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Digitalisation, soft skills et pratiques enseignantes

Fatima OUAHMI, Es-Saâdia AOULA


Faculté des Sciences de l’Education -Université Mohammed V - Rabat
ENSET Mohammédia - Université Hassan II - Casablanca
fatima.ouahmi@fse.um5.ac.ma

RESUME

L’utilisation des technologies de l’information et de la communication dans les salles de classe des universités
marocaines a été boostée par la crise sanitaire «COVID 19». Ainsi, l’enseignement supérieur a connu
l’émergence de plateformes digitales, le e-learning…. Le digital est en train de transformer et de faire évoluer
les pratiques éducatives pour enseigner autrement et démultiplier les opportunités d’apprentissage et d’accès
aux savoirs pour tous. Franchir le pas du digital pour proposer une éducation plus interactive, immersive et
encourager les étudiants à participer davantage de manière active, tels sont les enjeux actuels. En effet, le digital
permet de créer de nouvelles situations d’apprentissage pour développer spécifiquement des compétences. Dans
ce sens, selon une étude du Word Economic Forum de 2016, les métiers de demain seront ceux qui allieront de
fortes compétences relationnelles et situationnelles à des compétences numériques. Par ailleurs, au Maroc, le
PACTE ESRI 2030, nouveau projet de réforme de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique,
prévoit un ensemble de mesures visant à réunir les conditions de réussite du parcours académique de l’étudiant,
dont notamment l’intégration des soft skills et ce, pour renforcer l’employabilité des lauréats et former les
citoyens de demain. En effet, une stratégie éducative intégrant des soft skills s’avère nécessaire pour relever ce
défi de l’employabilité des jeunes. Toutefois, le recours au numérique pour développer des soft skills suppose
l’introduction de nouvelles méthodes pédagogiques ainsi qu’un changement du rôle de l’enseignant. La
question qui se pose alors c’est « comment peut-on enseigner les soft skills à l’ère du digital au sein des
universités marocaines pour augmenter l’employabilité des jeunes ? ».
Notre investigation explore les discours des universitaires sur l’impact de la digitalisation sur l’enseignement
des soft skills et ce, via une étude exploratoire menée auprès d’un groupe d’enseignants qui assurent des
modules transversaux et basée sur une approche méthodologique mixte.

Mots clés : digitalisation, soft skills, pratiques pédagogiques, employabilité.

ABSTRACT

The use of information and communication technologies in the classrooms of Moroccan universities has been
boosted by the "COVID 19" health crisis. Thus, higher education has seen the emergence of digital
platforms, e-learning.... Digital technology is transforming and changing educational practices to teach
differently and increase learning opportunities and access to knowledge for all. Taking the digital step to
offer a more interactive and immersive education and encouraging students to participate more actively are
the current challenges. Indeed, digital technology allows to create new learning situations to develop specific
skills. In this sense, according to a study by the Word Economic Forum in 2016, tomorrow's jobs will be
1
those that combine strong relational and situational skills with digital skills. In addition, in Morocco, the
ESRI 2030 PACT, a new reform project for higher education and scientific research, provides a set of
measures which aim to bring together the conditions for the success of the student's university career,
including The integration of general skills in order to strengthen the employability of graduates and train
the citizens of tomorrow. Indeed, an educational strategy integrating soft skills is necessary to meet the
challenge of employability of young people. However, the use of digital technology to develop general skills
involved the introduction of new teaching methods and also a change in the teacher's role. The question that
arises then is "how can soft skills be taught in the digital age in Moroccan universities to increase the
employability of young people?
Our investigation explores the discourse of academics on the impact of digitalization on the teaching of soft
skills through a study conducted with a group of teachers who teach cross-curricular modules and based on
a mixed methodological approach.

Key words : digitalisation, soft skills, teaching practices, employability

INTRODUCTION

De nos jours l’employabilité des lauréats des universités constitue un levier de développement
économique et social qui s’inscrit dans les priorités de l’enseignement supérieur via des programmes de
formation mettant l’accent sur les compétences techniques et les soft skills. Elle est devenue une
préoccupation centrale pour de nombreuses universités, étudiants et autres parties prenantes (Knight et
Yorke [1] ; McNair [2]; Sin et Neave [3]). Selon la définition proposée par la UK Higher Education
Academy, l'employabilité représente « un ensemble de réalisations, de compétences, de compréhensions
et d'attributs personnels qui rendent les diplômés plus susceptibles d’obtenir un emploi et de réussir dans
les professions qu’ils ont choisies, ce qui profite à eux-mêmes, à la main-d’œuvre, à la communauté et à
l’économie» [4].
Au Maroc, les problématiques de l’employabilité des jeunes diplômés et de l’adéquation formation-
emploi se sont notamment accentuées avec la recrudescence du chômage dans les rangs des lauréats des
universités. Le rapport de l’Instance Nationale d’Evaluation sur l’insertion des lauréats de l’enseignement
supérieur publié en 2018 [5] a révélé qu’en moyenne 69,4% des diplômés sont en situation d’emploi 4 ans
après l’obtention de leurs diplômes.
Le rapport du Nouveau Modèle de Développement a également soulevé la persistance de cette
problématique et ce, malgré les réformes successives de l’enseignement supérieur marocain : instauration
du système LMD en 2003-2004, mise en place de licences et de masters professionnels, intégration de
modules transversaux (TEC, management, entrepreneuriat,…) ainsi que des projets professionnels et des
stages en entreprises.
Pour sa part, le PACTE ESRI 2030 prévoit un ensemble de mesures visant à réunir les conditions de
réussite du parcours académique de l’étudiant, dont notamment l’intégration des soft skills et ce, afin pour
renforcer l’employabilité des lauréats et former les citoyens de demain.

