Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
"Les hommes font l'histoire, mais ils ne savent pas l'histoire qu'ils font"
Karl Marx (1818-1883)
Pour les sociétés gréco-romaines l’activité économique est donc relativement secondaire, pour ne pas dire méprisable.
Pour les élites, seules comptent les activités sociales (politique, droit) et de l’esprit (philosophie, poésie, musique), ainsi
que l’organisation militaire et l’art de la guerre. Les activités économiques proprement dites sont largement réservées
aux esclaves, de plus en plus nombreux en tant que prisonniers de guerre (environ 600.000 en Italie en 225 avant JC sur
une population totale estimée à 4 millions). Contrairement à la révolution néolithique (entre – 12000 et – 8000) qui a
donné naissance à l’agriculture, la métallurgie, le tissage, la céramique, etc. les technologies évoluent peu s ous
l’antiquité, et selon l’historien des techniques J. Mokyr, de – 500 à + 500, la vie économique aurait été assez pauvre. En
dépit de la réalisation de grands ouvrages (aqueducs), le modèle économique de l’antiquité est peu productiviste et peu
innovant, compte tenu d’un manque d’accumulation du capital (lié notamment aux guerres et à l’esclavage), et d’une
économie davantage orientée vers les échanges (c'est d’ailleurs pour les faciliter que l’on attribue généralement aux
Phéniciens l’invention de la monnaie au VIIe siècle avant J-C). A titre d’illustration, l'empereur romain Vespasien (de 69 à
79 après J-C) a annulé un contrat intégrant de nouvelles innovations pour la reconstruction du Capitole, afin de
2/ Le Moyen-âge
Pendant le Moyen Âge, l'économie fait partie de la théologie et de la morale, et elle reste très largement subordonnée
à cette dernière, dans le sens où l’accumulation de richesses (or, argent) est mal considérée par l’idéologie chrétienne
alors dominante (religion du « veau d’or1 » proche de la chrématistique 2 d’Aristote) : interdiction du prêt à intérêt 3
contraire à la charité, méfiance du commerce et des commerçants (en particulier les juifs), etc. Cela fait qu’à cette
époque, il y a peu d’écrits et de doctrine purement économique et pas d’analyse scientifique en économie, car le lien à
la religion est trop prégnant.
Les choses vont commencer à évoluer un peu avec le mouvement scolastique 4 qui vise à rapprocher et à réconcilier la
philosophie antique et la théologie chrétienne. Ce mouvement est notamment initié par Thomas d'Aquin (v 1224-1274)
qui traite dans ses ouvrages de la question de la propriété, du commerce et de l'usure. Pour la première fois, un
mouvement cherche à expliquer les choses plutôt qu’à les moraliser. Thomas d’Aquin opère ainsi une séparation entre
la morale et la raison (il sépare le domaine des vérités de la raison du domaine des vérités de la foi). Cette tentative de
réconciliation est cependant soumise à la hiérarchie de la pensée chrétienne et de la foi : « Si vous ne croyez pas, vous
ne comprendrez pas » (St Thomas d’Aquin 5).
En accord avec Aristote, la propriété parait juste à Thomas d'Aquin : Puisque l’homme a été fait à l’image de Dieu, il est
logique et légitime qu’il puisse s’approprier les biens matériels, pourvu qu’il ne che rche pas à les altérer. Il légitime donc
la propriété privée, en invoquant les raisons suivantes :
1° Les biens ont été créés par Dieu pour être utiles à toute l’humanité. Le propriétaire n’est qu’un
administrateur pour le compte de la communauté ;
2° L'homme est plus attentif à ce qui lui appartient en propre qu'à ce qui est commun, la gestion d'un bien est
donc mieux assurée quand une personne s'en voit confier l'administration 6. La propriété stimule donc le travail ;
3° La propriété privée garantit la paix.
L'échange et le commerce apparaissent également légitimes à Thomas d’Aquin. Toutes les formes de commerce ne sont
pas à ses yeux nécessairement malhonnêtes (exemple : nourrir sa famille). Il élabore également une théorie du "juste
prix". La valeur doit inclure le coût du travail. Le gain recherché par le commerçant n’est donc pas à envisager comme
une fin en soi, mais comme la juste récompense du travail accompli (le salaire doit permettre à l’homme honnête - y
compris au commerçant - de vivre décemment).
Si pour Aristote le travail, et plus particulièrement le travail manuel, est indigne du citoyen (ce sont les esclaves qui s'e n
chargent), Thomas d'Aquin affirme au contraire (et conformément au message de l'Evangile) que le travail est une
activité naturelle de l'homme libre. Jésus, n’était-il pas menuisier, et entouré de douze disciples qui étaient également
des travailleurs manuels ? C'est l'esclavage qui est anormal et condamnable.
