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Cours fiscalité

internationale
Cours : Fiscalité Internationale
Enseignant : Mr Anis Mabrouk

INTRODUCTION A LA FISCALITE conventions fiscales) demeure un objectif pertinent pour les Etats
INTERNATIONALE soucieux de développer leurs échanges extérieurs.

Mais aussi, ces Etats sont soucieux de préserver en même


La charge fiscale supportée par l’entreprise est assise sur des temps leurs intérêts financiers, menacés par la fraude ou l’évasion
éléments imposables par les services fiscaux, suivant les particularités fiscale internationale, et par un certain nombre d’objectifs
des systèmes fiscaux de la juridiction fiscale de compétence dont elle économiques.
relève.
Selon le professeur de droit public Jean-Pierre JARNEVIC, le
Toutefois, ces éléments imposables sont susceptibles dans droit fiscal international est « la branche du droit fiscal qui
certains cas d’entrer dans le champ de compétence de plusieurs s’intéresse aux aspects internationaux de l’impôt ».
juridictions fiscales nationales.
C’est une branche d’apparition récente qui ne s’est constituée
De même, les services fiscaux peuvent être confrontés à en discipline spécifique qu’en raison de l’essor à partir du 20ème
l’application de l’impôt aux opérations dont le déroulement se siècle, des relations économiques internationales.
poursuit sur le territoire de plusieurs Etats.

La souveraineté des pouvoirs fiscaux nationaux pris


individuellement fait courir le risque de double imposition. C’est
autour de ce «risque de double imposition » que s’est initialement
construite la problématique fiscale internationale.

Par double imposition, on entend que « le même état de fait en


matière fiscale est imposé simultanément par les autorités de deux
pays. C'est-à-dire deux fois ». Cette situation peut se produire lorsque
des entreprises ou des filiales sises dans plusieurs pays ou lorsque des
particuliers ont des domiciles dans différents pays ou touchent des
revenus provenant d’un autre pays.

La recherche de l’élimination des doubles impositions internationales


par l’ajustement des souverainetés fiscales (établissement des

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CHAPITRE I SECTION 1

ROLE DES CONVENTIONS FISCALES PROBLEMES POSES PAR


DE NON DOUBLE IMPOSITION DANS LA LA DOUBLE IMPOSITION INTERNATIONALE
PRESERVATIONDE L’ELIMINATION
DES DOUBLES IMPOSITIONS
La mondialisation de l’économie, caractérisée par une grande
mobilité de capital et de revenu a pour conséquence directe
Introduction l’interaction des législations fiscales d’au moins deux Etats, un Etat de
résidence du bénéficiaire du revenu, qui réclame un droit de regard sur
Etant donné les conséquences négatives de la double les revenus et bénéfices de ses résidents là où ils sont réalisés, et un
imposition sur les économies des pays, certains Etats ont pris des autre Etat, celui de la source des revenus ou des bénéfices, qui cherche
mesures internes afin d’atténuer ses effets (exonération de bénéfices quant à lui à appréhender les revenus réalisés sur son territoire.
de source étrangère, déduction de l’impôt payé à l’étranger...)
En effet, l’Etat de résidence du bénéficiaire aura un droit
Toutefois, ces mesures, même au cas où elles seraient d’imposition de la totalité des revenus, alors que l’Etat de la source
adoptées, souffrent toujours de certaines insuffisances dans le sens où aura le droit d’imposer le revenu réalisé sur son territoire, d’où une
elles ne sont d’aucune garantie aussi bien en ce qui concerne leur double imposition du revenu réalisé dans ce dernier Etat.
portée que leur durée dans le temps, dans la mesure où s’agissant de
mesures de droit interne, elles sont susceptibles de modification ou Le problème serait plus grave si la personne qui réalise les
d’abrogation à tout moment. revenus serait considérée comme un résident des deux Etats, en vertu
de leur législation interne respective.Dans ce cas, chaque Etat aura le
Ainsi, la suppression des obstacles que constitue la double droit d’imposer la totalité des revenus et la double imposition ne sera
imposition pour le développement des relations économiques entre les pas partielle mais portera sur l’intégralité du revenu.
pays nécessite un cadre juridique stable, objectif qui ne peut être
atteint et assuré que par des traités internationaux, « conventions A ce titre, il convient de distinguer deux types des doubles
internationales de non double imposition », du fait de leur force impositions internationales : La double imposition juridique et la
juridique supérieure à celle du droit interne. double imposition économique.

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comment sera assuré l’élimination des cas de double imposition


I - La double imposition juridique potentielle (attribution du droit d’imposition).

Selon la comité des affaires fiscales de l’OCDE, la double


imposition juridique peut être définie comme « l’application II - La double imposition économique
d’impôts comparables dans deux (ou plusieurs) Etats au même
contribuable, pour le même fait générateur et pour des périodes Selon la comité des affaires fiscales de l’OCDE, la double
identiques ». imposition économique consiste à « soumettre deux personnes
juridiquement distinctes à la même nature d’impôt dans plus d’un
Elle consiste, à soumettre le même contribuableau titre du Etat, à raison du même revenu »
même revenu à deux impôts, ou plus, de même nature au profit de
plus d’un Etat. Cette situation est beaucoup plus délicate à appréhender
comparativement à la précédente, car elle met en jeu deux
Exemple : contribuables différents.

Un salarié tunisien quitte la Tunisie pour aller vivre quelques A noter que des phénomènes de double imposition
années en France et y travailler comme salarié d’une entreprise économique peuvent se produire au sein même des Etats. (Exemple :
française. Mais sa femme et ses enfants restent en Tunisie (son dividendes taxés au niveau de la société et au niveau du bénéficiaire).
habitation principale en Tunisie). Les revenus sont constitués par son
salaire et par des produits de placement effectuées en Tunisie. Ce Néanmoins, la double imposition économique est plutôt
contribuable risquera d’être imposé : considérée, en matière de fiscalité internationale, comme résultant
d’une situation dans laquelle deux sociétés d’Etats différents se
- En Tunisie, car il sera considéré comme un résident de la versent des revenus (Société mère et filiale par exemple) imposés dans
Tunisie, sur ses revenus de placement et sur son salaire, les deux Etats lorsque :

- En France, car il y vivra suffisamment longtemps pour y être - Le pays de la société versante refuse la déduction des
domicilié, sur les mêmes revenus. sommes payées, alors que,
- Le pays de société bénéficiaire des revenus les inclut dans la
→Dans ces conditions, il serait difficile de trouver des base d’imposition.
volontaires pour l’expatriation. C’est pourquoi il existe des
conventions fiscales pour déterminer de quel Etat ce contribuable
sera considéré comme un résident (critère de rattachement) et

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Exemple : SECTION 2

Une société tunisienne, filiale d’une société française, verse LES PROCEDES DE SUPPRESSION
des redevances pour l’utilisation d’une marque de fabrique à la société DES DOUBLES IMPOSITIONS
française d’un montant égal à 15% du chiffre d’affaire réalisé par la INTERNATIONALES
société tunisienne au titre de l’exploitation en Tunisie de cette
marque. Suite à un contrôle fiscal, le vérificateur des services fiscaux I - Elimination des doubles impositions dans le cadre du
tunisiens a estimé que le taux de 15% est excessif et que, eu égard aux droit commun Tunisien (code IRPP et IS)
conditions d’exploitation et au manque d’originalité de la marque de
fabrique le taux des redevances devrait être fixé à 5%. Le vérificateur Prenant en considération l’effet négatif de la double imposition
estime donc que le taux pratiqué est excessif et que cette situation est sur le développement des investissements étrangers en Tunisie et des
source d’un transfert de bénéfices de la Tunisie vers la France. investissements tunisiens à l’étranger, la Tunisie a adopté dans le
cadre de sa législation interne une approche permettant de limiter la
Le redressement en Tunisie est donc source d’une double double imposition internationale aussi bien pour les personnes
imposition économique dès lors que les redevances excessives (10 physiques que pour les personnes morales.
points) :
1- Pour les personnes physiques
- Sont rejetées des charges déductibles en Tunisie, ce qui
signifie qu’un impôt sur les sociétés doit être payé sur ce qui est A - Personnes résidentes
considéré comme une distribution de bénéfices.
En vertu de l’article 36 du code de l’IRPP et de l’IS, la
- Ont été soumises à l’impôt sur les sociétés en France puisque, personne physique résidente en Tunisie n’est pas imposable sur son
pour la société mère comme pour l’administration française, ces revenu de source étrangère ayant subi l’impôt dans l’Etat de la
sommes sont des produits d’exploitation à inclure dans les produits source, ce dont il résulte qu’elle ne peut pas faire l’objet d’une double
imposables. imposition.

