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LES ORGANISATIONS
INNOVANTES
ORIENTÉES PRODUIT
Comment les organisations mettent l'utilisateur au cœur
de leur développement produit
MBA Marketing Digital et Commerce sur Internet
Thèse Professionnelle de :
Maxime Nahon
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
Introduction
L’auteur
Je suis Maxime Nahon, je suis product manager et j’ai suivi le MBA
MCI, formation en marketing digital à l’Institut Léonard de Vinci
(ILV) en 2019-2020.
@maximenahon
/in/maximenahon
maxime.nahon@gmail.com
maximenahon.com
1
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
Introduction
Sommaire
Introduction 11
3 - L’équipe produit 28
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
Introduction
4.2 - ProductOps 56
5 - Le management produit 60
1 - La vision produit 78
3 - La roadmap produit 90
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
Introduction
3.4 - Le Design Sprint : trouver une idée et valider un prototype en 5 jours 148
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
Introduction
2.3 - Un changement humain : des équipes avec les bonnes personnes 225
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
Introduction
1 - Livres 242
6 - Interviews 257
6
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
Introduction
Introduction
Le product management est une discipline relativement récente en France, mais déjà
ancienne aux USA même dans sa forme moderne. En 1997, Ben Horowitz, alors VP chez
Netscape, écrit un article sur le rôle du Product Manager en tant que CEO de son
produit1. Marty Cagan, qui était également VP chez Netscape en même temps que
Horowitz, publie en 2008 Inspired, depuis considéré comme beaucoup comme la bible
du product management.
En France, en 2013, l’association “We Do Product Management” (WDPM) est créée2 par
Sébastien Sacard, un ancien de Yahoo!, et quelques partenaires afin d’organiser des
meet-ups événements autour du produit et diffuser les bonnes pratiques,
essentiellement autour des startups françaises de l’époque (Viadeo, Blablacar, Leetchi,
Deezer, Molotov…). Un an plus tard, une première agence de conseil spécialisée en
product management est créée, Thiga, qui lance son blog et un premier livre blanc.
Depuis la communauté a grandi, la plupart des startups et scale-ups tech qui ont du
succès ont mis en place une organisation produit. Les entreprises réalisent que
l’innovation et la transformation digitale doivent maintenant mettre le client au cœur de
leurs préoccupations, et de plus en plus d’entre elles mettent en place une direction
produit, avec plus ou moins de succès.
Mais qu’est-ce qu’un produit ? En product management, il est défini comme étant le
moyen par lequel une organisation crée de valeur pour le client ou l’utilisateur. Un
produit délivre de la valeur au client de façon continue et répétée, sans que
l’organisation qui crée le produit n’ait à construire quelque chose de nouveau à chaque
fois. Les théories du product management concernent en premier lieu des produits
incluant une composante tech forte : un objet tangible, hardware, comme un
smartphone, un drone ou une station météo connectée, un produit virtuel, software,
comme Microsoft Word, Candy Crush, ContentSquare ou Slack, ou encore un service
“productisé”, comme Veepee, Deliveroo, Blablacar, Alan, Doctolib, OVH, Deezer ou
OuiSNCF, les services e-commerce de Carrefour, les services en ligne du Crédit Agricole
ou le service en-ligne des impôts.
1
HOROWITZ, Ben. Good Product Manager/Bad Product Manager. Andreessen Horowitz.
https://a16z.com/2012/06/15/good-product-managerbad-product-manager/
2
SACARD, Sébastien. L'avénement du Product Management en France. LinkedIn : 9 avril 2015.
https://www.linkedin.com/pulse/bye-wdpm-s%C3%A9bastien-sacard/
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
Introduction
Une organisation produit est une entreprise, une association ou une administration, qui
organise tout ou partie de son activité autour de la création de produits numériques en
mettant le client au cœur des préoccupations. Une organisation produit définit une
vision à long terme pour ses produits et une stratégie pour atteindre cette vision, et
priorise les initiatives les plus efficaces pour atteindre ces objectifs en délivrant cette
valeur client. La plupart de ces organisations ont mis en place une direction produit à
part entière, généralement dirigée par un CPO ou un VP Product.
Le product management est une discipline importée des USA par les startups
françaises. Le terme “product management” ne se traduit pas par “gestion produit”. Le
product manager n’est que très rarement appelé responsable produit. Le jargon propre
au product management est très largement anglais, et j’utiliserai donc de nombreux
termes anglais difficilement traduisibles en français pour représenter le même concept.
J’essaierai d’expliquer tout au long de cette thèse ces anglicismes.
Alors, pourquoi une thèse sur le product management ? Je vais vous raconter mon
expérience, vous pouvez passer cette partie si elle ne vous intéresse pas !
Quelques années plus tard, le management nous a imposé une migration technique du
projet vers une nouvelle version majeure du logiciel utilisé pour notre plateforme avec
un nouveau prestataire. L’objectif était de migrer iso-fonctionnalités, simplement en
adaptant certaines d’entre elles aux évolutions du logiciel. La faute à de nombreux
développements spécifiques lors du projet initial, la migration a duré 9 mois, et a
nécessité un budget démentiel pour une valeur business proche du néant. Le
management IT était probablement content de pouvoir cocher la case “version logicielle
à jour”.
Un peu plus tard, nous avons expérimenté une première approche agile de la gestion
de projet, avec un périmètre fonctionnel peu détaillé au départ et la possibilité de
changer d’options, tant que la charge de travail pour les développeurs était la même.
Projet, business et développeurs avons travaillé main dans la main pendant plusieurs
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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mois, pour au final livrer une nouvelle fonctionnalité assez éloignée, et améliorée de
notre point de vue, par rapport à ce qui était prévu au départ. Nous étions contents de
ce succès. Sauf qu’après quelques mois, nous avons dû constater que la fonctionnalité
avait été utilisée par moins d’une dizaine de personnes…
Encore quelques années, et à nouveau projet de refonte de nos sites web, parce que les
performances techniques du système en place sont déplorables et que nous sommes
incapables de les résoudre : nouveau prestataire, nouvelles interfaces, toujours le
même business et les mêmes “besoins”. J’ai obtenu de réaliser ce projet en utilisant la
“méthode agile”, en l'occurrence Scrum, pratiquement une première dans notre
organisation. Au départ tout allait bien : user stories créées et estimées en impliquant le
business, développement en sprints… et puis catastrophe : la qualité des
développements n’est pas là, l’équipe prend du retard par rapport à un planning très
serré validé en début de projet… Au final, le projet met 15 mois à être livré au lieu de 6,
et le budget est multiplié par trois (on parle de budget à 7 chiffres). Au cours du projet,
je suis nommé product owner, mais j’ai l’impression de ne rien “owner” du tout.
J’exécute le même périmètre fonctionnel que 7 ans auparavant, avec des interfaces et
des options différentes sur lesquelles j’ai la main, mais toujours avec l’impression
d’avancer à l’aveugle.
Année suivante, nouveau projet : une agence UX pilotée par le marketing est engagée
pour refondre l’expérience client sur une partie vue comme critique de nos sites web.
Après un benchmark concurrentiel et quelques interviews de stakeholders en interne,
l’agence propose un nouveau design pour cette section, discuté, amendé et validé par
ces mêmes stakeholders. Charge à l’équipe projet, donc l’agence de développement et
moi-même, de mettre en place cette nouvelle expérience. Problème, une bonne partie
de cette expérience nécessite de diffuser en ligne des données internes indisponibles.
Les systèmes data étant très peu flexibles, impossible de les obtenir rapidement. Nous
créons donc un “MVP”, en fait un produit final débarrassé de tout ce qui était impossible
techniquement, déconnecté de l’expérience proposée initialement, et des besoins
utilisateurs que personne ne connaît. Nouveau projet en scrum, avec un périmètre
défini dès le départ. Lors d’un atelier de deux jours, les développeurs fournissent une
estimation de la charge de travail et du temps nécessaire pour livrer le projet sur la
base de maquettes InVision non finalisées et de user stories tenant sur un post-it.
Estimation qui devient dans l’esprit des dirigeants une date ferme sur une roadmap.
Bien sûr, en précisant les user stories et en finalisant les design, l’estimation est
devenue incorrecte, et des conflits ont rapidement éclaté entre le business, le
management IT et le prestataire. Les développeurs ont dû travailler soir et weekend
pour parvenir à livrer dans les temps une roadmap renégociée… pour qu’au final le
business décide qu’il fallait améliorer certaines fonctionnalités, et que le livrable ne soit
finalement mis en production que 5 mois plus tard.
Je passe rapidement sur le projet de créer un espace dédié pour certains clients grands
comptes, fonctionnalité dont l’expérience a été totalement remaniée après la livraison
du projet, pour ne finalement jamais être utilisée. Le projet a depuis été reconduit sur
une autre plateforme.
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Introduction
Pendant toutes ces années, plusieurs facteurs communs ont été responsables, selon
moi, de ce que je considère comme des échecs d’un point de vue résultat pour
l’entreprise. J’ai personnellement toujours reçu de très bons feedbacks de mon
management, considérant mon travail comme un succès chaque année, mais je ne
peux m’empêcher de penser que mon travail ne servait pas à grand-chose.
D’abord une pression constante du management et du business sur les délais. A chaque
début de projet il fallait estimer assez précisément quand les livrables attendus allaient
pouvoir être mis en production, et à pratiquement à chaque fois ces délais n’étaient pas
tenus. Pourtant, il n’y a jamais eu de contraintes externes justifiant ces dates : pas
d'événement extérieur pour lequel le projet devait être livré, pas de contrainte
réglementaire, pas d’opportunité business particulière…
Ensuite, une bureaucratie et des processus lourds pour que le management contrôle le
respect du budget et la qualité technique des livrables. Par exemple, chaque été nous
devions saisir des prévisions budgétaires précises dans un outil inepte de gestion de
projet, afin que le management ait une vision d’ensemble de la consommation du
budget et puisse procéder à des arbitrages et des réallocations. Ces prévisions sont le
plus souvent faites au “doigt mouillé”, et les équipes se retrouvent généralement en fin
d’année à dépenser inutilement du budget prévu en trop, ou à “bidouiller” entre les
projets pour affecter des dépenses d’un projet sur la ligne budgétaire d’un autre. Ou
des bugs urgents corrigés en quelques heures mais livrés en production après plusieurs
jours parce qu’un comité doit valider toutes les mises en production à l’avance.
Enfin et surtout, l’absence totale d’objectifs business dans tous ces projets. Les projets
ont toujours été “refondre la plateforme de sites web”, “faire une migration technique”,
“lancer un extranet”, “améliorer l’expérience client des fiches produit”, et toujours
justifiés par des problèmes internes (la solution précédente est trop coûteuse, pas
maintenable, son UX est vieillissante). Jamais “augmenter le nombre de leads générés
par nos canaux digitaux” ou ‘augmenter la notoriété de notre marque sur telle cible”. Et
encore moins des KPI permettant de mesurer le succès de ces objectifs business. Après
10 ans passés à travailler sur nos sites web, je n’ai toujours pas vraiment compris quelle
est leur raison d’être pour l’entreprise, ou en tout cas je suis sûr que ce que je
comprends n’est pas aligné avec ce que pensent les différentes parties-prenantes. Pas
une seule fois non plus de vrais clients ont été consultés pour vraiment déterminer
quelles étaient leurs attentes vis-à-vis de notre produit. Au mieux, des parties-prenantes
en contact avec le business ont été consultées pour exprimer ce qu’elles pensent que
les clients veulent. Je n’ai jamais eu l’opportunité de rencontrer un client.
Au hasard de mes recherches sur mon nouveau métier de product owner, j’ai eu
l’opportunité d’assister à la Product Conf de 20183. Cette expérience a été une
révélation. J’ai été passionné par l’explication de Christopher Parola sur le pilotage par
l’impact de MeilleursAgents, celle de Léa Mendes sur l’expérience produit chez Everoad,
l’intervention de Yaroslav Stepanenko sur les métriques north star et l’utilisation du
framework AARRR ou encore la création d’un playbook produit chez Blablacar. J’ai
compris comment les entreprises innovantes faisaient pour délivrer et créer des
3
La Product Conf - LPC & LPCx. La Product Conf Paris 2018. Youtube : 2 juin 2018.
https://www.youtube.com/playlist?list=PLBaIQg089w72LX0O5jJ-r8OeEHR6ZIvHR
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produits efficaces, créant une valeur certaine pour le business et pour leurs clients, avec
des budgets souvent bien moins importants que ceux que mon entreprise pouvaient
engager.
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
Introduction
Résumé
Le product management est une fonction omniprésente dans les organisations aux
USA, mais encore récente en France. C’est une discipline à l’intersection entre le
business, le design et la tech, qui met l’utilisateur au centre du développement de
produits digitaux. Une organisation produit met la création de valeur pour le client et
pour le business au cœur des préoccupations, les outcomes, à l’inverse des processus
traditionnels qui visent à délivrer des logiciels et des fonctionnalités, les outputs. La
démarche produit vise à atténuer quatre types de risque le plus tôt possible dans le
processus de développement du produit :
Le développement d’un produit digital peut être divisé en deux phases : le discovery et le
delivery. Ces deux phases sont en réalité entremêlées et itératives.
Le discovery est une démarche inspirée des démarches Design Thinking et Lean Startup.
Pendant le discovery, le product manager et son équipe cherchent à connaître
l’utilisateur et à identifier ses problèmes. Ils trouvent des idées pour résoudre ces
problèmes et formulent des hypothèses qu’ils testent auprès des utilisateurs grâce à la
création de prototypes, pour recueillir de la connaissance client et trouver des solutions
qui fonctionnent avant de commencer des développements lourds et coûteux.
Une fois les hypothèses validées, la phase de création du produit proprement dite
commence : le delivery. Le product manager travaille à la réalisation du produit avec son
équipe de développement grâce à des pratiques agiles. Le produit est livré au client
grâce à une démarche DevOps de déploiement continu.
Le product management est une des clés du succès des startups qui délivrent de la
valeur grâce à des produits digitaux, et une étape obligatoire pour toutes les
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
Introduction
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
Introduction
Summary
Product management department is present in almost every large organization in the
USA, but still pretty recent in France. This function is the intersection between Business,
Design and Tech and puts the user at the centre of digital product development
processes. Unlike traditional companies who focus on delivering outputs, software and
features, product management organizations focus on delivery outcomes, business and
customer value. Product management aims at mitigating four types of risk as early as
possible in the product development process:
● Value risk: will the product create value for our customer?
● Usability risk: will the client understand the product?
● Feasibility risk: will the team be able to develop the product with available
resources?
● Business viability risk: will the product create some business value in line with
the organization’s business model?
In this kind of organization, executive management defines the long-term product vision
as well as strategic objectives to reach the vision, using OKRs for instance. Product
manager’s duty is to find the best way to achieve those objectives.
The development of a product can be split in two phases: discovery and delivery. Both
phases are actually intertwined and iteratives.
Discovery is based on Design Thinking and Lean Startup mindsets. During the discovery
phase, the product manager and their team learn about users and their problems. They
make assumptions on what could create value for the customer, and test those
assumptions using prototypes, in order to gather validated learnings. The aim is to find
solutions that work before starting heaving and costly software developments.
Once assumptions have been validated starts the delivery phase. The product manager
works with the engineers to create the actual product with agile software development
practices. The product is eventually delivered to clients using DevOps and continuous
deployment approaches.
Product Management is a key success factor for innovative startups that deliver value
using digital products. It is also a mandatory step for corporate companies that realize
innovation and digital transformation must be customer-centric.
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
Introduction
Remerciements
Merci à Alexandre Jubien, pour son cours inspirant, ses conseils et toutes les
suggestions de personnes product-oriented à contacter dans le cadre de ma thèse.
Merci à Alix Boulnois Lombard, Alexia Boulot, Marion Darnet, Silvère Duval, Kathleen
Marie-Joseph, Clarisse Moussie, Matthieu Pecheul, Marie Petit, Gabriel Soares,
Alexandre Takacs et Aurélie Vallée pour le temps qu’ils ont bien voulu m’accorder, pour
ces partages qui n’ont ouvert de nouvelles perspectives pour rédiger ma thèse.
Un énorme merci à la promo #MBAMCI part time 2020. Vous me manquez les cousins !
Vivement que nous fêtions ça.
Un gros merci à Alban Jarry, qui m’a motivé et donné les moyens de suivre cette année
de cours au MBAMCI, et qui a accepté que je m’échappe une semaine par mois du
bureau ! J’espère que ton prochain challenge professionnel sera à la hauteur de tes
ambitions.
Enfin et surtout, un énorme merci à Sabine, pour m’avoir supporté pendant ces 12 mois
(et surtout ces dernières semaines !), pour m’avoir aidé, relu, corrigé, soutenu,
encouragé, dégagé du temps, permis de souffler et donné du bonheur. Je t’aime !
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
Introduction
Recommandations synthétisées
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations product dans la transformation des entreprises Maxime Nahon
I - Qu’est-ce que le product management ?
Partie I
Qu’est-ce que le
product
management ?
Quels sont les principes de cette discipline ? Qu’est-ce qu’elle change par rapport à la
façon traditionnelle de gérer des projets logiciels ? D’où vient-elle ?
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations product dans la transformation des entreprises Maxime Nahon
I - Qu’est-ce que le product management ?
1 - Pourquoi le Product
Management ?
1.1 - Ce qui ne fonctionne pas dans le modèle traditionnel
Lorsque les entreprises veulent développer ou faire évoluer un produit, qu’il soit
externe ou interne, elles suivent toutes plus ou moins le même modèle, que Marty
Cagan4 schématise ainsi :
1. Le management exécutif ou les départements business ont une idée. Cette idée
peut venir de leur propre inventivité, d’études de marché, d’une demande de
client spécifique, de la préconisation d’un cabinet de conseil… Il s’agit
généralement de la création ou de la modification d’un produit ou d’un process
de l’entreprise, par exemple “mise en place d’un CRM”, “refonte du site web”,
“ajout de la fonctionnalité X au produit”, “automatisation du process Y”...
2. Ils matérialisent cette idée sous forme d’un business case, en déterminant son
coût de mise en place estimé, et les bénéfices (financiers ou autres) attendus. Ce
business case permet de définir une valeur business.
3. Ils planifient ensuite cette idée sous forme de projet dans une roadmap,
priorisée dans le temps en fonction de la valeur business. Dans beaucoup
d’organisations, il s’agit d’un cycle annuel : en fin d’année, le management choisit
les idées qui seront mises en place l’année suivante.
4. Lorsque la date de démarrage du projet arrive, les équipes produit (souvent au
sein de la DSI) s’emparent du sujet. Le product manager (souvent appelé chef de
projet) mène quelques études préalables et définit les spécifications
(requirements) du projet.
4
CAGAN, Marty. Inspired. p16
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations product dans la transformation des entreprises Maxime Nahon
I - Qu’est-ce que le product management ?
Qu’est ce qui ne va pas dans ce modèle ? D’abord, la plupart des idées à développer
sont imposées par le management et le business, soit parce qu’ils pensent savoir ce qui
va fonctionner, parce que quelqu’un (souvent un cabinet de conseil) leur a dit que ça
allait marcher, ou parce qu’un client particulier leur a demandé. Bien souvent, ces idées
ne sont pas liées à une vision, une stratégie cohérente, mais parce qu’elles répondent
à une opportunité ou un problème identifié à ce moment-là. Sans vision, sans stratégie
il n’est pas clair que ce problème vaille réellement la peine d’être traité, ou que
l’opportunité vaille la peine d’être prise.
Le business case est supposé définir le coût d’un projet, ses bénéfices attendus, et le
planning de mise en œuvre est donné par la roadmap. Pourtant au moment où le
business case est défini, il est impossible de vraiment savoir combien le projet coûtera
et en combien de temps il pourra être livré. Pour correctement définir ces informations,
il faut que les équipes produit puissent définir suffisamment de détails pour estimer la
charge de travail, ce qui prend du temps. Elles sont généralement peu impliquées dans
cette étape, et même si elles le sont, la solution n’est pas encore définie ! Les
prédictions sont donc souvent fournies avec la technique dite du “doigt mouillé”...
Les bénéfices également sont impossibles à estimer à ce stade. La plupart des idées ne
marchent pas. Entre 50% et 75% des idées sont des échecs. Alberto Savoia, ancien
Engineering Director chez Google notamment, estime que 90% des idées sont des
échecs5. Les raisons de l’échec sont diverses : le produit n’est pas utilisé (il ne répond
pas à un problème utilisateur, il est mal designé ou il est trop cher…), il n’est pas
réalisable, il n’est pas viable économiquement ou juridiquement, ou pas compatible
avec le business model de l’entreprise... Avec ce modèle, toutes les idées dont le
business case est validé vont jusqu’à la phase de build et de delivery, ou au mieux sont
arrêtées très tard dans le processus.
Dans le modèle traditionnel, les équipes produit arrivent bien trop tard dans le
processus. Elles ont plus ou moins de liberté pour peaufiner les détails, mais la solution
globale leur est imposée. Elles sont souvent très éloignées des utilisateurs finaux du
5
SAVOIA, Alberto. #1: The Law of Market Failure. 31 janvier 2019. [vidéo]
https://www.youtube.com/watch?v=74JNI6RSkME
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Les organisations product dans la transformation des entreprises Maxime Nahon
I - Qu’est-ce que le product management ?
produit, en particulier lorsqu’il s’agit d’un produit externe. Les équipes de réalisations
sont même rarement impliquées dans la définition des spécifications, se cantonnant à
développer ce qui est imposé par d'autres, sans profiter de leurs préconisations sur le
volet technique. Les membres de l’équipe produit agissent comme des mercenaires,
alors qu’ils devraient être des “missionnaires”, pour reprendre la formule de Marty
Cagan6 et trouver eux-mêmes la meilleure solution aux problèmes grâce au discovery.
Tout ceci mène à avoir une organisation centrée sur les d’outputs, “extrants”7 en
français, c’est à dire les livrables de l’organisation produits, autrement dit les
fonctionnalités, là où l’organisation devrait être centrée sur les outcomes,
c’est-à-dire le résultat de la production, la valeur directement produite par les efforts de
production. C’est ce que Melissa Perri appelle le Build Trap : le fait de toujours vouloir
développer de nouvelles fonctionnalités ou de nouveaux produits, en perdant de vue
l’objectif premier, à savoir résoudre un problème et apporter de la valeur au client
et au business.
L’illusion de l’agilité
De nombreuses grandes entreprises françaises ont entamé leur transformation digitale
en mettant en place une structure agile au sein de leur DSI. Dans beaucoup de cas,
l’agilité n’est qu’un slogan, un buzzword qu’il faut utiliser, comme big data ou
blockchain. Combien d’entreprises prétendent faire de l’agilité en sous-traitant le
développement logiciel à une ESN en mode forfaitaire ?
6
CAGAN, Marty. Missionaries vs. Mercenaries. 24 novembre 2015. Extrait de Inspired.
https://svpg.com/missionaries-vs-mercenaries/
7
OCDE. Glossaire des principaux termes relatifs à l’évaluation et la gestion axée sur les résultats.
http://www.oecd.org/derec/dacnetwork/35336188.pdf
8
Traduction personnelle : “La réalisation technique est la partie la plus facile du processus de
développement produit. Comprendre ce qu’il faut réaliser et comment le réaliser est la partie
difficile.”
PERRI, Melissa. The Build Trap. 5 août 2014. Extrait de Escaping the Build Trap.
https://melissaperri.com/blog/2014/08/05/the-build-trap
9
Manifeste pour le développement Agile de logiciels.
https://agilemanifesto.org/iso/fr/manifesto.html
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Les organisations product dans la transformation des entreprises Maxime Nahon
I - Qu’est-ce que le product management ?
Néanmoins ces méthodes et frameworks agiles, et le plus utilisé d’entre eux, Scrum, en
particulier, ne renseignent en rien sur la façon d’alimenter le backlog, c'est-à-dire de
concevoir les éléments qui seront traités par les équipes de réalisation. Elles
expliquent comment mieux délivrer, mais elles n’expliquent pas pourquoi.
Le product management moderne est une discipline qui vise à découvrir des problèmes
utilisateurs, définir les meilleures solutions à ces problèmes et faire réaliser cette
solution via la création ou l’évolution d’un produit numérique. L’objectif du product
management est donc de passer d’une logique stakeholder-driven (produit défini par les
parties prenantes internes) ou sales-driven (produit définir par les vendeurs, sur
demande de clients spécifiques, non scalable) à une logique centrée sur la résolution de
problèmes utilisateurs et la génération d’outcome.
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations product dans la transformation des entreprises Maxime Nahon
I - Qu’est-ce que le product management ?
Marty Cagan résume cette discipline dans le sous-titre de son ouvrage Inspired,
considérée par beaucoup comme la bible du product management :
De plus en plus, le product management est une fonction à part entière dans les
organisations, séparées des fonctions business (marketing, vente…) et de la fonction de
production (généralement la direction des systèmes d’information). En particulier chez
celles dont tout ou partie du business repose sur un produit ou service numérique
fourni à des utilisateurs finaux, qu’ils soient B2B ou B2C.
10
“Comment créer des produits numériques que les clients adorent.”
11
Mind the Product. https://www.mindtheproduct.com/
12
ERIKSON, Martin. What, exactly, is a Product Manager?. 5 octobre 2011.
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Les organisations product dans la transformation des entreprises Maxime Nahon
I - Qu’est-ce que le product management ?
Le nom “product management” fait la part belle au “produit”. Il ne faut pourtant pas s’y
tromper : Cette fonction met avant tout l’accent sur le client, l’utilisateur du produit, le
problème utilisateur auquel on souhaite répondre. Dans un second temps se pose la
question de la solution à apporter à ce problème, et donc du produit.
Damien Delautier, CPO chez Canal+ et ancien de Molotov et ING, explique l’importance
de se mettre d’accord sur la définition du product management13 :
Par exemple, l’industrie du taxi a été révolutionnée lors de l’arrivée sur le marché des
VTC et notamment de Uber. Le service fourni pour le consommateur est un transport
en véhicule avec chauffeur, d’un point A à un point B. Rien de directement numérique.
Néanmoins les grandes entreprises de taxi comme G7 n’ont eu d’autre choix que
d’améliorer drastiquement l’expérience client en proposant notamment un service
numérique permettant à leurs usagers de commander leur taxi en ligne facilement et à
tout moment, y compris au dernier moment, en choisissant les bonnes options et de
payer la course depuis leur smartphone. Le produit numérique est devenu un avantage
compétitif dans une industrie a priori peu digitale.
https://www.mindtheproduct.com/what-exactly-is-a-product-manager/
13
Product Therapy - REX sur la mise en place d'un framework Produit chez Canal + par Damien
Delautier. Wivoo. [vidéo] ttps://www.youtube.com/watch?v=jmXuvN2x4vM
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations product dans la transformation des entreprises Maxime Nahon
I - Qu’est-ce que le product management ?
Un autre effet de la démarche produit, et non des moindre, est d’éviter les déchets, ou
de les réduire le plus possible. En changeant la démarche, en mettant les problèmes de
l’utilisateur au centre dès la définition de la stratégie produit et dès sa conception,
l’organisation peut valider ses hypothèses avant de passer aux coûteuses phases de
développements. Elle permet d’adopter une véritable culture du fail fast learn fast, en
minimisant le coût des échecs et en maximisant l’apprentissage de ces échecs.
Le product management vise à casser les silos qui préexistaient, séparant d’un côté le
business donneur d’ordres, en charge de la définition des besoins liés au produit
(typiquement le marketing produit ou autres fonction business) et de l’autre les équipes
en charge de la réalisation du produit, en particulier au sein des directions IT. Dans le
modèle produit met au centre des équipes pluridisciplinaires regroupant un product
manager, garant de la valeur business et utilisateurs, et les équipes techniques.
● risque de valeur (value risk) : que le produit ne soit pas acheté par les clients, ou
pas utilisé par les utilisateurs.
● risque d’utilisabilité (usability risk) : que les utilisateurs ne comprennent pas
comment utiliser le produit, ou qu’ils s’en détournent par déplaisir.
● risque de faisabilité (feasibility risk) : que l’équipe de réalisation ne soit pas
capable de développer le produit de façon qualitative, dans un temps
raisonnable avec les ressources disponibles.
● risque de viabilité business (business viability) : que le produit ne permette pas
à l’organisation d’atteindre ses objectifs business, qu’un problème contractuel ou
juridique empêche de le sortir, que les coûts d’acquisition de nouveaux clients
soient trop élevés...
14
CAGAN, Marty. The Four Big Risks. 4 décembre 2017. https://svpg.com/four-big-risks/
24
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations product dans la transformation des entreprises Maxime Nahon
I - Qu’est-ce que le product management ?
Au même moment, l'industrie japonaise cherche à se transformer pour faire face à des
problèmes de flux de trésorerie. Taiichi Ohno et Eiji Toyoda inventent le système de
production Toyota basé sur les principes de kaizen15 (amélioration continue) et genchi
genbutsu16 (rechercher les sources d’un problème sur place, avec les acteurs concernés,
afin de prendre la meilleure décision). Une méthode de travail nouvelle apparaît
également : le Kanban, un système de planification qui permet de contrôler chaque
étape du système de production tout en limitant le nombre de tâches en cours, évitant
ainsi les ruptures de production.
15
FERNANDEZ, Alain. Le Kaizen et l'amélioration continue. 08 juillet 2019.
https://www.piloter.org/qualite/kaizen.htm
16
FINK, Mike. Genchi Genbutsu : Le Principe Japonais pour mieux résoudre les problèmes. 15
novembre 2019 [vidéo] https://www.youtube.com/watch?v=9t5HDIgYBes
25
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations product dans la transformation des entreprises Maxime Nahon
I - Qu’est-ce que le product management ?
aspirations des consommateurs. Le marketing était alors centré sur les 4 P de Jerome
McCarthy popularisés par Philip Kotler : le bon produit, à la bonne place, au bon prix, en
utilisant la bonne promotion. Le rôle de chef de produit se résumait néanmoins à une
activité marketing, sans influence sur le développement effectif du produit lui-même.
Les développeurs pouvaient dès lors se concentrer sur la valeur client de leur
production, et les product managers sur la définition de cette valeur client. Avec ces
méthodes les product managers peuvent prendre en compte le feedback client plus
rapidement et ajuster les orientations de développement tout au long du cycle de vie du
17
CUNNINGHAM Ward. Manifeste pour le développement Agile de logiciels. 2001.
https://agilemanifesto.org/iso/fr/manifesto.html
26
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations product dans la transformation des entreprises Maxime Nahon
I - Qu’est-ce que le product management ?
Suite à l’avènement des méthodes de développement « agile » au sein des DSI, on voit
également apparaître des postes de product management dans des entreprises
traditionnelles. Ces postes tendent souvent à remplacer les postes de chef de projet et
de directeur de projet, non sans poser quelques problèmes.
27
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations product dans la transformation des entreprises Maxime Nahon
I - Qu’est-ce que le product management ?
3 - L’équipe produit
L’équipe produit, souvent appelée squad, est l’unité de base d’une organisation produit.
Il s’agit d’une équipe transdisciplinaire et autonome dans la réalisation d’un produit, ou
d’une partie du produit qui lui est assignée lors que l’organisation est dotée de plusieurs
équipes.
La base d’une équipe produit est ce que Airbnb appelle la “triforce”18 : le product
management, le design et la technique (engineering en anglais).
Chaque équipe produit est dotée d’un product manager, qui pilote le travail de la squad,
sans être un manager hiérarchique. Le product manager est essentiellement chargé de
gérer les risques de viabilité business et de valeur. Chaque squad est doté d’un unique
product manager, même si certains comme MeilleursAgents ont expérimenté des
squads à 2 PM, leur permettant de tourner entre discovery et delivery19.
Enfin le troisième pilier de l’équipe produit est l’équipe de réalisation en elle-même, qui
va donner vie au produit : développeurs back-end et front-end, testeurs, architectes
solution et tout autre profil nécessaire à la réalisation technique du produit, en fonction
des besoins de l’équipe. Ils sont chargés de gérer le risque de faisabilité du produit.
D’autres types de profils peuvent être ajoutés à l’équipe en fonction des besoins :
business analyst, data analyst ou data scientist en charge notamment de faire parler les
data relatives au produit pour permettre son amélioration, product marketing manager
en charge de l’acquisition et du go-to market, experts métiers, scrum master…
18
Alex Schleifer: a mission to belong anywhere. Design Better : 20 août 2017 [podcast]
https://www.designbetter.co/podcast/alex-schleifer/
19
PAROLA, Christopher. Deux Product Managers par Impact Team. 24 décembre 2019.
https://medium.com/meilleursagents-engineering/deux-products-managers-par-impact-team-26
4aacd74a91
28
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations product dans la transformation des entreprises Maxime Nahon
I - Qu’est-ce que le product management ?
Néanmoins ils forment une équipe stable sur une ou plusieurs années pour parvenir à
faire naître une alchimie entre les membres. Les membres de l’équipe partagent les
mêmes objectifs de livraison de valeur utilisateurs et business sur un produit ou une
partie de produit donnée. Idéalement, cela signifie que les membres d’une équipe
produit partagent tous une base commune d’objectifs individuels, quel que soit le
département auquel ils sont rattachés.
Dans les phases exploratoires précédant le lancement d’un nouveau produit ou d’une
fonctionnalité innovante dans un produit existant, l’équipe passe quasiment tout son
temps à faire du discovery. Dans ce cas un PM accompagné d’un designer et d’un ou
deux développeurs expérimentés seront suffisants pour créer des prototypes ou mener
des ateliers de Design Sprint. Sur un produit beaucoup plus mature, l’équipe pourrait
passer beaucoup moins de temps en discovery et se focaliser sur des éléments de
refonte technique pour rendre le produit plus scalable, ce qui nécessitera beaucoup de
développeurs et de testeurs, mais un investissement moindre côté PM et designer.
20
BANFIELD, Richard, ERIKSSON, Martin et WALKINSHAW Nate, Product Leadership
29
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations product dans la transformation des entreprises Maxime Nahon
I - Qu’est-ce que le product management ?
Les membres de ces équipes ne prennent jamais rien pour acquis. Ils cherchent
toujours à mieux connaître leurs utilisateurs et à identifier leurs problèmes. Ils
identifient les opportunités offertes par de nouvelles technologies. Ils cherchent un
feedback permanent et améliorent leurs propres processus et organisation.
Communication
Que ce soit au sein de l’équipe, avec les autres équipes ou avec les stakeholders, la
communication est un aspect clé du product management.