Enfin, concernant l'usure (taux d’intérêt considéré comme abusif) St Thomas ne rejette pas le prêt à intérêt, en séparant
toutefois morale et droit. C’est parce que les hommes sont imparfaits que les lois humaines ont prévu l’usure, afin de
réprimer les pêchés en appliquant des peines (distinction lois humaines – loi de Dieu). Il doit cependant rester
l’exception, car l’intérêt, selon St Thomas d’Aquin, peut être considéré comme le prix du temps, or le temps
n’appartient qu’à Dieu.
1 Condamnation de l’idolâtrie et de l’argent dans la bible. Adorer le veau d'or signifie avoir le culte de l'argent, des biens matériels
2 Selon Aristote, poursuite de l'accumulation de richesses (enrichissement) pour elle-même.
3 « Aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour » : Saint Luc
4 La scolastique (du mot école = scola) est un mouvement philosophique et théologique du Moyen Âge qui s'efforçait d'utiliser l a
raison naturelle, en particulier la philosophie et la science d'Aristote, pour comprendre la dimension surnaturelle de la révélation
chrétienne.
5 Il sera canonisé en 1323
6 Cette idée sera reprise plus tard par Adam Smith
A partir du XVI e siècle, apparaîtront des écrits économiques de plus en plus nombreux qui seront rassemblés
ultérieurement et qualifiés (de manière péjorative) de mercantilistes9. L’économie en tant que telle devient un objet
d’étude, sur fond de compétition croissante entre les Etats (Portugal, Espagne, Italie, Provinces Unies, France 10 , etc.). La
richesse apparaît comme un moyen légitime de développer le pouvoir du Souverain, en rupture avec la pensée
dominante du Moyen-Age. L’économie devient politique.
L’économie est donc désormais au service du prince et doit favoriser son enrichissement. Selon Antoine de
Montchrétien (1576-1621), à qui l’on doit le terme d’économie politique : « Ceux qui sont appelés au gouvernement des
États doivent en avoir la gloire, l'augmentation et l'enrichissement pour leur principal but ». Dans son traité
d'Oeconomie11 politique, dédié à Louis XIII et à la reine mère, il ajoute que l'enrichissement est une fin en soi : « Le
bonheur des hommes consiste principalement en la richesse ».
Cette thèse était déjà en germe chez les premiers théoriciens du protestantisme, convaincus que la dignité du travail
découle du fait que le travail de l’homme s’inscrit dans le prolongement du travail que Dieu entreprend dans le m onde
pour l’entretien de ses « créatures ». Pour Luther (1483-1546) et Calvin (1509-1564), grâce à son travail, l’homme se fait
“collaborateur de Dieu”. Cette nouvelle doctrine influencera fortement le regard porté sur l’économie, et sera ensuite
largement reprise par les économistes classiques et libéraux anglais et français 12.
7 Instrument d'astronomie qui permet de mesurer la hauteur d'une étoile pour déterminer la latitude d'un lieu
8 Ce qui donnera lieu aux premières crises financières (bulle spéculative de la « tulipomania »)
9 En 1908, l’historien Auguste Dubois définit le mercantilisme comme « la théorie de l’enrichissement par l’accumulation de métaux
précieux »
10 Jacques Cartier prend possession du Canada en 1534 au nom de François 1 er
11 1 ère utilisation du terme économie (1615)
Le premier à avoir adopté une démarche véritablement scientifique à l’étude des phénomènes économiques est Adam
Smith, dans son ouvrage fondateur de 1776, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations. Si Adam
Smith n’a évidemment pas inventé l’économie, il est considéré comme le père de l’économie moderne. Dans la
« Richesse des nations », Smith décrit et analyse la réalité, puis propose des généralisations susceptibles d’être vérifiées
ou infirmées.
A l’instar de ses amis écossais : James Watt et David Hume 16, et français : Voltaire, Quesnay et Turgot, Adam Smith a foi
dans le progrès et dans la liberté. Pour lui et l’école classique dont il se ra le fondateur, l’économie est indissociable du
libéralisme.
Cette vision résolument optimiste et idéalisée de la société incarné e par la célèbre métaphore de la « main invisible »
va cependant buter sur la violence sociale de la révolution industrielle, ce qui va nourrir à partir de la seconde moitié du
XIXe siècle une pensée critique à l’opposé de celle de Smith, et que développer a en particulier Marx (1818-1883)
d'abord dans son manifeste du parti communiste 17 (1848), puis dans son œuvre majeure : Le Capital (à partir de 1867).
A la même époque, l’URSS développe un modèle économique alternatif, d’inspiration marxiste -léniniste, caractérisé
notamment par la mise en place de systèmes économiques centralisés ou planifiés. Au-delà même des pays
communistes, la planification s’impose comme un des outils de la politique économique, comme en France avec la
planification indicative créée en 1946 au sein du commissariat général au plan (et confiée à Jean Monnet).
