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Myiases

Prof. MEY BOUTH DENIS


UHS -2020
Contenu
- Epidémiologie
- Physiopatholoie
- Forme Clinique
- Diagnostic
- Traitement
Introduction

Les myiases désignent tout parasitisme d'un être vivant par la larve d'une
mouche (diptère), ou asticot.
1 - Myiases
1.1 - Épidémiologie
Le cycle classique d'une mouche est le suivant : après accouplement, les
femelles pondent leurs œufs sur sol, eau , tige, bouton floral, fruit ou légumes…),
soit isolément, soit en traînées ou dispersés sur une surface plus ou moins
grande. Au bout d'un temps variable, de quelques minutes à plus de six mois,
l'œuf éclôt et donne une larve (l'asticot), mesurant de quelques millimètres à 2
cm environ.
 À l'extrémité postérieure existe une paire de stigmates respiratoires dont la
morphologie varie en fonction des genres et des espèces. Après un laps de temps
souvent fonction de la température ambiante, et un certain nombre de mues qui
permettent à l'asticot d'atteindre son plein développement, sa cuticule durcit :
c'est la pupe, en tonnelet, à l'intérieur de laquelle l'insecte adulte (ou imago) se
forme. À maturité, la mouche s'échappe par un opercule préformé. Et le cycle
recommence.
Les mouches étant réparties sur toutes les régions du monde, les myiases sont
donc cosmopolites. Les asticots peuvent rester en surface de la peau (myiases
épicutanées hématophages : ver de case), déterger des plaies (larvothérapie
par Lucilia spp.), pénétrer des cavités (Oestrus ovis dans le nez, Musca
domestica dans le vagin), se fixer temporairement sur la cornée ou la conjonctive,
pénétrer la peau (myiases sous-cutanées soit furonculeuses : ver de Cayor ou ver
macaque, soit rampantes : Gasterophilus) ou effectuer un cycle interne tissulaire
(Hypoderma, en impasse parasitaire chez l'Homme) (tableau 25.1).
 Tableau 25.1 Principales myiases en pathologie humaine

Distribution Type de
Espèces Localisation
géographique parasitisme
Wohlfahrtia Plaies, avec envahissement
magnifica possible
Hypoderma Viscérale (système nerveux
Européennes bovis Obligatoire central), intraoculaire et
furonculeuse (rare)
Gasterophilus spp Sous-cutanée rampante
.
Oestrus spp. Nasale, sinusienne et
Rhinoestrus spp conjonctivale
Auchmeromyia Épicutanée (hématophage)
Africaines
senegalensis
Obligatoire
Cordylobia Furonculeuse
anthropophaga
Distribution
Espèces Type de parasitisme Localisation
géographique

Dermatobia Furonculeuse
hominis
Américaines Obligatoire
Cochliomyia Plaies, avec
hominivorax invasion tissulaire
possible
Eristalis tenax Rectale et
Fannia spp. intestinale
Lucilia spp.
Accidentel ou
Cosmopolites Calliphora spp. Plaies et cavités
opportuniste
Musca spp naturelles (vagin,
oreille…)
2 - Physiopathologie
Les larves pénètrent et se développent dans les cavités ou dans les
tissus, et sont à l'origine de lésions inflammatoires, toxiques et
délabrantes selon le type de myiases. Dans l'hypodermose, la
migration tissulaire prolongée de la larve entraîne des réactions
œdémateuses méningoencéphalitiques et/ou oculaires,
accompagnée d'une hyperéosinophilie majeure.
1.3 - Formes cliniques
1.3 . 1 - Myiases européennes
1.3 . 1 . 1 - Hypoderma bovis
Cette mouche parasite des bovins est tout particulièrement
connue des vétérinaires sous sa forme larvaire qui, à maturité, se
nomme en France le varon.
Cette affection, devenue très rare, touche exclusivement les
enfants d'origine rurale ou ayant séjourné en région d'élevage
bovin, à la campagne pendant les vacances d'été, période de
ponte des insectes. Les signes cliniques sont multiples et peuvent se
succéder ou se juxtaposer. La période d'apparition des troubles
s'étale d'octobre à mars avec un maximum net en janvier.

Trois aspects cliniques sont à noter : des manifestations cutanées


(lésion furonculeuse et/ou tumeurs ambulatoires), des
manifestations profondes dominées par un syndrome
méningé d'apparition brutale et des ophtalmomyiases internes
(figure 25.1). Chez l'Homme, le cycle est toujours abortif en
quelques mois mais le pronostic peut être grave (perte de la vision
de l'œil atteint).
Fig. 25.1 Hypodermose : localisation oculaire (Hypoderma sp.)

