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Pro-Cible

Vulgarisation de l’information
juridique

Cadre conceptuel
de la législation du
Travail en Algérie
1909 à 2023
Avec plus de 150 références juridiques

Septembre 2023
Cadre conceptuel de la législation
sociale en Algérie

Au tout début du siècle dernier deux faits majeurs ont marqué l’histoire de la
législation du travail en Algérie. Il s’agit en 1909 de l’application à l’Algérie de la
législation du travail française et la création du service de l’Inspection du Travail par
l’article 7 du décret du 05 janvier de la même année.

Mais c’est à partir de 1915 que la majeure partie des dispositions de la législation du
travail française fut étendue à l’Algérie avec certaines modifications. Le premier
décret étant celui du 19 janvier 1915 rendant exécutoires en Algérie, les dispositions
du livre I du code français du travail et de la prévoyance sociale, le second étant celui
du décret n° 192 du 15 janvier 1921 portant application à l’Algérie du livre II du code
français du travail et de la prévoyance sociale sous quelques réserves énumérées. 1

Les réserves apportées aux textes étendus à l’Algérie ne portaient pas uniquement
sur le respect de quelques spécificités liées à la nature du monde du travail en
Algérie prévalant à cette époque, mais ces réserves portaient dans leur substance le
caractère discriminatoire et la volonté d’appliquer la politique du compte-gouttes
selon le degré des soulèvements et les revendications résultants du ras le bol des
conditions que subissaient les population en général et les ouvriers Algériens en
particulier. Ces derniers n’avaient le droit qu’aux emplois les plus dures ne trouvant
pas preneur et bon marché.

Je n’ai pas la prétention de donner l’historique du mouvement syndical algérien, mais


la réalité réside principalement et au premier rang dans ce mouvement des luttes
ouvrières et leur prolongement politique qui a conduit à la prise de conscience dès le
début du siècle dernier et l’aboutissement en 1962 à l’indépendance de notre
pays…n’est-il pas ce poids du colonialisme et ses conséquences sociales ?…ne
sont-ils pas les conditions de travail, les salaires dérisoires, la discrimination dans le
travail dans tous secteurs confondus qui ont aboutis aux plus grandes luttes
revendicatives et l’adhésion en masse des travailleurs algériens dans les syndicats
menant en leurs seins un combat éminemment national. La lutte du mouvement
ouvrier algérien était nettement bénéfique pour l’Algérie.

Il faut distinguer deux périodes cruciales dans l’évolution de la législation du travail


en Algérie d’avant 1962. La première s’étale de l’an 1900 jusqu'à la promulgation de
la loi portant statut organique de l'Algérie consacrant la déconcentration des pouvoirs
de la France coloniale à l'Algérie en 1947. La loi fut débattue par l'assemblée

1
Décret n° 192 du 15 janvier 1921- Bulletin officiel du Gouverneur Général de l’Algérie n° 2494 de
l’année 1921. P 192.
nationale métropolitaine dans un contexte de refonte constitutionnelle, de
revendications nationalistes et des prémices de la guerre d'Algérie. 2

Cette première période se caractérisait par l’extension à l’Algérie de la législation du


travail française avec certaines modifications. Les premiers textes concernaient
notamment les travaux interdits aux femmes et aux enfants, l’introduction du repos
hebdomadaire en 1927, l’extension de l’application des dispositions en matière
d’hygiène et de sécurité en 1935, le régime des heures supplémentaires en 1937, le
livre de paye en 1941 et la sécurité des ouvriers mineurs en 1946.

La deuxième période qui s’étale de 1947 jusqu'à l’indépendance du pays en 1962,


peut être scindée en deux phases distinctes : La première étant celle allant jusqu’en
1956 et caractérisée par le déclenchement de la révolution algérienne en 1954 et la
dissolution de l'assemblée algérienne en 1956. Cette phase est marquée par une
timide prise en charge, sur le plan législatif, des préoccupations du monde du travail
avec l’introduction des dispositions relatives aux conditions d’application à l’Algérie
des conventions collectives du travail en 1947,3 l’organisation d’un système de
sécurité sociale en 1949,4 les dispositions de prévention contre les risques
d’exposition et manipulation entre 1950 et 1953 et l’institution pour la première fois
en Algérie d’un organisme de prévention du bâtiment et des travaux publics en
1954.5

La deuxième et dernière phase est celle qui s’étale à l’indépendance du pays. Elle
est caractérisée tout d’abord par quelques textes édités à l’exemple des tentatives de
récupération par les autorités coloniales à travers les revalorisations salariales,
absorbées par la cadence des événements et rappelant le soutien indéfectible des
ouvriers algériens à la cause nationale, qui portait désormais non seulement une
dimension de lutte sociale mais aussi de lutte politique et commença alors, les
déclenchements quasi-répétitifs des grèves et arrêts de travail et la paralysie quasi-
totale des activités, poussant dans beaucoup de cas par la répression, les ouvriers
algériens à quitter les lieux de travail et répondre à l’appel de la marche de l'Algérie
vers l'indépendance.

Après avoir acquis son indépendance, l’Algérie a donc hérité un lourd fardeau et
c’est à partir de cette situation que notre pays a procédé graduellement à supprimer
toute empreinte d’une dépendance à la France et d’imposer «une législation

2
Loi n° 47-1853 du 20 septembre 1947 portant statut organique de l'Algérie. JORF du 21 septembre
1947. Page 9470.
3
Décret du 17 septembre 1947, relatif aux conditions d’application à l’Algérie de la loi du 23
décembre 1946 concernant les conventions collectives du travail. Code algérien du travail et de la
prévoyance sociale. Mise à jour n°5 du 01 avril 1950. P 35.
4
Arrêté du 10 juin 1949, rendant exécutoire la décision n° 49-045 de l’Assemblée Algérienne relative
à l’organisation d’un système de sécurité sociale en Algérie. JOA de l’année 1949. P 740.
5
Arrêté du 02 septembre 1954, relatif à l’institution en Algérie d’un organisme professionnel de
prévention du bâtiment et des travaux publics. JOA n° 73 de 1954. P 861.
algérienne, nationale et authentique». En 1962, faute d’une législation algérienne
qu’on n’avait pas le temps d’écrire, il a été procédé tout d’abord à la reconduction de
toute la législation antérieure à l’indépendance sauf dans ses dispositions contraires
à la souveraineté nationale, intérieure et extérieure de l’Etat algérien, ou d’inspiration
coloniale ou de nature discriminatoire. 6

Dans son exposé des motifs, la 1ère session de l'Assemblée Nationale Constituante
notait que «Les circonstances n'ont pas encore permis de doter le pays d'une
législation conforme à ses besoins et à ses aspirations. Mais il n'est pas possible de
laisser le pays sans loi. C'est pourquoi, il y a lieu de reconduire la législation en
vigueur au 31 décembre 1962, sauf dans ses dispositions contraires à la
souveraineté nationale algérienne jusqu'à ce que l'assemblée nationale puisse
donner au pays une législation nouvelle».

Bien avant cette reconduction et pour réaffirmer l’encouragement de la qualification


et la valorisation du travail, condition sine qua non pour la propulsion d’un pays
jeune, les premières instances de l’Algérie indépendante ont promulgué le premier
texte portant création de l’office national de la main-d'œuvre (O.N.A.M.O), ayant pour
mission de mener à bien la politique du gouvernement pour tout ce qui touche la
main-d’œuvre, notamment de promouvoir une politique rationnelle de placement des
travailleurs, d'étudier l'important problème de l'émigration des travailleurs à l'étranger
et de rappeler, si besoin était, les cadres nécessaires à la bonne marche de l'activité
économique nationale sans perdre de vue la mission de veiller aux intérêts moraux et
matériels de ces travailleurs, de favoriser leur promotion sociale et d'assurer
l'exécution des mesures préconisées dans le cadre d'une politique de prévention des
accidents du travail et des maladies professionnelles.7

Cet organisme avait l’exclusivité du placement des travailleurs, que ces derniers
tenus de s'inscrire à ses services les plus proches. Les mairies, acteurs principaux
dans les nouvelles orientations de l’après indépendance, étaient tenues de
contribuer dans cette nouvelle politique de placement en assurant le relai des
services de l’ONAMO pour les régions où son implantation était inexistante d’un coté
et de l’autre, tout employeur ou chef d'établissement étaient tenus de notifier aux
services de main-d'œuvre ou à défaut à ces mairies, tout emploi vacant dans son

6
Loi n° 62-157 du 31 décembre 1962 portant reconduction de la législation sauf dans ses
dispositions contraires à la souveraineté nationale. JORA n° 02 du 11 janvier 1963. P 18.
7
Décret n° 62-99 du 29 novembre 1962 portant création de l'office national de la main-d'œuvre
(O.N.A.M.O). JORA n°906 du 30/11/1962. Page 76.
entreprise.8 Ces dispositions relatives au contrôle de l'emploi furent étendues, une
année après à tout le territoire national par l’arrêté du 8 août 1963. 9

Le deuxième fait majeur, caractérisant l’évolution de la législation du travail de


l’Algérie est la ratification, trois mois seulement après l’indépendance, précisément le
19 octobre 1962,10 de 47 Conventions Internationales de l’Organisation
Internationale du Travail (OIT), dont déjà à l’époque, six (06) des huit (08)
Conventions dites fondamentales, deux (02) sur les quatre (04) Conventions de
gouvernance dites prioritaires et 39 sur les 177 Conventions techniques. Ces
conventions ratifiées constitueront au plus tard le socle sur lequel repose les lois
sociales en Algérie et constitueront une source importante du droit du travail algérien.

Des balbutiements et une recherche tout azimut caractérisaient le climat de


réorganisation du monde du travail dans les premières années de souveraineté, c’est
normal pour un jeune pays en quête de remédier à une situation héritée après plus
de 130 années de colonisation. Notre pays se trouvait alors confronté à un triple
problème, il s’agit du départ en masse des corps de soutien…, les entreprises se
voient dépourvus de gestionnaires en plus de leur situation financière précaire,…
s’ajoutait à cela une situation de précarité dans l’emploi jamais égalée due
notamment aux déplacements des populations causant des situations qu’on ne
pourrait qualifiées que de désastres (chômage, pauvreté, …).

Les premières tentatives concernaient deux points essentiels des conditions de


travail. Il s’agit de relèvements successifs des salaires les plus bas et la garantie d’un
minimum vital à travers la recherche d’un salaire, d'abord répondant aux exigences
minimums sociales et la révision graduelle du système de rémunération dans
l’optique d’une mobilisation plus accrue de l’ensemble des travailleurs et leurs
intégration dans les circuits actifs d’une économie faisant ses premiers pas. Le
deuxième point important indissociable, concernait la réorganisation du système de
sécurité sociale, par l’abrogation de quelques dispositions relatives à l'organisation
de ce système en Algérie introduites en 1949.11

8
Décret n° 63-153 du 25 avril 1963 relatif au contrôle de l'emploi et au placement des travailleurs.
JORA n°27 du 03/05/1963. Page 407.
9
Arrêté du 8 août 1963 portant extension des dispositions du décret n° 63-153 du 25 avril 1963
relatif au contrôle de l'emploi et au placement des travailleurs. JORA n°62 du 03/09/1963. Page
875.
10
Décret n° 63-109 du 6 avril 1963 portant publication d'accords entre certaines Organisations
internationales et le Gouvernement de la République algérienne démocratique et populaire. JORA
n°21 du 12/04/1963. Page 330.
11
Arrêté du 10 juin 1950 rendant exécutoire la décision n° 49-045 de l’assemblée Algérienne
relative à l’organisation d’un système de sécurité sociale en Algérie. Journal officiel de l’Algérie
(JOA) n° 47 du 10 juin 1949. P 540.
L’année 1964, et en plus de la création de l’institut national de la santé publique, 12 a
vu également la création de la caisse nationale de sécurité sociale chargée entre
autre de la prévention des maladies pouvant conduire à l'invalidité et de la mise en
œuvre de toutes mesures destinées à assurer la réadaptation des handicapés, de la
conclusion de conventions nationales, du versement de frais accessoires et frais de
séjour dus aux praticiens, aux auxiliaires médicaux et aux établissements de soins,
et plus important, l'attribution d'un numéro d'immatriculation aux assurés sociaux. 13
Une caisse interpelée par la suite et à chaque occasion dans tout le processus lié à
l’organisation de la santé et la sécurité sociale en Algérie poste indépendance en
général, et dans la prévention et la réparation liées aux accidents de travail et aux
maladies professionnelles en particulier.

Cet enchainement d’événements aboutit à la révision de l’organisation de


l’administration du ministère chargé du travail en adaptant son fonctionnement aux
exigences nouvelles du monde du travail et en lui conférant plus de responsabilités,
de missions et d’attributions liées notamment aux questions relatives aux conditions
de travail (contrats, durée de travail, salaires, congés, hygiène et sécurité etc.), aux
syndicats professionnels, à la représentation des travailleurs au sein de l'entreprise,
à la médecine du travail, à l'emploi (contrôle de l’emploi, placement, chômage,
mouvements de main-d'œuvre, main-d'œuvre étrangère etc.) et à la politique de
formation professionnelle des adultes. Il était chargé également d’assurer la mise sur
pied d'un programme d'éducation ouvrière tendant à la promotion sociale des
travailleurs.14Cette réorganisation de l’administration du ministère du travail a été vite
complétée trois mois après, par l’introduction d’une disposition mettant sous sa
tutelle les services de sécurité sociale.15

Autre point essentiel dans l’accompagnement du processus des réformes liées au


monde du travail est la réforme de la fonction publique, qui n'étant pratiquement
ouverte qu'aux français avant l'indépendance, bénéficiant d’un statut particulier,
aménagé dans certains cas en fonction des contingences politiques. Ce secteur
comme d’autres à été bouleversé dès l'accession de notre pays à l'indépendance
faute de temps, de candidats et du niveau d'instruction requis permettant de faire
fonctionner normalement les services.

Cette situation présentait alors un double aspect : instabilité juridique d'une part et
instabilité fonctionnelle d'autre part, d’où l’urgence d'y mettre fin en organisant des
structures administratives valables et en formant aussi bien et autant que possible

12
Décret n° 64-110 du 10 avril 1964 portant création et statut de l’institut national de santé publique.
JORA n°35 du 28/04/1964. P 509.
13
Décret n° 64-364 du 31 décembre 1964 portant création d'une caisse nationale de sécurité
sociale. JORA n°3 du 08/01/1965. P 18.
14
Décret n° 65-145 du 3 mai 1965 portant organisation d'un ministère du travail. JORA n°40 du
11/05/1965. Page 511.
15
Décret n° 65-216 du 23 août 1965 portant organisation de l'administration centrale du ministère
du travail et des affaires sociales. JORA n°71 du 27/08/1965. Page 787.
les cadres chargés de les animer. Ainsi, un texte fondateur portant statut général de
la fonction publique a été adopté, fixant les principes fondamentaux qui, d’une part
affermissaient les droits et les devoirs attachés à la qualité de fonctionnaire, et
d'autre part, déterminaient toutes les modalités de recrutement.16

Ce texte portant statut général de la fonction publique s’est soldé par d’autres textes
d’application consolidant les principes de son adoption notamment par l’institution
des échelles de rémunération des corps de fonctionnaires et par l’organisation des
carrières de ses fonctionnaires,17 le classement des groupes hors échelles et la
fixation de la valeur du point indiciaire.18

Après la réforme de l’administration du travail et celle de la fonction publique, le


temps était venu pour se pencher sur la question de veiller à l’application de la
législation et de la réglementation du travail. A ce titre et juste après avoir procédé en
mai 1966 à la ratification d'amendements à la constitution de l'Organisation
internationale du travail et conformément aux directives de la convention
internationale n° 81 sur l'inspection du travail ratifiée par l’Algérie, une réorganisation
de l’inspection du travail s’imposait plus que jamais. Et pour cela il a été procédé en
premier à l’unification de la tutelle des corps de contrôle dans le domaine de la
législation et la réglementation du travail, devenus désormais sous la tutelle
exclusive du ministère du travail et le corps de l'inspection du travail et de la main-
d'œuvre prend alors le nom d'inspection du travail, devenue seule habilitée à veiller à
l’application de la législation et de la réglementation du travail dans toutes les
entreprises quel qu'en soit l'objet ou la forme juridique, à l'exception de celles dont le
personnel est soumis au statut général de la fonction publique. 19

Cette réforme graduelle des services de l’inspection du travail a abouti à l’adoption


du tout premier statut particulier des inspecteurs du travail, encadrant ainsi leurs
missions et attributions et fixant leurs positions statutaires et la rémunération

16
Ordonnance n° 66-133 du 2 juin 1966 portant statut général de la fonction publique. JORA n°46
du 08/06/1966. Page 426.
17
Décret n° 66-137 du 2 juin 1966 instituant les échelles de rémunération des corps de
fonctionnaire et organisant les carrières de ces fonctionnaires. JORA n°46 du 08/06/1966. Page
438.
18
Décret n° 66-139 du 2 juin 1966 fixant la valeur du point indiciaire. JORA n°46 du 08/06/1966.
Page 443.
19
Décret n° 67-60 du 27 mars 1967 relatif aux attributions du corps de l'inspection du travail et de la
main-d'œuvre. JORA n°28 du 04/04/1967. Page 278.
correspondante,20 et conférant par là même l'enquête sur les accidents du travail21
aux contrôleurs du travail et des affaires sociales.22

La fin des années 60 s’est soldée également par la ratification d’une série de
conventions de l’Organisation Internationale du travail à savoir :

 la convention Internationale n° 105 concernant l'abolition du travail forcé,


adaptée le 25 juin 1957. 23

 la convention Internationale n° 111 concernant la discrimination en matière


d'emploi et de profession, adoptée le 25 juin 1958. 24

 la Convention Internationale (n° 119) sur la protection des machines adoptée le


25 juin 1963. 25

 la Convention Internationale (n° 120) sur l'hygiène (commerce et bureaux),


adoptée le 08 juillet 1964. 26

 la Convention Internationale n° 122 concernant la politique de l'emploi, adoptée


le 9 juillet 1964. 27

20
Décret n° 68-366 du 30 mai 1968 portant statut particulier des inspecteurs du travail et des
affaires sociales. JORA n°44 du 31/05/1968. Page 685.
21
Article 15 de l’ordonnance n° 66-183 du 21 juin 1966 portant réparation des accidents du travail et
des maladies professionnelles. JORA n°55 du 28/06/1966. Page 626.
22
Décision du 9 octobre 1969 portant attribution d'enquête aux contrôleurs du travail et des affaires
sociales. JORA n°101 du 02/12/1969. Page 1157.
23
Ordonnance n° 69-30 du 22 mai 1969 portant ratification de la convention n° 105 concernant
l'abolition du travail forcé, adaptée le 25 juin 1957 par la conférence générale de l'Organisation
internationale du travail en sa quarantième session. JORA n°49 du 06/06/1969. Page 450.
24
Ordonnance n° 69-31 du 22 mai 1969 portant ratification de la convention n° 111 concernant la
discrimination en matière d'emploi et de profession, adoptée le 25 juin 1958 par la conférence
générale de l'Organisation internationale du travail, en sa quarante-deuxième session. JORA n°49
du 06/06/1969. Page 451.
25
Ordonnance n° 69-42 du 3 juin 1969 portant ratification de la convention n° 119 concernant la
protection des machines, adoptée le 25 juin 1963 par la conférence générale de l'Organisation
internationale du travail, en sa quarante-septième session tenue à Genève. JORA n° 52 du
17/06/1969. P 520.
26
Ordonnance n° 69-43 du 3 juin 1969 portant ratification de la convention n° 120 concernant
l'hygiène dans le commerce et les bureaux, adoptée le 8 juillet 1964 par la conférence générale de
l'Organisation internationale du travail, en sa quarante-huitième session tenue à Genève. JORA n°
56 du 01/07/1969. P 538.
27
Ordonnance n° 69-44 du 3 juin 1969 portant ratification de la convention n° 122 concernant la
politique de l'emploi, adoptée le 9 juillet 1964 par la conférence générale de l'Organisation
internationale du travail, en sa quarante-huitième session tenue à Genève. JORA n°59 du
11/07/1969. Page 626.
 la Convention Internationale (n° 127) sur le poids maximum, des charges
pouvant être transportées par un seul travailleur, adoptée le 28 juin 1967. 28

Par ailleurs, est intervenue la ratification de la charte arabe du travail et de la


constitution de l'Organisation arabe du travail, adoptées au Caire le 21 mars 1965
par le conseil de la ligue arabe, en sa quarante-troisième session ordinaire. 29

Cette série de ratifications qui s’ajoutent aux instruments ratifiés à l’aube de


l’indépendance de notre pays, a consolidé la réorganisation des relations régissant le
monde du travail en général en donnant les instruments nécessaires qui inspireront
le législateur algérien vingt (20) ans après, dans la conception du dispositif législatif
et règlementaire instituant les lois sociales de 1990 et conforté l’attachement de notre
pays aux principes universels régissant les relations internationales, à savoir le
respect des engagements de la communauté mondiale dont l’Algérie est désormais
partie prenante.

