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COMMUNICATION POLITIQUE

Par : Pr Koffi Julien GBAGUIDI


• « Le monde moderne est déjà occupé à développer un corps de
professionnels qui ne font rien d’autre qu’étudier les voies et moyens de
changer les esprits ou d’assujettir les esprits à leurs convictions »
Harold LASWELL (1927)

• La communication implique des dimensions naturelles techniques et


technologiques à savoir: moyens voies , supports systèmes, réseaux , outils ,
échelle verbale , échelle non verbale, interpersonnelle, sociale, médiatique liés
à des cadres d’activités ( le commerce, les affaires , la santé, l’enseignement , la
politique ) à travers des logiques d’actions ( gouverner , convaincre, séduire,
enrôler , manipuler) dans des situations concrètes ( manifestations du pouvoir ,
débats politiques , campagnes électorales , publicité et force de vente ,
positionnement de produit et image de marque , réussite d’affaires ).
ALDRI et HUBE (2017)
Communication – Prise de parole en public- participation aux débats
médiatisés et Gestion des relations médias

La communication est un mot « magique » du fait même que sa signification est à la


fois simple et complexe. Le mot/le nom communication et le verbe communiquer sont
en réalité, utilisés pour signifier des sens tout à fait différents : télévision, téléphone,
téléphoner, enseignement, enseigner, aviation, informatiser, informatique, publier,
publicité, relations publiques, parole, discours, informer, débattre, médiatiser, gérer,
planifier, relier, etc.
Le verbe communiquer apparait dans la langue française au XIVe siècle et signifiait à
partir de sa racine latine communicare: participer à mettre en commun , être en
relation.
En ce XXIe siècle, Le Petit Larousse précise que communiquer veut dire
« transmettre, révéler, faire partager, être en rapport, entretenir des relations avec.
Du coup, ce module de formation met l’accent sur la connaissance, la
compréhension, l’application, l’analyse et la synthèse de la communication dans sa
signification générique, ses interactions avec la politique , le public , les médias.
1- La Communication politique
Dans cette section, je m’appuie sur les travaux de ALDRIN Philippe et HUBE
Nicolas (2017), LASSWEL Harold (1927), Steve CHAFFEE (1975). Je pars
de trois citations
« Le monde moderne est déjà occupé à développer un corps de
professionnels qui ne font rien d’autre qu’étudier les voies et moyens de
changer les esprits ou d’assujétir les esprits à leurs convictions. »

Harold LASSWELL (1927)


Rappel des 5 questions fondamentales de l’auteur:
1) Qui?
2) Dit quoi?
3) A qui?
4) Comment?
5) Avec quel effet?

« La communication politique peut se comprendre comme la aprt prise


par la communication dans le processus. »
Steve CHAFFEE (1975)
« La communication implique des dimensions naturelles, techniques et
technologiques à savoir moyens, voies, supports, systèmes, réseaux, outils,
échelle verbale , échelle non verbale , et des stratégies interpersonnelles,
sociales, médiatiques liés à des cadres d’activités (le commerce, les affaires,
la santé, l’enseignement, la politique, etc) à travers des logiques d’actions
(gouverner, convaincre, séduire, enrôler, manipuler) dans des situations
concrètes ( manifestations du pouvoir, débats politiques , campagnes
électorales, publicité et force de vente , positionnement de produit et image de
marque, réussite d’affaires, management des transformations, gestion du
changement). »
Philippe ALDRIN et Nicolas HUBE (2017)

De ces trois citations, je peux déduire que la communication politique est une
communication de gouvernance, d’influence et de gestion du changement.
La communication politique influence donc la société en général, les pouvoirs
exécutif, législatif et judiciaire en particulier et impact systémique et
systématique les partis politiques, les groupes d’intérêt, les partis politiques,
les groupes d’intérêt, les comités d’action politique, et toutes les parties
prenantes du processus politique.
La communication politique recouvre tous les usages d’informations, de
communications et de symboles contenant une charge politique.
En conséquence, l’homme politique comme tout homme ayant besoin
d’exploiter, dans une logique d’impact, son image a intérêt à réussir sa
communication politique. L’une des facettes de cette réussite est la prise de
parole en public, une autre est la participation aux débats médiatisés.

