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Erbes-Seguin Sabine. Madeleine Grawitz, Méthodes des sciences sociales, 1993. In: Sociologie du travail, 36ᵉ année n°4,
Octobre-décembre 1994. Travail et cognition. pp. 617-618;
https://www.persee.fr/doc/sotra_0038-0296_1994_num_36_4_2199_t1_0617_0000_1
Comptes rendus
tive des problèmes, ainsi que les rapports l'analyse. Quant à l'analyse des techniques,
interindividuels. Par ailleurs, et rien elle est à soi seul un ouvrage extrême¬
d'étonnant à cela, étant donné le titre ment précieux, précis, documenté, rempli
même du livre, elle se préoccupe beaucoup d'exemples clairs, brefs, un grand classique
plus de saisir les aspects méthodologiques en langue française.
généraux présents dans les approches dis¬ Sabine Erbes-Seguin
ciplinaires que la place et le rôle de cel¬ Groupe de recherche et d'analyse du
les-ci dans l'évolution sociale. On en don¬ social et de la sociabilité - GRASS
nera un exemple emprunté à l'analyse de IRESCO, 59-61, rue Pouchet, 75849 Paris Cedex 17
la sociologie. Parlant de l'importance de
Durkheim, elle l'attribue surtout au fait 1 . C.H. Cuin, F. Gresle, Histoire de la sociologie, tome
1, Avant 1918, Paris, la Découverte, coll. Repères, 1992.
qu'il fut le premier à élaborer une méthode
scientifique, mais il « n'en reste pas moins,
avant tout, un philosophe et un moraliste »
(p. 81), un «utopiste», comme Saint Claude Giraud, (1993), «L'action
Simon, Comte et Marx écrit-elle ailleurs commune», Paris, L'Harmattan, 270p.
(p. 73). Par contraste, une histoire récente
de la sociologie 1 fait de Durkheim le véri¬ Le dernier livre de Claude Giraud se pré¬
table fondateur de la sociologie française, sente comme un essai sur « les dynamiques
pour avoir su imposer et institutionnaliser organisationnelles ». Il est vrai que
la discipline et son enseignement, en la l'ouvrage, par le champ des problèmes cou¬
présentant comme «une théorie englo¬ verts, risque au premier abord d'apparaître
bante, susceptible d'intégrer et de systéma¬ comme un rapide survol : il n'y est pas
tiser les faits sociaux mieux que ne sau¬ moins question que de la nature des organi¬
raient le faire les autres disciplines » sations, de leurs rapports avec le champ
(p. 64). Il y a donc, dans la présentation social, des dynamiques sociales de l'action
que fait M. G. de la sociologie, un certain commune et du gouvernement des organi¬
aplatissement, un manque de mise en pers¬ sations. La facture reste classique, tant par
pective de l'histoire de la sociologie et des les débats réouverts que par le langage, sou¬
sociologues. Cela dit, l'auteur fait preuve vent difficile, qui emprunte à la philosophie
d'une remarquable connaissance de la dis¬ et à la psycho-sociologie presque autant
cipline et même de certains de ses travers, qu'à la sociologie, mais dont l'inspiration
lorsqu'elle se fait, par exemple, «sociolo¬ reste toutefois clairement celle du para¬
gie de l'instant», ce qui lui paraît relever digme individualiste méthodologiste.
« de la poésie plus que de la sociologie » Mais, ces réserves faites, ce livre délibé¬
(p. 142). rément théorique, nourri des plus récents
développements de la sociologie des orga¬
Cependant, l'objectif de l'ouvrage n'est nisations américaine, a l'immense mérite de
pas de faire l'histoire des disciplines, mais s'attaquer au monopole de l'interprétation
d'en analyser les méthodes et techniques. A que s'est arrogé, depuis une vingtaine
cet égard, et devant « l'extrême désordre qui d'années en France, le courant de l'analyse
règne dans le domaine des méthodes » stratégique initié par Michel Crozier. Même
(p. 301), M. Grawitz nous offre de nom¬ si la critique est toujours respectueuse, le
breuses armes pour comprendre « la logique propos est annoncé sans ambiguïté dès la
de la recherche », ses étapes, la construction préface : « Le modèle de l 'acteur stratégique
de l'objet, les conditions de validité de ne semble plus être le seul pertinent pour
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