Enfin, la décolonisation qui s’engage à partir des années 60 met en avant des problématiques nouvelles, celles du
développement qui deviennent naturellement un sujet de réflexion pour les économistes. Dans l’ombre de l’URSS, de
nombreux pays choisissent alors la voie socialisante (Algérie, Egypte, pays d’Afrique subsaharienne).
20 “En un sens, nous sommes tous keynésiens aujourd’hui ; en un autre sens, personne n’est plus keynésien.” Milton Friedman
(février 1966)
21 Contraction de stagnation (économique) et d’inflation
A- Les mercantilistes 23 :
Le Mercantilisme est une doctrine des économistes des 16ème et 17ème siècles. Il repose sur un état fort et centralisé, dont
l’objectif prioritaire en matière de politique économique est la maximisation de la richesse de l'Etat (ou plutôt du
souverain).
Il existe cependant plusieurs écoles mercantilistes qui se différencient principalement par la façon d’obtenir cette
accumulation de richesses :
Le mercantilisme espagnol : La course aux excédents extérieurs. On l'appelle aussi parfois le "Bullionisme" (de
l'anglais "bullion" = lingot). Pour ce mouvement, l'augmentation de la richesse se fait par accumulation d'or et
d'argent. Le protectionnisme est préconisé en matière de politique commerciale : Limitation des importations et
développement des exportations.
Le mercantilisme français : L’état et la politique industrielle. Le mercantilisme français est représenté par des
hommes tels que Jean Bodin (1530-1596), Antoine de Montchretien (1575-1621) ou Jean Baptiste Colbert
(1619-1683). Il s'agit toujours d'enrichir l'Etat, mais par un développement industriel dirigiste de l’Etat (appelé
« colbertisme »). L'Etat doit donner l'exemple en créant de grandes activités comme par exemple des
manufactures royales. Colbert a d’ailleurs considérablement modernisé l’économie française en mettant en
place pour la première fois une véritable politique industrielle en France. Il va ainsi développer l'industrie en
créant des manufactures d'État (tapisseries de Beauvais, des Gobelins) ou privées (glaces de Saint -Gobain, draps
à Abbeville et Sedan, soieries de Lyon) dotées de privilèges à l'exportation. Ces nouvelles industries étaient
protégées de la concurrence étrangère grâce à des droits de douane très élevés.
22 "Trade but not aid" s’est imposé dans les dynamiques de développement vis-à-vis des PVD au début des années 80
23 Nom donné a posteriori dans un sens péjoratif par Adam Smith (le système mercantile = fondé sur le profit par le commerce)
Transition : La thèse centrale du mercantilisme a été beaucoup attaquée (et même ridiculisée) par le courant classique
qui lui a succédé (et en particulier Adam Smith). La possession par l'Etat de l'or et de l'argent n'est en effet pas
nécessairement une garantie de développement. Le déclin économique de l'Espagne en dépit de ses richesses
immenses obtenues par le pillage de l'Amérique latine l’atteste. Cet exemple montre en effet qu'un accroissement de la
masse monétaire n'entraîne pas nécessairement le développement économique d'un pays, si les richesses ne sont pas
introduites dans le circuit économique (ce qui a été le cas de l'or espagnol). Elle a en revanche été source d’inflation.
B- Le courant libéral :
Le courant libéral est le fondateur de la théorie économique moderne. Il s’impose progressivement à partir de la seconde
partie du 18ème siècle (notamment en France) et domine le 19ème siècle. Même s’il a été contesté à partir de la seconde
moitié du 19ème siècle par l'émergence de la pensée marxiste, il reste néanmoins le courant dominant jusqu'à la crise de
29. Après la 2nde guerre mondiale, il perd de son influence, et ne retrouve une place dominante qu'à partir de la fin des
années 70, sous l’influence des monétaristes. Ce sera le néolibéralisme. Si ce dernier a dominé la théorie économique
jusqu’aux années 2000, et su rester influent après la crise financière des subprimes (2008-2009), il est aujourd’hui de plus
en plus contesté sur fond de crise systémique (économique, sanitaire, écologique et climatique..).
Le courant libéral est constitué de différentes écoles de pensée qui sont autant de strates accumulées depuis le milieu du
18ème siècle.
1/ Les physiocrates
Littéralement, "physiocratie" signifie "gouvernement" (du grec Kratos) par (ou de) la nature ("physio").
La physiocratie est l'un des plus importants courants d'idées du 18ème siècle et cela en dépit d'une durée de vie assez
brève (de 1750 à 1770), soit 20 ans. Le courant physiocrate apparaît en effet en 1758, avec la parution du Tableau
économique de Quesnay et s'efface après la parution de la Richesse des Nations d'Adam Smith en 1776.
