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Les stades infantiles de la libido

Avant Freud, personne n’avait fait le lien entre le développement de l’individu et


les psychopathologies. Pour lui, le développement de l’enfant et de l’adulte est lié
au développement de ses pulsions.

I. Le développement psycho-sexuel

De manière générale, les psychanalystes disent que l’individu se construit à partir


des expériences de satisfaction et de frustration.

Une pulsion c’est : « le fait qu’on est soumis à une excitation, une tension à
laquelle il faut trouver un assouvissement. Elle est composée d’une origine c’est
à dire l’endroit ou le besoin arrive, d’une poussée c’est à dire l’énergie qu’elle va
déployer (la libido) et enfin l’objet de satisfaction ».

Ex : le fait de toucher une flamme pour se bruler —> la satisfaction n’est pas
forcément un plaisir, ça peut être aussi le fait d’arrêter une douleur

La pulsion est un besoin qui nécessite d’y répondre, c’est un besoin inconscient
qui crée une gêne qu’il faut réduire en trouvant une satisfaction. Ce principe
systématique est l’homéostasie : aucun organisme n’a envie de vivre dans le
besoin, il faut un équilibre entre besoin et satisfaction. Le principe de plaisir
arrive au moment où on trouve l’objet qui satisfait le besoin.

L’étape du développement de l’individu est liée à l’étape de satisfaction. Freud dit


que l’appareil psychique de l’individu s’est construit à partir de l’émergence de
certaines pulsions qui venaient des zones érogènes : « toute région du
revêtement cutané et muqueux susceptible de se trouver excitée et d’être le siège
du plaisir » (définition de Lebovici, 1961)

Ex : le fait de se nourrir en étant nourrisson est une première satisfaction du stade


oral
—> Cela permet le développement psychique grâce à la différenciation intérieur/
extérieur. Ici la zone érogène est la zone buccale.
La libido en psychanalyse correspond à : « une énergie ou encore une grandeur
quantitative capable d’augmenter ou de diminuer mais aussi de se répartir ou
de se déplacer toujours en cherchant un moyen de se satisfaire ». Les besoins
pulsionnels ont besoin d’être satisfaits au plus vite —> homéostasie

Chaque période du développement de l’individu se distingue par la prévalence de


telle zone érogène, il y a une organisation de la libido qui va façonner la
structuration de l’individu.

Les stades infantiles de la libido : « étapes du développement psycho sexuel d’un


individu caractérisé par une organisation spécifique de la libido ». Dans un texte
de 1905, Les 3 essais sur la théorie sexuelle, il se dit que la sexualité est en lien avec
les pulsions et la libido, le sexuel dans le sens satisfaction des pulsions est
primordial et ce dès le début de la vie de l’individu. Durant la petite enfance, les
pulsions sont désorganisés et ne concernant que des aspects spécifiques à ces
moments-là -> pulsions partielles (avant le stade génital), il n’y a pas de cohérence
dans l’économie psychique de l’individu.

Pulsion partielle : « poussée, processus dynamique pour conduire l’organisme à


la satisfaction. Les pulsions partielles de façon indépendante et sont rattachées à
des zones érogènes spécifiques, elles tendent à s’unir à travers les différents stades
du développement. »

Freud pense qu’on ne se souvient pas de toute cette période car on a été frappés
d’amnésie infantile : « absence chez l’adulte de souvenirs de ses premières
années de l’enfance, cet oubli a pour cause un refoulement. L’adulte maintient à
l’écart de sa conscience les débuts de sa vie sexuelle quand il était enfant ». La
pulsionnalité de l’enfant vont le conduire à se sentir mal et c’est cela qui va
engager le refoulement

Freud définit l’enfant à ce moment là comme un pervers polymorphe : « le fait


que les parties du corps du jeune enfant présentent dès le début de la vie une
sensibilité particulièrement forte à l’érotisation. Le terme polymorphe désigne
la grande diversité des zones érogènes susceptibles d’être réveillées à
l’excitation. » Perversion : prendre du plaisir à la satisfaction pulsionnelle
autrement que par la zone génitale
II. Les stades

Stade oral : « premier stade de l’évolution libidinale, le plaisir est lié de façon
prédominante à l’excitation de la cavité buccale et des lèvres qui accompagnent
l’alimentation. L’activité de nutrition fournit les significations électives par
lesquelles s’exprime et s’organise la relation d’objet. »