Empathie
Comprendre les utilisateurs, vraiment comprendre leurs problèmes est une des clés
pour parvenir à délivrer des solutions qui rendent les produits si réussis. On peut
notamment se référer aux méthodes de Design Thinking. Les membres de l’équipe
doivent également faire preuve d’empathie entre eux, comprendre les problématiques
et les enjeux de chacun pour favoriser un esprit d’équipe et avancer ensemble vers des
objectifs communs.
Diversité
Les origines socio-culturelles et les expériences différentes sont le terreau d’une équipe
capable de regarder les problèmes avec des perspectives différentes, pour trouver des
réponses originales et pertinentes
Compréhension du business
Si un bon produit est un produit qui apporte de la valeur au client en résolvant des
problèmes pertinents, c’est aussi un produit qui apporte de la valeur business et génère
du ROI. La compréhension du business model et de notions de gestion permettent à
l’équipe de savoir où mettre les efforts.
L’équipe doit avoir une représentation globale de toutes les fonctionnalités du produit
pour fournir un travail cohérent et éviter les biais.
Co-localisation
La littérature produit et agile insiste sur l’importance d’avoir le product manager, les
designers et les développeurs dans le même bureau ou côte à côte dans un open space.
30
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations product dans la transformation des entreprises Maxime Nahon
I - Qu’est-ce que le product management ?
Autonomie
Une équipe qui fonctionne est une équipe à laquelle on a assigné un objectif business,
la réalisation d’un outcome, et à qui on a donné les moyens de réaliser cet objectif
business.
Cela passe d’abord par une équipe qui a le moins besoin possible de recourir à des
personnes hors de l’équipe pour réaliser son objectif. D’où l’importance des équipes
pluridisciplinaires.
L’équipe doit ensuite être capable de prendre seule les décisions sur la manière
d’atteindre ses objectifs, en respectant les règles de l’organisation (business model,
principes produits, règles d’architecture et d’infrastructure…). Elle doit donc pouvoir
décider des solutions à apporter aux problèmes qui ont été priorisés. Cela ne veut pas
dire que le management ou le business ne peut pas proposer d’éléments à rajouter à la
roadmap et au backlog, ou proposer de solutions à des problèmes identifiés. Mais
l’équipe doit pouvoir valider la pertinence ou non de ces éléments et de ces solutions,
grâce au discovery, qui lui permettront de justifier ses choix. Si un commercial arrive
21
ECCLES, Mike, SMITH, Joanne, TANNER, Maureen, VAN BELLE, Jean-Paul Van Belle and
VAN DER WATT, Stephan, The Impact of Collocation on the Effectiveness of Agile is Development
Teams. University of Cape Town, South Africa. 2010.
https://ibimapublishing.com/articles/CIBIMA/2010/959194/959194.pdf
22
TEASLEY, Stephanie, COVI, Lisa, KRISHNAN, M.S., OLSON, Judith S., How Does Radical Collocation
Help a Team Succeed?. https://agileconsortium.pbworks.com/f/p339-teasley%20collocation.pdf
31
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations product dans la transformation des entreprises Maxime Nahon
I - Qu’est-ce que le product management ?
avec une demande pour l’équipe, le product manager doit pouvoir étudier la pertinence
de cette demande vis-à-vis des objectifs, tester la solution auprès des utilisateurs,
éventuellement la faire évoluer, et choisir de l’intégrer ou non dans la roadmap, en
collaboration avec ses stakeholders.
Pour être autonome, l’équipe doit pouvoir en avoir les moyens. Marty Cagan23 identifie
plusieurs facteurs à prendre en compte pour définir le degré d’autonomie d’une équipe,
notamment en ce qui concerne le choix des solutions techniques à apporter à un
problème, et en particulier quant à la remise en cause d’éléments de fondation
technique (architecture, infrastructure) communs à l’organisation :
23
CAGAN, Marty. Inspired. p. 97-102
32
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations product dans la transformation des entreprises Maxime Nahon
I - Qu’est-ce que le product management ?
Interdépendance
Les équipes doivent être autonomes dans leurs choix, mais doivent être capables de
travailler efficacement avec les autres membres de l’organisation. D’abord avec les
autres équipes, afin de fournir une expérience cohérente au sein du produit ou entre
les produits d’une même organisation et une architecture technique rationnelle24. Avec
les parties prenantes et les équipes business pour s’assurer de l’adéquation entre le
marketing, les ventes et le produit en particulier25.
Enfin, pour qu’une équipe produit fonctionne, il faut qu’elle ait des processus, des
rituels, et du lien.
Le lien est enfin garant d’une bonne entente au sein de l’équipe. Les membres de la
squad vont passer toutes leurs journées ensemble pendant des mois voire des années,
à œuvrer vers des objectifs communs. Il est critique d’éviter les tensions récurrentes et
de s’assurer que chaque individu ait un environnement de travail serein, dans lequel il
se sent bien.
24
A ce sujet, voir le chapitre sur le produit à l’échelle.
25
Voir notamment le rôle du product marketing manager.
33
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
II - Les rôles au sein d’une organisation produit
Partie II
34
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
II - Les rôles au sein d’une organisation produit
En simplifiant à l’extrême, le rôle du product manager est de tout faire pour atteindre
les objectifs fixés par le management à son équipe dans le cadre de la stratégie et de la
vision produit. Il est donc responsable d’évaluer les différentes options possibles
pour parvenir aux objectifs et définir ce qui est développé par l’équipe de réalisation
et livré à l'utilisateur final. Il est donc responsable d’alimenter et de prioriser le backlog
produit en maximisant la valeur pour l’utilisateur et le business.
Marty Cagan identifie 4 responsabilités principales pour être un bon PM. Autant dire
qu’être un expert dans tous ces domaines relève presque du super héros, mais le PM
doit être au moins expert dans un de ces domaines et à l’aise avec les autres.
26
HOROWITZ, Ben. Good Product Manager/Bad Product Manager. 15 juin 2012.
https://a16z.com/2012/06/15/good-product-managerbad-product-manager/
27
voir notamment
ERIKSSON, Martin. Product Managers – You Are Not the CEO of Anything. Mind the Product : 15
mars 2017. https://www.mindtheproduct.com/product-managers-not-ceo-anything/
GOTHELF, Jeff. Are product managers really the CEO’s of their product? 5 product leaders weigh
in. 21 septembre 2020.
https://jeffgothelf.com/blog/are-product-managers-really-the-ceos-of-their-product-5-product-le
aders-weigh-in/
35
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
II - Les rôles au sein d’une organisation produit
Dans la réalité, le product manager va souvent faire appel à des experts pour
l’aider dans cette compréhension client, mais il doit être capable rapidement de
devenir familier avec lui.
● Une bonne connaissance de la data : depuis l’avènement du numérique, la
quantité de données disponible est devenue phénoménale, pour comprendre
les utilisateurs et ce qu’ils font avec le produit notamment. Le product manager
doit être capable de lire des chiffres, des rapports, utiliser des outils d’analytics,
être familier avec des KPI. Là encore, en fonction des équipes il pourra être
amené à traiter la data directement ou il pourra avoir un expert qui les traite
pour lui. Même dans ce dernier cas, son rôle sera d’interpréter les données
formalisées par un autre.
● Une bonne connaissance du business : le product manager ne livre pas des
produits simplement pour faire plaisir à l’utilisateur. Le produit doit servir des
objectifs business, et le PM doit comprendre la part que ce que son équipe livre
joue dans le business, quel est le business model de l’entreprise et si ce qu’il
propose a du sens dans ce business model. Il doit également connaître les
différents stakeholders business du produit, comprendre leurs enjeux pour
adapter son produit à leurs besoins, mais également les convaincre lorsqu’il le
faut.
● Une bonne connaissance du marché et de l’industrie : le product manager
doit comprendre ce que fait la concurrence directe et indirecte. En particulier
dans un environnement concurrentiel, le product manager doit identifier ce qui
permettra aux clients de la concurrence de “switcher” vers son produit, et
anticiper d’éventuels changements qui pourraient inciter ses clients à partir. Il
doit également être capable d’identifier des tendances de marché et prendre le
bon train au bon moment pour générer des avantages compétitifs. Un product
manager est toujours en veille sur son marché mais aussi d’autres marchés
connexes qui pourraient être sources de bonnes idées.
Enfin, cela peut paraître évident mais le product manager doit être l’expert absolu dans
son produit, savoir exactement comment il fonctionne, connaître ses points forts et ses
éventuelles faiblesses, pour rapidement être capable d’ajuster le tir lorsqu’un problème
ou une opportunité se présente.
Communication
Nous en avons déjà parlé, la communication au sein d'une équipe produit est clé, et le
PM doit être le chef d’orchestre de cette communication. Il doit s’assurer que tous les
messages passent entre les différents membres, et que les informations nécessaires lui
36
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
II - Les rôles au sein d’une organisation produit
Enfin le PM doit savoir communiquer avec ses utilisateurs, pour les comprendre,
identifier leurs besoins réels, évaluer si les solutions qu’il propose peuvent fonctionner.
Et communiquer lors du lancement d’un produit ou d’une nouvelle version.
Alexia Boulot, ancienne Head of Product chez Veepee, Outburst, iGraal et Voyages SNCF,
parle ainsi du positionnement du PM :
Organisation
En tant que leader de l’équipe produit, le PM est chargé d’organiser les flux au sein de la
squad. Il priorise les différentes tâches à l’avance pour s’assurer que chaque membre
sait sur quoi et pourquoi travailler sans constamment venir lui demander. Il fait en sorte
que les objectifs et la roadmap soient correctement partagés, que le backlog soit
alimenté et priorisé. Il s’assure que l’équipe dispose de règles de travail suffisamment
claires.
Il est capable d’alterner entre vision court terme, livraison du backlog sous 2 semaines,
et vision long terme, roadmap à 6 mois ou 1 an, voire participation à la stratégie à
plusieurs années.
Si l’organisation adopte des règles communes, il doit être capable de les cascader
auprès de l’équipe. Si l’équipe adopte un framework de travail comme Scrum, il s’assure
que les différents rituels sont bien menés, que les artefacts comme la definition of ready
et definition of done sont bien compris.
37
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
II - Les rôles au sein d’une organisation produit
Un PM organisé ne résout pas seulement les problèmes au sein de l’équipe, mais il fait
en sorte qu’ils n’arrivent plus. Si certaines règles ne sont pas adaptées, il doit être
capable de comprendre pourquoi et de faire évoluer les règles plutôt que de les ignorer
au cas par cas.
Recherche utilisateurs
Le fondement du product management est qu’un produit à succès est un produit qui
propose des solutions innovantes et meilleures que celles qui existent à de vrais
problèmes utilisateurs. Et que pour être capable de proposer ces solutions innovantes,
il faut d’abord connaître ses utilisateurs et leurs besoins, puis valider les solutions le
plus possible avant de les lancer à grande échelle.
Exécution
Bien sûr, on attend au final du product manager qu’il soit capable de livrer un produit
de qualité. Le développement du produit en lui-même revient à l’équipe de réalisation,
et d’autres personnes sont en charge de mettre le produit en production.
Mais le PM doit être capable de leur expliquer ce qu’ils doivent faire, et pourquoi ils
doivent le faire. Son rôle n’est pas de dire comment le faire, il n’a pas à définir les
aspects techniques de la solution. Par contre, il doit être capable de comprendre
suffisamment les aspects techniques du produit pour avoir une bonne intuition de ce
qui est faisable ou non. Et il comprend les enjeux des équipes de réalisation, afin de
prendre les bons arbitrages qui peuvent lui revenir lorsqu’un problème survient.
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
II - Les rôles au sein d’une organisation produit
Les Lead PM ont des responsabilités similaires aux PM dans le pilotage d’une équipe
produit, mais sont généralement positionnés sur des équipes critiques pour le succès
du produit et de l’organisation. Soit en étant responsables des parties les plus sensibles
et complexes du produit, celles qui sont au centre de la livraison de valeur aux
utilisateurs et au business. Soit en étant leader de l’innovation, à la recherche de
nouvelles features pouvant générer un avantage compétitif décisif, soit au démarrage
d’un nouveau produit ou d’une nouvelle ligne produit. Dans ce cas, le Lead PM se
concentrera en particulier sur le discovery, pour trouver de nouveaux problèmes à
résoudre et des solutions innovantes. Il sera généralement accompagné d’un designer
et d’un lead tech eux aussi seniors.
Le Lead PM fait également office de mentor et de coach pour les autres product
managers de l’organisation, pour les aider à monter en compétence et travailler avec
eux sur la résolution de problèmes complexes.
Plus que les autres PM, le lead PM doit avoir une excellente compréhension des
utilisateurs, du marché, du business et de la tech. Il est capable de travailler en
indépendance et est à l’aise avec la gestion des stakeholders. Il a un état d’esprit
stratégique, est capable de penser à long terme et d’assister son manager.
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
II - Les rôles au sein d’une organisation produit
Scrum introduit un nouveau rôle appelé “Product Owner”. Le Scrum Guide décrit ainsi
ce rôle :
28
Le guide Scrum.
https://www.scrumguides.org/docs/scrumguide/v2017/2017-Scrum-Guide-French.pdf
40
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
II - Les rôles au sein d’une organisation produit
Scrum n’explique pas comment le product owner doit prioriser son backlog. Dans
la plupart des entreprises utilisant Scrum, le product owner se contente de prendre ses
instructions de la part d’un client interne, d’un manager ou d’un comité de pilotage. Il a
un certain degré de latitude sur les détails, mais il n’est pas au contact du client et il ne
peut pas être véritablement garant de ce que le produit va effectivement fonctionner.
Cette séparation des rôles a l’avantage de répartir les tâches : la stratégie pour le
product manager, et l’opérationnel pour le product owner. La charge de travail du
product manager peut être énorme, la séparation des deux rôles a pour avantage de
l’alléger et de permettre à chacun de se concentrer sur ce qu’il a à faire.
29
Site officiel https://www.scaledagileframework.com/
41
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
II - Les rôles au sein d’une organisation produit
Quel est le problème dans une organisation produit ? Avec ce type de modèle, les
équipes produit ont tendance à redevenir de simples exécutants, les fonctionnalités
étant imposées par les couches managériales supérieures. Le product owner se
retrouve loin des préoccupations des clients finaux, et est concentré sur la livraison
d’outputs, sans maîtriser la génération de valeur pour le business et le client, et sans
être concerné par les phases de discovery, si elles existent. Or, comme j’ai tenté de
l'expliquer dans le premier chapitre, les modèles top-down ne permettent pas
d’optimiser le produit et font généralement tomber les organisations dans le build trap
de Melissa Perri.
D’autres entreprises ont créé un nouveau rôle, celui de proxy product owner. Il est
typiquement utilisé dans 2 cas : 1. le product manager ou product owner est au sein
d’équipes business et n’a pas le temps ou pas les compétences pour expliquer aux
équipes de réalisation ce qu’elles doivent faire précisément ; 2. la réalisation est
externalisée auprès d’une société de service informatique, et le product manager
délègue le travail quotidien avec les équipes de développement au PPO. Dans les deux
cas, le product manager donne les grandes lignes de ce qu’il faut développer et priorise
le backlog, quand le proxy product owner rédige les détails (user stories) et les explique
aux développeurs. Là encore, impossible pour les équipes de réalisation de vraiment
développer le bon produit, elles sont bien trop loin du problème initial qu’il est censé
résoudre.
Les organisations qui répartissent les tâches du PM entre plusieurs personnes le font
généralement pour une raison : les tâches de product manager sont souvent trop
importantes pour être assurées par une seule personne. Comment tout à la fois
prendre le temps de connaître le marché et les utilisateurs, déterminer les problèmes à
résoudre, piloter des tests utilisateurs et en tirer des enseignements, définir une
42
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
II - Les rôles au sein d’une organisation produit
La réponse peut paraître simple : en faire moins, mais mieux. La plupart des idées
sont des échecs, elles ne permettent pas de livrer de la valeur. L’esprit du product
management est d’échouer le plus vite possible, idéalement lors de la phase de
discovery, pour se concentrer sur les idées qui fonctionnent, sur les meilleures réponses
au problème. En mettant moins d'efforts sur la phase de build, et plus d’effort sur la
phase de discovery, l’équipe évite de passer énormément de temps à développer des
choses inutiles. Le product manager n’a pas besoin de rédiger 15 user stories chaque
semaine pour alimenter une équipe de réalisation de 10 personnes. Le product
manager et les ingénieurs peuvent se concentrer sur la qualité. Et si les développeurs
sont intégrés aux phases de discovery, elles auront encore moins besoin de détails de la
part du product manager pour réaliser le meilleur produit.
Dans la logique produit, la logique est totalement inversée. Les product managers
sont chargés de livrer des outcomes, de la valeur business et utilisateurs. Le PM
définit ce qui a de la valeur ou non, en se basant sur de la recherche utilisateurs, des
tests et de la data. Les directeurs de programmes se sont mutés en Head of Products,
mais ils ne sont plus en charge d’articuler le travail de chefs de projets pour qu’ils
délivrent les fonctionnalités considérées comme porteuses de valeur pour le business ;
ils sont en charge de cascader les objectifs business auprès de leurs équipes, de
s’assurer du bon découpage des responsabilité de chaque équipe et de faire en sorte
qu’ils ont les moyens d’atteindre ces objectifs, et l’autonomie associée.
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
II - Les rôles au sein d’une organisation produit
Ainsi les compétences, tant au niveau softskills que hardskills sont différentes chez un
product manager et un chef de projet. Lors du passage d’un modèle classique à une
organisation produit, partir du principe que les chefs de projet vont devenir les
nouveaux product managers risque d’être un échec. Il est fondamental de définir les
compétences attendues d’un product manager au sein de l’organisation, et de valider si
les chefs de projets ont ces compétences, ou sont capables de les acquérir rapidement,
s’ils comprennent le nouveau modèle, et s’ils ont l’appétence
Reste qu’au sein d’organisations produit complexes, les projets d’entreprise continuent
d’exister. Certaines initiatives importantes pour le business peuvent ne pas pouvoir être
traitées par une équipe produit dédiée ou même une ligne produit, mais vont
nécessiter des actions transverses au sein de l’organisation produit. Avoir un chef de
projet dédié à la réalisation de ce projet peut s’avérer payant. Son rôle est d’aller voir
tous les product managers concernés pour qu’ils comprennent ces besoins et les
intègrent à leurs roadmaps, et négocier avec les Head of Products respectifs pour qu’ils
adaptent les objectifs. Généralement ces chefs de projets transverses ne portent plus le
nom de chefs de projet, mais peuvent devenir des product ops ou des product
strategists par exemple.
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
II - Les rôles au sein d’une organisation produit
Les disciplines de design appliquées aux produits tech sont nombreuses, essayons d’y
voir plus clair :
30
Alliance française des designers. Design, designers : définitions.
http://www.alliance-francaise-des-designers.org/definition-du-design.html
31
CHOLAK, Albina, Design disciplines, in Instagram. 31 juillet 2019
https://www.instagram.com/p/B0lQQj9AAsE/. Référencée par Thiga dans Le Product Design dans
une organisation produit
45
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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II - Les rôles au sein d’une organisation produit
Le premier niveau, le plus petit dans le schéma ci-dessus, est le UI design, pour User
Interface. Les UI designers sont responsables de la couche purement graphique du
produit. Ils conçoivent une interface esthétique, pratique et intuitive. C’est eux qui
définissent les couleurs, les formes, les typographies, les espacements, la navigation, les
contours, les interactions des boutons, les effets de parallaxe… Ils sont également
chargés de créer et appliquer la charte graphique d’une marque. Il s’agit de l’aspect le
plus “artistique” du design appliqué aux produits digitaux. Il correspond à peu près à ce
qui était appelé “webdesign” il y a 10 ans. C’est le dernier maillon de la chaîne de
production du design.
L’UX design, soit design d'expérience utilisateurs (user experience) a été d’abord
popularisé par Don Norman chez Apple dans les années 1980, puis s’est généralisé
comme une discipline indispensable des produits tech au début des années 2010. L’UX
design comprend les phases de recherche utilisateur et leur formalisation pour en tirer
des enseignements, la définition des parcours clients et l’ergonomie. L’UX englobe l’UI,
mais un UX designer ne sait pas forcément designer les meilleures interfaces d’un point
de vue graphique. Certaines équipes disposent d’UX designers en charge des parcours
clients et des wireframes, et d’UI designers en charge des interfaces graphiques
proprement dites.
Le Product Design est une discipline récente introduite avec le product management
moderne. Il s’agit d’une discipline assez proche de l’UX design, mais avec une approche
différente du rôle. Le product designer est un membre à part entière de l’équipe, et il
intervient dans l’intégralité du cycle de vie du produit en collaboration constante avec le
PM. Le product designer intervient dans les phases de stratégie et de définition de la
roadmap. Il mène les phases de recherche (discovery) en collaboration avec le PM. Il
s’adapte aux cycles agiles de conception du produit. Ils connaissent les objectifs du
produit et livrent des designs adaptés à la réalisation de ces objectifs, en prenant en
compte les enjeux business.
Le design de service enfin s’applique à améliorer les services fournis aux utilisateurs
sur les différents points de contact qu’il a avec l’organisation (que le service en question
soit entièrement, partiellement ou pas du tout digital d’ailleurs), en incluant une
réflexion sur les processus business utilisés pour fournir ces services.
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
II - Les rôles au sein d’une organisation produit
Autre manière de procéder, la spécification par le design. Dans ce cas, l’UX designer (ou
l’équipe s’ils sont plusieurs) mène une étude plus ou bien moins exécutée, auprès des
stakeholders pour récolter leurs besoins, et éventuellement auprès des utilisateurs. Ils
itèrent ensuite sur des propositions de parcours au sein du produit et de design
graphique qu’ils valident avec ces stakeholders, après avoir peut-être effectué quelques
tests utilisateur. Une fois validé, le design est fourni aux équipes de réalisation qui ont
pour charge de livrer un produit conforme à ce design. L’équipe de réalisation utilise
typiquement un framework agile, type scrum ou kanban. Des ajustements peuvent être
faits à la marge en termes de design, lorsque certains éléments s’avèrent compliqués à
réaliser, ou lorsque l’équipe design ou un stakeholder change d’avis. Avec un peu de
chance, ces ajustements sont réalisés pour coller avec les cycles de développements
“agiles”. Pour autant, le processus en lui-même est un cycle en V (waterfall).
Le product designer (PD) intervient dans une démarche différente. Il intervient tout au
long du cycle de vie du produit dans une démarche de continuous discovery, en
partenariat fort avec le product manager, et de continuous delivery, en comprenant les
enjeux du framework agile utilisé par l’équipe de réalisation et en s’y adaptant. Il adopte
une démarche holistique, en prenant en compte l’intégralité du parcours client, y
compris avec les points de contact en dehors du pur produit (démarche CX).
Vanessa Guilloteau, Head of Product Design chez Thiga, identifie quelques hard skills
essentielles pour un product designer32 :
32
GUILLOTEAU, Vanessa. Dessine-moi un product designer. Thiga : 22 novembre 2018.
https://blog.thiga.co/dessine-moi-un-product-designer/
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
II - Les rôles au sein d’une organisation produit
● L’Idéation : animer des sessions collaboratives pour faire émerger les meilleures
idées par les différentes parties prenantes.
exemples : l’approche de Design Thinking, la méthode des Design Sprints
● La Conception : réfléchir au produit d’un point de vue “big picture”, proposer des
solutions innovantes et efficaces et savoir les présenter.
ex: l’audit d’interface, les workflows, l’architecture de l’information, les
wireframes, les storyboards
● L’UI Design : créer les interfaces graphiques à faire tester aux utilisateurs avant
les développements, les valider ou les faire évoluer, et les transmettre aux
équipes de réalisation.
exemples : les prototypes, le design d’interface, d’animations et d’interactions
● Le Product Ownership & Analytics : comprendre le cadre de travail dans lequel
l’équipe évolue, comprendre les objectifs de l’équipe et pouvoir mesurer la
progression vers l’atteinte de ces objectifs.
exemples : frameworks agiles (Scrum, Kanban…), user stories, roadmapping,
métriques d’usage du Produit
● Le Content Management : alimenter le produit en narratifs, comprendre les
enjeux des équipes en charge des contenus, optimiser le référencement,
construire l’architecture de l’information
exemples : stratégie de contenus, stratégie éditoriale, UX writing
● Le Développement : produire des animations interactives, fournir des bases de
codes aux développeurs front-end, comprendre leurs enjeux
exemples : intégration HTML/CSS, conception d’animations et d’interactions
Similairement au product management, il peut exister des rôles de Lead Designer (ou
Principal Designer ou Senior Product Designer) qui s’occuperont des parties les plus
sensibles du produit, ou des parties les plus innovantes, notamment sur le lancement
de nouveaux produits. Ils sont également en charge de mentorer les PD plus juniors de
l’organisation et assister le management dans la mise en place d’un design holistique.
Dans certains cas, elles doivent séparer les rôles, soit par choix (besoin d’excellence,
organisation de l’équipe, charge de travail…) soit par contrainte (profils indisponibles,
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II - Les rôles au sein d’une organisation produit
séniorité des ressources internes…). Elles peuvent donc avoir recours à des profils
spécialisés dans le design des interfaces graphiques, potentiellement capables d’aller
plus loin que des profils généralistes.
L’UI designer peut également être mutualisé au sein d’une organisation, afin de
produire un design system cohérent33, en explicitant des règles communes sur les
interfaces qui seront exploitées par les product designers de chaque squad : couleurs,
typo, composants et patterns, grid layouts (grilles d’agencement des éléments de
design), iconographie, imagerie… et tout élément de design réutilisable au sein d’un
produit ou d’une organisation.
UX writer
L’UX writer est un spécialiste des éléments de texte et des éléments éditoriaux au sein
d’un produit. Il est le garant de la cohérence éditoriale et de marque au sein du produit.
Il s’assure que les textes aident à la compréhension du produit pour fournir l’expérience
la plus intuitive possible et réduire la charge informationnelle. Il peut également
intervenir dans la localisation d’un produit en plusieurs langues. C’est une discipline
reconnue en tant que telle récemment, et qui prend de l’ampleur au sein des meilleures
organisations produit34.
● Il s’assure que tous les micro-textes présents dans le produit sont cohérents, et
aisément compréhensibles par les utilisateurs : titres, labels des champs d’un
formulaire, messages de validation ou d’erreur, tooltips…
● Il rédige des contenus qui aident l’utilisateur à comprendre au mieux le produit,
comme des FAQ par exemple.
● Il crée un storytelling cohérent pour des landing pages efficaces
● Il optimise la description des articles dans des fiches produit
L’UX writer a recours à des techniques de discovery pour trouver les meilleures
formulations (tests utilisateurs, AB testing…)
Dans le cadre d’un produit web (site e-commerce par exemple), il travaille en
partenariat avec les équipes marketing et maîtrise les techniques de SEO pour favoriser
un bon référencement sur les moteurs de recherche.
DesignOps
Le rôle de DesignOps prend de l’ampleur au sein des grandes organisations produit.
Son rôle est d’assurer la cohérence du travail des designers au sein de l’organisation, et
de faciliter ce travail en leur fournissant des guides, des processus et des outils :
33
voir par exemple https://design.axa.com/ pour accéder au design system utilisé par toutes les
entités du groupe AXA
34
LIGERTWOOD, Guy. UX Writing: How to do it like Google with this powerful checklist. UX Planet : 5
juin 2017.
https://uxplanet.org/ux-writing-how-to-do-it-like-google-with-this-powerful-checklist-e263cc37f5f
1
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II - Les rôles au sein d’une organisation produit
Le pire qui puisse arriver est l’absence de product discovery. C’est ce qui se passe
encore dans de nombreuses entreprises qui fonctionnent avec le modèle traditionnel
en cascade : les stakeholders imposent les projets et les fonctionnalités qu’un chef de
projet doit faire développer, sans aucune assurance que les idées vont fonctionner, et
en générant énormément de déchets.
Dans d’autres cas, le product discovery est assuré exclusivement par les product
managers. Ce PM doit avoir les reins extrêmement solides pour couvrir seul l’acquisition
de connaissance client, faire tester ses solutions et être capable d’alimenter les équipes
de développement. Et il risque probablement de manquer de compétence quand il faut
tester des idées auprès des utilisateurs.
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II - Les rôles au sein d’une organisation produit
Parfois ces phases sont confiées à une agence externe. Le problème avec les agences
externes est qu’elles ne sont pas responsabilisées sur les résultats. Elles mènent des
études, fournissent des présentations manquant souvent de transparence, livrent leurs
conclusions, et sont payées sans engagement de résultat business. Elles peuvent
également être chargées de produire les design graphiques, livrés sous forme de
maquettes PDF, InVision ou sur Zeplin par exemple, que l’équipe sera en charge
d’exécuter, avec tous les travers décrits à propos de l’ “ancien” UX Design.
Ces agences peuvent parfaitement bien exécuter leur tâche. Elles sont souvent expertes
dans leur domaine, et sont capables de mettre en place les meilleures techniques de
discovery pour fournir au final un design esthétiquement très réussi. Mais elles
manquent d’une vision long terme et holistique du produit, et auront énormément de
mal à travailler de façon itérative et agile avec les équipes produit. Elles sont guidées
par des impératifs court terme et le pire qu’elles risquent est de ne pas remporter le
prochain contrat… Même si le design est parfaitement exécuté, l’organisation devient
dépendante de l’agence et la plupart de la connaissance client et de l’expérience design
acquise pendant la mission sera perdue à la fin du contrat. Le recours à des agences a
du sens pour des produits à durée de vie courte, dans le cadre de campagnes
marketing par exemple, ou pour des produits à plus faible valeur ajoutée. Si le produit
est vraiment important dans la stratégie de l’entreprise, quitte à recourir à une agence,
alors faites-le pour faire monter en compétences vos designers internes.
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II - Les rôles au sein d’une organisation produit
Au sein d’une équipe produit, les personnes en charge de la partie réalisation doivent
être davantage que de simples ingénieurs exécutant les demandes émanant du
business ou du product manager. Elles doivent être au clair avec la démarche produit,
et toujours avoir en tête les objectifs business et travailler dans pour atteindre ces
objectifs business, les outcomes, plutôt que pour livrer des fonctionnalités, les outputs.
Elles doivent également être familiarisées avec les utilisateurs, comprendre leurs enjeux
et leurs problèmes, afin de développer les bonnes solutions.
En contrepartie, le product manager doit être capable de comprendre les enjeux des
équipes de réalisation, être suffisamment à l’aise lors de discussions techniques pour
pouvoir prendre les bonnes décisions. Et fournir un feedback régulier aux techs quant à
leur contribution à la réalisation des objectifs business.
Lors des phases de build, le rôle du product manager est d’expliquer aux équipes de
réalisation ce qu’elles doivent construire et pourquoi elles doivent le construire. Mais il
évite au maximum de préconiser comment le construire, et laisse l’équipe définir
elle-même les meilleures réponses techniques. Par contre, il doit être disponible pour
répondre à toutes les questions que ses membres pourraient poser, et faire des
arbitrages si besoin.
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II - Les rôles au sein d’une organisation produit
Les développeurs de l’équipe sont formés aux différentes technologies qui constituent
le produit, que ce soit en termes de langage de programmation, framework de
développement, socles applicatifs, APIs… Ils sont également à l’aise avec les frameworks
agiles utilisés par l’équipe ou l’organisation, les différentes normes d’architecture, de
sécurité, de devops…
53
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II - Les rôles au sein d’une organisation produit
Afin de fournir ces services de plateforme, les équipes de réalisation de ces produits
“plateforme” sont composées de profils très spécifiques et techniques, comme des DBA
(administrateurs de base de données) ou ingénieurs réseaux. Le product manager de
cette équipe plateforme, au service des autres, a lui aussi un profil très technique.
Le Tech lead est aussi susceptible d’intervenir en priorité lors des phases de discovery,
en raison de ses compétences techniques et de sa connaissance profonde du produit.
Avec une QA bien exécutée le product manager doit pouvoir être confiant dans sa
capacité à livrer ses itérations produit à l’utilisateur final, sans avoir à mener lui-même
une batterie de tests complets et sans risquer de fournir à l’utilisateur un produit plein
de bugs, déceptif voire inutilisable.
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II - Les rôles au sein d’une organisation produit
Les bonnes pratiques veulent que les développeurs mettent en place des tests
unitaires, validant le bon fonctionnement de chaque module indépendamment les uns
des autres.
Les tests mis en place par les QA vont plus loin. D’une part, ils assurent des tests de plus
haut niveau, en assemblant les modules ensemble pour tester le fonctionnement global
de l’application. D’autre part, ils apportent une vue fonctionnelle sur le produit, et
définissent des scénarios de test poussés correspondant à des parcours utilisateurs
réels.
Il y a une dizaine d’années, il n’était pas rare de voir des testeurs jouer manuellement
des cahiers de test sans fin pour vérifier que tous les cas d’usage fonctionnaient
correctement. La plupart du temps ces tests étaient effectués après de longs
développements (plusieurs sprints scrum, ou plusieurs mois de développement en
waterfall). Le Time To Market était très mauvais, et le coût de la correction d’un bug était
très élevé puisqu’il fallait replonger dans du code rédigé plusieurs semaines ou mois
auparavant. L’alternative agile était de monopoliser de nombreuses personnes pour
tester pendant le sprint. Le product manager/owner y passait une bonne partie de son
temps.
Pour pouvoir définir des tests globaux pertinents par rapport aux besoins des
utilisateurs et aux parcours clients, les QA interviennent en amont des développements.
Ils travaillent avec le product manager et les designers afin de comprendre vraiment
l’utilisateur, avant de comprendre les fonctionnalités. Le QA est souvent considéré
comme le premier utilisateur du produit, il joue lui aussi un peu le représentant de
l’utilisateur auprès de l’équipe de réalisation.
Certaines équipes rédigent même les requirements fournis aux développeurs sous
forme de tests fonctionnels formalisés grâce à un langage de type Gherkin, décrivant
simplement les tests à passer sous un former GIVEN (état de départ) WHEN (action)
THEN (résultat final). Cette méthodologie est appelée BDD, pour Behavior Driven
Development.
Les QA sont donc des experts du fonctionnement du produit, d’un point de vue
fonctionnel et technique. Ils maîtrisent une palette d’outils et de langages spécifiques.
