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Enrico MAZZA
Professeur, Università cattolica de Milan
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2. « The Summa, due probably to Otho of Lucques, appeared some ten or twelve years
after the tract of William, toward 1140. Between these two almost contemporary writings
then, there exist some acute doctrinal and literary contacts » (D. VAN DEN EYNDE,
« William of Saint-Thierry and the Author of the Summa sententiarum », Franciscan
Studies, 1950, 10, p. 244).
3. « Étienne de Baugé et l’auteur de la Summa Sententiarum s’avisèrent de désigner le
corps eucharistique par sacramentum et res en opposition aux espèces qu’ils appellent
sacramentum tantum » (D. VAN DEN EYNDE, Les définitions des Sacrements pendant la
première période de la théologie scholastique (1050-1240), Rome - Louvain, Antonianum
- Nauwelaerts, 1950, p. 70).
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et celui-ci aurait été Jésus, tout simplement, qu’un miracle aurait pu faire
apparaître en éliminant le voile de la matière du sacrement. Dans cette
perspective, à mon avis, se place l’étude du père Congar dans son article du
volume de la collection « Unam Sanctam » sur la Constitution
Sacrosanctum Concilium, intitulé précisément « Situation du “sacré” en
régime chrétien »8 ; Y. M.-J. Congar a spécifié que Jésus n’avait pas aboli
la catégorie « d’un certain sacré particulier »9. Et aussitôt après : « Il (c’est-
à-dire Jésus) a admis ou réclamé, envers sa personne, des signes relevant du
sacré » ; et encore : « … l’on doit dire qu’il existe une unique réalité sacrée,
le corps de Jésus-Christ “plein de grâce et de vérité” (Jn 1, 14). » Plus bas,
notre auteur continue : « Redisons-le, il y a une réalité sacrée, le corps du
Christ ; elle existe ici-bas sous sa forme sacramentelle et sous sa forme
ecclésiale et, sous l’une et l’autre forme, elle entraîne avec soi un ensemble
de réalités qui ont quelque rapport avec elle et, à cause de cela, sont aussi,
à quelque degré, des signes de notre communion avec Dieu dans le Christ
et donc des choses sacrées. »10 À mon avis, cette sacralité est tributaire de
la susdite conception médiévale de l’eucharistie, où il y a l’identité entre le
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grande réaction du « réalisme eucharistique » du Moyen Âge ; par conséquent, le texte que
je propose est significatif d’une manière particulière. Dans la citation, c’est moi qui
souligne les mots les plus représentatifs de la question : « Quem nos pueri sequentes, licet
non passibus aequis, eadem tamen via gradientes, credamus, corde et ore confiteamur,
verum corpus Christi esse quod invisibili virtute Christi per visibile ministerium sacerdotis
de pane materiali creatur » (R.B.C. HUYGENS, « Adelmannus Leodiensis. Epistula ad
Berengarium », dans : R.B.C. Huygens (ed.), Serta Mediaevalia, Textus varii saeculorum
X-XI in unum collecti, Tournai, Brepols, coll. « Corpus Christianorum. Continuatio
Mediaevalis », 171, 2000, p. 195, linea 350).
8. Y. CONGAR, « Situation du “sacré” en régime chrétien », dans J.-P. Jossua et Y. Congar
(éd.), La liturgie après Vatican II. Bilan, études, prospective, Paris, Cerf, coll. « Unam
sanctam » 66, 1967, p. 385-403.
9. Ibidem, p. 396.
10. Ibidem, p. 398s.
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du Christ et ses membres” (1 Co 12, 27). Puisque donc, vous êtes le corps
du Christ et ses membres, c’est votre mystère à vous qui est placé sur la
table du Seigneur ; c’est votre mystère que vous recevez. C’est à l’affirma-
tion de ce que vous êtes que vous répondez : Amen, et votre réponse est
comme votre signature. On vous dit : “le corps du Christ”, et vous
répondez : “Amen”. »11
Pour saint Augustin, donc, sur la table de l’autel est posé le Corps du
Christ qui est le Christus totus, étant donné qu’il comprend les membres
aussi, c’est-à-dire l’Église. On comprend bien que la sacralité du Christus
totus est autre chose que la sacralité de Jésus-Christ dans sa vie historique.