Ce courant de pensée économique préclassique a, en France, pour représentants les plus illustres : Outre Quesnay,
Mirabeau, Dupont de Nemours, Turgot (ministre de Louis XVI). Il n’est pas faux de dire que les physiocrates français sont
de ce point de vue les précurseurs du libéralisme.
Culture économique – IAE / M1 – Jaunet Philippe – septembre 2020 8
I - Petite histoire et grands auteurs de la pensée économique
L'époque de la Physiocratie a servi de trait d'union entre le mercantilisme et l'économie politique moderne. Elle a
permis "une libération nécessaire de la pensée et de la réglementation étouffante du mercantilisme ".
C'est une doctrine économique qui peut être résumée à trois propositions :
- La première proposition est qu'il existe un ordre naturel gouverné par des lois. « Le monde est gouverné par des
lois physiques et morales qui sont immuables » (F. Quesnay). Le rôle des économistes est de comprendre, de révéler
les lois de la nature telles qu'elles opèrent dans la société et dans l'économie 24. Pour les physiocrates il y a des lois
économiques, au même titre qu'il y a des lois physiques ou biologiques.
- La seconde proposition est que le devoir des hommes, et en particulier des gouvernants, est de se soumettre à ces
lois en interférant aussi peu que possible dans l’économie. Après deux siècles de mercantilisme, marqués par un
interventionnisme fort de l’état, le mouvement physiocrate s’inscrit résolument dans un cadre libéral de
désengagement de l’état.
- La troisième proposition est que la physiocratie est un courant qui reflète une économie dominée par l'agriculture.
Pour les physiocrates, seule l'activité agricole est productive. « La terre est l'unique source des richesses, et c'est
l'agriculture qui les multiplie » F. Quesnay. Ce « paradigme agricole » s’explique par le fait qu’à cette époque, plus
des 3/4 du revenu national proviennent de l'agriculture, même si celle -ci connaît cependant les prémices d'un
déclin. La physiocratie apparaît donc comme une réaction contre ce déclin.
L'analyse de l'école classique repose sur quelques propositions fondamen tales que l'on peut résumer ainsi :
1) La concurrence est à la base du fonctionnement efficace des économies.
2) Les décisions d'investissement et de production sont d'autant plus efficaces qu'elles sont prises par ceux qui les
financent, non seulement grâce à leur argent, mais aussi grâce à leur talent et leur travail. Autrement dit, les
décisions d'investissement et de production sont d'autant plus efficaces qu'elles sont prises par des entrepreneurs
privés, plutôt que par l'Etat, ou même (pourrait-on ajouter par référence au capitalisme managérial qui est apparu
seulement au 20ème siècle), par des cadres supérieurs salariés qui n'ont aucune part dans le résultat de l'entreprise.
« On ne peut pas attendre des régisseurs de l’argent d’autrui qu’ils apportent dans le maniement de leurs affaires,
autant de vigilance que s’ils employaient leur propre argent ! »
(Adam Smith - 1776, La richesse des nations)
Smith n’est cependant pas partisan d’un laisser-faire intégral, et considère que l’état a un rôle de régulateur à jouer
(ex : Smith reconnaissait que les employeurs disposaient d’un avantage sur les salariés en matière de conflits du
travail). Il se définissait lui-même comme un philosophe moral : l'idée qui prédomine chez Smith (en France chez
Guizot), est que la loi doit dicter les règles du jeu, car c'est ainsi que l'État peut encourager la responsabilité
individuelle et l'esprit d'entreprise.
David Ricardo27 (Angleterre, 1772-1823) à qui l'on doit les théories de la valeur et de la rente, ainsi que la loi
des avantages comparatifs.
Ricardo (qui sera suivi par Marx) croit repérer dans la val eur d’une chose la quantité de travail employée à sa
fabrication. Lorsque les individus échangent des marchandises, ils échangeraient en réalité le travail "incorporé
26 Le coût d’opportunité est le manque à gagner potentiel entre deux investissements ou deux types de financement.
27 Agent de change puis riche propriétaire terrien, membre de la chambre des représentants
Thomas Malthus (Angleterre, 1766-1834) et la loi de la population (elle croît à un rythme exponentiel alors que
la production agricole croît au mieux à un rythme arithmétique. Inexorablement, la famine revient (« Au grand
banquet de la nature, il n'y a point de couvert vacant pour lui »). Plutôt que ce soit la mort d’une partie de la
population qui régule le système, le puritain Malthus prône la modération sexuel le pour éviter cette calamité
(d’où le nom de malthusianisme à toute politique de limitation des naissances).