Ils sont à l’aise avec les méthodologies agiles employées au sein de l’équipe. Ils
fournissent des métriques relatives à la qualité du logiciel. Ils comprennent les enjeux
des utilisateurs, certains besoins business et techniques propres au produit (SEO,
accessibilité, sécurité…). Ils sont à l’aise avec les différents outils utilisés pour accéder au
produit, par exemple les navigateurs web, les différentes versions de smartphones et
d’OS mobile, les objets connectés...
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II - Les rôles au sein d’une organisation produit
Par ailleurs, lorsque les organisations grossissent, il peut devenir difficile pour les
product designers et les product managers au sein des équipes de mener l’intégralité
des phases de product discovery.
Attention toutefois à ne pas trop éloigner les équipes de leurs utilisateurs, elles doivent
pouvoir participer activement aux phases de discovery, sinon l’organisation risque de
retomber dans le travers du product manager comme simple PO chargé du delivery
produit.
4.2 - ProductOps
De façon similaire au DesignOps, mentionné plus haut, et calqué sur le modèle du
DevOps, dont je parlerai plus tard, un nouveau rôle émerge dans certaines
organisations en forte croissance. Il a notamment été popularisé par un livre blanc
rédigé par Pendo (société qui édite un outil d’analytics produit et d’interaction
utilisateur) et Product Collective (club professionnel autour du produit)35.
En tant que rôle émergent, les tâches et le positionnement des ProductOps peut être
très différent d’une organisation à l’autre. Généralement, les missions du ProductOps
sont d’harmoniser les processus et de diffuser les bonnes pratiques au sein du
département Produit, et rationaliser les interactions avec les autres départements
intervenant dans le cycle de vie du produit.
35
Pendo & Product Collective. The rise of Product Ops.
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Dépendant de chaque organisation, voici un exemple des missions qui peuvent être
confiées au ProductOps :
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II - Les rôles au sein d’une organisation produit
Les données et les KPI sont partout dans la gestion produit : des OKR globaux du
département produit à la moindre modification sur un bouton ou aux micro-tests de
discovery. Le product manager est généralement responsable de l’analyse de données.
Dans des organisations qui grandissent de plus en plus, avec des responsabilités de
plus en plus importantes et un volume de données en croissance exponentielle, les PM
délèguent de plus en plus la collecte et l’analyse des données utilisateurs, produit et
business à des spécialistes, les data analysts.
36
“Chez Uber, le Product Ops est en charge de rassembler les insights et d’enquêter sur les
besoins business au tout début du processus de développement produit (ce qui implique
souvent de sortir et parler aux utilisateurs), et également au moment du lancement, travailler
avec les Ops des autres départements à travers le monde pour mettre en oeuvre les lancements
et les stratégies de go-to-market.”. Extrait de The Rise of Product Ops.
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II - Les rôles au sein d’une organisation produit
Les data scientists sont des profils traitant et analysant les données grâce à des
techniques d’intelligence artificielle de type machine learning. Ils sont spécialisés dans
des technologies de pointe de type big data (R, noSQL, Hadoop, Spark, Scala, D3…)
Le growth hacking fait appel à des méthodes souvent originales et innovantes pour
générer cette croissance. Tous les “hacks” sont testés et leur impact précisément
mesuré avant d’être éventuellement étendus à l’ensemble des utilisateurs sur le
produit.
En fonction de la culture de l’entreprise, le growth peut être soit indépendant (au sein
d’une direction Growth), soit rattaché à un ou plusieurs départements (growth
marketing, product growth, growth engineering, growth design…).
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5 - Le management produit
Dans une startup naissante, le produit est généralement piloté par un des
cofondateurs. Lorsque la startup grossit, commence à embaucher plusieurs
développeurs et que le cofondateur n’a plus le temps, ou l’expertise pour gérer le
développement du produit, elle embauche un product manager dédié au pilotage
opérationnel de cette cellule regroupant également le design et la tech.
Quand elle commence à scaler, une seule équipe produit ne suffit plus. Il faut séparer
les activités, créer plusieurs équipes chargées des différentes parties du produit. Et
mettre en place un département pour le département produit.
60
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II - Les rôles au sein d’une organisation produit
● Rentrer dans le détail fonctionnel du produit, sauf sur demande d’un PM pour le
conseiller
Le CPO chapeaute l’ensemble des lignes produit et des Heads of Product, et des
éventuelles strates de management intermédiaires.
● Il sait attirer les talents et gérer leurs carrières. Il sait quel type de profil
promouvoir au sein de l’organisation. Il sait s’appuyer sur les forces de ses
ressources, et les aider à gérer leurs faiblesses. Et il sait se séparer de ceux avec
qui ça ne fonctionne pas.
● Il est le garant de la vision produit au sein de l’entreprise. Cette vision peut
avoir été forgée par lui-même en accord avec les autres membres du comité
exécutif, ou par un CEO leader visionnaire, mais elle est dans tous les cas portée
par le CPO. Le CPO est également celui qui pilote la stratégie pour atteindre
cette vision, et définit les objectifs de ses différentes équipes.
● Il met en place la structure produit dans l’organisation, du product discovery
au delivery. Des études exploratoires pour la création de certains produits
jusqu’au retrait d’autres produits. Il maîtrise le cycle de vie du produit. Il sait
construire un planning, mener une recherche utilisateur, lire un dashboard de
données produit, ou piloter une équipe technique agile.
● Il diffuse la culture produit au sein de l’organisation. Il promeut des concepts
tels que le continuous discovery et continuous delivery ou le fail fast learn fast. Il est
le premier représentant du produit - et du client - au sein de l’organisation, et
promeut l’apport du département produit auprès des autres fonctions de
l’entreprise. Il s’assure notamment que les équipes produit sont autonomes dans
la prise de décision, et que les parties prenantes business ne tentent pas
d’imposer des fonctionnalités qui ne rentrent pas dans la stratégie.
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II - Les rôles au sein d’une organisation produit
Le Head of Design est également chargé de recruter les bonnes ressources et les
retenir, notamment en assurant leur formation et en gérant leur carrière. Il définit les
objectifs individuels de chaque designer, en lien avec les objectifs produit. Idéalement,
une partie au moins de ces objectifs est commune à tous membres de chaque squad
produit, PD, PM et techs.
37
Chief Product Officer: Background, Skills Required, and Whether You Need One. Altexsoft : 24
février 2020. https://www.altexsoft.com/blog/chief-product-officer/
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II - Les rôles au sein d’une organisation produit
Design Officer (même si encore une fois, les noms ont peu d’importance et changent
énormément d’une organisation à l’autre).
Le CTO est le manager hiérarchique des développeurs et des QA des équipes produits.
En fonction de la taille de l’organisation, il supervise également les équipes en charge du
delivery, du maintien en condition opérationnel du système, des architectes, des
ingénieurs d’infrastructure…
Au tout début de la startup, en phase de pre-seed, le CTO est généralement le seul tech
à bord, ou un des seuls. Il définit seul l’architecture du produit, en développe les toutes
premières versions, souvent sous forme de POC ou de MVP, assure la qualité et la
sécurité du produit si celui-ci est déjà prêt à être mis sur le marché, gère les incidents…
Lorsque la startup est en phase de scaling, le CTO est responsable de plusieurs dizaines
de personnes. Des compétences managériales deviennent indispensables pour attirer
et retenir les talents, et organiser la fonction Tech en départements. Il est le
représentant de la vision technique de l’entreprise. Il reste proche des préoccupations
de terrain et doit être l’architecte principal des solutions développées par l’organisation,
et son principal administrateur. Le CTO s’entoure d’experts et de managers
intermédiaires et choisit les partenaires techniques. Il est à la pointe de la technologie,
38
TAYLIYEV, Arslan. What does the CTO in a startup do? Roles and responsibilities. 20 janvier 2020.
https://medium.com/extendnode/what-does-a-cto-in-a-startup-do-roles-and-responsibilities-49a
fd188f541
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II - Les rôles au sein d’une organisation produit
Dans les organisations produit, notamment les startups, les marketers “traditionnels”
sont d’abord responsables de l’image de marque, et de l’acquisition, la rétention et la
conversion via des mécanismes en dehors du produit lui-même (canaux externes,
emails, CRM, marketing automation…).
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II - Les rôles au sein d’une organisation produit
facilitateur pour les vendeurs et les équipes customer success en les formant
sur le positionnement et le message produit et en leur fournissant des outils
d’aide à la vente.
39
Product marketing. Product Marketing Alliance.
https://productmarketingalliance.com/product-marketing/
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II - Les rôles au sein d’une organisation produit
Dans les équipes marketing, les PMM sont les spécialistes du produit. D’autres
personnes peuvent être responsables de la stratégie de marque, de l’acquisition de
clients en inbound marketing, de la mesure de la performance… Lorsqu’il y a plusieurs
product marketers dans une organisation, ils se répartissent certaines tâches
transverses, et sont chacun les interlocuteurs de quelques équipes produit.
Le product marketing manager est orienté vers l’extérieur, il est à la fois expert du
client, du marché et du business. Il est également le leader de la stratégie de
40
Product Marketing Alliance. https://productmarketingalliance.com/
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II - Les rôles au sein d’une organisation produit
go-to-market. Dans une organisation intégrant des PMM, le PM est lui concentré sur
l’interne, sur la réalisation du bon produit, toujours dans une optique de livrer de la
valeur aux utilisateurs en ligne avec la stratégie business. Pour les produits en début de
cycle, les deux profils jouent un rôle important dans la quête du product/market fit.
La responsabilité des rôles entre PMM et product manager varie d’une organisation à
l’autre. Il est important de bien définir les limites de responsabilité. Même si les deux
travaillent souvent ensemble sur une partie des sujets, les interlocuteurs internes
doivent savoir qui a le lead, et est à même de prendre les décisions. Voici un tableau
avec quelques exemples de partage de responsabilités entre PMM et PM
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II - Les rôles au sein d’une organisation produit
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II - Les rôles au sein d’une organisation produit
Pour les produits B2B, les personnes responsables de l’acquisition des produits sont
généralement distinctes de celles qui l’utilisent. De nombreux rôles peuvent intervenir
dans le processus d’achat. La décision d’acquérir repose sur des critères hétérogènes,
rationnels et émotionnels. Le cabinet de consulting Bain a déterminé 40 critères de
valeur (cf. ci-dessous), classés des plus basiques aux plus complexes, sur le modèle de
la pyramide des besoins de Maslow.
70
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II - Les rôles au sein d’une organisation produit
Pour ces produits B2B, le PMM doit être l’expert du client et de l’acheteur, là où le
product manager et le product designer seront les experts de l’utilisateur. Les rôles
intervenant dans le processus d’achat sont souvent conceptualisés par les PMM sous
forme de buyer personas, représentation archétypale des différentes personnes
susceptibles d’intervenir dans le processus d’achat. Ces buyer personas peuvent être
par exemple :
41
ALMQUIST, Eric, CLEGHORN, Jamie & SHERER, Lori. The B2B Elements of Value. March 2018.
https://hbr.org/2018/03/the-b2b-elements-of-value
Accessible en version interactive ici :
https://www.bain.com/insights/explore-the-b2b-elements-of-value-interactive/
71
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II - Les rôles au sein d’une organisation produit
Les buyer personas permettent au PMM d’identifier les organisations les plus
susceptibles d’acheter le produit, en ne se reposant pas que sur les besoins
fonctionnels et techniques mais également sur les attentes des individus
responsables des décisions d’achat. Ces buyer personas sont critiques dans la
stratégie d’inbound marketing, et servent également à guider les efforts de vente. Les
éléments suivants sont intéressants à identifier pour un buyer persona :
72
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II - Les rôles au sein d’une organisation produit
A quel moment créer un go-to-market plan ? Au premier lancement du produit bien sûr,
mais aussi à chaque lancement dans un nouveau marché : nouvelle zone géographique,
nouvelle verticale, etc. Et à chaque version majeure du produit, à chaque lancement de
grande fonctionnalité.
42
Buyer Persona Example. Buyer Persona Institute.
https://www.buyerpersona.com/buyer-persona-example
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II - Les rôles au sein d’une organisation produit
En cas de mise à jour d’un outil SaaS par exemple, le PMM doit également prévoir
d’accompagner les clients en cas de mise à jour technique nécessaire (mettre à jour son
intégration avec d’autres outils par exemple) et assister les PM dans les phases de bêta
(test de la future version du produit par des clients).
Les équipes produit de Veepee sont découpées en fonction du parcours utilisateur dans
l’application : User Engagement, Navigation, Sales, Orderpipe, Post-Sales… Au sein de
cette organisation, l’équipe User Engagement est chargée de l’onboarding du prospect
pour le transformer en client. Côté marketing, une autre équipe User Engagement d’un
point de vue business est chargée de la génération de trafic via divers canaux
d’acquisition payants ou non et du CRM, sur la partie activation. Ces deux équipes ont
été fusionnées en quelque sorte, en formant une squad unique, avec le renfort d’un
data analyst dédié, chaque membre de l’équipe continuant à rapporter à son manager
business, produit, tech ou data.
business, produit et data au sein d’une seul équipe d’acquisition chez Veepee
43
BIGNON, Annabelle. Intervention d'Alexia Boulot et Laure Helary ex-@Veepee sur le framework
Product x Business. Youtube : 22 juillet 2020. [vidéo]
https://www.youtube.com/watch?v=f0St9R5Dgzg
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Quelles ont été les clés du succès pour mener cette transformation ?
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III - La stratégie produit
Partie III
La stratégie produit
La stratégie produit est l’ensemble des éléments qui vont guider le cycle de vie du
produit à moyen et long terme. Il s’agit d’un plan macro, qui décrit ce vers quoi le
produit doit tendre.
● La vision produit, qui définit un horizon à long terme pour le produit. La vision
est un guide qui doit être à l’esprit de toutes les parties prenantes à tous les
stades du développement du produit.
● Les objectifs stratégiques, et les KPI associés, qui donnent des jalons
mesurables à moyen et long terme, afin d’atteindre la vision.
● La roadmap, qui donne une vision ordonnancée des différentes priorités sur
lesquelles les équipes produit travaillent à court et moyen termes.
La construction d’une stratégie efficace est un processus long, qui ne se résout pas en
quelques workshops. Elle demande de parfaitement comprendre ses utilisateurs, sa
cible ; de connaître le marché et la concurrence ; d’être familier avec le business model
de l’entreprise. Elle est faite d’allers retours entre d’un côté les opérationnels, les
product managers, designers, researchers et strategists qui vont acquérir la
connaissance client et marché et valider les idées auprès des cibles, et d’un autre côté le
top management qui définit les grandes lignes, les grands objectifs et la stratégie
business qui vont guider les équipes.
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III - La stratégie produit
La stratégie produit évolue dans le temps : si la vision doit être solide et ne pas changer
pendant plusieurs années, les objectifs sont régulièrement challengés et de nouveaux
objectifs peuvent apparaître. Quant à la roadmap, elle est mise à jour très
régulièrement au gré des urgences, des nouveaux problèmes et nouvelles opportunités
identifiés.
La stratégie doit être lisible de tous, communiquée à toutes les équipes produit et aux
parties prenantes, aux investisseurs et potentiellement également aux clients. Elle
permet d’engager toutes les forces vers la même direction, créer de l’enthousiasme. Le
feedback que les investisseurs et les clients pourraient fournir peut également être une
source d’inspiration importante.
77
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
III - La stratégie produit
1 - La vision produit
Toute bonne stratégie produit démarre par une vision, un horizon clair vers lequel le
produit doit tendre, son but global à long terme.
Dans une startup ou une entreprise mono-produit, cette vision d’entreprise suffit
généralement. Lorsque l’entreprise dispose de plusieurs lignes produits distinctes, ou
que le produit ne constitue qu’un pan de l’activité de l’entreprise, il est utile de définir
une vision pour chacun de ces produits : quel objectif le produit doit atteindre et
comment se positionne-t-il de façon originale dans la vision globale de l’entreprise ?
La Scrum Alliance décrit ainsi la vision produit : “La vision produit doit décrire un but
global et engageant : un but qui guide les efforts de développement mais laisse
suffisamment de place à la créativité ; un but qui engage et qui inspire les gens, qui
encourage la créativité et qui génère de l’adhésion.”44
La vision fonctionne comme une “North Star” (étoile polaire) : un but global à atteindre
pour l’organisation produit, qui permet d’avoir une base de compréhension commune à
toutes les équipes, sur ce qu’elles doivent accomplir ensemble. En ayant une vision long
terme de ce qu’elles doivent accomplir, les équipes peuvent anticiper des
investissements à long terme, comme des choix d’architecture ou de hardware coûteux,
pour servir au mieux les besoins auxquels ils doivent répondre. Elle servira également
de base pour définir le découpage des équipes produit.
44
“The product vision should describe a broad and engaging goal: a goal that guides the
development effort but leaves enough room for creativity; a goal that engages and inspires
people, fosters creativity, and generates buy-in.”
SCRUM ALLIANCE, The Product Vision. Janvier 2009.
https://www.scrumalliance.org/community/articles/2009/january/the-product-vision
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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III - La stratégie produit
Julie Knibbe, ancienne Head of Product Strategy chez Deezer, explique pourquoi il est
important d’avoir une vision produit45 :
● Fail fast : Les organisations tentent de nombreuses choses pour améliorer leur
produit, et elles ont besoin d’identifier rapidement ce qui ne fonctionne pas. Une
bonne vision sert de cap pour échouer rapidement et retenir ce qui marche.
● Les pivots, changements de positionnement produit, coûtent cher, sont un
frein à l’optimisation et créent de la confusion chez l’utilisateur. Une vision
pertinente donne une direction pour plusieurs années.
● Vouloir résoudre les problèmes des utilisateurs génère de l’innovation
technologique. La vision doit refléter les problèmes principaux que le produit
doit résoudre.
● Les employés ont besoin d’une raison (purpose). Plus la vision de l’entreprise est
claire et engageante, plus ils ont envie de se lever le matin pour y parvenir.
Parfois, cette vision est donnée par un leader visionnaire. C’est souvent le cas dans une
startup early stage où les équipes exécutent la vision d’un des fondateurs. Parfois, cet
état d’esprit perdure lorsque l’entreprise grandit. On peut penser à Elon Musk avec
Tesla, SpaceX et Neuralink, ou à Steve Jobs et Apple. Mais la vision produit est
pratiquement toujours alimentée par la créativité des équipes en amont. L’entreprise ne
peut se reposer que sur les coups de génie de son leader visionnaire. Depuis la mort de
Steve Jobs, Apple n’est plus une entreprise aussi innovante. Ses produits sont sans
cesse perfectionnés et sa base d’utilisateurs conquis lui permet d’être la première
capitalisation boursière au monde devant les 4 autres GAFAM. Mais Apple, longtemps
45
KNIBBE, Julie, Do we need a vision?. 8 décembre 2016.
https://deezer.io/do-we-need-a-vision-847592dad002
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III - La stratégie produit
dans le top 5 des entreprises les plus innovantes du monde, est maintenant à la 39e
place d’après Fast Company46, loin derrière Snapchat, Microsoft ou Tesla.
46
The World’s 50 most innovative companies. Fast Company.
https://www.fastcompany.com/most-innovative-companies/2020
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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III - La stratégie produit
Un produit extrêmement bien réalisé ne fonctionnera pas s’il n’a pas une raison d’être
claire. Avant de créer un produit, il faut clairement définir le problème qu’il cherche à
résoudre, et la raison pour laquelle on choisit une façon de le résoudre. L’organisation
qui prétend résoudre un problème doit le faire avec des convictions affichées. C’est en
jouant sur les émotions et les convictions que l’organisation pourra attirer les early
adopters, sa base d’utilisateurs fidèles qui lui permettront de démarrer et de grandir. Ce
principe est intimement lié à la génération d’outcomes comme moteur du product
management.
Une bonne vision est construite sur le long terme et sur des expérimentations
préalables ayant permis de la valider. Dès lors, en cas de doute ou d’échec dans la mise
en œuvre de cette vision, les équipes doivent rester confiantes et garder le cap. Les
changements de stratégie sont acceptables mais pas les pivots de vision. Par contre, les
équipes produits doivent être suffisamment flexibles pour être capable de changer les
détails dans la réalisation de cette vision. C’est même un des objectifs du product
discovery.
47
SINEK Simon, How great leaders inspire action. Ted : septembre 2009. [vidéo]
https://www.ted.com/talks/simon_sinek_how_great_leaders_inspire_action
48
“Nous sommes têtus sur la vision. Nous sommes flexibles sur les détails… Nous ne renonçons
pas facilement”.
GREATHOUSE, John. 5 Time-Tested Success Tips From Amazon Founder Jeff Bezos. In Forbes. 30 avril
2013.
https://www.forbes.com/sites/johngreathouse/2013/04/30/5-time-tested-success-tips-from-amaz
on-founder-jeff-bezos/
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III - La stratégie produit
Par exemple : Pour les consommateurs qui sont soucieux de l’impact sur leur santé des
produits qu’ils consomment, Yuka est une application mobile qui fournit des
informations sur la qualité des ingrédients du produit simplement en scannant son
étiquette.
49
MOORE, Geoffrey A. Crossing the chasm : marketing and selling disruptive products to mainstream
customers.
50
SINEK Simon, How great leaders inspire action. Ted : septembre 2009. [vidéo]
https://www.ted.com/talks/simon_sinek_how_great_leaders_inspire_action
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III - La stratégie produit
“Dans tout ce que nous faisons, nous croyons à la remise en cause du statu
quo, nous croyons en une manière différente de penser. [pourquoi ?]
Nous remettons en cause le statu quo en rendant nos produits
magnifiquement designés, simples à utiliser et conviviaux. [comment ?]
Il se trouve que nous faisons des ordinateurs formidables. [quoi]”
Exemples de missions :
51
COLLINS, Jim. BHAG – big hairy audacious goal. Extrait de Built to Last, 1994.
https://www.jimcollins.com/article_topics/articles/BHAG.html
52
BANFIELD, Richard, Why Your Product Vision Might Be More Critical Than Your Company
Mission. 17 avril 2018.
https://medium.com/the-heroic/why-your-product-vision-might-be-more-critical-than-your-comp
any-mission-ac29dc44e15c
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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III - La stratégie produit
Notre objectif est d'organiser les informations à l'échelle mondiale pour les
rendre accessibles et utiles à tous. 53
Donner à tous la possibilité de créer une communauté et de rapprocher le
monde entier. 54
We strive to offer our customers the lowest possible prices, the best
available selection, and the utmost convenience
53
https://about.google/
54
https://about.fb.com/fr/company-info/
55
https://blog.blablacar.fr/about-us
56
https://about.doctolib.fr/mission.html
57
https://www.meero.com/fr/about-us
84
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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III - La stratégie produit
Il s’agit par exemple d’une série de product / market fits (par persona, par zones
géographiques, par verticales…), ou d’un séquencement logique (mise en place d’un
système d’avis, pour ensuite établir un système de “sentiments” à partir des données,
puis mettre en place un système de recommandations).
Gibson Biddle, ancien VP Product de Netflix, explique quelles étaient les étapes de leur
stratégie dans les années 200058. Elle tenait en 3 points : 1. Devenir géant sur les DVD 2.
Être leader sur le marché du streaming 3. S’étendre dans le monde entier.
Ces objectifs intermédiaires permettent aux équipes produit de garder le focus sur une
mission, d’être alignées sur un objectif commun. Elles vont se concentrer sur le
lancement du plus petit livrable possible pour atteindre une étape avant de passer à
l’étape suivante. Les idées complémentaires, qui ne correspondent pas aux objectifs,
seront prises en compte plus tard.
Marty Cagan établit 5 grands principes pour construire une bonne stratégie59 :
58
BIDDLE, Gibson. How to Run a Quarterly Product Strategy Meeting: A Board Meeting for
Product. 21 juin 2017.
https://medium.com/@gibsonbiddle/how-to-run-a-quarterly-product-strategy-meeting-a-board-
meeting-for-product-3a14c4d53d1b
59
CAGAN, Marty. Inspired, chap. 26 : Principles of Product Strategy.
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III - La stratégie produit
Les auteurs de Product Roadmap Relaunched estiment que tous les objectifs business
peuvent être regroupés en 10 grandes catégories60 :
60
LOMBARDO, C. Todd, MCCARTHY, Bruce, RYAN, Evan & CONNORS, Michael. Product Roadmaps
Relaunched. p. 75
61
What Matters. OKRs 101 - Lesson 2.4: Refining Your Objectives - Learn how to set and achieve
audacious goals? Youtube : 8 septembre 2020 [vidéo]
https://www.youtube.com/watch?v=sdRf0N1k5_0
62
préface de DOERR, John. Measure What Matters.
86
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III - La stratégie produit
L’idée est simple : en définissant des métriques claires pour évaluer les progrès vers un
objectif, l’organisation donne un outil qui permet aux équipes de se concentrer sur un
chemin communiqué et partagé pour atteindre cet objectif.
● A un niveau stratégique, les OKR peuvent être utilisés pour définir les objectifs
stratégiques de l’organisation, et les métriques associées. Les OKR sont définis
collectivement par les membres du comité de direction, de façon trimestrielle,
ou, au plus, annuelle.
● Les OKR sont ensuite déclinés par département, en assignant des objectifs
intermédiaires pertinents, dans la direction des OKR stratégiques.
● Les OKR sont enfin attribués par équipe au sein de chaque département. Au sein
du département produit, chaque squad a ses propres OKR qui lui permet de se
concentrer sur des objectifs actionnables. Les objectifs sont généralement
donnés à une échelle de temps plus courte que les objectifs stratégiques, au
trimestre ou au mois par exemple.
Pour aligner les OKR entre les différents niveaux organisationnels il y a 2 méthodes
principales :
87
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III - La stratégie produit
temps donné pour considérer que le travail effectué est un succès. En fait, si tous
les KR sont régulièrement à 100%, les objectifs ne sont probablement pas assez
ambitieux. Les managers doivent être capables de définir le seuil à partir duquel
un objectif est considéré comme atteint (autour de 60% ou 70% des KR
généralement), tout en poussant les équipes à aller plus loin.
● Les OKR sont publics et partagés au sein de l’organisation. Chaque membre de
l’organisation doit pouvoir voir sur quoi travaille chaque équipe et quel est l’état
d’avancement des key results.
● Les OKR sont des objectifs business, pas des outputs. Les équipes concernées
par un OKR doivent être libres de définir le moyen pour atteindre cet objectif.
● L’équipe doit avoir les moyens de réaliser son OKR. Il n’est pas envisageable
d’imposer à une équipe de réaliser un objectif si elle ne dispose pas des leviers
organisationnels suffisants pour l’atteindre. Dans une organisation produit, la
création d’équipes autonomes et pluridisciplinaires est essentielle pour donner à
ces équipes les moyens de réaliser leurs objectifs.
● Les OKR ne sont pas imposés par la direction. Ils sont définis après un
échange entre les managers et les équipes concernées, qui se mettent d’accord
sur les meilleurs indicateurs à utiliser pour mesurer l’atteinte de l’objectif.
● Les meilleurs indicateurs sont des indicateurs facilement mesurables et
vérifiables, ils ne laissent pas de place à l’interprétation. Ils sont spécifiques et
limités dans le temps. Ils sont agressifs, mais réalistes.
● Les OKR doivent être revus régulièrement, sur la base de leur avancement. Si
un OKR est atteint, un nouveau peut être assigné. Si un OKR ne semble pas
atteignable, l’équipe et le management doivent collectivement se demander
pourquoi : est-ce que l’OKR est trop ambitieux ou plus pertinent ? l’équipe n’a
pas les moyens de le réaliser ? les KR sont mal définis ?
Les OKR peuvent être plus ou moins simples à atteindre. Il est d’ailleurs possible de
mélanger des OKR.
88
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III - La stratégie produit
Les key results sont des indicateurs à atteindre pour parvenir à l’objectif. Ils forment
ensemble un “package” cohérent qui doit permettre d’atteindre l’objectif, ils ne sont pas
indépendants. Les KR d’un objectif peuvent être un mélange d’input, d’outputs et
d’outcomes :
Les OKR ne sont pas faits pour définir des objectifs de performance individuels en soi,
mais ils peuvent aider à l’alignement des membres d’une équipe. En alignant les
objectifs individuels de chaque membre d’une équipe sur les OKR de cette équipe,
l’organisation s’assure que tous les membres de l’équipe vont aller dans la même
direction.
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III - La stratégie produit
3 - La roadmap produit
La roadmap est la matérialisation physique des différentes étapes de la stratégie
produit. En fonction du niveau d’abstraction et du produit, elle décrit les différents
objectifs stratégiques à une échelle de plusieurs années, ou les différentes initiatives
produits à un an par exemple.
La plupart des organisations ont l’habitude d’établir des roadmaps. Elles le font juste
d’une mauvaise manière. La plupart du temps, il s’agit d’une liste de projets, d’initiatives
et de fonctionnalités, réparties sur un planning assorties de dates de livraison
attendues. Elles ne donnent aucune information sur les objectifs réels. Les dates sont
généralement arbitraires et très souvent irréalistes. Elles imposent bien trop souvent
une pression incroyable aux équipes produits, dans l’objectif de livrer des
fonctionnalités souvent inutiles ou obsolètes avant même le démarrage des
développements.
Pourquoi faire une roadmap ? D’abord parce que le management a besoin de s’assurer
que la valeur la plus importante sera livrée en premier. Ensuite parce qu’il a besoin
d’information pour pouvoir coordonner le travail des équipes de vente et de marketing
et des éventuels partenaires avec la livraison de l’équipe produit. Les roadmaps, si elles
sont bien exécutées, restent un outil de communication très puissant aux mains des
product managers.
Ce type de roadmap est généralement imposé par les parties prenantes du produit :
management qui impose des fonctionnalités et des dates pour donner l’illusion de
contrôler l’organisation, engagement pris auprès d’un client en particulier...
Ces roadmaps sous forme de liste de fonctionnalités ne laissent pas la place nécessaire
au product discovery, phase pourtant nécessaire pour identifier quels sont les réels
problèmes des clients ou utilisateurs à résoudre, et quelle est la bonne réponse à
63
cf chapitre Le product management : un modèle centré sur la production de valeur business et
client
90
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
III - La stratégie produit
apporter. Les premiers feedbacks remettront probablement en cause une grande partie
de ce qui avait été prévu initialement, mais ces roadmaps ne permettent pas de
prendre en compte les échecs, d’apprendre et de s’améliorer.
Afin de définir une date de livraison précise, les équipes de réalisation ont besoin des
détails exacts de ce qu’elles doivent développer. Au moment où la roadmap est établie,
les fonctionnalités sont généralement au mieux décrites par quelques lignes ou un
vague mockup, les dates sont donc forcément indicatives. Elles tendent toutefois à être
considérées comme des engagements, ce qui crée fatalement des tensions. Lorsque le
planning ne peut être tenu, soit les équipes livrent en retard, soit elles coupent dans ce
qui doit être livré, en éliminant généralement une partie significative du bénéfice
attendu de la fonctionnalité.
La réponse est plutôt simple : la roadmap doit être basée sur des outcomes, des
résultats attendus, plutôt que sur des outputs, des fonctionnalités ou des projets. Marty
Cagan rapporte une citation du Général Patton :
Une bonne roadmap doit indiquer le contexte business : la vision produit, et la stratégie
définie pour l’atteindre ; les objectifs business ; les KPI qui permettront de mesurer
l’atteinte de ces objectifs. A partir de là, les équipes produit peuvent prioriser des
résultats business, qui permettent d’atteindre les objectifs, plutôt que des
fonctionnalités.
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III - La stratégie produit
Dans une organisation orientée produit, créer la roadmap est un travail collaboratif et
itératif entre le management et les product managers :
Bien sûr, le product manager ne décide pas arbitrairement des initiatives, et ne les
impose pas à l’organisation et au management. Il doit être capable de justifier ses
choix, présenter des données factuelles qui le poussent à prioriser telle initiative plutôt
qu’une autre. Les roadmaps sont généralement validées par le management à intervalle
régulier. En cas de désaccord, le management ne doit pas imposer de prioriser telle ou
telle initiative, mais demander au PM de revoir sa copie sur la base d’éléments justifiant
cette revue de roadmap (par exemple des contraintes externes que le PM n’aurait pas
suffisamment prises en compte, qui justifient d’avancer une initiative ou d’en reculer
une autre).
Il arrive parfois que des dates soient vraiment nécessaires : contrainte juridique,
évènement de lancement produit par exemple. La meilleure façon d’y répondre est
grâce à ce que Marty Cagan appelle les engagements à haute intégrité (high integrity
commitments)64. Ils se déroulent en 5 étapes :
64
CAGAN, Marty. High-Integrity Commitments. 15 juillet 2012.
https://svpg.com/managing-commitments-in-an-agile-team/
92
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III - La stratégie produit
1. Une demande business arrive, assortie d’une contrainte de date (soit le business
a besoin de connaître la date de résolution du problème, soit une contrainte
forte impose de le résoudre avant telle date).
2. L’équipe produit mène une phase de découverte (product discovery) sur le
problème, afin de déterminer la bonne réponse à y apporter. Elle valide la valeur
business et utilisateur de la solution, l’utilisabilité de la réponse et la faisabilité
technique.
3. Une fois cette phase de discovery effectuée, l’équipe peut prendre un
engagement informé et ferme, à la fois sur la date et sur le résultat qu’elle
compte livrer. En cas de date contrainte, des ressources supplémentaires
peuvent éventuellement être engagées.
4. La demande business est ensuite priorisée sur la roadmap et mise en phase de
développement (build)
5. Enfin les développements sont livrés en production (delivery) à la date prévue, le
problème est résolu.
● La vision produit est le moteur qui doit guider toutes les actions effectuées sur
le produit. Elle doit être répétée autant que possible et mise en avant sur la
roadmap.
● Les objectifs business sont des étapes mesurables vers la vision, et doivent là
encore être rappelés à tous.
● Une idée de temporalité. Elle permet de fournir une bonne idée de la
priorisation, mais elle ne doit pas être vue comme un commitment. Cela peut
être un découpage de l’année en trimestre, ou même un simple “Now”, “Next”,
“Later”.
● Les thématiques traitées dans la roadmap, orientées Outcomes. Les besoins
clients et business, les thèmes techniques.
● Une clause de non-responsabilité, qui indique clairement que la roadmap n’est
pas figée dans le marbre. Par exemple, la date et un message du type “sujet à
changement sans avertissement”. Si les roadmaps sont communiquées au public
ou à des partenaires, il est bon d’inclure le département juridique pour créer ce
disclaimer.
65
LOMBARDO, C. Todd, et al. Product Roadmaps Relaunched.