Il y a ici un problème de méthode : pour ma part, dans mes recherches,
je voudrais rester dans la cohérence de la tradition patristique de l’Église.
Dès lors, dans ce qui suit, je parlerai de l’eucharistie dans son rapport au
Christus totus, ce qui implique par conséquent de traiter des fruits – ou
encore des effets – de l’eucharistie12, c’est-à-dire de l’unité du Christus
totus.
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11. Augustinus Hipponensis, Sermo 272 (PL 38, col. 1247, linea 8) : « Corpus ergo
Christi si uis intelligere, apostolum audi dicentem fidelibus, uos autem estis corpus Christi,
et membra. Si ergo uos estis corpus Christi et membra, mysterium uestrum in mensa
dominica positum est : mysterium uestrum accipitis. Ad id quod estis, amen respondetis, et
respondendo subscribitis. Audis enim, corpus Cristi ; et respondes, amen. »
12. En traitant des fruits et des effets particuliers de l’eucharistie, il faut mettre de côté
la question des « intentions » de messe : en tant que telle, l’« intention » appartient à l’acti-
vité subjective du prêtre et non à la forme liturgique proprement dite de l’eucharistie.
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13. Le thème du rassemblement se trouve tant dans le chapitre 9 (avant le repas) que
dans le chapitre 10 (après le repas) : « Comme ce pain rompu, disséminé sur les montagnes,
a été rassemblé pour être un, que ton Église soit rassemblée de la même manière des
extrémités de la terre dans ton royaume » (Did. 9, 4). La prière à la fin du repas, est comme
une birkat ha-mazon chrétienne, et l’on dit : « Souviens-toi, Seigneur, de ton Église, pour
la délivrer de tout mal et la parfaire (Did. 16, 2 ; 1Jn 2, 5 ; 1Clem. 50, 3) dans ton amour. Et
rassemble-la des quatre vents, cette Église sanctifiée, dans ton royaume que tu lui as
préparé » (Did. 10, 5). L’intercession du chapitre 10 est la source de l’intercession du
chapitre 9, où on a développé le thème du rassemblement, qui a été transformé dans le
rassemblement dans l’unité.
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14. A. HÄNGGI et I. PAHL, (ed.), Prex eucharistica. Textus e variis liturgiis antiquioribus
selecti, Fribourg, Éditions universitaires – Fribourg, Suisse, coll. « Spicilegium fribur-
gense », 12, 1968, p. 80.
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les trois anaphores qui portent son nom. Je ne peux pas faire l’histoire
15. Texte français établi par B. BOTTE, (éd.), La Tradition apostolique de saint Hippolyte.
Essai de reconstitution, Münster Westfalen, Aschendorffsche Verlagsbuchhandlung,
Liturgiewissenschaftliche Quellen und Forschungen 39, 1963 (5 verbesserte Auflage heraus-
gegeben von A. Gerhards unter Mitarbeit von S. Felbecker, Münster Westfalen 1989), p. 17.
16. Ibidem.
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17. A. HÄNGGI et I. PAHL, (ed.), Prex eucharistica. Textus e variis liturgiis antiquioribus
selecti, Fribourg, Éditions universitaires – Fribourg, Suisse, coll. « Spicilegium fribur-
gense », 12, 1968, p. 226.
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21. In Iohannis euangelium tractatus, Tract. 26, 18 (R. WILLEMS (ed.), Augustinus
Hipponensis. In Iohannis evangelium Tractatus, Brepols, Turnhout, coll. « Corpus
Christianorum. Series latina », 36, 1954, p. 268). Voici une traduction française : « Enfin, il
indique comment peut se faire ce qu’il dit et ce que c’est que manger son corps et boire son
sang. “Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et je demeure en lui”.
Prendre cette nourriture et boire ce breuvage n’est donc autre chose que demeurer dans le
Christ et le posséder en soi-même à titre permanent. Par là même, et sans aucun doute, quand
on ne demeure pas dans le Christ, et qu’on ne lui sert point d’habitation, on ne mange point
(spirituellement) sa chair, et on ne boit pas non plus son sang, quoiqu’on tienne d’une manière
matérielle et visible sous sa dent le sacrement du corps et du sang du Sauveur ; bien plus, en
recevant le signe sensible d’une si précieuse chose, il le mange et boit pour sa condamnation,
parce qu’il n’a pas craint de s’approcher des sacrements du Christ avec une âme souillée.