Population
Ecart croissant
Richesses
En matière de libre-échange, Malthus a une position nuancée. S’il s’est déclaré favorable au libre-échange, il
formula néanmoins deux arguments en faveur des restrictions au commerce du blé : tout en acceptant
l'argumentation ricardienne en faveur du libre-échange, il craignait tout d'abord qu'en cas de mauvaises
récoltes les pays exportateurs de blé ne restreignent leurs ventes, à un moment où l'Angleterre, trop
spécialisée, ne pourrait plus développer cette culture.
Jean-Baptiste Say28 (France, 1767-1832), industriel et libéral, disciple et vulgarisateur des idées d’Adam Smith,
son maître à penser. Il est surtout connu pour la fameuse loi des débouchés : l'offre crée sa propre demande.
Plus l'entreprise produit, plus la redistribution vers les salariés et les actionnaires est importante, favorisant
ainsi une augmentation de la demande.
A travers la célèbre pétition des fabricants de chandelles (1845), Frédéric Bastiat dénonce également de manière
ironique et humoristique toute forme de protectionnisme, à travers celui dérisoire des producteurs de chandelles :
« Nous subissons l'intolérable concurrence d'un rival étranger placé, à ce qu'il paraît, dans des conditions tellement
supérieures aux nôtres, pour la production de la lumière, qu'il en inonde notre marché national à un prix fabuleusement
réduit ; car, aussitôt qu'il se montre, notre vente cesse, tous les consommateurs s'adressent à lui, et une branche
d'industrie française, dont les ramifications sont innombrables, est tout à coup frappée de la stagnation la plus complète.
Ce rival, qui n'est autre que le soleil, nous fait une guerre (si) acharnée […] Nous demand ons qu'il vous plaise de faire une
loi qui ordonne la fermeture de toutes fenêtres, lucarnes, abat-jour, contrevents, volets, rideaux, vasistas, œils-de-bœuf,
stores, en un mot, de toutes ouvertures, trous, fentes et fissures par lesquelles la lumière du s oleil a coutume de pénétrer
dans les maisons, au préjudice des belles industries dont nous nous flattons d'avoir doté le pays, qui ne saurait sans
ingratitude nous abandonner aujourd'hui à une lutte si inégale. […] Et d'abord, si vous fermez, autant que po ssible tout
accès à la lumière naturelle, si vous créez ainsi le besoin de lumière artificielle, quelle est en France l'industrie qui, de
proche en proche, ne sera pas encouragée ? »
Il existe plusieurs courants au sein du mouvement néoclassique, qui ont rayonné partout en Europe à la fin du 19ème
siècle, et qui ont, chacun à leur niveau, contribué à la mise en place du corpus théorique néoclassique. Ces différentes
écoles sont : l’école anglaise, l'école de Lausanne (qui compte notamment dans ses rangs le français Léon WALRAS -
1834-1910), l’école française, et enfin l'école autrichienne.
De façon plus précise, les traits suivants caractérisent une bonne part des analyses néoclassiques :
1. Une définition restrictive du champ de l'analyse économique : On se situe dans une perspective microéconomique
où les agents économiques sont en situation d’isolement (relation homme -chose), l’économie apparaît donc
« désencastrée » du social (critique de Karl Polanyi).
2. L'économie apparaît comme une science de l'allocation optimale des ressources par le marché : les ressources
étant fixées, l'analyse néoclassique se concentre sur leur allocation optimale, c'est-à-dire la répartition la meilleure
possible entre les agents économiques. Cette allocation optimale se fait à travers l'échange volontaire des ressources
entre les agents économiques, par l'intermédiaire d'un mécanisme de marché et la fixation de prix.
On peut pour résumer considérer que le mouvement néolibéral se caractérise par quelques grandes idées :
1. Ce mouvement se caractérise d’abord par sa volonté de réduire au maximum les interventions de l'Etat30. Pour
Hayek, le véritable libéral est celui qui est convaincu que la libre négociation entre les hommes est le meilleur moyen
d'arriver aux arrangements les plus satisfaisants et que les solutions imposées par une autorité centrale seront toujours
moins satisfaisantes que ces arrangements. Le véritable libéral est donc celui qui soutient qu'il ne faut confier au
gouvernement que le soin d'assurer la sécurité et la li berté de tous. Grâce à la sélection darwinienne du marché
(sélection naturelle), les institutions efficaces prendront forme spontanément, pour peu que la liberté et la sécurité des
individus soient assurées et qu'on ne mette pas d'entraves à ce processus.
29 " Est libérale une société où les dépenses publiques, toutes collectivités confondues, ne dépassent pas 10 à 15 % du produit
national. Nous en sommes très loin" (M. Friedman, été 2003)
30 « Ne demandez pas à l’Etat de résoudre votre problème, car votre problème c'est l'Etat » Discours inaugural du Président
T : Taux d’imposition
M : Recettes fiscales maximales
« Un impôt exagéré détruit la base sur laquelle il porte » JB Say
Les libéraux considèrent que si on baisse les impôts et les taxes qui pèsent sur les entreprises, ces dernières vont être
incitées à innover et embaucher plus, ce qui entretient la demande et donc l’activité économiq ue. La logique de
subventions est donc très largement contestée par les libéraux car toute forme d'assistance doit être combattue.