→ Contrairement aux cas de double imposition juridique, la → Selon l’article 2 du code de l’IRPP et de l’IS, est considérée
situation de double imposition économique ne peut être résolue que comme résidente en Tunisie :
par voie d’accord aimable entre les Etats tel que prévu par les
conventions de non double imposition. - La personne qui y dispose d’une habitation principale,

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- La personne qui, sans disposer d’habitation principale en 2- Pour les personnes morales
Tunisie, y séjourne pendant une période au moins égale à 183 jours
d’une façon continue ou discontinue durant l’année civile. A - Personnes morales ayant leur siège social en Tunisie

B - Personnes non résidentes L’élimination des doubles impositions internationales est


consacrée par le principe de la territorialité de l’impôt sur les sociétés
Le code de l’IRPP et de l’IS a prévu des cas d’exonération des prévu par l’article 47 du code de l’IR et de l’IS
revenus réalisés par les personnes physiques qui ne disposent pas de
résidence habituelle en Tunisie permettant ainsi d’éviter une double Ainsi,ledit article prévoit que « les bénéfices passibles de
imposition dans l’Etat de la résidence du bénéficiaire du revenu. Il l’impôt sur les sociétés sont ceux réalisés dans le cadre
s’agit notamment : d’entreprises exploitées en Tunisie ».

- des bénéfices réalisés par les personnes physiques non Par conséquent, les bénéfices réalisés dans le cadre
établies non domiciliées en Tunisie, auprès des entreprises totalement d’exploitations sises à l’étranger ne font pas partie du champ
exportatrices, au titre de certains services, à savoir les redevances, d’application de l’IS.

- des traitements, salaires et autres indemnités servis par les Toutefois, les revenus de source étrangère rattachés aux
Etats étrangers au profit du personnel détaché auprès du exploitations sises en Tunisie demeurent imposables en Tunisie
gouvernement tunisien dans le cadre de la coopération technique, indépendamment de leur sort fiscal dans l’Etat de la source, il s’agit
des dividendes, des jetons de présences, de la plus-value de cession
- des intérêts de dépôts et de titres en devises ou en dinars des éléments d’actifs, des revenus de capitaux mobiliers. Ils peuvent
convertibles, faire ainsi l’objet de double imposition.

- des dividendes distribués par des sociétés ayant leur siège B - Personnes morales non établies, non domiciliées en
social en Tunisie. Tunisie

Elles bénéficient des mêmes exonérations des revenus


accordées aux personnes physiques non résidentes réalisant des
revenus de source tunisienne (voir 1-B).

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II - Elimination des doubles impositions dans le cadre des Le taux de l’impôt dans l’Etat (R) est 50% pour un revenu de
conventions fiscales de non double imposition 20.000 Dt et 40% pour un revenu de 15.000 Dt (système de taux
progressif).
Les conventions fiscales de non double imposition suivent
deux principes directeurs pour éliminer la double imposition par l’Etat Dans l’Etat (S) le taux de l’impôt est 20% pour un revenu de
dont le contribuable est résident. Il s’agit des principes de 5.000 Dt.
l’exemptionet de l’imputation.
Application de la méthode de l’exemption :
1- Le principe de l’exemption
- Impôt perçu dans l’Etat (R) 15.000 x 40% = 6.000 Dt.
Suivant ce principe, l’Etat de la résidence R n’assujettit pas à - Impôt perçu dans l’Etat (S) 5.000 x 20% = 1.000 Dt.
l’impôt les revenus imposés dans l’Etat de la source S.(Ce principeest TOTAL : 7.000 Dt
appliqué notamment aux revenus fonciers et aux salaires).
En l’absence de convention, l’Etat (R) aurait perçu un impôt
Le principe de l’exemption peut être appliqué suivant deux de :
méthodes principales :
20.000 x 50% = 10.000 Dt

A - L’exemption intégrale Et l’Etat (S) aurait perçu un impôt de 1.000 Dt.

Le revenu imposable dans l’Etat de la source S n’est, en B- L’exemption avec progressivité (ou méthode du taux
aucune façon, pris en compte par l’Etat de résidence R aux fins de son effectif)
impôt ; l’Etat R ne tient pas compte pour le calcul de l’impôt, des
revenus qui ont été imposés dans l’Etat S. Le revenu imposable dans l’Etat de la source S n’est pas
imposé par l’Etat de résidence R, mais l’Etat R conserve le droit de
Exemple : prendre en considération ce revenu pour déterminer le taux effectif
d’imposition correspondant aux revenus imposables.
Une personne dispose d’un revenu total de 20.000 Dt dont
15.000 Dt proviennent de son Etat de résidence (R) et 5.000 d’un
autre Etat (S).

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Exemple :
Exemple :
En reprenant les données de l’exemple précédent, l’Etat (R)
calcule l’impôt sur une base de 15.000 Dt, mais prenant en compte les Une personne dispose d’un revenu total de 20.000 Dt dont
revenus perçus dans l’Etat (S), il appliquera un taux de 50% soit : 15.000 Dt proviennent de l’Etat résidence (R) et 5.000 Dt de l’autre
15.000 x 50% = 7.500 Dt Etat (S).

L’impôt dû dans l’Etat (S) demeure inchangé par rapport à Le taux de l’impôt applicable dans l’Etat (R) est de 30% pour
l’application de la méthode de l’exemption intégrale, soit 5.000 x 20% un revenu de 20.000 Dt, dans l’Etat (S), le taux de l’impôt est de 40%
= 1.000 Dt. pour un revenu de 5.000 Dt.

2- Le principe de l’imputation - L’impôt calculé dans l’Etat (R)


20.000 x 30% = 6.000 Dt
Suivant ce principe, l’Etat de résidence R calcule l’impôt sur la - Impôt payé dans l’Etat (S)
base du montant total des revenus du contribuable, y compris ceux qui 5.000 x 40% = 2.000 Dt
proviennent de l’autre Etat S. L’Etat R déduit ensuite de l’impôt qui - L’impôt dû par le contribuable dans l’Etat (R)
lui est dû celui qui est payé dans l’autre Etat S.(Ce principe est 6.000 – 2.000 = 4.000 Dt
appliqué notamment aux revenus passifs : dividendes, intérêts et
redevances) B - L’imputation partielle

Le principe de l’imputation peut être appliqué suivant deux La déduction accordée par l’Etat R au titre de l’impôt payé
méthodes principales : dans l’autre Etat S est limitée à la fraction de son propre impôt qui
correspond aux revenus imposables dans l’autre Etat.
A- L’imputation intégrale
Exemple :
L’Etat R accorde une déduction correspondant au montant
total de l’impôt effectivement payé dans l’autre Etat S sur des revenus On reprendra les données de l’exemple précédent.
imposables dans cet Etat.
- Impôt calculé dans l’Etat (R)
20.000 x 30% = 6.000 Dt
- L’impôt correspondant au 5.000 de source étrangère est de :

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5.000 x 30% = 1.500 Dt (à déduire dans l’Etat (R)) certain niveau d’imposition dans l’Etat de la source, l’octroi d’une
- L’impôt payé dans l’Etat (S) réduction d’impôt par l’Etat de la source peut avoir pour effet de faire
5.000 x 40% = 2.000Dt perdre à l’investisseur le bénéfice de l’application de la méthode de
- L’impôt dû par le contribuable dans l’Etat (R) l’exemption dans son Etat de résidence.
6.000 Dt – 1.500 Dt = 4.500 Dt

