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Pose et surveillance d'une sonde

naso-gastrique
1. Législation - Code de la santé publique
Article R. 4311-5 - Dans le cadre de son rôle propre, l'infirmier ou
l'infirmière accomplit les actes ou dispense les soins suivants visant à
identifier les risques et à assurer le confort et la sécurité de la personne et
de son environnement et comprenant son information et celle de son
entourage : Administration de l'alimentation par sonde gastrique, sous
réserve des dispositions prévues à l'article R. 4311-7 et changement de
sonde d'alimentation gastrique ; Soins et surveillance de patients en
assistance nutritive entérale ou parentérale ;

Article R. 4311-7 - L'infirmier ou l'infirmière est habilité à pratiquer les actes


suivants soit en application d'une prescription médicale qui, sauf urgence,
est écrite, qualitative et quantitative, datée et signée, soit en application
d'un protocole écrit, qualitatif et quantitatif, préalablement établi, daté et
signé par un médecin : Pose de sondes gastriques en vue de tubage,
d'aspiration, de lavage ou d'alimentation gastrique ;
2. Définition & anatomie
La SNG est un tuyau souple que l’on passe habituellement par le nez,
parfois par la bouche si le patient est sédaté et/ou porteur d’un traumatisme
facial. Elle descend dans œsophage et s’arrête dans l’estomac.

Les SNG ont différents calibres qui varient selon la tolérance des patients
et la fonction qu’elles seront amenées à remplir. Elles sont également faites
dans différentes matières les plus courantes étant siliconées et radio-
opaques.
3. Objectifs
 Vidange de l’estomac que ce soit d’air ou de liquide pour assurer sa
mise au repos.
 Disposer d’un accès direct à l’estomac pour assurer une alimentation
entérale à débit continu ou discontinu et permettre également
l’administration de traitements.
 Permettre des lavages gastriques à l’eau froide pour favoriser la
vaso-constriction en cas d’hémorragie digestive par exemple.
4. Principales indications
4.1. Concernant la vidange gastrique
 Syndrome occlusif qui se caractérise par un arrêt brutal des matières
et des gaz et provoque d’importantes douleurs, un météorisme
abdominal, des nausées et des vomissements. Le syndrome sub-
occlusif est lui définit par une stase des liquides notamment
gastriques et de gaz qui provoque douleurs et/ou nausées et
vomissements.
 Lavage gastrique.
 Avant intubation pour prévenir le risque d’inhalation.
 Patients dans le coma pour éviter une inhalation (Syndrome de
Mendelson).
 Réalisation d’un tubage gastrique à la recherche de bactéries dans le
liquide gastrique.
 Mise au repos du tube digestif notamment après une chirurgie sur
l’appareil digestif. La SNG permet l’aspiration des sécrétions
gastriques, hépatiques et pancréatiques qui représentent plus de 2
litres par jour et peuvent stagner dans l’estomac. En effet, l’abus des
opiacés et la chirurgie digestive peuvent stopper le péristaltisme
intestinal ce qui risque d’entraîner une stase de liquide dans
l’estomac et une dilatation des organes creux. Le risque principal
étant un lâchage de suture à cause de la tension exercée sur celle-ci
notamment dans les chirurgies œsophagiennes et gastriques.
4.2. Concernant l’alimentation entérale
 Souvent de courte durée, lorsqu’il est nécessaire de mettre au repos
la bouche et/ou l’œsophage notamment après une radiothérapie sur
la sphère ORL.
 La réalimentation des patients très dénutris.

