Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
PROFESSIONNELLES.
H. BENMESSAOUD.
MAITRE DE CONFERENCES
EN MEDECINE DU TRAVAIL
1
PLAN :
1-- Introduction
2- Physiopathologie rénale
4 -Prévention
4-1Prévention technique générale
4-2 Prévention individuelle
4-3 Prévention médicale
4-3.1 Les marqueurs de néphrotoxicité
4-3.2 Intérêt et limites de l’utilisation des marqueurs rénaux précoce
dans la surveillance des travailleurs à risque
5-Bibliographie
2
1 - INTRODUCTION :
L’organisme dispose de différents moyens d’élimination des substances en
excès, toxiques ou inutiles.
Les voies d’élimination principales (mais non exclusives) sont les voies
hépatobiliaires et rénale ; mais ce sont les reins qui contribuent majoritairement
à l’excrétion des composés de petites tailles et solubles dans l’eau.
Le rein est donc considéré comme un organe épurateur et régulateur de
l’équilibre biologique du milieu intérieur de l’organisme grâce à ces nombreuses
fonctions, notamment :
- excrétion des produits du catabolisme azoté et des autres voies
cataboliques : élimination de l’urée, de la créatinine des sulfo et
glycurono-conjugués hépatiques ;
- élimination de la plupart des toxiques et de leurs dérivés ;
- maintien de l’équilibre hydro ionique et acido-basique par le jeu de la
régulation tubulaire ;
- rôle endocrinien avec sécrétion hormonale telle l’érythropoïétine et de
précurseurs hormonaux intervenant dans le maintien de la tension
artérielle, c’est le système rénine – angiotensine. .
2- PHYSIOPATHOLOGIE RENALE :
Le néphron constitue l’unité fonctionnelle du rein, il est constitué lui-même
d’une succession d’éléments :
- Le Glomérule ;
- Le tube proximal ;
- L’anse de Henley ;
- Le tube distal ;
- Le tube collecteur.
• Le glomérule :
Le glomérule assure la filtration glomérulaire du sang, ce qu’il fait en grande
quantité car ce qui traverse le glomérule correspond environ à 120litres /jour.
On comprend alors que la fonction principale du rein est de concentrer les urines
avec un facteur 100 pour finir avec 1 à 2 litres d’urine dans la journée.Cette
concentration se fait d’abord au niveau du tube contourné proximal où sont
réabsorbés en grande quantité le sodium et l’eau qui va avec ,mais se fait surtout
au niveau de l’anse de Henley réalisant la concentration finale des urines jusqu’à
la valeur souhaitée jusqu’au tube collecteur.Ce glomérule fabrique l’urine
primitive en la débarrassant des protéines .On peut en déduire que son
dysfonctionnement entraîne l’apparition d’une protéinurie.
Il est à noter qu’un même toxique peut induire différents types de lésion rénale
selon sa forme chimique ; la dose absorbée ; La durée d’exposition et la
susceptibilité individuelle de l’hôte.
Le mercure est toxique pour le tubule rénal à fortes doses, mais peut induire des
glomérulonéphrites extra membraneuses lorsqu’il est administré à faibles doses
au long cours chez des sujets sensibles.
7
La nécrose tubulaire aiguë est la plus fréquente des lésions observées dans
l’insuffisance rénale aiguë (50% des cas).
La fréquence de cette pathologie en relation avec des toxiques industriels est
rare, elle relève de situations accidentelles ou d’intoxications volontaires
(suicide, toxicomanie).
Les métaux lourds, les solvants organiques et certains herbicides sont les
principaux toxiques incriminés en milieu professionnel.
La nécrose tubulaire aiguë se caractérise par des lésions focales à type de
nécrose de cellules du tubule rénal, qui prédominent dans sa portion proximale.
Le tissu interstitiel peut être normal ou atteint également de façon focale.
9
Des enquêtes cas témoins ont également rapporté des risques de cancer du rein
plus élevés dans certains secteurs d’activité tels que l’imprimerie , le nettoyage à
sec, l’industrie chimique et l’industrie des métaux ainsi que dans certaines
professions telles que celles de peintre et de pompier .
Néphropathies glomérulaires
Glomérulonéphrite rapidement Hydrocarbures
progressive (syndrome de
Goodpasture)
3-2-1 Le plomb :
Le plomb est un métal qui a de nombreuses applications industrielles, les
principales sources d’exposition professionnelle sont :
-extraction et traitement du minerai (les minerais de plomb et de zinc sont
étroitement liés).