La méthode de l’imputation partielle est la plus généralement Pour éviter un tel effet dans l’Etat de la résidence, certains
appliquée (prévue dans le modèle de l’OCDE), elle est la plus utilisée Etats ayant adopté des mesures d’incitation fiscale souhaitent faire
par la Tunisie dans le cadre de ses conventions de non double figurer dans leurs conventions des dispositions qualifiées
imposition conclues avec les autres pays. généralement de « crédits d’impôt fictif ». Principe selon lequel
l’impôt qui a fait l’objet d’une exonération dans l’Etat de la source
sera considéré comme payé et sera déduit de l’impôt dû dans l’Etat de
→La différence fondamentale entre les méthodes consiste en la résidence.
ce que les méthodes de l’exemption considèrent le revenu alors
que les méthodes de l’imputation considèrent l’impôt.
L’intérêt de conclure une convention fiscale évitant la double
imposition est évident, car en plus de l’avantage de mettre en place un
3 - Crédits d’impôt fictifs cadre juridique comportant un élément de sécurité et de prévisibilité
dans les relations interétatiques garantissant pour la Tunisie le droit
d’imposer et évitant également tout risque de double imposition, ces
Certains Etats accordent divers types d’incitations fiscales aux conventions permettent, en outre, de protéger les incitations fiscales
investisseurs étrangers afin d’attirer l’investissement étranger. que la Tunisie accorde aux investisseurs étrangers.
Lorsque l’Etat de résidence d’un investisseur étranger applique la
méthode de l’imputation, le bénéfice de l’incitation accordée par
l’Etat de la source pourra se trouver réduit dans la mesure où l’Etat de
résidence, lorsqu’il impose un revenu ayant bénéficié de l’incitation,
n’octroie une déduction que pour l’impôt effectivement acquitté dans
l’Etat de la source.

De même, si l’Etat de la résidence applique la méthode de


l’exemption, mais subordonne l’application de cette méthode à un

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CHAPITRE II
En premier lieu, les pays Membres de l’OCDE se sont
LECTURE ET INTERPRETATION DES CONVENTIONS conformés dans une large mesure au Modèle de Convention lors de la
FISCALES DE NON DOUBLE IMPOSITION conclusion ou de la révision de conventions bilatérales. Ces
conventions suivent la même structure et comportent dans la plupart
SECTION 1 des cas les principales dispositions du Modèle de Convention.
LE MODELE DE CONVENTION DE L’OCDE :
UN GUIDE POUR L’ELABORATION DES CONVENTIONS L’existence du Modèle de Convention a facilité les
FISCALES DE NON DOUBLE IMPOSITION négociations bilatérales entre pays membres de l’OCDE et a permis de
parvenir à l’harmonisation souhaitable entre leurs conventions
bilatérales dans l’intérêt aussi bien des contribuables que des
Les pays Membres de l’Organisation de Coopération et de administrations nationales.
Développement Economiques -OCDE- (actuellement 32 pays :
Presque tous les pays de l’Europe avec les Etats-Unis, le Canada, le
Chili, La Corée, Le Japon et le Mexique) ont pris conscience depuis En second lieu, l’influence du Modèle de Convention s’est
longtemps de la nécessité de clarifier, unifier et garantir la situation exercée bien au-delà de la zone de l’OCDE. Il a été utilisé comme
fiscale des contribuables qui exercent des activités cmmerciales, document de référence essentiel dans les négociations entre pays
industrielles, financières ou autres dans d’autres pays grâce à Membres et pays non membres, et même dans les négociations entre
l’application par tous les pays de solutions communes aux cas de pays non membres.
double imposition.
En troisième lieu, le fait que les dispositions du Modèle de
Tel est le principal objet du Modèle de l’OCDE de Convention Convention soient admises dans le monde entier et leur insertion dans
fiscale concernant le revenu et la fortune, qui permet de régler la plupart des conventions bilatérales ont contribué à faire des
uniformément les problèmes qui se posent le plus couramment dans le commentaires portant sur les dispositions du Modèle de Convention
domaine de la double imposition. un guide largement reconnu pour l’interprétation et l’application des
dispositions des conventions bilatérales existantes.
I - Influence du Modèle de Convention de l’OCDE
Cela a facilité l’interprétation et l’application de ces
Depuis 1963, le modèle de convention de l’OCDE a eu des conventions bilatérales selon des principes communs. A mesure que le
répercussions considérables sur la négociation, l’application et réseau de conventions fiscales se développe, un tel guide ne peut que
l’interprétation des conventions fiscales internationales conclues par prendre de plus en plus d’importance.
tous les pays à travers le monde.

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II - Grandes lignes du Modèle de Convention de l’OCDE Le Modèle de Convention de l’ONU reprend un grand nombre
d’articles du Modèle OCDE. Mais l’inspiration générale était
évidemment différente. Dans ce cadre et conformément aux vœux des
Le Modèle de Convention de l’OCDE commence par indiquer pays en développement, le critère de la source est plus largement
son champ d’application (personnes concernées et impôts visés par la retenu.
convention : chapitre I) et par définir certains termes (personne,
entreprise, société, national,… : chapitre II). La partie la plus
importante est constituée des chapitre III à V qui définissent les SECTION 2
compétences de chacun des deux Etats contractants en matière
d’imposition du revenu (bénéfices des entreprises, biens immobiliers, LECTURE D’UNE CONVENTION FISCALE
dividendes, intérêts, redevances,…) et les modalités de suppression de DE NON DOUBLE IMPOSITION
la double imposition internationale. Ils sont suivis de dispositions
spéciales (non discrimination, procédure amiable, assistance
administrative : chapitre VI) et des dispositions finales (entrée en I - Présentation des conventions fiscales de non double
vigueur et dénonciation, chapitre VII). imposition

NB : 1- Définition d’une convention fiscale

De nombreux pays en développement, issus du mouvement de Une convention fiscale de non double imposition est un traité
décolonisation, avaient présenté de vives critiques à l’égard du modèle international conclu entre deux Etats ou plus. Une fois entrée en
de l’OCDE, censé refléter les intérêts des « Pays riches ». vigueur, une convention de non double imposition a une valeur
juridique supérieure à celle des lois internes. (En Tunisie, ce principe
Dès lors le Conseil Economique et Social de l’ONU a est consacré par l’article 32 de la constitution).
demandé la création d’un groupe de travail, composé d’experts,
chargés de mettre « au point des moyens visant à faciliter la En Tunisie, le principe de la suprématie des conventions de
conclusion de conventions fiscales entre les pays développées et les non double imposition par rapport au droit commun est consacré
pays en voie de développement. Les travaux de ce groupe ont abouti à également par les dispositions de l’article 2 du code de l’IRPP et de
la publication d’un Modèle de Convention de l’ONU et d’un manuel l’IS qui stipule que « sous réserve des dispositions des conventions
de négociation. internationales et des accords particuliers, l’impôt sur le revenu est
dû par toute personne physique ayant en Tunisie une résidence
habituelle, sur l’ensemble de ses bénéfices ou revenus réalisés pendant
l’année précédente ».

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2- Négociation et entrée en vigueur


En Tunisie une convention internationale n’entre en vigueur
En Tunisie, la compétence en matière de négociation est qu’après sa ratification et sa publication au journal officiel (Article 32
partagée entre le Ministère des Affaires étrangères et le Ministère des de la Constitution).
Finances. Mais dans la pratique le rôle le plus actif est généralement
joué par les techniciens et les experts de l’administration fiscale, Une des formules le plus souvent retenues consiste a fixer la
relevant du ministère des finances (généralement des cadres relevant date d’entrée en vigueur après la notification, par chacune des parties,
de la Direction Générale des Etudes et Législation Fiscales : DGELF). de l’accomplissement des procédures internes prévues pour l’entrée en
vigueur.
- La négociation :
3- Le réseau des conventions conclues par la Tunisie
La durée des négociations est très variable selon les cas (de
quelques jours à plusieurs années, en une seule round ou à plusieurs Le réseau conventionnel tunisien est actuellement relativement
reprises). important (vue la dimension de notre pays). La Tunisie a signé plus
d’une quarantaine de conventions (au 1er janvier 2018 : 50
- La signature et la ratification :
conventions sont en vigueur). La mise en place de ce réseau
En principe la compétence pour signer un traité appartient au conventionnel a commencé dès 1972 (cette date coïncide avec
Président de la République (article 48 de la Constitution). l’option pour une politique économique libérale et ouverture sur
l’extérieur).
Cependant, dans la pratique, les conventions fiscales sont
signées par des ministres ou des ambassadeurs. Le rythme de conclusion des conventions s’est accéléré durant
les deux dernières décennies. Plus précisément, à partir de 1986, date
Une convention n’entre pas en vigueur qu’après sa ratification. de l’adoption du plan de redressement structurel, l’orientation de la
politique économique vers la libéralisation et l’ouverture des
Au terme de l’article 33 de la constitution la ratification des
frontières s’est encore clairement affirmée. Cette orientation a été
conventions se fait par le vote d’une loi autorisant son approbation.
concrétisée notamment par l’adhésion de la Tunisie à l’organisation
- Entré en vigueur de la convention : mondiale de commerce depuis mai 1990 et la signature de l’accord
relatif à l’instauration d’une zone de libre-échange entre la Tunisie et
Les conventions prévoient souvent la date de leur entrée en l’Union Européenne.
vigueur. A cet effet les conventions renvoient aux règles de droit
interne de chacun des deux Etats signataires fixant la date d’entrée en
vigueur.