5. Différents types de SNG


Il existe deux grands types de SNG différenciés selon leur finalité.
 Les SNG dont le but est la vidange gastrique sont appelées Sondes
de Salem et ont un calibre relativement important. Elles sont radio-
opaques, semi-rigides, possèdent des repères ou graduations et
surtout sont munies d’une prise d’air. La prise d’air est l’élément
primordial si l’on veut placer la SNG en aspiration douce car elle évite
que le tuyau ne se colle à une paroi et ne crée un ulcère.
 Les SNG destinées à l’alimentation entérale sont souvent des sondes
de Levin. Elles sont simples, souples, siliconées et d’un calibre très
inférieur aux sondes d’aspiration.
Ces deux types de sondes sont ouverts sur leur extrémité distale et
comportent une dizaine d’orifices latéraux.
6. Matériel nécessaire à la pose de la SNG
 SNG
 Gants non stériles car il s’agit d’un acte propre mais non stérile.
 Lubrifiant sous forme de gel ou de spray (l’eau claire peut également
être utilisée), évite les adhérences durant la pose surtout au niveau
du passage du nez.
 Poche de recueil. Un sac non stérile si la SNG doit être placée en
siphonage, une aspiration murale complète si la SNG doit être placée
en aspiration douce (-20mbar).
 Des strips ou du sparadrap pour fixer la SNG au nez du patient.
 Des protections et des haricots en cas de nausées et de
vomissements en jet lors de la pose (arrive surtout lorsque les
personnes sont en occlusion).
 Une seringue de 50 ml à embout conique pour injecter l’air dans
l’estomac et vérifier la position de la sonde.
 Un stéthoscope pour écouter l’arrivée d’air sous pression dans
l’estomac et s’assurer de la bonne position de la sonde.
7. Technique de soin
7.1. Installation du patient
 Patient conscient : installation en position assise ou demi-assise.
Bien expliquer le geste qui reste tout de même désagréable et
s’assurer ainsi de sa coopération. Montrer l’intérêt de la SNG pour
éviter qu’il ne l’arrache au bout de 5 minutes. Tête légèrement
penchée en avant, il doit rentrer le menton.
 Patient inconscient : Installation en PLS (Position Latérale de
Sécurité). Fléchir la tête et amener le menton vers le sternum.
7.2. Pose de la SNG
 Mettre les gants.
 Evaluer la distance Nez - Lobe de l’oreille, Lobe de l’oreille - Nombril.
Pour savoir la longueur de sonde à enfoncer. Noter le repère.
 Lubrifier uniquement l’extrémité distale de la sonde.
 Introduire la SNG de manière perpendiculaire au plan facial et la
pousser doucement jusqu’à la glotte en orientation vers le palais.
Avancer d’environ 10 cm et faire une pause pour permettre au patient
de reprendre son souffle.
 Demander au patient de déglutir (si le patient a des difficultés, il est
possible de s’aider d’un verre d’eau). En même temps qu’il avale,
pousser la sonde et avancer franchement.
 Descendre la sonde jusqu’au repère précédemment retenu.
 Fixer la SNG au nez.
 Vérifier la position de la SNG en poussant avec force 50 ml d’air avec
la seringue à embout conique adaptée à l’extrémité de la SNG. Ne
pas oublier de clamper la prise d’air. Placer le stéthoscope au niveau
de l’abdomen. On doit entendre l’arrivée d’air (sinon la sonde est mal
positionnée).
 Faire un repère sur la SNG et s’assurer de sa bonne fixation.
 Brancher le sac de recueil.
 Expliquer au patient que la mobilisation sera dorénavant plus
complexe et qu’il ne doit pas hésiter à appeler pour avoir de l’aide.
8. Risque de complications
 La sonde peut être poussée dans la trachée par accident. Si le
patient se met à tousser ou à avoir du mal à respirer, il faut
immédiatement retirer la sonde et recommencer l’opération.
 Epistaxis. Les saignements de nez sont courants surtout quand la
pose s’avère plus difficile que prévue. Ils sont bénins la plupart du
temps et se tarissent spontanément mais devant leur inconfort pour le
patient, il ne faut pas hésiter à s’assurer qu’ils ne descendent pas
dans la gorge.
 Passage en sous muqueux. Si la sonde progresse avec difficulté et
n’est pas visible dans la bouche ou au fond de la gorge, il faut la
retirer et réitérer l’opération.
 Fausse route intracrânienne. Raison pour laquelle il est interdit de
poser une SNG par le nez sur un patient atteint d’un traumatisme
facial.
9. Surveillance infirmière
9.1. Sonde Naso-Gastrique de Salem pour la vidange gastrique
 Vérifier la position de la SNG à chaque prise de service. Cette
surveillance fait partie de la prise en charge globale du patient.
 Les strips doivent être changés au moins une fois par 24 heures
(voire plus s’ils sont souillés) et la sonde surveillée au niveau de son
point d’entrée pour vérifier l’absence d’escarre et de points de
pression trop importants.
 Penser à réaliser des soins de bouche plusieurs fois par 24 heures
(minimum 3 fois)
 L’aspect et la quantité du liquide doivent être relevés au moins une
fois par 24h (souvent le matin à 8h) voir plus en cas de prescription.
 Surveiller l’absence de nausées et/ou de vomissements et la reprise
de transit.
 L’aspiration douce à -20mbar fait l’objet d’une prescription médicale.
 Si la SNG est placée en aspiration douce, la prise d’air doit être
ouverte. Si la SNG est placée en siphonage, la prise d’air est
clampée.
 En cas d’écoulements importants supérieur à 1litre, le médecin doit
être prévenu de manière à mettre en place une compensation
volume/volume des pertes.
9.2. Sonde Naso-Gastrique de Levin pour l’alimentation entérale
 Vérifier la position de la SNG à chaque prise de service. Cette
surveillance fait partie de la prise en charge globale du patient.
 Education du patient concernant le changement des strips et la
réalisation de soins de bouche. Plus l’autonomie du patient sera
importante, plus il aura le sentiment de participer au processus de
guérison et plus l’hospitalisation se passera aisément.
 Contrôler le résidu gastrique sur prescription médicale. Pour ce faire,
réaliser une aspiration douce à la seringue. Si le résidu est supérieur
à 150ml on dit qu’il y a intolérance digestive et trouble de la vidange
gastrique. Le débit doit alors être diminué.
 Surveiller la distension abdominale, les douleurs et le transit. En cas
de diarrhée ou de douleur, diminuer la vitesse de l’alimentation
entérale. En cas de bonne tolérance, augmenter la vitesse de
manière à obtenir des périodes de jeun entre chaque poche de
nutrition.
 Rincer la SNG à la fin de chaque poche d’alimentation entérale et
après chaque traitement pour s’assurer de la perméabilité de cette
dernière et éviter qu’elle ne se bouche. Privilégier l’eau tiède à l’eau
trop froide ou trop chaude.
10. Surveillance de l'aspiration murale
 L’aspiration douce sur la SNG doit faire l’objet d’une prescription
médicale.
 Surveiller l’étanchéité du dispositif en « suivant » les tuyaux et en
vérifiant attentivement les raccords. S’assurer que les tubulures ne
sont pas coudées, comprimées ou bouchées. Le sac de recueil doit
également être examiné pour s’assurer qu’il n’est pas trop rempli.
 Vérifier la stabilité de la dépression sur le manomètre mural. Il ne faut
pas dépasser -40mbar. La valeur doit être aux environs de -20 à -
30mbar.
 Pour s’assurer de l’aspiration, ne pas hésiter à débrancher au niveau
du bocal et à mettre son pouce pour vérifier la dépression. (Il peut
arriver que les manomètres soient défectueux).
 Bien s’assurer que la prise d’air n’est pas clampée lorsque l’aspiration
murale est enclenchée.

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