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DOSSIER

Techniques de l’Ingénieur
l’expertise technique et scientifique de référence

af3530
Interaction particules-matière - Théorie

Par :
Christian BOURGEOIS
Institut de physique nucléaire d'Orsay, Université Paris VII-Denis-Diderot

Ce dossier fait partie de la base documentaire


Structure de la matière
dans le thème Physique Chimie
et dans l’univers Sciences fondamentales

Document délivré le 05/07/2012


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Interaction particules-matière
Théorie
par Christian BOURGEOIS
Institut de physique nucléaire d’Orsay
Université Paris VII-Denis-Diderot

1. Interaction des particules chargées lourdes..................................... AF 3 530 - 3


1.1 Transfert maximal d’énergie : électrons d ....................................................... — 3
1.2 Ionisation....................................................................................................... — 3
2. Interaction des électrons........................................................................ — 4
2.1 Ionisation....................................................................................................... — 4
2.2 Bremsstrahlung ............................................................................................ — 4
3. Parcours ...................................................................................................... — 5
4. Interaction des rayons g dans la matière .................................... — 6
4.1 Atténuation des rayonnements g dans la matière ..................................... — 6
4.2 Effet photoélectrique.................................................................................... — 7
4.3 Effet Compton............................................................................................... — 8
4.4 Création de paires e+ e - ...................................................................................... — 8
5. Interaction des neutrons ........................................................................ — 9
6. Effet Cherenkov ........................................................................................ — 10
6.1 Rayonnement Cherenkov ............................................................................ — 10
6.2 Compteurs Cherenkov ................................................................................. — 10
7. Radiation de transition............................................................................ — 11
Références bibliographiques .......................................................................... — 12
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et article a pour objet de faire le point sur les interactions particules-matière


C afin de permettre au lecteur d’aborder, par la suite, l’étude des différentes
techniques de détection de rayonnements d’énergie supérieure à une dizaine de
keV, tels ceux rencontrés en physique nucléaire ou en physique des particules.
On a, dans ce cas, affaire la plupart du temps à des rayonnements ionisants qui
vont transmettre leur énergie aux électrons du milieu ralentisseur : on parlera de
pouvoir d’arrêt (perte d’énergie par unité de longueur du milieu traversé) élec-
tronique. À plus basse énergie, domaine non abordé par la suite, le ralentisse-
ment des particules se fait par collisions élastiques avec les atomes du milieu :
on parlera de pouvoir d’arrêt nucléaire (cf. figure).
On est amené à distinguer ici différentes classes d’interaction, suivant que l’on
considère des rayonnements chargés ou neutres, des particules lourdes ou
légères.
Dans le cas de particules chargées, la perte d’énergie s’opère par transferts
discrets d’énergie aux électrons du milieu (ionisation) et, pour des particules
légères (essentiellement électrons), par émission d’un rayonnement de freinage
(bremsstralung) lors de l’accélération subie au voisinage d’un noyau.
Dans le cas de rayonnements neutres (gamma, neutrons...), il y a d’abord
transfert de tout ou partie de l’énergie à une particule chargée du milieu (élec-
trons, noyaux), puis détection de la particule chargée.
Les processus évoqués ci-dessus sont des processus discrets de transfert
d’énergie. Il existe des processus macroscopiques d’interaction d’une particule
chargée dans un milieu donné. Dans ce cas, la perte d’énergie de la particule est

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INTERACTION PARTICULES-MATIÈRE ______________________________________________________________________________________________________

Pouvoir d'arrêt

Électronique

Nucléaire

keV MeV GeV


Domaine d'énergie
Représentation schématique du pouvoir d'arrêt d'un proton dans un milieu en fonction de son
énergie

Figure A –

négligeable, mais un signal est émis par le milieu indiquant le passage de la par-
ticule. Il s’agit de l’effet Cherenkov, pour des particules chargées relativistes, et
des radiations de transition au passage d’une particule chargée entre deux
milieux de propriétés diélectriques différentes.

Notations et symboles
Symbole Définition Symbole Définition
A nombre de masse p quantité de mouvement
B énergie de liaison de l’électron dans l’atome R libre parcours moyen d’une particule
b paramètre d’impact r distance
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c vitesse de la lumière re rayon classique de l’électron


D épaisseur de formation T énergie cinétique de la particule
E énergie v vitesse de la particule
e charge élémentaire Z numéro atomique
F force s’exerçant sur une particule z nombre de charges
h constante de Planck a constante de structure fine
, constante de Planck réduite = h/2p g rapport E/M d’une particule
I potentiel d’ionisation de l’électron : I = hw e efficacité
I intensité diffusée e0 permittivité du vide
M masse de la particule q angle
me masse de l’électron m coefficient d’atténuation linéaire
N nombre de photons m¢ coefficient d’atténuation massique
N densité atomique r masse volumique
NA nombre d’Avogadro s section efficace
P polarisation W angle solide

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______________________________________________________________________________________________________ INTERACTION PARTICULES-MATIÈRE

1. Interaction des particules b + db


e– b
chargées r
M
ze x
Dans le cas de particules chargées lourdes, c’est-à-dire à partir du
proton, de masse M très grande devant la masse de l’électron me
(M /me = 1 837), et pour des énergies cinétiques supérieures à
1 MeV, on observe un ralentissement des particules sans déviation
(sauf le cas très improbable de rencontre avec un noyau du milieu, Figure 1 – Interaction de la particule chargée (ze ) avec un électron
ce qui a quand même permis à Ernest Rutherford de prouver l’exis- pour le paramètre d’impact b
tence du noyau atomique !). On en conclut que la particule perd pro-
gressivement son énergie en la transférant aux électrons du milieu.
Ce transfert d’énergie peut se faire par excitation ou par ionisation La résultante de la force s’exerçant sur l’électron lors du passage
des atomes du milieu. de la particule est perpendiculaire à l’axe x. La contribution élémen-
taire F: s’écrit :