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Les conventions signées par la Tunisie sont conclues avec: II– Contenu des conventions fiscales de non double
imposition
- certains pays arabes et islamiques : L’Egypte, la Jordanie, la
Syrie, le Liban, le Sultanat d’Oman, L’Emirats Arabes Unis, le Qatar, 1- champ d’application et définitions
le Yémen, Sudan, Kuwait, Le Pakistan, ainsi que tous les pays du
Maghreb, A - Champ d’application

- presque tous les pays de l’Europe de l’ouest (Angleterre, A1 - Personnes auxquelles s’appliquent les conventions
Autriche, Allemagne Fédérale, Belgique, Danemark, Espagne,
Portugal, France, Italie, Norvège, Suède, le Luxembourg, les Pays- Le bénéfice des dispositions des conventions de non double
Bas, Suisse, Hongrie et Malte), imposition est limité aux résidents des Etats signataires des
conventions, indépendamment de leur qualité de nationaux ou non de
- certains pays de l’Europe de l’est (Pologne, Roumanie, ces Etats.
République Tchèque, Turquie et la Grèce),
Ces conventions considèrent une personne physique ou une
- deux pays d’Amérique : Les Etats-Unis et le Canada, personne morale, comme un résident d’un Etat « lorsqu’elle y est
soumise à l’impôt en raison de son domicile, de sa résidence, de son
- certains pays d’Asie : La Corée du Sud, l’Indonésie, la chine siège de direction ou de tout autre critère de nature analogue » et
et l’Iran. renvoient, dans tous les cas de figure, aux définitions données à cet
égard par le droit interne des Etats contractants.
- certains pays africains : Le Sénégal, le Mali, Le Cameroun,
L’Ethioupie, l’Afrique du Sud et Maurice. a - Notion de « résidence » pour les personnes physiques

Cependant, les principaux partenaires économiques de la Lorsque par application simultanée des législations internes
Tunisie absents dans ce réseau conventionnel sont certains pays de respectives des Etats signataires d’une convention de non double
l’Europe de l’Est : (la Russie, La Filande, Bulgarie…) et les pays de imposition, une personne physique est considérée à la fois comme un
l’Amérique latine, tels que : le Brésil, l’Argentine, le Mexique, etc…. résident des deux Etats, les conventions de non double imposition
posent des critères de rattachement de façon à ce que l’intéressée soit
un résident d’un seul Etat.

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- Le critère du foyer d’habitation permanent - Le critère du séjour habituel

Lorsqu’une personne est considérée comme un résident des Si la personne physique dispose d’un foyer d’habitation
deux Etats en application de leur législation interne respective, les permanent dans les deux Etats ou si elle ne dispose d’un foyer
conventions de non double imposition attribuent la qualité d’Etat de la d’habitation permanent dans aucun d’entre eux ou que l’Etat où est
résidence seulement à celui où la personne concernée dispose de son situé le centre des intérêts vitaux ne peut être déterminé, la personne
foyer d’habitation permanent. physique sera considérée comme un résident seulement de l’Etat où
elle séjourne habituellement, c'est-à-dire l’Etat où elle séjourne le
La notion de « foyer d’habitation permanent » s’entend de tout plus.
lieu choisi par la personne physique pour sa résidence habituelle et - Le critère de la nationalité
exclut donc les résidences utilisées, même durablement, pour des
considérations d’affaires ou de travail. Il s’agit en somme d’une Si les critères précédents s’avèrent insuffisants pour
définition qui se recoupe avec celle donnée par la législation interne déterminer l’Etat de la résidence, la personne physique sera
tunisienne. considérée comme un résident seulement de l’Etat dont elle possède la
nationalité.
- Le critère du centre des intérêts vitaux
Au cas où les critères précédents sont inopérants dans leur
Au cas où le critère du « foyer d’habitation permanent » ne ensemble, les autorités compétentes des Etats contractants tranchent la
peut être opérant pour déterminer l’Etat de la résidence, dans la question d’un commun accord pour rattacher, du point de vue
mesure où une personne peut disposer d’un foyer d’habitation résidence, la personne physique à l’un seulement des deux Etats, dans
permanent dans chacun des deux Etats ou ne dispose d’un foyer le cadre d’un accord amiable.
d’habitation permanent dans aucun des deux Etats, elle sera
considérée comme un résident seulement de l’Etat où se trouve le b- Notion de « résidence » pour les personnes morales
centre de ses intérêts vitaux, c'est-à-dire l’Etat où sont situés ses
liens personnels et économiques. Lorsque selon la législation interne des Etats signataires de la
convention de non double imposition, une personne morale est
D’après le commentaire du modèle de convention de l’OCDE, considérée à la fois comme un résident des deux Etats, les conventions
ce critère s’intéresse aux liens familiaux (parents…), aux intérêts de non double imposition tranchent la question en attribuant la
économiques (lieu à partir duquel les affaires sont administrées) et qualité d’Etat de la résidence à celui où est situé le siège de direction
sociaux (lieu des activités sociales et politiques…) de l’intéressé. effective de l’entreprise.

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L’expression « siège de direction effective » s’entend Les contributions à la sécurité sociale, ou charges similaires,
notamment du lieu où se trouve le pouvoir de décision de l’entreprise, ne sont pas considérées comme des impôts sur le montant total des
à savoir le lieu où se trouve le staff de direction, les organes salaires.
délibérants de l’entreprise…) et ce même lorsque l’activité est exercée
en partie ou en totalité ailleurs. B - Définitions générales

Certains termes utilisés dans plus d’un article de la convention


sont définis à l’article 3. D’autres termes tels « Résidents,
La notion de « résident d’un Etat contractant » a diverses établissement stable, dividendes, intérêts, redevances, biens
fonctions et revêt de l’importance dans trois cas : immobiliers… sont définis dans les articles qui traitent de ces
questions.
- Lorsqu’il s’agit de déterminer le champ d’application d’une
convention. L’article 3 défini notamment les termes suivants :
- Pour résoudre les cas où la double imposition résulte du fait - Personne : Comprend les personnes physiques, les sociétés
qu’il y a double résidence. et autres groupements de personnes.
- Pour résoudre les cas où la double imposition provient d’un - Société : désigne toute personne morale et toute autre unité
conflit de l’imposition dans l’Etat de la résidence et dans l’Etat de la d’imposition qui est considérée comme une personne morale par la
source. législation fiscale de l’Etat contractant ou elle est constituée.