93
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III - La stratégie produit
Exemple fictif de roadmap produit, par les auteurs de Product Roadmap Relaunched
66
GILAD, Itamar. Why you should stop using product roadmaps and try the GIST Framework.
https://itamargilad.com/gist-framework/
94
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III - La stratégie produit
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III - La stratégie produit
Mettez en place des systèmes pour obtenir le plus possible de feedbacks clients, et
pensez également dès le départ à la façon dont vous allez traiter ces feedbacks :
Mettez également en place dès le début, dès votre MVP, des outils de tracking pour
évaluer ce que font vos utilisateurs avec le produit : outils d’analytics web, outil de
tracking produit basé sur les évènements, heatmaps… Mesurez le parcours de vos
utilisateurs et identifiez des pain points. Parfois la résolution sera simple, mais dans
certains cas, il faudra passer par une initiative produit beaucoup plus importante pour
corriger un problème ou saisir une opportunité.
Le PM doit être capable de travailler avec l’ensemble des stakeholders pour entendre
tous les points de vue, éviter les frustrations et découvrir les meilleures idées. Tant que
l’organisation n’est pas mature sur la démarche produit, certains directeurs et
parties-prenantes vont imposer des fonctionnalités. Le meilleur moyen dans ce cas-là
est de prendre les demandes comme des initiatives potentielles, et de commencer à les
explorer en phase de discovery : si l’initiative est pertinente, tant mieux ; si elle ne l’est
pas, le PM aura des données factuelles pour justifier le fait de ne pas aller plus loin.
Les auteurs de Product Roadmaps Relaunched ont publié un tableau67 listant quelques
raisons pour impliquer les stakeholders pour la constitution de la de la roadmap.
67
LOMBARDO, C. Todd, et al. Product Roadmaps Relaunched. p. 61
96
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III - La stratégie produit
Client Est enthousiaste sur les bénéfices Fournit un feedback sur la valeur
qu’ils pourront tirer de futures utilisateur et les priorités.
versions produit.
Ventes Peut répondre aux questions des Fournit des feedbacks sur ce qui
prospects et clients à propos du pousserait les prospects à acheter
futur du produit. le produit, et les clients à rester.
Service client Peut répondre aux réponses des Fournit un feedback sur les
clients sur les bugs, les problèmes principaux problèmes rencontrés
d’utilisabilité, les futures par les clients.
fonctionnalités.
Autre équipe Synchronise les livraisons et les Synchronise les livraisons et les
produit approches techniques. approches techniques.
Operations, Comprend les besoins futurs en Fournit des informations sur les
Production, termes de ressources, d’outils, coûts des ressources, outils,
Achats, RH d’infrastructures... infrastructures…
Au sein de l’équipe produit même, les différents membres ont probablement tous des
idées pour améliorer le produit :
97
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III - La stratégie produit
Le marché et la concurrence
Les pratiques du marché sont une importante source d’idées pour améliorer votre
produit :
L’impact mapping
L’impact mapping est une méthode théorisée par Gojdo Adzic68 en 2012. Elle a pour
objectif de définir collectivement les initiatives produit générant un maximum d’impact
pour les utilisateurs et le business, en mettant de côté tout ce qui n’est pas générateur
d’impact.
L’impact mapping est réalisé lors d’un atelier dédié, réunissant toutes les
parties-prenantes intéressées par un projet, c'est-à-dire l’atteinte d’un objectif business
pour le produit. Le déroulement d’un atelier d’impact mapping est notamment
documenté par MeilleursAgents69, pionniers en France dans la gestion d’un produit par
68
ADZIC, Godjo, Impact Mapping. https://www.impactmapping.org/. Voir aussi le livre Impact
Mapping : Making a big impact with software products and projects, du même auteur.
69
FOULON, Nicolas. Conseils pour réussir son atelier d’Impact Mapping. Medium, MeilleursAgents
Engineering : 22 novembre 2019.
98
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III - La stratégie produit
l’impact. Le livrable de l’atelier est une Impact Map, un outil visuel sous forme d’arbre à
4 ou 5 niveaux :
un exemple d’impact mapping pour augmenter les revenus publicitaires sur l’application
mobile d’un site d’information musicale70
● L’objectif stratégique que l’organisation veut adresser, par exemple sur la base
des OKR.
● Les acteurs concernés par l’impact mapping. Ces acteurs peuvent être des
utilisateurs, des clients, des acteurs internes (administrateurs du produit,
commerciaux…), des acteurs susceptibles de freiner l’atteinte des objectifs…
● Les impacts : ce qui doit être changé pour l’acteur concerné afin d’atteindre
l’objectif. Les impacts constituent les initiatives produit, qui peuvent être
priorisées sur la roadmap. Ce sont les outcomes que souhaitez générer.
● Les livrables : ce qui peut être fait sur le produit pour générer l’impact concerné.
Ce sont les outputs, qui permettent de générer l’outcome.
● Enfin ces livrables peuvent éventuellement être découpés en stories, éléments
qui seront utilisés comme hypothèses de discovery, puis pour construire le
backlog. Ce sont les expérimentations que vous souhaitez mener pour créer
l’output
https://medium.com/meilleursagents-engineering/conseils-pour-r%C3%A9ussir-son-atelier-dimp
act-mapping-a8d648e3d0c
70
Example impact maps. Impact mapping. https://www.impactmapping.org/example.html
99
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III - La stratégie produit
Comme toutes les bonnes techniques d’idéation, l’atelier d’impact mapping alterne des
phases de divergence (chacun réfléchit dans son coin à un problème, puis aux
solutions), et des phases de convergence (les participants discutent des idées
individuelles et choisissent collectivement les plus pertinentes). Cet atelier se déroule en
3 phases :
Cet impact mapping fournit un guide pour le product manager, qui peut ensuite
explorer les différentes initiatives listées dans l’arbre, les tester et les challenger en
phase de discovery.
71
FOULON, Nicolas. Conseils pour réussir son atelier d’Impact Mapping. Medium, MeilleursAgents
Engineering : 22 novembre 2019.
https://medium.com/meilleursagents-engineering/conseils-pour-r%C3%A9ussir-son-atelier-dimp
act-mapping-a8d648e3d0c
100
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III - La stratégie produit
Ce framework est notamment connu pour être utilisé par les équipes de Growth (et
notamment le “Growth Hacking”), mais il est également utile pour les product
managers.
Acquisition
Par exemple, Damien Delautier, CPO chez Canal+, explique que son équipe produit est
en charge d’un site web de programmes TV, qui permet de promouvoir les offres de
l’application myCANAL72.
Activation
Les utilisateurs font-ils les actions que l’on souhaite qu’ils fassent ? Une fois qu’ils sont
attirés vers votre produit (ou vers une landing page, le site web présentant votre
produit, la page de votre application mobile…), est-ce qu’ils font des actions confirmant
leur intérêt ?
WIVOO, Product Therapy - REX sur la mise en place d'un framework Produit chez Canal + par
72
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III - La stratégie produit
Rétention
Les utilisateurs activés restent-ils engagés avec le produit ? Après leur première visite,
continuent-ils à interagir avec lui ? Restent-ils actifs à long terme ?
Revenus :
Exemples de leviers : achat sur le site, abonnement premium, clic sur des publicités,
upsell/cross-sell...
Recommandation (Referral)
Chaque organisation a ses spécificités et doit définir comment ses différentes étapes
s’organisent dans son parcours client, et quels sont les indicateurs les plus pertinents
pour mesurer le succès de ce parcours.
En établissant une sorte de carte des indicateurs sur le chemin AARRR, l’organisation
peut ainsi identifier les points douloureux au cours desquels une partie significative des
clients et prospects part, et donc identifier des initiatives pour améliorer ces indicateurs.
Par exemple, si un des objectifs de l’organisation est d’améliorer le revenu moyen par
client sur une période donnée, le PM pourra envisager des initiatives sur le revenu
(augmentation du panier moyen, upsell…) ou des initiatives autour de la rétention (faire
revenir le client pour qu’il dépense à nouveau).
73
La Product Conf - LPC & LPCx. Appliquer la mentalité produit au secteur public (Matti Schneider).
Youtube : 27 septembre 2019. https://www.youtube.com/watch?v=dOZFcmnVE5g
102
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
III - La stratégie produit
en lumière le fait que les outils utilisés en product management posent généralement
des hypothèses implicites qu’il faut questionner pour s’assurer d’en faire le meilleur
usage.
Une des particularités du service public (en France) est que l’utilisateur est bien souvent
captif : il n’a pas d’autre choix que d’utiliser le site web des impôts pour faire sa
déclaration, parcours sup’ pour faire ses choix d’orientation en études supérieures ou le
site de l’URSSAF pour faire ses déclarations. Dans bien des cas, il conserve le choix de ne
pas du tout utiliser le produit (et donc de ne pas bénéficier de certaines aides, ou de
continuer à suivre un processus physique ou papier).
Les revenus sont également analysés d’une façon différente : la plupart des revenus ne
rapportent pas de valeur financière à l’Etat, et en tout cas aux investisseurs (les
ministres et chefs de cabinets). Dans les startups d'État, le revenu est analysé comme
capital réputationnel : un bon produit peut apporter des bons retours presse et une
satisfaction des usagers qui peut améliorer la réputation interne et externe des
décideurs qui ont financé le produit.
74
MCALLISTER, Ian. What is Amazon's approach to product development and product
management? 18 mai 2012 [22 août 2020]
https://www.quora.com/What-is-Amazons-approach-to-product-development-and-product-man
agement?ref=http://www.product-frameworks.com/
voir aussi : MCALLISTER, Ian. Working Backwards Press Release Template and Example. LinkedIn : 23
avril 2020.
https://www.linkedin.com/pulse/working-backwards-press-release-template-example-ian-mcallis
ter/
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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III - La stratégie produit
du produit existant est supposé surpasser les solutions actuelles. Le product manager
recommence son communiqué de presse jusqu’à ce que la solution proposée apporte
un réel bénéfice client.
Le communiqué, qui doit tenir sur une seule page, doit être écrit dans un langage
compréhensible par l’utilisateur final. Si le PM ne parvient pas à rédiger le communiqué,
l’idée n’est probablement pas assez bonne ou assez claire pour être réalisée.
Le communiqué de presse suit un formalisme précis décrit par Ian McAllister, ancien
directeur d’Amazon, notamment en charge d’AmazonSmile, d’Alexa International puis
de Amazon Day :
Plusieurs méthodes et outils fournissent une aide pour prioriser la roadmap. Ils
permettent généralement de comparer des initiatives entre elles, plutôt qu’essayer de
définir une valeur intrinsèque à chaque initiative.
Le modèle de Kano
Du nom de son inventeur Noriaki Kano, ce modèle permet de prioriser les éléments
d’une roadmap en étant centré sur la valeur utilisateur délivrée par les initiatives
produit.
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
III - La stratégie produit
La matrice de Kano75
75
Le modèle de KANO: si précieux pour …. QualityStreet : 13 décembre 2007.
https://www.qualitystreet.fr/2007/12/13/le-modele-de-kano/
105
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
III - La stratégie produit
Un diagramme de Kano
Les résultats sont ensuite représentés sur un diagramme de Kano, montrant l’impact du
degré de couverture des besoins sur la satisfaction client. Les besoins des catégories
indifférent et inverse sont ignorés dans le développement produit. Les éléments
basiques doivent être couverts, au PM de définir le degré de couverture. Enfin le PM
doit équilibrer sa roadmap entre les éléments linéaires, pour éviter de l’insatisfaction en
cas d’absence, tout en maximisant l’effet “wow” en considérant certains effets excitants.
106
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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III - La stratégie produit
excitants. En étant basé sur les avis des utilisateurs, il est sensible aux biais, notamment
sur la façon dont les besoins sont exprimés. Enfin il est très axé “fonctionnalité”, et ne
prend pas en compte l’objectif business.
Le modèle de Kano peut être utile lorsque l’organisation cherche à lancer un produit,
pour déterminer les grands domaines fonctionnels auxquels il doit pouvoir répondre. Il
peut également être utile pour choisir les domaines à investiguer avant même de
songer à l’effort engagé : quelles initiatives prioriser en phase de discovery ?
La méthode RICE
Le modèle RICE a été documenté par la société Intercom76. Il s’agit d’un modèle de
scoring permettant de comparer différentes idées produit entre elles pour les prioriser.
Chaque initiative est évaluée selon 4 axes, avec un système de notation de chaque axe
qui doit être commun à toutes les initiatives comparées.
Un score RICE est attribué à chaque initiative, ce qui permet de les classer pour les
prioriser. A noter que comme chaque système de classement par points, il doit servir de
76
MCBRIDE, Sean. RICE: Simple prioritization for product managers. Inside Intercom.
https://www.intercom.com/blog/rice-simple-prioritization-for-product-managers/
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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III - La stratégie produit
guide pour la priorisation, et non être pris comme une règle absolue, d’autres facteurs
pouvant jouer dans la priorisation.
Ce système est basé sur des métriques actionnables, et prend notamment en compte
l’impact sur les KPI ou OKR associés aux objectifs. Il prend en compte une diversité de
facteurs permettant d’avoir une vue globale du problème, notamment la valeur
business et client, tout en considérant l’incertitude inhérente à la construction de
roadmaps.
Basé sur des métriques concrètes, le RICE peut difficilement être utilisé pour la création
d’un produit pour lequel le Reach et l’impact sont largement inconnus. Il est davantage
adapté à l’évolution de produits existants qu’à la création de nouveaux produits.
Attention également au facteur Reach, en particulier sur les produits de type plateforme
qui mettent en relation deux populations dont les effectifs sont déséquilibrés.
Christopher Parola, Lead PM de MeilleursAgents, propose de mesurer le RICE par
rapport aux OKR77. Par ailleurs, en tout début d’initiative, l’effort est totalement inconnu.
Pour prioriser les initiatives à investiguer en discovery, Thiga propose d’adapter le RICE
en PRIC78 : enlever la variable Effort, et la remplacer par une variable Problem, pour
évaluer la pertinence du problème que l’initiative cherche à résoudre.
La méthode ICE
La méthode ICE a été inventée par Sean Ellis, considéré comme le créateur du growth
hacking. Tout comme le RICE, ICE est un modèle de scoring pour évaluer des initiatives
produit (ou marketing) en les comparant entre elles. Le score ICE a d’abord été conçu
pour prioriser les expérimentations de growth, il a été adopté par les product manager
pour pouvoir prioriser les initiatives produit et les fonctionnalités.
Il revient à prioriser les idées ayant le meilleur impact produit et la plus grande facilité
d’exécution, pondérées par un indicateur de confiance dans ces estimations.
77
La Product Conf - LPC & LPCx. Piloter les équipes Produit par l'impact. Youtube : 8 août 2018
[vidéo] https://youtu.be/VqdUA3bhW38?t=1010
78
Commentaires de Fabrice Des Mazery, CPO de Thiga, pendant le webinar Retour sur la
construction d’une Roadmap chez MedecinDirect ! Thiga : 9 juin 2020.
https://laproductconf.com/lpcx/retour-sur-la-construction-dune-roadmap-chez-medecindirect/
108
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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III - La stratégie produit
Itamar Gilad, ancien PM chez Google notamment, propose un outil pour mesurer
l’indice de confiance79. L’idée est d’améliorer progressivement l’indice de confiance
d’une initiative en itérant sur différents moyens permettant d’évaluer la pertinence de
cette initiative.
Avantages de ICE
Le modèle ICE est très simple et rapide à mettre en place. SI vous avez besoin de
donner un premier ordre de priorité dans une longue liste d’initiatives pour rapidement
identifier les plus prometteuses et les moins intéressantes, ou si vous n’avez pas besoin
de justifier scientifiquement vos choix, ICE peut être utile.
79
GILAD, Itamar. Idea Prioritization With ICE and The Confidence Meter.
https://itamargilad.com/the-tool-that-will-help-you-choose-better-product-ideas/
109
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III - La stratégie produit
Inconvénients de ICE
Contrairement au scoring RICE, ICE est basé sur des indicateurs subjectifs. Des
personnes différentes vont probablement assigner des scores significativement
différents pour chaque indicateur. Il est très sensible aux biais individuels. Les
organisations utilisant ICE devraient également définir une échelle collective sur ce que
signifie tel ou tel score dans les différents indicateurs, sur le modèle de ce que Itamar
Gilad propose pour le score de confiance.
80
La Product Conf - LPC & LPCx. Piloter les équipes Produit par l'impact. Youtube : 8 août 2018
[vidéo] https://youtu.be/VqdUA3bhW38?t=1158
81
RENAULT, Marie-Cécile. Doctolib rend la téléconsultation gratuite pour les médecins français.
Le Figaro : 5 mars 2020.
https://www.lefigaro.fr/conjoncture/doctolib-rend-la-teleconsultation-gratuite-pour-les-medecins
-francais-20200305
82
ZIRAR, Wassinia. Coronavirus: Doctolib installe une "cellule dédiée" à la téléconsultation (Stanislas
Niox-Chateau). Tic santé : 12 mars 2020.
https://www.ticsante.com/story/5064/coronavirus-doctolib-installe-une-cellule-dediee-a-la-teleco
nsultation-(stanislas-niox-chateau).html
110
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III - La stratégie produit
83
DANRE, Cécile. Coronavirus: en un mois, les téléconsultations via Doctolib ont été multipliées par
18. BFM Business : 18 mars 2020.
https://www.bfmtv.com/economie/coronavirus-en-un-mois-les-teleconsultations-via-doctolib-ont
-ete-multipliees-par-18_AN-202003180072.html
84
ROUQUETTE, Pauline. Coronavirus : le nombre de téléconsultations médicales explose. Europe1 :
20 mars 2020.
https://www.europe1.fr/sante/coronavirus-confinement-oblige-le-nombre-de-teleconsultations-
medicales-explose-3956743
85
Doctolib. 100 000 téléconsultations par jour sont désormais réalisées sur DOctolib, dont 85% dans
le cadre d’un suivi de patient. 1er avril 2020.
https://cdn2.hubspot.net/hubfs/5479688/B2B%20-%20Press/CP_Doctolib_TC_Covid19_200401-p
age-001.jpg
86
Doctolib. Encore 30 fois plus de consultations vidéo qu’avant l’épidémie : comment pérenniser cette
pratique ?. 8 juin 2020.
https://cdn2.hubspot.net/hubfs/5479688/B2B%20-%20Press/CP%20200608%20-%20L%E2%80%9
9usage%20de%20la%20consultation%20vid%C3%A9o%20reste%20beaucoup%20plus%20%C3%
A9lev%C3%A9%20qu%E2%80%99avant%20la%20crise.pdf
111
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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III - La stratégie produit
Dans une startup, le cycle de vie et la recherche d’investissements sont liés : certains
investisseurs early stages sont prêts à prendre le risque d’investir dans une startup à la
recherche du problem-solution fit, tandis que les tours plus tardifs arrivent quand la
startup recherche son product/market fit, voire une fois qu’elle l’a trouvé.
Avant de penser à comment résoudre le problème, il faut être certain que ce problème
existe, qu’il vaut la peine d’être résolu et qu’il est suffisamment cadré. En d’autres
termes, il faut essayer d’atténuer dès le départ le risque de valeur. Ensuite seulement,
l’organisation peut commencer à réfléchir à la meilleure solution pour résoudre ce
problème.
L’approche Lean Startup fournit des clés pour vérifier le problème et tester des
solutions : Vous formulez des hypothèses sur le problème, pour lesquelles vous
construisez un prototype (qui peut être aussi simple qu’un schéma sur une feuille de
papier pour commencer), et vous menez des enquêtes qualitatives pour vérifier ou
invalider vos hypothèses. Vous itérez ainsi jusqu’à valider suffisamment d’hypothèses
pour vous lancer.
87
https://www.ideahackers.network/
112
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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III - La stratégie produit
La première ligne, en rose, est appelée Customer State fit. Elle permet de vous assurer
que vous comprenez votre cible :
● Quels sont les problèmes que vous souhaitez résoudre pour vos clients ? A
quelle fréquence surviennent-ils ?
● Quelle est la cause de chacun de ces problèmes ?
● Que font-ils quand ce problème survient ?
88
NEPRIAKHINA , Daria. The Problem-Solution Fit canvas. Medium : 19 décembre 2016.
https://medium.com/@epicantus/problem-solution-fit-canvas-aa3dd59cb4fe
Accessible en version PDF ici :
https://static1.squarespace.com/static/5e735af15d82f4609cd315d0/t/5f5cc2fe381d4c58cea18fcc
/1599914751215/problem-solution-fit-canvas-by-daria-nepriakhina-ideahackers-network.pdf
113
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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III - La stratégie produit
● Que ressentent les personnes qui ont un problème, et quelles sont leurs
émotions lorsque ce problème est résolu ?
● Quels sont les canaux online et offline sur lesquels le comportement des
utilisateurs s’exprime en réaction aux problèmes que vous souhaitez résoudre ?
Enfin en bleu la solution proposée pour résoudre les problèmes identifiés via les bons
canaux.
Pour tendre vers le product/market fit, le principe reste le même que pour cadrer le
problème et la solution : poser des hypothèses, et les valider ou les réfuter grâce à des
expérimentations sur le terrain. Les hypothèses deviennent de plus en plus précises, les
MVP de plus en plus concrets et aboutis. Lorsque les hypothèses ne permettent plus de
délivrer de valeur, l’organisation pivote.
89
Andreessen, Marc. The PMARCA guide to startups : Part 4: The only thing that matters. 25 juin
2007. https://pmarchive.com/guide_to_startups_part4.html
114
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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III - La stratégie produit
90
LEVREY, Fabien & IRRMANN-TEZE, Alexandre. Guide du Growth, Règle 1 / Product Market Fit : pas
de PMF, pas de croissance !. Thiga : 17 mai 2017.
https://blog.thiga.co/guide-du-growth-1-product-market-fit-pmf-croissance/
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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III - La stratégie produit
explique l’adoption d’un nouveau produit ou d’une innovation au sein d’un marché en
divisant ce marché en 5 groupes.
Dans Crossing the Chasm, Geoffrey Moore a approfondi cette théorie et l’a appliquée à
l’innovation liée aux produits digitaux.
116
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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III - La stratégie produit
● Les sceptiques (Skeptics) ou Laggards : Ils refusent la nouveauté par principe. Ils
n’adoptent un nouveau produit que lorsqu’ils y sont forcés, parce que les
solutions qu’ils utilisent ne sont plus produites par exemple.
Moore explique qu’il y a un gouffre (chasm) entre l’adoption d’un produit innovant par
les visionnaires et l’adoption de ce même produit par les pragmatiques.
Le gouffre (ou “Chasm”) à franchir entre les Early Adopters et la Early Majority
117
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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III - La stratégie produit
particuliers qui ne sont pas réglés par les produits de masse, et financièrement, ils ne
sont pas intéressants pour ces mêmes acteurs. Pour répondre aux besoins de cette
niche, l’organisation identifie les cas d’usage du produit les plus pertinents pour cette
niche et réoriente leur roadmap pour renforcer ces cas d’usages. Les équipes marketing
développent les messages, les contenus et les canaux pour conquérir des premiers
clients, obtenir des références et acquérir de nouveaux clients les uns après les autres
jusqu’à devenir le leader de cette niche. Une fois ce micro-segment conquis,
l’organisation choisit une deuxième niche connexe à la première pour reproduire la
même stratégie, en ayant cette fois des références utiles.
Tant que le produit n’a pas réussi à conquérir une partie de cette early majority,
commencé à être leader sur certains marchés et trouver une certaine rentabilité, il n’a
pas atteint de product/market fit.
Pour grossir, le produit doit bien sûr attirer de nouveaux clients, les faire passer à
l’action, les retenir, les monétiser, et les faire recommander le produit à d’autres. Il s’agit
des 5 étapes du framework AARRR, le plus utilisé pour mesurer la croissance d’un
produit.
Travailler sa rétention
La fidélisation et la rétention des utilisateurs est généralement un facteur essentiel de
croissance, surtout lorsque le coût d’acquisition du client est élevé et qu’il met du temps
à être rentabilisé. C’est particulièrement vrai pour les applications mobiles : est-ce que
les utilisateurs qui ont téléchargé et une application mobile s’en servent encore 2, 5, 20
jours après ?
118
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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III - La stratégie produit
Une bonne courbe (en vert sur le graphique) est une courbe qui se stabilise dans le
temps, et donc pour laquelle on voit des utilisateurs qui continuent à rester actifs à long
terme.
Une mauvaise courbe est une courbe qui ne se stabilise jamais, et qui tend rapidement
vers le 0, donc que les utilisateurs cessent rapidement d’utiliser le produit. Plus
exactement, la courbe est mauvaise si elle atteint ce 0 avant d’avoir rentabilisé les coûts
d’acquisition et généré des profits pour l’organisation.
L’objectif est de retenir plus d’utilisateurs dès les premiers jours, afin de retarder le
moment où les utilisateurs vont cesser de l’utiliser. Le meilleur moyen de les retenir au
départ est d’améliorer l’expérience de prise en main du produit, aussi appelé
onboarding. Concrètement, il faut que l’utilisateur comprenne le plus tôt possible
quelle est la valeur que le produit peut lui apporter et comment l’utiliser.
Afin d’améliorer cet onboarding, les product growth managers cherchent ce qu’on
appelle le “aha moment”, c’est-à-dire les facteurs qui font qu’un utilisateur a le déclic,
est engagé avec le produit et se met à l’utiliser fréquemment. Par exemple, le aha
moment de Facebook arrive quand un utilisateur a ajouté à son réseau 7 amis en 10
jours92. Chez Twitter, ce aha moment arrive quand l’utilisateur suit 30 comptes, et qu’au
moins 10 comptes le suivent à son tour93. Pour myCANAL, c’est quand un utilisateur
91
BONNIE, Emily. The Mobile Marketer’s Guide to Mastering User Retention. Clevertap : 19 août
2020. https://clevertap.com/blog/guide-to-user-retention/
92
STANCIL, Benn. Facebook's Aha Moment Is Simpler Than You Think. Mode : 30 janvier 2015.
https://mode.com/blog/facebook-aha-moment-simpler-than-you-think/
93
MAKKAR, Gaurav. Facebook, Twitter, and the Aha Moment!. UX Planet : 1er avril 2019.
https://uxplanet.org/facebook-twitter-and-the-aha-moment-7f8e4c503e3e
119
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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III - La stratégie produit
La deuxième technique consiste à inciter les utilisateurs à revenir une fois l’onboarding
effectué avec succès. En analysant les données, le PM peut identifier les
comportements saillants des utilisateurs qui utilisent déjà le produit de façon régulière :
quelles fonctionnalités utilisent-ils ? À quels moments de la journée sont-ils le plus actifs
? En poussant ces fonctionnalités au bon moment, les nouveaux utilisateurs ont de
bonnes chances de trouver quelque chose qui les intéresse et de revenir.
Nir Eyal détaille95 de nombreuses techniques pour engager les utilisateurs, grâce à ce
qu’il appelle des Hooks (crochets). Les hooks permettent de connecter le produit avec
les problèmes de l’utilisateur à une fréquence telle que l’utilisation du produit devient
une habitude. Ces hooks s’enrichissent les uns les autres pour former une boucle infinie
qui enferme l’utilisateur au sein du produit. Le framework de Eyal comporte 4
composantes :
94
WIVOO. Product Therapy - REX sur la mise en place d'un framework Produit chez Canal + par
Damien Delautier. Youtube : 12 mai 2020. [vidéo]
ttps://www.youtube.com/watch?v=jmXuvN2x4vM
95
EYAL, Nir. Hooked : comment créer un produit ou un service qui ancre des habitudes. Eyrolles :
2018.
120
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
III - La stratégie produit
Le centre d’attention se portera sur la conservation des parts de marché, sur la lutte
contre la concurrence, sur la réputation du produit et sur la conservation de sa base
client. L’organisation cherche de nouveaux moyens pour accroître les revenus avec une
base d’utilisateurs relativement stable. De nouveaux segments jusqu’ici ignorés peuvent
être envisagés. Des opportunités technologiques ou partenariales peuvent
éventuellement permettre de trouver de nouveaux moteurs de croissance.
Les efforts des équipes produits ne doivent pas être relâchés, au contraire, en
particulier dans les environnements très compétitifs. L’organisation doit chercher à
disrupter son modèle, avant que d’autres ne le fasse à sa place. La vision produit doit
être revue : est-ce qu’elle a été atteinte ? Si non, est-elle toujours pertinente et que
manque-t-il pour la réaliser. Si oui, faut-il effectuer un pivot, et se projeter dans l’avenir
d’une façon différente ?
Si l’organisation ne prend pas garde, le produit amorcera une phase de déclin. Une
partie de ses utilisateurs quitteront le produit pour un autre. Une rupture
technologique qui n’aura pas été envisagée à temps pour le produit le rendra obsolète.
Les revenus baisseront, les prix devront être baissés pour rester compétitifs. En cas de
déclin confirmé, deux grandes options sont possibles :
121
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
Partie IV
Product Discovery :
identifier quel
produit développer
Le product discovery est un processus itératif qui permet de réduire l’incertitude autour
d’un problème ou d’une idée, afin d’être certain que l’organisation va développer le bon
produit, pour la bonne audience. Le product discovery permet de réduire au maximum
les risques de valeur, d’utilisabilité et de faisabilité.
Le principe du discovery est le même à chaque étape du processus : d’abord poser des
hypothèses, puis valider ou rejeter ces hypothèses en menant des expérimentations
avec de vrais utilisateurs (potentiels ou actuels) de votre produit, afin d’obtenir des
122
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
Le discovery permet essentiellement de prendre des décisions sur la direction que doit
prendre le développement produit en se basant sur des faits, des observations
validées, plutôt que des intuitions. Les insights que vous obtenez permettent de
convaincre les parties-prenantes que la direction que vous prenez est la bonne, que les
initiatives produit priorisées sont pertinentes, et que les options que vous choisissez
dans le cadre de ces initiatives permettent de répondre aux problèmes auxquels
l’organisation cherche à répondre.
Le product discovery est une étape essentielle parmi les tâches du product manager, et
elle est malheureusement souvent sous-estimée, en particulier dans les organisations
qui ont déjà scalé, et pratiquement tout le temps dans la plupart des projets des
corporates. L’absence de discovery est la cause la plus criante des projets qui ne
fonctionnent pas. Quand l’organisation est sous pression, que les ressources manquent,
qu’il faut délivrer rapidement, le discovery est souvent la première étape à être
supprimée. C’est l’assurance de livrer rapidement quelque chose qui ne sert à rien.
Le product manager et le product designer doivent sans cesse alterner entre product
discovery et product delivery. Au sein d’une équipe “normale”, il n’est pas
envisageable d’arrêter le travail de l’équipe de réalisation pendant deux semaines le
temps que le product manager sache quoi faire. Trouver le temps pour paralléliser les
deux peut être un challenge pour l’équipe, et l’organisation doit leur donner les moyens
pour le faire : dédier du temps au discovery, créer des postes de Product Researcher ou
de ProductOps pour aider les équipes…
96
HERBIG, Tim. Product Discovery : A Practical Guide for Agile Teams (2020).
https://herbig.co/product-discovery
123
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
Le product discovery est tellement important pour les organisations les plus innovantes
que certaines ont décidé de mettre deux product managers au sein d’une équipe
produit97 : pendant qu’un des product managers est occupé sur des phases de delivery
avec l’équipe de réalisation, l’autre PM a le temps de creuser la prochaine initiative dont
il a la charge en phase de discovery. Chaque PM alterne ainsi entre discovery et delivery,
en gardant l’équipe de réalisation occupée à livrer de la valeur en production.
Dans les organisations les plus matures et les plus innovantes, le discovery concerne
tous les pans du développement produit, de la vision produit et la stratégie à adopter
pour l’atteindre, jusqu’à la couleur d’un bouton sur une page. Mettre en place du
discovery peut parfois être coûteux. Choisissez vos combats, soyez d’abord certains de
traiter le bon problème, et progressez pas à pas.
97
PAROLA, Christopher. Deux Product Managers par Impact Team. 24 décembre 2019.
https://medium.com/meilleursagents-engineering/deux-products-managers-par-impact-team-26
4aacd74a91
124
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
1 - Le cadre conceptuel du
discovery : Design Thinking et Lean
Le product management moderne et en particulier la phase de discovery sont
profondément influencés par les approches centrées utilisateurs issues du Design
Thinking et la culture test and learn du Lean Startup.
Le Design Thinking a d’abord été théorisé par Rolf Faste, professeur de design à
Stanford et popularisé notamment par l’agence de design IDEO basée à Palo Alto, dans
la Silicon Valley. Plusieurs versions du processus existent, mais toutes se basent sur un
ensemble de valeurs communes : empathie, créativité, co-création, itération et droit à
l’erreur. Le Design Thinking met en avant les problèmes des utilisateurs et cherche à
trouver les bonnes solutions par l’expérimentation et en assumant l’erreur, en en tirant
des enseignements pour réussir au plus vite. Ça vous rappelle quelque chose ?
125
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
L’objectif est d’itérer rapidement entre les phases 4 et 5 en multipliant les prototypes.
En cas d’insights venant remettre en cause les étapes précédentes, le processus permet
de retourner en arrière à tout moment (remise en cause du problème, nouvelle phase
d’idéation…).
98
Transform Your Business Through Design Thinking. Service Innovation & Design, 28 septembre
2014. https://sidlaurea.com/2014/09/28/transfer-your-business-through-design-thinking/
126
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
Ces 3 critères correspondent aux 4 risques théorisés par Marty Cagan auxquels le
product management doit répondre : risque de valeur et d’utilisabilité (désirabilité),
risque de faisabilité, risque de viabilité business.
99
Qu’est-ce que le Design Thinking ?. Usabilis, 24 avril 2018.
https://www.usabilis.com/quest-ce-que-le-design-thinking/
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
Eric Ries part du constat que la plupart des modèles traditionnels de management
ne fonctionnent pas pour la création de produits digitaux innovants. Énormément
de temps passé au développement de ces produits est gâché, soit parce que le produit
ne sert à personne, soit parce qu’il faut énormément de temps, de remaniements et
d'itérations avant que le produit n'atteigne son objectif.
● Les grosses entreprises construisent des plans à long terme, construisent des
stratégies basées sur des études de marché et passent des centaines ou des
milliers d’heures à perfectionner un produit avant de le lancer. Il s’agit de la
méthode décrite par Marty Cagan que je reprends dans le premier chapitre de
cette thèse. Cette méthode ne peut fonctionner que sur un marché parfaitement
connu et dans un environnement stable, qui ne s’applique à aucun produit se
voulant innovant.