1.1 Transfert maximal d’énergie : b ze 2 b


F ^ = F --- = -----------------------------------------------
électrons d r 4p e ( x 2 + b 2 ) 3 ¤ 2
0

Le moment transféré à l’électron lors du passage de la particule


Dans certains cas, la quantité d’énergie transférée à l’électron, T, s’obtient par la relation :
est très supérieure au potentiel d’ionisation I (T > 100 eV). Cet élec-
tron va avoir un parcours plus important dans le milieu et être ¥

ò ò
ze 2 b d x 2 ze 2
responsable d’ionisations secondaires le long de son parcours. Ces Dp = F ^ dt = ----------------------------------------------------- = --------------------
électrons énergétiques sont appelés électrons d : ils donnent lieu à Ð ¥ 4p e 0 ( x 2 + b 2 ) v 4p e 0 bv 3 ¤ 2

la chevelure entourant la trace d’une particule chargée dans une


émulsion, par exemple. Environ deux tiers de l’énergie transférée au La quantité d’énergie transférée à l’électron (ou perdue par la par-
milieu se retrouve sous forme d’énergie cinétique des électrons d. ticule) s’écrit :
Le transfert d’énergie qu’une particule de charge ze, de masse M (Dp) 2 2z 2e 4
et de vitesse relative b = v / c peut effectuer sur un électron émis à un D E = ---------------- = ---------------------------------------------
angle q est :
2 me ( 4p e 0 ) 2 b 2 v 2 m e

T = 2 m e c2 b 2cos2 q Dans un cylindre de longueur dx et d’épaisseur db (cf. figure 1),


on a 2pb db dx NZ électrons pour un milieu ralentisseur de numéro
La section efficace différentielle de production des électrons d par atomique Z et de densité atomique N.
unité de longueur de la trajectoire de la particule incidente, dans un La perte d’énergie de la particule par unité de longueur s’écrit :
milieu avec NZ électrons par unité de volume (avec N densité ato-
mique et Z numéro atomique) s’écrit : dE 2z 2e 4 b Max
Ð ------- = 2p NZ ------------------------------------- ln -------------
ds z 2 e 4 NZ 1 dx ( 4p e 0 ) m e v 2 2 b min
-------- = ------------------------------------------- -----------------
dW ( 4 pe 0 ) 2 m e c 2 b 2 cos 3 q
Les valeurs maximale et minimale du paramètre d’impact b sont
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évaluées à partir de considérations quantiques :


La notion de section efficace fut introduite par E. Rutherford : b min est la limite de localisation de l’électron de quantité de mou-
le nombre d’événements d N d’un phénomène donné est relié vement m ev, soit b min ~ , /m ev ;
au nombre de particules incidentes N 1, au nombre de noyaux b Max est du même ordre que l’orbite atomique de l’électron, soit
cibles par unité de volume n 2 et à l’épaisseur de cible dx, via la b Max ~ v / w = (, v )/I où I = , w représente le potentiel d’ionisation de
section efficace s (exprimée en barns : 1 barn = 10-24 cm2) par la l’électron.
relation :
Pour une particule modéremment relativiste, on aboutit à la for-
dN = s N1n2dx mule de Bethe-Bloch [1] :

dE 4p z 2 e 4 NZ 2 me c 2 b 2 g 2
Ð ------- = ------------------------------------------- æ ln --------------------------------- Ð b 2 Ð dö
è ø
1.2 Ionisation dx ( 4p e 0 ) m e c b2 2 2 I

pour une particule de charge ze, de vitesse v = bc, avec


La perte moyenne d’énergie de la particule par unité de longueur Ð --1-
du milieu traversé (ou pouvoir d’arrêt) se calcule à partir de l’inter- g = ( 1 Ð b2 ) 2 , interagissant dans un milieu de N atomes (de
action de Coulomb entre la particule chargée et les électrons du numéro atomique Z ) par cm3, le potentiel d’ionisation moyen des
milieu (figure 1).
électrons du milieu étant I (I » 16 Z 0,9 eV pour Z > 1). Le terme d
Le module de la force entre la particule de charge ze et un électron prend en compte les différents facteurs correctifs : effets de couche,
à la distance r s’écrit : densité apparente du milieu...
ze 2 On en déduit que -dE /dx varie :
F = -------------------
4p e 0 r 2 — en z 2 (indépendance du signe de la charge de la particule) ;
— en NZ = (rNA / A) Z pour un milieu de masse volumique r,
Si l’on considère que le transfert élémentaire d’énergie entre la
particule et l’électron est faible, on admettra que la trajectoire de la constitué d’atomes de nombre de masse A, avec NA = 6,022 x 1023
particule ne change pas et que sa vitesse v reste constante, en nombre d’Avogadro ;
régime non relativiste. — en b -2.