- Entreprise : Elle s’applique à l’exercice de toute activité ou


A2 - Impôts auxquels s’appliquent les conventions de non affaire y compris l’exercice de professions libérales ou d’autres
double imposition activités de caractère indépendant.
Les conventions s’appliquent aux impôts sur le revenu et sur - Trafic international : désigne tout transport par un navire ou
la fortune, ces impôts comprennent les impôts sur le revenu total et
un aéronef exploité par une entreprise dont le siège de direction
sur des éléments du revenu (impôts directs), ils englobent les impôts effective se trouve dans un Etat contractant, sauf, lorsque ce transport
sur les bénéfices et gains provenant de la vente ou de l’échange de ne s’effectue qu’entre des points situés dans l’autre Etat contractant.
biens mobiliers ou immobiliers, ainsi que les impôts sur les plus
values et les impôts perçus sur le montant total des salaires payés par
les entreprises « payroll Taxes »

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En plus des définitions contenues dans l’article 3, les Etats bénéfices d’un établissement stable situé dans cet Etat, les gains
contractant sont libres de convenir, bilatéralement, d’une définition réalisés suite de l’aliénation de cet établissement stable).
des expressions :
A cet effet, et dans la mesure où ces dispositions confèrent à
- « Un Etat contractant » : Cette notion peut inclure une l’Etat de la source ou du situs une compétence fiscale intégrale ou
référence au plateau continental. limitée, l’Etat de résidence doit accorder un allégement de manière à
éviter la double imposition.
- « Autorité compétente » : Dans certaines Etats l’application
des conventions n’est pas exclusivement du ressort des autorités Toutefois, il est à noter que pour le cas particulier des
fiscales supérieures, mais elle peut être réservée à d’autres autorités bénéfices provenant de l’exploitation de navires ou aéronefs en trafic
ou peuvent leur être confiées par une délégation de pouvoirs. international et des gains provenant de l’aliénation de ces navires,
bateaux ou aéronefs, ils ne sont imposables que dans l’Etat où le siège
2- Imposition de différentes catégories de revenus de direction effective de l’entreprise est situé.

Afin de supprimer la double imposition, la convention établit 3- Autres dispositions de la convention


trois catégories de règles.
A - Modalités pour éviter la double imposition
En effet, pour certains revenus, une compétence fiscale
exclusive est attribuée à l’un des Etats contractants qui est Pour le cas de la Tunisie, toutes les conventions signées avec
généralement l’Etat de résidence (les gains provenant de l’aliénation les autres pays prévoient la méthode de l’imputation partielle (voir
de valeurs mobilières, les pensions du secteur privé, les sommes section 2, chapitre I).
reçues par un étudiant pour ses études ou sa formation…). Selon, cette méthode, l’impôt payé dans l’Etat de la source,
est déductible de l’impôt dû dans l’Etat de la résidence sans que la
Pour d’autres éléments de revenu, la compétence fiscale n’est somme déduite excède la fraction de l’impôt dû dans l’Etat de la
pas exclusive, les deux Etats partagent la compétence fiscale mais résidence sur les mêmes revenus.
le montant d’impôt que peut percevoir l’Etat de la source est limité
(dividendes, intérêts et redevances). De même, et afin de préserver les avantages fiscaux accordés
dans la législation interne, certaines conventions signées par la
Certains autres revenus prévus par la convention peuvent être Tunisie prévoient le crédit d’impôt effectif.
imposées sans aucune limitation dans l’Etat de la source ou du
situs (les revenus de biens immobiliers situés dans cet Etat,les

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A cet effet, l’impôt qui a fait l’objet d’une exonération ou C - Procédure amiable
d’une réduction en vertu de la législation relative à l’incitation à
l’investissement en vigueur de l’Etat de la source sera considéré C’est une procédure d’entente amiable pour le règlement des
comme payé et sera déduit de l’impôt dû dans l’Etat de la difficultés soulevées par l’application de la convention instituée par
résidence sur les mêmes revenus. les conventions de non double imposition.

B– Principe de non-discrimination - Principe de la réclamation

En vertu des conventions fiscales de non double imposition, Lorsqu'un résident d'un Etat contractant estime que son
les discriminations en matière fiscale, fondées sur la nationalité sont imposition a été établie dans l'un des deux Etats ou dans chacun des
interdites, ainsi, les nationaux d'un Etat contractant ne doivent pas deux Etats, d'une manière non conforme à la Convention, il peut
subir une imposition ou obligation plus lourde que celle à laquelle indépendamment des recours prévus par le droit interne des Etats
sont ou pourront être assujettis les nationaux de cet autre Etat contractants, présenter son cas aux autorités de l'Etat dont il est
lorsqu’ils se trouvent dans la même situation, notamment en ce qui résident ou à celles de l’Etat dont il possède la nationalité.
concerne la résidence.
- Délai de la réclamation
De même, l’imposition d’un établissement stable qu’une
entreprise d’un Etat contractant a dans l’autre Etat contractant ne doit Le cas de contestation d'imposition non conforme aux
pas être établie d’une manière moins favorable que l’imposition des dispositions de la Convention dont il s’agit doit être porté à la
entreprises de cet autre Etat exerçant la même activité. connaissance des autorités compétentes dans un délai déterminé dans
la Convention (généralement dans les 3 ans qui suivent la
NB : notification).

La mesure de non discrimination ne peut être interprétée comme - Sort réservé à la réclamation
obligeant un Etat contractant à accorder à un résident de l’autre Etat
contractant des déductions personnelles ou des abattements en L’autorité saisie de la contestation doit s’efforcer d’apporter
fonction de la situation ou des charges de famille qu’il accorde à une solution à la réclamation présentée.
ses propres résidents.
Dans le cas où l'autorité saisie de la contestation considère que
la demande est motivée et si elle n'est pas elle-même en mesure d'y
apporter une solution satisfaisante, la question sera réglée par voie
d'accord amiable avec l'autorité compétente de l'autre Etat contractant
en vue d'éviter une imposition non conforme à la Convention.
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D - Echange de renseignements E – Entrée en vigueur et dénonciation de la convention

Les conventions de non double imposition contiennent des - Entrée en vigueur


règles selon lesquelles des renseignements pourront être échangés afin
d’établir les bases adéquates de l’application de la législation interne Les Etats contractants sont libres de convenir que la
des Etats contractants relative aux impôts visés par la convention et de convention entrera en vigueur à l’expiration d’une période déterminée
l’application des dispositions particulières de la convention. Ces suivant l’échange des instruments de ratification.
renseignements sont tenus secrets et ne sont communiqués qu'aux
personnes ou autorités concernées par l’établissement ou le Aucune règle n’a été établie au sujet de la date à laquelle les
recouvrement des impôts visés par la Convention, ou par les dispositions de la convention devront s’appliquer ou cesser de
procédures et poursuites concernant ces impôts ou par les décisions s’appliquer, car ces règles dépendront dans une large mesure de la
sur les recours relatifs à ces impôts. législation interne des Etats contractants.

Ces dispositions ne peuvent, en aucun cas, être interprétées En effet, certains Etats déterminent l’assiette de l’impôt sur le
comme imposant à un Etat contractant : revenu acquis pendant l’année en cours, d’autres sur le revenu perçu
au cours de l’année précédente, enfin, d’autres Etats ont un exercice
- de prendre des mesures administratives dérogeant à sa fiscal différent de l’année civile.
législation ou à sa pratique administrative ou à celle de
l'autre Etat contractant; - Dénonciation

- de fournir des renseignements qui ne pourraient être Comme il est souhaitable que la convention reste en vigueur au
obtenus sur la base de sa législation ou dans le cadre de moins pendant un certain temps, l’article concernant la dénonciation
sa pratique administrative normale ou de celle de ne peut être donné qu’à partir d’une certaine année qui doit être fixée
l’autre Etat contractant d’un commun accord.

- de fournir des renseignements qui révéleraient un secret


commercial, industriel, professionnel ou un procédé
commercial ou des renseignements dont la
communication est contraire à l’ordre public.

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CHAPITRE III 1- Définition de la notion d’établissement stable (Article 5)

CONVENTIONS FISCALES ET REGLES D’IMPOSITION DES A - Définition générale


DIFFERENTES CATEGORIES DE REVENUS
L’expression « établissement stable » est définie par l’article 5
comme étant une installation fixe d’affaires par l’intermédiaire de
Les conventions fiscales de non double imposition prévoient laquelle l’entreprise exerce tout ou partie de son activité.
des règles d’imposition des différentes catégories de revenus
(Bénéfices des entreprises, biens immobiliers, dividendes, intérêts, Cette définition comporte donc les critères suivants :
redevances, salaires, jetons de présence…). Ces règles sont
généralement décrites dans les articles 6 à 21 de la convention qui - L’existence d’une « installation d’affaires », c'est-à-dire
déterminent les compétences fiscales respectives de l’Etat de la source d’une installation telle que les locaux ou, dans certains cas, des
et l’Etat de résidence du bénéficiaire. machines ou de l’outillage,

- Cette installation d’affaires doit être « fixe », c'est-à-dire


SECTION 1 qu’elle doit être établie en un lieu précis, avec un certain degré de
permanence,
BENEFICES DES ENTREPRISES (ARTICLE 7)
- L’exercice des activités de l’entreprise par l’intermédiaire
I- Principe d’imposition selon le critère de l'établissement de cette installation fixe d’affaires.
stable
A cet effet, les exploitations qui peuvent constituer un
Les bénéfices des entreprises d’un Etat contractant, sont établissement stable sont à titre indicatif :
soumis à l’impôt dans l’Etat contractant où l’entreprise exerce son
activité par l’intermédiaire d’un établissement stable. - un siège de direction,
- une succursale,
La notion d’établissement stable est essentiellement utilisée - un bureau,
pour déterminer le droit d’imposition des bénéfices des entreprises. - une usine,
- un atelier,
Ainsi un Etat contractant ne peut imposer les bénéfices d’une - une mine, une carrière ou tout autre lieu d’extraction de
entreprise de l’autre Etat contractant que si celle-ci exerce ses ressources naturelles.
activités par l’intermédiaire d’un établissement stable situé dans
le premier Etat.