● A l’inverse, les startups tendent à ne rien prévoir, partir directement dans la
construction de leur produit dans une approche “just do it” et évaluer ensuite s’il
y a un marché. Il y a très peu de chances que la première version trouve son
128
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
Eric Ries propose aux startups une méthode pour avancer de façon scientifique
dans un environnement incertain en évitant au maximum de produire des
déchets (waste, concept cher au Lean). Eric Ries décrit une startup comme “une
institution humaine conçue pour créer quelque chose de nouveau dans des conditions
d’incertitude extrême”100. Autrement dit, n’importe quelle organisation souhaitant
réellement innover peut se reconnaître dans le modèle, que ce soit au sein d’une
startup de 3 personnes ou un groupe de 200 000 personnes.
100
Talks at Google. The Lean Startup | Eric Ries | Talks at Google. Youtube : 7 avril 2011.
https://www.youtube.com/watch?v=fEvKo90qBns
129
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
Avant même de savoir quel produit il faut construire, la première question est de savoir
s’il faut construire un produit. Ou, autrement dit, si le problème vaut la peine d’être
résolu. D’où l’importance de savoir poser les bonnes questions.
“If you do not know how to ask the right question, you
discover nothing.” - W. Edwards Deming
Les hypothèses de départ ont toutes les chances d’être fausses. Le cycle a donc d’autant
plus d’intérêt qu’il peut être effectué rapidement, en quelques jours au maximum, au
départ au moins. D’où l’intérêt de mettre en place une démarche lean : supprimer tout
ce qui ne sert à rien, tout ce qui n’est pas utile à l’acquisition de ces validated learnings.
Il s’agit d’un MVP utilisé pour tester un concept de départ, alors que le produit n’existe
pas du tout. C’est un test basé sur une simple campagne marketing. Le concept est
simple : afin de tester l’appétence de clients potentiels pour un produit, on crée une
simple landing page décrivant le produit, contenant un simple formulaire d’inscription
(pour une newsletter, une liste d’inscription en précommande ou simplement une
alerte). On fait ensuite de la publicité pour le produit auprès des cibles envisagées, en
utilisant des techniques classiques et peu coûteuses de marketing digital (Google Ads,
social ads, posts sur des forums spécialisés…).
130
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
Le MVP de Dropbox est un cas d’école documenté par Eric Ries101 : alors que les équipes
fondatrices, essentiellement des ingénieurs, démarraient les développements du
produit, ils voulaient savoir si les clients potentiels avaient de l’appétit pour leur
concept, qui résolvait un problème dont les gens n'étaient pas conscients : la
synchronisation des fichiers entre différentes plateformes et devices.
Le MVP concierge
Le MVP concierge consiste à d’abord répondre au besoin d’un client unique, ou d’un
petit groupe de client, complètement manuellement et sur mesure. Au fur et à mesure
que le concept prend, grâce à un peu de publicité et de bouche à oreilles, quelques
taches commencent à être automatisées, puis de plus en plus, jusqu’à devenir un
véritable produit digital.
Au bout de quelques jours, ils ont eu leur premier appel. Ils ont donc passé eux-mêmes
la commande auprès du restaurant concerné, sont allé la chercher pour la livrer
eux-mêmes au client. Grâce au bouche-à-oreille et à un peu de street marketing, ils ont
commencé à avoir plus de clients. Ils utilisaient Square pour facturer leurs clients,
Google Docs pour lister les commandes et Find My Friends pour suivre les chauffeurs.
Quand ils ont eu suffisamment de clients pour être convaincus que le concept délivrait
suffisamment de valeur, ils ont commencé à automatiser certaines tâches : créer leur
propre système de dispatch, créer une application mobile pour que les clients puissent
101
RIES, Eric. How DropBox Started As A Minimal Viable Product. Techcrunch : 19 octobre 2011.
https://techcrunch.com/2011/10/19/dropbox-minimal-viable-product/
102
Drew Houston. DropBox Demo. [Youtube]
https://www.youtube.com/watch?v=7QmCUDHpNzE
103
SCHMIDT, Will. How DoorDash started with a Concierge MVP. ProductDone.
https://www.productdone.com/doordash-concierge-mvp/
131
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
commander… Les investissements ont donc commencé uniquement après avoir validé
le concept, pour une prise de risque très faible !
Le MVP “Wizard of Oz” est une variante du MVP Concierge. Il consiste pour la startup à
prétendre avoir développé une technologie sophistiquée, généralement un moteur
d’intelligence artificielle, alors que toutes les opérations de backoffice sont effectuées
manuellement, généralement par les fondateurs de la startup.
Lorsque la startup française Julie Desk, assistant virtuel de prise de rendez-vous, a été
créée, ses fondateurs ont prétendu avoir développé une IA capable de prendre des
rendez-vous automatiquement104. En réalité, le produit était composé uniquement
d’une landing page et d’une boite mail classique sur lesquels les fondateurs recevaient
les prises de rendez-vous pour leurs premiers clients, qu’ils traitaient manuellement. Ils
en ont profité pour contacter leurs premiers clients et comprendre plus en profondeur
leur besoin. Une fois confiant dans la validité du concept, ils ont pu débuter les
développements du vrai produit, du moteur d’intelligence artificielle à proprement
parler.
Le MVP Crowdfunding
Eric Ries définit 3 moteurs de croissance, chacun mesurés avec des KPI propres. Pour
croître, l’organisation doit se concentrer sur un moteur principal.
● Sticky engine of growth (moteur de croissance “collant”) : attirer les clients et les
garder à long terme. Les principaux KPI sont le taux d’acquisition de nouveaux
utilisateurs et le taux de churn (attrition). Il est particulièrement adapté aux
produits par abonnement, ou aux produits fonctionnant à l’upsell.
104
Voir FRENOVE, Anne-Sophie & FLAHAULT-FRANC, Emmanuelle. Into the French Tech. p. 53-54
132
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
● Viral engine of growth (moteur de croissance viral) : chaque client doit en attirer
de nouveaux. Le KPI principal est le coefficient viral, moyenne du nombre de
clients recrutés par chaque nouveau client. Il doit être supérieur à 1 pour croître.
C’est le moteur principal des réseaux sociaux.
● Paid engine of growth (moteur de croissance par le paiement) : les clients
paient pour le produit ou le service, arrivant essentiellement via de la publicité.
Le KPI principal est le Taux de Croissance : la différence entre la Customer Lifetime
Value (CLV), le revenu moyen généré par un client sur toute la période de
collaboration, et le coût d’acquisition client (CPA). Il s’agit notamment du moteur
principal des sites de e-commerce.
Les organisations doivent définir une cible pour les KPI correspondant au modèle choisi,
qui permettra à la startup de devenir viable. La cible atteint cette cible lorsqu’elle a
trouvé son product / market fit. La croissance devient généralement exponentielle.
La complexité est d’identifier à quel moment pivoter : les dirigeants doivent être
suffisamment persévérants pour ne pas renoncer trop rapidement et modifier les
hypothèses pour améliorer le concept en cours ; mais être suffisamment lucides pour
identifier que les idées ne marchent pas aussi bien que prévues, et donc qu’un pivot est
nécessaire. Le pivot ne doit pas être considéré comme un échec : il consiste à tirer des
enseignements de ses erreurs pour améliorer et proposer un produit plus pertinent.
105
Marty Cagan met en garde contre les pivots de vision (voir le chapitre dédié). Il est concevable
qu’une startup early stage puisse modifier sa vision. Pour un produit déjà partiellement établi, la
vision doit rester stable mais les pivots stratégiques permettent de changer de chemin pour
l’atteindre.
133
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
Zoom-in pivot
Dans le produit testé, une fonctionnalité unique semble susciter l’intérêt des
utilisateurs. Le pivot consiste à construire un nouveau produit ne délivrant que cette
fonctionnalité.
Zoom-out pivot
Le produit n’apporte pas assez de fonctionnalité et les tests suggèrent qu’il ne s’agit que
d’un maillon d’un concept plus grand qui peut générer de la valeur. De nouvelles
fonctionnalités doivent être développées pour changer le positionnement produit.
En 2003, Facemash était un site qui affichait 2 photos de personnes et l’utilisateur devait
en choisir une. L’algorithme permettait d’établir un classement des étudiantes les plus
“hot” de Harvard. Fermé au bout de moins de 24 heures, le concept est ressorti un peu
plus tard avec quelques fonctionnalités additionnelles. Et s’appelait Facebook.107
Les hypothèses de base suggéraient de viser un segment particulier qui ne s’avère pas
intéressé, mais suscite l’intérêt d’un autre segment inattendu. Le produit est donc
adapté pour convenir parfaitement à ce segment.
Les hypothèses considéraient un problème pour lequel pas assez de monde est prêt à
investir (du temps, de l’argent, un changement de comportement…). Mais un autre
besoin connexe est identifié et est beaucoup plus prometteur
106
GARBER, Megan. Instagram Was First Called ‘Burbn’. The Atlantic : 2 juillet 2014.
https://www.theatlantic.com/technology/archive/2014/07/instagram-used-to-be-called-brbn/373
815/
107
BARR, Sabrina. When did Facebook start? The story behind a company that took over the
world. Independent : 23 août 2018.
https://www.independent.co.uk/life-style/gadgets-and-tech/facebook-when-started-how-mark-zu
ckerberg-history-harvard-eduardo-saverin-a8505151.html
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
Platform pivot
En 2004, Snowdevil était un site de e-commerce sans grand succès spécialisé dans le
snowboard. Mais la technologie créée pour développer le site était remarquable. Les
fondateurs ont donc proposé à d’autres boutiques d’utiliser leur plateforme pour
vendre en ligne, et ont créé Shopify.108
Changer le business model, la façon dont la startup monétise son produit. Par exemple,
rendre gratuit un produit payant et mettre de la publicité… ou l’inverse.
La plupart des sites de média qui vivaient grâce à des contenus gratuits et de la
publicité passent à des modèles premium par abonnement pour accéder à un contenu
de plus grande qualité.
Par exemple, une startup basée sur un modèle de croissance virale qui ne parvient pas
à attirer un nombre suffisant de nouveaux utilisateurs, mais dont la customer lifetime
value s’avère plus intéressante que prévue. Elle peut envisager de passer à un modèle
de croissance Paid.
Changer de modèle pour distribuer le produit. Par exemple passer d’une vente en
magasin à une vente en ligne.
Canal+ a pendant longtemps été l’éditeur d’une chaîne de télévision accessible via un
décodeur dédié branché à la télévision, puis d’autres chaînes distribuées via des box
ADSL. Le modèle de distribution est en cours de changement profond pour se
concentrer sur une application myCanal permettant d’accéder à de nombreuses offres
(produites par Canal+ ou non) depuis n’importe quel device.109
108
How Shopify Grew From a Snowboard Shop to a $10B Commerce Ecosystem. Product Habits.
https://producthabits.com/shopify-grew-snowboard-shop-10b-commerce-ecosystem/
109
GROUSSARD, Véronique. Comment l'application myCanal est devenue le fer de lance de Canal+.
Challenges : 3 mars 2019.
https://www.challenges.fr/media/comment-mycanal-est-devenue-le-fer-de-lance-de-canal_64535
0
135
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
Une nouvelle technologie permet de mieux exécuter la vision produit, en étant moins
cher ou en délivrant de meilleures performances.
Netflix était le leader de la location de DVD à distance aux USA. Quand les technologies
réseau l’ont permis, ils ont construit la plus célèbre plateforme de streaming de films et
séries au monde.110
110
MEYER, Jule. Pivot success stories: Netflix. Nordantech.
https://www.nordantech.com/en/blog/transformation/pivot-success-stories-netflix
136
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
Pour identifier un problème à résoudre, il faut d’abord connaître les personnes que
vous souhaitez cibler. Pour obtenir des insights pertinents sur vos utilisateurs
potentiels, les organisations combinent deux disciplines :
● La recherche qualitative sur les utilisateurs, appelée User Research. Des user
researchers sont parfois dédiés à cette étape, en lien avec les équipes produit.
● La recherche d’insights quantitatifs, basé sur la data, en particulier l’activité de
vos utilisateurs dans votre produit, et autour de votre produit. C’est le domaine
des data analysts et des data scientists.
Les user researchers et les data analysts doivent collaborer pour obtenir un point de
vue complet sur un problème donné. Sans cette collaboration, les données qualitatives
111
KOLENDA, Colette. Simultaneous Triangulation: Mixing User Research & Data Science Methods.
Spotify Design : juillet 2019.
https://spotify.design/article/simultaneous-triangulation-mixing-user-research-and-data-science-
methods
137
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
Pour connaître vos utilisateurs, vous devrez sortir de votre bureau et aller sur le terrain.
Voyez l’environnement dans lequel ils évoluent. Essayez de discuter informellement
avec eux. Comprenez comment ils vivent, en particulier quand ils sont en prise avec le
type d’activité sur lequel vous souhaitez travailler. Identifiez leurs désirs, leurs pain
points, leurs objectifs, leurs motivations. Comprenez le contexte dans lequel ils
évoluent. Bref, développez de l’empathie pour votre audience. Mettez-vous dans la
position d’un design thinker.
Pour vous faciliter le travail, utilisez un type d’utilisateur précis. Ne ciblez pas “les
étudiants”, mais “les étudiants en sciences humaines de premier cycle qui habitent en
cité universitaire”. Si vous construisez une solution pertinente pour une niche, il est
probable qu’elle fonctionnera en partie pour les segments connexes. Ignorez toutes les
personnes qui ne correspondent pas exactement à votre cible idéale. Il sera largement
temps d’élargir le spectre plus tard. Concentrez-vous sur ce qui marche bien pour votre
cible, leurs besoins, et leurs challenges.
Ne négligez pas non plus d'interroger les équipes en contact avec vos clients : vendeurs,
customer success, marketing… Ils fourniront souvent des informations très utiles, que
vous irez valider sur le terrain avec les utilisateurs.
138
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
Les enquêtes
Là encore, les enquêtes peuvent prendre des formes multiples : questionnaire par
email, enquête de rue, site intercept survey (questions posées pendant que vous
naviguez sur un site ou utilisez un produit).
Comme pour les interviews, définissez votre objectif, préparez bien vos questions,
évitez d’inclure des biais et prenez-les en compte dans l’analyse des résultats, préparez
des arbres de questions en fonction des réponses données. Privilégiez les questions
fermées, en laissant des questions ouvertes pour obtenir des verbatims. Veillez à garder
les enquêtes courtes pour éviter que les utilisateurs ne partent avant d’avoir fini.
L’équipe et les participants se mettent d’accord sur la forme que doit prendre le journal
de bord, la fréquence de la prise de note et sous quel format il sera fourni à l’équipe.
L’utilisateur note ses impressions, ses interactions, le contexte...
139
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
Cette phase est suivie d’une interview en face à face pour aborder toutes les questions
que l’équipe souhaite approfondir avec l’utilisateur. Une synthèse de l’étude met en
lumière les motivations des utilisateurs, leurs besoins, leurs problèmes, et tout autre
point saillant que l’équipe juge utile.
140
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
● les points de contact du client avec le produit (publicité, boutiques, sites web…)
● les actions que le client effectue pour passer à l’étape suivante
● les motivations du client pour qu’il continue son parcours
● les questions que le client se pose lors de son parcours
● les freins qui l’empêchent de passer à l’étape suivante
● le temps qu’il passe sur chaque étape
SALAZAR, Kim. 7 Ways to Analyze a Customer-Journey Map. NN/g Nielsen Norman Group : 22
112
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
Au sein de ces étapes, le parcours est représenté sous forme de courbe mettant en
lumière les étapes sans friction, et celles qui posent problèmes. Le parcours client est
souvent utilisé pour améliorer un produit existant d’une organisation. Il peut également
être utilisé par une startup, par exemple, pour identifier le moment où elle peut générer
de la valeur dans un parcours existant.
Dans beaucoup d’organisations, les personas sont créés dans des ateliers de workshops
avec les équipes business qui projettent sur ces personnages fictifs leur vision de
l’utilisateur idéal. Évitez ces personas, ils ne servent à rien, si ce n’est à graver dans le
marbre des biais qui risquent de vous suivre pendant les phases de discovery.
Alimentez vos personas en vous basant sur les insights que vous obtenez grâce à la
recherche utilisateur et aux données produit. N’ajoutez des informations que
lorsqu’elles sont vérifiées. Inutile de préciser que Laure a 3 enfants et aime le rose, si
d’une part, ça n’apporte rien au produit (allez-vous designer des interfaces roses ?) et si
d’autre part ce ne sont pas des faits que vous avez constatés.
Utilisez les cohortes de vos outils de product analytics pour créer des personas qui ont
du sens. Les cohortes sont des groupes d’utilisateurs qui ont des comportements
communs sur un produit. Les personnes qui composent la cohorte peuvent avoir des
caractéristiques sociodémographiques très diverses, et des objectifs a priori très
différents, mais les données comportementales montrent qu’elles font sensiblement les
mêmes actions sur le produit.
Par exemple, Damien Delautier explique113 que les équipes de myCANAL ont utilisé
Amplitude pour identifier une cohorte des “amateurs de foot”. Il est probable que leurs
modes de vie soient assez disparates : urbains ou ruraux, CSP+ ou CSP-, 20 ans ou 70
ans, homme ou femme… En se contentant des personas classiques, il est probable que
l’amateur de foot n’aurait pas été identifié.
113
WIVOO. Product Therapy - REX sur la mise en place d'un framework Produit chez Canal + par
Damien Delautier. Youtube : 12 mai 2020. [vidéo]
https://www.youtube.com/watch?v=jmXuvN2x4vM
142
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
Au fur et à mesure des itérations de discovery, les tests sont de plus en plus précis, et
les hypothèses concernent des risques différents. Au départ, l’équipe cherche
essentiellement à gérer le risque de valeur : est-ce que mon produit délivre de la valeur
au client ? Ensuite, le discovery s’attache à gérer les risques d’utilisabilité (est-ce que le
client comprend comment utiliser le produit ?) et de faisabilité (est-ce que l’équipe de
réalisation peut créer le produit ou la fonctionnalité avec les moyens à sa disposition ?).
Je vous renvoie aux chapitres sur la découverte des initiatives, et notamment à l’atelier
d’impact mapping, au design sprint, ainsi qu’à l’atelier de story mapping.
Pour formaliser les hypothèses liées à chaque idée, vous pouvez utiliser un template
comme la grille Validation Field de Tim Herbig114.
114
HERBIG, Tim. Product Discovery : A Practical Guide for Agile Teams (2020).
https://herbig.co/product-discovery
143
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
Conformément aux principes du Lean Startup, votre prototype doit être construit sous
forme de MVP. Il s’agit d’une représentation de votre idée qui suffit à tester la validité de
vos hypothèses. Tous les efforts qui sont inutiles par rapport à ces hypothèses doivent
être évités.
Construisez votre prototype en accord avec les hypothèses que vous souhaitez tester.
Un prototype visant à tester la valeur délivrée par une idée ne prendra pas la même
forme qu’un prototype de faisabilité technique (également appelé proof of concept ou
POC), ou un prototype d’utilisabilité.
144
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
Il existe de nombreux outils pour créer des prototypes sophistiqués. Vous aurez
souvent besoin de faire appel à vos développeurs frontend pour les mettre en place.
Les outils de NoCode permettent de créer des produits à part entière. Par exemple la
startup Comet a créé sa marketplace de freelance avec utilisant Bubble, Zapier et
Google Sheets115.
Dans le cadre du product discovery, les outils NoCode permettent de créer des
prototypes qui fonctionnent de bout en bout. Plus question de simplement tester un
parcours utilisateur, vous pouvez également prototyper des processus internes,
générer des flux de données et des workflows qui auraient été bien trop coûteux à
développer pour un “simple” prototype.
Voici quelques exemples d’outils de NoCode. N’oubliez pas que tous ces outils
s’intègrent avec les autres, pour créer un environnement NoCode complet !
● Airtable est un des outils de NoCode les plus populaires. Il s’agit d’un outil
collaboratif hybride à mi-chemin entre tableur et base de données relationnelle,
permettant facilement de générer toutes sortes de vues et de formulaires très
simplement. Il permet de créer en quelques clics des workflows poussés grâce à
un système de triggers ingénieux, et de très nombreux templates
communautaires sont disponibles. Il peut être utilisé comme outil de gestion de
tâches (calendrier éditorial…), outil de gestion de projet, CRM… Google a
d’ailleurs récemment lancé en bêta US Tables116, un concurrent d’Airtable
parfaitement intégré à G Suite.
● Zapier, Integromat et IFTTT sont d’autres incontournables du NoCode. Ce sont
des outils qui permettent de connecter des applications entre elles en
définissant des workflows très évolués de façon très simple. En quelques clics,
Zapier vous permet de récupérer un email depuis Facebook Lead Ads (les
formulaires Facebook), stocker ces données dans une table Airtable, envoyer un
message sur un canal Slack prévenant du nouveau Leads et envoyer un email au
prospect avec Mailchimp.
● Bubble et Webflow vous permettent de créer des sites web très poussés
simplement avec une interface graphique.
● Carrd ou Landen vous permettent de créer une landing page en quelques clics.
115
Contournement audio : le podcast no-code. #3 : Charles Thomas, comet.co la success story du
no-code francophone. Spotify : novembre 2019.
https://open.spotify.com/episode/3QYRJJeNZ4PfL3E2DPEvrO
116
GLEASON, Tim. Make tracking your work easier than ever with Tables. Google Area 120 : 22
septembre 2020. https://blog.google/technology/area-120/tables/
145
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
● Adalo est le Webflow de l’application mobile. Vous pouvez créer votre propre
app sans code, et la distribuer directement sur les stores.
● Budibase est aux applications SaaS ce que Webflow est aux sites web. Grâce à
Budibase vous pouvez créer votre propre outil à destination des B2B ou de vos
utilisateurs internes, sans pratiquement avoir à coder.
● Memberstack est un outil qui permet de gérer des utilisateurs, à coupler avec
un outil comme Webflow ou Budibase.
● Mailchimp et Mailerlite sont des outils permettant de générer des mailing lists
et des campagnes marketing par email très simplement. En les connectant avec
d’autres outils, on peut se créer un écosystème de marketing automation à
moindre frais sans développeurs.
● Notion, Coda ou Miro sont des outils collaboratifs qui s’intègrent facilement
avec d’autres outils de NoCode.
● Typeform est un outil très populaire de création de formulaires, qui s’intègre
facilement avec les autres outils.
● D’autres outils de NoCode existent pour à peu près tous les usages : chatbot,
e-commerce, jeux video, intelligence artificielle, blockchain, assistants vocaux...
Reprenez la grille que vous avez élaborée à la fin de la phase d’idéation, et indiquez les
résultats et les prochaines étapes, les nouvelles expérimentations que vous souhaitez
mener.
Études d’utilisabilité
L’étude d’utilisabilité consiste à fournir à un utilisateur potentiel un prototype du
produit et à étudier la façon dont il interagit avec lui. Le processus est assez similaire à
celui des interview utilisateurs.
Une étude d’utilisabilité peut être menée dans un environnement dédié (un lab par
exemple) ou dans un environnement familier pour le participant, où le produit pourrait
être utilisé (son domicile, son lieu de travail…).
L’étude peut être modérée (une personne de l’équipe accompagne le participant dans
sa prise en main du prototype et lui pose des questions), ou non. Les études modérées
sont généralement effectuées dans l’environnement de l’utilisateur à sa convenance.
Les insights des études non modérées sont généralement beaucoup moins qualitatifs,
mais sont également plus simples à mettre en place et permettent de faire tester
beaucoup plus de monde. Ils sont souvent utilisés pour des tests d’interface. De
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
nombreux outils sont disponibles en ligne pour vous mettre en relation avec des
testeurs potentiels.
Dans tous les cas, les actions du participant doivent être enregistrées. L’enregistrement
permet de capter à la fois les actions de l’utilisateur avec le produit (enregistrement
d’écran par exemple) et les réactions orales et physiques de l'utilisateur.
A/B testing
L’A/B testing est une méthode d’optimisation de parcours utilisateurs qui permet
d’afficher une version différente d’un site, d’une application mobile ou d’un outil SaaS, à
des cohortes d’utilisateurs. Par exemple, la moitié des utilisateurs d’un site vont voir une
version, et l’autre moitié une deuxième version.
Pour mettre en place une démarche d’A/B testing, l’organisation doit avoir modélisé les
parcours utilisateur et être capable de mesurer les taux de conversion des éléments à
tester. Vous pouvez par exemple tester la forme, l’emplacement ou la couleur d’un
call-to-action (CTA) sur une page, et valider grâce à l’A/B test quelle version de ce CTA
convertit le mieux, celle pour laquelle une plus grande partie des utilisateurs effectue
l’action attendue. Veillez à considérer également la suite du parcours : si plus
d’utilisateurs cliquent sur un CTA pour s’inscrire à une newsletter, mais que le nombre
de personnes soumettant le formulaire reste le même, le test n’est pas concluant.
L’A/B testing est donc une technique qui permet très rapidement de formuler des
hypothèses sur l’UX et l’UI du produit, de mettre en place des tests et de les valider.
Mettre en place de l’A/B test sur des applications mobiles, des outils de SaaS, des
systèmes embarqués (comme des bornes de tickets de transport ou des caisses
automatiques) ou même des API est plus compliqué, mais des solutions commerciales
commencent à être proposées pour n’importe quelle plateforme. Vous pouvez
147
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
également travailler avec vos propres équipes de réalisation pour mettre en place un
A/B test.
L’A/B test ne marche que si vous avez une masse critique de visiteurs sur votre produit,
et en particulier sur l’écran testé. Si vous mettez en place un test sur une page qui n’a
que 1000 visites par mois, il y a de grandes chances pour que vous ne puissiez tirer
aucun enseignement du test que vous mettez en place.
Le produit en bêta
Lorsqu’une nouvelle version majeure de votre produit est presque prête, vous pouvez
être tenté de vouloir la tester avec un nombre important d’utilisateurs : c’est l’intérêt
des versions bêta.
Les participants d’une bêta sont des utilisateurs volontaires. Ils acceptent de tester une
version potentiellement instable de votre produit. En échange, ils peuvent accéder en
avance à de nouvelles fonctionnalités qui peuvent les intéresser. L’équipe en charge de
cette bêta peut utiliser les données produit de cette version pour valider que les
fonctionnalités sont bien adoptées par les utilisateurs, et pour détecter et corriger
certains bugs compliqués à identifier sur une version de préproduction. Dans la plupart
des programmes de bêta, les clients sont incités à fournir un feedback sur leur
utilisation de cette nouvelle version. Une fois la bêta stabilisée, elle peut être déployée
comme version principale à tous les utilisateurs.
L’utilisation de versions bêta est particulièrement adaptée aux outils SaaS et aux
applications mobiles, et de façon plus générale, à tout produit au moment de livrer une
nouvelle version majeure du produit.
Tester en production
Les équipes les plus matures peuvent tester certaines idées directement en production.
Cette approche est rendue possible grâce aux techniques de continuous deployment et
aux feature toggles, qui permettent rapidement d'inhiber certains comportements qui
ne fonctionnent pas correctement, et de déployer un correctif dans les heures voire les
minutes qui suivent.
KNAPP, James, ZERATSKY, John & KOWITZ, Braden. Sprint: How To Solve Big Problems
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
Le Design Sprint est une méthode concrète qui permet de couvrir les étapes d’idéation,
de prototypage et de test en seulement 5 jours. Son objectif est de vérifier la validité
de concepts. Dans Sprint, les auteurs proposent des techniques pas à pas pour chaque
étape du sprint. Un facilitateur expérimenté peut essayer d’autres techniques qu’il juge
plus pertinentes, mais même un débutant peut s’essayer au design sprint en utilisant
Sprint comme un livre de recettes. Le Design Sprint est basé sur des principes de
co-création horizontale et d’intelligence collective, il favorise la créativité et l’émulation.
Cette méthode peut s’appliquer à n’importe quel sujet d’innovation, dans n’importe quel
type d’entreprise : startup ou corporate, industrie technologique ou non, services
publics… Pour la création de produits ou services, ou pour des évolutions majeures de
ces produits ou services.
Le design sprint est fait pour résoudre des problèmes complexes. Apporter une
réponse à ce problème doit être un vrai bénéfice pour l’organisation. Le design sprint a
un coût important pour l’organisation : il faut mobiliser près d’une dizaine de personnes
à temps plein pendant une semaine, avoir un équipement et des locaux. Les
participants s’investissent énormément dans ce projet, il faut que le problème en vaille
la peine.
Le problème justifiant le design sprint doit être préparé à l’avance, avant le sprint
lui-même. L’objectif est de fournir aux participants assez d'informations sur les
utilisateurs et sur le problème pour les aider dans la prise de décision : des verbatims,
des sondages, des analytics, des informations financières...
Les participants
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
doit participer à tout le processus. S’il ne peut pas, il doit se faire représenter, et
doit vraiment être présent au moins le premier jour pour exposer sa vision du
problème, expliquer pourquoi il est important de le régler, aligner les
participants et répondre aux questions. Il doit également être présent lors des
tests, afin de voir la réaction des clients.
● Jusqu’à 7 participants incluant le décideur s’il est présent pendant tout le
processus. Il s’agit d’experts dans des domaines complémentaires qui peuvent
chacun apporter un point de vue différent sur le problème et les solutions
proposées : experts financiers, experts du client, experts techniques, experts du
design… Les profils doivent être suffisamment variés pour évaluer la pertinence
de la solution proposée par rapport aux 4 grands types de risques : valeur,
utilisabilité, faisabilité, viabilité business.
● Un facilitateur, aussi appelé Sprintmaster, responsable de l’application de la
démarche, garant des timings, résume les réunions, … Le facilitateur doit pouvoir
rester impartial. Son rôle n’est pas de proposer des idées ou de les challenger. Il
doit par contre être capable de challenger les participants sur la façon dont ils
participent au sprint, les inciter à remettre en cause leurs idées préconçues. Le
facilitateur ne peut pas être un des participants, et surtout pas le décideur. En
fonction de l’organisation, il peut être un scrum master, un facilitateur dédié, un
autre product manager, un productops, un consultant… Quelqu’un avec des
compétences en facilitation graphique est une bonne idée.
En principe, le design sprint se déroule avec tous les participants dans une même pièce.
En dehors des participants, et de quelques invités, personne ne doit entrer dans cette
pièce. Un design sprint ne peut pas se tenir dans un open space ou un lieu de passage.
Les perturbations doivent être évitées au maximum. L’espace dédié doit être équipé en
outils permettant aux participant d’exprimer leur créativité, de prendre des notes, de
dessiner des schémas : tableaux blancs, post-its, feutres de plusieurs couleurs, feuilles
de papier et crayons, lego… utilisez ce qui pourra être utile à l’idéation et à la réalisation
du prototype.
Le processus requiert une participation active et une attention constante de tous les
participants, des horaires trop longs deviennent contre-productifs. Pour cette raison, les
ordinateurs et les téléphones sont interdits, pendant toute la session, dans l’espace où
se déroule le sprint. Sauf pour travailler sur les maquettes bien sûr. Si quelqu’un doit
prendre un appel urgent, vérifier ses mails, il doit sortir de la pièce.
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
Le premier jour sert à cadrer le problème, prendre connaissance des éléments clés et
décider de l’objectif du sprint.
Les auteurs de Sprint proposent ici quelques idées, outils et méthodes pour animer un design
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
participants sur la stratégie (et c’est LE moment où le décideur doit être présent),
les clients, le fonctionnement du produit, et toutes les pistes et travaux qui ont
déjà pu être étudiés sur le problème. Prendre des notes, corriger la carte ou les
problèmes si besoin, identifier les problèmes soulevés par les experts (sous
forme de post-its) et voter sur les problèmes les plus prometteurs.
6. Choisir une cible : un client et un évènement sur la carte. C’est le rôle du
décideur, et cette cible définit le point d’attention de tout le reste du sprint. Le
décideur peut demander de l’aide aux autres participants. Choisir ensuite une
des grandes questions, en rapport avec la cible. Vous avez l’objectif du sprint.
Mardi : Sketch
Le 2e jour est celui de l’idéation : à l’aide de tous les inputs obtenus, chaque participant
réfléchit de son côté pour fournir une proposition pour gérer une des étapes de la
carte.
1. Démos éclairs : tous les participants doivent choisir et présenter quelques outils
inspirants pour la résolution du problème : sites web, applications, outils SaaS…
Les participants doivent essayer de sortir de leur industrie. Le facilitateur prend
des notes sur les bonnes idées identifiées par le candidat.
2. Sketch : Les participants se répartissent les différentes étapes de la carte qui
sont liées à la cible (plusieurs participants peuvent choisir le même élément).
Pendant l’après-midi, chaque participant crée une ébauche de l’étape qu’il a
choisie, selon un processus codifié :
○ Une première étape de prise de notes, en reprenant tous les éléments
déjà accumulés par l’équipe : l’objectif, la cible, la carte, les notes prises
durant les présentations des experts et les bonnes idées des démos.
○ Ensuite chaque participant commence à sketcher des idées, pendant 20
minutes
○ Il choisit son idée la plus forte, et la décline en 8 variations, en 8 minutes.
119
Sprint, p. 86.
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IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
Le sketching en 4 étapes120
Mercredi : Decide
1. Grâce à un processus codifié les participants vont choisir les sketchs à utiliser
pour le prototype. D’abord, chaque participant indique silencieusement les
éléments qu’il aime dans chaque proposition, puis une très courte discussion a
lieu sur chaque sketch. Ensuite, les participants indiquent le sketch qu’ils
préfèrent, mais au final la décision revient au décideur, qui peut choisir de 1 à 3
sketchs. Ils seront utilisés comme base du prototype. Les autres ne sont pas
jetés à la poubelle, leurs bonnes idées peuvent toujours être utilisées.
2. Si plusieurs sketchs ont été choisis, l’équipe définit s’ils peuvent être rassemblés
dans un unique prototype, ou s’ils vont devoir créer plusieurs prototypes en
compétition. S’il y en a plusieurs, ils choisissent un faux nom de marque pour
chaque prototype.
3. Les participants créent ensuite le storyboard pour le futur prototype : un
enchaînement logique de 10 à 15 panneaux racontant une histoire cohérente.
120
Sprint, p.109
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IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
Jeudi : Prototype
Le 4e jour est dédié à la création du prototype en tant que tel. L’objectif est de créer un
produit qui a l’air réel, en enlevant toutes les complexités possibles. Supprimez tous
les déchets (le waste du Lean), qui ne servent à rien dans l'acquisition de
connaissances : les business rules, les cas limites, le stockage d’information, les
écrans inutiles... Le prototype ne sera qu’une interface, l’objectif est vraiment de créer
un parcours utilisateur qui sera testé le jour suivant.