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INTERACTION PARTICULES-MATIÈRE ______________________________________________________________________________________________________

leurs trajectoires. Ce dernier point est caractéristique de la faible


– dE/dx masse de l’électron, les autres particules perdant de l’énergie par
(MeV/cm)
rayonnement de freinage à beaucoup plus haute énergie, la section
0,050 efficace de rayonnement de freinage variant en :
1 ö2
æ -----------
0,040 -
Mésons p è Mc 2ø

0,030 Particules a
avec M masse de la particule ralentissant
Mésons m Protons
0,020
Électrons 2.1 Ionisation
0,010
Deutons
Pour des électrons de faible énergie (Te < 1MeV), on a la relation
0
10–2 10–1 1 10 102 103 104
dE 4p e 4 NZ 2 me c 2 b 2
Énergie (MeV) Ð æ --------ö = -------------------------------------------- æ 0,583 ln ---------------------------ö
è d x ø ion ( 4p e ) 2 m c 2 b 2 è I ø
0 e
Figure 2 – Perte d’énergie (dans l’air) par ionisation de particules
Pour des électrons relativistes (b r 1), on obtient comme pouvoir
chargées en fonction de l’énergie des particules
d’arrêt :
dE 2p e 4 NZ 2 me c 2
Ð æ --------ö = ------------------------------------- æ 2 ln -------------------- + 3 ln g Ð 1,95ö
On remarque que : è d x ø ion ( 4p e ) 2 m c 2 è I ø
0 e
— la masse de la particule incidente n’intervient pas ;
— pour des particules de même charge z, dE /d x est fonction de la
vitesse b seulement ;
— la courbe -dE /dx, en fonction de l’énergie E (figure 2), décroît 2.2 Bremsstrahlung
avec b -2,
passe par un minimum (minimum d’ionisation) pour
bg r 3 et (dE /dx )min r 2MeV/g.cm-2, avant de croître du coté relati- Au-delà d’une énergie dite critique, Ec, la perte d’énergie par
rayonnement de freinage devient prépondérante (figure 4). On
viste (terme en lng 2)
pour atteindre un plateau, plateau de Fermi, dû évalue Ec empiriquement :
à la modification de la densité apparente du milieu en régime relati- 800 ( MeV )
visite. E c r -----------------------------
Z + 1,2
Les courbes dE /dx sont bien séparées suivant la particule consi-
Pour une particule de masse M et de charge ze, la section efficace
dérée pour tout un domaine vers les basses énergies, ce qui permet
de rayonnement de freinage varie en Z 2 pour un milieu ralentisseur
d’identifier les particules par leur perte d’énergie. Par contre,
de numéro atomique Z, et peut s’écrire :
au-delà de bg r 3, les trajectoires se rejoignent pour toutes les
particules. ds m e c 2 ö 2 r e2 Mc 2 b 2 g 2
------- r 5 az 4 Z 2 æ ----------------
- ------ ln --------------------------
À faible énergie, la formule de Bethe se comporte comme dk è Mc 2 b ø k k
dE z2 avec a = 1/137,
Ð ------- r ------ , soit :
dx v2 re = e 2/4pe0me c 2,
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dE M
Ð ------- r z 2 ------- quand la particule incidente perd une énergie k émise sous forme de
dx 2T photon.
1
où T = --- Mv 2 est l’énergie cinétique de la particule, d’où : Lorsque l’électron est accéléré avec une accélération a, la perte
2 d’énergie par unité de temps correspondante s’écrit :
dE
Ð T ------- r z 2 M
dx dE 2e 2
Ð ------- = ---------- a 2
dt 3c 3
Cette relation est à la base des télescopes E - DE.
C’est dans le champ coulombien du noyau que l’électron subit ses
Exemple : un détecteur mince d’épaisseur Dx mesure la perte plus fortes déviations. L’effet d’écran dû aux électrons atomiques va
d’énergie DE, et un détecteur épais mesure E - DE. donc jouer un rôle important dans l’émission du rayonnement de
Pour z et M donnés, DE varie en 1/E, ce qui donne des branches freinage. Si l’énergie de l’électron est telle que :
d’hyperboles dans un diagramme (E, DE) permettant l’identification des
E 1
particules mesurées (figure 3). Le même résultat est obtenu si l’on uti- 1 << --------------- << ----------------------
lise deux scintillateurs montés sur un même tube photomultiplicateur, me c 2 ( aZ ) 1 ¤ 3
pour peu que l’on puisse distinguer la fluorescence correspondant au
avec a = 1/137,
scintillateur mince (DE ) de celle du scintillateur épais (E ) : on a alors
affaire à un montage phoswich. l’effet d’écran est négligeable et on peut écrire la perte d’énergie par
radiation d’un électron d’énergie E sous la forme :
dE 2E
Ð æ ------- ö = 4 ENZ ( Z + 1 ) a r e2 ln æ ---------------ö Ð ---
1
è d x ø rad è m c 2ø 3
2. Interaction des électrons e

La prise en compte de l’effet d’écran à plus haute énergie amène


à:
Les électrons vont céder leur énergie par ionisation des atomes
dE
Ð æ ------- ö Ð1 ¤ 3 ) 2
du milieu traversé, mais également par émission d’un rayonnement = ENZ 2 a r e2 4 ln ( 183 Z + ---
è d x ø rad 9
électromagnétique de freinage chaque fois qu’ils sont déviés de

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______________________________________________________________________________________________________ INTERACTION PARTICULES-MATIÈRE

DE (Si : 300 mm) DE (Si : 300 mm)


3 400 600

2 800 500

1 800 400

1 000 300

200 200
0 800 3 200 1 600 2 400 0 800 1 600 2 400 3 200
Figure 3 – Diagramme E - DE obtenu avec un
E (CsI) E (CsI)
détecteur Si mince (DE) et un scintillateur CsI
Les énergies sont en unités arbitraires
épais (E) [2]

– dE/dx (MeV/g. cm-2)