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B - Cas particuliers de certaines exploitations considérées


comme établissement stable L’imposition des chantiers de construction dans le pays
d’exécution obéit généralement à une condition de durée, seuls les
B -1 - Chantiers de construction, opérations de montage et chantiers dont la durée d’exécution excède une certaine période
activités de surveillance s’y ratta sont considérés comme des établissements stables. Cette durée est
chant généralement fixée à six mois dans les conventions signées par la
Tunisie. Elles rejoignent sur ce point la solution consacrée par le
a) Définition modèle de l’ONU.

L’expression « chantiers de construction ou opérations de La durée de six mois est relativement plus courte que celle
montage » ne couvre pas seulement la construction de bâtiments, mais prévue par le modèle OCDE qui prévoit qu’« un chantier de
aussi celle de routes, de ponts ou de canaux, la pose de conduite ainsi construction ou de montage ne constitue un établissement stable que si
que le terrassement et le dragage. Il peut également s’agir du montage sa durée dépasse douze mois.
d’installations techniques et de machines. L’expression englobe
l’organisation et la surveillance de la construction d’un bâtiment si NB:
ces activités sont exercées par l’entrepreneur.
Le décompte des jours d’activité du chantier obéit
Le modèle de l’ONU emploie une expression plus large que normalement aux règles suivantes :
celle utilisée dans le texte de l’OCDE : « chantier de construction ou
de montage ou des activités de surveillance ». - Le point de départ du chantier est normalement constitué par
la date à partir de laquelle l’entrepreneur commence son activité,
A cet égard, les opérations de surveillance sont définies même s’il ne s’agit que des travaux préparatoires ou préliminaires.
comme étant les opérations de contrôle technique (contrôle de la
qualité, de la conformité d’exécution avec les plans préétablis…). - La date de clôture du chantier : le chantier continue d’exister
jusqu’à ce que les travaux soient terminés ou définitivement
abandonnés.
b) Critères d’imposition
- Le cas d’interruptions temporaires : un chantier ne doit pas
- Chantiers de construction être considéré comme ayant cessé d’exister si les travaux ont été
momentanément interrompus. Les interruptions saisonnières, dues par
Le critère d’imposition retenu, pour les chantiers varie en exemple au mauvais temps, ou momentanées, dues à des difficultés de
fonction de la nature desdits chantiers. main-d’œuvre, à un manque de matériel, etc…

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- Cas de chantiers successifs : lorsque ces chantiers sont - elle prend habituellement des commandes dans cet Etat
distincts, c'est-à-dire sans aucun lien entre eux, l’appréciation de la exclusivement ou presque exclusivement pour
durée doit être faite séparément pour chaque chantier. l’entrepriseelle même ou pour l’entreprise et d’autres
entreprises contrôlées par elle ou qui ont une participation
dominante dans cette entreprise ou qui sont placées sous un
- Opérations de montage contrôle commun.

Les opérations temporaires de montage ou les activités de NB :


surveillance s’y rattachant sont imposables dans l’Etat dans lequel
elles sont réalisées lorsque : Pour être qualifié comme établissement stable, l’agent doit être
dépendant, c'est-à-dire, il doit être placé sous la subordination
- Leur exécution dépasse une certaine durée (généralement juridique et/ou économique de l’entreprise qui l’emploie et qu’il
fixée à six mois), exerce des activités qui, si elles étaient exercées par une installation
- Ou lorsque leur durée excède une certaine période fixe d’affaires feraient de cette installation un établissement stable
(généralement fixée à trois mois et que les frais de montage ou de (l’activité n’est pas auxiliaire ou préparatoire).
surveillance dépassent un pourcentage (généralement fixé à 10%)
du prix des machines ou équipements vendus à l’occasion de la B - 3 - Entreprises d'assurance
réalisation de ces opérations ou activités.
Les entreprises d'assurance, à l’exception de la réassurance,
B - 2 - Entreprises exerçant leurs activités par d'un Etat contractant, sont considérées comme ayant un établissement
l’intermédiaire d’un agent dépendant stable dans l'autre Etat contractant dans la mesure où elles perçoivent
des primes ou assurent des risques qui y sont encourus par
En l’absence de véritable installation fixe d’affaires, une l'intermédiaire d'une personne qui ne jouit pas d’un statut
entreprise étrangère peut avoir un établissement stable dans le cas ou indépendant.
elle exerce ses activités par l’intermédiaire de personnes agissant pour
le compte de ladite entreprise lorsque : NB :

- cette personne dispose dans cet Etat de pouvoirs généraux Les entreprises d’assurances constituent un cas particulier. En
qu’elle y exerce habituellement lui permettant de négocier fait, elles ne sont pas visées dans le modèle OCDE, elles font au
et de conclure des contrats pour l’entreprise ou pour le contraire l’objet d’un paragraphe spécial dans le modèle de l’ONU.
compte de l’entreprise ; ou

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C-Cas de certaines exploitations ne constituant pas un cas - une installation fixe d’affaires est utilisée, aux seules fins
d’établissement stable d’exercer, pour l’entreprise, toute autre activité de
caractère préparatoire ou auxiliaire ;
C - 1 - Installations ne répondant pas aux conditions
requises pour l'existence d'un établissement stable - une installation fixe d’affaires est utilisée aux seules fins de
l’exercice cumulé des activités ci-dessus mentionnées à
Le principe c’est qu’il n’y a pas « établissement stable » condition que l’activité d’ensemble de l’installation fixe
lorsque les activités exercées à partir d’une installation sont des d’affaires résultant de ce cumul garde un caractère
opérations préparatoires ou auxiliaires par rapport à l’ensemble préparatoire ou auxiliaire.
des activités de l’entreprise.
C - 2 -Entreprises utilisant le concours d'intermédiaires
Le critère décisif de distinction consiste à rechercher si les autonomes
activités de l’installation fixe d’affaires constituent en elle-même une
part essentielle et notable des activités de l’ensemble de l’entreprise. L’entreprise d’un Etat contractant qui exerce son activité dans
Ainsi une installation fixe d’affaires dont l’objet général est identique l’autre Etat contractant par l’entremise d’un courtier, d’un
à celui de l’ensemble de l’entreprise n’exerce pas une activité commissionnaire général ou de tout autre agent jouissant d’un statut
préparatoire ou auxiliaire. indépendant n’est pas considérée comme ayant un établissement
stable dans l’Etat contractant où elle exerce son activité à condition
A cet effet, ne constituent pas un établissement stable les cas que ces personnes agissent dans le cadre ordinaire de leur activité.
suivants :
Toutefois, lorsque les activités d’un tel agent relèvent de
- il est fait usage d’installations aux seules fins de stockage l’activité de l’entreprise plutôt que son propre activité, il risque de
ou d’exposition de marchandises appartenant à l’entreprise ; constituer un établissement stable de cette entreprise.