Les années 70 se sont amorcées par un processus de construction des bases


matérielles du socialisme édicté par les dispositions de la révolution agraire 30 et de la
charte de l'organisation socialiste des entreprises.31 Un ordre nouveau régi par un
système de planification que l'Algérie a entamé désormais, marquant ainsi « une
étape déterminante de l'édification révolutionnaire ». Selon cette charte, ce nouvel
ordre « rétabli pleinement le pouvoir des travailleurs, en leur restituant leurs droits et
responsabilités, leur promotion » et vise à « éliminer les nombreuses contraintes
telles que les disparités régionales, les inégalités de revenus, l'ampleur du chômage
et du sous-emploi, la faiblesse de l'encadrement ainsi que le non-respect des droits
des travailleurs dans de nombreux secteurs économiques.»

Cette nouvelle option réaffirme les principes fondamentaux de justice sociale et de


l’équivalence des rémunérations en rapport avec l’équivalence du travail fourni à
savoir : « A travail égal, salaire égal » et « De chacun selon ses capacités et à
chacun selon son travail » et les principes universels de protection sociale des
travailleurs et la suppression des disparités.

28
Ordonnance n° 69-45 du 3 juin 1969 portant ratification de la convention n° 127 concernant le
poids maximum des charges pouvant être transportées par un seul travailleur, adoptée le 28 juin
1967 par la conférence générale de l'Organisation internationale du travail, en sa cinquante-et-
unième session tenue à Genève. JORA n° 59 du 11/07/1969. P 562.
29
Ordonnance n° 69-84 du 21 octobre 1969 portant ratification de la charte arabe du travail et de la
constitution de l'Organisation arabe du travail, adoptées au Caire le 21 mars 1965 par le conseil de
la Ligue arabe, en sa quarante-troisième session ordinaire. JORA n°97 du 18/11/1969. P 1106.
30
Ordonnance n° 71-73 du 8 novembre 1971 portant Révolution agraire. JORA n°97 du 30/11/1971.
Page 1281. Voir aussi la charte de l'organisation socialiste des entreprises. JORA n°101 du
13/12/1971. Page 1346.
31
Ordonnance n° 71-74 du 16 novembre 1971 relative à la gestion socialiste des entreprises. JORA
n°101 du 13/12/1971. Page 1350.
Le secteur privé, secteur reconnu et intégré dans la nouvelle organisation sociale,
avait fait lui aussi l’objet d’un encadrement des rapports collectifs de travail,32 une
meilleure clarté dans les rapports individuels du travail, la formation professionnelle
et règlementation de l'emploi, la rémunération des travailleurs et les conditions
générales de travail.33

Ces transformations ont contribué dans la même année à la création, et pour la


première fois dans l’histoire de l’Algérie indépendante d’un organisme spécialisé
ayant pour mission d'entreprendre toutes activités concernant l'hygiène et la sécurité
dans le travail, il s’agit de l’institut national d'hygiène et de sécurité (INHS).34 Cet
institut doté plus tard d’une unité de recherche en hygiène et sécurité industrielle,
avait pour mission notamment d'effectuer toutes études techniques, scientifiques et
d'encourager tous travaux de recherches, de procéder à des essais et à des
expériences, de centraliser et de mettre à jour toutes informations et documentation
se rapportant aux recherches effectuées dans le domaine de l'hygiène et de la
sécurité des travailleurs et d'en assurer leur publication, d'émettre des avis ou sur
toutes mesures à prendre d'ordre légal ou de toute autre nature et notamment en
matière d'homologation de machines et d'utilisation de substances dangereuses,
d'entreprendre toute action d'information sur les mesures et les méthodes de
prévention et enfin de promouvoir toute action de formation et de perfectionnement
en matière d'hygiène et de sécurité.

L’étendue de la législation au domaine de l’hygiène et sécurité interpellait la logique


de la réorganisation des services médicaux du travail opérée dans la même année
(1972), modifiant ainsi quelques dispositions en la matière encore en vigueur depuis
1957, sommant par la même les médecins du travail de préciser dans chaque cas
qui se présentait à leur niveau si les examens complémentaires ont été effectués
dans le cadre de la prévention des maladies professionnelles ou de la recherche des
états pathologiques. 35 Dans le même ordre d’idées, la réorganisation de la médecine
du travail s’imposait plus que jamais, et c’est ainsi que l’année 1974 a vu la création
d’un organisme national regroupant tous les services inter-entreprises de médecine
du travail (ONIMET).36

32
Ordonnance n° 71-75 du 16 novembre 1971 relative aux rapports collectifs de travail dans le
secteur privé. JORA n°101 du 13/12/1971. Page 1354.
33
Ordonnance n° 75-31 du 29 avril 1975 relative aux conditions générales de travail dans le secteur
privé. JORA n°39 du 16/05/1975. Page 431.
34
Ordonnance n° 72-29 du 7 juin 1972 portant création de l'institut national d'hygiène et de sécurité.
JORA n°49 du 20/06/1972. P 595.
35
Arrêté du 13 juillet 1972 complétant l'arrêté du 2 août 1957 relatif aux conditions d'organisation et
de fonctionnement des services médicaux du travail. JORA n°89 du 07/11/1972. P 1153.
36
Ordonnance n° 74-65 du 10 juin 1974 portant création de l'organisme national inter-entreprises de
médecine du travail (ONIMET). JORA n°49 du 18/06/1974. Page 551.
S’il l’on revient un peu en arrière, c’est le décret n° 56-1295 du 14 décembre 195637
qui en étendant à l’Algérie les dispositions de la loi française du 11 octobre 194638
aura introduit dans notre pays les règles et les principes d’organisation et de
fonctionnement de la médecine du travail, ouvrant ainsi la voie en 1957 à
l’organisation, pour la première fois, des services médicaux du travail. 39De
l’application de ces dispositions légales et règlementaires sont nées des associations
interprofessionnelles chargées de dispenser la médecine du travail. Il s’agit en
l’occurrence de : METRABAL-SEMTPAS-AMTA-AIBAMT (pour la région algéroise),
METRABATRO (pour la région oranaise), METRABO (pour la région d’Annaba),
SERMETRAP (pour le port de Skikda) METRAREC et SMETIC (pour la région
constantinoise).

Ces associations se caractérisaient principalement par un champ d’action limité à


certains secteurs d’activité (bâtiment et travaux publics – banques – commerce …) ;
une conception de la médecine du travail orientée vers le profit en sus d’un
fonctionnement entièrement indépendant marqué notamment par la diversité des
taux de cotisations. Une situation qui s’est prolongée jusqu’en mars 1971 date à
laquelle le gouvernement de l’époque avait procédé à leurs nationalisation 40et à leur
mise sous tutelle du ministère du travail et des affaires sociales et regroupées en un
service interentreprises de médecine du travail et placées sous l’autorité de
commissaires du gouvernement à Alger, Oran, Constantine, Skikda et Annaba.

Ce n’est qu’en juin 1974 que l’on parviendra donc au dépassement de cette situation
avec la promulgation donc de l’ordonnance n° 74-65 portant création de l'organisme
national inter-entreprises de médecine du travail (ONIMET), chargé de préserver la
santé du travailleur dans l’entreprise, d’éviter toute altération de l’état physique ou
moral de ce dernier en surveillant son adaptation au travail et en prévenant les
maladies professionnelles et les accidents du travail. L’ONIMET était également
chargé, en liaison avec les services et organismes ayant des collectivités identiques
d’effectuer des études et des recherches en vue d’écarter le risque professionnel,
d’entreprendre des recherches sur les applications de la physiologie du travail dans
l’entreprise, de diffuser les règles d’hygiène ainsi que les principes et les méthodes
de la médecine préventive et enfin d’établir les statistiques sur l’évolution des
accidents du travail et des maladies professionnelles. Cet organisme jusqu’en 1984,
dispensait la médecine du travail à tout organisme public ou privé affiliés qui

37
Décret n°56-1295 du 14 décembre 1956 extension a l'Algérie de la loi 46-2195 du 11-10-1946
relative a l'organisation des services médicaux du travail. JORF du 20 décembre 1956 page 12327.
38
Loi n°46-2195 du 11 octobre 1946 organisation des services médicaux du travail. JORF du 12
octobre 1946. page 8638.
39
Arrêté du 2 aout 1957 déterminant les conditions d’organisation et de fonctionnement des services
médicaux du travail. JOA n° 69 du 20 aout 1957. P 1855.
40
Arrêtés des 17 mars et 23 avril 1971 portant nomination de commissaires du Gouvernement.
JORA n°75 du 14/09/1971. Page 983.
contribuaient, à leur tour, par voies de cotisation au financement de ses dépenses
afférentes à l’activité de médecine du travail.

Dans le même sillage il a été procédé à l’introduction d’une manière obligatoire de la


commission d'hygiène et de sécurité au sein de l'entreprise ou de l'unité qui
s'assurait de l’application des normes réglementaires d'hygiène et de sécurité et
suggérait toutes améliorations jugées souhaitables. Elle avait en outre, un rôle de
formation du personnel en matière de prévention. 41

Après l’INHS et l’ONIMET, la législation du travail s’est renforcée par un institut de


formation référent dans les domaines se rapportant au monde du travail en
l’occurrence l’Institut National du Travail (INT) ayant pour missions notamment de
réaliser les études et enquêtes se rapportant aux relations socioprofessionnelles, aux
conditions générales de travail, à l'emploi, aux salaires et aux prix, à la
consommation des ménages, d'assister les organismes publics et les entreprises
dans l'élaboration et la mise en œuvre des règles édictées par la législation et la
réglementation du travail, d'assurer les actions de formation, de perfectionnement et
de recyclage dans le cadre des dispositions statutaires la régissant, la formation
complémentaire ou spécialisée et le perfectionnement des agents relevant du
ministère chargé du travail ainsi que leur recyclage, dans le cadre contractuel,
conformément à la réglementation en vigueur, le perfectionnement et le recyclage
des travailleurs des organismes publics et des entreprises et enfin promouvoir la
vulgarisation de la législation et de la réglementation du travail.

Un autre aspect essentiel marquant l’évolution de la législation du travail, est la


réglementation liée au salaire national minimum garanti. Après l’indépendance de
notre pays, et dans l’attente d’une mise en ordre pour l’installation de la commission
supérieure des conventions collectives, chargée d’étudier la composition d’un budget
type servant à la détermination du salaire minimum national interprofessionnel
garanti, il a été procédé pour la première fois et à titre exceptionnel à la majoration
du salaire minimum national interprofessionnel garanti prenant effet à compter du 1er
avril 1963. 42

En effet une autre notion se rapportant au salaire minimum a fait son apparition
durant la période coloniale et reconduite après l’indépendance du pays. Il s'agit du
salaire minimum agricole garanti (S.M.A.G) qui s'appliquait au secteur de l'agriculture
et qui a connu au fils des années plusieurs revalorisations puis son alignement sur

41
Décret n° 74-255 du 28 décembre 1974 fixant les modalités de constitution, les attributions et le
fonctionnement de la commission d'hygiène et de sécurité dans les entreprises socialistes. JORA
n°2 du 07/01/1975. Page 14.
42
Décret n° 63-159 du 25 Avril 1963. JORA n° 26 du 30 avril 1963. P 400. Complété par le décret n°
63-181 du 16 Mai 1963. JORA n°32 du Mardi 16 Mai 1963. P 512.
l’ensemble du territoire national supprimant ainsi le critère géographique aperçu
comme discriminatoire. 43

En 1974, et à la faveur de l’unification des zones de salaires et la loi relative au statut


général du travailleur (SGT), le salaire national minimum garanti (SNMG) a été
institué pour la première fois tout en unifiant tous les secteurs sans différenciation
garantissant ainsi à tous les travailleurs de l’un ou l’autre sexe, du secteur agricole
ou non agricole, public, privé ou autogéré, le même SNMG. 44

Un autre domaine liés étroitement au monde du travail a vu quant à lui naissance en


1975, il s’agit de l’apprentissage, un mode de formation qualifié par beaucoup
comme répondant le plus à la demande économique et sociale du pays et le moins
coûteux et le plus adapté aux besoins et à la réalité de l’entreprise prenant naissance
à partir de l'existence d'un poste de travail et se déroulant en milieu professionnel
réel. Sa particularité réside essentiellement dans l’implication partagée de deux
partenaires, dans la réalisation de l’acte de formation, à savoir, l’établissement de
formation professionnelle pour assurer la formation théorique et technologique
complémentaire et l’organisme employeur pour la formation pratique.

Durant les années précédant la promulgation de la loi sur l’apprentissage les


pouvoirs publics avaient déjà senti l’urgence de la mise en œuvre de mesures pour
faire face aux besoins de formation grandissant. L’ampleur de ces besoins et
l’insuffisance des structures de formation faisaient qu’il était impérieux d’identifier et
d’organiser de nouvelles formes de formation qui, non seulement augmenteraient les
capacités de prise en charge du système national de formation, mais qui
permettraient également l’utilisation rationnelle et optimale de toutes les potentialités
de formation que recélait l’économie nationale.

C’est l’ordonnance n° 75-31 du 21 Avril 1975, qui consacra pour la première fois, la
formation par apprentissage.45 Cette ordonnance, réglementant les rapports collectifs
de travail, a consacré un chapitre entier à l’apprentissage abrogeant ainsi toutes
réglementations en la matière héritée de la période coloniale. Cette ordonnance,
faut-il le signaler, présentait en matière d’apprentissage, des insuffisances liées
notamment au présalaire qui était fixé librement par les parties contractantes, aux
durées des formations trop longues car, non définies et enfin, la sanction de fin
d’apprentissage n’étant pas prévue…mais ce texte a eu le mérite de mettre les
premières bases pour la promulgation six (06) années plus tard en 1981 de la loi 81-
07 du 27 Juin 1981, relative à l’apprentissage en vigueur qui a connu une ascension

43
Arrêté du 08 juin 1964 du 14 juin 1963 Portant alignement du salaire minimum agricole garanti
dans les trois zones sur la zone I. JORA n° 51 du Mardi 23 juin 1964. P 709.
44
Ordonnance du 16 Janvier 1974 portant institution du salaire national minimum garanti (SNMG).
JORA n° 8 du 25 janvier 1974, p 58.
45
Ordonnance n° 75-31 du 29 avril 1975 relative aux conditions générales de travail dans le secteur
privé. JORA n° 39 du 16 mai 1975. P 431.
significative grâce d’une part à l'adhésion des employeurs et d’autre part
l’intéressement des jeunes candidats à la formation.46

Cette loi fait de l’apprentissage une obligation pour l’employeur y compris les artisans
travaillant seuls et qui représentait à la date de la promulgation de cette loi 70 % des
entreprises privées. Cette loi définit par ailleurs les objectifs de l’apprentissage en
son article 2, comme étant "un mode de formation, ayant pour but l’acquisition en
cours d’emploi, d’une qualification initiale reconnue, permettant l’exercice d’un métier
dans divers secteurs de l’activité économique liés à la production des biens et de
services. Par cette définition, le législateur a mis l’accent sur la formation pratique qui
représente au minimum 80% du volume horaire global de la formation assurée par
apprentissage, et l’entreprise apparait comme élément central, en tant que lieu
principal de déroulement de la formation.

Au fur et à mesure du développement de l’économie nationale et de ce mode de


formation, plusieurs textes sont intervenus pour améliorer ou amender certaines
dispositions de la loi de base et permettre ainsi de l’adapter à chacune des
évolutions du système, notamment l’extension de son champ d’application aux
établissements publics à caractère administratif (EPA), la mise en place d’un
dispositif de concertation avec les employeurs et les professionnels, la mise en place
du fonds national de développement de l’Apprentissage et de la formation continue
(FNAC), chargé de collecter la taxe d’apprentissage versée par les organismes
employeurs qui n’ont pas fait l’effort de placement des jeunes en apprentissage47 et
enfin l’extension de l’âge d’accès aux candidats ayant l’âge de 35 ans.

Les années 1970 se sont soldées par l’apparition du statut général du travailleur
(SGT), instituant des règles statutaires communes à tous les travailleurs assurant les
droits du travailleur ainsi que les devoirs auxquels il est soumis et ce, quel que soit le
secteur auquel il appartient. Ce statut constituant une plate-forme pour la
configuration future du monde du travail, régit les conditions et modalités de
recrutement, la durée du travail, les absences, les congés, le règlement intérieur, la
conciliation et les différents recours possibles ainsi la cessation de la relation de
travail, la définition et la cotation des postes de travail, la rémunération du travail, les
stimulants collectifs et participation aux résultats et enfin la formation et la protection
sociale.48

La législation régissant les conditions d'emploi des étrangers a eu son lot


d’encadrement au tout début des années 80, par la loi n° 81-10 relative aux
conditions d'emploi des travailleurs étrangers. Les dispositions concernant l’emploi

46
Loi n° 81-07 du 27 juin 1981 relative à l'apprentissage. JORA n°26 du 30/06/1981. Page 634.
47
Décret exécutif n° 98-355 du 20 Rajab 1419 correspondant au 10 novembre 1998 portant
création, organisation et fonctionnement du fonds national de développement de l'apprentissage et
de la formation continue. JORA n°84 du 11/11/1998. Page 15.
48
Loi n° 78-12 du 5 août 1978 relative au statut général du travailleur. JORA n°32 du 08/08/1978.
Page 532.
de la main-d’œuvre en Algérie trouvaient particulièrement leur raison d’être avec
l’installation dans le pays d’entreprises étrangères réalisant des projets pour le
compte de l’Etat. Cet arsenal législatif concernait aussi bien les secteurs
économiques publics que privés.49

Les années 80, étape charnière faisant de la sécurité sociale un facteur de progrès
social, un instrument privilégié de la politique de la solidarité nationale et une
condition inéluctable pour une solide construction du monde du travail, avec
l’affiliation obligatoire pour tous les travailleurs salariés et non-salariés ainsi que les
catégories particulières et comprenant toutes les branches de la sécurité sociale
prévues par les conventions internationales.

Ce système national de sécurité sociale concerne le volet des assurances sociales


couvrant les risques de maladies par la prise en charge des soins de santé et les
indemnités journalières en cas d’arrêt de travail pour raison de maladie, l’assurance
maternité par la prise en charge des soins de santé et le congé de maternité de 14
semaines au femmes travailleuses, une assurance invalidité en cas de réduction de
la capacité de travail d’au moins 50% et une assurance décès par un capital versé
aux ayants droit de l’assuré social décédé. 50

Le deuxième volet concerne la réparation des accidents du travail et des maladies


professionnelles par la prise en charge des soins de santé, des indemnités
journalières en cas d’arrêt de travail, d’indemnisation des séquelles des accidents du
travail et des maladies professionnelles. 51

Une attention singulière pour la protection des travailleurs contre les dangers
pouvant résulter des rayonnements ionisants, particulièrement lors des opérations
d'importation, de transit, de fabrication, de transformation, d'utilisation, de
manipulation, de transport, de stockage et d'élimination des substances radioactives
et de toute autre activité impliquant un risque résultant des rayonnements ionisants
ainsi que les règles de contrôle de la détention et de l'utilisation des substances
radioactives naturelles ou artificielles ainsi que les appareils susceptibles d'émettre
des rayonnements ionisants destinés à des fins industrielles, agricoles, médicales et
scientifiques ont été définis. 52

49
Loi n° 81-10 du 11 juillet 1981 relative aux conditions d'emploi des travailleurs étrangers. JORA
n°28 du 14/07/1981. Page 683.
50
Loi n° 83-11 du 2 juillet 1983 relative aux assurances sociales. JORA n°28 du 05/07/1983. P
1198.
51
Loi n° 83-13 du 2 juillet 1983 relative aux accidents du travail et aux maladies professionnelles.
JORA n°28 du 05/07/1983. P 1210.
52
Décret n° 86-132 du 27 mai 1986 fixant les règles de protection des travailleurs contre les risques
de rayonnements ionisants ainsi que celles relatives au contrôle de la détention et de l'utilisation
des substances radioactives et des appareils émettant des rayonnements ionisants. JORA n°22 du
28/05/1986. P 595.
1988, vint la loi relative à l'hygiène, à la sécurité et à la médecine du travail,
considérée comme un saut qualitatif et marque un tournant décisif en matière de
sécurité et santé au travail en Algérie, une loi-cadre dont l’objet est de définir les
voies et les moyens ayant pour but d'assurer aux travailleurs les meilleures
conditions en matière d'hygiène, de sécurité et de médecine du travail, et de
désigner les personnes responsables et organismes employeurs chargés de
l'exécution des mesures prescrites en la matière. 53 Cette loi s’articule autour quatre
axes principaux à savoir les règles générales en matière d’hygiène et de sécurité en
milieu professionnel touchant aux locaux affectés au travail, les emplacements de
travail et leurs environnements, leurs dépendances et leurs annexes, y compris les
installations de toute nature mises à la disposition des travailleurs, l'ambiance de
travail ainsi que les installations, les machines, mécanismes, appareils, outils et
engins, matériels et tous moyens de travail et enfin les normes d'efficacité des
produits, dispositifs ou appareils de protection.