● N’importe quoi peut être prototypé : site web, logiciel, hardware, service,
packaging, recette de yaourt122…
Sprint, p.150
121
cf. Zenika TV. L’histoire du Design thinking chez Danone, une histoire de recette en évolution.
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IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
● Les prototypes sont jetables. Ne vous attachez pas, ne cherchez pas à faire
quelque chose que vous réutiliserez techniquement. Ils servent à valider une
idée.
● Construisez le minimum pour apprendre, rien de plus.
● Le prototype doit sembler réel. Plus les utilisateurs ont l’impression que le
produit testé est réel, moins ils ont besoin d’imaginer, plus leurs réactions seront
authentiques.
Vendredi : Test
Dernier jour, le grand jour ! L’équipe va pouvoir présenter le prototype à des utilisateurs
réels, observer leurs réactions et apprendre. L’objectif est bien de voir comment
l’utilisateur réagit, pas de lui demander du feedback, pas de lui demander ce qu’il
changerait.
Les interviews : prévoir 5 interviews d’une heure chacune dans la journée, les testeurs
auront été recrutés à l’avance. Ce sont des utilisateurs finaux, des clients existants ou
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IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
Pendant les interviews, le reste du groupe assiste au test ensemble, et tous participent
à la prise de note en commun, à l’aide de post-its, de feutres effaçables… Une fois les 5
interviews finies, toute l’équipe se retrouve autour du tableau avec toutes les notes, et
cherche individuellement des motifs qui se répètent, des patterns, puis partage ses
123
KNAPP, Jake. The product design sprint: validate (day 5). GV : 7 mars 2013.
https://library.gv.com/the-product-design-sprint-validate-day-5-761292b20d05
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
réactions. Ensuite elle revoit les objectifs long-terme et les questions définies le lundi et
cherche les réponses aux questions.
Et après le sprint ?
Le facilitateur doit fournir un compte rendu de la séance à tous les participants : photos,
vidéos, prototypes, prises de notes… Pour que les enseignements du sprint continuent
à servir.
Ensuite, au décideur de choisir les prochaines étapes. Vous pouvez refaire un design
sprint pour améliorer votre prototype et tester d’autres hypothèses, ou utiliser d’autres
techniques de discovery.
Créez des cartes de votre problème, de vos parcours utilisateurs, les processus, les
réseaux... Détaillez le processus de discovery que vous souhaitez suivre, et indiquez là
où vous en êtes. Utilisez un tableau physique ou un outil de travail collaboratif, comme
Miro ou Notion par exemple.
Une fois que vous avez obtenu des insights sur vos hypothèses, définissez quelles sont
les prochaines étapes :
● Il y a de très grandes chances pour que vos premiers tests ne soient pas
concluants, que vos hypothèses ne soient pas vérifiées. Vous avez tout de même
appris énormément de choses, et vous avez évité de développer un produit ou
des fonctionnalités qui n’auraient pas marché. Retournez à la phase d’idéation.
Formulez de nouvelles hypothèses sur la base de ces enseignements et
testez-les.
● Certaines de vos hypothèses ont été vérifiées : itérez sur votre prototype,
cherchez à valider de nouvelles hypothèses. Si vous savez maintenant que votre
idée peut fournir de la valeur à vos utilisateurs, cherchez à vérifier si le produit
est faisable en élaborant un prototype plus complexe avec votre équipe de
réalisation. Cherchez également à rendre le produit utilisable en travaillant les
interfaces avec votre product designer.
● Une fois que vous avez validé suffisamment d’hypothèses, passez l’idée en phase
de delivery : travaillez sur le détail des fonctionnalités et ajoutez-les à votre
backlog.
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IV - Product Discovery : identifier quel produit développer
Veillez à garder des cycles de discovery courts, et gardez à l’esprit que votre objectif est
de livrer un produit ou de nouvelles fonctionnalités en production.
Le discovery n’est jamais fini. Adoptez une approche de continuous discovery : lorsque
vous avez fini de traiter un sujet et que vous êtes prêts à passer en phase delivery,
amorcez une nouvelle phase de discovery en parallèle : continuez à trouver et tester de
nouvelles idées sur l’initiative en cours, afin d’atteindre vos objectifs, ou passez à la
découverte de l’initiative suivante.
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V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
Partie V
Le Delivery :
développement et
déploiement du
produit
Vous avez votre vision et vos objectifs produits. Ces objectifs ont été priorisés au sein
d’un roadmap basée sur les outcomes. Vous connaissez vos utilisateurs, vous avez
identifié et priorisé les initiatives que vous souhaitez poursuivre. Vous avez validé des
hypothèses grâce à des prototypes, et vous savez maintenant ce que vous souhaitez
mettre en place. Il est temps de construire le produit techniquement, créer les lignes de
code qui constituent le nouveau produit, ou les nouvelles fonctionnalités d’un produit
existant, puis les pousser en production pour que l’utilisateur puisse en bénéficier : il
s’agit du delivery.
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V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
Au sein des organisations utilisant Scrum par exemple, cette phase est celle pendant
laquelle le Product Owner travaille avec les équipes de réalisation. Rappelons que dans
une organisation produit, le rôle de product owner devrait être assuré par le product
manager.
Dans les faits, discovery et delivery ne sont pas deux phases strictement séparées dans
le temps. Les deux avancent en parallèle. Lorsque le product manager et le product
designer explorent les options possibles pour résoudre un problème, l’équipe de
réalisation est sollicitée pour construire des prototypes et donner leur avis sur la
faisabilité technique notamment. Lorsque les équipes de réalisation développent de
nouvelles fonctionnalités, le product manager et le product designer analysent les
retours utilisateurs grâce à des méthodes qualitatives et quantitatives, et ajustent leurs
hypothèses au fur et à mesure.
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V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
1 - Prioriser le backlog
Dans le chapitre sur les roadmaps, je vous ai donné quelques méthodes pour prioriser
les initiatives à mettre sur la roadmap. Lorsque l’initiative entre en phase de delivery
elle doit être découpée en éléments plus fins : epics, user stories, job stories, tâches,
etc. saisies dans un backlog et priorisées.
Le backlog est l’endroit où le product manager va regrouper tous les besoins identifiés
pour mener à bien les initiatives en cours, et les prioriser de façon à ce que l’équipe de
réalisation sache clairement sur quelles tâches travailler en premier.
Il n’y a aucune règle sur la façon de représenter le backlog, ni sur ce qu’il doit contenir. A
l’équipe de choisir les outils et artefacts avec lesquels elle est le plus à l’aise. Souvent,
son organisation et son contenu dépendent de la méthodologie adoptée. Un backlog
Scrum et un backlog Kanban ne sont pas exactement les mêmes.
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V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
Le backlog peut également être virtuel, dans un simple outil de tableur pour les plus
basiques, ou grâce à des outils collaboratifs de gestion de tâche comme Trello, ou des
outils plus poussés comme Asana, Hive, Monday, Airtable, ou le très populaire JIRA. En
fonction de leur sophistication, ces outils permettent de mettre en place des vues et des
workflows adaptés aux besoins de l’équipe, de s’interfacer nativement avec d’autres
outils et de fournir des rapports agiles en standard.
Cette estimation permet au PM d’avoir une estimation de ce qui peut être livré en un
temps donné, en considérant que sur une période donnée, le nombre de points délivrés
par l’équipe est sensiblement le même (voire s’améliore quand l’équipe gagne en
maturité). En estimant l’ensemble des éléments nécessaires à la réalisation d’une
première version d’une fonctionnalité, le PM peut avoir une bonne idée du moment où
cette version sera prête.
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V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
Certaines équipes plus matures se passent des estimations. C’est notamment le cas
lorsque l’équipe estime que l’impact prime sur le temps, et qu’un élément porteur de
valeur doit de toute façon être réalisé. A vous de voir comment vous organiser.
Les user stories viennent à la base de littérature sur l’Extreme Programming. Elles
étaient traditionnellement décrites sur un simple post-it décrivant un scénario que
l’équipe souhaite mettre en place dans le produit.
Elles sont généralement constituées d’une phrase courte, à laquelle s’ajoutent tous les
éléments essentiels à la réalisation de cette story : designs, business rules, scénarios
de test... Lorsqu’une user story entre dans le cycle de développements, ses détails
doivent être suffisamment précis pour que l’équipe sache ce qu’elle doit réaliser. La
rédaction d’une story est un travail collaboratif entre les différents membres de
l’équipe produit. Les QA en particulier interviennent généralement dans la phase de
rédaction pour travailler avec le product manager et le product designer pour décrire
les différents tests que les développements devront passer pour que la story soit
validée. Elle n’est pas nécessairement une spécification détaillée, le PM pouvant donner
une marge de manœuvre aux développeurs sur certains aspects de la réalisation.
La communauté agile préconise généralement qu’une user story suive les critères
INVEST :
Exemple : en tant que client, je veux avoir le choix dans le mode de paiement afin
d’utiliser celui qui me convient le mieux.
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V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
Dans certains cas, la job story, plus orientée sur une situation dans le produit, peut
s’avérer plus pertinente.
Exemple : quand une commande est soumise, je veux voir un message d’alerte afin que
je puisse éviter de passer une commande deux fois.
Dans une logique behaviour-driven development, la story peut être décrite sous
forme de parcours utilisateur, dans un langage appelé gherkin.
Exemple : étant donné un client qui vient de passer une commande, quand le client
essaye de passer la commande une nouvelle fois dans la minute qui suit, alors un
message d’alerte s’affiche pour demander au client de confirmer s’il souhaite passer la
commande une nouvelle fois.
Lorsque le backlog est complexe, les stories sont généralement regroupées au sein de
grandes user stories appelées epics. Là où les stories doivent être assez petites pour
être réalisées rapidement, une epic peut être bien plus grosse et nécessiter plusieurs
itérations pour être livrée. Une epic est une sorte de macro-story, un découpage
intermédiaire entre l’initiative produit et la story.
Par exemple, dans le cadre d’un atelier de story mapping, les epic peuvent
correspondre à chaque étape du parcours client sur le produit.
Les bugs font généralement partie du backlog. Le rôle du PM est de prioriser le travail
de l’équipe de réalisation pour livrer le plus de valeur : si la correction d’une anomalie a
plus de valeur que la création ou l’amélioration d’une fonctionnalité, alors c’est à lui de
la remonter dans le backlog pour que l’équipe de réalisation s’en empare.
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V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
qui priorise ces tâches, mais le Lead Dev, ou bien l’équipe de réalisation
collectivement.
Certaines équipes ajoutent également au backlog les tâches effectuées par l’équipe de
réalisation dans le cadre du discovery (participation à des interviews utilisateurs,
création de prototypes, ateliers d’idéation…). Avant d’ajouter un élément au backlog,
réfléchissez simplement à la raison pour laquelle vous le faites. Un backlog n’est pas
une liste exhaustive de ce que les membres de l’équipe doivent faire, ce n’est pas un
planning d’équipe ! Tout ce qui est dans le backlog doit pouvoir être priorisable par le
PM (ou le Lead Dev pour les tâches techniques). N’allez surtout pas y ajouter vos rituels
agiles, ou les vacances des développeurs...
Il existe de nombreuses méthodes pour prioriser les éléments d’un backlog, certaines
pouvant être communes avec la priorisation d’une roadmap. J’en expose ici
quelques-unes, sans prétendre être exhaustif. Dans tous les cas, le PM reste
responsable de l’atteinte des objectifs de la squad, et c’est lui qui doit pouvoir prendre
la décision finale sur les priorités.
Le story mapping
Le story mapping est un outil du product management qui permet de valider des
parcours clients et de classer et prioriser les fonctionnalités d’un produit grâce à un
atelier dédié, inventé par Jeff Patton et documenté dans le livre éponyme124. Le story
mapping a été créé pour cadrer la création d’un nouveau produit, mais il peut
également être utilisé pour cadrer les nouvelles fonctionnalités à créer dans le cadre
d’une ou plusieurs initiatives produit.
User Story Mapping : Story mapping is a better way to work with agile user stories. Jeff Patton &
124
Associates. https://www.jpattonassociates.com/user-story-mapping/
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V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
L’atelier de story mapping est généralement animé par un facilitateur neutre (scrum
master, coach agile…) et fait intervenir tous les membres de la ou des squad(s)
concernée(s), ainsi que les parties-prenantes business du produit.
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V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
Le story map permettra d’alimenter facilement le backlog : les initiatives ou les tâches
de haut niveau constitueront les epic du backlog, tandis que les tasks seront converties
et détaillées en user stories. Les releases pourront être alignées avec ce qui a été défini
dans pendant l’atelier, reste aux équipes à prioriser l’ordre de développement au sein
d’une release.
Le story mapping permet de s’assurer que le développement produit est orienté sur la
production de valeur aux utilisateurs et la constitution de releases logiques pour
délivrer cette valeur. Cet outil permet d’identifier les user stories les plus pertinentes
pour le périmètre envisagé, en travaillant sur les différentes variations possibles pour
répondre à un besoin donné et en sélectionnant celles que l’organisation souhaite
expérimenter en premier. Si l’atelier est bien fait, l’approche MMF permet de
développer un produit avec une approche semblable à celle du Lean Startup, qui
consiste à délivrer des expériences minimales pour valider des hypothèses grâce à des
cycles de développement très courts. En impliquant l’ensemble de l’équipe et les
parties-prenantes, cet atelier permet également d’emporter l’adhésion de tous les
acteurs sur les releases à venir.
125
Comment organiser des ateliers de Story Mapping ? Hubvisory : 14 janvier 2020.
https://hubvisory.com/blog/comment-organiser-des-ateliers-de-story-mapping/
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V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
réalisation, valeur business, impact sur les objectifs stratégiques… Le story mapping est
un exercice à mi-chemin entre la priorisation de la roadmap et la priorisation du
backlog, et peut ne pas être adapté en fonction des processus mis en place pour la
gestion du produit. Dans tous les cas, le PM doit garder à l’esprit l’atteinte des objectifs
stratégiques, et les résultats du story mapping peuvent parfois diverger avec ces
objectifs.
La méthode MoSCoW
MoSCoW est l’acronyme de “Must, Should, Could, Won’t”. Le principe est très simple : il
suffit de réunir les différents stakeholders du produit, et de les faire voter pour répartir
collectivement les initiatives dans 4 groupes :
● Must : ce sont des initiatives obligatoires, qui sont indispensables pour atteindre
l’objectif business donné.
● Should : ces initiatives ont un intérêt moindre, mais restent importantes. Elles
sont prometteuses pour la livraison de valeur, mais peuvent éventuellement
attendre une release suivante.
● Could : la valeur de ces initiatives est incertaine. Elles pourraient éventuellement
être creusées si elles sont simples à implémenter et si elles ne présentent aucun
risque.
● Won’t : ces initiatives ne semblent pas présenter un intérêt suffisant pour qu’on
investisse des ressources, elles ne permettent pas d’atteindre l’objectif
déterminé par le management. Elles sont soit écartées, soit reportées à plus
tard, pour servir un objectif différent.
Cette méthode très simple permet de formaliser l’alignement des stakeholders pour
des sujets simples, sans consacrer trop de temps à la priorisation. Elle permet
également de déterminer des éléments obligatoires en laissant de la marge de
manœuvre aux équipes produit pour implémenter ou non tout ce qui n’est pas “Must”.
Cette méthode ne convient pas dès que le sujet à traiter est un peu complexe, ou
lorsque les stakeholders ne sont pas alignés sur les objectifs business. Un autre risque
classique de MoSCoW est de se retrouver uniquement avec des Must et des Should,
tout étant considéré comme important. Enfin MoSCoW ne permet pas de prioriser entre
2 éléments ayant une même priorité.
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V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
Le jour de l’atelier, vous réunissez les participants (entre 4 et 7), idéalement des
utilisateurs ou des clients potentiels dans le cadre d’un focus group, à défaut des
stakeholders du produit.
Une somme d’argent est allouée à chaque participant, de sorte que les plus grosses
features ne peuvent pas être achetées par une personne seule. Prévoyez une somme
d’argent total en fonction de la capacité de l’équipe sur une période donnée. Par
exemple, si vous souhaitez prioriser sur un trimestre et que l’équipe a une capacité de
production équivalente à 500€ dans le jeu, répartissez environ 400€ entre les
participants (pour conserver une marge de manœuvre).
Les participants doivent ensuite négocier entre eux et mettre tout ou partie de leur
argent en commun, pour pouvoir acheter les fonctionnalités qu’ils désirent.
A la fin de l’atelier, vous avez une liste des features ou des stories les plus importantes
pour vos utilisateurs. Mais plus que les fonctionnalités priorisées, l’intérêt de ce jeu
pour le product manager réside dans les échanges lorsque les joueurs négocient :
comprendre leur raisonnement pour choisir une fonctionnalité plutôt qu’une autre,
quel argument convainc d’autres personnes, quel type de personne est sensible à telle
ou telle fonctionnalité et pourquoi…
Cette méthode permet de faire intervenir les utilisateurs ou les parties-prenantes dans
la priorisation du backlog. L’aspect ludique permet de casser des barrières et de
générer des discussions au contenu très utile. En réunissant les utilisateurs en groupe,
le PM évite certains biais qu’il pourrait induire dans des entretiens en face-à-face.
L’atelier est un guide pour prioriser les développements, mais il ne prend en compte
que la valeur client (si les joueurs sont des utilisateurs) ou les intérêts des stakeholders
(s’ils sont les participants), en fonction de l’effort à fournir. Le PM doit prendre en
compte d’autres priorités, comme les contraintes business, l’impact sur les objectifs
stratégiques. Si un des participants est particulièrement charismatique, il risque de
126
HOHMANN, Luke. Buy a Feature. https://www.innovationgames.com/buy-a-feature/
Voir aussi le livre du même auteur : Innovation Games : Creating breakthrough products through
collaborative play.
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V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
convaincre les autres participants d’acheter des fonctionnalités qui l’intéressent et qui
ne seraient pas forcément les plus appréciées pour un groupe plus grand.
Le CoD est divisé par le Job duration, l’effort pour délivrer l’initiative (durée, coût…)
Chaque élément du WSFJ est estimé par un collège déterminé de membres, qui évalue
le score concerné pour toutes les fonctionnalités à comparer. Chaque élément est
mesuré en utilisant une suite de Fibonacci (1, 2, 3, 5, 8, 13 et 21). Afin de pouvoir
comparer les différentes features, il doit y avoir au moins un 1 pour chacun des aspects
(la fonctionnalité livrant le moins de valeur aura 1 en value, la fonctionnalité la plus
simple à implémenter aura 1 en Job duration...). Les autres fonctionnalités sont
évaluées en comparant avec cette baseline.
Une fois le score WSJF de chaque fonctionnalité déterminé, il suffit de les classer pour
avoir une bonne idée de la priorité de chaque fonctionnalité.
En impliquant les parties-prenantes dans l’attribution des scores, les WSJF permettent
de rationaliser la prise de décision et d’emporter plus facilement l’adhésion. Cette
127
Weighted Shortest Job First. Scaled Agile Framework.
https://www.scaledagileframework.com/wsjf/
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V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
méthode collaborative peut être utile quand des parties-prenantes intervenant dans le
processus de décision ont des objectifs divergents (mais devrait être inutiles si l’objectif
attribué à l’équipe a été défini préalablement). En se concentrant sur la livraison de
fonctionnalités à bas coût et forte valeur, le WSJF force également à supprimer tout ce
qui est inutile, ou moins utile, dans une fonctionnalité pour ne garder que l’essentiel,
dans un esprit MMF (minimum marketable feature).
En mettant l’accent sur la livraison de petites initiatives à forte valeur, le WSJF néglige les
initiatives complexes et longues mais pouvant apporter une valeur critique à long
terme. Elle est faite pour prioriser le développement d’un produit en l’absence de vision,
mais ne convient pas pour un vrai produit innovant. Enfin, même si cette méthode a le
mérite de mettre un score pour rationaliser la prise de décision, elle est fortement
tributaire de l’utilisation de l’échelle de notation (que veut dire une valeur de 3 ou de 8
?) et repose sur les impressions des parties-prenantes plutôt que sur des faits chiffrés.
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V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
12 principes ont été ajoutés pour guider les pratiques de développement logiciel :
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V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
Matt LeMay définit 4 étapes129 pour mettre en place une vraie démarche d’agilité dans
une organisation produit :
1. Démarrez avec un guide, une North Star, pour vous imprégner des principes de
l’agilité. Matt LeMay conseille de lire et vraiment comprendre le Manifeste Agile
ou le Heart of Agile, avant de commencer à s’intéresser aux frameworks. Toutes
les pratiques que l’organisation ou la squad va mettre en place doivent être
guidées par ces principes.
2. Choisissez un framework agile existant. N’essayez pas de fabriquer votre
propre méthodologie dès le départ. De préférence, prenez une méthodologie
très encadrée, pour donner un point de départ commun à tout le monde.
Assurez-vous que toute l’équipe comprend intimement les principes de ce
framework.
3. Evaluez régulièrement les spécificités de la méthodologie au regard de votre
North Star. Par exemple : la façon dont vous menez les réunions (ou
cérémonies) vous aide-t-elle à collaborer ? Les processus mis en place
permettent-ils de livrer de la valeur aussi souvent que possible ?
4. Améliorez les processus et les pratiques pour tendre davantage vers les valeurs
de votre North Star. Adaptez la méthodologie choisie à votre contexte, en
essayant d’être toujours plus agiles. Documentez les changements que vous
apportez, pour qu’ils soient clairs pour tout le monde, et expliquez-les.
Un product manager doit être familier avec l’agilité dans le développement logiciel et
avec les différents frameworks. La meilleure des idées produit n’est rien sans une
excellente exécution, le PM passe donc généralement la majeure partie de son temps à
travailler avec l’équipe de réalisation. Le cadre dans lequel cette collaboration s’effectue
est souvent primordiale. Certaines organisations imposent un framework défini,
d’autres laissent les équipes s’organiser en utilisant le framework qu’elles jugent le plus
128
COCKBURN, Alistair. Heart of Agile. https://heartofagile.com/lets-begin/
129
LEMAY, Matt, Product Management in practice. p. 138, Four Steps to Future-Proof Agile.
173
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
opportun. Les organisations les plus matures adaptent généralement ces différents
frameworks à leurs besoins. Dans tous les cas, comprendre comment ces frameworks
fonctionnent, et pourquoi les différents principes existent est un enjeu majeur pour
permettre à l’équipe de sortir un produit de qualité.
● Le Product Owner, dont j’ai déjà parlé. Dans le product management moderne,
ce rôle est assumé par le PM. Le product owner est le responsable du backlog,
son rôle est de maximiser la valeur produite par l’équipe.
● L’équipe de développement, que j’appelle ici équipe de réalisation. Il s’agit de
l’ensemble des personnes en charge de réaliser les développements de
l’incrément produit. Scrum insiste sur l’auto-organisation de l’équipe de
développement, qui rappelle l’autonomie des équipes produit.
● Le Scrum Master, à la fois garant de l’application de la théorie Scrum par les
membres de l’équipe, coach méthodologique de l’équipe, et “leader-serviteur”
des autres membres de l’équipe et de l’organisation. Le rôle du Scrum Master est
à la fois d’évangéliser l’organisation à l’agilité et de faciliter la vie de l’équipe
Scrum en leur permettant de se concentrer sur leurs tâches, plutôt que d’être
parasités par des obstacles externes. En fonction des organisations, le rôle du
SM peut être très varié : facilitation de workshops, administration du logiciel
utilisé pour la gestion du backlog, rédaction de comptes-rendus et de reportings,
interface avec les équipes techniques pour fournir les socles applicatifs ou même
l’équipement informatique du nouveau venu… Scrum Master n’est pas
130
14th annual state of agile report. Digital.ai : 2020.
https://explore.digital.ai/state-of-agile/14th-annual-state-of-agile-report
131
SCHWABER Ken & SUTHERLAND, Ken. Le Guide Scrum.
https://www.scrumguides.org/docs/scrumguide/v2017/2017-Scrum-Guide-French.pdf
174
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V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
Le processus de Scrum
Le processus défini par Scrum est le suivant :
1. Le product owner gère et priorise le backlog, qui est la liste de toutes les tâches
nécessaires à la réalisation du produit (développements de nouvelles
fonctionnalités ou d’amélioration, correction de bugs, études de faisabilité,
tâches techniques diverses et variées…). N’importe qui peut ajouter des
éléments au backlog, mais le PO est responsable de leur priorisation et de leur
complétude.
2. Au début de chaque sprint, le product owner définit un objectif qui va servir de
guide pour le travail des prochaines semaines (le sprint). Dans une organisation
produit, cet objectif doit être un pas vers l’atteinte des objectifs donnés à la
squad dans le cadre de la stratégie produit.
3. Le sprint démarre avec un événement appelé Sprint Planning. Il s’agit d’une
négociation entre le PO et l’équipe de développement sur les éléments du
backlog qui seront réalisés pendant le sprint. Il s’agit de la liste des éléments
priorisés par le PO, qui répondent à l’objectif du sprint. Les développeurs doivent
s’engager à la réalisation de ces éléments pendant le sprint. Afin de pouvoir
s’engager, les développeurs estiment entre eux la charge de travail (par exemple
sous forme de “points”) et la liste des tâches associés à chaque élément du
backlog (plusieurs techniques existent pour ces estimations). La charge de travail
admissible d’un sprint à l’autre est censée être la même, de sorte que le PO
puisse à peu près prédire ce qui pourra entrer dans les sprints futurs. Seuls les
éléments sur lesquels les développeurs peuvent s’engager sont intégrés au
sprint. La liste des éléments retenus pour le sprint s’appelle le Sprint Backlog.
L’engagement des développeurs permet à l’organisation de prévoir avec une
grande certitude ce qui sera livré à l'issue du sprint.
4. Ensuite, le sprint commence, pour une durée définie à l’avance, qui est la même
à chaque fois. En théorie, le contenu du sprint est fixe : il n’est pas possible
d’enlever ou d’ajouter des éléments, afin de ne pas perturber l’engagement pris
par les développeurs, et donc la prévisibilité de ce qui sera livré. Dans les faits, il
arrive souvent que le contenu du sprint change à la marge, et l’équipe doit
trouver des standards qui permettent de le faire (par exemple s’assurer que
seuls les éléments non modifiés peuvent être changés, remplacer un élément
par un autre de même charge, pouvant être réalisé par les mêmes personnes…)
5. Chaque jour pendant le sprint, un évènement court a lieu appelé Daily Scrum
(ou parfois stand-up meeting ou daily meeting). Durant cet événement, chaque
membre de l’équipe de réalisation donne un statut sur ses tâches en cours. Le
but intrinsèque de cette réunion est de la gestion de risque : identifier au plus
vite d’éventuels points de blocage, afin de prendre les mesures appropriées et
éviter de mettre en péril l’engagement pris pour le sprint.
175
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V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
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V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
● Scrum est basé sur des cycles à durée fixe. Un nouveau besoin urgent doit donc
attendre le prochain sprint pour commencer à être développé. Par exemple,
dans une squad fonctionnant en sprint de 3 semaines, si une nouvelle
opportunité business arrive la première semaine du sprint, elle doit attendre 2
semaines de plus pour que l’équipe commence à travailler dessus, et la fin du
sprint suivant pour qu’elle soit potentiellement mise en production, donc au
moins 5 semaines.
● L’ensemble des éléments du sprint doivent être connus au démarrage du sprint.
Cette approche peut entrer en conflit avec la démarche exploratoire propre au
product management et nécessaire à l’innovation. L’équipe peut être amenée à
faire des choix entre prédictibilité du sprint et place pour l’innovation.
● L’obligation dans Scrum de devoir livrer des incréments finis, potentiellement
livrables peut également nuire à la qualité et à l’innovation. A la qualité, car elle
favorise la génération de dette technique, en prenant des raccourcis pour finir
dans les temps. A l’innovation, car elle empêche de prendre le temps de
résoudre un problème complexe.
● La démarche Scrum est difficilement compatible avec la participation de
membres de l’équipe produit aux phases de discovery, dont la charge de travail
n’est par définition pas prédictible.
● Dans Scrum, le test et la validation de la réalisation des éléments revient
implicitement au Product Owner, qui peut se retrouver à ne plus avoir de temps
entre la rédaction des stories, la priorisation du backlog, les échanges avec les
développeurs pendant le sprint et la validation des développements.
L’intégration des QA au sein de l’équipe de réalisation, afin de tester et valider les
éléments de l’incrément, est fondamentale pour donner du temps au PM/PO sur
les aspects discovery et stratégie de son travail.
177
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V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
Kanban est basé sur 4 principes qui doivent guider le flux de travail des équipes :
Il est souvent beaucoup plus complexe, pouvant intégrer des phases de préparation des
requirements, de design, de test et de validation, de revue de code, de passage entre
différents environnements (environnement de développement, d’intégration, de test…).
Et éventuellement une colonne “bloqué”.
Lorsque plusieurs équipes utilisent le même tableau Kanban, ou lorsqu’on veut séparer
visuellement le travail effectué par certains membres de l’équipe (back vs. front, dev iOS
et Android…), ou encore pour séparer les bugs des évolutions, on utilise généralement
des swimlanes, lignes horizontales qui permettent de découper le travail en cours.
132
Kanban Fundamentals. Kanban Tools.
https://kanbantool.com/kanban-guide/kanban-fundamentals
178
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V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
Les conditions de passage d’une étape du workflow à la suivante doivent être comprises
par tous les membres de la squad. En particulier, l’ensemble des critères permettant de
définir qu’un élément est prêt à rentrer dans le workflow, et l’ensemble des critères
permettant de définir que l’élément est “fini” ou “done” doivent être parfaitement clairs.
Dans une logique Kanban, lorsque le WIP est atteint et que certains membres de
l’équipe de réalisation n’ont plus de tâches disponibles dans leur champ d’expertise, ils
doivent venir aider les autres membres de la squad sur les tâches qui posent
éventuellement problème, afin de finir les éléments en cours le plus rapidement et
libérer de la place dans le WIP. Par exemple, un développeur peut aider un autre
développeur sur un problème complexe, ou aider la QA pour automatiser certaines
parties.
133
SIDEROVA, Sonya. Improve Task Organization: Kanban Swimlanes. Nave : 2018.
https://getnave.com/blog/kanban-swimlanes/
179
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V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
Le flux peut par exemple être mesuré avec un diagramme de flux cumulatif (CFD), qui
permet de mesurer l’évolution du temps que met chaque élément pour passer du
début à la fin du workflow (d’un statut “ready for development” à un statut “done”), ainsi
qu’à chaque étape du workflow. Ce diagramme permet de mesurer l’évolution globale
de la productivité, et d'identifier quelques goulots d’étranglement récurrents.
L’équipe Kanban peut également utiliser les notions de lead time et cycle time. Le lead
time est la période entre l’entrée d’un élément dans le workflow et sa sortie, c’est à dire
entre le moment où l’élément est prêt à être développé, et le moment où il est arrivé à
un statut fini (en fonction des équipes, ça peut être la validation par le product manager
ou la mise en production par exemple). Le cycle time représente la période entre le
moment où un membre de l’équipe commence à travailler sur l’élément, et le moment
où il arrive à un statut fini. La différence entre les deux représente le temps d’attente
d’un élément dans le backlog.
Les normes doivent également permettre à l’équipe de savoir clairement réagir face à
certains problèmes : un bug est détecté lors du workflow, comment l’élément est-il géré
? Est-ce qu’il revient en arrière ? Une urgence arrive en priorité tout en haut du backlog,
comment la traiter ? Faut-il arrêter le travail en cours ? Ces normes doivent pouvoir
évoluer en fonction des échanges au sein de l’équipe.
134
Kanban: Lead Time vs Cycle Time - Details Explained. Kanbanize.
https://kanbanize.com/kanban-resources/kanban-software/kanban-lead-cycle-time
180
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V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
Étant peu contrainte, cette méthodologie est par contre peu indiquée pour des squads
débutantes, peu expérimentées dans l’agilité. Elle n’est pas non plus indiquée lors du
démarrage des développements d’un produit, après les phases exploratoires lorsque
l’équipe doit se concentrer sur le développement et la livraison d’un premier produit qui
fonctionne. Elle peut également poser problème pour un PM qui doit sans cesse être
capable de prioriser le backlog et valider les tâches en cours. Si un PM part pendant 2
jours sur des phases de discovery, il risque de devenir le goulot d’étranglement de
l’équipe. Pour un produit ou une équipe non mature, un framework plus cadré, centré
sur des itérations fixes comme Scrum peut s’avérer plus simple à prendre en main.
135
MARRIS, Philip, La Théorie des Contraintes : accélératrice du Lean et génératrice de croissance.
Marris Consulting.
https://www.marris-consulting.com/points-de-vue/la-theorie-des-contraintes-accelerateur-du-lea
n
136
JUGE, Frédéric, Les 10 clefs du Lean IT. Black Belt Story : 4 mars 2017.
https://blackbeltstory.com/2017/03/04/les-10-clefs-du-lean-it/
181
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V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
Scrumban
Scrumban est né comme une méthodologie de transition entre Scrum et Kanban, pour
les équipes qui souhaitent expérimenter une approche plus “lean”. Elle est devenue une
méthodologie à part entière.
Scrumban est basé sur des itérations de durée variable. Plutôt que d’être basé sur une
charge de travail fixe (de “points”) par itérations, Scrumban est basé sur un WIP fixe au
démarrage de chaque sprint. Dès que le WIP descend en dessous d’une certaine limite,
les membres de l’équipe peuvent organiser un nouveau planning à la demande
(on-demand planning), afin de réalimenter le WIP.
182
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V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
objectifs à long terme sont accumulés dans le seau “1 an”. Lorsqu’un objectif est
priorisé, il est déplacé dans le seau “6 mois” dans lequel les principaux besoins sont
détaillés. Avant l’implémentation, les différentes tâches ou stories liées à chaque besoin
sont détaillées dans le bucket “3 mois”. Ce bucket 3 mois constitue le backlog priorisé
des éléments dans lequel l’équipe peut piocher dans le planning.
De Kanban, Scrumban reprend : le WIP et le fait de se concentrer sur une tâche à la fois,
les lead & cycle times, le management visuel.
XP (Extreme programming)
XP est une méthode de développement logiciel inventée dans les années 90 par de
futurs auteurs du manifeste agile. Il est basé sur 5 valeurs (communication, simplicité,
feedback, courage et respect) et sur 13 pratiques :
183
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V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
184
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V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
Le mouvement DevOps cherche à réfléchir aux problèmes posés par les relations entre
équipes de développement et équipes de production, et notamment le manque d’agilité
des équipes de production.