- des marchandises appartenant à l’entreprise sont entreposées C - 3 - Sociétés contrôlant d'autres sociétés
aux seules fins de transformation par une autre
entreprise ; Ce critère ne peut à lui seul, au regard de la convention,
caractériser l'existence d'un établissement stable. De ce fait,
- une installation fixe d’affaires est utilisée aux seules fins l'existence dans un Etat contractant d’une société qui est contrôlée par
d’acheter des marchandises ou de réunir des informations une société de l’autre Etat contractant ne constitue pas en lui même un
pour l’entreprise ; élément impliquant que la première société est un établissement stable
de la deuxième, et ce, du fait du principe de l’autonomie juridique et
fiscale des deux sociétés.
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Toutefois, dans le cas où il est établi que la société contrôlée III- Détermination du bénéfice imposable d’un
agit pour le compte exclusif de la société qui la contrôle, cette établissement stable(Article 7)
dernière sera considérée comme disposant d’un établissement stable
dans l’Etat où est établie la société contrôlée. Le bénéfice imputable à un établissement stable doit s'entendre
du bénéfice que cet établissement aurait pu réaliser s'il avait
II- Dérogation au principe d’imposition selon le critère de constitué une entreprise distincte et séparée exerçant des activités
l'établissement stable : Navigation maritime et aérienne (Article identiques ou analogues dans des conditions identiques ou analogues
8) et traitant en toute indépendance avec l'entreprise dont il constitue un
établissement stable.
Par dérogation à la règle de l’imposition des bénéfices d’une
entreprise sur la base de l’existence d’un établissement stable, les Pour le cas d’un établissement stable d’une entreprise de
conventions conclues par la Tunisie ont prévu l’imposition exclusive l’autre Etat contractant en Tunisie, le bénéfice est déterminé sur la
des bénéfices provenant de l’exploitation en trafic international de base d’une comptabilité conforme à la législation comptable des
navires ou d’aéronefs dans l’Etat contractant où le siège de entreprises.
direction effective de l’entreprise est situé.
Par ailleurs, ledit établissement stable peut sur justification
Il est à noter que lanon imposition en Tunisie des bénéfices déduire pour la détermination de son bénéfice imposable :
réalisés par les succursales tunisiennes des entreprises de transport
international dont le siège de direction effective est situé dans l’autre ▪ les frais et charges directs engagés par le siège pour le
Etat contractant ne porte que sur l’impôt sur les sociétés, de ce fait compte exclusif de l’établissement stable tunisien, et
les autres impôts et taxes demeurent dus en Tunisie telles que la
taxe de formation professionnelle et la taxe sur les établissements à ▪ une quote-part des frais généraux d’administration
caractère industriel, commercial ou professionnel au profit des engagés par le siège déterminée à partir de son chiffre
collectivités locales. d’affaires et du chiffre d’affaires global de l’entreprise.

De même, les revenus ou bénéfices accessoires réalisés par Toutefois, les frais généraux d’administration engagés par le
lesdites succursales demeurent imposables en Tunisie sous réserve siège pris en compte pour la détermination de la quote-part déductible
de certaines exonérations telles que les revenus de capitaux mobiliers au niveau de l’établissement stable ne doivent pas comprendre
et les revenus des valeurs mobilières. notamment :

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▪ les charges et les amortissements afférents aux I- Dividendes (Article 10)


éléments de l’actif qui ne génèrent pas des bénéfices à
l’établissement stable sis en Tunisie, 1- Définition

▪ les charges directes dépensées au profit de Le terme « dividendes » désigne les revenus provenant
l’établissement puisqu’elles sont déductibles d’actions ou de bons de jouissance, parts de fondateurs ou autres parts
totalement, et ce, pour éviter que lesdites charges soient bénéficiaires à l’exception des créances, ainsi que les revenus d’autres
déduites doublement, parts sociales assimilés aux revenus d’actions par la législation fiscale
de l’Etat dont la société distributrice est un résident.
▪ tous les frais et charges qui n’ont aucune relation avec
l’activité de l’établissement stable sis en Tunisie. 2- Principe d’imposition

D’une manière générale les conventions prévoient le partage


NB : d’imposition entre l’Etat de la résidence et celui de la source.

La déduction au niveau de l’établissement stable doit avoir lieu En effet, les dividendes payés par une société qui est un
dans la limite du remboursement des frais réels, ce dont il résulte résident d'un Etat contractant à un résident de l'autre Etat contractant
que l’excédent éventuellement facturé par le siège ne sera pas admis sont imposables dans l’Etat de résidence du bénéficiaire. Ces
en déduction au niveau de l’établissement stable. dividendes peuvent aussi être imposés dans l’Etat dont la société qui
paie les dividendes est un résident et selon sa législation, mais
l’impôt ainsi établi ne peut excéder le taux fixé par la convention.

SECTION 2 Font exception à ce principe les conventions conclues avec


LES REVENUS PASSIFS certains pays arabes, telles que les conventions conclues avec les
Emirats Arabes Unis, Qatar, Oman,… qui exonèrent les dividendes
payés par une société résidente d’un Etat à un résident de l’autre Etat.
Les revenus passifs sont généralement les revenus qui ne sont
pas générés par l’activité normale de l’entreprise, il s’agit notamment
des dividendes, intérêts et redevances.

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NB : - celui du droit commun dans le cas où la convention ne


prévoit pas un taux spécifique ou si elle prévoit un taux
Pour le cas de la Tunisie et en tant qu’Etat de la source, supérieur à celui du droit commun, soit pour le cas de la
aucune imposition n’est due au titre des dividendes payés à des Tunisie :
personnes non-résidentes du fait qu’ils sont exonérés de l’impôt.
• 5% pour les intérêts payés aux établissements
Toutefois, et concernant tous les autres revenus assimilés à bancaires établis à l’étranger,
des distributions de bénéfices par la législation tunisienne,
l’imposition en Tunisie reste possible selon le taux prévu par le droit • 20% dans les autres cas.
commun soit 15%, et ce, aussi bien en vertu des dispositions de la
convention que du droit commun.
3- Cas de non application du taux prévu par la
II - Intérêts (Article 11) convention

1- Définition A- Intérêts exonérés en vertu de la législation interne

Le terme « intérêts » désigne les revenus des créances de toute C’est le cas des intérêts payés en contrepartie des dépôts et des
nature assorties ou non de garanties hypothécaires ou d'une clause de titres en devises ou en dinars convertibles.
participation aux bénéfices du débiteur, et notamment les revenus des
fonds publics et des obligations d’emprunts, y compris les lots et B- intérêts rattachés à l’établissement stable que possède le
primes d’émission attachés à ces titres, à l’exception des pénalités de bénéficiaire des intérêts en Tunisie
retard.
Lorsque les intérêts sont rattachés à un établissement stable
2- Principe d’imposition ou à une base fixe, ils sont imposables dans le cadre des bénéfices
réalisés par l'établissement stable ou la base fixe et selon la législation
Les conventions prévoient un partage d’imposition entre de l’Etat où est situé ledit établissement ou ladite base fixe.
l’Etat de la résidence et celui de la source.
Pour le cas de la Tunisie, les intérêts seront soumis à l'IR ou à
Le taux de la retenue à opérer dans l’Etat de la source est : l'IS dans les conditions de droit commun et feront l'objet de la retenue
à la source. Cette retenue sera imputable sur l’impôt dû par
- celui prévu par la convention de non double imposition, l’établissement stable ou la base fixe au titre de son activité en
Tunisie.

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NB :
III – Redevances (Article 12)
Les conventions ne définissent pas de la même façon le
1- Définition terme « redevances ». En effet, certaines conventions n’incluent pas
dans la définition du terme « redevances » l’assistance technique
Il s’agit de certaines rémunérations réalisées dans l’Etat de la (convention Tuniso-Française, Tuniso-Italienne, Tuniso-Canadienne,
source par un résident de l’autre Etat sans disposer d’établissement …) ou la location d’équipement (convention Tuniso-Allemande).
stable.
2- Principe d’imposition
Le terme « redevances » désigne les rémunérations de toute
nature payées notamment pour : Les conventions prévoient le partage d’imposition entre le
pays de la résidence et celui de la source (même principe que les
▪ l’usage ou la concession de l’usage : dividendes et les intérêts). Toutefois, certaines conventions conclues
par la Tunisie attribuent le droit d’imposition des redevances
- d’un droit d’auteur sur une œuvre littéraire, artistique exclusivement au pays de la résidence. Il s’agit notamment :
ou scientifique, y compris les films
cinématographiques, les films ou bandes utilisés pour la - de la convention Tuniso-Sénégalaise qui soumet les
transmission radiophonique ou télévisée, redevances à l’impôt exclusivement au pays de la résidence
du bénéficiaire ;
- d’un brevet d’invention, d’une marque de fabrique,
d’un dessin ou d’un modèle, d’un plan, d’une formule - de la convention Tuniso-Canadienne qui prévoit que les
ou d’un procédé secret, droits d’auteur et les rémunérations similaires ne sont
imposables que dans le pays de la résidence du bénéficiaire.
▪ une expérience acquise dans le domaine industriel,
commercial ou scientifique, Le taux de la retenue à opérer dans l’Etat de la source est :

▪ des études techniques ou économiques ou une • celui prévu par la convention de non double
assistance technique. imposition,
• celui du droit commun dans les cas ou la convention
ne prévoit pas un taux spécifique ou si elle prévoit un
taux supérieur à celui du droit commun, soit pour la
Tunisie le taux de 15%.