2. La politique économique conduite par l’état est à la fois coûteuse et inefficace : Parce que les anticipations des
agents économiques sont rationnelles31 , les effets des politiques publiques sont toujours intégrés « rationnellement »
par ces derniers, (Ex : les agents économiques vont par exemple anticiper les conséquences inflationnistes d’une relance
de la consommation financée par déficit budgétaire, en augmentant leur épargne pour faire face à une probable
augmentation des impôts). L’effet obtenu risque finalement d’être opposé à l’effet recherché. Dans cette hypothèse,
plus les anticipations sont rationnelles, plus le fonctionnement naturel (par le marché) de l’économie est optimal, et
plus les politiques économiques de régulation sont inutiles.
3. Le monétarisme (école de Chicago) : Courant de pensée théorique, le monétarisme accorde à la monnaie un rôle
important dans les dérèglements économiques. Tombé pratiquement dans l'oubli devant la poussée keynésienne, le
courant monétariste a connu depuis les années 1970 un renouveau certain, dû au développement des tendances
31 Les anticipations sont des représentations individuelles, plus ou moins informées, d'événements futurs généralement aléatoire s.
Si on suppose que les agents utilisent de manière optimale toute l’information disponible pour prévoir l’avenir, on dit que leurs
anticipations sont rationnelles .
Culture économique – IAE / M1 – Jaunet Philippe – septembre 2020 15
I - Petite histoire et grands auteurs de la pensée économique
inflationnistes, avec des auteurs anglo-saxons et surtout américains (Milton Friedman). Ce courant a redonné vie à
l'ancienne théorie quantitative de la monnaie (TQM) 32, qui établissait une relation directe entre le niveau de la masse
monétaire, celui de l'offre de biens et de services et celui des prix.
Si l’on excepte la création monétaire très importante depuis la crise financière de 2008 pour éviter la déflation
(Quantitative Easing de la Fed jusqu’en 2014, et de la BCE encore aujourd’hui), les autres préconisations de M. Friedman
restent encore fortement d’actualité. La récente loi Travail sur la flexibilité en France (2017) en est un exemple parmi
d’autres.
5. Le courant marxiste
Ce courant est apparu à partir de la seconde moitié du 19ème siècle, dans un contexte marqué par la révolution
industrielle et la misère ouvrière qui l’accompagne (Engels parlera à ce sujet « d’assassinat social »). Il est principalement
incarné par Marx (1818-1883), d’autres auteurs comme Engels, Rosa Luxemburg (cofondatrice du PC allemand),
Boukharine (Russie), etc. y ont également contribué.
Ce courant critique d’abord le système capitaliste, pour proposer ensuite une rupture avec ce dernier. A la différence des
autres théories économiques, le marxisme se prolonge dans l’action politique : « Chez Marx, l’intellectuel n’était que la
moitié de l’homme, c’était avant tout un révolutionnaire » (F. Engels)
1848 : Manifeste du parti communiste avec F. Engels. A partir de 1867, le capital (œuvre maîtresse et encore inachevée à
la mort de Marx en 1883).
Tr Plus-value
Comment Marx pense t-il que les capitalistes vont faire pour enrayer la baisse tendancielle du taux de profit et tenter
de restaurer la profitabilité de leurs entreprises ?
1. Augmenter le degré d’exploitation des travailleurs en prolongeant la journée de travail sans augmenter les
salaires afin de permettre, par une intensification du travail, une augmentation de la productivité ;
2. Baisser le prix du capital, notamment à l’aide d’innovations technologiques, et d’une rationalisation de leur
usage par un allongement du « temps machine » (augmentation de la durée d'utilisation des équipements).
3. Favoriser l’accroissement du chômage en tant qu’armée de réserve. La constitution d’une surpopulation en
dehors du travail exerce une pression à la baisse des salaires réels (et donc du salaire de réserve) ;
4. Réduire la part des salaires dans la valeur ajoutée. On obtient cette dévalorisation en remplaçant le travail
vivant (salariés) par le travail mort (machines) : C’est la substitution capital-travail ;
5. Ouvrir l'économie en développant le commerce extérieur (exportations, investisseme nts à l’étranger),
permettant ainsi l’extension des débouchés et par voie de conséquence une meilleure absorption du coût fixe grâce aux
économies d’échelle réalisées aux niveaux de la production et de la distribution.