Le deuxième axe principal est celui de la protection de la santé des travailleurs par la
médecine du travail, considérée comme partie intégrante de la politique nationale de
santé et ayant pour but de promouvoir et maintenir le plus haut degré de bien-être
physique et mental des travailleurs dans toutes les professions et en vue d'élever le
niveau des capacités de travail et de création, de prévenir et protéger les travailleurs
des risques pouvant engendrer des accidents ou des maladies professionnelles et de
tout dommage causé à leur santé, d'identifier et de surveiller, en vue de réduire ou
d'éliminer tous les facteurs qui, sur les lieux de travail, peuvent affecter la santé des
travailleurs, de placer et maintenir les travailleurs dans un emploi convenant à leurs
aptitudes physiologiques et psychologiques et, en règle générale, adapter le travail à
l'homme et chaque homme a sa tâche, de réduire les cas d'invalidité et assurer une
prolongation de la vie active des travailleurs, d'évaluer le niveau de santé des
travailleurs en milieu du travail, d'organiser les soins d'urgence aux travailleurs et
enfin la prise en charge des traitements ambulatoires et le traitement des maladies
professionnelles et à caractère professionnel.

53
Loi n° 88-07 du 26 janvier 1988 relative à l'hygiène, à la sécurité et à la médecine du travail.
JORA n°4 du 27/01/1988. P 84.
Le troisième axe est celui de l'instruction, l'information et la formation relatives aux
risques professionnels qui constituent une obligation qui s'impose à l'organisme
employeur. Elles constituent, également, un droit et un devoir pour les travailleurs et
font l'objet d'une prise en charge par les institutions, services et organismes publics
concernés. Les travailleurs nouvellement recrutés, ainsi que ceux appelés à changer
de poste, de méthodes ou de moyens de travail, sont obligatoirement instruits, au
moment de leur affectation, des risques auxquels ils peuvent être exposés à leurs
postes de travail. 54

Le dernier axe est celui de l’organisation de la prévention avec l’institution obligatoire


des commissions paritaires d'hygiène de sécurité au sein de chaque organisme
employeur occupant plus de neuf (09) travailleurs dont la relation de travail est à
durée indéterminée et la désignation d’un préposé permanent à l'hygiène et à la
sécurité, assisté de deux travailleurs les plus qualifiés en la matière pour l'organisme
employeur occupant plus de neuf (9) travailleurs dont la relation de travail est à durée
déterminée.

Le conseil national d'hygiène, de sécurité et de médecine du travail partie prenante


dans l’élaboration de la politique nationale de prévention des risques professionnels
est chargé, particulièrement de participer, par des recommandations et des avis, à
l'établissement de programmes annuels et pluriannuels en matière de prévention des
risques professionnelles et de favoriser la coordination des programmes mis en
œuvres, de contribuer à la définition des voies et moyens nécessaires à
l'amélioration des conditions de travail et d'examiner les bilans périodiques des
programmes réalisés et de donner des avis sur les résultats obtenus.

Dans la même année plusieurs arrêtés interministériels venus entériner le dispositif


déjà existant, il s’agit entre autre des substances et effets nocifs des radiations à
l’exemple de préciser les délimitations des zones et de fixer les prescriptions
relatives aux étiquettes et panneaux de signalisation de danger de la radioactivité, 55
la classification des principaux radionucléides, 56 les modalités de mise en œuvre
des contrôles des règles de protection des travailleurs contre les risques des
rayonnements ionisants ainsi que celles relatives au contrôle de la détention et de
l'utilisation des substances radioactives et des appareils émettant des rayonnements
ionisants, 57 les limites de doses annuelles susceptibles d'être reçues par les

54
Décret exécutif n° 02-427 du 3 Chaoual 1423 correspondant au 7 décembre 2002 relatif aux
conditions d'organisation de l'instruction, de l'information et de la formation des travailleurs dans le
domaine de la prévention des risques professionnels. JORA n° 82 du 11/12/2002. P 15.
55
Arrête interministériel du 10 février 1988 fixant la délimitation et la signalisation particulière des
zones réglementées et interdites. JORA n°35 du 31/08/1988. P 940.
56
Arrêté interministériel du 10 février 1988 portant classification des principaux radionucléides.
JORA n°35 du 31/08/1988. P 944.
57
Arrêté interministériel du 10 février 1988 fixant les méthodes de contrôle en matière d'utilisation
des sources radioactives et des appareils émettant des rayonnements ionisants. JORA n°35 du
31/08/1988. P 934.
travailleurs et les personnes du public.58 Les limites dérivées de concentration dans
l'air et les limites d'incorporation annuelles par inhalation pour les travailleurs,59 et
enfin les conditions d'utilisation des appareils et dosimètres individuels destinés au
contrôle des équivalences de doses reçus par les travailleurs soumis au risque
d'exposition externe. 60

Dès l’année 1990, cinq (05) lois constituant l’arsenal juridique sur lequel repose le
nouveau droit du travail avaient vu le jour, il s’agit de la loi relative à la prévention et
au règlement des conflits collectifs de travail et à l'exercice du droit de grève, 61 de la
loi relative à l'inspection du travail,62 de la loi relative au règlement des conflits
individuels de travail,63 de la loi relative aux relations de travail, et enfin de la loi
relative aux modalités d'exercice du droit syndical.64

Ainsi la législation du travail est complètement rénovée avec à la source de


nouveaux fondements et en rupture totale avec le régime des relations de travail qui
avait prévalu jusque-là et d’assoir une véritable réhabilitation des relations de travail
contractuelles et introduire une flexibilité et enfin mettre à la disposition des acteurs
du monde du travail les instruments nécessaires à la négociation et au dialogue
social.

La loi n° 90-02 du 6 février 1990 relative à la prévention et au règlement des conflits


collectifs de travail et à l'exercice du droit de grève n’a nullement dérogé à la règle.
Elle s’inscrit pleinement dans ce processus de réforme de la législation du travail
enclenché dès 1990, trouvant ses fondements dans la constitution de février 1989,
les conventions de l’Organisation Internationale du Travail ratifiées par l’Algérie et les
lois relatives à l’autonomie des entreprises.

58
Arrêté interministériel du 10 février 1988 fixant les limites de dose annuelles d'exposition aux
rayonnements ionisants. JORA n°35 du 31/08/1988. P 937.
59
Arrêté interministériel du 10 février 1988 fixant les limites dérivées, de concentration dans l'air et
les limites d'incorporation annuelles ainsi que les valeurs de facteurs de qualité et de débit de
fluence des neutrons. JORA n°35 du 31/08/1988. P 950.
60
Arrêté interministériel du 10 février 1988 précisant les conditions d'utilisation des dosimètres
individuels destinés au contrôle des équivalences de dose reçus par les travailleurs soumis au
risque d'exposition externe. JORA n°35 du 31/08/1988. P 938.
61
Loi n° 90-02 du 6 février 1990 relative à la prévention et au règlement des conflits collectifs de
travail et à l'exercice du droit de grève. JORA n°6 du 07/02/1990. Page 200.
62
Loi n° 90-03 du 6 février 1990 relative à l'inspection du travail. JORA n°6 du 07/02/1990. Page
206.
63
Loi n° 90-04 du 6 février 1990 relative au règlement des conflits individuels de travail. JORA n°6
du 07/02/1990. Page 208.
64
Loi n° 90-11 du 21 avril 1990 relative aux relations de travail. JORA n°17 du 25/04/1990. Page
488.
Le droit de grève considéré comme l’une des libertés politique fondamentale
consacré expressément par l’article 54 de la constitution de février 1989,65 réitéré par
les autres constitutions adoptées plus tard à l’exemple de constitution adoptée en
2016 qui a repris dans son article 71 le même principe dans les mêmes termes : « Le
droit de grève est reconnu. Il s'exerce dans le cadre de la loi. Celle-ci peut en
interdire ou en limiter l'exercice dans les domaines de défense nationale et de
sécurité, ou pour tous services ou activités publics d'intérêt vital pour la
communauté ».66 Et c’est ainsi qu’en définissant les modalités d’exercice de ce droit,
cet important dispositif d’un côté, se conforme aux dispositions de l’OIT et assure par
la même l’observation de notre pays des engagements internationaux.

Le dispositif relatif à la prévention et au règlement des conflits collectifs de travail et à


l'exercice du droit de grève, s’inscrit également par son contenu en prolongement
des réformes économiques puisqu’il institutionnalise la concertation entre les
partenaires sociaux au sein même des organismes employeurs en sus de la volonté
déjà exprimée par ces réformes économiques de l’élargissement du champs de
compétence de l’entreprise notamment en matière de relations de travail, renforce
l’autonomie de la décision de cette dernière autorisant ainsi le dégagement
d’intervalles et espaces nécessaires au développement du dialogue et la
concertation au sein de ces entreprises.

En outre ce dispositif définit les procédures et modalités de recours à la grève, par


l’institution de l’approbation préalable par le collectif des travailleurs concernés par le
recours à la grève, introduit l’obligation de dépôt de préavis, oblige les partenaires à
assurer la maintenance et la sécurité des installations et des équipements durant la
grève, et de poursuivre les négociations. Ce sont toutes des dispositions concourant
au renforcement du caractère pacifique que doivent retenir les grèves.

Les dispositions relatives à la prévention et au règlement des conflits collectifs de


travail et à l'exercice du droit de grève, énoncent également en leurs sein certains
nombre de principes de nature à assurer les protections liées à l’exercice du droit de
grève, à la résolution de la grève et à la protection de la liberté de travail.

En abordant les limitations et les interdictions énoncées par la constitution la loi


relative à la prévention et au règlement des conflits collectifs de travail et à l'exercice
du droit de grève identifie les activités essentielles pour la continuité. Des activités
auxquelles les parties au conflits appelées à organiser et assurer un service
minimum durant la période de la grève, énumère la liste des agents occupant des
fonctions reconnues vitales et dont la cessation de travail, même partielle, pourrait

65
Décret présidentiel n° 89-18 du 28 février 1989 relatif à la publication au Journal officiel de la
République algérienne démocratique et populaire, de la révision constitutionnelle adoptée par
référendum du 23 février 1989. JORA n°9 du 01/03/1989. Page 188.
66
Loi n° 16-01 du 26 Joumada El Oula 1437 correspondant au 6 mars 2016 portant révision
constitutionnelle. JORA n°14 du 07/03/2016. Page 3.
mettre en danger la vie, la sécurité ou la santé des personnes et qui, de ce fait, ne
peuvent légalement recourir à la grève. Une procédure spéciale de règlement des
conflits de travail auxquels font partie cette catégorie d’agents est alors instituée.

Quels sont les fondements de la loi relatives à la prévention et au règlement des


conflits collectifs de travail et à l'exercice du droit de grève ?

Tel qu’énoncé plus haut, la loi relative à la prévention et au règlement des conflits
collectifs de travail et à l'exercice du droit de grève trouve ses fondements principaux
dans la constitution de février 1989, les conventions de l’OIT ratifiées par l’Algérie et
les lois relatives à l’autonomie des entreprises.

La constitution de 1989 et celles adoptées par la suite ont toutes consacré le droit de
grève. Ainsi dans son article 54 la constitution de 1989 énonce « Le droit de grève
est reconnu. Il s'exerce dans le cadre de la loi. Celle-ci peut en interdire ou en limiter
l'exercice dans les domaines de défense nationale et de sécurité, ou pour tous
services ou activités publics d'intérêt vital pour la communauté ». Dans son esprit, ce
dispositif se conforme aux articles 32, 53 et 62 de la constitution de février 1989 à
savoir :

Article 32- La défense individuelle ou associative des droits fondamentaux de


l'homme et des libertés individuelles et collectives est garantie.

Article 53- Le droit syndical est reconnu à tous les citoyens.

Article 63- Tout citoyen a le devoir de protéger la propriété publique et les intérêts
de la collectivité nationale et de respecter la propriété d'autrui.

D’un autre coté l’Organisation Internationale du Travail (OIT) considère de tout temps
que le droit de grève comme un élément essentiel de la liberté syndicale et c’est pour
cette raison que le contrôle en ce domaine se réalise par référence aux conventions :

C087 - Convention (n° 87) sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical.
(Ratifiée par l’Algérie le 19 octobre 1962).67

C098 - Convention (n° 98) sur le droit d'organisation et de négociation collective.


(Ratifiée par l’Algérie le 19 octobre 1962. Décret n° 63-109 / JORA n° 21 du 12
avril 1963)

S’agissant des conditions d’exercice du droit de grève l’OIT admet l’obligation de


recourir avant de déclencher la grève aux procédures de conciliation, de médiation
ou d’arbitrage, dans la mesure où il s’agit de procédures appropriées, impartiales et
rapides, auxquelles les intéressés peuvent participer à toutes les étapes, l’obligation

67
Ratifiée par l’Algérie le 19 octobre 1962. Décret n° 63-109 du 6 avril 1963 portant publication
d’accords entre certaines organisations internationales et le gouvernement de la république
algérienne démocratique et populaire. JORA n° 21 du 12 avril 1963. P 330.
d’avoir l’accord d’une certaine majorité de travailleurs pour déclencher la grève et
d’atteindre un certain quorum, l’obligation de prendre les dispositions nécessaires
pour l’observation des prescriptions de sécurité et la prévention des accidents,
l’obligation d’assurer un service minimum dans certains cas, et enfin l’obligation de
respecter la liberté du travail à l’endroit des non-grévistes.

Pour ce qui est du secteur de la fonction publique et les services ministériels la


commission de la liberté syndicale de l’OIT admet la limitation, voir l’interdiction de la
grève. Toute fois ces limitations ne doivent concernées que les fonctionnaires ayant
la qualité d’agent de la puissance publique.

L’autre source juridique servant de fondement aux dispositions relatives à la


prévention et au règlement des conflits collectifs de travail et à l'exercice du droit de
grève sont les lois sur l’autonomie des entreprises définissant les entreprises
publiques comme étant des sociétés par action ou des sociétés à responsabilité
limitée, élargissant leurs champs d’intervention et de décision en lui accordant le
plein pouvoir de stipuler, de s’engager et de contracter d’une manière autonome par
l’intermédiaire d’organes habilités à cette fin et ce, conformément aux règles de
commerce et aux dispositions législatives en vigueur en matière d’obligation civiles et
commerciales. Ces lois sur l’autonomie des entreprises, interdisent en outre, toute
ingérence dans l’administration et la gestion des entreprises publiques autonomes en
dehors bien évidement des organes légalement institués engageant un renforcement
du dialogue entre les partenaires sociaux.

Cette loi a été abrogée plus tard en 2023, par les dispositions de la loi n° 23-08 du 21
juin 2023 relative à la prévention, au règlement des conflits collectifs de travail et à
l’exercice du droit de grève,68qui reprend les principes fondamentaux et élaborée en
conformité cette fois-ci avec les dispositions de la constitution de novembre 2020,
69
avec un léger durcissement tout en s’appuyant sur la nécessité d’une paix sociale
tant recherchée en prévoyant des mesures en faveur du règlement pacifique des
conflits collectifs du travail à travers le renforcement de l’efficacité des dispositifs de
conciliation, de la médiation et de l’arbitrage.

Dans son exposé des motifs, il a été mentionner que cette loi « vise la consolidation
de la confiance entre les partenaires sociaux et l'amélioration des conditions de
mobilisation en faveur de ce grand chantier de la réforme sociale, tout en tenant
compte des préoccupations enregistrées par la société et soulevées par la

68
Loi n° 23-08 du 3 Dhou El Hidja 1444 correspondant au 21 juin 2023 relative à la prévention, au
règlement des conflits collectifs de travail et à l’exercice du droit de grève. Publiée dans JORA n°
42 du 25 Juin 2023, page 13.
69
Décret présidentiel n° 20-442 du 15 Joumada El Oula 1442 correspondant au 30 décembre 2020
relatif à la promulgation au Journal officiel de la République algérienne démocratique et populaire
de la révision constitutionnelle, adoptée par référendum du 1er novembre 2020. Publiée dans
JORA n° 82 du 30/12/2020 page 3.
multiplication des conflits collectifs de travail et leur Impact sur l'économie nationale
et la paix sociale ».

Aussi, la nouvelle loi préconise dans son ensemble, l'engagement des pouvoirs
publics d'instaurer un environnement social dans lequel on ne recourt aux grèves
qu'en dernier ressort, après bien évidemment épuisement des voies de règlement
amiable à travers le dialogue, la concertation, la négociation collective et le respect
des procédures légales d'exercice du droit de grève en toute légalité dans la
perspective d'éviter les grèves anarchiques, notamment dans les services essentiels
de sorte à préserver le droit de grève et le droit du travail et de trouver un équilibre
avec d'autres droits à valeur constitutionnelle à l’instar de la continuité du service
public (article 27 de la Constitution de 2020), la liberté d'entreprendre (article 61 de la
même Constitution), et la liberté du travail (article 66 de la Constitution).

Par ailleurs, les dispositions du projet de texte ont introduit de nouveaux principes et
concepts pour l'amélioration des définitions concernant l'objet du conflit collectif, les
mécanismes de son règlement, ainsi que la notion de la grève et de la grève illicite.

La structure générale du projet de loi a été adaptée dans le but de simplifier ses
dispositions en les regroupant, par thème, en cinq (05) titres et quatre-vingt et onze
(91) articles.

A ce titre et en matière de prévention et de règlement des conflits collectifs de travail,


et dans le but de rendre plus efficace les procédures de règlement de ces conflits, les
principales dispositions de la nouvelle loi de 2023 visent :

1- La fixation d'un délai minimal pour tenir les réunions périodiques entre les
représentants des travailleurs et d'employeurs afin de consolider des dispositifs
consensuels équilibrés et efficaces, permettant de désamorcer, par la négociation et
le dialogue, les conflits collectifs et d'instaurer des mécanismes innovants de
prévention qui auront un effet bénéfique, pour l'instauration d'un climat favorable à
l'investissement et à la paix sociale.

2- L'obligation pour les organisations syndicales des travailleurs et d'employeurs de


mener au préalable des négociations pour trouver des réponses aux revendications
socioprofessionnelles conformément à la législation et à la réglementation en vigueur
et aux dispositions des conventions collectives de travail.

3- L'allongement des délais légaux pour la phase de la conciliation, passant de huit


(08) à quinze (15) jours au lieu de quatre (04) à huit (08) jours, afin de permettre à
l'inspection du travail d'avoir le temps nécessaire pour examiner et trouver un terrain
d'entente sur les différents points du conflit collectif de travail.

4- La possibilité donnée au Ministre du secteur concerné de demander au Ministre


chargé du travail, de soumettre le conflit à l'inspecteur du travail pour une deuxième
procédure de conciliation, lorsque le conflit collectif de travail dépasse le cadre di
l'entreprise et affecte un service essentiel.
5- L'obligation de recourir à la médiation en cas d'échec de la conciliation, d'autant
plus que le médiateur est inscrit sur la liste des médiateurs fixée par le Ministre
chargé du travail, après consultation de organisations syndicales des travailleurs et
d'employeurs les plus représentatives, et portée à la connaissance des membres du
Gouvernement, de l'autorité chargée de la fonction publique, des walis, des
présidents des assemblées populaires communales et des inspections de wilaya du
travail.

En cas de désaccord entre les parties au conflit pour nommer un médiateur prévu
dans la liste sus-Indiquée, la nouvelle loi permet au Ministre du secteur, au Wali et au
président de l'assemblée populaire communale, d'intervenir pour désigner d'office un
médiateur de cette liste.

6- L'adaptation de la procédure de conciliation et l'introduction de la médiation


facultative en cas de persistance du conflit collectif survenu au niveau des Institutions
et Administrations Publiques en raison de l'importance du service public et de la
place du fonctionnaire dans le secteur administratif.

7- La possibilité donnée à l'autorité publique concernée de recourir à l'arbitrage


obligatoire, lorsque des nécessités économiques et sociales l'exigent, pour soumettre
les conflits collectifs de travail survenus dans les services essentiels, dont
l'interruption mettrait en péril ou menacerait de mettre en danger la vie, la sécurité et
la santé de tout ou partie de la population lorsqu'une grève est déclenchée. Dans ce
cas, le conflit est porté devant la commission nationale d'arbitrage compétente pour
connaître des conflits collectifs de travail s'étendant à l'ensemble du territoire national
ou concernant plusieurs wilayas, ou devant la commission de wilaya d'arbitrage
compétente pour les conflits survenus dans la limite de la wilaya.