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SECTION 3
3- Cas de non application du taux prévu par la convention
AUTRES REVENUS
- Dans les cas où la retenue à la source n’a pas été effectuée
totalement ou partiellement, il est fait application du taux du droit I- Gains en capital (Article 13)
commun majoré selon la formule de prise en charge, soit au taux de
17,64%. Les revenus tirés de l’exploitation de biens immobiliers
prévus à l’article 6 (y compris les revenus des exploitations agricoles
ou forestières) sont imposables dans l’Etat où les biens sont situés.
- Lorsque les redevances sont rattachées à un établissement
stable ou à une base fixe, elles sont imposables dans le cadre des
* Cas des navires et aéronefs
bénéfices réalisés par l'établissement stable ou la base fixe et selon la
législation de l’Etat où est situé ledit établissement ou ladite base fixe. Les gains provenant de l'aliénation de navires ou d'aéronefs
exploités en trafic international ou de biens mobiliers affectés à
l'exploitation de ces navires ou aéronefs ne sont imposables que dans
l'Etat où le siège de la direction effective de l'entreprise est situé.
Pour la Tunisie et en tant qu’Etat de la source,
l’application du taux réduit prévu par la convention est II- Professions indépendantes (Article 14)
subordonnée à la présentation par le bénéficiaire des montants
d’une attestation de résidence fiscale délivrée par les autorités de 1- Définition
l’Etat de résidence du bénéficiaire.
Les professions indépendantes englobent notamment, les
activités indépendantes d’ordre scientifique, littéraire, éducatif ou
pédagogique, ainsi que les activités indépendantes des médecins,
dentistes, avocats, ingénieurs, architectes et comptables.

2- Principe d'imposition

Les revenus des professions libérales et des autres activités de


caractère indépendant sont imposables dans l'Etat de la résidence du
bénéficiaire. Toutefois, ils peuvent être soumis à l’impôt dans l’Etat
où est exercée l’activité si :

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- l'intéressé y dispose de façon habituelle d'une base fixe qu'artiste ou en tant que musicien ou sportif sont imposables dans
pour l'exercice de son activité. Dans ce cas, seuls les l'Etat où sont exercées ces activités, que ces revenus soient attribués
revenus qui sont imputables à ladite base fixe sont à l'artiste ou au sportif lui-même ou à une tierce personne (sous forme
imposables dans l’Etat où s’exerce l’activité ; d’entreprise ou activité salariale).
- son séjour dans cet Etat s’étend sur une période ou des
III- Professions dépendantes
périodes dépassant au total 183 jours au cours de
toute période de 12 mois commençant ou se terminant 1- secteur privé
au cours de l’année fiscale considérée ou dans certaines
conventions, la rémunération payée par un résident de A- Salaires (Article 15)
l’autre Etat excède un montant fixé par la convention.
Les salaires, traitements et autres rémunérations similaires
C’est le cas par exemple du Norvège (25.000 croûtonnes qu'un résident d'un Etat contractant perçoit en contrepartie d’un
norvégiennes), de l’Italie (7.000 $) du Canada (3.000 dollars emploi salarié sont imposables dans l’Etat où l'emploi est exercé.
canadiens), des USA (7.500 $).
Toutefois, le droit d'imposition est accordé exclusivement à
NB : l'Etat de résidence du bénéficiaire des rémunérations même si
l'emploi est exercé dans l'autre Etat si les trois conditions suivantes
L’article 14 concernant l’imposition des professions sont cumulativement remplies:
indépendantes a été supprimé du modèle de convention fiscale de
l’OCDE en avril 2000. Cette décision traduit le fait qu’il n’existait pas - le séjour du bénéficiaire dans l’Etat où s’exerce
de différence entre les concepts d’établissement, tel qu’il figurait dans l’activité ne dépasse pas 183 jours au cours de toute
l’article 5 (établissement stable), et celui d’installation fixe d’affaires, période de 12 mois commençant ou se terminant au
utilisé dans l’article 14, ni entre la façon de calculer les bénéfices et cours de l'année fiscale considérée ;
l’impôt selon que l’article 7 ou l’article 14 s’applique. La suppression
de l’article 14 a pour effet que les revenus tirés de l’exercice de - la rémunération est payée par un employeur ou pour le
professions libérales ou d’autres activités de caractère compte d’un employeur qui n’est pas un résident de
indépendant sont désormais traités par référence à l’article 7 en l’Etat où s’exerce l’activité,
tant que bénéfices des entreprises.
3- Cas particulier des artistes et sportifs (Article 17) - la charge de la rémunération n’est pas supportée par
un établissement stable ou une base fixe que
Les revenus qu'un résident d'un Etat contractant tire de ses l'employeur a dans l’Etat où s’exerce l’activité.
activités personnelles exercées dans l'autre Etat contractant en tant
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Cours : Fiscalité Internationale
Enseignant : Mr Anis Mabrouk

* Cas particulier des rémunérations payées en B - Pensions


contrepartie d'un travail exercé à bord d'un navire ou d'un
aéronef exploité en trafic international Les pensions payées par un Etat contractant ou l’une de ses
collectivités locales, par prélèvement sur des fonds qu’ils ont
Les rémunérations payées en contrepartie d'un emploi salarié constitués, à une personne physique au titre de services rendus à cet
exercé à bord d'un navire ou d'un aéronef exploité en trafic Etat ou à cette collectivité, ne sont imposables que dans l’Etat
international ne sont imposables que dans l’Etat contractant où le débiteur des pensions.
siège de direction effective de l’entreprise est situé.
Toutefois, lesdites pensions sont exclusivement imposables
B-Pensions de retraite et autres rémunérations dans l’Etat de la résidence si le bénéficiaire de la pension en est un
similaires(Article 18) résident et en possède la nationalité.

Les pensions de retraite payées à un résident d’un Etat IV - Rémunérations des administrateurs et des dirigeants
contractant au titre d’un emploi antérieur, ne sont imposables que de sociétés(Article 16)
dans l’Etat de la résidence du bénéficiaire.
Les tantièmes, les jetons de présence et les autres rétributions
2- secteur public (Article 19) similaires attribués aux membres du conseil d’administration ou de
surveillance d’une société qui est un résident d’un Etat contractant
A- Salaires sont imposables dans cet Etat.
Les rémunérations, autres que les pensions, payées à une V- Autres revenus (Article 21)
personne physique par un Etat contractant ou l'une de ses subdivisions
politiques ou collectivités locales au titre de services rendus à cet Etat Les éléments du revenu d'un résident d'un Etat contractant d'où
ou à cette subdivision ou collectivité ne sont imposables que dans qu'ils proviennent qui ne sont pas expressément traités par la
l’Etat débiteur desdites rémunérations. Convention ne sont imposables que dans l'Etat de résidence du
bénéficiaire.
Toutefois, ces rémunérations sont imposables exclusivement
dans l’Etat où sont rendus les services, si la personne physique Les revenus considérés ne sont pas seulement ceux qui font
bénéficiaire des rémunérations est résidente de cet Etat; et : partie d’une catégorie non expressément traitée, mais aussi ceux qui
proviennent de sources non expressément mentionnées.
- en possède la nationalité ; ou L’imposition dans l’Etat de résidence n’est pas limitée aux revenus
qui ont leur source dans un Etat contractant, elle s’étend aussi aux
- n’est pas devenue résidente de cet Etat dans le seul but revenus en provenance d’Etats tiers.
de rendre lesdits services.

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