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 17-063-D-10

Ataxies cérébelleuses héréditaires


C. Angelini, W. Meissner, C. Goizet

Résumé : Cet article est une revue d’une situation classique pour le neurologue : l’apparition d’une
ataxie d’évolution progressive après l’enfance. Nous traitons les ataxies d’origine héréditaire et les ataxies
acquises primitives. Les ataxies secondaires ne sont que rapidement évoquées. Si l’histoire familiale est
horizontale, lorsque la pathologie est présente chez plusieurs apparentés d’une fratrie, une cause récessive
est évoquée, et l’hypothèse d’une ataxie de Friedreich doit être considérée en premier lieu. Les autres
causes, pouvant mimer plus ou moins bien cette pathologie, ne doivent pas être méconnues, surtout celles
qui sont curables comme l’ataxie avec déficit en vitamine E et la xanthomatose cérébrotendineuse. Si la
transmission familiale est verticale, avec des malades sur plusieurs générations, une ataxie autosomique
dominante est évoquée. Une recherche d’amplification de triplets cytosine-adénine-guanine (CAG) dans
les gènes connus est alors prioritaire. Celle-ci est positive dans environ deux tiers des cas (SCA1, 2,
3, 6, 7, 17 pour les plus fréquents). Dans les cas négatifs, une recherche de variants pathogènes par
séquençage haut débit d’exome ou de génome doit être envisagée. Devant une ataxie d’apparence
sporadique, l’ataxie de Friedreich doit être considérée en premier lieu, ainsi que les causes secondaires,
plutôt dans les cas d’apparition tardive, le plus souvent après 40 ans. De découverte récente, le syndrome
d’ataxie cérébelleuse avec neuropathie et aréflexie vestibulaire bilatérale (syndrome CANVAS) doit être
évoqué lorsque le début se situe après 50 ans. Il est lié à une expansion biallélique d’un pentanucléotide
intronique dans le gène RFC1. Il serait responsable d’un pourcentage conséquent des ataxies sporadiques
de début tardif, jusqu’à 20 % d’entre elles sur les premières études. Le syndrome fragile X tremor
ataxia syndrome (FXTAS) doit aussi être recherché de façon systématique dans de telles situations de
début tardif, car les conséquences familiales en termes de conseil génétique peuvent être majeures.
Enfin, les causes secondaires sont multiples, mais un interrogatoire précis, orienté vers des antécédents
significatifs et un examen neurologique soigneux, oriente les explorations paracliniques vers les causes
les plus fréquentes et surtout éventuellement curables.
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Mots-clés : Cervelet ; Ataxie ; Neurogénétique ; Amplification de répétitions de nucléotides ;


Maladies neurodégénératives

Plan  Introduction
■ Introduction 1 Le cadre nosologique des ataxies cérébelleuses héréditaires a été
■ Aspects cliniques et paracliniques 2 et demeure encore une source potentielle de confusion. Long-
Interrogatoire 2 temps les dénominations neuropathologiques ont prédominé,
Examen clinique 2 faisant la distinction entre l’atteinte des voies spinocérébelleuses,
Examens paracliniques 2 l’atteinte du système olivo-ponto-cérébelleux ou l’atteinte isolée
■ Orientation diagnostique 3 du parenchyme cérébelleux. L’effort de classification associant
Ataxies cérébelleuses autosomiques récessives (ACAR) 3 mode d’expression clinique et hérédité proposé par Harding [1] ,
Ataxies cérébelleuses autosomiques dominantes (ACAD) 9 puis la définition du cadre nosologique des atrophies mul-
Ataxies cérébelleuses liées à l’X 10 tisystématisées, contribuant à séparer ataxies sporadiques et
Ataxies cérébelleuses de transmission mitochondriale 10 héréditaires [2, 3] et enfin les progrès de la génétique moléculaire [4]
Ataxies cérébelleuses épisodiques 11 ont rendu possible une approche plus rationnelle.
Ataxies cérébelleuses primitives sporadiques 11 Cet article est une revue non exhaustive d’une situation cli-

nique classique pour le neurologue : l’apparition d’une ataxie
Principaux diagnostics différentiels 12
d’aggravation progressive après l’enfance. On estime actuelle-
■ Analyses génétiques 12 ment à environ 30 000 le nombre de personnes atteintes d’une
■ Conseil génétique 12 ataxie en France. Le substratum neuropathologique commun
Information à la parentèle 12 est une atrophie liée à un processus de perte neuronale pro-
Diagnostic présymptomatique 13 gressive dans le système cérébelleux, olivo-ponto-cérébelleux ou
■ Perspectives thérapeutiques 13 spinocérébelleux. De ce cadre nosologique sont donc exclues
les ataxies cérébelleuses congénitales dont l’évolution clinique

EMC - Neurologie 1
Volume 44 > n◦ 3 > juillet 2021
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0378(21)42762-4

