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PARTAGES
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En présence de plusieurs membres du gouvernement, A s’est prêté, lors d’une
première conférence de presse, dans une salle de la Primature pleine à craquer
à l’exercice très attendu de la conférence de presse. Sobre et policé, il ne s’est
que rarement emporté – contre la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest
et la France – promettant le changement espéré des populations tout en se
défendant de toute chasse aux sorcières.
Ses atouts principaux sont sa proximité avec les Tchadiens, son expertise
technocratique face à une dette de huit millirds d’euros et son appartenance au
MNSD, membre de la coalition gouvernementale de l’ex Président Bazoum. Ce
qui en fait un Premier ministre consesuel
Mais la tension de ces lointains jours est peu de choses comparée à la situation actuelle
du Niger, dans la tempête de sanctions internationales d’une gravité inédite et la fièvre
d’une foule survoltée à laquelle il a rendu hommage. Le Premier ministre a remercié
«nos populations qui se sont massivement mobilisées pour apporter leur soutien au
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gouvernement et au Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie.» «Ces populations J
ne l’ont fait pas pour les beaux yeux du gouvernement et du conseil, elles se sont
mobilisées parce qu’elles sont animées d’un espoir de changement radical», a-t-il estimé,
les invitant à rester mobilisées «dans la paix et dans la non-violence.»
Les trois priorités du gouvernement sur lesquelles Lamine Zeine s’est exprimé dans son
propos liminaire sont la sécurité, la situation financière du pays et la préparation de la
rentrée scolaire, début octobre.
«Le plus important pour nous, c’est la sécurité. Nos forces de défense et de sécurité
travaillent depuis plus d’un mois pour assurer la sécurité du territoire, des personnes,
mais également des biens de ces personnes.»
Il a ajouté que le ministère des Finances s’était vu confier deux actions urgentes :
l’élaboration d’une loi de finance rectificative «pour intégrer les nouveaux besoins et faire
partir tout ce qui est superfétatoire» et, parallèlement, la préparation de «la loi de
finances 2024». Le deuxième chantier concerne «un programme de résilience pour la
sauvegarde de la patrie.» Ce programme «va intégrer tous les besoins des Nigériens
pour que nous puissions ensemble sortir de cette situation en tenant compte de
l’embargo qui vous le savez est injuste, illégal, inhumain, inacceptable.»
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Le Premier ministre a enfin affirmé que toutes les dispositions étaient prises pour assurer
une très bonne rentrée, dans moins d’un mois, aux niveaux supérieur, secondaire et
universitaire. Les deux ministres en charge de l’Education et de l’Enseignement supérieur
ne sont pas des politiques mais des personnalités respectées dans ce secteur.
Après ce rapide point, Lamine Zeine a répondu à un flot de questions sur tous les sujets.
Sur la dette, dont le montant a semblé le stupéfier lui-même, il a précisé que des
instructions avaient été données «au ministre délégué de faire très rapidement une
évaluation stricte et de procéder à une renégociation de ces dettes.» Il s’est montré
optimiste pour la suite, ajoutant que «si le Niger se mobilise assez pour assurer ses
dépenses de souveraineté, rien ne l’empêchera d’honorer ses engagements vis à vis de
ses partenaires.»
«Dommage que notre grand voisin pays ami, le Nigéria, s’associe à cette entreprise de
démolition», a-t-il dit, déplorant, en particulier, la rupture du contrat
d’approvisionnement de l’électricité «qui date de Diori Hamani», le premier Président du
Niger. «Vous avez coupé l’electricité. Ce n’est pas nous que vous pénalisez. Vous
pénalisez le boutiquier du coin, la femme qui a son petit commerce de poisson, les
pharmacies. Ce n’est pas acceptable. L’approvisionnement en énergie électrique est un
aspect purement commercial entre deux sociétés. C’est un accord commercial que le
Nigéria a foulé du pied.»
«Aucun pays au monde n’a été sanctionné comme le nôtre l’a été ces dernières
semaines. Ca ne se justifie pas qu’on empêche un pays de disposer des médicaments.
Ca ne se justifie pas qu’on empêche un pays d’importer de la nourriture pour ses
populations», s’est-il exclamé. «Par un moyen ou par un autre, légaux, nous sommes en
train de mobiliser les ressources pour faire face à ça. Le ministre en charge du
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Commerce a été instruit pour s’assurer de la disponibilité de toutes les denrées J
alimentaires de 1ere nécessité et il est prévu l’opération de vente à prix modéré et dans
les zones où cela s’exige, que la distribution soit gratuite.»