-Récupération du plomb.
-métallurgie.
-fabrication d’accumulateurs en plomb.
-fabrication de munitions.
- certains sels et oxydes de plomb sont utilisés comme pigments dans les
peintures, vernis, émaux et matières plastiques…
Le plomb est un toxique cumulatif, avec une demi vie de plusieurs dizaines
d’années (en moyenne 10ans). Il s’accumule au niveau des os, qui stockent plus
de 90% de la charge corporelle.
Caractérisée par une atrophie tubulaire avec fibrose interstitielle, une altération
de la filtration glomérulaire et l’apparition d’une insuffisance rénale chronique.
La néphropathie saturnine se développe sur plusieurs mois à années et n’apparaît
qu’après plusieurs années d’exposition, l’exposition chronique au plomb
augmente la charge corporelle en plomb et contribue, de façon de plus en plus
évidente, à l’accroissement du risque d’insuffisance rénale.
après administration d’un chélateur qui mobilise le plomb stocké dans l’os, soit
par la mesure in vivo du plomb osseux tibial par fluorescence aux rayons x.
Le traitement associe le retrait immédiat de l’exposition à l’administration de
chélateurs tels que l’E.D.T.A. calcique.
3-2-2 Le cadmium :
Le cadmium est un métal étroitement lié au zinc et au plomb. Il est
principalement utilisé ainsi que ses sels dans la fabrication d’accumulateurs au
nickel –cadmium, de stabilisant et de pigments, le traitement de surfaces
(cadmiage) et la préparation d’alliages métallique.
L’alimentation et le tabac constituent les principales sources d’exposition au
cadmium dans la population générale.
Le cadmium pénètre dans l’organisme par voie respiratoire ou digestive, il
s’accumule dans le foie et le rein qui fixent de 40 à50% du cadmium absorbé.
Son élimination est très lente par voie urinaire avec une demi-vie estimée à une
trentaine d’année.
Le rein est le principal organe cible du cadmium.
Il provoque une tubulopathie proximale qui se manifeste par :
Une protéinurie de faible poids moléculaire parfois associé à un syndrome de
Fanconi.
Des lésions osseuses à type d’ostéomalacie et des lithiases rénales ont été
décrites chez des travailleurs fortement exposés.
Des études transversales menées en milieu professionnel ont clairement montré
l’existence d’une relation dose- effet entre l’exposition cumulée au cadmium et
la survenue d’une protéinurie.
Après 10 ans d’exposition au cadmium à des niveaux de l’ordre de 25à 50
µg/m3, environ 10% des travailleurs développeraient une protéinurie.
La néphropathie avec protéinurie et l’ostéomalacie provoquées par le cadmium
sont indemnisées par le tableau no60 des tableaux de maladies professionnelle
indemnisables.
14
3-2-3 Le mercure :
Le mercure est principalement utilisé dans la production de chlore ainsi que dans
l’industrie électrique, la fabrication d’instruments de précision et la préparation
d’amalgames en dentisterie.
Les dérivés organiques du mercure sont utilisés dans l’agriculture comme
insecticides ou fongicides.
En milieu professionnel le mercure métallique et ses dérivés organiques
pénètrent dans l’organisme principalement par inhalation de vapeurs. La
pénétration percutanée est possible de façon accidentelle par contact directe
après une blessure.
- En intoxication aiguë :
Exceptionnelle en milieu industriel, mais elle peut survenir par :
-inhalation de vapeurs de mercure en cas de contamination accidentelle
d’espaces mal ventilés…
-ingestion de larges quantités de composés mercuriels accidentelle ou suicidaire.
3-2-4 L’uranium :
L’uranium est un métal lourd radioactif, essentiellement utilisé comme
combustible dans les réacteurs nucléaires, il est également utilisé dans les
peintures fluorescentes.
- L’intoxication chronique :
Aucun cas n’a été rapporté chez lez travailleurs exposés.
Toutefois une étude de type cas témoins a rapporté une augmentation des
anomalies fonctionnelles tubulaires (protéinurie tubulaire et une aminoacidurie)
chez 39 travailleurs d’une usine d’uranium comparés à des témoins ;
3-2-5 Le chrome :
Les dérivés trivalents et hexavalents du chrome s’accumulent dans le tube
proximal.
-Intoxication chronique :
La toxicité rénale à long terme des composés du chrome a été peu étudiée.