Celui-là seul, en effet, s’en approche dignement, qui le fait avec une conscience pure, suivant
cette parole de l’Evangile : “Bienheureux ceux qui ont le coeur pur, parce qu’ils verront
Dieu” » (http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/augustin/jean/tr21-30/tr26.htm).
22. Ibidem.
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23. De proditione Judae 1 : « V∑◊…∑ zdƒ «υ¥√≥Äκ|§ …d» {§`μ∑ß`» å¥Ëμ, κ`® √∑§|±
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…d» ‹υ¤d» a≥≥ç≥`§» …Ù …ï» azc√ä» «υμ{Ä«¥È «υμc√…∑μ…|» » (PG 49, 382, 25). Voir
aussi : De proditione Judae 2 (PG 49, 392).
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entre elles car elles participent du même Corps du Christ, qui est unique.
Et alors, la différence ? Elles sont différentes étant donné qu’il s’agit de
deux différents niveaux ou degrés de participation. Participation ontolo-
gique, il va sans dire.
Bien qu’elle le soit par participation, l’Église est vraiment le Corps du
Christ, comme l’eucharistie. Mais comme celle-ci atteint un niveau ontolo-
gique plus élevé, il s’ensuit qu’il est nécessaire que l’Église se nourrisse de
l’eucharistie pour être transformée, de plus en plus, en Corps du Christ. Par
le baptême, le fidèle est devenu membre de l’Église, il appartient donc au
Corps du Christ, qui est l’Église. Le fidèle participe donc déjà du Corps du
Christ qu’il recevra dans la communion : et, par la communion, il le doit
devenir davantage.
Voici l’argument d’Augustin. Pour expliquer ce qu’est le Corps du
Christ posé sur l’autel et distribué aux fidèles, il recourt à 1 Co 12, 27.
Avec cette citation, il passe du pain eucharistique, sacrement du Corps du
Christ, à l’Église qui, elle aussi, est le Corps du Christ. Augustin peut donc
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24. « Quia passus est pro nobis, commendavit nobis in isto Sacramento corpus et
sanguinem suum ; quod etiam fecit et nos ipsos. Nam et nos corpus ipsius facti sumus, et
per misericordiam ipsius quod accipimus, nos sumus » (Sermon 229 ; PL 38, col. 1103). Et
encore : « Corpus ergo Christi si vis intelligere, Apostolum audi dicentem fidelibus “Vos
autem estis corpus Christi, et membra” (1Cor. 12, 27). Si ergo vos estis corpus Christi et
membra, mysrerium vestrum in mensa dominica positum est : mysterium vestrum accipitis.
Ad id quod estis, “Amen” respondetis, et respondendo subscribitis » (Sermon 272 ; PL 38,
col. 1246-1247).
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cohérente, n’est pas moins surprenante. Pour ceux qui ne connaissent pas
les études du père Lonergan, il faut remarquer les deux principes qui l’ont
toujours accompagné. 1) Vetera novis augere et perficere, d’après le
programme de Léon XIII25, c’est-à-dire que les nouvelles connaissances
sont à ajouter aux connaissances des époques précédentes et, donc, qu’on
doit toujours garder la continuité. 2) La fidélité à la lettre encyclique
Humani generis, de Pie XII, qui a justement soutenu la nécessité de l’étude
des Sources ; autrement, la théologie se fermerait sur elle-même et elle
deviendrait aride, et ne produirait pas de fruits : « docemur quod, sacrorum
fontium studio sacrae disciplinae semper iuvenescunt ; dum contra
speculatio, quae ulteriorem sacri depositi inquisitionem neglegit, ut
experiundo novimus, sterilis evadit. »26
25. Littera encyclica Aeterni Patris (Acta Sanctae Sedis, 12, 1879, p. 97-115).
26. « Humani generis » (Acta Apostolicae Sedis, 42, 1950 p. 568).