3. Parcours
On définit le libre parcours moyen d’une particule chargée dans la
matière par la relation :
15 0

ò æÐ d E Ð1
R(E ) = ------- ö dE
è dx ø
io n

E
Électron Proton
Total
R a diat

10 Pour un milieu donné, on a :


dE E
Ð ------- = z 2 f ( b ) = z 2 g æ ----- ö
Plomb
dx èM ø

5 d’où :

ò
M 1 M
R ( E ) = ------ -------------- db = ------ h ( b )
Collision z 2 g (b) z2
0 et la loi d’échelle pour deux particules différentes s’écrit :
0,005 0,05 0,5 5 50 500
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M 1 z 22 M2
Énergie (MeV) R 1 ( E 1 ) = -------- ------ R 2 æè -------- E 1öø
M 2 z 12 M1
Figure 4 – Perte d’énergie des électrons et des protons dans le plomb
Exemple : Rp (10 MeV) = Ra (40 MeV) (figure 5).
La perte d’énergie par unité de longueur augmentant quand E
On a la relation : diminue (cf. figure 2), le maximum d’énergie est perdu en fin de
parcours de la particule dans le milieu : cela donne naissance au pic
( d E ¤ d x ) rad de Bragg de la figure 6.
gZ
- r -------------
------------------------------- Dans le cas d’électrons d’énergie E très supérieure à l’énergie cri-
( d E ¤ d x ) ion 1600
tique Ec , on définit la longueur de radiation LR . En effet, à haute
énergie, on a :
L’énergie critique pour laquelle (dE /dx )ion = (dE /dx )rad peut ainsi
æd E E
s’écrire : ------- ö >> æd------- ö
è d x ø rad è d x ø ion
800
Ec ~ 1600
------------- m e c 2 ~ ---------- MeV or :
Z Z
æd E
------- ö = Ð NEF rad
è d x ø rad
On a :
avec :
Ec = 102 MeV dans l’air
1
Ec = 27 MeV dans Fe F rad e 4 s 0 ln ( 183 Z Ð1 ¤ 3 ) + ------
Ec = 9,5 MeV dans Pb 18
d’où :
C’est le rayonnement de freinage, associé à la production de
x
paires e+e- qui est à l’origine des gerbes électromagnétiques carac- E ( x ) e E 0 exp æè Ð ------ öø
téristiques des particules de très haute énergie. LR

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INTERACTION PARTICULES-MATIÈRE ______________________________________________________________________________________________________

Parcours (mm) Numéro atomique Z


100 de l'absorbant

5 120
Effet photoélectrique Création de paires
2 100 dominant dominante
10
80
5

60
2

1 40 Effet Compton
t dominant

s=
a
s

=
5

les
s

K
on
20

ns

cu
ctr

oto

rti
Éle
2

Pa
0

Pr
0,1 0,01 2 5 0,1 2 5 1 2 5 10 2 5 100

ns
Énergie du photon (MeV)

uto
5
Les courbes s = t et s = K représentent l'égalité entre les sections

De
2 efficaces d'effet photoélectrique ( t ) et d'effet Compton (s ), d'effet
Compton (s ) et de création de paires (K).
0,01
5
Figure 7 – Types d’interaction prépondérants suivant l’énergie
du photon et le numéro atomique du milieu
2

0,001
0,01
2 5
0,1
2 5
1
2 5
10
2
100
5
4. Interaction des rayons g
Énergie (MeV)

Figure 5 – Parcours de particules chargées dans un plastique


dans la matière
scintillant
Les rayonnements électromagnétiques g ne possèdent pas de
charge électrique. Ils interagissent dans la matière suivant trois
processus principaux : l’effet photoélectrique, l’effet Compton et la
Fraction d'énergie création de paires e+ e-. L’importance relative de ces trois effets
déposée et de particules dépend de l’énergie du rayonnement g et du numéro atomique Z du
restant dans le faisceau
milieu atténuateur (figure 7).
5

4
Deutons de 190 MeV 4.1 Atténuation des rayonnements g
dans la matière
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3
Pic de Bragg Un faisceau de rayons g monoénergétique d’intensité I subit une
(fraction d'énergie déposée) perte d’intensité dI après traversée d’une épaisseur dx de matière.
2
On a :
- dI = s IN dx
1

Fraction de deutons
avec s= sF + Zs C + sp section efficace totale d’interaction,

0
transmis et sF section efficace due à l’effet photo-
0 5 10 15 R 20 électrique,
Épaisseur d'aluminium (g/cm2) Zs C section efficace due à l’effet Compton
pour Z électrons par atomes du
Figure 6 – Courbe de Bragg pour des deutons de 190 MeV milieu,
dans l’aluminium [3]
sp section efficace due à la création de
paires

Nous donnons ici les valeurs des longueurs de radiation pour La loi de variation de l’intensité du faisceau g en fonction de
quelques scintillateurs (cf. article [AF 3 531] de ce traité) : l’épaisseur x de matériau traversé s’écrit, par conséquent :
I = I0 exp (- s Nx) = I0 exp (- mx )
BGO ( Bi 4 Ge 3 O 12 ) L R = 1,12 cm r
avec N = ---- N A densité atomique du milieu (de masse
CsI ( Tl ) L R = 1,86 cm A volumique r),
BaF 2 L R = 2,1 cm m = sN coefficient d’atténuation linéaire des rayons g
NaI ( Tl ) L R = 2,59 cm m
dans le milieu (figure 8). On définit m ¢ = ---
r
PVT ( polyvinyltoluène ) L R = 42,4 cm
coefficient d’atténuation massique

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______________________________________________________________________________________________________ INTERACTION PARTICULES-MATIÈRE

m (cm-1)
10

5
400
30 keV
2

100 keV
m total
1 100

1 MeV
5

Discontinuité K

10-1 10 Effet
Compton
5 Multiplier Effet
l'ordonnée par 100 photoélectrique
m total

2
Effet
photoélectrique
Création
de paires
10-2
10 2 5 102 2 5 103 2 5 104 Figure 8 – Coefficient d’atténuation linéaire
Énergie (keV) dans NaI en fonction de l’énergie du photon

On peut écrire I = I0 exp (- m%x %) avec x % = rx en g/cm2.


