 % [7, 8].
Plusieurs études ont montré qu'il existait un lien entre le type de douleurs et les localisations profondes [9]. La présence de douleurs
pelviennes chroniques, non cycliques, serait notamment liée à une atteinte digestive. La sévérité des douleurs serait corrélée à
l'importance des adhérences dans le cul-de-sac de Douglas. De même, les dysménorrhées seraient liées aux atteintes du cul-de-sac de
Douglas, les dyspareunies aux atteintes des ligaments utéro-sacrés, les douleurs à la défécation à une atteinte du cul-de-sac vaginal
postérieur, et les douleurs lombaires à une atteinte du tractus urinaire. Aucun lien statistique n'a été établi entre la symptomatologie
douloureuse et la présence d'endométriose superficielle [10]. En pratique, il existe souvent une discordance entre l'intensité des douleurs
et l'étendue des lésions. Cependant, il a été montré que la résection chirurgicale des lésions d'endométriose profonde sévère améliorait
de façon significative la symptomatologie douloureuse des patientes et avait un impact sur leur qualité de vie. Une exploration
radiologique est donc nécessaire pour réaliser une cartographie lésionnelle complète.
L'échographie sus-pubienne mais surtout endovaginale est l'examen de première intention [11, 12] pour l'appréciation des localisations
ovariennes et sous-péritonélaes.
L'IRM reste incontournable pour confirmer et préciser les données échographiques [5].
Endométriose ovarienne
Les douleurs pelviennes sont peu corrélées à la présence d'endométriome isolé, non associé à une endométriose profonde [13, 14].
La lésion a un aspect échographique typique lié à son contenu hémorragique. C'est un fin piqueté échogène, homogène, avec un
renforcement postérieur, dans plus de 80 % des cas [14]. Le diagnostic différentiel est celui du kyste lutéal hémorragique qui est plus
souvent hétérogène avec un aspect typique en filet de pêche avasculaire contrastant avec un halo pariétal hypervasculaire typique au
Doppler couleur. La plurifocalité et la bilatéralité des kystes orientent vers la nature endométriosique [14]. Des associations lésionnelles
sont souvent retrouvées entre endométriome et autres formations bénignes ovariennes (kyste lutéal hémorragique, tératome mature
kystique...). Il n'est pas rare que les patientes porteuses d'une endométriose pelvienne présentent des kystes fonctionnels en raison des
problèmes de dysovulation induits par les adhérences péri-annexielles. En IRM, l'endométriome présente un hypersignal T1 sans et avec
saturation de graisse et un signal grisé en T2 dit « shading » [15]. Typiquement, le signal en T1 est très franc et supérieur à la graisse
sous-cutanée adjacente.
L'endométriose superficielle
Elle est complètement sous-estimée par l'imagerie actuelle. Néanmoins, ce type d'endométriose est peu incriminé dans la responsabilité
des algies pelviennes [9].
Adénomyose
Cette pathologie correspond à la présence de muqueuse endométriale au sein du myomètre adjacent, entraînant une hypertrophie
musculaire réctionnelle avec augmentation de taille de l'utérus. L'adénomyose peut être associée à la présence d'endométriose. Elle
favorise des ménométrorragies avec dysménorrhées [24, 25]. L'échographie présente des sensibilités et spécificités de 67-91 % et 71-
91 %. Les critères sont définis par un gros utérus présentant une hétérogénéité myométriale, une asymétrie des berges myométriales,
des stries linéaires hyper- ou hypoéchogènes juxta-endométriales (Fig. 5 et Fig. 6).
L'IRM permet de différencier le myomètre interne et le myomètre externe. Sur la séquence en pondération T2, le myomètre interne
présente un hyposignal T2 et a été appelé la zone jonctionnelle. Cette entité a des spécificités structurales (orientation perpendiculaire
des fibres musculaires) et fonctionnelles (vascularisation variant avec le cycle) [26] qui expliquent en partie son rôle dans la migration des
spermatozoïdes et dans l'implantation de l'œuf [27]. La pathologie adénomyosique induit un épaississement de la zone jonctionnelle
supérieure à 11 mm ou supérieure à 40 % de l'épaisseur du mur myométrial (Fig. 7) [24]. C'est ainsi que chez la patiente jeune porteuse
d'adénomyose, ces altérations du myomètre interne pourraient être à l'origine d'infertilité [28]. En imagerie, une deuxième cause
d'épaississement de la zone jonctionnelle existe au cours des contractions utérines qui constituent un diagnostic différentiel de
l'adénomyose. En général, cet épaississement est plus focal et transmural. Lorsque le radiologue a un doute diagnostique, il doit refaire
une séquence T2 rapide pour montrer la disparition de cet épaississement sur la nouvelle séquence réalisée [25].
Myomes utérins
C'est une pathologie extrêmement fréquente puisque sa prévalence est estimée de 25 à 50 % [29]. Buttram et Reiter ont rapporté une
série d'études estimant les myomes à l'origine de 34 % des algies pelviennes [20]. En 2003, Lippman et al. mettent en évidence une
prévalence plus importante des algies pelviennes chroniques chez les patientes porteuses de myomes de localisation fundique, sans
relation avec le nombre de myomes [31].
Névralgie pudendale
Ce syndrome canalaire, lié à la compression du nerf pudendal dans le canal d'Alcock, est à l'origine de douleurs périnéales, à type de
brûlures et/ou de décharges. Cependant, la présentation peut mimer des douleurs pelviennes [35]. L'IRM, si elle est réalisée, ne montre
pas de lésion organique, l'origine de la compression étant probablement fibreuse.
Adénomyose
Récemment, Weiss et al. [36] ont retrouvé de l'adénomyose dans 48 % de pièces d'hystérectomie dans une population de 137 patientes
ménopausées (49,5 ± 3,4 ans), souffrant de douleurs pelviennes. L'adénomyose serait donc plus une variante physiologique qu'une vraie
pathologie. La symptomatologie serait plus fréquente en période post-ménopausique immédiate.
Masses pelviennes
Les subtorsions de myomes sous-séreux ou de fibromes ovariens peuvent être à l'origine d'algies pelviennes chroniques.
De même, les carcinomes ovariens peuvent êtres découverts dans le cadre de troubles digestifs avec algies pelviennes.
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Conclusion
L'échographie doit rester le premier examen à réaliser pour l'exploration des algies pelviennes chroniques, permettant d'établir le
diagnostic dans la plupart des cas. L'IRM interviendra dans un deuxième temps pour préciser la cartographie lésionnelle endométriosique
ou préciser l'origine de masses latéro-utérines non étiquetées en échographie.