Un cas de néphrite tubulaire interstitielle chronique a été rapporté chez un
coupeur d’acier inoxydable.
Dans une étude cas témoins, l’exposition au chrome a été associée à un risque
accru d’insuffisance rénale chronique.
3-2-6 L’arsenic :
L’arsenic existe à l’état d’impureté dans beaucoup de minerais, le cuivre, le
plomb, le zinc, l’étain et l’or dont il est un produit secondaire.
Il est essentiellement utilisé dans la fabrication d’insecticides, d’herbicides et
de fongicides, dans l’industrie des colorants arsenicaux, dans l’industrie du verre
…
Intoxication aiguë :
L’arsenic peut provoquer une insuffisance rénale aiguë avec nécrose tubulaire
Par mécanisme néphrotoxique direct, ou par néphrotoxicité indirecte
conséquences des troubles hydro électrolytiques (diarrhée arsenicale) et une
insuffisance cardio-circulatoire.
L’hydrogène arsénié agit par le biais d’une hémolyse massive.
16
Des cas de nécrose tubulaire aiguë ont été rapportés avec d’autres solvants
chlorés, tels que le chlorure de méthylène le 1,2 dichloropropane.
La toxicité rénale de ces composés chlorés serait potentialisée par l’alcool et
divers solvants oxygénés dont l’acétone.
En intoxication aiguë :
Insuffisance rénale par effet toxique direct avec nécrose tubulaire et une
insuffisance rénale fonctionnelle (importantes pertes digestives).
18
3-2-9 La silice :
4- La prévention :
La prévention des néphropathies est essentiellement celle de leurs étiologies.
Les causes toxiques viennent en tête.
B- Analyse d’urine :
En pratique on utilise des bandelettes multi réactives pour un repérage de base
d’une atteinte rénale à la recherche :
- d’une protéinurie (supérieur à 100mg/l) ;
- hématurie microscopique,
- glycosurie.
La présence de protéines de haut poids moléculaire (PM ≥ 69000 Da) dans les
urines témoigne d’une altération du filtre glomérulaire quel qu’en soit le
mécanisme. Les protéines les plus fréquemment dosées dans l’urine sont
l’albumine, la transferrine et l’Ig G.
Le développement de méthodes de dosage très sensible (radio immunologiques
ou immuno-enzymatiques) a permis d’abaisser le seuil de détection de
l’albumine à 0,1 mg /l, ce qui définit la micro albuminurie.
Une micro albuminurie persistante à 30mg /24 h (normale = 20mg/24 h ou 10 à
15 mg/l) peut être le signe d’une manifestation précoce d’atteinte glomérulaire.
Le dosage de la protéinurie de haut poids moléculaire ou de la micro
albuminurie a peut d’importance dans le cas de l’exposition aux toxiques car la
toxicité glomérulaire est rare.
-2) Enzymurie :
L’excrétion urinaire des enzymes augmente lorsque les cellules tubulaires sont
lésées.
Le dosage enzymatique le plus utilisé en raison de stabilité et l’existence de
méthodes de dosage automatisée, concerne le dosage de la β-N- acétyl
glucosaminidase (NAG).
Elle a deux principales iso enzymes :
- la NAG-A : considérée comme la forme fonctionnelle, témoin d’un turn over
cellulaire,
- la NAG-B : considérée comme témoin d’une atteinte lésionnelle.
l’intérêt des marqueurs rénaux précoces doit être discuté selon que l’on envisage
leur utilisation au niveau collectif, pour la détection de groupes à risque et/ou la
détermination de valeurs limites d’exposition ,ou au niveau individuel , pour
améliorer la surveillance médicale de travailleurs exposés à des substances
néphrotoxiques .
Au niveau individuel :
Dans la surveillance médicale de sujets exposés en milieu professionnel ; ces
marqueurs sont peu utilisés, car :
- la valeur prédictive des marqueurs, c'est-à-dire leur capacité à détecter les
sujets à risque de développer une insuffisance rénale à long terme est mal
connue,
-il existe très peu de substances pour lesquelles une relation causale a été
formellement établie entre une exposition au niveau professionnel et un
accroissement du risque d’insuffisance rénale.
Ceci ne concerne que le plomb et le cadmium, d’où la ^proposition d’associer à
la surveillance biologique du niveau d’exposition la mesure d’un ou deux
marqueurs tubulaires : la NAG et la RBP ou l’α -1 micro globuline.
22
5- Bibliographie :