2- La prise de parole en public et la participation aux débats médiatisés


Avant d’aborder la question précise de prise de parole en public, il me plaît de
faire un détour synthétique sur philosophie et développement.
La philosophie nous enseigne que toute notre connaissance commence avec
l’expérience.
L’expérience est généralement donnée par les sens (cf PNL). Les sens eux-
mêmes sont donnés à l’homme pour la satisfaction de ses besoins
fondamentaux. C’est ce que décrit Karl Marx en ces termes :
« Pour vivre, il faut avant tout boire, manger , se loger , s’habiller et quelques
autres choses encore… »
Jean Paul Sartre confirme cette position de Karl Marx en précisant que :
« l’Existence précède l’essence »
Quand on vit, on a besoin de connaissances pour s’épanouir. Pour René
Descartes : « Toute philosophie est comme un arbre dont les racines sont la
métaphysique, le tronc est la physique et les branches qui en sortent de ce
tronc sont toutes les autres sciences qui se réduisent à trois principales à
savoir la médecine, la mécanique et la morale » (la morale est le dernier
degré de la sagesse) ; René Descartes, Les Principes de la philosophie,
Librairie philosophique J. Vrin, Paris , 1967, p42.

C’est pourquoi, je postule à juste titre que toute prise de parole en public doit
être fondée sur la sagesse et la morale.
La parole en public doit être préparée en tenant compte de quatre (04) axes :
- L’axe des théories de la connaissance opposant empirisme et
rationalisme ;
- L’axe de la doctrine de l’être opposant matérialisme et spiritualisme ;
- L’axe de la doctrine didactique opposant cognitivisme et
socioconstructivisme
- L’axe des théories métaphysiques opposant réalisme et idéalisme.
Prendre la parole en public suppose une réflexion à des questions potentiellement
récurrentes :
1- Comment créer le contact ?
2- Comment oser prendre la parole dans un débat public ? médiatisé ou non.
3- Comment être à l’aise en toutes circonstances ?
4- Comment préparer une intervention pour qu’elle soit pertinente ?
5- Comment s’assurer que le message transmis a bien été compris par les
interlocuteurs ?
6- Comment ne pas être pris au dépourvu par les questions ?
7- Comment répondre sans ennuyer ?
8- Comment garder son calme ?
9- Comment gérer son stress
10-Comment ne pas perdre ses ressources intellectuelles ?
11-Comment gérer ses trous de mémoire et ou ses pertes de voix ?
12-Comment gérer les imprévus ?
13-Comment être convaincant ?
14-Comment susciter l’attention et la maintenir tout au long de la prise de
parole ?
15-Comment établir un climat de confiance avec ses interlocuteurs ?
16-Comment conclure ?
S’engager dans la prise de parole et dans la parole, c’est une responsabilité. Cela
requiert la mobilisation de ressources intellectuelles pour une communication
expressive, intéressante et convaincante. Prendre la parole suppose :
a- Vivre la relation : observer, écouter, réfléchir, organiser sa pensée et
s’engager dans la communication ;
b- Faire la paix avec l’image de soi ;
c- Regarder et accepter d’être regardé ;
d- Développer la mémoire et la concentration ;
e- Réduire le stress ;
f- Eviter le trac et la peur ;
g- Communiquer en exploitant les ressources verbales et non verbales ;
h- Organiser son discours, son propos, sa communication selon une approche
par synthèses successives, un plan simple et clair et une anticipation des
questions et objections
i- Communiquer avec une gestuelle naturelle et culturelle ;
j- Communiquer avec une posture corporelle, stable et détendue
k- Créer et gérer les aides visuelles ;
l- Répondre aux questions en commençant par celles difficiles et finir par celles
faciles.
3- Gestion de relations médias
C’est dans le domaine politique qu’Harold LASWELL étudie à partir de 1934,
les réactions des publics aux communications politiques et aux campagnes
électorales.
Il propose une grille d’analyse comprenant cinq questions fondamentales : Qui ? Dit
quoi ? A qui ? Comment ? Avec quel effet ?