2
En effet, l’employabilité des lauréats se focalisait principalement sur les compétences métiers pour
accompagner les évolutions industrielles. Aujourd’hui, avec le développement des technologies au niveau
mondial telles la robotisation et les différentes mutations économiques, sociales, écologiques, etc., les
compétences métiers ne suffisent plus. Il est nécessaire de savoir s’adapter et agir face à divers
changements et imprévus et ce individuellement ou en groupe au sein d’une organisation donnée.
D’autres compétences -appelées soft skills ou compétences non techniques ou encore compétences
génériques- s’avèrent fondamentales pour manager, agir avec agilité en situation difficiles. En effet, de
nos jours ces compétences sont de plus en plus considérées par les employeurs comme des compétences
nécessaires à la réussite professionnelle. Fernandez-Arias, P. et al. soulignent que dans le futur modèle
d'éducation « post-COVID 19», il est nécessaire de développer des programmes de formation promouvant
à la fois les hard skills (compétences métiers) et les soft skills.
Ces compétences s’avèrent donc fondamentales pour les organisations confrontées à de nouvelles réalités
et attentes issues des différentes mutations suite au phénomène de la mondialisation et à la transformation
digitale. Les institutions de l’enseignement supérieur n’échappent pas à ce processus de changements en
témoignent les mutations éducatives observées suite au recours à l’enseignement à distance imposé par la
pandémie «COVID 19».
Le Haut-commissariat au plan (HCP) a mené une enquête sur «l’impact du coronavirus sur la situation
économique, sociale et psychologique des ménages» dans laquelle il a mis l’accent sur la façon dont les
étudiants marocains réagissent aux cours à distance. Cette étude a fait ressortir notamment que seulement
56% des étudiants au niveau de l’enseignement supérieur suivent régulièrement les cours à distance.
En effet, selon l’UNESCO (2020), la pandémie du COVID-19 a créé la plus grave perturbation des
systèmes éducatifs mondiaux de l'histoire, forçant plus de 1,6 milliard d'apprenants à quitter l'école au
plus fort de la crise. Elle a également exacerbé les inégalités préexistantes et touché plus durement les
apprenants vulnérables.
Par ailleurs, l’Instance Nationale d’Evaluation auprès du Conseil Supérieur de l’Education, de la
Formation et de la Recherche Scientifique (CSEFRS) a mené une évaluation de l’opération
d’enseignement à distance au niveau de l’enseignement scolaire en partenariat avec l’UNICEF et qui a
donné lieu à un rapport thématique intitulé « l’enseignement au temps de COVID » : « La pandémie,
qui a touché toute l’humanité, n’exclut point d’autres pandémies ou crises qui peuvent toucher
l’éducation. D’où l’intérêt du mode hybride qui peut constituer un mode d’enseignement. Il pourrait
également une source d’apprentissage et d’expérimentation non seulement pour appuyer les élèves dans
leur apprentissage mais aussi pour une meilleure qualité de l’enseignement à distance en temps de crise »
[6].
A cet effet, l’intégration du numérique dans la formation est inévitable. D’ailleurs, la loi-cadre 51.17
relative au système d'éducation, de formation et de recherche scientifique prévoit dans son article 33 : « la
nécessité de développer l'enseignement à distance en complément de l'enseignement présentiel ».
Ainsi, adopté en juillet 2021, le décret n° 2.20.474 relatif à l’enseignement à distance stipule que
« l’apprentissage à distance vient en complément de l’enseignement présentiel. Il s’agit d’une forme
d’enseignement dispensée par les établissements d’enseignement et de formation, de façon temporaire ou