Efficacité
Pour des rayons g de 1 MeV, on a m% r 0,05 cm2/g quel que soit le absolue
matériau.
b = 0,0 cm Source ponctuelle isotrope
On définit l’efficacité intrinsèque de détection g d’un détecteur 0,5 située sur l'axe du cristal
d’épaisseur x par la quantité :
0,5 b
I0 Ð I ( x ) 0,4
e int = ----------------------
- = [ 1 Ð exp ( Ð mx ) ]
I0 5,08 cm
1,0
0,3
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L’efficacité absolue tient compte de l’angle solide de détection


(figure 9) : 5,08 cm

W 0,2
e abs = ------- e int 2,5
4p
En spectrométrie g, on utilise comme référence d’efficacité, l’effi- 0,1
cacité absolue d’un cristal NaI (Tl) de dimensions 3² x 3² pour le pic 5,0
d’énergie totale (photopic) à 1,33 MeV lorsque la source est située à
25 cm du détecteur, à savoir : 0
0,01 0,1 0,2 1,0 2,0 10,0
F
e abs = 1, 2 ´ 10 Ð3 Énergie des rayons g (MeV)

Figure 9 – Efficacité absolue d’un scintillateur NaI(Tl) en fonction


de la distance b source-détecteur [4]
4.2 Effet photoélectrique
général, absorbée dans le milieu. Néanmoins, pour de faibles
Il s’agit de l’absorption du photon par un atome et de l’éjection énergies g (Eg < 150 keV), l’interaction a lieu en surface et le rayonne-
d’un électron (lié) d’énergie cinétique ment X peut s’échapper, ce qui donne naissance à un pic d’échappe-
Te = hn - B ment dans le spectre g, mesuré à l’énergie Eg - E X.

avec B énergie de liaison de l’électron dans l’atome. La section efficace d’effet photoélectrique varie comme :
Les lois de conservation imposent la participation du noyau au
processus, mais le recul du noyau est généralement négligé (sauf Z5
s F r -----------------
dans l’effet Mössbauer). ( hn ) n
L’énergie de liaison B est émise sous forme de rayons X caracté-
ristiques du milieu (réarrangement du cortège électronique) et, en avec n variant de r 3 pour hn < 0,5 MeV à r 1 pour hn r 2 MeV.

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INTERACTION PARTICULES-MATIÈRE ______________________________________________________________________________________________________

Comme la diffusion Compton la plus probable se fait pour f = 90o,


h n' la mesure de l’asymétrie :
hn q

e- N ( f = 90 o ) Ð N ( f = 0 o )
A = -------------------------------------------------------------------
N ( f = 90 o ) + N ( f = 0 o )
Figure 10 – Cinématique de l’effet Compton
avec N (f ) nombre de photons g diffusés à l’angle f ,
permet d’obtenir la polarisation expérimentale Pexp via un facteur
de qualité de la mesure 0 < Q < 1 :
h n' A = QPexp
E F
Le signe de P est déterminé par le changement de parité de la
hn q transition, + pour pas de changement, - pour un changement.
Pratiquement, la réalisation d’un polarimètre nécessite un détec-
teur central comme diffuseur, entouré de plusieurs détecteurs analy-
Figure 11 – Diffusion Compton d’un photon polarisé seurs.
■ Quand le photon initial n’est pas polarisé, la section efficace de
Quand l’énergie Eg est supérieure à l’énergie de liaison de l’élec- diffusion Compton s’obtient en intégrant la relation (1) sur f
tron dans la couche K, l’effet photoélectrique a lieu sur un électron (figure 12). On obtient :
de la couche K dans 80 % des cas (cf. figure 8).
d sC hn ¢ 2 hn hn ¢
----------- = --- r e2 æ ----------- ö æ ---------
- + ---------- Ð sin 2 qö
1
(2)
dW 2 è hn ø è hn ¢ hn ø
4.3 Effet Compton Aux faibles énergies, pour hn ¢ » hn, on retrouve la section efficace
différentielle de diffusion Thomson :
Dans ce cas, il y a diffusion du photon sur un électron (quasi libre).
ds ö
æ ------- 1
L’énergie du photon diffusé à l’angle q (figure 10) est : - = --- r e2 ( 1 + cos 2 q )
è d W ø Th 2
1
hn ¢ = hn -------------------------------------------
1 + g ( 1 Ð cos q ) La section efficace Compton totale s’obtient à partir de la relation
(2) en intégrant sur 4p sr.
avec g = hn / m ec 2.
L’énergie du photon incident se répartit entre l’énergie cinétique
L’énergie cinétique de l’électron est alors :
de l’électron, qui est absorbée par le milieu, et l’énergie du photon
g ( 1 Ð cos q ) diffusé, qui peut s’échapper du milieu. On peut ainsi écrire :
T e = hn -------------------------------------------
1 + g ( 1 Ð cos q )
s c = s sC ( diffusion ) + s aC ( absorption )
2 hn
et T eMax = hn --------------------------------
2 hn + m e c 2 Dans le cas où le photon diffusé s’échappe du milieu, l’énergie
apportée dans le milieu varie de 0 à T eMax suivant l’angle de diffu-
Il y a rétrodiffusion du photon lorsque q = p ; on a alors : sion. Cela donne naissance au plateau Compton dans les spectres g.
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me c 2 Dans un détecteur g au germanium de gros volume (r 300 cm3), le


