ISSN 1188-6641
Le dossier de la recherche
Renseignements pour professionnels de la part de l’Institut canadien de la recherche
sur la condition physique et le mode de vie
Interventions auprès
de groupes cibles
L es personnes dont le revenu est faible,
qui appartiennent à des minorités ethniques
et raciales ou qui ont un handicap sont des
groupes susceptibles d’être physiquement inactifs.
Aux États-Unis, l’inactivité physique atteint le
pourcentage de 43 % parmi ces groupes de popu-
lation, en comparaison de 25 % au sein de la
population générale. En conséquence, les membres
de ces groupes ont plus tendance à contracter des
maladies liées à l’inactivité physique.
Le chercheur Wendell Taylor et ses collègues
ont analysé 14 études portant sur les interventions
d’activité physique effectuées auprès de personnes
de 21 ans ou plus appartenant à de tels groupes.
Dix études traitaient d’interventions auprès
de minorités raciales : elles portaient principale-
ment sur des Américains d’origine africaine, mais
aussi sur des Américains d’origine mexicaine et
d’autres groupes multi-ethniques. C’étaient géné-
ralement des études à court terme visant des inter-
ventions de 8 à 14 semaines. Deux études por-
taient cependant sur des interventions à long terme
qui avaient duré un an ou plus. Dans certaines des
études, on avait tenté de fournir des instructions
dans la langue du groupe cible (par exemple, en
espagnol) et d’effectuer les interventions à des
endroits commodes. Dans nombre de ces études,
les intervenants étaient des membres des commu-
nautés respectives. Sur ces dix interventions, deux
seulement ont produit des changements positifs
constants : c’étaient des programmes de perte de
poids destinés aux femmes.
Quatre autres études traitaient d’interven-
tions visant l’activité physique destinées à des per-
sonnes ayant un handicap. Elles ont toutes produit
des résultats positifs :
✂ des groupes cibles) est un processus complexe. Il
Organisation de la communauté cible
Il doit y avoir un transfert d’informations, d’habiletés et de ressources entre les professionnels de la
santé et les communautés cibles afin que le pouvoir décisionnel de ces communautés s’améliore.
Ronald Braithwaite (1989, 1992) propose un modèle séquentiel d’organisation et de développement
des communautés :
1. identifier les leaders communautaires;
2. réaliser un profil démographique;
3. dresser l’inventaire des ressources
communautaires;
4. constituer un conseil de coalition, formé en
majeure partie de consommateurs de la
communauté cible et comprenant des
représentants des secteurs public et privé;
Renseignements de la part de l’Institut canadien de la recherche sur
la condition physique et le mode de vie
No de référence 99-04
• diminution de la douleur chez les gens souffrant
de maux de dos chroniques,
• accroissement de la tolérance à l’exercice chez
les gens atteints de maladies respiratoires obs-
tructives,
• hausse du niveau d’activité physique chez les
enfants souffrant de fibrose kystique,
• diminution de la douleur et de l’incapacité
physique chez les gens atteints d’arthrose au
genou.
Bien qu’il ne ressorte pas clairement quels
facteurs sont essentiels à l’efficacité des interven-
tions, la participation de la communauté et une
évaluation approfondie des besoins semblent être
des facteurs importants.
Participation de la communauté
Par participation de la communauté, on entend la
participation valable de la communauté cible à
toutes les étapes d’évaluation, de planification, de
recrutement, de mise en oeuvre et de promotion
du programme. La communauté devrait élaborer,
adapter ou définir elle-même les priorités, la
teneur et la mise en oeuvre du programme au lieu
qu’un organisme externe les lui impose. Il est éga-
lement prioritaire que la communauté développe
une infrastructure de soutien pour l’intervention.
Dans les études analysées, les communautés
organisées ont nettement tiré plus grand parti du
programme. Dans ces communautés, des séances
de conseil des résidants étaient prévues régulière-
ment et étaient très courues. De plus, les leaders
de ces communautés étaient engagés dans des
activités de soutien du programme. Enfin, des coa-
litions et des sous-coalitions sélectionnaient leurs
propres priorités à partir de listes d’interventions
possibles, adaptaient les interventions axées sur la
communauté et les mettaient en oeuvre.
5. effectuer une évaluation des besoins de la
communauté en matière de santé;
6. tenir un forum communautaire;
7. planifier des interventions visant la santé;
8. fournir une aide technique continue;
9. effectuer une évaluation de l’intervention.
Évaluation des besoins
Il est essentiel de se livrer à une évaluation appro-
fondie des besoins, des attitudes, des préférences
et des obstacles particuliers avant de mettre en
oeuvre une intervention. On peut réaliser cette
évaluation par l’entremise de sondages commu-
nautaires, de groupes de discussion ou d’entrevues
individuelles avec les membres de la communauté.
Connaissance du groupe cible
Chaque groupe analysé était caractérisé par une
très grande diversité. Le défi consiste donc à com-
prendre les caractéristiques uniques propres au
groupe cible et à élaborer des interventions qui lui
conviennent. Une intervention culturellement
appropriée est basée sur la compréhension des
caractéristiques des participants et tient compte de
toutes les dimensions — physiques, mentales,
émotionnelles et spirituelles — des participants et
de leur culture. Ces connaissances et cette prise de
conscience servent à élaborer une intervention cul-
turellement appropriée, à en faire l’essai pilote et à
la mettre en oeuvre. Seules des connaissances de
cette nature permettent d’identifier les messages
clés ou les valeurs qui contribuent à concevoir un
marketing adapté à la culture, à trouver des straté-
gies pour surmonter des obstacles spécifiques et à
utiliser des agents de renforcement sociaux cultu-
rellement pertinents.
L’adaptation culturelle (et l’adaptation d’in-
terventions visant l’activité physique destinées à
est important d’éviter d’adapter une intervention à
une communauté caractérisée par une dénomina-
tion raciale ou ethnique. L’intervention devrait
plutôt être adaptée aux groupes définis par des
attitudes, des opinions, des comportements, des
dimensions et des concepts culturels se rattachant
aux habitudes en matière de santé. Il est parfois
nécessaire d’adapter l’intervention à la culture
mais, dans la mesure du possible, il est préférable
de mettre en oeuvre une intervention adaptée aux
personnes de cultures différentes.
Pour en savoir davantage...
Taylor, W.C., Baranowski, T., & Young, D.R. (1998). Physical
activity interventions in low-income, ethnic minority, and
populations with disability. American Journal of Preventive
Medicine, 15(4), 334-343.