3
permanente, en utilisant les nouvelles technologies de l’information et de la communication de pointe
assurant ainsi la continuité pédagogique ».
Ainsi, les cours tels qu’enseignés aujourd’hui mobilisent à des degrés différents une dimension des outils
technologiques pour atteindre les finalités assignées aux différentes formations. Devant les enjeux actuels
de l’employabilité des jeunes, peut-on recourir à un enseignement digital pour développer les soft skills ?
Notre investigation cherche à répondre à cette question via l’identification des perceptions et des
pratiques des enseignants universitaires en matière d’utilisation des outils digitaux pour développer des
soft skills chez leurs étudiants.
Dans ce sens, notre article s’articule autour de deux grandes parties : une revue de littérature et une étude
empirique.
1. Soft skills et digitalisation : repères conceptuels
1.1 Les soft skills : de quoi parle t-on ?
L’état de l’art révèle plusieurs appellations des soft skills : compétences non cognitives (Beneitone P.,
Esquetini C., Gonzalez J [7]), compétences transversales (Beneitone, P ; Esquetini, C et al. [8] ; Raciti
[9]), compétences essentielles (Organisation mondiale de la Santé, 2003). De plus, différentes
conceptualisations et classifications de ces compétences ont été développées.
Pour leur part, Moss et Tilly [10] définissent les soft skills comme étant «des compétences, des capacités
et des traits qui se rapportent à la personnalité, à l'attitude et au comportement plutôt qu'à des
connaissances formelles ou techniques».
D'autres auteurs ont, cependant, révélé que les soft skills sont plus que de simples traits et dispositions
individuels. Hurrell [11], par exemple, définit les compétences non techniques comme «impliquant des
capacités interpersonnelles et intrapersonnelles pour faciliter une performance maîtrisée dans des
contextes particuliers».
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé [12], ils sont définis comme un ensemble de compétences
socio-affectives nécessaires à l'interaction avec autrui et qui permettent de faire face aux exigences
quotidiennes et aux situations difficiles. Par exemple, ils permettent l'individu à prendre des décisions, à
résoudre des problèmes, à penser de manière critique et créative, à communiquer efficacement, à
reconnaître les émotions des autres et établir des relations saines aux niveaux physique et émotionnel.
Les situations professionnelles peuvent interpeler des compétences allant au-delà des dimensions socio-
affectives pour intégrer l’aspect cognitif. En effet, les compétences transverses sont des compétences
distinctives en situation de travail et/ou de relations aux autres et au monde, venant compléter utilement
les compétences techniques ou métier. Elles se caractérisent par des comportements, des postures, des
savoir être, des comportements, attitudes, etc. qui relèvent de la personnalité, de l’éducation, de la culture
et de la relation aux autres et au monde.
Selon l'Institut Ayrton Senna (2014), ces compétences sont importantes à la gestion de soi, à la gestion
des émotions, pour interagir avec les autres, fixer et atteindre des objectifs, prendre des décisions de façon
autonome et responsable et confronter les situations difficiles de manière innovante et constructive.
Le World Economic Forum, à partir d'une étude menée dans 15 pays, identifie les soft skills que les
employeurs estiment indispensables de posséder en 2020. Elles représentent des qualités difficilement

4
mesurables, mais vitales. Elles ne relèvent pas d'un savoir-faire lié à la maîtrise d'un outil ou d'une
procédure, mais sont précieuses dans le monde du travail car elles permettent d'améliorer la performance
et la productivité tels la Résolution de problèmes complexes, la créativité, la pensée critique, le
leadership, la collaboration, l’intelligence émotionnelle, la prise de décision, l’orientation service, la
négociation et la flexibilité cognitive.
Singer et al. [13] proposent, quant à eux, une classification des soft skills sur la base de trois catégories :
➢ Génériques ou Comportementales, qui sont nécessaires à l'exécution de toute type de travail et qui
comprennent les compétences interpersonnelles, l'intégrité, la proactivité et l'initiative, la fiabilité
et la prédisposition à apprendre.
➢ Basiques ou Essentielles : sont celles qui permettent de s’adapter au poste ou au domaine de
l'industrie, comme la communication, le travail d'équipe, l’adaptabilité, la flexibilité, le sens du
service et la créativité.
➢ Techniques ou fonctionnelles sont spécifiques au poste à occuper, comme la gestion des conflits,
la construction d'équipe, la formation, le mentorat, la motivation, le soutien aux collaborateurs,
l’entrepreneuriat et le développement des réseaux sociaux.
Shakir [14], quant à lui, classe les soft skills en attributs personnels, compétences interpersonnelles,
résolution de problèmes et prise de décision, représentées dans ce qui suit en sept traits : leadership,
communication, travail d'équipe, pensée critique et résolution de problèmes, apprentissage tout au long de
la vie, gestion de l'information, entrepreneuriat, et éthique professionnelle.
Pour Haselberger et d'autres auteurs du projet ModEs [15] :«Les Soft Skills représentent une combinaison
dynamique de compétences cognitives et métacognitives, de compétences interpersonnelles,
intellectuelles et pratiques. Les compétences non techniques aident les gens à s'adapter et à se comporter
de manière positive afin qu'ils puissent faire face efficacement aux défis de leur vie professionnelle et
quotidienne».
Pour notre investigation, nous retenons la classification de Mangrulkar, Whitman et Posner [16] qui se
démarque par une catégorisation des compétences non techniques selon trois groupes interdépendants et
complémentaires :
• le premier groupe implique des compétences interpersonnelles qui incluent des compétences pour
la communication assertive, la négociation, la confiance, la coopération et l’empathie ;
• le deuxième groupe concerne les compétences cognitives nécessaires à la résolution de problèmes,
la pensée critique, l’auto-évaluation, l’analyse et la prise de décision et la compréhension de son
impact.
• Enfin, le troisième groupe concerne les compétences de contrôle émotionnel ou la gestion
émotionnelle en situation de stress et des sentiments intenses, comme la colère, la tristesse et la
frustration.
Cette classification renvoie à une répartition des soft skills selon les différentes situations rencontrées en
milieu professionnel où il est nécessaire d’interagir en situation de communication, d’analyser, traiter et
trouver des solutions devant des problématiques organisationnelles et enfin de s’auto-gérer en prenant
conscience de son mode de fonctionnement notamment en situation de stress.