Concernant les conditions et modalités d'exercice du droit de grève, la nouvelle loi


consacre l'idée que le droit de grève est un droit fondamental, qui s'exerce dans le
respect des droits de toutes les parties concernées, y compris ceux de usagers des
services publics essentiels afin de mettre fin à l'utilisation illégale de droit et sortir le
monde du travail de la spirale des grèves sauvages et surprises qui engendrent des
conséquences néfastes sur le développement économique et social du pays.

La nouvelle loi procède, en outre, à plusieurs aménagements concernant les


conditions et modalités d'exercice du droit de grève qui se résument comme suit :

1- Le projet de loi définit la grève comme étant l'arrêt collectif et concerté du travail
en vue d'appuyer des revendications purement professionnelles portant sur la
situation des relations socio professionnelles et des conditions générales de travail.

L'exercice de la grève dans les conditions et selon les modalités définies par la loi,
doit être compatible avec les exigences de l'entreprise et la continuité du service
public, une fois que les moyens de règlement du conflit, conventionnels ou légaux,
ont été régulièrement épuisés. Ainsi tout arrêt collectif de travail qui ne correspond
pas à la définition est considéré comme une grève Illégale.

2- La grève est considérée illicite si elle est provoquée, notamment pour des
revendications politiques, une durée illimitée, d'une façon inopinée ou discontinue, en
signe de solidarité ou ayant une finalité étrangère à l'intérêt professionnel des
travailleurs, ou lorsqu'elle s'exerce sans respect des procédures légales et
conventionnelles ou encore lorsqu'elle se traduit par des violences, voies de fait,
menaces, manœuvres frauduleuses, dans le but de porter atteinte à la liberté du
travail ou d'inciter les travailleurs salariés non-grévistes à se joindre à un arrêt
concerté du travail.

Il y a grève illicite également lorsqu'il y a une violation des dispositions d'un accord
de conciliation ou de médiation ou d'une sentence arbitrale ayant acquis force
exécutoire.

3- La loi fixe en outre, de nouvelles règles relatives à l'exercice du droit de grève. En


effet, le projet dispose que la décision de grève doit être prise suivant le mode du
vote secret, à la majorité absolue des travailleurs salariés présents à l'assemblée
générale constituée d'au moins des deux tiers (2/3) des travailleurs composant le
collectif concerné, attestée par un procès-verbal d'un huissier de justice, en présence
des représentants de l'employeur ou de l'autorité publique compétente.

La loi détermine, pour la première fois, le contenu du préavis de grève afin d'en finir
avec les grèves anarchiques. Dans ce cadre, le préavis de grève doit contenir
notamment, la dénomination de l'organisation syndicale représentative ou les noms
des représentants des travailleurs élus en cas d'absence de représentation
syndicale, le nom et prénom ainsi que la qualité du membre de l'organe de direction
ou de l'administration de l'organisation syndicale représentative ou du représentant
des travailleurs élu signataire du préavis la durée, le motif et le lieu ainsi que la date
et l'heure du déclenchement de la grève.

Dans son sillage, la loi de 2023 dispose qu'il est nul et de nul effet, tout préavis initié
par une organisation syndicale dont l'existence légale ou la représentativité n'est pas
établie, et précis que le préavis court à compter de la date de son dépôt, contre
accusé de réception auprès de l'employeur et de l'Inspection du travail compétente.
Aussi il convient de préciser que la durée du préavis exigée, préalablement au
lancement d'une grève été portée de huit (08) jours à dix (10) jours ouvrables et à
quinze (15) jours ouvrables dans les secteurs d'activités essentiels, dans la mesure
où grève pourrait y provoquer de graves préjudices pour la société.

4- La grève engendre un enjeu financier que la nouvelle loi n'a pas négligé. Il prévoit
ainsi, que les journées de grève ne donnent lieu à aucune rémunération en raison de
l'absence du service fait due à la grève.
5- Le travailleur salarié qui participe à une grève illicite n'est pas protégé par le droit
de grève. Les travailleurs grévistes doivent reprendre le travail dans les quarante-huit
(48) heures. Le travailleur qui, sans raison valable, ne se présente pas à son poste
de travail à la fin de cette période, est passible de l'application des procédures
disciplinaires, conformément à la législation et à la réglementation en vigueur.

6- La nouvelle loi prévoit que certaines restrictions peuvent être apportées au droit
de grève pour assurer la continuité des services publics essentiels et des activités
économiques vitales. Il en est ainsi du respect du service minimum.

A ce titre, l'organisation syndicale représentative est tenue de prendre en charge


l'encadrement des grévistes durant la grève, de veiller, en accord avec l'employeur à
l'organisation d'un service minimum et de désigner les travailleurs salariés affectés à
cette opération. En cas de désaccord, l'employeur peut faire appel à la juridiction
compétente qui statue en référé.

7- La loi de 2023 réaffirme la mesure de réquisition applicable à certains travailleur


salariés et agents publics grévistes qui occupent des emplois indispensables à
sécurité des personnes et des biens, au maintien de l'ordre public, ou à la
satisfaction des besoins essentiels de la société ou pour faire face à tous types de
situation exceptionnelle ou urgente, crise sanitaire comprise, L'autorité publique
compétente concernée, à savoir le ministre du secteur, le wali ou le président de
l'assemble populaire communale, en fonction de la portée du conflit collectif, peut, à
tout moment, procéder à la réquisition des travailleurs grévistes qui occupent ce type
d'emplois.

Il s'agit d'un acte de l'autorité publique qui prévient que l'exercice du droit de grève
ne doit pas remettre en cause le respect d'autres principes constitutionnels en
relation avec l'intérêt général et que les travailleurs salariés et les agents publics
réquisitionnés sont dans l'obligation de reprendre leur travail, sous peine de
l'application des procédures disciplinaires conformément à la législation et
réglementation en vigueur.

8- La nouvelle loi interdit également l'exercice du droit de grève dans les domaines
de la défense et de la sécurité nationales, et pour les personnels exerçant des
fonctions d'autorité au nom de l'Etat, dans des secteurs stratégiques et de de
souveraineté et dans des services essentiels d'intérêt vital pour la Nation dont
l'interruption peut mettre en danger la vie, la sécurité ou la santé du citoyen
susceptible d'entrainer, par ses effets, une crise grave, tout en renvoyant à la
réglementaire la liste des secteurs, des personnels et des fonctions concernés par
l’interdiction du recours à la grève.

9- La loi oblige les représentants des travailleurs à porter à la connaissance des


travailleurs réunis en assemblée générale tout élément nouveau de règlement de
conflit collectif, intervenu dans la négociation durant le préavis ou le déroulement de
la grève, afin de se prononcer sur le maintien ou non de la grève
Par ailleurs, la loi n° 23-08 du 21 juin 2023 relative à la prévention, au règlement des
conflits collectifs de travail et à l’exercice du droit de grève, prévoit des sanctions en
cas de violation de ses dispositions, notamment, le non-respect de la périodicité des
réunions périodiques, la violation des procédures de règlement des conflits collectifs,
la non-exécution des accords de conciliation et de médiation et des sentences
arbitrales ou l’absence aux réunions de conciliation, de médiation et d'arbitrage, ou la
fourniture aux arbitres et aux médiateurs d'informations fausses ou de documents
falsifiés.

D'autres dispositions pénales ont été insérées pour sanctionner l'arrêt concerté et
collectif du travail contraire aux dispositions légales, la détérioration pendant la
grève, de tous objets, machines, matières, marchandises, appareils ou Instruments
appartenant à l'organisme employeur, accompagné de violences ou de voies de fait
contre les personnes ou les biens ainsi que les cas d'entrave, à l'aide de manœuvre
frauduleuse, menace, violence et/ou de voies de fait, à l'exercice de la liberté du
travail ou les cas de refus d'exécuter le service minimum ou l’ordre de réquisition.

Un autre point essentiel découlant des profondes mutations des rapports sociaux
dans le monde du travail et des changements induits par la constitution de février
1989 et les lois relatives à l’autonomie des entreprises est la refonte globale de
l’inspection du travail. Considérée comme un instrument d’encadrement et de
régulation des relations de travail, l’inspection du travail dans le cadre de cette
refonte de la législation du travail, a connu une adaptation de son rôle, de ses
missions et des méthodes et instruments de son intervention, une extension plus
soutenue de son champ d’intervention et une organisation plus conforme aux
nouvelles exigences politiques, économiques et sociale.

En sus de son rôle traditionnel d’information, de conseil et contrôle d’application de la


législation du travail et du fait des transformations des cadres et règles de gestion
des relations de travail, l’inspection du travail assume désormais des missions
nouvelles d’assistance et d’encadrement des négociations de conventions et accords
collectifs et de prévention et de règlement des différends collectifs de travail.

Par ailleurs, la consécration par la constitution de l’égalité des citoyens devant la loi
impliquait l’unification du système national d’inspection du travail dont le champ de
compétence couvre désormais l’ensemble des secteurs d’activités à l’exclusion des
secteurs de la défense et de la sécurité nationale. Aussi pour assurer à l’inspection
du travail la crédibilité et l’autonomie indispensables à l’efficacité de son intervention,
il fallait également, sur la base des seules prescriptions de la loi, affirmer son
autonomie pour la mettre à l’abri des ingérences administratives.

Quels sont les fondements de la loi relative à l'inspection du travail ?

Il s’agit principalement de la Convention (n° 81) sur l'inspection du travail de 1947


dans l'industrie et le commerce. Cette convention de l’OIT ratifiée par l’Algérie le 19
octobre 1962 énonce en substance :
Article 3 : Le système d'inspection du travail sera chargé :

 D’assurer l'application des dispositions légales relatives aux conditions de travail


et à la protection des travailleurs dans l'exercice de leur profession, telles que les
dispositions relatives à la durée du travail, aux salaires, à la sécurité, à l'hygiène et
au bien-être, à l'emploi des enfants et des adolescents, et à d'autres matières
connexes, dans la mesure où les inspecteurs du travail sont chargés d'assurer
l'application desdites dispositions ;

 De fournir des informations et des conseils techniques aux employeurs et aux


travailleurs sur les moyens les plus efficaces d'observer les dispositions légales;

 De porter à l'attention de l'autorité compétente les déficiences ou les abus qui ne


sont pas spécifiquement couverts par les dispositions légales existantes.

Si d'autres fonctions sont confiées aux inspecteurs du travail, celles-ci ne devront


pas faire obstacle à l'exercice de leurs fonctions principales ni porter préjudice d'une
manière quelconque à l'autorité ou à l'impartialité nécessaires aux inspecteurs dans
leurs relations avec les employeurs et les travailleurs.

Article 4 : Pour autant que cela sera compatible avec la pratique administrative du
Membre, l'inspection du travail sera placée sous la surveillance et le contrôle
d'une autorité centrale.

Article 6 : Le personnel de l'inspection, sera composé de fonctionnaires publics


dont le statut et les conditions de service leur assurent la stabilité dans leur emploi
et les rendent indépendants de tout changement de gouvernement et de toute
influence extérieure indue.

Article 9 : Chaque Membre prendra les mesures nécessaires pour assurer la


collaboration d'experts et de techniciens dûment qualifiés, y compris des
techniciens en médecine, en mécanique, en électricité et en chimie, au
fonctionnement de l'inspection, selon les méthodes jugées les plus appropriées
aux conditions nationales, afin d'assurer l'application des dispositions légales
relatives à l'hygiène et à la sécurité des travailleurs dans l'exercice de leur
profession, et de s'enquérir des effets des procédés employés, des matières
utilisées et des méthodes de travail, sur l'hygiène et la sécurité des travailleurs.

Article 11 : Cet article engage les autorités nationales à fournir aux inspecteurs du
travail tous les moyens matériels nécessaires à leurs actions.

Article 12 : La législation nationale doit autoriser les inspecteurs du travail :

 à pénétrer librement dans tout établissement assujetti a son contrôle;


 à prélever aux fins d'analyse des échantillons des matières et substances utilisées
ou manipulées par les travailleurs.

 à procéder à tous examens, contrôles ou enquêtes jugés nécessaires pour


s'assurer que les dispositions légales.

Article 13 : Cette disposition annonce en substance que la législation nationale doit


autoriser les inspecteurs du travail les mesures destinées à éliminer les
défectuosités d’installation ou méthodes de travail qu’ils considèrent comme une
menace à la santé ou à la sécurité des travailleurs.

A ce titre, la loi doit autoriser d’une part de mettre en demeure l’employeur à


apporter les modifications nécessaires aux installations et d’autre part prendre
des mesures immédiatement exécutoires dans les cas de danger imminent pour la
santé et la sécurité des travailleurs.

Article 19 : Les inspecteurs du travail ou les services d'inspection du travail sont


tenus de soumettre à l'autorité publique des rapports périodiques sur les résultats
de leurs activités.

Article 20 : L'autorité centrale d'inspection doit publier un rapport annuel sur les
travaux des services d'inspection placés sous son contrôle, dont copie est
transmise au BIT. Le contenu de ce rapport est énoncé par l’article 21 de cette
convention internationale.

Une autre source juridique est la constitution de février 1989,70 que certaines des
dispositions inscrites au Chapitre des « droits et libertés » impliquent dans leurs
mises en œuvre les conséquences sur le champ d’attribution de l’inspection du
travail. Ces dispositions sont constituées par :

Article 52 : Tous les citoyens ont droit au travail.

Le droit à la protection à la sécurité et à l'hygiène dans le travail est garanti par la


loi.

Le droit au repos est garanti ; la loi en détermine les modalités d'exercice.

Article 53 : Le droit syndical est reconnu à tous les citoyens.

Article 54 : Le droit de grève est reconnu. Il s'exerce dans le cadre de la loi.

70
Décret présidentiel n° 89-18 du 28 février 1989 relatif à la publication au Journal officiel de la
République algérienne démocratique et populaire, de la révision constitutionnelle adoptée par
référendum du 23 février 1989. JORA n°9 du 01/03/1989. Page 188.
Celle-ci peut en interdire ou en limiter l'exercice dans les domaines de défense
nationale et de sécurité, ou pour tous services ou activités publics d'intérêt vital pour
la communauté.

Le troisième fondement sur lequel repose la loi relative à l’inspection du travail est la
loi portant loi d'orientation sur les entreprises publiques économiques71 qui par les
règles régissant les entreprises économiques induites par la réforme permettent de
soumettre celles-ci au régime du droit commun de l’inspection du travail en levant les
restrictions qui prévalaient jusque là en ce qui concerne les entreprises du secteur
socialiste.

Les dispositifs développés dans le cadre de ces réformes politiques, institutionnelles


et économiques passent nécessairement par une refonte des relations de travail en
général et les procédures de règlement des conflits individuels de travail en
particulier. Aussi la loi relative au règlement des conflits individuels de travail a vu le
jour dans ce processus.72

Ce dispositif légal fondé sur le strict respect de la séparation du pouvoir judiciaire du


pouvoir exécutif tel que consacré par la constitution de 1989, introduit dans la
nouvelle organisation des spécificités et particularités dans le monde du travail en
préservant et en consolidant le principe de l’ingérence et de l’indépendance de la
justice.

Ce dispositif privilégiant des solutions internes à l’organisme employeur en matière


de règlement des conflits individuels de travail qui pourraient survenir, et à travers
une simplification des procédures et une plus grande démocratisation dans la
composition des tribunaux siégeant en matière sociale, introduit la transparence dans
le rendu des décisions de justice dans ce domaine et assure la célérité dans
l’exécution des décisions judiciaires.

Les caractéristiques principales de ce texte législatif se résument dans la


représentation des partenaires sociaux dans la composition du tribunal, l’institution
de bureaux de conciliation composés de deux représentants d’employeurs et de
deux représentants des travailleurs auxquels sont désormais confiés les missions de
tenter de procéder à la conciliation entre les parties en cas de survenance de tout
différent individuel de travail à l’exclusion bien entendu de ceux qui pourraient naître
dans le secteur des institutions et administrations publiques (IAP) et enfin la célérité
dans les traitements des conflits individuels de travail et dans l’exécution des
décisions de justice.

71
Loi n° 88-01 du 12 janvier 1988 portant loi d'orientation sur les entreprises publiques
économiques. JORA n°2 du 13/01/1988. Page 18.
72
Loi n° 90-04 du 6 février 1990 relative au règlement des conflits individuels de travail. JORA n°6
du 07/02/1990. Page 208.
Le dispositif légal relatif au règlement des conflits individuels de travail s’inscrit donc
dans le cadre du processus des réformes de 1990 et de la refonte de la législation du
travail. La loi n° 90-04 du 6 février 1990 relative au règlement des conflits individuels
de travail s’est fondée également sur les principes énoncés par la constitution de
février 1989. Il est notamment ainsi des dispositions constitutionnelles suivante :

Article 14 : L'Etat est fondé sur les principes d'organisation démocratique et de


justice sociale.

Article 30 : Les institutions ont pour finalité d'assurer l'égalité en droits et devoirs
de tous les citoyens et citoyennes en supprimant les obstacles qui entravent
l'épanouissement de la personne humaine et empêchent la participation effective
de tous à la vie politique, économique, sociale et culturelle.

Article 129 : Le pouvoir judiciaire est indépendant.

Article 131 : La justice est fondée sur les principes de légalité et d'égalité.

Elle est égale pour tous, accessible à tous et s'exprime par le respect du droit.

Article 136 : Tous les organes qualifiés de l'Etat sont requis d'assurer en tout
temps, en tout lieu et en toute circonstance, l'exécution des décisions de justice.

Article 137 : La justice est rendue par des magistrats. Ils peuvent être assistés par
des assesseurs populaires, dans les conditions fixées par la loi.

Article 141 : La loi protège le justiciable contre tout abus ou toute déviation du juge.

Une autre loi importante est la loi 90-11 relative aux relations de travail qui s’inscrit
également et pleinement dans le processus de refonte de la législation du travail issu
des réformes politiques et économiques entamées dès la fin des années 80,
marquant ainsi un tournant décisif dans la gestion des conditions d’emploi et de
travail pour plusieurs décennies et augure ainsi une nouvelle époque dans l’évolution
du droit du travail accompagnant la fin de l’économie socialiste et participe à la mise
en œuvre de la réforme économique, engagée en 1988, pour passer à l’économie de
marché.
Le dispositif législatif que consacre cette loi vient en remplacement de la loi relative
au statut général du travailleur73 et de l’ordonnance portant gestion socialiste des
entreprises74 et tire ses principaux fondements de la constitution de février 1989,75

73
Loi n° 78-12 du 5 août 1978 relative au statut général du travailleur. JORA n°32 du 08/08/1978.
Page 532.
74
Ordonnance n° 71-74 du 16 novembre 1971 relative à la gestion socialiste des entreprises. JORA
n°101 du 13/12/1971. Page 1350.
75
Décret présidentiel n° 89-18 du 28 février 1989 relatif à la publication au Journal officiel de la
République algérienne démocratique et populaire, de la révision constitutionnelle adoptée par
référendum du 23 février 1989. JORA n°9 du 01/03/1989. Page 188.
des conventions de l’OIT que notre pays a ratifiées ainsi que les lois relatives à
l’autonomie des entreprises.76
Le premier objectif visé par ce dispositif est la réhabilitation du travail en tant que
source principale de création de richesse et en tant qu’instrument indispensable à la
promotion du développement économique et social, la loi 90-11 du 21 avril 1990
relative aux relations de travail réaffirme les droits fondamentaux des travailleurs et
fixe leurs obligations, valorise le contenu économique de la relation de travail et
encourage la promotion des qualifications, de l’effort et du mérite. Cette orientation
qui est à l’origine d’une nouvelle conception des relations de travail, facilite
l’utilisation rationnelle et optimale des ressources humaines et des moyens matériels
et financiers disponibles, responsabilise pleinement l’organisme employeur dans la
gestion des postes de travail, des qualifications et des salaires, loin de toute forme
d’injonction de type administratif et réhabilite un instrument important de gestion des
relations de travail au sein de l’entreprise en l’occurrence le règlement intérieur.
La législation du travail de 1990 constitue véritablement un nouveau droit du travail,
conforme aux doctrines fondamentales régissant les relations de travail en économie
libérale. En procédant à l’extension du processus démocratique, la définition des
cadres nécessaires à la promotion de la concertation et du dialogue entre les
partenaires sociaux au sein de l’entreprise apparait comme incontournable conférant
ainsi à l’entreprise et aux travailleurs une grande liberté de manœuvre.
En effet la loi 90-11 relative aux relations de travail, élargie de façon notable le
champ de compétence de l’entreprise au domaine des relations de travail et permet
ainsi aux partenaires sociaux de les saisir dans toute leur complexité et ce dans un
cadre constitutionnel, unifie la démarche en matière de participation des travailleurs
et procède à la séparation des organes de participation de ceux assurant la
représentation syndicale en précisant les rôles et attributions de chacun d’entre eux
et enfin Institue les négociations collectives et définit la nature des conventions et
accords collectifs, leurs contenus, leur hiérarchie ainsi que les conditions de leur
négociation, leur conclusion et leur mise en œuvre.
En outre, pour favoriser la préservation et le développement de l’emploi, ce dispositif
législatif Introduit de la flexibilité en matière de recours au travail à durée déterminée
et au travail à temps partiel, facilite l’insertion des handicapés dans le monde du
travail, fixe un taux maximum d’heures supplémentaires autorisées, fait de la
préservation de l’emploi un élément essentiel de la concertation et assure la
protection des droits des travailleurs dans les cas de modifications de statut juridique
de l’organisme employeur.
En somme, les mutations politiques et institutionnelles consacrées par la constitution
du 23 février 1989 et les droits fondamentaux qu’elle consacre appelaient à une
refonte totale des rapports de travail. En effet, le droit de la libre association
conjugué au droit de grève et au droit syndical, implique nécessairement des
changements profonds dans le contenu et la forme d’établissement des relations de
travail qui, désormais doivent être fondés pour une large part sur la négociation et ce
dans le strict respect des dispositions constitutionnelles, de celles contenues dans