1
hn ¢ = hn Ð T eMax = hn -------------------------------- ® --- m e c 2 rapport surface du pic d’énergie totale sur surface totale du spectre
m e c 2 + 2 hn 2 vaut environ 25 % pour des photons de 1 MeV. Des systèmes anti-
Compton, qui éliminent les événements correspondant à la détec-
La section efficace d’effet Compton a été calculée par Klein-
tion d’un photon diffusé dans un bouclier de scintillateurs, permet-
Nishima pour la diffusion d’un photon sur un électron ( s (C1 ) ) . Pour
tent d’arriver à un rapport pic/surface totale de 60 % environ
un atome de numéro atomique Z, on aura s C = Zs (C1 ) .
(figure 13).
■ Dans le cas d’un photon incident polarisé d’énergie hn, la section
efficace différentielle de diffusion Compton du photon d’énergie hn ¢
à l’angle (q, f ) (figure 11) s’écrit :
4.4 Création de paires e+ e-
d sC hn ¢ 2 hn hn ¢
----------- = --- r e2 æ ----------- ö æ ---------- + ---------- Ð 2 sin 2 q cos 2 fö
1
(1)
dW 2 è hn ø è hn ¢ hn ø
Lorsque le photon possède une énergie suffisante, il y a annihila-
avec re = e 2 /(4p e0 me c 2 ). tion du photon et création d’une paire électron-positron. Les lois de
La diffusion Compton est ainsi plus probable dans le plan perpen- conservation imposent la présence d’un quatrième participant :
diculaire au champ électrique E, ou pour f = 90o. — dans le cas d’un noyau atomique, la création d’une paire aura
Cette propriété est utilisée pour la mesure de la polarisation lieu si hn > 2mec 2 soit 1,022 MeV ;
linéaire d’un photon g. Dans le cas d’une réaction (ions lourds, — dans le cas d’un électron, la création d’une paire nécessitera
rayons g), on définit le plan de réaction par l’axe du faisceau et l’axe hn > 4mec 2 soit 2,044 MeV. Dans ce cas, on parlera de triplet car
cible-détecteur. La polarisation du photon g émis est donnée par : l’électron catalyseur est éjecté.
I // Ð I ^ La section efficace de création de paire varie en s p r Z 2.
P = ---------------
-
I // + I ^ ■ Gerbe électromagnétique
avec I // et I^ intensités des photons diffusés respectivement Après la création d’une paire, e+ et e- ralentissent dans le milieu
dans le plan parallèle et dans le plan perpen- en émettant des photons g de Bremsstrahlung qui, à leur tour, vont
diculaire au plan de réaction créer des paires e+ e- et ainsi de suite.

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______________________________________________________________________________________________________ INTERACTION PARTICULES-MATIÈRE

90¡
120¡ Énergies Angle
60¡
en MeV de diffusion q

150¡
0 30¡
0,01
0,03
0,1
0,3
1
3
10
30 100
180¡ 0¡
80 60 40 20

150¡
30¡

Figure 12 – Section efficace différentielle


120¡ 60¡ (en millibarns) de diffusion Compton
en fonction de l’énergie du photon incident
90¡ et de l’angle de diffusion

1 000
800 Nombre 10,763 - 0,511
d'événements
700 800 27Al (p, g ) 28Si
10,763

600 600

500
400 10,763 - 1,022
400
200
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300
0
200 12 000 13 000 14 000 15 000 16 000
Énergie (unités arbitraires)
100
Figure 14 – Interaction d’un photon g de 10,763 MeV
dans un détecteur au germanium de 300 cm3
0
0 200 400 600 800 1 000 1 200 1 400
Énergie (keV) Dans le cas contraire, on récupère l’énergie du photon g diminuée de
Figure 13 – Spectre de 60Co sans (pic/surface totale = 29 %) et avec
551 keV (pic de simple échappement) ou de 1 022 keV (pic de double
(pic/surface totale = 65 %) suppression Compton [5]
échappement). Un exemple de spectre est donné figure 14.
Le spectre obtenu met en évidence les pics d’énergie totale, de
simple échappement et de double échappement.
■ Annihilation du positron
Lorsque le positron a perdu son énergie cinétique dans le milieu,
il va s’annihiler avec un électron suivant la réaction :

e+ + e- ® 2g 5. Interaction des neutrons


■ L’annihilation ayant lieu au repos, on aura deux photons g de
511 keV émis à 180o l’un de l’autre.
La perte d’énergie des neutrons se fait principalement par diffu-
Exemple : b+ de 22Na. sion élastique. C’est, en fait, la particule chargée qui recule après le
choc qui va être détectée dans le milieu détecteur.
Dans le cas où un photon g crée une paire e- e+ dans un détecteur,
l’énergie du photon g est totalement récupérée si les deux photons Un neutron d’énergie cinétique initiale E0, diffusé à un angle q
de 511 keV d’annihilation du e+ sont absorbés dans le détecteur. dans le référentiel du centre de masse, se retrouve avec l’énergie E

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INTERACTION PARTICULES-MATIÈRE ______________________________________________________________________________________________________

P (E)
Angle Cherenkov q (¡)
1 60
(1 – a )E ice n = 2
0 d'ind Perspex
50 ilieu
M Lucite
40 Eau
e
Azote liquid
0 (1 – a )E 30
0 E
20
Figure 15 – Probabilité p (E ) qu’un neutron d’énergie E0 cède Électrons
une quantité d’énergie E après diffusion 10