27. B. J. F. LONERGAN, Verbum : Word and idea in Aquinas, Toronto, University of
Toronto Press, Collected Works of Bernard Lonergan 2, 1997, 2nd. edition by Frederick
E. Crowe and Robert M. Doran (éd. française : La notion de verbe dans les écrits de saint
Thomas d’Aquin, Paris, Beauchesne, 1966).
28. J. B. F. LONERGAN, A Second Collection: Papers by Bernard J. F. Lonergan, edited by
William F. J. Ryan and Bernard J. Tyrrell, London, Darton, Longman & Todd, 1974;
Westminster, Philadelphia, 1975; reprinted Toronto, University of Toronto Press, 1996, p. 197.
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32. « Quod autem in Christo factum est, legem facit generalem pro membris suis : quos
praescivit, et praedestinavit conformes fieri imaginis Filii sui, Rom 8, 29 ; et si compatimur
ut et conglorificemur. Rom 8. 17. Unde lex crucis nobis inculcatur tum praeceptis tum
exemplis secundum totam suam generalitatem, ut omne malum, in rebus humanis et
voluntariis tamquam peccati paena habeatur (Summa theologiae, I, q. 48, a. 5) » (J. F. B.
LONERGAN, De Verbo Incarnato, Romae, Editio secunda, Ad usum auditorum, Apud aedes
Universitatis Gregorianae, 1961, p. 506).
33. « Intelligentia quae quaeritur non est vel mera non-repugnantia vel necessitas
absoluta vel necessitas conditionata sed positiva illa convenientia quae de facto in revelatis
et traditis invenitur » (Ibidem, p. 503).
34. « Summum quoddam bonum in quod convertuntur mala humana est Christus totus,
caput et membra, tum hac in vita tum in vita futura, secundum omnes eorum determina-
tiones et relationes concretas » (Ibidem, p. 503).
35. F. E. CROWE, Christ in History. The Christology of Bernard Lonergan from 1935 to
1982, Toronto, Novalis, 2005, p. 172.
36. À mon avis, c’est pour souligner davantage que le rapport entre les membres et la
tête donne lieu à un Corps unique qui mérite bien le nom de « Christ », tandis que l’autre
locution pourrait désigner – dans une mauvaise interprétation, bien sûr – le Corps dont le
Christ est la tête et, par conséquent, elle pourrait désigner la distinction plutôt que l’unité
du Christ avec son Corps qui est l’Église. Mais je ne voudrais pas insister sur cette impres-
sion que j’ai eue devant la locution « Christus totus » peu après la promulgation de l’ency-
clique Mystici corporis (1943).
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37. « Bona per participationem dividuntur in bona particularia (hoc est huic bonum)
et bonum ordinis (ipsam complexionem potentiarum, habituum, relationum interpersona-
lium, ordinationum, cooperationum, quibus fiunt bona particularia) » (Ibidem, p. 503).
38. « Praeterea, finis intrinsecus ita est ordo universi, ut ipse ordo sit personarum in
communicatione boni divini, ut hic ordo efficiatur per sapientiam apprehensionis (sapientis
enim est ordinare) et per caritatem voluntatis, ut denique sapientia huius apprehensionis
hac in vita sit per fidem sed in vita futura per visionem Dei » (Ibidem, p. 516).
39. Ibidem, p. 506.
40. Ibidem, p. 538.
41. « Forma proinde in oeconomia salutis est Christus totus, caput et membra. Nam in
Christo toto perspiciuntur tum triplex illa communicatio ipsius boni divini, tum ille ordo
qui est personarum in eommunicatione boni divini et qui efficitur per sapientiam apprehen-
sionis et caritatem voluntatis sive secundum stadium huius vitae sive secundum stadium
vitae futurae » (Ibidem, p. 517).
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redimenda, non sane tamquam in materia inerti vel mere biologica vel
tantummodo sensitiva, sed tamquam in materia rationali quae addiscere et
credere debet, quae ex caritate libenter Christo consentit, in Christo vivit,
per Christum operatur, cum Christo consociatur, ut Christo morienti et
resurgenti assimiletur atque conformetur. »42 Il y a, en outre, une dernière
conclusion de Bernard Lonergan, à propos de la manière de produire la
forme de la rédemption43 dans les hommes ; cette forme est produite à
partir de la nature rationnelle des hommes, qui exige qu’ils imitent la « loi
de la croix » dans leur vie dans la foi.