76
Loi n° 88-01 du 12 janvier 1988 portant loi d'orientation sur les entreprises publiques
économiques. JORA n°2 du 13/01/1988. Page 18.
les conventions de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) et des lois relatives
à l’autonomie des entreprises.
Quels sont les fondements de la loi 90-11 relative aux relations de travail ?
La loi 90-11 tire ses fondements dans la constitution de février 1989, les différentes
conventions internationales de l’OIT ratifiées par l’Algérie notamment en matière de
relations de travail, de protection des travailleurs, la rémunération et les conventions
concernant les acteurs sociaux, ainsi que la loi 88-01 relative à l’entreprise
publique économique.
1- la constitution du 23 février 1989 :
Les dispositions de la constitution du 23 février 1989 ayant un lien direct ou des
implications sur le contenu des relations de travail peuvent être énumérées comme
suit :
Article 21- Les fonctions au service des institutions de l'Etat ne peuvent constituer
une source d'enrichissement ni un moyen de servir des intérêts privés.
Article 28- Les citoyens sont égaux devant la loi, sans que puisse prévaloir aucune
discrimination pour cause de naissance, de race, de sexe, d'opinion ou de toute
autre condition ou circonstance personnelle ou sociale.
Article 30- Les institutions ont pour finalité d'assurer l'égalité en droits et devoirs de
tous les citoyens et citoyennes en supprimant les obstacles qui entravent
l'épanouissement de la personne humaine et empêchent la participation effective
de tous à la vie politique, économique, sociale et culturelle.
Article 31 (alinéa 1) - Les libertés fondamentales et les droits de l'homme et du
citoyen sont garantis.
Article 32- La défense individuelle ou associative des droits fondamentaux de
l'homme et des libertés individuelles et collectives est garanti.
Article 34- Les infractions commises à l'encontre des droits et libertés ainsi que les
atteintes physiques ou morales à l'intégrité de l'être humain sont réprimées par la
loi.
Article 36 (alinéa 1)- La liberté de création intellectuelle, artistique et scientifique
est garantie au citoyen.
Article 47- Tout citoyen remplissant les conditions légales est électeur et éligible.
Article 48- L'égal accès aux fonctions et aux emplois au sein de l'Etat est garanti à
tous les citoyens, sans autres conditions que celles fixées par la loi.
Article 50 (alinéa 4)- L'Etat veille à l'égal accès à l'enseignement et à la formation
professionnelle
Article 51- Tous les citoyens ont droit à la protection de leur santé.
L'Etat assure la prévention et la lutte contre les maladies épidémiques et
endémiques.
Article 52- Tous les citoyens ont droit au travail.
Le droit à la protection à la sécurité et à l'hygiène dans le travail est garanti par la
loi.
Le droit au repos est garanti; la loi en détermine les modalités d'exercice.
Article 53- Le droit syndical est reconnu à tous les citoyens.
Article 54- Le droit de grève est reconnu. Il s'exerce dans le cadre de la loi.
Celle-ci peut en interdire ou en limiter l'exercice dans les domaines de défense
nationale et de sécurité, ou pour tous services ou activités publics d'intérêt vital
pour la communauté.
Article 55- La famille bénéficie de la protection de l'Etat et de la société.
Article 56- Les conditions de vie des citoyens qui ne peuvent pas encore, qui ne
peuvent plus ou ne pourront jamais travailler, sont garanties.
Article 59 (alinéa 3)- L'Etat garantit le respect des symboles de la Révolution, la
mémoire des Chouhada et la dignité de leurs ayants droit et des moudjahidine.
Article 61(alinéa 3)- Nul impôt, contribution, taxe ou droit d'aucune sorte ne peut
être institué avec effet rétroactif.
Article 74- Outre les pouvoirs que lui confèrent expressément d'autres dispositions
de la Constitution, le Président de la République jouit des pouvoirs et prérogatives
suivants :
-----
7) Il pourvoit aux emplois civils et militaires de l’Etat ;
Article 81- Outre les pouvoirs que lui confèrent expressément d'autres dispositions
de la Constitution, le Chef du Gouvernement exerce les attributions suivantes :
--------
5) Il nomme aux emplois de l'Etat, sans préjudice des dispositions de l'article 74,
alinéas 7 et 10.
Article 115- L'Assemblée populaire nationale légifère dans les domaines que lui
attribue la Constitution. Relèvent également du domaine de la loi :
--------------
10- le régime électoral ;
---------------
14- l a création, l'assiette et le taux des impôts, contributions, taxes et droits de
toute nature ;
---------------
19- Les règles générales relatives au droit du travail et à la sécurité sociale
Article 131- La justice est fondée sur les principes de légalité et d'égalité.
Elle est égale pour tous, accessible à tous et s'exprime par le respect du droit.
Article 134- La justice connaît des recours à l'encontre des actes des pouvoirs
publics.
Article 136- Tous les organes qualifiés de l'Etat sont requis d'assurer en tout
temps, en tout lieu et en toute circonstance, l'exécution des décisions de justice.
Article 137- La justice est rendue par des magistrats. Ils peuvent être assistés par
des assesseurs populaires, dans les conditions fixées par la loi.
Article 142- Le droit à la défense est reconnu.

2- Les conventions internationales


- En matière de protection des travailleurs :
C003 - Convention (n° 3) sur la protection de la maternité. (Ratifiée par l’Algérie le 19
octobre 1962. Décret n° 63-109 / JORA n° 21 du 12 avril 1963)

C017 - Convention (n° 17) sur la réparation des accidents du travail. (Ratifiée par
l’Algérie le 19 octobre 1962. Décret n° 63-109 / JORA n° 21 du 12 avril 1963)

C018 - Convention (n° 18) sur les maladies professionnelles. (Ratifiée par l’Algérie le
19 octobre 1962. Décret n° 63-109 / JORA n° 21 du 12 avril 1963)

C024 - Convention (n° 24) sur l'assurance-maladie (industrie). (Ratifiée par l’Algérie
le 19 octobre 1962. Décret n° 63-109 / JORA n° 21 du 12 avril 1963)

C044 - Convention (n° 44) du chômage. (Ratifiée par l’Algérie le 19 octobre 1962.
Décret n° 63-109 / JORA n° 21 du 12 avril 1963)

C062 - Convention (n° 62) concernant les prescriptions de sécurité (bâtiment).


(Ratifiée par l’Algérie le 19 octobre 1962. Décret n° 63-109 / JORA n° 21 du 12 avril
1963)

C077 - Convention (n° 77) sur l'examen médical des adolescents (industrie). (Ratifiée
par l’Algérie le 19 octobre 1962. Décret n° 63-109 / JORA n° 21 du 12 avril 1963)

- En matière de relation de travail :


C077 - Convention (n° 77) sur l'examen médical des adolescents (industrie). (Ratifiée
par l’Algérie le 19 octobre 1962. Décret n° 63-109 / JORA n° 21 du 12 avril 1963)
C010 - Convention (n° 10) sur l'âge minimum (agriculture). (Ratifiée par l’Algérie le
19 octobre 1962. Décret n° 63-109 / JORA n° 21 du 12 avril 1963)
C014 - Convention (n° 14) sur le repos hebdomadaire (industrie). (Ratifiée par
l’Algérie le 19 octobre 1962. Décret n° 63-109 / JORA n° 21 du 12 avril 1963)
C058 - Convention (n° 58) (révisée) sur l'âge minimum (travail maritime). (Ratifiée
par l’Algérie le 19 octobre 1962. Décret n° 63-109 / JORA n° 21 du 12 avril 1963)

Les conventions concernant les acteurs sociaux :


C011 - Convention (n° 11) sur le droit d'association (agriculture). (Ratifiée par
l’Algérie le 19 octobre 1962. Décret n° 63-109 / JORA n° 21 du 12 avril 1963)
C081 - Convention (n° 81) sur l'inspection du travail. (Ratifiée par l’Algérie le 19
octobre 1962. Décret n° 63-109 / JORA n° 21 du 12 avril 1963)
C087 - Convention (n° 87) sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical.
(Ratifiée par l’Algérie le 19 octobre 1962. Décret n° 63-109 / JORA n° 21 du 12 avril
1963)
C098 - Convention (n° 98) sur le droit d'organisation et de négociation collective.
(Ratifiée par l’Algérie le 19 octobre 1962. Décret n° 63-109 / JORA n° 21 du 12 avril
1963)
C150 - Convention (n° 150) sur l'administration du travail.77

Les conventions concernant la rémunération :


C063 - Convention (n° 63) concernant les statistiques des salaires et des heures de
travail. (Ratifiée par l’Algérie le 19 octobre 1962. Décret n° 63-109 / JORA n° 21 du
12 avril 1963)
C095 - Convention (n° 95) sur la protection du salaire. (Ratifiée par l’Algérie le 19
octobre 1962. Décret n° 63-109 / JORA n° 21 du 12 avril 1963)
C099 - Convention (n° 99) sur les méthodes de fixation des salaires minima
(agriculture). (Ratifiée par l’Algérie le 19 octobre 1962. Décret n° 63-109 / JORA n°
21 du 12 avril 1963)
C100 - Convention (n° 100) sur l'égalité de rémunération. (Ratifiée par l’Algérie le 19
octobre 1962. Décret n° 63-109 / JORA n° 21 du 12 avril 1963)

Parmi l’ensemble de ces conventions nous pouvons citer à titre d’illustration :

77
Décret n° 83-714 du 3 décembre 1983 portant ratification de la convention 150 concernant
l'administration du travail (rôles, fonctions et organisation), adoptée par la conférence générale de
l'organisation internationale du travail lors de sa soixante-quatrième session, à Genève le 26 juin
1978. JORA n°50 du 06/12/1983. Page 2071.
C014 - Convention (n° 14) sur le repos hebdomadaire (industrie) : La Convention
indique que tout le personnel occupé dans tout établissement industriel, public ou
privé, ou dans ses dépendances, devra jouir, au cours de chaque période de sept
jours, d'un repos comprenant au minimum vingt-quatre heures consécutives.
C095 - Convention (n° 95) sur la protection du salaire : La Convention interdit à
l'employeur de restreindre de quelque manière que ce soit la liberté du travailleur de
disposer de son salaire à son gré (article 16), Le salaire ne pourra faire l'objet de
saisie ou de cession que selon les modalités et dans les limites prescrites par la
législation nationale. Le salaire doit être protégé contre la saisie ou la cession dans
la mesure jugée nécessaire pour assurer l'entretien du travailleur et de sa famille
(article 10). Enfin elle privilégie les salaires par rapport aux créances de l’entreprise
(article 11).
C098 - Convention (n° 98) sur le droit d'organisation et de négociation collective : A
travers laquelle les organisations des travailleurs et d’employeurs doivent bénéficier
d'une protection adéquate contre tous actes d’ingérences des uns à l’égard des
autres (article 2). La convention préconise des mesures appropriées aux conditions
nationales qui doivent être prises pour encourager et promouvoir le développement
et l'utilisation les plus larges de procédures de négociation de conventions collectives
entre les employeurs et les organisations d'employeurs d'une part, et les
organisations de travailleurs d'autre part, en vue de régler par ce moyen les
conditions d'emploi (article 4).
C100 - Convention (n° 100) sur l'égalité de rémunération : A travers laquelle, chaque
Membre devra, par des moyens adaptés aux méthodes en vigueur pour la fixation
des taux de rémunération, encourager et, dans la mesure où ceci est compatible
avec lesdites méthodes, assurer l'application à tous les travailleurs du principe de
l'égalité de rémunération entre la main-d’œuvre masculine et la main-d’œuvre
féminine pour un travail de valeur égale (article 2).

3- La loi 88-01 relative à l’entreprise publique économique:


Cette loi détermine dans son article 9 les missions statutaires de l'entreprise publique
économique à travers son plan a moyen terme, de promouvoir, dans les limites de
son objet, par ses activités économiques efficaces et rentables la production de
richesses au service de la nation et de l'économie, l'amélioration continue de la
productivité du travail et du capital, l'approfondissement du caractère démocratique
de son administration et de sa gestion et enfin le développement continu du niveau
technologique et scientifique dans sa sphère d'activité. 78
La loi 88-01 relative à l’entreprise publique économique, avait introduit des éléments
pouvant garantir l’action de gestion et d’administration de l’entreprise contre toute
ingérence extérieure en précisant dans son article 41 que l’appréciation économique
de l'exploitation est effectuée à l'exclusion de toute intervention ou action directe
dans l'administration et la gestion de la ou des entreprises concernées.

78
Loi n° 88-01 du 12 janvier 1988 portant loi d'orientation sur les entreprises publiques
économiques. JORA n°2 du 13/01/1988. Page 18.
Par ailleurs cette loi énonce dans son article 58 que nul ne peut s’immiscer dans
l’administration et la gestion de l’entreprise publique économique, en dehors des
organes régulièrement constitués et agissant dans le cadre de leurs attributions
respectives. Ainsi toute infraction à cette disposition constitue une gestion de fait et
entraîne application des règles de responsabilité civile et pénale prévues en la
matière.
Enfin cette loi accorde à l’entreprise publique économique, la pleine capacité
juridique de stipuler, d’engager et contracter d’une manière autonome, par le biais de
ses organes habilités a cette fin, et donc négocier les conditions d’emploi, de travail
et de rémunération qu’elle établit en son sein.
Six ans plus tard suite, d’un côté aux insuffisances de certaines dispositions de la loi
90-11 constatées après leur mise en œuvre et d’autre part la nécessité de procéder
aux aménagements de certaines autres dont l’imprécision a donné lieu à des
interprétations qui n’ont pas toujours été conformes à l’esprit de la loi, des
dispositions ont été proposées à être modifiées ou complétées par l’ordonnance n°
96-21,79 il s’agit premièrement de la participations des travailleurs dont l’évaluation
de l’état d’application de la loi n° 90-11 du 21 avril 1990 relative aux relations de
travail a permis d’observer une série d’insuffisances liées au mode électorale retenu :

 Dissonances entre l’organe de participation et le syndicat dont, à bien des


égards les missions se chevauchent, compliquant les processus de négociations
et de consultation au sein des organismes employeurs ;

 Dualité de centres de représentation débouchant sur surenchères préjudiciables


à la cohésion sociale parmi les collectifs de travailleurs ;

 Mode électorale propice à un éparpillement des voix et favorisant l’émergence de


candidatures portées uniquement par les enjeux électoraux soutenus de
promesses démagogiques concourant ainsi à l’effritement de la représentation
des collectifs.

C’est pourquoi, et dans un souci de rehausser le degré de cohésion de la


représentation des collectifs d’une part et d’autre part de renforcer les divers canaux
de communication entre les partenaires sociaux aux sein des organismes
employeurs et en vue de contribuer à une meilleure intégration et une plus grande
implication des collectifs de travailleurs autour des objectifs de redressement de leurs
entreprises, il a été proposé une révision du mode électorale des délégués du
personnel en vue d’instituer, à l’instar de ce qui se pratique dans certains pays à
l’économie libérale, un mode électorale qui implique plus fortement les syndicats
dans la vie économique et sociale de l’entreprise.

79
Ordonnance n° 96-21 du 23 Safar 1417 correspondant au 9 juillet 1996 modifiant et complétant la
loi n° 90-11 du 21 avril 1990 relative aux relations de travail. JORA n°43 du 10/07/1996. Page 06.
Le nouveau mode s’appuierait ainsi sur un scrutin à deux (02) tours, le premier tour
étant réservé aux seules candidatures présentées par les syndicats représentatifs
au sein de l’organisme employeurs, lorsqu’ils existent. Néanmoins, et pour s’assurer
que les candidatures établies au 1er tour sont celles de nature à susciter la plus large
adhésion des collectifs de travailleurs, il est requis un seuil minima de participation
des électeurs à la consultation électorale pour la validation des résultats du scrutin.
En cas de non atteinte de ce seuil (50% au moins de participation au scrutin) il est
prévu le recours, dans les 30 jours qui suivent, à un second tour ouvert à tous les
travailleurs réunissant les critères d’éligibilité, la possibilité de présenter leur
candidature.

Dans le souci de mettre en place un mode de scrutin simple, et facilement guéable il


a été retenu un mode de scrutin permettant aux candidats ayant recueillis le plus
grand nombre de voix d’être déclarés élus.

Par ailleurs, il faut noter que la loi 90-11 à consacré la distinction entre les missions
de représentation syndicale et celles de participations, elle a institué cette dernière
fonction le comité de participation constitué de l’ensemble des délégués du
personnel élus par les travailleurs à travers tous les lieux de travail distincts de
l’organisme employeurs. Si le principe de la participation de la participation des
travailleurs consacré par la loi ne souffre d’aucune ambigüité, à l’inverse lorsqu’il
s’est agi de mettre en œuvre ce principe et partant institué les comités de
participation, le cadre juridique de l’époque à montré ses limites. Cette situation a
abouti dans les organismes employeurs pourvus de plusieurs lieux de travail distincts
et à fort effectif à des comités de participation pléthoriques ce qui est source de
dysfonctionnements et de blocages.

Pour remédier à cela il est proposé de modifier et de compléter l’article 93 de la loi


90-11 de manière à permettre l’ensemble des délégués du personnel élus, d’élire à
leur tour et en leur sein un comité de participation dont le nombre est déterminé par
l’article 99 de la même loi.

 L’amendement proposé à travers l’article 97 de la loi susvisée, prévoit la


possibilité de déroger à la condition d’ancienneté pour être éligible dans un
organisme nouvellement crée.

 En matière de délai de saisine du tribunal en cas de contestation portant sur les


élections de délégués du personnel, et pour éviter les blocages éventuels,
l’amendement proposé fixe le délai à 30 jours suivant les élections et permet au
tribunal de se prononcer en premier et dernier ressort dans les 30 jours suivant
sa saisine.

En matière de négociation collective et pour lever toute équivoque qui pourrait naître
de l’expression « lèse gravement les intérêts des tiers » contenus dans l’article 134
de la loi 90-11, il est proposé de supprimer cette portion de phrase, et contenir
l’intervention de l’inspecteur du travail exclusivement au contrôle de la légalité d’ordre
public. L’article 114 de la loi 90-11 est proposé à l’amendement pour consacrer
juridiquement la notion d’accord (s) collectif (s) afin d’assimiler dans ses effets à la
convention collective.

En matière de relations individuelles de travail et les conditions de travail, l’article 12


de la loi 90-11 à expressément fixé les cas où il est permis de recourir au contrat à
durée déterminée. Cette limitation légale à induit des difficultés d’application
notamment dans les secteurs d’activité où les travaux sont par nature à durée de vie
limitée tel que les chantiers du bâtiment, de l’hydraulique etc…Pour remédier à ces
insuffisances il est proposé de compléter l’article 12 par un alinéa étendant le recours
au contrat à durée déterminée ou temporaire par nature.

L’assouplissement introduit par l’alinéa 6 de l’article 12 ne doit pas donner lieu à des
recours abusifs et injustifiés à ce type de contrat. L’objectif visé par l’article 12 bis
nouveau est donc d’éviter les abus éventuels puisque l’inspecteur du travail
territorialement compétant s’assurera que les contrats conclus pour une durée
déterminée répondent aux cas expressément et initialement prévus par l’article 12 de
la loi. En tout état de cause et en cas de violation de ces dispositions l’article 146 bis
nouveau prévoit une amende à l’encontre de tout contrevenant aux dispositions.