0
100 keV 1 MeV 10 MeV
après un choc élastique avec un noyau (initialement au repos) de
nombre de masse A. On peut écrire : Énergie cinétique E

E 1 Perspex et Lucite sont des marques de Plexiglas d'indice n = 1,5


------ = --------------------- ( 1 + A 2 + 2 A cos q )
E0 ( 1 + A )2
Figure 16 – Angle d’émission Cherenkov pour des électrons
On a une perte d’énergie maximale pour q = p . On a alors : dans différents milieux en fonction de leur énergie
1ÐA 2
------ = æ -------------- ö = a
E
E0 è 1 + Aø
L’angle q est caractéristique de l’énergie de la particule pour un
La perte d’énergie maximale pour un neutron d’énergie initiale E0 milieu d’indice n donné (figure 16).
après collision avec un noyau de nombre de masse A est donc :
Le nombre de photons dNf émis avec une énergie comprise entre
(DE )Max = E 0 (1 - a ) E et E + dE est donné par la relation :
En particulier, a = 0 pour A = 1 et le neutron transfère toute son d Nf a
énergie à un proton (choc frontal). Cela explique pourquoi les scin- ----------- = æ ------ ö z 2 L sin 2 q
dE è "c ø
tillateurs organiques sont de bons détecteurs de neutrons (NE213
par exemple, cf. article [AF 3 531] de ce traité). Toutes les valeurs de
q étant équiprobables, on en déduit que toutes les valeurs de l’éner- avec ze charge de la particule,
gie E sont équiprobables entre E0 et aE0, ce qui veut dire aussi que a = 1/137,
les énergies du noyau de recul (qui sont celles détectées) sont équi- "c = 197 eV.nm
probables entre 0 et (1 - a)E0 (figure 15). C’est le spectre théorique
des impulsions d’un détecteur de neutrons. L longueur du trajet de la particule dans le
milieu
D’autres interactions sont également possibles, qui transfèrent
toutes de l’énergie à des particules chargées (ou à des photons) qui Soit encore :
seront détectées : diffusion inélastique (n, n¢), capture radiative
(n, g), fission (n,f), réactions (n,p), (n, a )... dN a 1 2
----------f- = æ ------ ö z 2 L 1 Ð æ ------- ö
dE è "c ø è nb ø
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Exemple : avec des neutrons thermiques (Ec = 0,025 eV)

n + 10B ® a + 7Li avec sth = 3 830 b La lumière Cherenkov est émise dans le visible et dans l’UV.

6. Effet Cherenkov 6.2 Compteurs Cherenkov

Un compteur Cherenkov est constitué de trois éléments :


6.1 Rayonnement Cherenkov — un radiateur dans lequel la particule chargée va induire l’émis-
sion de lumière Cherenkov ;
Lorsqu’une particule chargée se déplace dans un milieu transpa- — un miroir pour défléchir et concentrer cette lumière ;
rent à une vitesse v supérieure à la vitesse de la lumière dans le — un capteur photosensible délivrant un signal électrique.
milieu, il y a émission d’une radiation Cherenkov [6]. On distingue trois types de détecteurs basés sur l’émission de
Si n est l’indice de réfraction du milieu, la vitesse de la lumière lumière Cherenkov : les compteurs à seuil, les compteurs différen-
dans le milieu a pour valeur c / n, où c est la vitesse de la lumière
dans le vide. Si la vitesse de la particule est v = bc, alors l’émission
Cherenkov aura lieu pour : De Marie Curie à Cherenkov

c 1
v > --- Û b > --- C’est Marie Curie qui nota en 1910 l’existence d’une lumière
n n bleue émise par des solutions concentrées de radium. Mallet
montra en 1929 qu’il s’agissait d’un spectre continu de lumière
La lumière Cherenkov est émise sur un cône d’ouverture q par visible et non de la luminescence du milieu. Mais c’est Cheren-
rapport à la trajectoire de la particule avec : kov qui entreprit les études exhaustives de ce rayonnement
1 entre 1934 et 1944, et ce sont Frank et Tamm qui expliquèrent
cos q = ------- théoriquement l’origine du rayonnement « Cherenkov ».
nb

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______________________________________________________________________________________________________ INTERACTION PARTICULES-MATIÈRE

Photomultiplicateur Diaphragme

PM

c m
62
R: PM
Miroir
sphérique
Vertex PM photomultiplicateur
22 ¡5 37 cm 45 cm
Figure 19 – Compteur Cherenkov différentiel

seuil introduit par la valeur de p. Sur la figure 18, seuls les pions
sont responsables de l’émission de lumière Cherenkov à la valeur de
l’impulsion choisie.
■ Compteurs différentiels
Dans ce cas sont détectées les particules de vitesse v > c / n, les
photons Cherenkov étant émis dans l’angle (q,q +dq ). Il y a donc
Photomultiplicateur sélection des particules ayant une vitesse appartenant à l’intervalle
( b, b + d b ).
Figure 17 – Détecteur Cherenkov à seuil C’est la présence d’un diaphragme annulaire devant les tubes
photomultiplicateurs qui détermine l’ouverture angulaire dq
(figure 19). on arrive à une précision sur la vitesse D b / b » 10-6 au
détriment de l’acceptance angulaire.
Angle q (¡)
■ Imageurs d’anneaux Cherenkov (RICH)
10
■ Dans ce type de compteur, on mesure l’angle q de chaque photon
Méson p
Cherenkov et on reconstitue l’anneau correspondant à l’intersection
du cône Cherenkov avec le plan de détection (figure 20). Le plus
8 souvent, les photons Cherenkov sont détectés dans une chambre à
fils, leur position étant déterminée par le temps de dérive des char-
ges créées (chambre de type TPC). Dans le cas de la figure 21,
K
on

l’anneau Cherenkov est directement visualisé par les avalanches


p
Més

on

6 créées par les photons dans une chambre à avalanches à plaques


t
Pro

parallèles multiples [7].