Ex : la relation d’amour à la mère sera marquée par les significations de manger


ou être mangé

Le nourrisson au moment de la naissance n’a pas moyen de faire la différenciation


entre lui et l’autre, quand il nait il n’est confronté qu’à ses besoins et ses
manques, lors des satisfactions il se rend compte que ça vient de l’intérieur ->
processus de différenciation. Après vient l’angoisse de morcellement car en
voyant que des choses peuvent être à l’intérieur de lui il se dit que lui aussi peut-
être à l’intérieur de quelque chose

—> Le stade oral est marquée par une relation d’objet fusionnel avec une
angoisse de morcellement, d’engloutissement, dévoration, annihilation. Les
zones érogènes prévalantes sont les zones bucco-laryngée, digestive et la peau
selon Didier Anzieu dans Le moi-peau. La pulsion d’auto conservation :
alimentation est prédominante pendant le stade oral. L’état du Moi est morcelée
(en construction).

Winnicott dit que pédant ce stade oral, la mère donne plusieurs types de soins au
bébé qui sont très importants et structurants :
- Holding : facon dont la mère porte le bébé -> apporte de la contenance à
l’enfant
- Handling : façon dont la mère va prodiguer les soins à l’enfant -> apporte de la
structure à l’enfant va prodiguer les soins à l’enfant -> apporte de la structure à
l’enfant
- Object-presenting : façon dont la mère va présenter le monde à son enfant

Rappel : la mère en psycho n’est pas la maman ça désigne l’objet maternant (ça
peut être le père, la nourrice etc)
Stade sadique-anal : « deuxième stade de l’évolution libidinale; la libido est
organisée sous le primat des zones érogènes anale et urétrale. La relation d’objet
est imprégnée de significations liées à la fonction de défécation et à la valeur
symbolique des fèces. On y voit s’affirmer la sadomasochisme en relation avec le
développement de la maîtrise musculaire »

C’est le stade où l’enfant fait l’expérience de l’emprise ou la maitrise,


l’expérience du pouvoir et du contrôle qu’il peut avoir l’autre mais aussi sur lui-
même. Le stade anal apparait environ à la 2ème année de la vie, il débute avec la
maitrise sphinctérienne.

Jean Bergeret (psychanalyste post freudien) a travaillé sur la psychopathologie


psychanalytique. En 1974, il met en évidence le travail psychique du stade anal et
qu’il permet d’intérioriser 2 choses :
- Maîtriser à l’intérieur de lui ce qui peut être violent et destructeur
- Les objets extérieurs ne sont pas forcément dangereux

—> La zone érogène sont les sphincters anal et urétral/la pulsion est partielle
d’emprise et de maitrise. La relation d’objet est anaclitique, parce que c’est clivé
entre le bon et le mauvais objet (bonne mère et mauvaise mère) -> nécessité de
consoler l’enfant même s’il est en tort. L’angoisse de vidage de ne plus rien
maîtriser (angoisse paranoïde). Le Moi est clivé.

Stade phallique : « stade d’organisation infantile de la libido caractérisé par une


unification des pulsions partielles sous le primat des organes génitaux. Le stade
phallique correspond au moment culminant et au déclin de complexe d’Oedipe;
l’angoisse de castration y est prévalante. »

Il est vécu par l’enfant autour de ses 3 ans, c’est début de la phase oedipienne,
l’objet de la pulsion est le pénis pour le petit garçon comme pour la petite fille en
voulant le pouvoir de la personne qui porte le pénis (en l’occurence le père). La
relation d’objet est oedipienne, ce n’est pas l’objet en lui-même c’est ce qu’il
représente dans la configuration familiale, axé sur le père. La zone érogène c’est
la zone génitale, les pulsions sont encore partielle. Le Moi est intégré, constitué.
Après le stade phallique vient la phase de latence : « une période qui va au déclin
de la sexualité infantile jusqu’au début de la puberté et marque un temps dans
l’évolution de la sexualité. Elle trouve son origine dans le déclin du complexe
d’Oedipe, elle correspond à une intensification du refoulement qui a pour effet
une amnésie recouvrant les premières années. »

Stade génital : « dernier stade du développement psycho sexuel; les pulsions


partielles s’organisent sous le primat des zones génitales qui constituent la
puberté »

Freud compare l’appareil psychique à du cristal (peu importe comment il se


fissure, il se brisera toujours de la même manière), peu importe le déroulement
des stades, la structure psychotique se déroulera au moment de la puberté et
toujours de la même manière. Cela ne veut pas dire qu’il ne peut pas y avoir de va
et vient et qu’une décompensation ne peut pas arriver à cette période

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