Lamine Zeine a eu des mots contrastés à l’égard de la France, l’un des pays les plus
engagés dans le projet d’intervention militaire, qui refuse de reconnaître les autorités
issues du putsch, réclame le rétablissement du Président Mohamed Bazoum à son poste
et refuse de rapatrier son ambassadeur, déclaré non grata et désormais dépourvu de
statut diplomatique à Niamey.
Evoquant les forces françaises déployées au Niger dans le cadre de la coopération anti-
terroriste, il a rappelé que «le gouvernement avait déjà dénoncé les accords qui leur
permettent d’être sur notre territoire. Elles sont dans une position d’illégalité. Et je pense
que les échanges qui sont en cours devraient permettre très rapidement que ces forces
se retirent de notre pays.»
Paris a reconnu mezzo voce, mercredi, que des mouvements étaient en cours, discutés
entre les deux armées, pour déplacer une partie des hommes et du matériel militaires
français déployés au Niger.
«En ce qui concerne l’ambassadeur, je pense qu’il n’y a rien à faire. Il n’a pas eu le
comportement adéquat en tant que diplomate. Moi-même, j’ai demandé, pour préserver
les relations entre Etats – la France est un pays avec lequel nous avons toujours
développé des relations de coopération – j’ai demandé au ministère des Affaires
étrangères de lui envoyer un message officiel pour l’inviter à venir échanger avec nous,
voir dans quelle mesure on pourrait procéder à un règlement, une désescalade. Il a
refusé de le faire. C’est un comportement de mépris et ce n’est pas acceptable. Donc
toutes les mesures qui doivent être prises envers un diplomate manquant au devoir de
sa charge le sont et nous attendons simplement que ce partenaire non valable quitte
notre pays le plus rapidement possible.»
Répondant à des questions pressantes sur les mesures prises par les autorités
concernant les détournements de fonds et la corruption reprochés au régime renversé,
l’une des grandes revendications de la population qui manifeste dans les rues, il a
répondu, là encore, avec modération. «S’agissant des audits, les instructions sont
données, non pas pour faire la chasse aux sorcières, mais pour savoir l’usage qui a été
fait des ressources publiques. Vous pouvez compter sur nous. La justice sera saisie pour
examiner les dossiers des inspections d’Etat, les rapports de la Cour des Comptes et tout
ce qui est en lien avec la gestion des biens publics, tout en acceptant le droit des
personnes concernées d’exercer leurs droits contradictoires.»
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Au-delà de Hama, la bête noire du parti rose au pouvoir depuis douze ans, le
gouvernement a été instruit de décrisper la situation en libérant tous les prisonniers
politiques.
Un dialogue inclusif, déjà annoncé par le général Tchiani lors de son allocution publique il
y a quelques semaines, sera organisé pour discuter «de toutes les questions intéressant
la vie de la nation. Il s’agit de refonder notre pays, notre nation et la détermination est
sans faille. Tout le monde prendra part au dialogue.»
Revenant sur le risque d’intervention militaire étrangère, le Premier ministre a mis les
choses au point. «En tant que gouvernement responsable, on s’attend à tout moment à
ce que le pays soit attaqué et c’est ce qui est dommage. Toutes les dispositions sont
prises pour que nous puissions nous défendre. Ce serait une guerre injuste si on décidait
de nous attaquer. Nous sommes en pourparlers pour que la raison soit entendue», a dit
le Premier ministre, précisant que «ces pays qui poussent (en faveur de l’option
militaire) sont 3 ou 4 sur les 15 membres de l’institution communautaire.» «Mais nous
sommes déterminés à nous défendre si jamais il y a une attaque et on ne parle pas au
hasard.»
[1] Toutefois, le Président Bazoum ne s’était pas caché de négocier avec les groupes
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armés terroristes, en particulier l’Etat islamique au Sahel, très actif dans la région des J
trois frontières, y compris en libérant certains combattants. On dispose de très peu
d’informations et de données précises sur les détails de ces négociations qui semblent,
cependant, avoir joué un rôle dans la frustration de certains officiers nigériens contre le
régime. .
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Nathalie Prevost
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