D’après Livre I du troisième volume du Capital
6. La révolution keynésienne
C'est à partir des années 30 que l'économiste britannique J.M.Keynes (1883-1946) commence à exercer son influence sur
la pensée économique contemporaine. Ses thèses vont connaître une popularité croissante35 après la publication de
l’ouvrage majeur de Keynes : la théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936) et plus encore après la
seconde guerre mondiale et la mort de Keynes (1946).
Cette pensée a fourni le cadre théorique d'une « pathologie » évidente des économies de marché lors de la grande crise
de 1929, et montré que la théorie standard (néoclassique) de l'époque se révélait incapable de comprendre et de
surmonter cette crise. Son influence a été grande jusqu'à la fin des années 70, sa pensée a été réactivée lors de la crise
financière de 2007-2008.
a) La pensée keynésienne
Chez Keynes, comme chez Marx, la critique porte de nouveau sur le libéralisme économique, sa contrepartie étant cette
fois, non pas le socialisme, mais un aménagement « raisonnable » du capitalisme. Keynes s’inscrit donc dans le cadre de
l'économie de marché, mais avec des réserves, dans la mesure où son projet est de démontrer que le laissez-faire peut
mener à des situations d'échec de marché, auxquelles l'intervention directe de l'État dans l'économie peut remédier
(Keynes, l’homme qui a fait mentir Marx ?).
Les principaux piliers de la pensée keynésienne :
- L'approche est macroéconomique. Keynes privilégie une analyse en termes de circuit et d’agré gats, et non pas de
comportements d’agents isolés sur le marché. Il raisonne cependant dans le cadre d’une économie fermée.
- L'incertitude est au cœur de l’analyse keynésienne. Il estime que la crise des années 30 est d’abord une crise des
débouchés qu’il explique par les anticipations négatives des entreprises, persuadées qu’elles n ‘écouleront pas leur
production. Ce faisant, elles diminuent leur offre et donc les investissements qu’elles réalisent, car elles craignent
l’avenir et son incertitude. Cela conduit alors à des comportements « malthusiens » qui vont produire des effets
systémiques : baisse des investissements, de la consommation, chômage, déflation… Pour Keynes, « la crise engendre la
crise », et il ne croit pas au mécanisme vertueux d’un retour automatique à l’équilibre. Cela justifie donc à ses yeux
l’intervention des pouvoirs publics.
Ex : En matière d’investissement, Keynes dit : « Le niveau des investissements dépend du caractère plus ou moins
sanguin36 des entrepreneurs », ce qui signifie qu’il faut réduire l’incertitude qui pèse sur l’avenir pour que les
35 En France, le front populaire élu au printemps 36 va très vite s’inspirer des recommandations de Keynes en matière de politiq ue
économique.Dès 1933 en Allemagne, Hitler se lance également dans une politique économique « de guerre » d’inspiration
keynésienne.
36 ou « animal spirits » (esprits animaux)
CRISE CRISE
Baisse de Baisse de
l’activité l’activité
Baisse du prix du Baisse des taux Baisse du prix du Baisse des taux
travail d’intérêt travail d’intérêt
Retour à Accentuation
l’équilibre de la crise
37 Ce point de vue sera plus tard contesté par la théorie des anticipations rationnelles de Lucas
38 L’économiste français J. Rueff (1925) considérait qu’en période de baisse des prix, les salaires devaient également baisser, et que
les allocations chômage étaient responsables du chômage (chômage volontaire)
Culture économique – IAE / M1 – Jaunet Philippe – septembre 2020 21
I - Petite histoire et grands auteurs de la pensée économique
1. Les postkeynésiens : Le postkeynésianisme est un courant de pensée économique apparu dès les années
1930 en Angleterre et aux États-Unis. Il a connu un certain renouveau depuis le milieu des années 70. Il se présente
comme le courant le plus proche des idées de Keynes. Les postkeynésiens reprennent ce qu'il y a de plus radical chez
Keynes, à savoir l'incertitude radicale, l'analyse circuitiste, l'endogénéité de la monnaie...
Les thèmes abordés par les postkeynésiens sont d'une grande diversité, mais ce qui unit ces économistes hétérodoxes
est le refus de l'interprétation de la pensée de Keynes qu'en font les keynésiens de la synthèse. Là où ces derniers ont
finalement cherché à faire du modèle keynésien un cas particulier d'un modèle néoclassique où la notion d'équilibre
reste centrale, les travaux des postkeynésiens rejettent de manière assez radicale l'approche néoclassique
traditionnelle. Joan Robinson en particulier s'est fortement opposée à des économistes comme R. Solow et P.
Samuelson, accusés selon elle de "dégénérer" le keynésianisme en recherchant la synthèse avec les néoclassiques
(controverse des 2 Cambridge 39 ). À l'instar de Keynes, les postkeynésiens croient que le capitalisme est un système
économique efficace, à la condition qu'il soit encadré beaucoup plus strictement que ne le suggère la pensée libérale. Ils
considèrent également que l'économie doit avant tout servir à comprendre le réel.