Mais cette doctrine, si riche et en mesure de renouveler la christologie,
n’est pas encore arrivée à son but. Le père Lonergan, en effet, dira encore
quelque chose sur le sujet, d’une manière très intéressante pour nous, à
propos des quatre causes de la rédemption.
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46. « To understand men and their institutions we have to study their history. For it is
in history that man’s making of man occurs, that it progresses and regresses, that through
such changes there may be discerned a certain unity in an otherwise disconcerting multipli-
city » (B. J. F. LONERGAN, A Third Collection : Papers by Bernard J. F. Lonergan, edited by
Frederick E. Crowe, New York - London, Paulist Press, Geoffrey Chapman, 1985, p. 171).
47. « The intellegibility proper to to developing doctrines is the intelligibility immanent
in historical process » (B. J. F. LONERGAN, Method in Theology, Darton - New York,
Longman & Todd - Herder and Herder, 1972 (2nd ed. 1973), p. 319).
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Conclusion
Pour terminer il ne me faut qu’établir une comparaison entre les
données tirées de la christologie de Bernard Lonergan et les effets de
l’eucharistie que nous venons d’exposer dans la première partie de cet
exposé. Il s’agit d’enrichir notre connaissance de l’eucharistie par les
données de la christologie d’un grand savant tel que Bernard Lonergan.
D’abord il faut répéter que l’eucharistie est une nourriture spirituelle,
c’est-à-dire qu’elle doit rassasier l’esprit des hommes, qui est le lieu de
toutes sortes d’idées, de sentiments, de désirs, de projets, c’est-à-dire du
monde intérieur de l’homme. Et c’est dans ce domaine qu’on doit placer
l’efficacité de l’eucharistie. Mais cela n’est pas réducteur car, en effet, les
idées ont toujours des conséquences : elles sont puissantes et elles peuvent
changer le monde.
Nous avons déjà vu que l’histoire de l’épiclèse nous a donné des rensei-
gnements sur les fruits et les effets de l’eucharistie : dans les épiclèses des
différentes traditions, il y a une liste plus ou moins courte des principaux
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51. « Quae comparatio non tantum analogia quaedam est, cum in Deo non aliud sit
intelligere et velle et aliud sit esse. Sed illa sola intercedit differentia quod, cum Deus de
aliis intelligat et velit, per intelligere et velle suum alia producit, sed cum Deus de se ipso
intelligat et velit, per intelligereet velle et esse suum est quod de se intelligat et velit »
(J. F. B. LONERGAN, De constitutione Christi ontologica et psycologica supplementum
confecit Bernardus Lonergan, Romae, Ad usum auditorum, Apud aedes Universitatis
Gregorianae, editio tertia (anastatica), 1961, p. 74s.).
52. « Iam vero omne quod contingenter verum est de Deo vel de persona divina,
adaequationem veritatis non habet nisi ponitur terminus quidam ad extra creatus, contin-
gens eonveniens. Non enim habetur verum contingens nisi habetur ens contingens ; et ipse
Deus nullo modo est entitative contingens » (Ibidem). Et encore, d’une manière plus
étendue : « … Sicut enim Deus contingentia esse scit per scientiam suam et non per
terminum ad extra, qui tamen requiritur, sicut Deus contingentia esse vult per suam
volitionem et non per terminum ad extra, qui tamen requiritur, sicut Deus contingentia esse
facit per suam omnipotentiam et non per terminum ad extra, qui tamen requiritur, ita etiam
Filius est omne quod est per proprium suum esse divinum et non per terminum ad extra, qui
tamen omnino requiritur et Spiritus sanctus mittitur per id quod ipse Spiritus sanctus est et
non per terminum ad extra, qui tamen omnino requiritur » (J. F. B. LONERGAN, Divinarum
Personarum conceptionem analogicam evolvit Bernardus Lonergan, Romae, Ad usum
auditorum, Apud aedes Universitatis Gregorianae, editio altera, 1959, p. 208).
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53. Ce que nous avons fait dans cet essai n’est rien d’autre qu’une manière différente
de parler de la participation active, qui est tributaire de la Sacrosanctum Concilium.
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