Les médias ont depuis lors pris une place importante dans l’image des hommes
politiques. Ceux-ci sollicitant souvent les médias pour la gestion de leur
communication politique. Du coup, la communication politique elle-même rime avec
la gestion des relations médias.
Il faut comprendre qu’aussi bien la communication médiatique s’insèrent dans le
grand ensemble de la communication sociale.
C’est l’école de Francfort qui a surtout théorisé la communication sociale. C’est une
école philosophique allemande qui s’est développée à partir de 1923. Elle se base
sur l’annonce marxiste et freudisme pour forger son outil de base : la théorie critique
qui s’inspire de la sociologie, la psychologie. Elle entend analyser tout ce qui est de
l’ordre de la société, du langage et de l’art.
Elle va remettre en cause l’axiome selon lequel : « plus de médias équivaut à plus
d’expression et de démocratie » en montrant surtout le rôle manipulateur des
médias dans les années 1920.
Elle s’érige en défenseur des valeurs démocratiques (relevant surtout de la morale)
quand elle qualifie les médias d’appareils idéologiques d’Etat, ayant pour but
d’uniformiser la pensée dans un moule conformiste.
En 1970, Jurgen Habermas, héritier de la philosophie de cette école, va développer
les notions d’opinion publique et d’espace public.
Les médias doivent établir des relations médiatrices entre l’Etat et la société.
Tout homme politique, dans son souci de mieux gérer les relations média doit surtout
penser à sa propre image dans l’opinion publique et dans l’espace public.
Ainsi, les valeurs à rechercher par l’homme politique à travers ses relations sociales
et ses relations médias sont :
- La combativité
- Le sens de l’opportunité
- Le goût de l’innovation et du risque
- Le goût de la conduite des hommes
- Le goût de l’écoute des autres
- Le sens de la communication basée sur la vérité et la véracité en vue de
persuader et de convaincre le peuple.
Ainsi l’homme politique doit apprendre avec la contribution des médias « le noble
métier du dirigeant politique »
Que faut-il retenir ?
Le Dirigeant Politique doit désormais être perçu comme un métier, pas un simple
métier mais un métier sacré !
La sacralité de ce métier de Dirigeant politique rime avec les notions ci-après :
Profit et Management de l’ordre, culture et Ethique, Compétences et Motivations, la
gestion des hommes et des emplois, les frontières de la réussite. Comment devenir
Président ? le vocabulaire du dirigeant. Ces motions feront l’objet de formation
ultérieure.

En guise de conclusion
Courtoisie, ironie, rigueur, audace, négociation, communication vivante, stratégique,
diplomatique, dynamisme, capacités, compétences, anticipation, etc.. sont des
ressources que doit mobiliser l’homme politique pour mieux communiquer et gagner
en image positive dans l’espace public.
Il doit se faire accompagner par un coach spécialisé en communication politique.
Appel lancé aux futurs dirigeants politiques du Bénin et d’Afrique.

Bibliographie
5/ MINGOTAUD François, Dirigeant : un sacré métier ! les Editions d’organisation,
France, 1991
3/ GBAGUIDI Koffi Julien, Techniques de l’expression écrite / orale et Méthodes de
Communications, Editions Weziza, Cotonou (Bénin), 2014.
4/ LENNISCH Jean-Pierre, Maitriser la communication dans l’entreprise ; La réussite
au quotidien, les Editions d’organisation, France , 1989
1/ ALDRIN Philippe et HUBE Nicolas, Introduction à la communication politique,
Editions de boeck, 2017.
2/ CHAFFEE Steve, Political Communication, Issues and Strategies for research ,
Beverly Hills, Sage, 1975.

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