Dans les organisations traditionnelles, les rôles sont bien séparés entre équipes de
développement (Dev), également appelés équipes de Build, qui réalisent le code du
produit, et équipes de production (ingénieurs systèmes, Prod ou Ops) également
appelées équipe de Run, dont le rôle était d’une part d’assurer les mises en production
du code fourni par les développeurs, et d’autre part d’assurer le maintien en conditions
opérationnelles des systèmes de production (monitoring des applicatifs et des serveurs,
gestion des flux de données et des systèmes d’ordonnancement de traitements,
administration des bases de données…). La séparation de ces deux rôles a pour effet de
limiter le time-to-market : d’un côté les équipes de build veulent livrer de nouvelles
fonctionnalités le plus rapidement possible et au moindre coût, quand l’équipe de run a
pour objectif de garantir la qualité et la stabilité du système. Les deux équipes sont en
partie dépossédées de leurs objectifs, l’équipe de développement étant freinée par les
processus imposés par l’équipe de production (documentation, disponibilité des
ressources, transfert de connaissances…), et les Ops reprochant aux Dev les bugs qui
nuisent à la stabilité de la production.
137
Devopsdays Ghent 2009. Devopsdays.org. https://legacy.devopsdays.org/events/2009-ghent/
185
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V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
côté Ops, l’organisation IT se retrouve avec une bulle agile évoluant au sein d’une
structure toujours figée, qui peut difficilement suivre le rythme.
Dans une structure appliquant les principes DevOps, les rôles et responsabilités sont
complètement changés : l’équipe de réalisation (et non plus seulement équipe de
développement) ne s’occupe plus seulement des développements, elle est responsable
de son produit du début jusqu’à la fin. Elle assure les développements et les tests bien
sûr. Elle s’occupe également du déploiement de l’application dans les différents
environnements, jusqu’à la production. Enfin, elle est également responsable de la
maintenance du système applicatif : s’il y a un incident de production, les membres de
l’équipe de réalisation sont d’astreinte et c’est à eux de corriger le problème.
Les Ops, eux, sont chargés de fournir aux dev les outils qui leur permettent de devenir
autonome dans l’ensemble de la chaîne produit. Ils fournissent notamment des
infrastructures et des plateformes “as a service” (IaaS et PaaS), c'est-à-dire des serveurs,
des bases de données, des plateformes d’intégration ou des outils applicatifs que les
développeurs peuvent consommer en self-service. Par exemple, ils mettent en place
des systèmes d’abstraction qui permettent aux développeurs de ne pas avoir à se
soucier des mises à jour de serveurs ou des systèmes d’exploitation.
L’ingénieur DevOps
Au delà de la culture de collaboration entre développeurs et ingénieurs systèmes, le
mouvement DevOps a abouti à la création d’un rôle à part entière : l’ingénieur DevOps,
d’ailleurs appelé la plupart du temps simplement “DevOps”. Son rôle est de faciliter
cette mise en relation entre les équipes de réalisation et les équipes en charge des
systèmes sous-jacents.
Ils sont en particulier responsables de fournir aux équipes de réalisation les moyens et
les processus de mise en production, pour qu’ils n’aient plus à se soucier que de la
qualité du code. Ils sont les garants de la robustesse de ces processus, et ils
construisent la CI/CD pipeline, c'est-à-dire la chaîne qui permet l’automatisation des tests
et des déploiements pour mettre en place l’intégration continue (CI) et le déploiement
continu (CD).
● Les outils de gestion de code source, qui permettent à tous les membres de
l’équipe de versionner et partager le code qu’ils produisent.
Exemples : Github, Gitlab, Sourceforge, Bitbucket...
● Les outils de CI/CD pour automatiser les tests et les modifications du code
source, ou provisionner de l'infrastructure “as code” (IaC)
Exemples : Jenkins, GitlabCI, Bamboo, Ansible, Terraform, Puppet… Les
plateformes de Cloud fournissent généralement leurs propres solutions
● Les conteneurs, qui permettent d’isoler une application, et l’abstraire de la
notion de serveur sur lequel il est installé. Les orchestrateurs permettent
DAVID, Clément. DevOps : quels sont les outils DevOps les plus utilisés aujourd'hui ?. Padok : 16
138
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
Le SRE s’attache plus particulièrement à résoudre des problèmes complexes, sur des
systèmes à grande échelle massivement distribués. Leur rôle est fondamentalement de
faire en sorte que les systèmes tournent 24/7, tout en diminuant le plus possible le
nombre de tâches manuelles.
Même si le SRE est né avant l’introduction du DevOps, les deux concepts sont largement
compatibles. Ils visent à automatiser le plus de processus possibles. De nombreuses
organisations ayant adopté une approche DevOps ont confié la maintenance de leurs
systèmes à des rôles de SRE.
139
Google Cloud Platform. The History of SRE. Youtube : 15 juillet 2020. [vidéo]
https://landing.google.com/sre/
140
What is Site Reliability Engineering (SRE)?. Google Site Reliability Engineering.
https://landing.google.com/sre/
187
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V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
L’architecture logicielle du produit doit être modulaire pour permettre de livrer des
parties du code indépendamment les unes des autres. La plupart des architectures
141
VOGELS, Wemer. The Story of Apollo - Amazon’s Deployment Engine. All Things Distributed : 12
novembre 2014.
https://www.allthingsdistributed.com/2014/11/apollo-amazon-deployment-engine.html
142
ANDRIEU, Olivier. Google a fait 9 modifications de son algorithme PAR JOUR en 2018. Abondance :
18 juin 2019.
https://www.abondance.com/20190618-39952-google-a-fait-9-modifications-de-son-algorithme-
par-jour-en-2018.html
143
PITTET, Sten. Continuous integration vs. continuous delivery vs. continuous deployment. Atlassian.
https://www.atlassian.com/continuous-delivery/principles/continuous-integration-vs-delivery-vs-
deployment
188
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
Le code du produit est géré dans une unique source. Chaque développeur partage son
code le plus régulièrement possible (au moins une fois par jour, mais beaucoup plus
souvent dans les équipes matures) avec les autres développeurs dans un logiciel de
gestion de versions, comme Github ou Gitlab et l’intègre au code commun du produit :
le commit. Chaque commit est déployé sur un environnement d’intégration, sur lequel
l’intégralité des tests développés par l’équipe de réalisation est exécutée (tests unitaires,
tests d’intégration, test de qualité du code) : le build.
Pour caricaturer, un simple bouton permet de déployer une nouvelle version applicative
du produit sur un environnement d’intégration ou de préproduction. Les équipes sont
automatiquement alertées si le déploiement échoue, pour pouvoir, là encore, corriger
aussi rapidement que possible.
189
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
Tous les tests fonctionnels créés par les QA sont automatisés, par exemple grâce au
Behaviour-driven development. Les tests de performance et de sécurité sont également
automatisés. Le business et/ou le product manager ont participé à l’écriture des tests
fonctionnels de bout en bout et les ont validés, et n’ont donc pas besoin de valider
manuellement les développements réalisés. Tous les tests d’interface sont également
automatisés grâce à des outils dédiés, le product designer n’a pas non plus besoin de
valider que la UI est fidèle à ses spécifications.
Pour prendre en compte la sécurité, adoptez une démarche dite de DevSecOps pour
automatiser la prise en compte des normes de de sécurité, au niveau de
l’environnement et des données, et tout au long des processus de CI/CD144.
144
Qu'est-ce que le DevSecOps ?. Red Hat.
https://www.redhat.com/fr/topics/devops/what-is-devsecops
145
SALTHUN-LASSALLE, Mathilde. Les Feature Toggles : Activer / Désactiver dynamiquement une
fonctionnalité d’un logiciel. Docdoku : 13 janvier 2019.
https://www.docdoku.com/blog/2019/01/13/les-feature-toggles-activer-desactiver-dynamiqueme
nt-une-fonctionnalite-dun-logiciel/
190
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
Le framework SAFe a introduit la notion d’Agile Release Trains (ART), dont une partie du
principe de fonctionnement a été repris par des équipes n’utilisant pas SAFe. Le
principe est relativement simple : l’organisation met en place un cadencement régulier
de ses mises en production. Par exemple, toutes les semaines, le vendredi à 18h, le
code du composant (par exemple l’application mobile Android) est déployé.
191
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
V - Le Delivery : développement et déploiement du produit
Tout le code des différentes équipes qui aura été fusionné et validé sera embarqué
dans cette release. Tout ce qui n’est pas prêt devra attendre le train suivant. Si le
rythme des ART est suffisamment élevé, la pression pour livrer le code à temps est
largement diminuée. Bien sûr, si les ART ont lieu tous les trimestres, la situation est
différente et livrer un code en retard peut devenir une catastrophe… mais les
organisations qui livrent si rarement ne se mettent certainement pas en condition d’être
ni innovantes ni agiles.
192
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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VI - Le produit à l’échelle
Partie VI
Le produit à l’échelle
Au début de la vie du produit, une seule équipe pluridisciplinaire suffit pour gérer
l’intégralité du produit et des systèmes sous-jacents. Au bout d’un moment, le produit
prend de l’ampleur ; la startup grandit ; certains systèmes alimentent plusieurs produits
; unique product manager ne parvient plus à alimenter les équipes et néglige les phases
de discovery ; les développeurs sont trop nombreux et peinent à se répartir le travail
sans dépendances entre eux… : la création de plusieurs équipes produit se posent.
Comment répartir les prérogatives des différentes équipes ? Comment gérer les
relations et les dépendances entre ces équipes ? Que faire des rôles transversaux ?
Je vous donne quelques pistes dans ce chapitre. Gardez en tête qu’il n’y a pas de recette
miracle. Chaque organisation possède son lot d’avantages et d’inconvénients, et
résoudre un problème revient souvent à en créer d’autres. N’essayez pas de définir une
organisation supposée fonctionner pendant plusieurs années, vous n’y arriverez pas.
Votre organisation doit être en amélioration continue. Pensez votre organisation
comme un produit : identifiez les problèmes organisationnels, testez des solutions à
petite échelle, et déployez ce qui fonctionne, sans considérer à un moment que vous
avez fini.
193
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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VI - Le produit à l’échelle
146
CAGAN, Marty. Inspired. Chapitre 20, Principles of Structuring Product Teams. p.93-97.
147
CINQUIN, Ludovic. Les Patterns des Grands du Web – 2-Pizza Team. Octo : 18 juin 2012.
https://blog.octo.com/2-pizza-team/
194
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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VI - Le produit à l’échelle
● Garder à l’esprit que la structure n’est pas figée. Les périmètres sur lesquels
investir changent régulièrement en fonction de la maturité du produit, des
fonctionnalités et des problèmes et opportunités rencontrées.
Dans le livre blanc Les organisations orientées produit148, Thiga propose 4 modèles de
découpage pour définir le périmètre d’action des squads : un modèle historique,
horizontal, centré sur la technique, le découpage en component teams, et 3 modèles
verticaux, plus adaptés à une organisation produit, centrés sur l’utilisateur et la
génération de valeur : les feature teams et 2 modèles dérivés, les impacts et les persona
teams.
Il n’y a pas de recette miracle qui fonctionne pour toute organisation. C’est à chaque
entreprise d’adapter le découpage en fonction de ses besoins. Le découpage ne doit
pas non plus être figé dans le temps. Il dépend de la croissance des équipes : un
découpage qui fonctionne dans une startup avec 2 équipes ne fonctionnera pas
forcément quand celle-ci grossira et devra passer à 5 ou 6 équipes.
Enfin, ces modèles ne sont pas exclusifs. Il est tout à fait possible d’avoir une
component team en charge d’un système backend complexe nécessitant des
spécialistes techniques, une équipe en charge d’un persona, 3 feature teams se
répartissant le parcours d’un autre persona et une impact team transverse sur un OKR
particulier.
équipes.
149
WIVOO. Product Therapy - REX sur la mise en place d'un framework Produit chez Canal + par
Damien Delautier. Youtube : 12 mai 2020. [vidéo]
https://www.youtube.com/watch?v=jmXuvN2x4vM
195
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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VI - Le produit à l’échelle
équipe est responsable d’un socle applicatif cohérent. Elle est généralement composée
d’experts dans la solution.
Dans ce modèle, les équipes ne produisent pas de valeur en soi. Le rôle du responsable
de ces équipes (Head of Product ou Directeur Produit) est critique : il est le seul à avoir
une vision d’ensemble cohérente de la valeur qui sera livrée, et il est chargé de
coordonner les phases de travail des équipes pour qu’elles puissent ensemble fournir
des fonctionnalités. Dans ce modèle, les product managers ont typiquement un rôle de
product owner uniquement. N’ayant pas de vision globale sur la valeur livrée, elles se
contentent pratiquement de gérer un backlog technique et de détailler les spécifications
de chaque besoin, en se coordonnant avec le PO des autres équipes.
Par exemple, pour livrer une fonctionnalité d’avis sur un site e-commerce, l’équipe
backend devra d’abord développer le traitement et le stockage de l’information et
fournir les API qui vont permettre aux développeurs front d’exploiter ces traitements.
Ensuite chaque équipe front (web, iOS, Android…) développera les interfaces propres à
son périmètre technique. Avec le risque que les équipes avancent à des rythmes
différents, ou qu’il y ait des différences dans les expériences utilisateurs en fonction des
plateformes.
Dans une organisation en component teams, il est compliqué d’avoir des product
designers et des QA par équipe. Afin de construire une expérience client cohérente, les
designers doivent intervenir de manière transverse avec chaque équipe. De même, les
QA peuvent partiellement tester le résultat du développement de chaque équipe, mais
un test de bout en bout sur le code produit par l’ensemble des équipes est nécessaire
pour valider le comportement global de la fonctionnalité.
Les component teams sont de manière générale mal adaptées à la logique produit, qui
vise à donner aux équipes l’autonomie et la responsabilité nécessaires pour délivrer
196
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
VI - Le produit à l’échelle
● Les composants de type plateforme qui seront utilisés par plusieurs équipes,
peuvent être gérés par une équipe dédiée à cette plateforme. Cela permet aux
autres équipes, avec une responsabilité verticale, d’utiliser un système robuste,
cohérent, sans se soucier des dépendances avec les autres équipes verticales.
● De façon temporaire, lorsqu’un domaine technique est en retard sur le reste de
l’environnement produit, il peut être utile d’y dédier une équipe jusqu’à ce que ce
composant soit suffisamment mature pour que l’évolution de ce composant et
les ressources associées soient réinjectées dans les autres équipes. Ainsi,
Alexandre Takacs, ancien directeur produit de Viadeo, m’a expliqué qu’ils avaient
fondé une équipe dédiée aux mobiles dans la première moitié des années 2010,
à une époque où les applications mobiles étaient très peu matures. Une fois le
retard rattrapé, le mobile a été réinjecté dans les autres features teams.
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
VI - Le produit à l’échelle
nécessaires pour atteindre ses objectifs sur son périmètre. Il s’agit de l’archétype du
modèle de l’équipe produit que j’ai déjà détaillé dans cette thèse.
Par exemple, au sein d’une entreprise de e-commerce, chaque feature team est
typiquement en charge des étapes du parcours client : acquisition et onboarding,
navigation, fiche produit, panier et paiement, post-sales…
Dans ce modèle, chaque équipe est relativement indépendante, même s’il reste
quelques adhérences, lors des transitions d’une fonctionnalité à l’autre ou sur des
socles techniques communs. Par exemple, la plupart des équipes intervenant sur un
parcours client e-commerce vont être amenées à toucher au CRM.
150
BIGNON, Annabelle. Intervention d'Alexia Boulot et Laure Helary ex-@Veepee sur le framework
Product x Business. Youtube : 22 juillet 2020. [vidéo]
https://www.youtube.com/watch?v=f0St9R5Dgzg
198
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VI - Le produit à l’échelle
Dans ce modèle, le rôle du Head of Product est d’assigner des objectifs à chaque équipe
et de s’assurer que les différents product managers communiquent sur les éventuelles
adhérences fonctionnelles. D’un point de vue technique, il faut également une personne
chargée de la cohérence pour définir des normes d’architectures que les différentes
équipes doivent utiliser et éviter d’accumuler de la dette technique.
199
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
VI - Le produit à l’échelle
fonctionnalités qui peuvent plaire aux utilisateurs. Si ces nouveautés n’agissent que
marginalement sur les KPI du produit, ces actions ne servent pas la stratégie produit.
Le modèle en feature team peut également poser problèmes lorsqu’il faut créer une
nouvelle fonctionnalité majeure dans un produit, voire un nouveau produit : par
définition, aucune feature team existante n’est en charge de cette nouveauté, il faut
donc créer une nouvelle équipe. Mais si la feature envisagée s’avère être une fausse
bonne idée, que se passe-t-il ? L’équipe peut-elle remettre en question l’existence même
de cette feature, ou la transformer en quelque chose de totalement différent ?
Le découpage en feature teams peut être fait selon n’importe quel OKR donné par le
management : augmentation du chiffre d’affaire sur un segment, diminution du churn,
lancement du produit sur un nouveau marché, voire la prise en compte d’une nouvelle
contrainte réglementaire. L’important est que cet OKR soit vraiment basé sur des
objectifs business, et pas des outputs.
151
La Product Conf. Piloter les équipes Produit par l'impact. Youtube : 8 août 2018. [vidéo]
https://www.youtube.com/watch?v=VqdUA3bhW38
200
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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VI - Le produit à l’échelle
que les équipes doivent couvrir sur une année, ce qui permet de vraiment choisir les
sujets : ce qui ne vise pas à atteindre un des OKR ne sera pas fait dans l’année.
201
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VI - Le produit à l’échelle
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VI - Le produit à l’échelle
Dans certains cas, les organisations sont amenées à regrouper tous les profils d’une
même spécialité au sein d’une équipe unique. Certaines personnes sont donc amenées
à travailler avec plusieurs équipes produit en même temps.
Certains rôles sont transversaux par nature. Les rôles de type “Ops” ont pour mission
d’harmoniser les outils et les processus entre les différentes équipes : ProductOps,
DevOps, DesignOps… Les Product Researchers centralisent les besoins de recherche
utilisateurs et sont particulièrement utiles lorsque l’organisation a besoin d’identifier
des problèmes qui concernent plusieurs équipes produit, pour éviter que plusieurs
équipes aient à effectuer les mêmes études chacun de leurs côtés. Côté technique, des
architectes urbanistes peuvent être amenés à réfléchir à une vue d’ensemble de
l’écosystème tech, pour l’optimiser et éviter certaines redondances.
Dans d’autres cas, ces équipes agissent en tant que pools de compétences, et
regroupent des personnes qui travaillent avec une ou plusieurs équipes produit, mais
ne sont pas assignées de façon durable à ces équipes, par exemple des product
designers ou des data analysts. Essayez d’éviter ça, si possible. Privilégiez une approche
matricielle de type Spotify : chaque spécialiste est bien rattaché à une équipe produit de
façon durable, et contribue à l’atteinte des objectifs de cette équipe, mais est
hiérarchiquement rattaché à un “Head of” spécialiste, au sein d’un chapitre, d’une guilde
(appelez cela comme vous voulez) qui permet de partager les pratiques spécifiques au
métier. Si vous devez tout de même créer des pools, créez-les au niveau de chaque
ligne produit, pour que les membres de ces pools interviennent sur des sujets
cohérents.
Parfois vous devrez tout de même partager certaines ressources entre plusieurs
équipes. Soit pour des raisons budgétaires (vous ne souhaitez pas recruter autant de
product designers qu’il y a d’équipe), ou parce qu’il n’y a pas de besoin (des équipes
avec une forte composante backend qui n’ont pas assez de besoins pour alimenter un
product designer à temps plein), ou encore parce que les ressources sont manquantes
(certains profils sont rares sur le marché, et vous devez donc partager une ressource).
Veillez à bien définir à l’avance comment cette collaboration avec deux équipes doit se
passer : répartition du temps de travail, objectifs personnels par rapport aux OKR…
Dans tous les cas, si vous devez créer des équipes transversales, définissez clairement
le mode d’interaction entre les équipes et les responsabilités de chacune. L’approche
Team Topologies peut vous y aider.
203
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
VI - Le produit à l’échelle
Avant de continuer sur ce chapitre, quelques mises en garde, le sujet faisant souvent
polémique : les auteurs n’ont jamais prétendu présenter un “modèle” d’organisation. Ils
exposent des principes intéressants qui donnent matière à réflexion pour les autres
organisations qui cherchent à optimiser l’organisation de leurs équipes produit à
l’échelle. Les auteurs insistent sur le fait que l’organisation de Spotify n’est pas figée et
que celle qu’ils présentent n’est qu’une prise de vue à un moment donné. D’ailleurs,
Spotify n’utilise plus cette organisation, et ne l’a même jamais vraiment utilisée.153
152
KNIBERG, Henrik & IVARSSON, Anders. Scaling Agile @ Spotify : with Tribes, Squads, Chapters and
Guilds. Octobre 2012. https://blog.crisp.se/wp-content/uploads/2012/11/SpotifyScaling.pdf
153
LEE, Jeremiah. Failed #SquadGoals : Spotify doesn’t use “the Spotify model” and neither should
you. 19 avril 2020. https://www.jeremiahlee.com/posts/failed-squad-goals/
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
VI - Le produit à l’échelle
Dans l’organisation décrite par Spotify, le produit est développé par des équipes produit
autonomes appelées Squads, essentiellement sur le modèle des feature teams, d’autres
squads étant en charge des clients applicatifs (iOS, Android, desktop...) ou de
l’infrastructure154. Le terme a depuis largement été repris par les communautés agiles et
product, et je l’utilise moi-même largement dans cette thèse. Chaque squad est
constituée d’un product owner, d’un UX designer et d’un ensemble d’ingénieurs afin de
développer, tester et livrer leurs réalisations de façon autonome. Chaque squad est
libre d’utiliser les outils qu’elle souhaite et d’appliquer le framework agile qu’elle
préfère.
Les squads qui travaillent sur des parties communes du produit sont regroupées dans
une Tribe (tribu). Chaque tribu est dirigée par un Tribe Lead, qui correspond au rôle de
Head of Product ou directeur produit. Chaque tribe doit être constituée de moins de
100 personnes. Les product owners et les UX designers rapportent hiérarchiquement
au Tribe Lead. Dans l’organisation décrite par Spotify, les interactions entre tribus sont
limitées au maximum.
Les ingénieurs d’une même tribu sont regroupés horizontalement dans des Chapters
(chapitres). Par exemple, il existe un chapitre pour les développeurs backend, un autre
pour les développeurs frontend web, un chapitre pour les développeurs iOS, un pour
les QA… Chaque chapter est dirigé par un chapter lead, qui est le manager hiérarchique
de tous les membres du chapitre. Il est également supposé faire partie d’une squad. Les
membres d’un chapitre sont réunis régulièrement pour discuter de sujets spécifiques à
leurs métiers (nouveautés techniques, problèmes communs à résoudre…)
Afin de garder une cohérence des systèmes techniques communs à plusieurs squads,
Spotify introduit un rôle de System Owner. Travaillant généralement par pairs, ces
system owners coordonnent le travail des équipes sur le système en veillant à ce que la
documentation et la qualité du code soient assurées, que la dette technique soit
minimisée et prise en compte par les squads, les processus de release soient assurés…
154
KNIBERG, Henrik. Spotify engineering culture (part 1). Spotify R&D Engineering : 27 mars 2014.
https://engineering.atspotify.com/2014/03/27/spotify-engineering-culture-part-1/
205
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
VI - Le produit à l’échelle
Jeremiah Lee, ancien PM chez Spotify, également passé chez Fitbit et InVision, a
récemment publié un article155 sur ce qui ne marchait pas dans cette vision, et pourquoi
Spotify a abandonné ce modèle :
155
LEE, Jeremiah. Failed #SquadGoals. https://www.jeremiahlee.com/posts/failed-squad-goals/
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
VI - Le produit à l’échelle
156
BIGNON, Annabelle. Intervention d'Alexia Boulot et Laure Helary ex-@Veepee sur le framework
Product x Business. Youtube : 22 juillet 2020. [vidéo]
https://www.youtube.com/watch?v=f0St9R5Dgzg
Voir aussi : La Product Conf - LPC & LPCx. Vente Privée : "Quelle est l'organisation Produit au sein de
VP?". Youtube : 21 mai 2018 [vidéo]. https://www.youtube.com/watch?v=PT0trP1oiIk
207
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
VI - Le produit à l’échelle
Chez Veepee, chaque équipe produit est organisée de façon autonome pour livrer son
périmètre, avec des objectifs business. Elle comporte un product owner (ayant le rôle
d’un PM), un UX, éventuellement un lead business et une équipe de réalisation (dev, QA,
infra…) avec un Lead Dev, pendant technique du PO capable de prendre les décisions
sur la partie réalisation et release.
L’ensemble des PO d’une ligne produit est hiérarchiquement rattaché à un Lead PO. De
même, tous les techs d’une ligne produit sont rattachés à un Lead IT, tous les UX à un
Lead UX et tous les business à un Lead Business, de sorte que les conflits au niveau de
la ligne produit (la tribu de Spotify) peuvent être tranchés au bon niveau hiérarchique,
au lieu d’avoir à escalader les problèmes techniques chapitre par chapitre.
Leur point de départ est la loi de Conway, qui dit que le design des systèmes créés
par les organisations est le reflet de la structure de communication interne de
cette organisation158. Pour créer un système complexe, les membres de l’organisation
ont besoin de communiquer fréquemment. Appliqué au développement logiciel, une
organisation monolithique produira une architecture monolithique quand une
organisation en petites équipes produira une architecture plus modulaire. Une
organisation structurée en silos fonctionnels (architecture, infrastructure, exploitation,
réseau, maintenance…) produira un système d’information siloté non adapté à la
création de valeur globale.
157
SKELTON, Matthew & PAIS, Manuel. Team Topologies: Organizing Business and Technology Teams
for Fast Flow
Voir aussi l’intervention des auteurs au DevOps Enterprise Summit de 2019 : IT REVOLUTION.
Monoliths vs Microservices is Missing the Point—Start with Team Cognitive Load - Team Topologies.
Youtube : 8 juillet 2019 [vidéo] https://www.youtube.com/watch?v=haejb5rzKsM
158
CONWAY, Melvin E.. How do committess invent? Avril 1968.
http://www.melconway.com/Home/pdf/committees.pdf
208
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
VI - Le produit à l’échelle
Les responsabilités et les interactions entre les équipes sont nécessairement amenées à
évoluer au cours du temps, en fonction des objectifs et des besoins. L’organisation du
département IT doit être mouvante, dépendant de ces besoins changeants. Les équipes,
elles, doivent rester le plus stable possible.
Dans ce modèle, il n’y a plus d’équipe opération ni support, dont la présence contribue
fortement à limiter la production de valeur dans un environnement de continuous
delivery. Chaque équipe est responsable de bout-en-bout de son périmètre : phases
exploratoires, construction de la solution, livraison de la solution et maintenance, de
façon continue.
209
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
VI - Le produit à l’échelle
Le mode d’interaction entre deux équipes peut changer dans le temps, en fonction de la
maturité des équipes. Par exemple, en phase de discovery, une équipe
complicated-subsystem et une équipe stream-aligned pourront travailler en
collaboration, pour ensuite passer sur une interaction X-as-a-service.
210
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
VII - Mettre en place le Produit dans votre organisation
Partie VII
Mettre en place le
Produit dans votre
organisation
Vous êtes convaincus par l’intérêt du product management ? Mais par où commencer ?
Vous devrez d’abord convaincre le top management de la pertinence de cette
démarche, en prenant un projet pilote et en en démontrant les bienfaits. Ensuite, vous
devrez pouvoir mettre en place une fonction produit dans l’organisation et œuvrer pour
changer profondément les pratiques et la culture.
211
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
VII - Mettre en place le Produit dans votre organisation
159
DUNARY, Enric. HiPPO’s (Highest Paid Person’s Opinion): Letting Data Drive Decisions. 25
novembre 2015.
https://www.enricdurany.com/agile-startup-entrepreneur/hippos-highest-paid-person-opinion-d
ata-driven-decision-making/
Illustration issue de : SCHMIDT, Eric & ROSENBERG, Jonathan, avec Alan Eagle, préface de Larry
Page. How Google Works. John Murray : 12 mars 2015. 304 p.
212
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
VII - Mettre en place le Produit dans votre organisation
Au final, votre objectif est d’obtenir la confiance du top management, pour qu’il ne
ressente plus le besoin de contrôler à chaque étape comment le budget de l’entreprise
est dépensé, pour se concentrer sur les objectifs stratégiques que l’organisation doit
atteindre.
213
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
VII - Mettre en place le Produit dans votre organisation
Comment identifier le bon projet pilote ? Partez d’un problème, pas d’une solution.
Identifiez une opportunité externe (une valeur ajoutée que vous pourriez apporter à vos
clients), ou un problème interne (un processus trop compliqué que vous pourriez
digitaliser par exemple). Proposez de traiter ce problème en adoptant une démarche
centrée utilisateurs itérative, sans définir la solution dès le départ.
La première est de commencer par un projet d’innovation, qui n’est pas traité par
l’organisation. Votre objectif est d’apporter de la valeur au business en cas de succès,
sans compromettre d’activité existante en cas d’échec.
Dans ce cas, les changements sont potentiellement beaucoup plus importants pour
l’organisation : remplacer le site e-commerce d’un retailer, revoir la plateforme web d’un
média papier… Une petite équipe en mode “proof of concept” n’y arrivera pas seule.
Commencez par une phase de discovery poussée, et proposez un MVP validé par les
utilisateurs. Si vous convainquez le management, passez à l’étape supérieure.
214
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
VII - Mettre en place le Produit dans votre organisation
Adoptez une démarche inspirée de Lean Startup : commencez par connaître vos
utilisateurs et être certain que le problème est correctement formalisé et pertinent.
Sollicitez l’aide des parties-prenantes pour acquérir de la connaissance utilisateur et
avoir leur avis sur le problème. Expliquez votre démarche. Et surtout, approchez de
vrais utilisateurs.
Une fois le problème recadré, formalisez des hypothèses et cherchez des idées de
solutions. Là aussi, impliquez les parties prenantes dans des ateliers collaboratifs. Les
inclure dans le processus devrait vous aider à emporter l’adhésion sur la méthode.
Vient ensuite la phase de prototypage. Dans les grands groupes, un des problèmes est
de pouvoir passer outre de lourds processus IT. Affranchissez-vous de la bureaucratie
inhérente à la gestion de projets informatiques. Si vous devez passer devant des
instances de validation à chaque itération de prototype ou à chaque mise en production
agile, vous avez déjà perdu. A la place, formalisez dès le début une gouvernance ad-hoc,
en impliquant des parties prenantes (architecture, plateformes, sécurité…) qui devront
être disponibles.
Identifiez les actifs IT sur lesquels vous pourrez vous appuyer. Par exemple, si votre
organisation dispose déjà d’un accès à un cloud public, voyez si vous pouvez l’utiliser
pour construire vos prototypes et votre produit. Si les règles pour y héberger une
application sont simples, profitez-en. Si les conditions sont drastiques et nécessitent la
validation de plusieurs comités, optez pour une autre solution…
Vous devrez avoir l’appui de quelqu’un de haut placé pour avoir le droit d’utiliser des
outils non validés par votre IT : outils de prototypage, outils de NoCode, outils SaaS
prêts à l’emploi… Expliquez que votre objectif est d’acquérir de la connaissance sur vos
utilisateurs et de trouver des solutions business à des problèmes business. En
contrepartie, isolez votre MVP du reste de votre SI, pour éviter les incidents de sécurité
ou de production. Et si besoin, expliquez qu’il sera toujours temps d’utiliser les
standards lors de l’industrialisation du MVP (même si ces standards devront
probablement évoluer si vous souhaitez vraiment diffuser la démarche product
management !).
Donnez-vous une deadline pour réunir les parties prenantes et évaluer les progrès sur
votre initiative. Discutez à la fois des résultats business, et des enseignements sur la
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
VII - Mettre en place le Produit dans votre organisation
méthodologie utilisée : les apports, les erreurs, ce que vous avez appris, ce qu’il faudrait
améliorer. Si vous n’avez pas atteint les objectifs business, concentrez-vous sur ce que
vous avez appris de vos clients et des problèmes. Expliquez également comment en
expérimentant à moindre frais, vous avez épargné à l’organisation d’investir dans des
développements lourds, pour le même résultat.
Comment procéder ?
D’abord, définissez les objectifs stratégiques pour lesquels vous souhaitez mener le
programme d’intrapreneuriat. Pour chaque objectif, choisissez la direction sponsor
chargée du programme. Demandez-leur de désigner un pilote pour ce programme.
Définissez avec eux les critères qui guideront vos choix de projets.
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
VII - Mettre en place le Produit dans votre organisation
Les intrapreneurs peuvent débuter un projet seul ou en équipe. Une fois les projets
retenus, les intrapreneurs choisis rejoignent le programme et quittent temporairement
leur direction d’origine. Le programme se déroule généralement en plusieurs phases :
1. Un bootcamp sur quelques jours pendant lequel les intrapreneurs sont formés
et coachés sur les principes de base de la démarche entrepreneuriale (modèle
économique, démarche produit, design thinking, agilité, techniques de discovery,
prototypage…). Les intrapreneurs affinent leur vision produit, leur proposition de
valeur et commencent éventuellement à travailler sur un prototype.
2. Pendant une première phase de quelques semaines, les intrapreneurs mûrissent
leur concept, rencontrent des utilisateurs et itèrent sur leur MVP.
Au bout de cette phase, un entretien a lieu avec les sponsors, qui décident si le
projet vaut le coup d’être poursuivi. Voyez cette étape comme un deuxième tour
de financement de la startup.
3. Pendant une deuxième phase de quelques mois, les intrapreneurs créent le
produit sur la base du MVP et le lancent sur le marché, pour les utilisateurs ou
clients finaux. A ce stade, la startup interne grossit souvent et peut être amenée
à recruter des personnes pour renforcer ses effectifs.
NAKACHE, Samuel. 5 bonnes pratiques pour booster l’intrapreneuriat dans votre entreprise.
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
VII - Mettre en place le Produit dans votre organisation
Enfin, définissez dès le départ quelles sont les possibilités de sortie, à l’issue du
programme d’intrapreneuriat. Il arrive malheureusement que des projets qui
réussissent meurent après le programme, le cadre de sortie n’étant pas défini et
personne ne souhaitant les reprendre.