L’article 13 de la loi 90-11 relative aux relations de travail introduit le contrat de travail
pour un temps partiel et pour une indéterminée. Cette forme souple mais nouvelle de
travail à été introduite pour favoriser la création d’emplois mais Il s’en fût rien. Les
hésitations des employeurs et même des travailleurs pour cette forme d’emploi sont,
sans doute, liées à l’absence de règlementation particulière fixant les droits et
obligations découlant de ce type de contrat. L’objectif visé par le renvoi à la
règlementation particulière est de rendre opérantes ces dispositions et par la même
donner plein effet à ce type de contrat, ce qui a abouti une année plus tard en 1997 a
l’adoption du décret exécutif déterminant les conditions et modalités de mise en
œuvre du travail à temps partiel.80

L’article 31 qui permet le recours aux heures supplémentaires par nécessité absolue
de service sans que le nombre d’heures ne dépassant les 20% de la durée légale du
travail. Ces limitations légales sont, dans certains cas, sources de problèmes,
notamment, dans les situations imprévisibles telles que les risques d’accidents
imminents, ou l’achèvement des travaux dont l’interruption risque d’engendrer des
détériorations matérielles. L’objet de son amendement est précisément de prendre
en charge ces cas, mais en prenant dans le même temps, la précaution légale à
travers l’article 143 bis nouveau de punir d’une amende tout employeur qui tente de
contrevenir à cette exception, tout en introduisant des précautions tendant à assurer
un contrôle rigoureux de ces dispositions.

80
Décret exécutif n° 97-473 du 8 Chaâbane 1418 correspondant au 8 décembre 1997 relatif au
travail à temps partiel. JORA n°82 du 14/12/1997. Page 14.
Le renvoi à la règlementation par l’article 42 de la loi 90-11 pour fixer le congé
supplémentaire pour les régions du sud est supprimé. Il est laissé le soin aux
conventions et accords collectifs de fixer les modalités d’application de cet article.
De l’autre côté l’alinéa 3 de l’article 54 corrige une omission et introduit l’absence
payée pour la circoncision de l’enfant d’un travailleur et prend ainsi la forme suivante
« A l'occasion de chacun des événements familiaux suivants : mariage du travailleur,
naissance d'un enfant du travailleur, mariage de l'un des descendants du travailleur,
décès d'ascendant, descendant et collatéral au 1er degré du travailleur ou de son
conjoint, décès du conjoint du travailleur, circoncision d'un enfant du travailleur, le
travailleur bénéficie dans ces cas de trois (3) jours ouvrables rémunérés. Toutefois,
dans les cas de naissance ou de décès, la justification intervient ultérieurement ».

L’article 73, 4 : En dépit des amendements introduits au niveau de la loi 91-29


modifiant et complétant la loi 90-11, 81le licenciement continue à poser des
problèmes quant à ses effets aussi bien pour le travailleur concerné que pour les
magistrats notamment en cas de licenciement abusif en raison de l’imprécision de
ses dispositions. Il faut signaler à cet égard que les décisions de réintégration
prononcées par les tribunaux demeurent souvent inexécutées. De même des abus
ont été constatés de la part des travailleurs bénéficiant des décisions de
réintégration, mais qui ne font valoir ce droit auprès de leurs entreprises que bien
plus tard.

L’objectif visé par cet amendement, à savoir la modification de l’article 73-4 de la loi
91-29 est de permettre au tribunal compétant saisi en premier et dernier ressort
d’annuler éventuellement la décision de licenciement lorsqu’il est établi qu’il a été
effectué en violation des procédures légales et/ou conventionnelles, et d’accorder au
travailleur concerné une compensation financière au moins égale au salaire perçu
par ce dernier s’il avait continué à travailler.

Mais dans le cas où le travailleur est victime d’un licenciement abusif et ce en


violation des dispositions de l’article 73 de la loi 90-11, le tribunal saisi statuera en
premier et dernier ressort, et peut proposer la réintégration du travailleur à son poste
de travail avec maintien de ses avantages acquis. Si l’une ou l’autre des parties
refuse la réintégration le tribunal octroie au travailleur une compensation pécuniaire
au moins égale à 6 mois de salaires sans préjudice des dommages et intérêts
éventuels.

L’autre disposition légale constituant l’arsenal juridique issu des réformes politiques,
institutionnelles et économiques de 1990 est la loi sur l'exercice du droit syndical, 82
qui introduit des principes nouveaux et en premier rang figure le pluralisme syndical.
Cette loi donne le droit aux travailleurs salariés d'une part, et les employeurs d'autre

81
Loi n° 91-29 du 21 décembre 1991 modifiant et complétant la loi n° 90-11 du 21 avril 1990 relative
aux relations de travail. JORA n°68 du 25/12/1991. Page 2167.
82
Loi n° 90-14 du 2 juin 1990 relative aux modalités d'exercice du droit syndical. JORA n°23 du
06/06/1990. Page 663.
part, de mêmes professions, branches ou secteurs d'activité, le droit de se constituer
en organisations syndicales, à l'effet de défendre leurs intérêts matériels et moraux.
Ce dispositif relatif à l'exercice du droit syndical tire ses fondements d’abord dans la
constitution de février 1989 considérée comme le fondement de toutes les lois
sociales constituant l’arsenal juridique de 1990 en ouvrant la voie à la liberté
d’association dans tous les domaines de la vie économique et sociale, mettant ainsi
fin aux pratiques antérieurs unipolaire dans l’exercice du droit syndical.
Ainsi les dispositions de la constitution du 23 février 1989 ayant un lien direct ou des
implications sur l’exercice du droit syndical sont énumérées au chapitre consacré aux
droits et aux libertés comme suit :
Article 32- La défense individuelle ou associative des droits fondamentaux de
l'homme et des libertés individuelles et collectives est garanti.
Article 34- Les infractions commises à l'encontre des droits et libertés ainsi que les
atteintes physiques ou morales à l'intégrité de l'être humain sont réprimées par la
loi.
Article 39- Les libertés d'expression, d'association et de réunion sont garanties au
citoyen.
Article 53- Le droit syndical est reconnu à tous les citoyens.
C087 - Convention (n° 87) sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical :
La convention stipule que les travailleurs et les employeurs, sans distinction
d'aucune sorte, ont le droit, sans autorisation préalable, de constituer des
organisations de leur choix, ainsi que celui de s'affilier à ces organisations, à la seule
condition de se conformer aux statuts de ces dernières. Les autorités publiques
doivent s'abstenir de toute intervention de nature à limiter ce droit ou à en entraver
l'exercice légal.
Les organisations de travailleurs et d'employeurs ont le droit de constituer des
fédérations et des confédérations ainsi que celui de s'y affilier, et toute organisation,
fédération ou confédération a le droit de s'affilier à des organisations internationales
de travailleurs et d'employeurs.
C098 - Convention (n° 98) sur le droit d'organisation et de négociation collective : la
convention prévoit une protection adéquate contre tous actes de discrimination
tendant à porter atteinte à la liberté syndicale en matière d'emploi. Une telle
protection doit notamment s'appliquer en ce qui concerne les actes ayant pour but de
subordonner l'emploi d'un travailleur à la condition qu'il ne s'affilie pas à un syndicat
ou cesse de faire partie d'un syndicat ou de congédier un travailleur ou lui porter
préjudice par tous autres moyens, en raison de son affiliation syndicale ou de sa
participation à des activités syndicales en dehors des heures de travail ou, avec le
consentement de l'employeur, durant les heures de travail.
Cette convention prévoit également une protection adéquate contre tous actes
d'ingérence, soit directement, soit par leurs agents ou membres, dans leur formation,
leur fonctionnement et leur administration.
Six années plus tard, certaines dispositions modificatives de la loi 90-14 ont été
introduites par le biais de l’ordonnance n° 96-12 du 10 juin 1996 modifiant et
complétant la loi n° 90-14 du 2 juin 1990 relative aux modalités d'exercice du droit
syndical,83afin, d’une part de donner à la notion de représentativité tout le poids et
l’objectivité que doit contenir cette notion d’autre part, renforcer la protection des
délégués du personnel en cas de licenciement. Pour la représentativité syndicale, La
consécration du principe de liberté syndicale a conduit le législateur à fixer des
critères de représentativité par voie législative pour distinguer celles des
organisations syndicales pouvant accéder à un certain nombre de privilèges : droit à
la négociation des conventions et accords collectifs, droit à la représentation par des
structures au sein des organismes employeurs, bénéfice du droit d’accès à des
subventions de l’Etat, droit à la consultation par les pouvoirs publics sur les questions
économiques et sociales, droit de représentation dans les conseils d’administration
des organismes de sécurité sociale, et au sein du conseil paritaire de la fonction
publique ainsi qu’au sein de la Commission Nationale d’Arbitrage des conflits
collectifs de travail.

Les normes de représentativité légales obéissent à des critères l’un d’ancienneté (six
(06) mois d’existence légale) et l’autre d’effectifs. C’est le second critère qui semble
poser problème aussi bien au sein de l’organisme employeur qu’aux échelons
territoriaux (communal, wilayal et national).

En effet l’absence de dispositions légales faisant peser sur les syndicats concernés
des obligations quant à la communication d’un certain nombre d’indications telles
l’effectif de leurs adhérents et leurs cotisations de façon périodiques, les soustraient
à tout contrôle, y compris des pouvoirs publics, rendant ainsi difficile l’appréciation de
leur degré de représentativité. C’est pourquoi, et dans le strict respect des principes
de pluralisme syndical consacrés, aussi bien par la constitution nationale que par la
jurisprudence internationale, il est proposé des amendements destinés à lever les
écueils rencontrés au niveau du contrôle de la représentativité.

Aussi et dans l’objectif de renforcer la cohésion de la négociation collective, et


donner à la notion de représentativité tout son poids, qu’il a été jugé nécessaire
d’introduire une obligation dont doivent s’acquitter les organisations syndicales de
travailleurs et d’employeurs présumées jusqu’à preuve du contraire. Cette obligation
consiste à fournir annuellement, notamment les renseignements relatifs aux nombres
de leurs adhérents, les cotisations de leurs membres, et les résultats des élections
des délégués élus au comité de participation s’il en existe un. En cas de litiges qui
pourraient survenir à ce propos, il est prévu de laisser le soin à la justice de trancher.

S’agissant du licenciement d’un délégué syndical, la protection particulière dont


doivent bénéficier les délégués syndicaux notamment contre le licenciement, se

83
Ordonnance n° 96-12 du 23 Moharram 1417 correspondant au 10 juin 1996 modifiant et
complétant la loi n° 90-14 du 2 juin 1990 relative aux modalités d'exercice du droit syndical. JORA
n°36 du 12/06/1996. Page 04.
trouve insuffisamment prise en charge par l’article 56 de la loi n° 90-14 du 2 juin
1990 relative aux modalités d'exercice du droit syndical, un modificatif est alors
introduit dans l’objectif de permettre à l’inspecteur du travail territorialement
compétant de dresser un procès-verbal et d’en saisir la juridiction compétente qui
statue en premier et dernier ressort par décision exécutoire nonobstant opposition ou
appel dans un délai qui ne saurait excéder soixante (60) jours.84

Néanmoins, la loi 90-14 a été abrogée en 2023, laissant place à la loi n° 23-02 du 25
avril 2023 relative à l'exercice du droit syndical, 85 qui au-delà de l’amendement du
titre et de la détermination du statut juridique des travailleurs salariés et de
l’employeur, la loi prévoit la neutralité politique des responsables des organisations
syndicales avec le renforcement à la fois des protections autour des délégués
syndicaux.
Cette loi s'inscrit également dans le cadre du renforcement du cadre légal de
l'exercice du droit syndical en Algérie exigeant une nouvelle organisation du domaine
syndical garantissant les droits et les obligations des travailleurs et protéger par la
même les intérêts de la société.
Cette nouvelle loi constitue donc une réforme pour promouvoir la liberté syndicale,
protéger le droit syndical et renforcer la concertation et le dialogue social entre les
partenaires sociaux, en fonction des évolutions politiques, économiques et sociales
qu’a connu l'Algérie.
Sur le fond, les modifications apportées par la loi n° 23-02 du au 25 avril 2023
relative à l'exercice du droit syndical se répartissent entre celles qui apportent des
précisions et des ajouts essentiels aux dispositions de la loi 90-14 et celles liées à de
nouvelles dispositions et principes inédits. Ces modifications se présentent comme
suit :

1- La détermination du champ d'application en clarifiant le statut juridique des


travailleurs salariés et des employeurs, ce qui leur permet de constituer des
organisations syndicales de base, fédérations ou confédérations.
2- La consécration des principes fondamentaux qui garantissent la liberté d’exercice
de l'activité syndicale dans le respect des symboles de l'unité nationale et constantes
nationales, y compris le respect des libertés individuelles et collectives au travail, la
lutte contre la discrimination syndicale et l'interdiction de toute ingérence dans le
fonctionnement des organes de direction et d'administration des organisations
syndicales ou la pratique des pressions visant à entraver l’exercice du droit syndical.
3- le renforcement du droit de constituer et d'adhérer à des organisations syndicales
de base, des fédérations ou des confédérations, d'élire librement leurs représentants,
de formuler leur programme de travail et de fixer leurs propres statuts et règlements

84
Art 37 de l’ordonnance n° 96-12 du 23 Moharram 1417 correspondant au 10 juin 1996 modifiant
et complétant la loi n° 90-14 du 2 juin 1990 relative aux modalités d'exercice du droit syndical.
JORA n°36 du 12/06/1996. Page 04.
85
Loi n° 23-02 du 5 Chaoual 1444 correspondant au 25 avril 2023 relative à l'exercice du droit
syndical. JORA n° 29 du 02 Mai 2023. Page 03.
intérieurs, tant qu'ils ne sont pas contraires aux lois et à l'ordre public.
4- La détermination des conditions et modalités de constitution des organisations
syndicales, notamment en fixant le nombre de membres fondateurs à trente (30)
personnes au minimum, pour les organisations syndicales de base à vocation
nationale, répartis sur trente (30) wilayas, d'une façon équilibrée, sur l’ensemble du
territoire national, 10 membres fondateurs pour les organisations vocation inter-
wilayas et de 5 à 8 membres fondateurs pour les syndicales à vocation wilayale,
communale ou intercommunale et en exigeant une domiciliation physique propre à
l'organisation syndicale.
5- L'octroi de subventions financières de l'État et des collective organisations
syndicales sur la base de certains critères, notamment la justification de leur
représentativité syndicale, leur transparence financière et leur promotion de la
négociation collective, à la prévention des conflits, aux programmes nationaux de
développement économique et social et à la réalisation de projet dans le cadre des
programmes d'études, de publication ou de formation qu’elles initient.
6- La détermination des droits et obligations des membres de l’organisation
syndicale, y compris la détermination du mandat des organes de direction et
d'administration des organisations syndicales d'une durée qui ne peut excéder quatre
(4) ans, renouvelable une seule (1) fois, ainsi que l'octroi d'un droit au travailleurs et
aux employeurs étrangers, qui remplissent les conditions requise postes de direction
ou d'administration au sein de l'organisation syndicale dans la limite de 30% du total
de ces postes.
En outre, l'obligation pour les organisations syndicales de contribuer à l’effort national
dans le domaine des statistiques, en soumettant régulièrement, tous les trois (3) ans,
aux autorités administratives compétentes des données statistiques générales autres
que celles entrant dans le cadre de la justification de la représentativité.
7- La promotion du rôle des femmes travailleuses dans les instances de direction des
organisations syndicales et de leurs activités, en consolidant leur participation et en
encourageant la participation des jeunes.
8- L'augmentation du taux de la représentativité des organisations syndicales au
niveau des organismes employeurs, des secteurs et au niveau national à 30% afin
de donner aux organisations syndicales plus de légitimité pour assumer leurs
responsabilités, mesurer leur crédibilité et reconnaître leur place dans le dialogue
social.
Par ailleurs, le délai de périodicité de dépôt des éléments d'appréciation de la
représentativité a été modifié en le portant de un (1) à trois (3) ans, étant donné qu’il
a été constaté que définir la périodicité d'un an dans la loi actuelle ne reflète pas la
lenteur de l'évolution des phénomènes sociaux vécus par les organisations
syndicales comme le phénomène de mutation dans la vie syndicale et les réelles
difficultés rencontrées pour promouvoir l'activité syndicale.
En ce qui concerne l'appréciation de la représentativité des organisations syndicales
de base des travailleurs, elle a été confiée au niveau de l'organisme employeur à un
organe neutre, en l'occurrence l'inspection du travail de wilaya.
Au niveau régional ou professionnel, l'appréciation de la représentativité syndicale
des organisations syndicales est attribuée à l'autorité administrative compétente, tout
en précisant que tout litige relatif à l'appréciation de la représentativité syndicale peut
être porté devant la juridiction compétente.
9- La détermination du nombre de délégués syndicaux que chaque organisation
syndicale représentative est autorisée à désigner dans les lieux de l’institution d'un
conseil syndical au niveau du siège social de chaque organisme employeur.
Ce conseil dont les missions sont nombreuses, notamment dans la participation aux
réunions périodiques de prévention et de règlement des conflits collectifs de travail
dans l’organisme employeur, ainsi que la représentation de son organisation
syndicale devant la justice pour assurer la défense des intérêts collectifs et
individuels de ses membres.
Ont été précisés également dans cette nouvelle loi, les conditions de désignation et
de constitution, ainsi que les attributions de différentes représentations syndicales,
notamment celles relatives à la section syndicale et au délégué syndical au niveau
de l'organisme employeur ainsi que les attributions des organisations syndicales,
selon qu'elles soient représentatives ou plus représentatives.
10- Le renforcement des mécanismes et moyens d'exercice du droit syndical en
permettant aux délégués syndicaux l'acquisition et l'amélioration de leurs
connaissances dans le domaine syndical et du droit du travail, en leur accordant le
droit à un congé de formation syndicale dont la durée ne peut excéder quinze (15)
jours ouvrables au maximum dans l'année.
11- Le renforcement de la protection du délégué syndical contre toute décision
arbitraire liée à son appartenance ou à l'exercice d'une activité syndicale par des
procédures particulières, dont le recours à l'inspection du travail territorialement
compétente et aux juridictions compétentes, notamment administratives, pour
régulariser sa situation. Ces procédures diffèrent entre le secteur économique et le
secteur de la fonction publique, et ce en raison de la différence des statuts juridique
des personnels relevant de chaque secteur.
La loi prévoit également, les procédures de réintégration du délégué syndical dans
son poste de travail, après licenciement ou révocation, et refus de l'employeur de le
réintégrer, tout en conservant tous ses droits dont il a été privé pendant la période de
licenciement ou de révocation.
Quant à l'organisation syndicale, la loi, outre le droit d'ester en justice, consacre à
ses instances statutaires, le droit de la représenter devant les juridictions
compétentes.
12- La garantie de la bonne gestion financière des organisations syndicales en les
soumettant aux règles de la comptabilité commerciale, tout en les obligeant à
présenter leurs bilans moraux et financiers adoptés par l'assemblée générale à
l’autorité administrative compétente, à condition que les bilans financiers soient
certifiés par le commissaire aux comptes.
13- La détermination des motifs de suspension ou de dissolution des organisations
syndicales, notamment en cas de violation des dispositions légales en vigueur ou
celle prévues par leurs statuts.
Dans le même cheminement, les décrets d’application des orientations contenues
dans la loi n° 88-07 du 26 janvier 1988 relative à l'hygiène, à la sécurité et à la
médecine du travail n’ont trouvé le jour qu’à partir de 1990 par la promulgation des
textes relatifs aux prescriptions générales de protection applicables en matière
d'hygiène et de sécurité en milieu de travail applicable à tout organisme
employeur,86l’hygiène générale des locaux et leurs dépendances, la propreté et
prophylaxie, l’aération et assainissement des locaux, l’ambiances et éléments de
confort,… en plus des mesures liées à la sécurité sur les lieux de travail dans le
cadre de la manutention et circulation, la prévention des chutes d'un niveau
supérieur, les machines et mécanismes, sans oublier les mesures particulières de
prévention des risques d’incendies par la vérification périodique et les mesures
d’entretien appropriées.