5
Par ailleurs, l'émergence des technologies de pointe et de la mondialisation ont induit un changement dans
les pratiques pédagogiques notamment dans celui de l'enseignement supérieur et également dans celui du
marché de l’emploi en reconfigurant les critères de l’employabilité des lauréats. Comment donc mobiliser
les outils digitaux dans la formation des soft skills ?
1.2 Soft skills et digitalisation
De prime abord, il serait judicieux dans un premier temps de définir ce qu’on entend par digitalisation
sachant que «Numérisation» et « Digitalisation» sont deux termes conceptuels étroitement associés et
souvent utilisés de manière interchangeable dans un large éventail de littératures. Toutefois, une
distinction entre les deux concepts s’impose. L'Oxford English Dictionary (OED) fait remonter la
première utilisation du terme « numérisation » en conjonction avec les ordinateurs au milieu des années
1950 (OED, 2014). Selon l'OED, la numérisation fait référence à l'action ou le processus de numérisation
; la conversion de données analogiques (surtout dans l'utilisation ultérieure d'images, de vidéos et de
textes) sous forme numérique. La numérisation produit donc des informations qui peuvent être exprimées
de manières différentes, sur de nombreux types de supports et dans des systèmes différents.
La digitalisation, en revanche, fait référence à l'adoption ou l'augmentation de l'utilisation de la
technologie numérique ou informatique par une organisation, une industrie, un pays, etc. La digitalisation
se définit comme la manière dont de nombreux domaines de la vie sociale sont restructurés autour des
infrastructures numériques de communication et de médias.
La digitalisation aujourd’hui est liée au terme « 4ème Révolution ». Klaus Schwab1[17] a été l'un des
premiers à utiliser ce terme dans sa publication de 2016 présentée au Forum Economique Mondial en
Suisse. Dans cette publication, il définit les « révolutions » suivantes :
- La première révolution a commencé par la construction des chemins de fer et l'invention de la
machine à vapeur.
- La deuxième révolution industrielle, qui a débuté à la fin du XIXe siècle et début du XXe siècle, a
rendu possible la production de masse, favorisée par l'avènement de l'électricité et la chaîne de
montage.
- La troisième révolution industrielle a commencé dans les années 1960 avec l’avènement de
« l’ informatique » ou « la révolution numérique », le développement d’ordinateur central (années
1960), l’informatique à usage personnel durant les années 70 et 80. Ensuite l’Internet a réorganisé
le paysage de la production, la consommation et les modalités de communication.
- La quatrième révolution industrielle a commencé au tournant de ce siècle et marque une rupture
avec celle qui précède en s'appuyant sur une révolution digitale caractérisée par des technologies
plus sophistiquées telles l’internet des objets (IoT), l’intelligence artificielle, les big-data,
l’apprentissage automatique…
En effet, depuis l’avènement du digital, la littérature présente un engouement envers la révolution des
pratiques professionnelles. Les systèmes éducatifs ont également été touchés par cette révolution