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4
7. Radiation de transition
2 Lorsqu’une particule chargée (de charge ze ) animée d’une vitesse
16 55 105 b = v /c passe d’un milieu de permittivité e1 à un milieu de permitti-
vité e2, la continuité du champ électromagnétique au passage des
0 100 200 300 400 deux milieux impose l’émission d’un rayonnement, appelé radiation
Moment (GeV/c) de transition [8]. Cette émission a lieu vers l’arrière (par rapport à la
direction de la particule), dans le visible, et vers l’avant dans la
Figure 18 – Angle d’émission Cherenkov pour différentes particules gamme des rayons X (0-100 keV). C’est cette dernière émission qui
traversant de l’hélium gazeux à 0o C (n = 1,00004) en fonction est utilisée pour détecter des particules relativistes.
de leur impulsion
La quantité de rayonnement augmente avec le g (g = E / M =
(1 - b 2)-1/2 ) de la particule. L’angle d’émission est proche de la direc-
tion incidente et varie en g -1.
tiels et les imageurs d’anneaux Cherenkov (ou RICH : Ring Imaging
Cherenkov). En pratique, la particule se déplaçant dans le vide (milieu 1) tra-
verse un milieu 2 d’épaisseur d. Si l’on veut détecter les rayonne-
■ Compteurs Cherenkov à seuil ments de transition dans la gamme des énergies X, il est nécessaire
Dans ce type de détecteur (figure 17), le signal lumineux émis par que l’absorption par le milieu 2 ne soit pas importante, ce qui
n’importe quelle particule possédant une vitesse b > c / n est détecté impose que Z soit faible et que d soit petit. Mais la formation de la
par un capteur photosensible (tube photomultiplicateur le plus sou- radiation de transition impose une épaisseur minimale au milieu 2,
vent). Il n’y a pas de sélection de l’angle d’émission des photons appelée épaisseur de formation D.
Cherenkov, donc pas d’analyse de la vitesse des particules possible. On a la relation :
Néanmoins, pour un faisceau de différentes particules possédant D = gc / w p
la même quantité de mouvement p, il est possible d’identifier les
particules responsables de l’émission de lumière en fonction du avec wp fréquence plasma du milieu 2

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INTERACTION PARTICULES-MATIÈRE ______________________________________________________________________________________________________

Miroir Nombre
d'événements

600 Méson p 15 GeV


Particule incidente

Détecteur
400

Radiateur Électron

200

Y (cm)

2 6 10 14
5 Dépôt d'énergie (keV)

Figure 21 – Radiations de transition émises par des électrons


et des pions (ou mésons p) de 15 GeV [9]
0

Exemple : pour une valeur " w p = 20 eV, on a c /w » 10-6 cm, c’est-


–5 à-dire que la longueur de formation pour une particule de g = 105 sera
D » 1 mm.
L’énergie rayonnée lorsqu’une particule de charge ze traverse la
frontière entre le vide et un milieu de fréquence plasma w p peut
– 10 –5 0 5 10 s’écrire :
X (cm)
1
Figure 20 – Compteur RICH W = --- az 2 g " w p
3
Les détecteurs de radiations de transition consistent en une suc-
On peut écrire : cession de feuilles de matériau de Z faible (Li, par exemple), réguliè-
rement espacées, où prend naissance la radiation de transition
4p a "c n e 1¤2 (radiateur). Les épaisseurs de formation et l’espacement entre
w p = æè ------------------------- öø c feuilles dépendent de la particule que l’on veut identifier et des
m c2 e vitessses mises en jeu. Les rayonnements émis sont détectés dans
un détecteur gazeux de numéro atomique Z élevé (Kr, Xe) pour
avec ne densité électronique du milieu traversé (de absorber efficacement les rayons X.
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numéro atomique Z, nombre de masse A, masse Des particules de même énergie mais de g différents donneront
volumique r ), on a : des radiations de transition d’énergies différentes, ce qui permet de
les identifier : à une énergie de 15 GeV, les électrons ont un
Z g = 30 000 et les pions un g = 110 : il en résulte des radiations de tran-
n e = N A ---- r
A sition d’énergies bien séparées (figure 21).

Références bibliographiques

[1] FERNOW (R.C.). – Introduction to experimen- [4] KNOLL (G.F.). – Radiation detection and [7] GIOMATARIS (Y.) et al.. – Nucl. Inst. and
tal particle physics. Cambridge University measurement. John Wiley & Sons (1978). Meth. A279 (1989)322.
Press (1986) (exemple d’ouvrage parmi
d’autres). [5] BAZZACCO (D.) et al. GASP. – Workshop on
large gamma-ray detector arrays, Chalk- [8] JACKSON (J.D.). – Classical electrodyna-
River (1992). mics. John Wiley & Sons, New York (1975).
[2] Nouvelles du Ganil no 44 (1993).
[6] YPSILANTIS (T.) et SEGUINOT (J.). – Nucl.
[3] HINE (G.J.) et BROWNELL (G.L.). – Radiation Inst. and Meth. A343 (1994) 30 (exemple [9] FABJAN (C.W.) et al. – Nucl. Inst. and Meth.
dosimetry. Academic Press (1956). d’ouvrage parmi d’autres). 185(1981)119.

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