En sus de l'organisation et le fonctionnement du conseil national d'hygiène de


sécurité et de médecine du travail,87 l’organisation de la médecine du travail, a
bénéficié elle aussi d’une attention particulière et d’un encadrement plus soutenu par
le décret n° 93-120 du 15 mai 1993 fixant les règles générales d'organisation et de
fonctionnement de la médecine du travail au sein de tout organisme employeur tel
que prévu par la loi n° 88-07 du 26 janvier 1988 relative à l'hygiène, à la sécurité et à
la médecine du travail.88 Un décret recadrant l’organisation et le financement de la
médecine du travail, clarifiant les prérogatives du médecin du travail et les auxiliaires
médicaux et soins d'urgence et définit les règles de contrôle des activités de
médecine du travail. D’autres arrêtés interministériels s’ajoutent pour déterminer les
travaux où les travailleurs sont fortement exposés aux risques professionnels,
auxquels les organismes employeurs sont tenus de faire subir aux travailleurs
exerçant ces travaux au moins une visite médicale semestrielle complétée par les
examens para-cliniques appropriés.89

L’année 1990 est une année charnière pour ce qui est de la sécurité et la santé au
travail en Algérie, une panoplie de textes adoptés ayant traité de diverses situations
de risque à l’exemple des règles et les principes généraux pour la protection des
personnes, des biens et de l'environnement lors du transport terrestre, maritime ou

86
Décret exécutif n° 91-05 du 19 janvier 1991 relatif aux prescriptions générales de protection
applicables en matière d'hygiène et de sécurité en milieu de travail. JORA n°4 du 23/01/1991. P
63.
87
Décret exécutif n° 96-209 du 18 Moharram 1417 correspondant au 5 juin 1996 fixant la
composition, l'organisation et le fonctionnement du conseil national d'hygiène, de sécurité et de
médecine du travail. JORA n°35 du 09/06/1996. P 8.
88
Décret exécutif n° 93-120 du 15 mai 1993 relatif à l'organisation de la médecine du travail. JORA
n°33 du 19/05/1993.
89
Arrêté interministériel du 2 Dhou El Kaada 1415 correspondant au 2 avril 1995 fixant la
convention-type relative à la médecine du travail établie entre l'organisme employeur et le secteur
sanitaire ou la structure compétente ou le médecin habilité. JORA n°30 du 15/05/1996. P 17.
aérien des matières dangereuses, 90 les conditions d'exercice des activités de
gardiennage et de transport de fonds et produits sensibles et toute les activités
assurant la sécurité du transport et de convoyage des fonds, métaux précieux ainsi
que toute matière sensible.91

D’autres dispositions concernant les substances explosives et les explosions, qui


sont en général violentes et destructrice à l’extrême, et n’épargnent aucune activité à
savoir la recherche, la production, la conservation, le transport, l'utilisation, le
commerce (importation, exportation et vente), 92en plus de leurs conditions
d'isolement et celle des établissements de production ou de conservation qui posent
un réel souci de sécurité.93

Un autre domaine tout aussi important est celui de la qualité et de la conformité des
produits fabriqués localement ou importés, avant leur mise sur le marché,94 les
exigences auxquelles doivent répondre la construction, l'installation et l'exploitation,
des appareils à pression de gaz,95 des chaudières, des canalisations de vapeur et
des récipients de vapeur.96

Les programmes de recherche et développement alliés incontournables dans


l’organisation de la sécurité et santé au travail à travers notre pays, sont orientés
essentiellement vers le développement des méthodes et techniques de dosimètres
des rayonnements électromagnétiques à des fins de protection des personnels
exposés à ces rayonnements, de dosimétrie des neutrons en vue de la prise en
charge des personnels travaillant dans et autour des installations nucléaires ainsi
que les mesures de prévention des risques liés aux activités dans lesquelles les
travailleurs et/ou la population générale97 sont exposés ou susceptibles d'être
exposés aux poussières provenant de l'amiante ou des matériaux friables ou non

90
Décret exécutif n° 90-79 du 27 février 1990 portant réglementation du transport de matières
dangereuses. JORA n°10 du 07/03/1990. P 320.
91
Décret législatif n° 93-16 du 20 Joumada Ethania 1414 correspondant au 4 décembre 1993 fixant
les conditions d'exercice, d'activités de gardiennage et de transport de fonds et produits sensibles.
JORA n°80 du 05/12/1993. P 06.
92
Décret présidentiel n° 90-198 du 30 juin 1990 portant réglementation des substances explosives.
JORA n°27 du 04/07/1990. P 760.
93
Arrêté interministériel du 10 août 1993 portant conditions d'isolement des établissements de
production ou de conservation des substances explosives. JORA n°28 du 08/05/1994. P 03.
94
Décret exécutif n° 92-65 du 12 février 1992 relatif au contrôle de la conformité des produits
fabriqués localement ou importés. JORA n°13 du 19/02/1992. P 275.
95
Décret exécutif n° 90-245 du 18 août 1990 portant réglementation des appareils à pression de
gaz. JORA n°36 du 22/08/1990. P 998.
96
Décret exécutif n° 90-246 du 18 août 1990 portant réglementation des appareils à pression de
vapeur. JORA n°36 du 22/08/1990. P 1003.
97
Arrêté interministériel du 16 Rabie El Aouel 1420 correspondant au 30 juin 1999 relatif à la
protection de la population contre les risques sanitaires liés à une exposition à l'amiante dans les
immeubles bâtis. JORA n°68 du 26/09/1999. P 06.
friables contenant de l'amiante, 98ainsi que les dispositions relatives aux règles
techniques que doivent respecter les entreprises effectuant des activités de
confinement et de retrait de l'amiante.99

Les années 1990 sont désormais qualifiées par excellence de période la plus
caractérisée par l’adoption des plus importantes dispositions d’application dans le
domaine de la sécurité en général et dans le domaine de la sécurité au travail en
particulier de toute l’histoire de l’Algérie contemporaine en plus de la ratification de
trois (03) Conventions pertinentes, avec l’adhésion de l’Algérie en 1994 au Traité sur
la non-prolifération des armes nucléaires100et la signature de l’accord relatif à
l'application des garanties dans le cadre de ce même traité avec l'agence
internationale de l'énergie atomique en 1996101ainsi que l’adhésion de l’Algérie, deux
années plus tard, c’est à dire en 1998, à la Convention de Bâle sur le contrôle des
mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination. 102

La privation d’un institut d’envergure ayant pour objet d'entreprendre toutes activités
concernant la promotion et l'amélioration des conditions d’hygiène et de sécurité en
milieu de travail à la hauteur de l’ex INHS a été lourdement ressentie par les
spécialistes, praticiens et usagers du domaine de la prévention des risques
professionnels ce qui a poussé les pouvoirs publics à créer un institut en
remplacement de l’INHS.

Il s’agit de l’Institut national de prévention des risques professionnels (INPRP)


chargé, 103 notamment d'effectuer toutes études techniques et scientifiques visant à
l'amélioration des conditions de travail, de donner des conseils pratiques et des
suggestions, notamment en ce qui concerne les secteurs à haut degré de risques,
d'émettre des avis, d'animer et de coordonner toute action de prévention des risques
professionnels, de dépister sur les lieux de travail, les dangers et les lacunes dans le

98
Décret exécutif n° 99-95 du Moharram 1420 correspondant au 19 avril 1999 relatif à la prévention
des risques liés à l'amiante. JORA n°29 du 21/04/1999. P 11.
99
Arrêté interministériel du Aouel Rabie El Aouel 1420 correspondant au 15 juin 1999 relatif aux
règles techniques que doivent respecter les entreprises effectuant des activités de confinement et
de retrait de l'amiante. JORA n°68 du 26/09/1999. P 04.
100
Décret présidentiel n° 94-287 du 15 Rabie Ethani 1415 correspondant au 21 septembre 1994
portant adhésion de la République algérienne démocratique et populaire au traité sur la non-
prolifération des armes nucléaires, signé à New York le 1er juillet 1968. JORA n°62 du 02/10/1994.
P 05.
101
Décret présidentiel n° 96-435 du 1er décembre 1996 relatif à l’accord entre la République
algérienne démocratique et populaire et l'agence internationale de l'énergie atomique relatif à
l'application de garanties dans le cadre du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires,
signé à Alger le 30 mars 1996. JORA n°75 du 04/12/1996. P 03.
102
Décret présidentiel n° 98-158 du 19 Moharram 1419 correspondant au 16 mai 1998 portant
adhésion, avec réserve, de la République algérienne démocratique et populaire, à la convention de
Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination.
JORA n°32 du 19/05/1998. P 03.
103
Décret exécutif n° 2000-253 du 23 Joumada El Oula 1421 correspondant au 23 août 2000
portant création, organisation et fonctionnement de l'institut national de la prévention des risques
professionnels. JORA n°53 du 27/08/2000. P 53.
dispositif de prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles,
d'émettre, des avis et des recommandations en matière d'homologation de machines
et/ou d'utilisation de substances dangereuses, d'étudier, en liaison avec les
organismes spécialisés ainsi que les services de médecine du travail et ceux de
l'inspection du travail, les causes des accidents du travail et des maladies
professionnelles, en procédant aux enquêtes, en cas d'accidents du travail ou de
maladies professionnelles ; et à l'établissement de statistiques, d'assurer la
formation, le recyclage, et le perfectionnement des personnels, dans le cadre de la
législation et de la réglementation en vigueur et enfin d'apporter sa contribution aux
travaux de normalisation ainsi qu'à ceux relatifs à la toxicité des produits et
substances dangereuses conformément à la législation et à la réglementation en
vigueur.

L’année 2001 est l’année de la médecine du travail par excellence, en plus de


l’adoption des dispositions concernant les lieux publics où l'usage du tabac à fumer
est interdit à l’instar des lieux de travail affectés à un collectif de travailleurs tel que
les locaux d'accueil, de réception et de restauration collective, salles de réunion ainsi
que les locaux sanitaires et médico-sanitaires,104et le fonctionnement de la
commission nationale d'homologation des normes d'efficacité des produits qui a vu le
jour la même année, laquelle commission chargée de donner son avis sur les
normes conformément aux dispositions de l'article 9 de la loi n° 88-07 du 26 janvier
1988 notamment sur les aspects inhérents à l'hygiène et à la sécurité en milieu de
travail et dans le respect du dispositif législatif et réglementaire régissant la
normalisation.105

L’année 2001 a vu ainsi, la publication de la convention-type relative à la médecine


du travail établie entre l'organisme employeur et le secteur sanitaire ou la structure
compétente ou le médecin habilité,106 le rapport type du médecin du travail,107 les
modalités d'établissement et de tenue des documents obligatoirement établis par le
médecin du travail,108 et les normes en matière de moyens humains, de locaux et

104
Décret exécutif n° 01-285 du 6 Rajab 1422 correspondant au 24 septembre 2001 fixant les lieux
publics où l'usage, du tabac est interdit et les modalités d'application de cette interdiction. JORA
n°55 du 26/09/2001. P 15.
105
Décret exécutif n° 01-341 du 11 Chaâbane 1422 correspondant au 28 octobre 2001 fixant la
composition, les attributions et le fonctionnement de la commission nationale d'homologation des
normes d'efficacité des produits, dispositifs ou appareils de protection. JORA n°64 du 31/10/2001.
P 12.
106
Arrêté interministériel du 2 Dhou El Kaada 1415 correspondant au 2 avril 1995 fixant la
convention-type relative à la médecine du travail établie entre l'organisme employeur et le secteur
sanitaire ou la structure compétente ou le médecin habilité. JORA n°30 du 15/05/1996. P 17.
107
Arrêté interministériel du 28 Rajab 1422 correspondant au 16 octobre 2001 fixant le rapport type
du médecin du travail. JORA n°21 du 27/03/2002. P 13.
108
Arrêté interministériel du 28 Rajab 1422 correspondant au 16 octobre 2001 fixant le contenu, les
modalités d'établissement et de tenue des documents obligatoirement établis par le médecin du
travail. JORA n°21 du 27/03/2002. P 04.
d'équipement des services de médecine du travail,109en plus du décret exécutif relatif
aux conditions d’organisation de l'instruction, l'information et la formation à la
prévention des risques professionnels promulgué dans un objectif de prévenir les
travailleurs sur les risques professionnels auxquels ils peuvent être exposés, les
mesures de prévention et les précautions à prendre pour assurer leur propre sécurité
ainsi que celle des autres personnes exerçant sur le même lieu de travail et dans leur
environnement immédiat.110

Aussi, une attention particulière a été accordée aux mesures de protection des
travailleurs contre les risques liés à l'inhalation de poussières d'amiante que doivent
respecter les organismes employeurs par rapport aux mesures de protection
collective, la surveillance médicale et toute mesures de protection spécifiques aux
différents travaux de fabrication et de transformation de produits ou de matériaux
contenant de l'amiante, les travaux de démolition, de retrait ou de confinement de
l'amiante ainsi que les travaux et interventions sur des matériaux ou appareils
susceptibles de libérer des fibres d'amiante.111

D’autres textes relatifs aux règles de sécurité applicables aux activités portant sur les
matières et produits chimiques dangereux ainsi que les récipients de gaz sous
pression,112 les conditions particulières relatives au transport routier de matières
dangereuses 113et les prescriptions relatives au traitement et l’élimination des
déchets anatomiques, infectieux et toxiques d'activités de soins,114dont les modalités
d’application seront fixées huit ans plus tard en juin 2011. 115

Additivement, il y a lieu de signaler les dispositions applicables aux commissions


paritaires d'hygiène et de sécurité et aux préposés permanents et aux préposés à
l'hygiène et à la sécurité ;116 les attributions, la composition, l'organisation et le

109
Arrêté du 28 Rajab 1422 correspondant au 16 octobre 2001 fixant les normes en matière de
moyens humains, de locaux et d'équipement des services de médecine du travail. JORA n°21 du
27/03/2002. P 20.
110
Décret exécutif n° 02-427 du 3 Chaoual 1423 correspondant au 7 décembre 2002 relatif aux
conditions d'organisation de l'instruction, de l'information et de la formation des travailleurs dans le
domaine de la prévention des risques professionnels. JORA n°82 du 17/12/2002.
111
Arrêté interministériel du 5 Chaâbane 1424 correspondant au 1er octobre 2003 relatif à la
protection des travailleurs contre les risques liés à l'inhalation de poussières d'amiante. JORA n°7
du 31/01/2004. P 06.
112
Décret exécutif n° 03-451 du 7 Chaoual 1424 correspondant au 1er décembre 2003 définissant
les règles de sécurité applicables aux activités portant sur les matières et produits chimiques
dangereux ainsi que les récipients de gaz sous pression. JORA n°75 du 07/12/2003. P 04.
113
Décret exécutif n° 03-452 du 7 Chaoual 1424 correspondant au 1er décembre 2003 fixant les
conditions particulières relatives au transport routier de matières dangereuses. JORA n°75 du
07/12/2003. P 07.
114
Décret exécutif n° 03-478 du 15 Chaoual 1424 correspondant au 9 décembre 2003 définissant
les modalités de gestion des déchets d'activités de soins. JORA n°78 du 14/12/2003. P 04.
115
Arrêté interministériel du 30 Rabie Ethani 1432 correspondant au 4 avril 2011 fixant les modalités
de traitement des déchets anatomiques. JORA n°35 du 10/06/2012. P 46.
116
Décret exécutif n° 05-09 du 27 Dhou El Kaada 1425 correspondant au 8 janvier 2005 relatif aux
commissions paritaires et aux préposés à l'hygiène et à la sécurité. JORA n°4 du 09/01/2005. P
fonctionnement du comité inter-entreprises d'hygiène et de sécurité ;117 les conditions
de création, d'organisation et de fonctionnement du service d'hygiène et de sécurité,
en milieu de travail, ainsi que ses attributions118et enfin les comités techniques
consultés sur les questions relatives aux conditions générales de travail ainsi qu'à
l'hygiène et à la sécurité au sein des institutions et administrations publiques,
instituée par l’ordonnance n° 06-03 du 15 juillet 2006 portant statut général de la
fonction publique,119la même ordonnance qui sera à l’origine deux années après sa
promulgation à l’apparition des régimes indemnitaires des fonctionnaires appartenant
aux institutions et administrations publiques, attribuant ainsi des indemnités
destinées à rémunérer les sujétions particulières inhérentes à l'exercice de certaines
activités, les conditions de travail pénibles ou se rapportant au lieu et aux conditions
spécifiques de travail, à l’exemple des indemnités de nuisance, de risques, de
risques de contagions et de contaminations…

Le secteur du bâtiment, des travaux publics et de l'hydraulique quant à lui a fait


l’objet d’un encadrement juridique, Il s’agit en premier lieu de la création de
l'organisme de prévention des risques professionnels dans les activités du bâtiment,
des travaux publics et de l'hydraulique (OPREBATPH)120 et de la fixation des
prescriptions particulières en matière d'hygiène et de sécurité applicables au sein de
chaque organisme employeur relevant des secteurs du bâtiment, des travaux
publics, de l'hydraulique et des activités annexes (B.T.P.H.), dont les travailleurs
effectuent, même à titre occasionnel, des travaux, notamment, d'études, de
construction, d'installation, de démolition, d'entretien, de réfection et de nettoyage ;121
les modalités de déclaration d'ouverture des chantiers occupant plus de neuf (9)
travailleurs pendant plus d'une (1) semaine ;122 les modalités d'établissement du plan
d'hygiène et de sécurité pour assurer aux travailleurs une meilleure prévention des
risques professionnels liés aux activités du bâtiment, des travaux publics et de
l'hydraulique ; 123et enfin les modalités de suivi médical des personnes exerçant au

16.
117
Décret exécutif n° 05-10 du 27 Dhou El Kaada 1425 correspondant au 8 janvier 2005 fixant les
attributions, la composition, l'organisation et le fonctionnement du comité inter-entreprises
d'hygiène et de sécurité. JORA n°4 du 09/01/2005. P 19.
118
Décret exécutif n° 05-11 du 27 Dhou El Kaada 1425 correspondant au 8 janvier 2005 fixant les
conditions de création, d'organisation et de fonctionnement du service d'hygiène et de sécurité
ainsi que ses attributions. JORA n°4 du 09/01/2005. P 21.
119
Ordonnance n° 06-03 du 19 Joumada Ethania 1427 correspondant au 15 juillet 2006 portant
statut général de la fonction publique. JORA n°46 du 16/07/2006. P 03.
120
Décret exécutif n° 06-223 du 21 juin 2006 portant création, attributions, organisation et
fonctionnement de l'organisme de prévention des risques professionnels dans les activités du
bâtiment, des travaux publics et de l'hydraulique. JORA n° 42 du 25/06/2006. P 11.
121
Décret exécutif n° 05-12 du 27 Dhou El Kaada 1425 correspondant 8 janvier 2005 relatif aux
prescriptions particulières d'hygiène et de sécurité applicables aux secteurs du bâtiment, des
travaux publics et de l'hydraulique. JORA n°4 du 09/01/2005. P 23.
122
Arrêté du 22 Rajab 1429 correspondant au 26 juillet 2008 relatif à la déclaration d'ouverture de
chantiers dans les activités du bâtiment, des travaux publics et de l'hydraulique. JORA n°58 du
08/10/2008. P 37.
123
Arrêté du 22 Rajab 1429 correspondant au 26 juillet 2008 relatif au plan d'hygiène et de sécurité
niveau des ouvrages et installations d'exploitation d'un service public de l'eau,124dont
la liste des postes de travail concernés est dévoilée en 2001.125

Pour parachever, il ya lieu de signaler qu’à travers les années 2000 et 2010, l’Algérie
a ratifié d’importantes Conventions Internationales pertinentes, ayant trait dans leurs
majorités, à la sécurité et la santé au travail, à savoir :

 La Convention Internationale sur la protection physique des matières


nucléaires en 2003;126

 La Convention sur la notification rapide d'un accident nucléaire en 2003 ;127

 La Convention arabe (n° 7) concernant l'hygiène et la sécurité


professionnelle en 2005;128

 La Convention arabe (n° 13) concernant le milieu du travail en 2005;129

 La Convention Internationale (n° 155) sur la sécurité et la santé des


travailleurs en 2006;130

 La Convention Internationale (n° 167) sur la sécurité et la santé dans la


construction en 2006;131

dans les activités du bâtiment, des travaux publics et de l'hydraulique. JORA n°58 du 08/10/2008.
P 34.
124
Décret exécutif n° 09-392 du 7 Dhou El Hidja 1430 correspondant au 24 novembre 2009 fixant
les modalités de suivi médical des personnes exerçant au niveau des ouvrages et installations
d'exploitation d'un service public de l'eau. JORA n°70 du 29/11/2009. P 7.
125
Arrêté du 25 Rabie Ethani 1432 correspondant au 30 mars 2011 fixant la liste des postes de
travail concernés par le suivi médical des personnes exerçant au niveau des ouvrages et
installations d'exploitation d'un service public de l'eau. JORA n°47 du 21/08/2011. P 36.
126
Décret présidentiel n° 03-68 du 15 Dhou El Hidja 1423 correspondant au 16 février 2003 portant
ratification, avec réserve, de la convention sur la protection physique des matières nucléaires,
ouverte à la signature à Vienne et à New York, le 3 mars 1980. JORA n°12 du 23/02/2003. P 04.
127
Décret présidentiel n° 03-368 du 27 Chaâbane 1424 correspondant au 23 octobre 2003 portant
ratification, avec réserve, de la Convention sur la notification rapide d'un accident nucléaire,
adoptée à Vienne le 26 septembre 1986. JORA n°65 du 29/10/2003. P 08.
128
Décret présidentiel n° 05-280 du 9 Rajab 1426 correspondant au 14 août 2005 portant ratification
de la convention arabe n° 7 concernant l'hygiène et la sécurité professionnelle, adoptée à
Alexandrie, en mars 1977. JORA n°56 du 17/08/2005. P 03.
129
Décret présidentiel n° 05-281 du 9 Rajab 1426 correspondant au 14 août 2005 portant ratification
de la convention arabe n° 13 concernant le milieu du travail, adoptée à Benghazi en mars 1981.
JORA n°56 du 17/08/2005. P 05.
130
Décret présidentiel n° 06-59 du 12 Moharram 1427 correspondant au 11 février 2006 portant
ratification de la convention 155 concernant la sécurité, la santé des travailleurs et le milieu de
travail, adoptée à Genève le 22 juin 1981. JORA n° 07 du 12/02/2006. P 05.
131
Décret présidentiel n° 06-60 du 12 Moharram 1427 correspondant au 11 février 2006 portant
ratification de la convention 167 concernant la sécurité et la santé dans la construction, adoptée à
Genève le 20 juin 1988. JORA n° 07 du 12/02/2006. P 09.
 La Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac en 2006;132