1
The Fourth Industrial Revolution by Klaus Schwab Jake Okechukwu Effoduh, URL
https://digitalcommons.osgoode.yorku.ca/cgi/viewcontent.cgi?article=1023&context=thr
6
numérique. Ainsi, l’enseignement supérieur a connu l’émergence de plateformes digitales, le e-learning…
qui sont devenus parties intégrantes des outils didactiques des enseignants.
Nous avons observé pendant la crise sanitaire «COVID 19» que le recours à ces outils a été indispensable
vu le passage de l’enseignement en présentiel à l’enseignement à distance dans certains cas à 100%.
Selon une étude du Word Economic Forum de 2016, les métiers de demain seront ceux qui allieront de
fortes compétences relationnelles et situationnelles à des compétences numériques.
Néanmoins, pour certains auteurs « la maîtrise technique des outils digitaux n’est pas primordiale étant
donné leur obsolescence rapide mais là aussi la compréhension des enjeux sous-jacents, des possibilités
offertes par les nouvelles technologies est primordiale. Il est nécessaire de considérer la prépondérance de
l’humain sur la technique en tant que point de départ d’une (r) évolution de l’enseignement car aucune
théorie ne peut réellement apprendre à coopérer, à avoir un esprit critique, à s’adapter ou bien à être
autonome. Une pédagogie plus active et engageante serait mieux adaptée.
Aussi, le recours au numérique pour développer des soft skills suppose-t-il l’introduction de nouvelles
méthodes pédagogiques ainsi qu’un changement du rôle de l’enseignant.
Selon Ken Robinson2 [18], expert en éducation, dans sa conférence Do schools kill creativity ? « Nous ne
pouvons rien imaginer d’original si nous ne sommes pas préparés à avoir torts, si nous sommes éduqués
hors de nos capacités créatives ». Il faut donc sortir de la pensée unique et permettre le foisonnement
d’idées utiles et inutiles pour répondre à la demande de notre économie : des acteurs créatifs aux concepts
originaux et aux idées nouvelles.
Cela renvoie à un changement dans les habitudes d’enseignement avec une dimension créative et
l’introduction progressive des outils du digital. En effet, le recours au numérique pour développer aussi
bien les hard skills que les soft skills peut se faire en deux temps : dans un premier temps, standardiser
des concepts de base en utilisant des outils comme le e-learning. Dans un deuxième temps, un
apprentissage plus personnalisé est à mettre en place.
Par ailleurs, des études dans diverses disciplines indiquent une amélioration de diverses compétences
grâce à la mise en œuvre d'une approche d'apprentissage par problèmes (APP).
Cette dernière a fait l’objet d’une étude qui explore les problèmes et les avantages perçus par les étudiants
de premier cycle en Malaisie. L’objectif est d’identifier et de déterminer les effets de l'APP, selon un
enseignement alliant présentiel et e-learning, dans l'amélioration et le développement des compétences
non techniques, des traits de résolution de conflits et des aspects de l'amélioration de l'apprentissage en
groupe.
Des méthodes mixtes ont été utilisées, impliquant un questionnaire, une observation et une analyse de
document auprès de 57 étudiants de différentes facultés durant un semestre. Les résultats ont révélé que
l'APP a un effet significatif sur l'amélioration des compétences non techniques des élèves et l'amélioration
de l'apprentissage en groupe, y compris la résolution des conflits de communication. Les résultats de
l'étude impliquent l'amélioration des compétences génériques des diplômés en ingénierie avec les
méthodologies centrées sur l'étudiant et interactives comme l'APP et les applications d'apprentissage en
ligne.

2
Azzam, A. M. (2009). Why creativity now? A conversation with Sir Ken Robinson. Educational Leadership, 67(1), 22-26.
7
Dans le même sens, une revue de la littérature des pratiques numériques de formation aux soft skills sur le
développement des compétences non techniques, de Maria João Coelho et Helena Martins 3 [19] s’est
intéressée aux publications traitant de la formation des soft skills via les outils digitaux. 109 articles ont
été analysés sur une période allant de 2001 à 2020. Il est observé une augmentation de l'intérêt pour le
thème de la formation en ligne pour les soft skills. La majorité des études menées relèvent à 72 % du
qualitatif, 16 % du quantitatif et 12 % d’une méthode mixte. Il est soutenu l'efficacité de la formation aux
compétences non techniques dans un environnement numérique via plusieurs stratégies et méthodologies,
y compris l'apprentissage basé sur le jeu (GBL) l'enseignement basé sur des études de cas), les cours
massifs ouverts en ligne (MOOCS), l’apprentissage mixte et les modèles d'apprentissage hybrides.
Compte tenu des différentes perspectives de la formation en ligne des compétences non techniques, Les
MOOC peuvent être considérés comme l'un des outils les plus utilisés car ils sont moins coûteux pour les
utilisateurs, conviennent à des fins éducatives à grande échelle, flexibles et faciles d'accès par rapport aux
méthodes plus traditionnelles qui pourraient être coûteuses et peu pratiques.
Les MOOC sont prometteurs pour promouvoir la créativité et améliorer les compétences non techniques
comme la communication et la résolution de problèmes qui sont très appréciées des employeurs. Les
MOOC exigent l’auto-régulation des individus. La formation virtuelle au jeu de rôle pourrait être
également une option pour créer numériquement une formation universelle afin de promouvoir
l'interaction dans le monde réel ; elle offre la possibilité d'atteindre des personnes d'horizons, de cultures
et de genres plus larges et de développer des compétences telles que la communication, la collaboration,
les compétences sociales et culturelles, avec des possibilités d'applicabilité dans plusieurs disciplines.
L'apprentissage basé sur le jeu semble être utile pour créer des contextes où les compétences sont mises
en pratique. D'autres approches telles que les modèles hybrides, l'apprentissage mixte et l'enseignement
par cas semblent également présenter des résultats positifs en termes de développement des compétences
non techniques, sous différents angles.
Dans l'ensemble, il est clair que dans le contexte numérique (comme dans les situations de la formation en
présentiel), les méthodologies actives s’avèrent être un facteur clé pour développer efficacement les soft
skills.
La formation et le développement des soft skills devient importants dans l'enseignement supérieur et dans
le contexte organisationnel. L'utilisation de la formation aux technologies numériques s'est généralisée
pendant la pandémie boostant la tendance mondiale en matière d'éducation. Il en résulte que le digital est
en cours de développement et d’utilisation bien que les compétences non techniques nécessitent
traditionnellement un contexte en face à face.
La question qui se pose alors : devant la diversité des outils digitaux, la complexité de leur usage mais
également la complexité de l’enseignement des soft skills, le recours au digital pour développer ces
dernières est-il possible ?