2. Les néokeynésiens (parfois appelés « économistes de la synthèse ») se sont quant à eux davantage
rapprochés de la microéconomie des néoclassiques, à partir des années 60, en ne centrant plus uniquement leurs
travaux sur la demande, mais aussi sur l’offre (entreprises). Ils développent donc les fondements microéconomiques
d’une interprétation néoclassique de Keynes. Exemple : Si l’équilibre économique n’est pas réalisé à court terme, les
causes sont à chercher à la fois dans les rigidités des prix et des salaires sur les marchés (approche plutôt libérale), et
dans l’existence d’une incertitude se traduisant par des asymétries d’informations (approche plutôt keynésienne).
Ce courant raisonne également de plus en plus dans le cadre d’une économie ouverte, alors que Keynes raisonnait
plutôt dans le cadre d’une économie fermée. En économie ouverte, les politiques d'intervention de l'Etat pour stimuler
l'économie butent sur la contrainte extérieure, car une partie des stimulations du pouvoir d'achat profite aux
importations (échec relatif des politiques de relance Chirac de 1975 et Mauroy de 1982).
Ce courant envisage également la possibilité d’une situation de résorption durable du chômage, et donc de tensions sur
le marché du travail, dans le cadre d'une économie en croissance, ce qui n'était évidemment pas envisageable pour
Keynes à son époque. De fait, l’Etat peut être amené à intervenir en période de « suremploi » pour éviter la surchauffe
de l'économie (policy mix) :
* Il peut ainsi freiner la demande en menant une politique budgétaire restrictive : Pour simplifier, cela consiste
par exemple à réduire les dépenses publiques et/ou à limiter le plus possible les baisses d’impôts pour éviter la
surchauffe de l’économie et en particulier l’inflation (courbe de Phillips, 1958).
39 Cambridge en Angleterre et Cambridge aux États -Unis. Le débat était alimenté principalement par les économistes Joan Robinson
et Piero Sraffa de l'université de Cambridge en Angleterre et les économistes Paul Samuelson et Robert Solow du Massachusetts
Institute of Technology aux États -Unis.
3. Les nouveaux keynésiens : On peut les considérer comme les héritiers des néokeynésiens. Ils sont
aujourd’hui l’expression dominante du keynésianisme, même si les postkeynésiens, plus radicaux, leur contestent ce
leadership. La « nouvelle économie keynésienne » (NEK) peut être présentée comme une réaction keynésienne à la
nouvelle économie classique (NEC), et le choix du terme « nouvelle » sert d’ailleurs à désigner ces adversaires.
Les nouveaux keynésiens conservent de Keynes deux principes majeurs : l'imperfection du marché et la nécessité de
l'intervention de l'Etat. Ils construisent un nouveau keynésianisme qui intègre en partie les apports des néoclassiques.
Ils reconnaissent ainsi la nécessité de prendre en compte les politiques d’offre, et considèrent que la politique
conjoncturelle ne doit pas être la seule façon pour l’Etat d’intervenir. Ils sont ainsi critiques envers les prescriptions de
politique économique des keynésiens « orthodoxes » (déficit budgétaire et taux d'intérêts bas).
Les nouveaux keynésiens admettent que si un sous-emploi peut être lié à une insuffisance de la demande, le chômage
comporte également une composante offre, c'est-à-dire une rigidité du travail. Ils se sont en particulier intéressés à la
question de la rigidité des salaires (pouvoir des syndicats, coûts de licenciement). Une rigidité est réelle lorsqu’elle
empêche le salaire réel de varier afin de retrouver l’équilibre du marché du travail. Pour les NEK, les rigidités sur le
marché du travail sont à l’origine du chômage involontaire car les prix sont largement fixés par les individus eux-mêmes.
Dans ce cas, le salaire peut être supérieur au salaire d’équilibre, et le salaire réel d’équilibre différent du salaire qui
permet le plein-emploi. Les NEK vont introduire de nouveaux concepts : le salaire d'efficience (Shapiro, Stiglitz), les
insiders-outsiders. Un des derniers champs de recherche des économistes de la NEK concerne aujourd’hui la question
de l’accroissement des inégalités (Stiglitz).
Cette nouvelle génération de "néokeynésiens" est incarnée par les économistes : Grégory Mankiw (1958,), George
Akerlof (1940, prix Nobel d'économie en 2001), Olivier Blanchard (1948, France), Joseph Stiglitz (1943, prix Nobel
d'économie en 2001), Stanley Fischer (1943, actuel gouverneur de la Banque d'Israël), Lawrence Summers (ancien
secrétaire au trésor de Bill Clinton), Edmund Phelps (1933, prix Nobel d'économie en 2006), Janet Yellen (ex-présidente
de la Fed), etc.