● La startup interne peut devenir une startup… externe, dans laquelle l’entreprise
investit.
● Elle peut également devenir une filiale à part entière de l’entreprise, qui conserve
sa dynamique innovante, l’esprit startup et la démarche produit.
● Elle peut être réintégrée au département sponsor. Attention à conserver l’esprit
d’innovation et la démarche produit qui ont fait le succès du projet. D’un autre
côté, cette option permet d’infuser la culture produit au sein du département.
● Le programme d’intrapreneuriat peut également servir de prétexte pour la
création d’un département produit au sein de l’organisation, chaque startup
devenant une ligne produit au sein du département.
Que deviennent les intrapreneurs ? Dans certains cas, ils deviennent les dirigeants de la
startup ou de la filiale créée à l’issue du programme, deviennent Head of Product au
sein du département produit ou responsable du produit dans leur département
d’origine. Parfois, ils ne souhaitent pas poursuivre l’aventure et retournent à leur poste
d’origine. Dans tous les cas, là aussi pensez à l’accompagnement des ex-intrapreneurs,
et comment capitaliser sur leur expérience.
Ne tombez pas amoureux de vos idées. Pratiquement personne n’a le génie suffisant
pour trouver seul les solutions qui vont révolutionner un marché dans lequel de
nombreux acteurs évoluent déjà depuis longtemps. A ce stade, les investisseurs n’ont
pas misé d’argent sur les détails de la solution que vous proposez, mais sur l’approche
que vous avez, votre vision et votre personnalité.
Laissez votre product manager challenger ces idées, et donnez-lui le pouvoir de définir
la roadmap pour atteindre votre vision. Permettez-lui de faire du discovery, d’aller voir
des clients, de proposer et tester des hypothèses. Adoptez une démarche
build-test-learn. Cette démarche produit ne signifie pas que vous êtes totalement
dépossédé du produit ! Vous pourrez bien sûr proposer des idées, mais votre PM aura
pour rôle de les challenger et de les modifier en fonction des retours terrain. Votre rôle
sera également de valider la roadmap proposée par votre PM.
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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VII - Mettre en place le Produit dans votre organisation
Comment transformer l’organisation pour mettre en place une culture et une démarche
produit ? C’est une longue transformation ! Les habitudes sont installées et
l’organisation traditionnelle de l’entreprise ne la favorise pas. Vous aurez besoin de
changements culturels, organisationnels, humains et technologiques pour réussir.
La culture du planning doit disparaître. La plupart des plannings ne sont faits que
pour donner l’impression aux dirigeants qu’ils maîtrisent ce que les équipes font. Et la
plupart du temps, le seul résultat est des plannings non tenus qui créent des conflits
entre les départements. La plupart des deadlines sont inutiles : si l’initiative est livrée,
un mois après, rien ne change. N’imposez des dates seulement lorsqu’il y a une vraie
contrainte externe : une deadline réglementaire ou un évènement business (un salon
lors duquel le CEO doit présenter la dernière innovation par exemple). Dans ce dernier
cas, sachez négocier sur le périmètre.
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
VII - Mettre en place le Produit dans votre organisation
Dans une culture produit, le client est réellement au centre de toutes les priorités
(ou l’usager dans le cadre d’un service public) : toute la démarche est centrée sur la
réalisation d’outcomes, plutôt que d’outputs. Chaque effort fait par les équipes vise à
améliorer l’expérience client et lui apporter de la valeur, dans le cadre du business
model de l’organisation.
Dans cette optique, le discovery est essentiel. C’est cette phase qui permet de
vraiment savoir si le produit peut et va apporter de la valeur au client. Mettre en place
un cadre qui permette aux équipes de faire du discovery est un préalable au succès.
220
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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VII - Mettre en place le Produit dans votre organisation
La data sert également à vérifier que les hypothèses validées en phase de discovery se
réalisent bien une fois en production. Les outils disponibles sur le marché permettent
de savoir très finement comme le produit est utilisé, ce qui fonctionne et ce qui ne
fonctionne pas, et donc d’identifier de vrais points d’amélioration pour délivrer de la
valeur au client.
L’équipe produit doit donc être parfaitement à l’aise avec le traitement et l’analyse de
données, y compris sur des systèmes internes. Si vos outils RH ne sont pas adoptés
correctement, vous pourrez probablement identifier quelle partie du processus ne
fonctionne pas si vous êtes capables de tracer les parcours utilisateurs au sein de l’outil.
Avec une démarche produit, l’échec est constaté le plus tôt possible dans le projet,
pendant le discovery. Plus qu’accepté, l’échec doit être recherché : c’est en échouant
rapidement que les membres de l’équipe, et plus largement l’organisation, obtiendront
des insights, des validated learnings, des enseignements précieux sur les clients ou
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
VII - Mettre en place le Produit dans votre organisation
usagers, leurs problèmes, leurs désirs… et donc sur les solutions qu’ils peuvent
apporter pour vraiment créer de la valeur.
Les collaborateurs de l’organisation doivent être confiants vis-à-vis du fait que l’échec ne
leur sera pas reproché, en particulier s’ils sont capables d’en tirer des enseignements
utiles. C’est une condition sine qua non pour mettre en place une culture de
l’innovation.
● Les individus et leurs interactions plus que les processus et les outils
● Des logiciels opérationnels plus qu’une documentation exhaustive
● La collaboration avec les clients plus que la négociation contractuelle
● L’adaptation au changement plus que le suivi d’un plan
Le product management est basé sur une interaction forte entre les différentes
personnes qui interviennent dans la création du produit en créant des équipes
pluridisciplinaires et autonomes. Il permet d’optimiser le développement de produits
qui créent de la valeur. Il est centré sur la production de valeur pour le client. Enfin, il
promeut une démarche itérative qui permet d’adapter très fréquemment la roadmap
pour gérer les changements de priorités et délivrer les bonnes solutions pour répondre
aux problèmes des utilisateurs et générer du retour sur investissement de façon
optimale.
Même au sein d’un département, les équipes sont silotées. Par exemple les équipes IT
sont souvent organisées par composant technique, les équipes plateforme et les
équipes projet/produit ont des objectifs différents, l’évolution d’un produit et sa
maintenance sont assurées par des équipes différentes, les architectes sont dans une
bulle à part, les sources de données sont gérées de façon hétérogène par chaque
département…
222
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
VII - Mettre en place le Produit dans votre organisation
Cette séparation est typique de l’organisation en silos et ne fonctionne pas. Elle génère
énormément de déchets et est la cause de mésententes et d’incompréhensions
flagrantes entre des équipes ayant des objectifs différents. La MOA prend des décisions
pour livrer des projets sans inclure la MOE, la MOE ne peut pas tenir les délais et les
coûts imposés par la MOA, et au milieu l’AMOA est une fonction preneuse d’ordre sans
réel pouvoir de remettre en cause les initiatives inutiles. Avec l’introduction de
méthodes agiles, ces chefs de projets AMOA sont devenus des product owners au sein
du département IT, mais leur positionnement n’a pas changé. Ils ne sont toujours pas
vraiment “owners” de leur produit, restent preneurs d’ordre d’un business séparé.
La direction produit est garante de la prise en compte des intérêts de l’utilisateur dans
le développement des produits. Elle assure la cohérence des processus et des normes
au sein de l’organisation et également la cohérence de l’expérience utilisateurs.
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
VII - Mettre en place le Produit dans votre organisation
Créer une équipe autonome ne signifie certainement pas regrouper les personnes sous
un même manager ! Gardez votre structure hiérarchique actuelle si vous le souhaitez,
mais regroupez-les au sein d’une même structure à laquelle vous donnerez un objectif
business commun.
Ces équipes doivent avoir une responsabilité verticale, c’est à dire être responsable de
la livraison de valeur business identifiée, plutôt que de faire partie d’une chaîne
d’équipes qui ne produisent de la valeur que collectivement.
Pour être autonomes, ces équipes doivent être empowered, c’est-à-dire que
l’organisation et le management doivent leur donner les moyens de livrer leurs objectifs
: elles doivent avoir les compétences nécessaires, l’équipement adéquat, la possibilité
de changer les méthodes et processus qui ne conviennent pas, et l’assurance que le
management ne cherchera pas à leur imposer les solutions pour parvenir à ces
objectifs.
S’il n’est pas possible de co-localiser tous les membres de l’équipe, parce qu’ils se
trouvent sur différents sites par exemple, fournissez-leur des outils numériques pour
optimiser leur travail : outils de visioconférence, tableaux blancs virtuels, roadmap et
backlog virtuels, chat et partage de documents collaboratifs...
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
VII - Mettre en place le Produit dans votre organisation
par exemple les OKR. Mettez-vous d’accord avec les managers de chaque membre de
l’équipe et fournissez leurs les mêmes objectifs annuels.
Assurez-vous que ces objectifs soient des outcomes, c’est à dire basés sur la production
de valeur business, plutôt que des outputs, des livrables ou des fonctionnalités. Par
exemple, donnez-leur comme objectif “augmenter de 20% le panier moyen sur le site
web” ou “réduire de 30% le temps moyen passé par le service client pour l’onboarding
de nouveau client”, plutôt que “livrer une fonctionnalité de recommandation de
produits” ou “dématérialiser telle tâche du service client en la mettant en self-service
sur le compte client en ligne”.
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
VII - Mettre en place le Produit dans votre organisation
Par exemple, pour développer l’application myCANAL dans une approche produit, le
groupe Canal+ a recruté l’ancien Head of Product de la startup Molotov. Pour
accompagner son changement de business model et prendre le virage du produit,
Accor a nommé une ancienne d’Amazon au poste de SVP Product & Innovation.
Lorsqu’elle a voulu tenter l’aventure mobile en adoptant une démarche centrée
utilisateurs, AXA a recruté un profil venant des startups et des entreprises tech
californiennes. Pour diriger son département produit, Carrefour a choisi le fondateur de
la startup Lucky Cart.
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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VII - Mettre en place le Produit dans votre organisation
travaillez avec chaque personne pour choisir ensemble quel devrait être son rôle dans
l’organisation produit en fonction de ses sensibilités et de ses compétences.
161
BURIN, Jean Baptiste. Repérer les jeux d'acteurs pour faciliter le changement. JDN : 25 août 2014.
https://www.journaldunet.com/management/efficacite-personnelle/1142332-reperer-les-jeux-d-
acteurs-pour-faciliter-le-changement/
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
VII - Mettre en place le Produit dans votre organisation
Vous aurez besoin de recruter, pour combler les expertises que vous n’avez pas. Dans
un premier temps, songez également à faire appel à des consultants en régie,
spécialisés dans le product management. Ils vous permettront non seulement de
délivrer rapidement des initiatives, mais aussi d’infuser la culture produit et de partager
les bonnes pratiques avec les collaborateurs.
Bien souvent, cette transformation passe par le recrutement externe de profils seniors,
notamment à des postes de direction, ou pour certaines expertises manquantes (le
design par exemple). Elle passe également par la formation des équipes en place, pour
qu’elles maîtrisent les enjeux et les techniques propres à ce nouveau mode de
fonctionnement.
Pour les équipes de réalisation, cela passe notamment par des formations à l’agilité.
Soyons clairs, une certification de base à Scrum ne suffit pas à transformer un
développeur ou un architecte en lead technique d’un squad produit.
Plusieurs formations courtes existent sur le marché. J’en citerai quelques-unes, liste
probablement loin d’être exhaustive :
● Thiga, une des principales agences de conseil en produit en France, propose des
parcours complets pour product managers de tous niveaux : formation
individuelle de PM, senior, lead, head of ou CPO ou formation collective en
entreprise sur mesure, pour former les équipes et le management.
https://thiga.academy/formations
● Hubvisory, autre agence de conseil spécialisée dans le produit et l’agilité,
propose différentes formules de cours au sein du l’Hubvisory Institute : une
formation théorique en 2 jours, un Learning Sprint sur 3 jours ou plus avec
application sur les produits des participants, un parcours sur mesure appelé
“Product University”, ou encore “Product Online”, une formation certifiante en
ligne.
https://hubvisory.com/offre-institute/
● BeNext, société de conseil spécialisée dans l’agilité et le produit dispense une
formation sur le product management agile sur 2 jours.
https://formation.benextcompany.com/agile-product-management
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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VII - Mettre en place le Produit dans votre organisation
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
VII - Mettre en place le Produit dans votre organisation
Pour pouvoir mettre en place des équipes autonomes avec une responsabilité verticale,
du type feature team ou impact team, l’architecture du système d’information doit être
la plus modulaire possible. De la même manière, il n’est pas possible d’adopter une
démarche DevOps de Continuous Deployment sur des systèmes monolithiques.
Ces changements sont généralement coûteux et longs à mettre en place. Travaillez avec
la tech pour définir les priorités.
Pendant l’année, les équipes doivent dépenser le budget qui leur est alloué. Impossible
d’utiliser un éventuel budget non dépensé pour l’année suivante. Souvent, si le budget
n’a pas été dépensé, le top management alloue un budget moindre l’année suivante.
Cela signifie que si l’équipe trouve un moyen pour livrer plus rapidement une initiative,
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
VII - Mettre en place le Produit dans votre organisation
voire qu’elle démontre qu’une initiative est inutile et qu’elle ne doit pas être poursuivie,
l’équipe chargée de cette initiative risque d’avoir moins de ressources l’année suivante.
Cette façon de gérer les budgets incite les équipes à dépenser le budget alloué pour des
choses inutiles !
Cette façon de gérer les budgets ne fonctionne pas dans un environnement agile
nécessaire à l’innovation. D’après une étude de Bain & Company, seulement 5% des
entreprises reconnaissent que leur processus de financement et de planification est
suffisamment flexible pour supporter un grand nombre d’équipes agiles162.
Plutôt que de financer des budgets sur base annuelle, adoptez une approche
similaire à celle des Venture Capitalists qui financent des startups :
162
JOHNSON, Darren, BEREZ, Steve & DELAVA, Fabian. How to Plan and Budget for Agile at Scale.
Bain & Company : 8 octobre 2019.
https://www.bain.com/insights/how-to-plan-and-budget-for-agile-at-scale/
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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VII - Mettre en place le Produit dans votre organisation
○ Après avoir construit une première version livrée aux utilisateurs qui
commence à être adoptée, passez au financement à grande échelle,
plusieurs millions si besoin.
○ A un moment, si l’équipe démontre que la valeur espérée n’est pas au
rendez-vous, ou si les outcomes générés par le produit ne sont pas ce que
vous espérez, diminuez ou arrêtez le financement, et allouez le budget à
une autre initiative.
Si vous mettez en place une équipe centralisée pour mener la recherche utilisateur,
attribuez-lui un budget dédié, qui sera complété par le budget alloué à chaque initiative
pour prendre en charge des sujets spécifiques.
Dans un environnement agile, soyez flexible dans la manière de gérer vos budgets.
Adoptez une approche ROIste : basez-vous sur les OKR, et financez les initiatives à la
mesure de ces OKR.
Plutôt que de mettre des réunions, favorisez les rituels. Au sein de l’équipe,
déterminez des rendez-vous fixes pour traiter des sujets récurrents. Instaurez
également des rituels avec les parties prenantes pour échanger de façon régulière avec
eux. Pour chaque rituel, assurez-vous que l’objectif soit clair et partagé, et
communiquez l’ordre du jour à l’avance. Si vos rituels sont pertinents, les gens se
presseront pour y assister.
163
SOYEZ? Fabien. Les salariés passent 8 heures par semaine en réunion. Courrier Cadres : 4 janvier
2019.
http://courriercadres.com/entreprise/vie-au-travail/les-salaries-passent-8-heures-par-semaine-e
n-reunion-04012019
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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VII - Mettre en place le Produit dans votre organisation
Pour quelles raisons les organisations traditionnelles mettent en place ces instances de
validations ?
En mettant en place des équipes autonomes, ces instances de validation n’ont plus de
sens, ou en tout cas, plus sous cette forme.
Le PM doit s’assurer que son produit est conforme avec les règles business, y compris la
réglementation et la gestion des données personnelles. Ne cherchez pas à valider que
tout est conforme à chaque livraison, vous n’y arriverez pas. A la place, mettez en place
des rendez-vous réguliers pour vérifier que tout est toujours en place. Ajoutez ces
contraintes dans les normes de travail des équipes, et assurez-vous que les QA les
prennent en compte dans leurs tests. Si votre produit est particulièrement sensible à
certaines réglementations, intégrez un expert dans l’équipe, ou en tout cas un
référent au niveau de la direction produit concernée, pour qu’il soit impliqué et tenu au
courant de tous les développements qui peuvent le concerner. Une alternative est de
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
VII - Mettre en place le Produit dans votre organisation
Dans une organisation produit, il n’y a plus de distinction entre projet et support :
l’équipe est chargée de son périmètre de bout en bout. S’il y a un incident majeur en
pleine nuit, c’est à eux de se lever pour corriger le problème. C’est évidemment un
argument très fort pour inciter les équipes à rendre les processus de maintenance clairs
et de s’assurer que ce qui est passé en production est stable. Au pire, la mise en place
du continuous delivery permet de corriger très rapidement les problèmes identifiés en
production.
Enfin, le rôle du management ne devrait plus être de contrôler le travail des équipes.
Les équipes sont objectivées par la production d’outcomes, et le rôle du management
est de s’assurer que ces outcomes sont bien délivrés. Ralentir le processus en mettant
des instances de validation lourdes ne fait que ralentir la livraison de ces outcomes. La
culture de confiance passe aussi par la suppression de ces instances de contrôle.
Les équipes, d’abord, doivent comprendre la direction dans laquelle vous souhaitez
aller, et pourquoi. Elles vont devoir travailler différemment d’avant et être beaucoup
plus autonomes, et la résistance au changement peut entraîner l’échec de votre
démarche si vous ne la prenez pas en charge.
164
Voir par exemple un poste de Compliance Product Lead chez Square, Inc. :
https://jobs.smartrecruiters.com/Square/743999673307279-compliance-product-lead
165
GREENWOOD, Lyne. Privacy and security by design for product management. Akvo : 26 avril
2018. https://akvo.org/blog/privacy-and-security-by-design-for-product/
166
SRINIVASAN, Rajesh. The transformed role of a delivery manager in Agile-DevOps model. HCL :
22 janvier 2019.
https://www.hcltech.com/blogs/transformed-role-delivery-manager-agile-devops-model
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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VII - Mettre en place le Produit dans votre organisation
Les stakeholders eux risquent de voir d’un mauvais œil cette équipe qui vient prendre
une partie de leurs prérogatives. Discutez avec eux de la place de chaque département,
et explicitez les responsabilités de chacun. Expliquez-leur comment vous souhaitez
collaborer, et les bénéfices attendus. Impliquez les dans les décisions. Organisez des
workshops avec eux, comme des ateliers de story mapping ou d’impact mapping, ou un
design sprint. Communiquez largement sur vos roadmaps, et écoutez les feedbacks.
Enfin dans tous les cas, communiquez sur vos succès : organisez des sessions de retour
d’expérience, montrez les produits que vous avez délivrés, la valeur que vous avez créé
pour vos clients. Expliquez la démarche que vous avez employée, et démontrez la
connaissance du client que vous avez acquise grâce à la data et au discovery.
En travaillant avec des entités extérieures, que ce soit sous forme de partenariats ou via
des consultants et des agences, vous perdez en partie cette attention sur les outcomes.
Néanmoins, dans certains cas vous serez obligés de passer par des ressources
externes, pour bénéficier d’une expertise que vous ne possédez pas en interne ou pour
intégrer des services que vous ne souhaitez pas développer vous-même. Quelle
approche devez-vous prendre ?
Quand vous construisez un produit en interne, vous maîtrisez le cycle produit du début
à la fin. Vous menez le discovery et mettez un premier produit en production, puis vous
pouvez itérer en fonction des feedbacks clients. Lorsque vous vous reposez sur des
produits externes, vous êtes liés par les dépendances, les compétences et les priorités
de vos partenaires.
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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VII - Mettre en place le Produit dans votre organisation
● Si vous êtes plus gros que vos partenaires, vous avez probablement le pouvoir
d’influencer sa roadmap. Votre partenaire risque d’être plus agile dans sa façon
de travailler, en particulier s’il s’agit d’une startup. Apprenez à les connaître et à
faire de leur agilité une force. Évitez de ruiner le partenariat en en demandant
trop à votre contrepartie et en les forçant à faire des choses sur mesure, qui ne
cadrent pas avec leur vision.
● Si vous êtes plus petit que votre partenaire, identifiez les leviers que vous pouvez
avoir dans la relation, pour éviter d’être trop dépendant de la vision du
partenaire. Évaluez les bénéfices que vous pouvez tirer de ce partenariat, et
l’impact qu’il pourrait avoir sur votre roadmap. Préparez-vous à effectuer la
majeure partie du travail dans le cadre de ce partenariat. Votre partenaire risque
d’être beaucoup plus lent que vous, et beaucoup plus procédurier, vous devrez
vous adapter.
○ Si vous êtes le fournisseur, préparez-vous à devoir faire évoluer votre
roadmap, mais évitez de faire du sur-mesure : les changements que vous
apportez doivent aller dans le sens de votre vision et être
industrialisables. Ils peuvent être la source d’opportunités si vous
identifiez des besoins communs à d’autres organisations.
○ Si vous êtes le client, demandez à connaître la roadmap de votre
partenaire et apprêtez-vous à utiliser une solution sur étagère, sans
possibilité d’influencer cette roadmap.
● Si vous êtes de taille sensiblement égale, investissez du temps dans l’alignement
des stratégies et des roadmaps entre les deux partenaires. Identifiez les
bénéfices pour chaque partie, et impliquez le management exécutif dans ce
partenariat en organisant des rendez-vous réguliers d’alignement. Identifiez vos
leviers d’action dans ce partenariat, et faites-en bon usage. Évitez de faire preuve
d’un orgueil démesuré.
Avant de voir pourquoi et comment faire appel à des ressources externes, quand
devez-vous utiliser des ressources internes ? Ou plutôt, quand devez-vous recruter de
nouveaux collaborateurs, pour renforcer vos équipes ou acquérir une expertise que
vous n’avez pas jusqu’à présent ? La réponse est simple : quand cette ressource est
affectée à un produit stratégique pour l’organisation, et que l’organisation est certaine
que cette ressource apportera de la valeur à long terme.
167
CHU, Brandon. Product Partnerships (pt. 1/2)— The Making of a Partnership. Black Box of
Product Management : 30 décembre 2015.
https://blackboxofpm.com/product-partnerships-a2d23dff2410
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
VII - Mettre en place le Produit dans votre organisation
Dans les autres cas, vous pouvez envisager de faire appel à une ressource externe,
voire externaliser entièrement le développement d’un produit.
Faites appel à des agences de conseil expertes en product management pour vous
aider à mettre en place l’organisation produit : définir votre stratégie, coacher vos
leaders, accompagner et former les équipes, formaliser vos premières roadmaps,
accompagner le changement dans l’organisation, mettre en place des processus et des
méthodologies, incuber vos premiers produits.
Les bons leaders produits, CPO ou Head of Product, sont encore rares sur le marché.
Cette discipline est encore très jeune en France et en Europe, et la demande de plus en
plus croissante. Vous aurez de la concurrence. De plus, il y a des chances pour que vos
équipes de recrutement ne comprennent pas quel profil recruter à ce poste. En
attendant de trouver le bon leader, vous pouvez faire appel à un management produit
par intérim, en freelance ou via une agence de conseil. Attention à ne pas tomber dans
le piège du consultant black ops, présent pour quelques mois seulement qui met en
place des changements de surface sans se préoccuper des conséquences à long terme.
Créez un partenariat, et laissez entrevoir les bénéfices à long terme, tels que des
partenariats ou des recommandations.
Vous aurez également du mal à recruter rapidement des product managers, des
product designers et des développeurs ayant l’expérience de la gestion produit. Vous
souhaiterez d’ailleurs attendre et vérifier que cette démarche fonctionne pour vous
avant de recruter. Utilisez là encore des professionnels du produit pour renforcer
vos équipes. Je parle là de consultants en régie, intégrés à part entière à vos équipes,
qui utilisent les mêmes outils, les mêmes canaux que vos internes, les mêmes
formations que vos ressources internes. Ces consultants externes aideront à diffuser la
culture et les bonnes pratiques du product management. Attention à ne pas créer des
équipes de mercenaires. Équilibrez vos équipes entre ressources internes,
éventuellement inexpérimentées mais motivées sur la base de la réalisation des
outcomes, et ressources externes déjà formées et acculturées. Autant que possible,
essayez de monter des partenariats à long terme, pour éviter de faire appel à des
mercenaires intéressés uniquement par une rémunération à court terme.
Enfin, dans certains cas vous voudrez externaliser un service à part entière :
externaliser votre design d’interface par exemple, ou même le développement du
produit. Le principal écueil ici est bien évidemment de choisir le bon partenaire. En
externalisant un service, vous pourrez difficilement être orienté résultat. Les agences
fournissent des livrables, des outputs, et c’est à vous de vous assurer que ces livrables
délivrent la valeur attendue.
Avant d’externaliser un service à une agence (la réalisation d’un produit ou d’une
fonctionnalité, la création du design system pour un nouveau produit ou dans le cadre
d’une refonte graphique…), assurez-vous que le problème que vous devez résoudre est
porteur de valeurs : effectuez une phase de discovery avant d’externaliser.
Ensuite, rencontrez des partenaires potentiels, et vérifiez s’ils sont en adéquation avec
vous : est-ce qu’ils cherchent à comprendre votre vision et vos problèmes ?
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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VII - Mettre en place le Produit dans votre organisation
Cherchent-ils à savoir quels sont les validated learnings que vous avez déjà acquis ?
D’une manière générale, si l’agence candidate vous propose des solutions avant de
poser ce type de question, vous ne parlez probablement pas avec les bonnes
personnes.
Choisissez votre agence sur la base de la valeur qu’elle peut délivrer, pas sur la base du
prix qu’elle estime pour votre produit. Le moins disant sera généralement celui qui
apportera le moins de valeur, sauf à ce qu’elle ait en tête une solution vraiment
originale et innovante auxquels leurs concurrents n'ont pas pensé.
168
Le tout petit problème de l’agilité. CommitStrip : 9 janvier 2017.
https://www.commitstrip.com/fr/2017/01/09/that-little-problem-with-agile/
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VII - Mettre en place le Produit dans votre organisation
Ne signez pas un contrat au forfait pour la réalisation d’un long projet. Vous vous
assurez de retomber dans le Build Trap en vous concentrant sur la livraison d’un output.
Découpez le projet en itérations limitées dans le temps. Commencez par une phase
d’onboarding et renforcez le discovery, en créant un MVP. Un vrai MVP, pas une version
qui contient à peu près toutes les fonctionnalités que votre business souhaite avoir.
Évaluez les résultats de cette première phase, puis décidez ou non de continuer. Et si
vous continuez, décidez de comment vous le faites, avec votre partenaire. Enchaînez les
phases courtes et évaluez le résultat des livrables à chaque itération. De cette
façon, vous pourrez estimer les outcomes de votre projet, et changer d’orientation si
vous en ressentez le besoin. Et il y a de bonnes chances pour que vous ayez besoin de
changer d’orientation. Une dernière chose, évitez d’externaliser uniquement le
développement. Vous voulez que votre partenaire comprenne ce qu’il fait et pourquoi il
le fait. Vous voulez qu’il travaille en équipe avec vous. Il doit être capable de faire des
tests avec vos clients, de négocier les fonctionnalités et le design, de la même manière
que vous le feriez en interne. Encore une fois, votre objectif est de créer de la valeur
pour le business et votre client, des outcomes.
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
Conclusion
En guise de
conclusion …
169
JAWHAR, Ayman. Product Management Is Dead. Insead Knowledge : 8 septembre 2020.
https://knowledge.insead.edu/blog/insead-blog/product-management-is-dead-15156
170
Voir par exemple :
MCDONALD, Kent. Internal Product Management. kbp media : 19 juillet 2017.
https://www.kbp.media/internal-product-management/
SIDDIQUI, Jawwad. Ultimate Guide for Internal Product Management (with examples). Forever
Learning : 17 férier 2017. https://jawwad.me/guide-internal-product-management/
Internal Product Management: the Good, the Bad and the Ugly. Black Swan Farming.
https://blackswanfarming.com/internal-product-management-the-good-the-bad-and-the-ugly/
240
Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Annexes - Bibliographie et interviews
Annexes
Bibliographie et
interviews
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Annexes - Bibliographie et interviews
1 - Livres
ANON, Josh & GONZALEZ DE VILLAUMBROSIA, Carlos. The Product Book : How
to become a great product manager. USA : Product School, 2017. 306 p.
https://productschool.com/the-product-book/
CAGAN, Marty. Inspired : How to create tech products customers love. Hoboken,
NJ, USA : Wiley, 2018. 349 p.
COHN, Mike. User Stories Applied: For Agile Software Development, préface
de Kent Beck. Wesley, 2004. 304 p.
DOERR, John. Measure What Matters : How Google, Bono, and the Gates
Foundation Rock the World with OKRs, préface de Larry Page. Portfolio, 2018.
320 p.
KNAPP, James, ZERATSKY, John & KOWITZ, Braden. Sprint: How To Solve Big
Problems and Test New Ideas in Just Five Days. Bantam Press, 2016. 288 p.
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Annexes - Bibliographie et interviews
MEDINA, Regis. Learning to Scale: The Secret to Growing a Fast and Resilient
Company, préface de Benoît Charles-Lavauzelle. Regis Medina, 2020. 314 p.
PERRI, Melissa. Escaping the building trap : How Effective Product Management
Creates Real Value. Sebastopol, CA, USA : O’Reilly, 2019. 183 p.
RIES, Eric. The Lean Startup: How Today's Entrepreneurs Use Continuous
Innovation to Create Radically Successful Businesses. Currency, 2017. 336 p.
SKELTON, Matthew & PAIS, Manuel. Team Topologies: Organizing Business and
Technology Teams for Fast Flow. IT Revolution Press, 2019. 240 p.
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Annexes - Bibliographie et interviews
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Annexes - Bibliographie et interviews
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Annexes - Bibliographie et interviews
2.4 - Podcasts
● Product Hunt radio (anglais)
https://www.producthunt.com/radio
● This is Product Management (anglais)
https://www.thisisproductmanagement.com/
● Inside Intercom (anglais)
https://www.intercom.com/blog/podcasts/
● The Product Podcast (anglais)
https://productschool.com/product-podcast/
● Product People (anglais)
https://www.productpeople.tv/
● People and Product podcast (français)
https://podcasts.apple.com/us/podcast/people-product-podcast/id1518305608
https://open.spotify.com/show/55sbl4qWOGSZkwVkhaYpzP?si=3O5e7z5xT4-eNu
ovS9RvXg
● Product Squad, le podcast (français)
https://www.productsquad.fr/
● The Product Tape (français)
https://podcast.ausha.co/the-product-tape
● Parlons Produit (français)
https://podcast.ausha.co/parlons-produit
● Dans la tête d’un PM (anglais)
https://podcast.ausha.co/dans-la-tete-d-un-product-manager
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Annexes - Bibliographie et interviews
Groupes LinkedIn
● Product Management (129k membres, anglais)
https://www.linkedin.com/groups/42629/
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Annexes - Bibliographie et interviews
Groupes Slack
● Mind the Product (anglais, 10k membres)
http://slack.mindtheproduct.com/
● Product School (anglais, 30k membres)
https://productschool.com/slack-community/
● Product Manager HQ (anglais, 8000 membres, payant $25)
https://productmanagerhq.com/join-the-community/
● Product Coalition (anglais, 5000 membres)
http://slack.productcoalition.com/
● We love product ! (français)
http://weloveproduct.com/
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Annexes - Bibliographie et interviews
Webinars
● Les PMM Talks de la Product Marketing Alliance
https://productmarketingalliance.com/pmm-talks/
Meetups
● LPCX - Meetup La Product Conf (Paris, Lille, Nantes, Lyon, Bordeaux, Toulouse,
Aix/Marseille, Barcelone, Madrid)
https://www.meetup.com/fr-FR/pro/lpc/
● Product Therapy, par Wivoo (Paris)
https://www.meetup.com/fr-FR/meetup-group-qZSpyXTZ/
● ProductTank Paris, par Mind the Product
https://www.meetup.com/fr-FR/ProductTank-Paris/
● School of PO, par benext (Paris)
https://www.meetup.com/fr-FR/School_of_PO/
● Product Stories (Paris)
https://www.meetup.com/fr-FR/_ProductStories/
● Product Management Workshops (Paris)
https://www.meetup.com/fr-FR/Product-Management-Workshops/
● Product Apéro (Paris)
https://www.meetup.com/fr-FR/product-apero/
● The Product Group France (Paris)
https://www.meetup.com/fr-FR/TheProductGroupFrance/
● People & Product, par Hubvisory
https://www.meetup.com/fr-FR/people-and-product/
● Product School Paris
https://www.meetup.com/fr-FR/Product-School-Paris/
● Product Crunch Paris
https://www.meetup.com/fr-FR/Product-Crunch-Paris/
● Women in Product Paris
https://www.meetup.com/fr-FR/womeninproductparis/
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Annexes - Bibliographie et interviews
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Annexes - Bibliographie et interviews
3.5 - Événements
● NEXT Conf, conférence de l’innovation par le design thinking
https://next-conf.com/
● UX days
https://uxdays.eu/
● UX Conf, organisée par UX Republic
https://www.ux-republic.com/events/
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
Annexes - Bibliographie et interviews
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
Annexes - Bibliographie et interviews
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
Annexes - Bibliographie et interviews
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
Annexes - Bibliographie et interviews
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
Annexes - Bibliographie et interviews
6 - Interviews
Les vidéos des interviews sont à usage exclusif du comité pédagogique du MBAMCI.
Elles ne seront pas disponibles dans la version rendue publique de cette thèse.
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Thèse #MBAMCI - octobre 2020
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Les organisations innovantes orientées produit Maxime Nahon
Annexes - Bibliographie et interviews
Alexia Boulot Head of Product chez Quel est le rôle d’un Head of Product
Veepee, iGraal, Voyages chez Veepee, quelle organisation et
SNCF responsabilité des équipes produit ?
Silvère Duval Product Owner AXA Quel est le rôle d’un product owner
France et d’un product manager dans la DSI
d’AXA France ?
Alix Boulnois Chief Product & Comment Accor a mis en place une
Lombard Innovation Officer chez démarche produit dans le cadre de la
Accor transformation de son business
model ?
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