3
Coelho, M. J., & Martins, H. (2022). The future of soft skills development: a systematic review of the literature of the digital training practices for soft
skills. Journal of e-Learning and Knowledge Society, 18(2), 78-85.
8
2. Etude empirique : Méthodologie et résultats
2.1. Méthodologie
Afin de répondre à notre problématique de recherche, nous avons opté pour une démarche
méthodologique mixte :
- Dans un premier temps un focus group avec une dizaine d’enseignants chercheurs qui nous a
permis d’explorer les différentes facettes de notre problématique et de construire notre
questionnaire,
- Dans un deuxième temps, une enquête par questionnaire via l’outil Google Forms pour collecter
des réponses précises et quantifiées à un ensemble de questionnements.
Ainsi, et compte tenu de la nature de notre investigation qui est à caractère exploratoire, nous avons
soumis notre questionnaire à une cinquantaine (50) d’enseignants chercheurs relevant des établissements
suivants : ENSET/FSE/Faculté des sciences et la FLSH de Ben Msik, ENCG de Casablanca, EST de
Casablanca, FSEJS de Kénitra et l’EST d’Agadir.
Elaboré sur la base de l’état de l’art et des informations collectées lors du focus-group, notre
questionnaire s’articule autour de trois principales parties :
- Le profil de l’enseignant : module assuré (soft skills ou module similaire), nombre d’années
d’enseignement dudit module, établissement d’attachement (accès ouvert ou accès régulé),
- L’utilisation du digital (outils mobilisés, apports et contraintes),
- Le développement des soft skills via le digital (types de compétences, contraintes rencontrées).
2.2. Résultats
Les résultats dégagés de notre étude se présentent ainsi :
a. Profil des enquêtés
Nous avons fait le choix de cibler en priorité des enseignants qui assurent des modules de « soft skills »
ou des modules « similaires » (modules transversaux en général) et ce afin de faire appel à leur vécu
professionnel pour répondre à nos questions, leur profil se présente ainsi :
- 32 enquêtés sont rattachés à des établissements à accès régulé contre 18 à des établissements à
accès ouvert.
- 35 ont déjà assuré un module « soft skills » ou un module dans lequel il faut développer des
compétences transversales : communication, mangement, développement personnel,
entrepreunariat…, 15 d’entre eux assurent ce module depuis plus de 10 ans alors que le reste des
enquêtés assurent ces modules depuis moins de 5 ans.
2.2.1. Recours au digital
Les résultats obtenus démontrent que 38 enquêtés intègrent le digital dans leurs pratiques pédagogiques
pour enseigner les « soft skills » en particulier ou des compétences transversales en général. Ils déclarent
avoir recours en particulier aux vidéos, audio et podcasts pour 29 enquêtés, aux ressources proposées par
des sites académiques pour 19 enquêtés, aux plateformes de e-learning pour 17 enquêtés et aux capsules
réalisées par les étudiants pour 11 enquêtés, par contre, le recours aux MOOC (7 enquêtés) et aux
« serious games » (3 enquêtés) reste très limité.

9
Figure 1 : Outils utilisés

2.2.2. Apports du digital dans le développement des soft skills


Selon la majorité des enquêtés (29 sur 50) l’utilisation du digital permet de renforcer les compétences
numériques des étudiants, il permet également de développer le sens de la curiosité et de l’adaptation chez
les étudiants pour 25 enquêtés et de personnaliser les enseignements pour 23 enquêtés et favorise un
enseignement centré sur l’apprenant pour 17 enquêtés. Par contre, nous constatons que le suivi des
étudiants, le gain de temps et la complémentarité avec l’enseignement présentiel n’ont été évoqués que
par une minorité des enquêtés (4).
Figure 2 : Apports du digital dans le développement des soft skills