1.3 . 1 . 2 - Oestrus ovis


Il s'agit d'une parasitose cosmopolite, rencontrée en France et au
Maghreb, très fréquente chez le mouton et la chèvre chez
lesquels la ponte est effectuée au niveau des nasaux.
Chez l'Homme, la mouche vient pondre des œufs au niveau de
la face. La larve libérée migre sur la conjonctive (myiase oculaire)
ou dans les cavités nasales, voire sinusiennes : rhinorrhée plus ou
moins purulente accompagnée de céphalées frontales. Cette «
sinusite » connaît son étiologie lors de la sortie d'une larve au
cours d'un éternuement ou d'un mouchage.
1.3 . 2 - Myiases tropicales
1.3 . 2 . 1 - Cordylobia anthropophaga
Le « ver de Cayor », de répartition africaine occidentale, est la
larve parasite obligatoire de cette espèce. La spécificité est
très large, mais essentiellement dans l'entourage de l'Homme
; en dehors de celui-ci, rats, chiens, porcs… sont également
très parasités. La contamination se fait par contact direct
avec les œufs en enfilant des vêtements mis à sécher au
soleil et non repassés ou en s'asseyant sur un sol souillé. Il n'y a
pas de cycle migratoire dans l'organisme. La larve de stade 1
s'enfonce là où elle est déposée, donne une papule
inflammatoire « furonculeuse » qui évolue très rapidement (10
à 15 jours environ) avec une sensation de corps étranger
mobile (figure 25.2). Un pertuis permet à la larve de respirer,
puis de sortir.
 Fig. 25.2 Myiase furonculeuse (ver de Cayor)
Le parasitisme (nombre de larves), quelquefois important, est sans
gravité.
1.3 . 2 . 2 - Dermatobia hominis
L'évolution de cette myiase d'Amérique du Sud, ou « ver macaque »,
est très voisine de celle de Cordylobia mais beaucoup plus lente (de 1
à 6 mois) et plus selvatique. Le parasitisme de l'Homme est donc plus
rare.
L'aspect très particulier de la larve au stade 2, en « courge » ou en «
poire », et le grand développement de ses épines cuticulaires rendent
difficile et douloureuse leur extraction par simple pression (figure 25.3).
Fig. 25.3 « Ver macaque » (larves de Dermatobia hominis)
1.3 . 3 - Myiases accidentelles
De très nombreuses mouches, dont les larves vivent normalement
dans des matières organiques en voie de putréfaction ou non,
peuvent se rencontrer chez l'Homme. Les asticots se rencontrent
aussi bien sur des cadavres que sur des plaies d'animaux ou
d'hommes blessés, comateux ou grabataires.
Les genres classiques en Europe sont les suivants : les asticots
de Lucilia spp. (mouche verte de la viande), Calliphora
erythrocephala (mouche bleue de la viande) et Musca
domestica (mouche domestique), fréquents sur les substances
alimentaires avariées (viande, par exemple). Ils occasionnent
surtout des myiases des plaies (plaies traumatiques par accident
de la voie publique, blessures par armes blanches, plaies
ulcéreuses) au pronostic excellent.
Il convient de rappeler d'ailleurs l'emploi pendant la
guerre de 1914–1918 d'une Lucilia (L. sericata) dont les
asticots, élevés aseptiquement, étaient déposés sur les
plaies des blessés : supprimant sélectivement les chairs
mortes, ils nettoyaient la blessure et accéléraient la
guérison. Cette méthode redevient d'actualité.
Certaines espèces peuvent également se retrouver dans
le conduit auditif externe et les organes génitaux,
provoquant un prurit local.
4 - Diagnostic
Le diagnostic de « myiase » au sens large est évident si un
ou des asticots sont visibles au fond d'un pertuis ou sont
apportés par le patient. Dans ce dernier cas toutefois, il
faut pousser l'interrogatoire pour éviter de tomber dans le
piège d'un syndrome d'Ekbom.
En cas de suspicion d'hypodermose, des examens biologiques
montrent une hyperéosinophilie sanguine et/ou méningée, et des
réactions immunologiques positives avec les antigènes
d'Hypoderma bovis, qui apporte la certitude diagnostique. En cas
de positivité, une surveillance régulière du fond d'œil doit être
instituée.

Le diagnostic d'espèce ne peut être réalisé que par un spécialiste.


Il se fait principalement sur la structure des stigmates respiratoires
ou des crochets (sclérites) buccaux.
1.5 - Traitement
La présence d'asticots sur une plaie, dans une cavité naturelle
(vagin, conduit auditif…) ou sous la conjonctive de l'œil impose leur
extraction à la pince ou à la curette mousse, accompagnée
parfois d'un parage chirurgical.
Si le malade présente un ou plusieurs pseudofuroncles et revient
d'Afrique depuis moins de 1 mois ou d'Amérique depuis moins de 6
ou 7 mois, deux attitudes sont possibles :
• une active, qui extrait l'asticot chirurgicalement ou par pression
des doigts (figure 25.4).
• une passive, qui laisse le parasite s'expulser seul ou qui consiste à
recouvrir le furoncle de plusieurs épaisseurs de tulle gras ou de
pommade antibiotique avec surveillance quotidienne ; la larve
cherchant à respirer se retrouve dans le tulle ou la pommade.
• Il convient d'éviter la surinfection et de vérifier la vaccination
antitétanique.
Dans l'hypodermose, l'ivermectine (Stromectol®) à la dose de 200
μg/kg en prise unique, à jeun, et sans manger pendant les 2 heures
suivantes, a donné de bons résultats, mais elle est contre-indiquée
dans les localisations oculaires où le traitement reste chirurgical
 Fig. 25.4 Extraction manuelle d'une larve de myiase furonculeuse
Myiases :Points essentiels

Les myiases sont provoquées par le contact ou la pénétration des


larves (asticots) de mouches (diptères).
 Les myiases accidentelles concernent les cavités naturelles :
myiases rhino-oculaires et auriculaires (Oestrus ovis).
 Les myiases obligatoires sont responsables de formes
furonculeuses sous les tropiques (Dermatobia
hominis, Cordylobia anthropophaga) et viscérales (Hypoderma).
 Le diagnostic est clinique avec identification de la larve dans les
myiases furonculeuses et accidentelles. Il repose sur la
sérologique et l'hyperéosinophilie dans le cas des hypodermoses.
 La thérapeutique est fondée essentiellement sur l'exérèse des
asticots et parfois sur l'usage de l'ivermectine.

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