 La Convention sur la protection physique des matières nucléaires et des


installations nucléaires en 2007;133

 La ratification du statut de l'institut de normalisation et de métrologie des pays


islamiques (INMPI) en 2007.134

S’agissant du volet emploi, l'office national de la main-d’œuvre, créé par le décret n°


62-99 du 29 novembre 1962 et organisé par l'ordonnance n° 71-42 du 17 juin 197,
qui était jusque-là opérationnelle prend une autre dénomination désormais d'Agence
nationale de l'emploi", par abréviation "A.N.E.M.", avec en sus l’abrogation des
dispositions antérieures et leurs remplacements par de nouvelles dispositions
confiant à l’ANEM les missions d'organiser et d'assurer la connaissance de la
situation et de l'évolution du marché national de l'emploi et de la main-d’œuvre
notamment de mettre en place un système d'informations permettant de renseigner,
de manière précise, régulière et fiable sur les fluctuations du marché de l'emploi et
de la main-d’œuvre, de procéder à toute analyse et expertise en matière d'emploi et
de main-d’œuvre entrant dans le champ de ses attributions, d'entreprendre toute
étude et enquête liées à l'accomplissement de sa mission, de développer et
normaliser les instruments de gestion du marché du travail et les outils d'intervention
sur l'offre et la demande d'emploi.135

D’autres missions en sus confiées à l’ANEM, à l’exemple de recueillir et mettre en


relation l'offre et la demande de travail notamment d'assurer l'accueil, l'information,
l'orientation et le placement des demandeurs d'emploi, de procéder à la prospection
et à la collecte des offres d'emploi auprès des organismes employeurs, de favoriser
la mobilité géographique et professionnelle des demandeurs d'emploi en organisant
et en gérant, conformément à la réglementation en vigueur, les aides spécifiques
destinées à la régulation des mouvements de main-d’œuvre et en participant, avec
les institutions, entreprises et organismes concernés, à l'élaboration et à la mise en
œuvre d'actions de reconversion professionnelle ou de formation complémentaire,
destinées à adapter les qualifications des demandeurs d'emploi aux exigences des

132
Décret présidentiel n° 06-120 du 12 Safar 1427 correspondant au 12 mars 2006 portant
ratification de la convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac, adoptée à Genève le 21 mai
2003. JORA n°17 du 19/03/2006. P 03.
133
Décret présidentiel n° 07-16 du 25 Dhou El Hidja 1427 correspondant au 14 janvier 2007 portant
ratification de l'amendement à la convention sur la protection physique des matières nucléaires,
adopté à Vienne le 8 juillet 2005. JORA n°6 du 21/01/2007. P 04.
134
Décret présidentiel n° 07-324 du 11 Chaoual 1428 correspondant au 23 octobre 2007 portant
ratification du statut de l'institut de normalisation et de métrologie des pays islamiques (INMPI),
adopté à Istanbul (Turquie) le 4 novembre 1998. JORA n°68 du 28/10/2007. P 04.
135
Décret exécutif n° 90-259 du 8 septembre 1990 modifiant et complétant l'ordonnance n° 71-42
du 17 juin 1971 portant organisation de l'office national de la main-d’œuvre (O.N.A.M.O.) et
changeant la dénomination de cet établissement. JORA n°39 du 12/09/1990. Page 1057.
offres disponibles, de participer à l'organisation et à la mise en œuvre des
programmes spécifiques d'emploi décidés par l'Etat, les collectivités locales et toute
autre institution concernée, de prospecter toutes les opportunités permettant le
placement à l'étranger des nationaux candidats à l'émigration.

Dans le cadre de la législation relative à l'emploi des travailleurs étrangers, l’ANEM


est chargée d'étudier et d'instruire, les demandes d'introduction de main-d’œuvre
étrangère en vue de la délivrance des autorisations prévues par la réglementation en
vigueur et d'organiser et gérer le fichier national des travailleurs étrangers. En
matière conventions et accords internationaux cet organisme relevant du ministère
chargé de l’emploi assure l’application des mesures découlant des conventions et
accords internationaux en matière d'emploi.

Il est indispensable de comprendre les différentes évolutions des politiques de ce


volet indissociable du monde du travail qu’est l’emploi dans le pays pour mettre au
point des stratégies qui soient compatibles avec la poursuite des réformes. Ainsi En
Algérie, l’emploi a subi quant à lui également de profondes mutations avec
l’installation de la dépermanisation vite ressentie par les travailleurs avec
essentiellement l’idée qu’aucuns poste n’est jamais assuré éternellement. Une
dépermanisation engagées dans le cadre des restructurations industrielles et le
recours systématique à l’embauche à durée déterminée qui s’ajoute aux
aménagements apportés au droit du travail introduits par les lois sociales de 1990,
rendant l’emploi plus flexible et les contrats de travail à durée déterminée de plus en
plus utilisés.

Si l’on revient un peu en arrière c’est aussi à partir de la fin des années 80 avec la
chute des prix du pétrole et l’étouffant endettement extérieur que le chômage
commença à s’installer sensiblement et touchant particulièrement la frange jeune de
la population. Les pouvoir publics introduisent alors des politiques de tout genre de
promotion de l’emploi, intégrant même le soutien financier de l’Etat et ciblant les
jeunes primo-demandeurs d’emploi. Ces politiques se développèrent dans le cadre
global du dispositif de promotion et de préservation de l’emploi, palliatif indispensable
pour parer aux conséquences de la restructuration et lançant alors le premier
dispositif dénommé contrat pré emploi (CPE) dont cadre juridique n’est autre que le
décret présidentiel n° 96-234 relatif au soutien à l'emploi des jeunes,136 favorisant
ainsi l’insertion professionnelle des jeunes diplômés de l'enseignement supérieur
ainsi que les techniciens supérieurs issus des instituts nationaux de formation dans
un but global de favoriser la création et l'extension d'activités de production de biens
et de services par les jeunes promoteurs. 137

136
Décret présidentiel n° 96-234 du 16 Safar 1417 correspondant au 2 juillet 1996 relatif au soutien
à l'emploi des jeunes. JORA n°41 du 03/07/1996. Page 09.
137
Décret exécutif n° 98-402 du 13 Chaâbane 1419 correspondant au 2 décembre 1998 portant
insertion professionnelle des jeunes diplômés de l'enseignement supérieur ainsi que les
Les dispositifs tels que le contrat de pré-emploi (CPE), les emplois salariés à
initiative locale (ESIL), les travaux d’utilité publique à haute intensité de main
d’œuvre, l’activité pour intérêt général (AIG) initiés dans le cadre du filet social ont eu
une incidence non négligeable sur la politique d’emploi et l’amortissement du
chômage et confortaient par la même la panoplie des textes constituant le socle sur
lequel repose les stratégies et les politiques d’emploi ultérieures.

Un autre palliatif est la micro-entreprise mise en œuvre à partir de 1996, avec la


création de l’agence nationale de soutien à l’emploi des jeunes (ANSEJ) fondant une
nouvelle formule d’entreprenariat et d’organisation de la question de l’emploi en
Algérie,138 par la réalisation d’actions appuyées par le fonds de soutien à l’emploi des
jeunes (FNSEJ) devenu plus tard en 2021, l’Agence nationale d’appui et de
développement de l’entreprenariat (ANADE)139 dont l’objectif est d’aider
financièrement les jeunes désireux de créer leurs propres activités.140

A partir de l’année 2000, la caisse nationale d’assurance chômage (CNAC)


141
renforce les rangs et s’engage pareillement dans cette bataille et se voit confier la
mission de la promotion de l’emploi et l’aide aux entreprises en difficultés, les centres
d’aide au travail indépendant (CATI) et la formation-reconversion en vue d’améliorer
l’employabilité de ses allocataires ainsi que quatre (04) années plus tard de la mise
en œuvre du dispositif de création de micro-entreprises pour les chômeurs âgés de
35 à 50 ans avec l’octroi d’avantages et de stimulants dans le cadre de la politique
de promotion des investissements accompagnée par le fonds de soutien à
l’investissement pour l’emploi (FSIE)142qui pour rappel a pour objet le financement
des petites et moyennes entreprises éligibles aux interventions du fonds par des
placements en valeurs mobilières émises par ces entreprises, dans le cadre de la
promotion et de la sauvegarde de l'emploi.

techniciens supérieurs issus des instituts nationaux de formation. JORA n°91 du 06/12/1998. Page
21.
138
Décret présidentiel n° 96-234 du 16 Safar 1417 correspondant au 2 juillet 1996 relatif au soutien
à l'emploi des jeunes. JORA n°41 du 03/07/1996. Page 09.
139
Décret exécutif n° 20-329 du 6 Rabie Ethani 1442 correspondant au 22 novembre 2020 modifiant
et complétant le décret exécutif n° 96-296 du 24 Rabie Ethani 1417 correspondant au 8 septembre
1996 portant création et fixant les statuts de l'agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes, et
changeant sa dénomination. JORA n° 70 du 25/11/2020. Page 8.
140
Décret exécutif n° 96-295 du 24 Rabie Ethani 1417 correspondant au 8 septembre 1996 fixant
les modalités de fonctionnement du compte d'affectation spéciale n° 302-087 intitulé "Fonds
national de soutien à l'emploi des jeunes". JORA n°52 du 11/09/1996. Page 09.
141
Décret présidentiel n° 03-514 du 6 Dhou El Kaada 1424 correspondant au 30 décembre 2003
relatif au soutien à la création d'activités par les chômeurs promoteurs âgés de trente-cinq (35) à
cinquante (50) ans. JORA n°84 du 31/12/2003. Page 05.
142
Décret exécutif n° 06-117 du 12 Safar 1427 correspondant au 12 mars 2006 fixant les statuts du
fonds de soutien à l'investissement pour l'emploi. JORA n°16 du 15/03/2006. Page 15.
Le dispositif de création de micro-entreprises pour les chômeurs âgés de 35 à 50 ans
détenu jusque là par la Caisse Nationale d’Assurance Chômage lui a été retiré pour
se confier qu’aux seules taches lui incombant essentiellement dans ses missions
principales consistant à gérer le risque chômage lié aux pertes d’emploi pour raisons
économiques et confiant la tâche de gestion des micros-entreprises à l’agence
nationale d’appui et de développement de l’entreprenariat (ANADE) qui change à la
fois son fusil d’épaule conférant désormais par décision prise par les pouvoirs
publics, le pouvoir de tutelle sur l'agence nationale d'appui et de développement de
l'entreprenariat (ANADE), qui était jusque là détenu par le ministre chargé de l’emploi
d’abord au ministre ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de la micro-
entreprise143, puis au ministre de l'économie de la connaissance, des start-up et des
micro-entreprises.144

A la faveur de l’émergence de l'économe de la connaissance et de l’économie


numérique, 2023 à vu l’apparition d’un nouveau statut tendant à réguler ces
nouvelles activités économiques à l’instar des activités de développeur web et
mobile, web marqueteurs, conducteur de voiture de transport avec chauffeur (VTC),
Community manager et infographe.

En outre, le statut d'auto-entrepreneur se veut de nature à développer l'esprit


entrepreneurial des jeunes au marché du travail par l’auto-emploi et de contribuer a
réduire le nombre d’individus exerçant des activités informelles et sans couverture
sociale et favoriser l’intégration dans le circuit de l'économie formelle. Ce statut
permet ainsi de réduire les charges des startups en facilitant le recours à des
prestataires indépendants et en mutualisant la ressource humaine entre différentes
entreprises.

De même qu’il facilite exportation de certains services numériques, tel que le


développement web et mobile, le web marketing, la gestion des plates-formes des
réseaux sociaux et l’infographie, particulièrement dans le cadre du nouveau
règlement de la Banque d’Algérie autorisant le rapatriement de la totalité des
recettes en devises générées par les exportations de services numériques.

L’exposé des motif du projet de statut indique que : « Le statut d'auto-entrepreneur


existe et a démontré son efficacité dans beaucoup de pays de la région et il a
vocation à constituer un statut pluridisciplinaire répondant de tous les secteurs
d’activité économique. Il s'est également avéré être un puissant instrument
d’inclusion fiscale et financière ».

143
Décret exécutif n° 20-186 du 28 Dhou El Kaâda 1441 correspondant au 20 juillet 2020 conférant
au ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la micro-entreprise, le pouvoir de tutelle
sur l'agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes. JORA n°41 du 20/07/2020. Page 5.
144
Décret exécutif n° 22-355 du 24 Rabie El Aouel 1444 correspondant au 20 octobre 2022
conférant au ministre de l'économie de la connaissance, des start-up et des micro-entreprises, le
pouvoir de tutelle sur l'agence nationale d'appui et de développement de l'entreprenariat. JORA n°
71 du 27/10/2022. Page 5.
Dans cette perspective, la loi n° 22-23 du 18 décembre 2022 portant statut de l'auto-
entrepreneur,145 définit le statut comme étant l’exercice à titre individuel d’une activité
figurant dans une liste d'activités éligibles, fixée par voie réglementaire, et dont le
chiffre d'affaires annuel n'excède pas un seuil fixé conformément à la législation en
vigueur tout en excluant de son champ d'application les professions libérales, les
activités réglementées ainsi que les artisans.

Un autre dispositif qu’on ne peut sous-estimer est le micro crédit. Ce dispositif qui
consiste en l’octroi d’un crédit bancaire de soutien à la création d’une activité choisie
par le demandeur y compris à domicile, par l'acquisition de petits matériels et
matières premières de démarrage,146 s’adresse à toute personne sans emploi apte à
se prendre en charge en créant une petite activité de subsistance, avec une somme
susceptible d’être allouée en sus de sa disposition d’un fonds propres. Le crédit est
fourni par les banques et garanti par le fonds de garantie des risques découlant du
microcrédit.147

Pour favoriser l'insertion professionnelle des jeunes primo-demandeurs d'emploi et


encourager toutes autres formes d'actions et de mesures tendant à promouvoir
l'emploi des jeunes, à travers notamment des programmes de formation-emploi et de
recrutement, les pouvoirs publics ont procédé au lancement du dispositif d'aide à
l'insertion professionnelle 148 destiné à trois (3) catégories de primo-demandeurs
d'emplois à savoir :

 1ère catégorie : Les jeunes diplômés de l'enseignement supérieur et les


techniciens supérieurs issus des établissements nationaux de formation
professionnelle ;

 2ème catégorie : Les jeunes sortant de l'enseignement secondaire de


l'éducation nationale, des centres de formation professionnelle, ou ayant suivi un
stage d'apprentissage ;

 3ème catégorie : Les jeunes sans formation ni qualification.

Ce dispositif issu d’une évaluation de l’expérience en matière de programmes publics


d’emploi, mis en œuvre depuis les années 90 enclenche une nouvelle dynamique de
création d’emploi, par la mise à la disposition des entreprises publiques et privées et

145
Loi n° 22-23 du 24 Joumada El Oula 1444 correspondant au 18 décembre 2022 portant statut de
l'auto-entrepreneur. JORA n° 85 du 19/12/2022. Page 5.
146
Décret présidentiel n° 04-13 du 29 Dhou El Kaada 1424 correspondant au 22 janvier 2004 relatif
au dispositif du microcrédit. JORA n°6 du 25/01/2004. Page 03.
147
Décret exécutif n° 99-44 du 27 Chaoual 1419 correspondant au 13 février 1999 portant création
et fixant les statuts du Fonds de garantie des risques découlant des micro-crédits. JORA n°8 du
14/02/1999. Page 09.
148
Décret exécutif n° 08-126 du 13 Rabie Ethani 1429 correspondant 19 avril 2008 relatif au
dispositif d'aide à l'insertion professionnelle. JORA n°22 du 30/04/2008. Page 15.
des institutions et administrations publiques, des jeunes primo-demandeurs d’emploi.
Ce dispositif intègre deux notions principales à savoir le bénéfice des organismes
concourant d’une contribution de l'Etat aux salaires et la possibilité aux attributaires
de bénéficier de formation complémentaire, recyclage ou perfectionnement en vue
de leur adaptation au poste de travail et de l’amélioration de leurs qualifications.

Les dispositifs d’emploi et d’insertion se sont renforcés par l’institution d’une


l'allocation chômage au profit des chômeurs primo-demandeur d'emploi par le décret
exécutif n° 22-70 fixant les conditions, les modalités et le montant de l'allocation
chômage ainsi que les engagements des bénéficiaires,149 en application des
dispositions de l'article 190 de la loi n° 21-16 du 25 Joumada El Oula 1443
correspondant au 30 décembre 2021 portant loi de finances pour 2022.150

Pour parachever il y’a lieu de rappeler que la question de l’emploi est étroitement liée
aux conventions pertinentes de l’OIT ratifiées par l’Algérie notamment :

C044 - Convention (n° 44) du chômage. (Ratifiée par l’Algérie le 19 octobre 1962.
Décret n° 63-109 / JORA n° 21 du 12 avril 1963)

C088 - Convention (n° 88) sur le service de l'emploi. (Ratifiée par l’Algérie le 19
octobre 1962. Décret n° 63-109 / JORA n° 21 du 12 avril 1963)

C181 - Convention (n° 181) sur les agences d'emploi privées.151

En conclusion, et à l’instar des autre pays, le droit du travail en Algérie est un droit
récent, il a à peine franchi deux (02) décennies dans sa conception actuelle et
flexible en donnant dans son intégralité une importance capitale à la négociation à tel
point qu'il est considéré par les spécialistes comme un droit de la négociation. Le
droit du travail en Algérie puise ses fondements dans :

Les sources nationales : et au premier rang la constitution qui confirme de tout


temps les principes fondamentaux des libertés individuelles et collectives, le droit de
grève, le droit à l’emploi et au travail, à la santé et la sécurité, le droit syndical,…et la
loi considérée comme une autre source essentielle de droit du travail dans notre
pays et les lois votées sont nombreuses en la matière.

La jurisprudence : Une autre source est la jurisprudence, les conflits collectifs et


individuels qui ont souvent donné lieu et dans certaines conditions, à des décisions

149
Décret exécutif n° 22-70 du 9 Rajab 1443 correspondant au 10 février 2022, modifié et complété,
fixant les conditions, les modalités et le montant de l'allocation chômage ainsi que les
engagements des bénéficiaires. JORA n° 11 du 27/02/2022. Page 11.
150
Loi n° 21-16 du 25 Joumada El Oula 1443 correspondant au 30 décembre 2021 portant loi de
finances pour 2022. JORA n° 100 du 30/12/2021. Page 2.
151
Décret présidentiel n° 06-61 du 12 Moharram 1427 correspondant au 11 février 2006 portant
ratification de la convention 181 concernant les agences d'emploi privées, adoptée à Genève le 19
juin 1997. JORA n°7 du 12/02/2006. Page 16.
d’arbitrage et les divers ordres des juridictions, considérées comme solutions ayant
contribuées au règlement de plusieurs conflits de travail ont joué un rôle
considérable dans l’élaboration du droit du travail.

Les sources internes à l'entreprise : Les sources internes à l'entreprise en


l’occurrence les sources conventionnelles telles que les accords et conventions
collectives et les conventions de branches multipliés ces dernières années arrêtant
ainsi les règles générales de l’ensemble des aspects et des conditions d’emploi et de
travail ainsi le contrat de travail comportant des obligations réciproques des
employeurs et les salariés. Le règlement intérieur est une autre source du droit du
travail en Algérie, il fixe obligatoirement les règles relatives à l’organisation technique
du travail à l’hygiène, à la sécurité et la discipline dans l’entreprise.

Les règles de l’usage : Le droit du travail Algérien donne une importance spéciale
aux usages professionnels d’ailleurs la loi renvoi, dans beaucoup de cas aux usages.
De nos jours, il est vrai que l’importance des usages est réduite par le
développement assez considérable de la législation et des règlements. Les
conventions collectives ont souvent remplacé les usages.

Les sources internationales: Il s'agit des conventions bilatérales sur les questions
liées au monde du travail, comme par exemple à l'occasion des échanges de mains
d'œuvre,… Aussi les innombrables conventions de l'organisation internationale du
travail ratifiées par l'Algérie.

Zahir BATTACHE, Auteur, Consultant, Formateur en


Ressources Humaines.

Directeur Général de Pro-Cible, Agence


d’accompagnement aux entreprises

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