2.2.3. Développement des soft skills via des plateformes e-learning


La crise sanitaire «COVID 19» et la suspension des cours en présentiel ont poussé plusieurs universités
marocaines à s’engager dans la mise en place de plateformes d’enseignement à distance. D’où notre
questionnement par rapport au développement des soft skills via ces plateformes : pour 30 enquêtés cela
est possible alors que pour 13 enquêtés cela n’est pas possible tandis que 7 enquêtés n’ont pas pu
répondre à cette question.
En effet, pour la majorité des enquêtés seules les soft skills suivantes peuvent être développées en priorité
à distance : gestion du temps (35 enquêtés), résolution de problèmes (33 enquêtés), connaissance de son
10
environnement (30 enquêtés). Par contre, les compétences dites comportementales (pensée positive,
empathie, communication, motivation, gestion du stress, créativité, esprit critique, adaptabilité et prise de
décision) doivent être développées en priorité en présentiel.
Ainsi, la majorité des enquêtés considèrent que les « soft skills » requièrent un enseignement présentiel vu
qu’elles nécessitent des mises en situation et un changement de comportement qui ne peuvent se faire que
via l’interaction directe entre enseignant et étudiant et entre étudiants. Pour eux, l’enseignement à
distance est plus adapté à des cours théoriques. Ils reprochent à l’enseignement à distance ne pas
permettre la concentration et la réactivité des étudiants mais également de repérer les différences de
niveaux d’assimilation chez les étudiants.
Les verbatim ci-dessous illustrent les propos des enquêtés :

Absence de contact direct et de feedback.


A distance, c’est plutôt théorique et les étudiants ne sont pas réactifs.
Le manque d'interactivité L'autonomisation des étudiants qui n'est pas encore
acquise.
Faible réactivité des étudiants.
Le virtuel ne remplace jamais le réel.
Le travail des soft skills demande un feedback constant sur votre propre
comportement.
L'absence du face à face.
Le manque d'interaction spontanée.

Ces résultats peuvent être recoupés avec ceux d’une enquête menée auprès de Plus de 7000 étudiant(e)s
de l’Université de Lorraine4 et qui a révélé que « l’immense majorité des étudiants et des étudiantes,
l’enseignement à distance mis en place depuis la première période de confinement par simple
transposition de l’enseignement classique reste une forme d’interaction pédagogique dégradée ».
Une autre étude menée cette fois-ci au niveau de l’Université d’Aix-Marseille auprès de 6320 étudiants a
permis de relever que la majorité des étudiants enquêtés ont déclaré avoir un sentiment d’isolement dû au
fait qu’ils avaient moins d’interactions avec leurs camarades comparativement aux cours en présentiel
(74,5% des enquêtés) et avec leurs enseignants (68,7% des enquêtés).
Pour certains enquêtés, l’enseignement à distance peut compléter l’enseignement présentiel mais ne peut
pas le remplacer.

L'enseignement à distance pourrait compléter l'enregistrement présentiel, mais pas le


remplacer car la nature des soft skills nécessite la présence de l'enseignant et de
l'apprenant.

4
https://theconversation.com/cours-a-distance-quen-pensent-vraiment-les-etudiants-152265.
11
Pour d’autres, la mise en place d’un enseignement à distance de qualité est confrontée à plusieurs
contraintes d’ordre technique (manque de matériel adapté, connexion de mauvaise qualité) et logistique
(tailles des groupes, salles dédiées, équipes techniques spécialisées) mais également une contrainte liée
aux compétences insuffisantes des enseignants dans l’usage des TIC qui se manifeste notamment dans la
difficulté à gérer et à accompagner le groupe à distance.

Le matériel, la logistique la connexion internet constituent de véritables freins.


Problème de technologie parfois inadaptée aux activités lancées.
Problème aussi de degré d'assimilation variable chez les apprenants et difficilement
repérables
à distance.
Le manque de moyens et la taille du groupe.
- Contraintes techniques : scénarisation, manipulation des logiciels de tournage et de
montage, avoir un matériel de qualité...
- Contraintes organisationnelles : l’absence des équipes de tournage et de montage n'est
pas encourageante, la production de ressources numériques est une activité chronophage,
...
- Contraintes de gestion : la conception, la production des ressources numériques et
l'accompagnement des étudiants lors du processus d'apprentissage ne peuvent se faire par
une seule personne mais nécessitent une organisation, une gestion et une équipe
appropriées.
La généralisation de la digitalisation nécessite l’accès par tous les apprenants aux
équipements nécessaires.

D’où les résultats de l’enquête menée par le Haut-Commissariat au Plan (HCP), du 14 au 23 avril 2020
auprès de 2.350 ménages et qui a révélé qu’uniquement 56% des étudiants de l’enseignement supérieur
ont poursuivi les cours à distance d’une façon régulière et 31% de façon irrégulière, en utilisant les
différents supports numériques mis en place, contre 13% qui ne les suivaient pas du tout.

12
Figure 3 : Développement des soft skills à distance

2.3. Discussion des résultats


La majorité des enquêtés recourent au numérique dans leurs pratiques pédagogiques mais généralement
ils utilisent uniquement des vidéos, audio et podcasts. Ce résultat se justifie notamment par la maîtrise
insuffisante de technologies plus élaborées ou par la non disponibilité des équipements nécessaires que ce
soit pour les enseignants ou pour les étudiants. Mais, également il peut trouver son explication dans le
profil des enquêtés, en particulier, ceux qui enseignent depuis plus de 10 ans. Ce résultat rejoint le constat
suivant : « les enseignants de la génération « Y » qui sont nés entre 1979 et 1989 font usage des réseaux
sociaux dans leur sphère privée mais très peu dans leurs activités d’enseignement ». (Demougeot-Lebel,
[20]).
Le digital permet un enseignement centré sur l’apprenant, une pédagogie différenciée ainsi que le
développement de l’autonomie, du sens de l’adaptation et des compétences numériques. Ainsi, selon
Anny et Jean Marc Versini [21], « le numérique permet la réalisation d’une pédagogie différenciée : pour
eux les élèves qui travaillent sur l’ordinateur seront autonomes ce qui permettra à l’enseignant de se
détacher de ces élèves et de devenir plus disponible pour des élèves plus faibles ». Par contre, pour
Franck Amadieu et André Tricot [22], « pour lesquels l’autonomie est un pré-requis pour l’utilisation du
numérique et non pas son résultats ». De plus, pour eux « ce n’est pas parce que l’activité est interactive
que l’apprentissage devient actif et efficace ». De même, ils soutiennent que « l’apprentissage par le
numérique ne motive pas plus. C’est la manipulation plus facile d’outils innovants qui peut apporter du
plaisir lors de leur utilisation ».

13
Par ailleurs, l’intégration du numérique engendre inéluctablement un changement du rôle des enseignants
dans la formation des étudiants d’où la nécessité de changer ses pratiques pédagogiques.
Selon les résultats obtenus, l’utilisation de plateformes d’enseignement à distance pourrait permettre le
développement de soft skills. Néanmoins, pour la plupart des enquêtés le développement de compétences
comportementales telles que l’empathie, le travail en équipe, la gestion du stress, la pensée positive…
requiert principalement un enseignement présentiel.
Partant de tous ces éléments, le mode hybride semble plus adapté. En effet, les apports théoriques peuvent
être enseignés à distance, par contre, les mises en situations (jeux de rôle, simulations, étude de cas,…)
nécessitent un enseignement présentiel.
Les contraintes techniques et logistiques ainsi que la formation des enseignants constituent également un
frein au recours au digital : « un enseignant se sentant compétent dans ce domaine sera davantage motivé
pour mobiliser le digital » [23]. Ainsi, l’intégration du numérique dans le développement des soft skills à
l’instar des hard skills requiert, en plus des compétences standards, la maîtrise de plusieurs compétences
pédagogiques et techniques : scénarisation des séquences pédagogiques, montage, animation du groupe,
accompagnement des élèves, évaluation formative,…
Dans ce sens, nous pouvons faire le parallèle avec une autre investigation que nous avons mené en 2022
[24] et qui a démontré que les enseignants des établissements régulés interrogés sont plus sensibilisés
quant à l’importance des soft skills. De même, ils ne sont pas confrontés aux mêmes contraintes que leurs
collègues dans les établissements à accès ouvert sur le plan notamment des effectifs des étudiants, de la
maîtrise des langues ou encore de la disponibilité des outils didactiques et de l’aménagement des salles de
cours.
Conclusion
Notre investigation visait à répondre à la question « Comment peut-on enseigner les soft skills à l’ère du
numérique au sein des universités marocaines pour augmenter l’employabilité des jeunes ? ». Pour ce
faire, nous avons mené une étude exploratoire par le biais d’un questionnaire en ligne auprès d’une
cinquantaine d’enseignants chercheurs de différents établissements universitaires en majorité à accès
régulé.
Les résultats de cette étude exploratoire révèlent une prise de conscience de l’importance à la fois des soft
skills et du numérique.
Ils laissent entrevoir une volonté des enseignants de s’engager dans un processus d’innovation
pédagogique en intégrant le digital dans leurs pratiques pédagogiques dans le cadre de l’enseignement des
soft skills mais qui nécessite d’être renforcée via notamment le renforcement des capacités des
enseignants et l’accès aux équipements nécessaires.
Néanmoins, ces enseignants ont pour la majorité déclaré que les soft skills de type comportemental
requièrent un enseignement présentiel car, pour eux, ces compétences ne peuvent se développer que grâce
aux mises en situation et à la dynamique collective produite par la communication face à face entre
enseignants et étudiants et entre les étudiants dans un enseignement à 100% présentiel.

14
Par ailleurs, ce travail de recherche présente quelques limites dues principalement au faible taux de
réponse des enseignants chercheurs et au profil des répondants. D’où la nécessité de mener des
investigations plus larges pour pouvoir enrichir les données obtenues et vérifier nos hypothèses de départ.
En outre, croisés avec les résultats obtenus lors d’une première étude que nous avons mené sur « la
perception des soft skills par les enseignants chercheurs », ces résultats démontrent que la plupart des
enseignants interrogés sont convaincus de l’importance des soft skills dans l’insertion professionnelle des
lauréats. De plus, ils apportent de nouvelles pistes de réflexion à la problématique de l’enseignement des
soft skills, à l’utilisation du numérique, à l’innovation pédagogique et à l’employabilité des jeunes.

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