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naturelle est stable dans le temps (incluant certaines hypopla- La dysarthrie fait également partie de l’ataxie statique. La parole
sies cérébelleuses) et celles associées à une déficience intellectuelle est typiquement scandée et explosive. En pratique, les patients
ou d’autres atteintes, les paraplégies spastiques héréditaires qui décrivent une impossibilité à parler rapidement, les mots sont
peuvent s’accompagner d’une ataxie, ainsi que les processus souvent décomposés et mal articulés.
pathologiques liés à une agression « physique » du cervelet (héma-
tome, abcès etc.). L’exhaustivité d’un tel article est une gageure ; Ataxie cinétique
il propose donc une conduite générale de l’approche diagnos-
On observe une hypermétrie, à l’examen clinique avec les
tique centrée sur les ataxies héréditaires les plus fréquentes et une
manœuvres doigt/nez, poursuite du doigt, et talon/genou. Le
pratique raisonnée, le lecteur devant se référer aux références men-
patient va dépasser le but à atteindre puis y revenir lors de la
tionnées dans la section « Pour en savoir plus » pour une approche
poursuite du doigt. On peut parfois retrouver seulement un dis-
plus détaillée.
cret crochetage en fin de mouvement à la manœuvre doigt/nez.
Pour la manœuvre talon/genou, le talon descend en zigzagant le
long de la crête tibiale. Il faut bien donner la consigne au patient
 Aspects cliniques de réaliser la manœuvre le plus rapidement possible.
et paracliniques Le tremblement d’action, ou intentionnel, se met en évidence
à la manœuvre doigt/nez, et est surtout visible à la fin du
Interrogatoire mouvement volontaire. Il peut être difficile à distinguer d’une
hypermétrie cérébelleuse. Dans les formes sévères d’ataxie, il
La suspicion d’une ataxie cérébelleuse héréditaire commence existe un tremblement statique du corps en position assise et
toujours par un interrogatoire rigoureux ainsi qu’un examen cli- debout.
nique du patient. L’examen oculomoteur doit être rigoureux et détaillé. Il
Il convient de retracer l’histoire familiale du patient, à la recherche d’abord un nystagmus, spontané ou dans le regard
recherche d’apparentés également atteints, d’une consanguinité latéral, des ondes carrées, et une poursuite oculaire saccadique.
familiale et d’un éventuel biais d’informativité familiale lié à Les saccades sont un élément très important de l’examen de
un ou plusieurs décès précoces, une perte de vue de certains l’oculomotricité, avec une recherche d’hypo/hypermétrie, de len-
apparentés ou à une adoption. Le déroulé de la grossesse et de teur à l’initiation et dans le mouvement des saccades qui peuvent
l’accouchement, ainsi qu’une attention particulière au développe- confirmer une dissociation oculocéphalique ou une apraxie ocu-
ment psychomoteur, aux performances sportives y compris lors de lomotrice. L’examen oculomoteur peut en effet être un élément
la pratique du sport à l’école, et au niveau d’études et métier exercé d’orientation diagnostique majeur.
par le patient sont des éléments importants de l’interrogatoire. L’échelle Scale for the Assessment and Rating of Ataxia
La nature et la date des premiers symptômes peuvent être très (SARA) est une échelle développée par Schmitz-Hübsch [6] ,
variables d’un patient à l’autre et difficiles à identifier : troubles qui permet de coter la sévérité de l’ataxie (www.ataxia-study-
de la marche, instabilité ou troubles de l’équilibre, survenant sou- group.net/html/about/ataxiascales/sara/SARA.pdf). Elle se divise
vent au départ à la descente des escaliers, des troubles de la parole en huit items qui évaluent la démarche, l’équilibre, la station
avec une parole saccadée, explosive et qui peut être retardée dans assise, les troubles de la parole, la poursuite du doigt, le test
son initiation, des troubles oculaires avec une diplopie, et un doigt/nez, les mouvements alternatifs rapides des mains, et le glis-
tremblement d’action qui se manifeste lors des gestes volontaires, sement du talon sur le tibia. Le score cumulé de ces différents items
principalement en fin de mouvement. La rapidité d’installation varie de 0 (pas d’ataxie) à 40 (ataxie sévère). Cette échelle est vali-
des symptômes ainsi que leur évolutivité sont également des dée sur le plan international dans les registres de patients et les
éléments qui peuvent orienter les recherches étiologiques. La dis- essais cliniques, et utilisée en pratique courante pour évaluer la
tinction entre ataxie épisodique et permanente est également progression de l’ataxie des patients.
notée à l’interrogatoire, ainsi que les facteurs aggravant l’ataxie. Comme pour l’examen clinique de tout patient en neurogéné-
Il est également important de demander au patient le symptôme tique, l’examen doit être détaillé, appareil par appareil, et doit
le plus invalidant pour lui dans son quotidien. également s’intéresser à la recherche de troubles oculomoteurs,
de signes pyramidaux, de mouvements anormaux, de signes de
dysautonomie, de troubles cognitifs et psychiatriques, d’éléments
Examen clinique dysmorphiques, d’anomalies des extrémités, d’anomalies cuta-
nées, pouvant orienter le diagnostic moléculaire.
L’ataxie est un symptôme qui se caractérise par des troubles du
mouvement volontaire ainsi que de l’équilibre, et cela avec une
force musculaire et une sensibilité normale. Le mot ataxie vient Examens paracliniques
du grec ancien ataxia qui signifie désordre. L’ataxie se manifeste à
la fois en position debout et à la marche, avec des symptômes L’électromyogramme (EMG) et les études de conduction ner-
variés regroupés dans l’ataxie statique, mais également lors de veuses permettent de confirmer une neuropathie suspectée à
l’exécution du mouvement, avec des symptômes rentrant dans l’examen clinique, ou de diagnostiquer une neuropathie infra-
le cadre de l’ataxie cinétique. clinique, ainsi que de mettre en évidence dans certains cas une
myopathie associée (Tableau 1). Pour rappel, l’atteinte axonale à
Ataxie statique l’électroneuromyogramme (ENMG) est mise en évidence par une
baisse de l’amplitude des potentiels évoqués moteurs et sensitifs.
À l’examen clinique, on observe un élargissement du polygone La neuropathie démyélinisante a une conduction motrice ralen-
de sustentation ; le patient tend à écarter les pieds quand il est tie, et il peut exister des blocs de conduction, et une augmentation
en position debout. Les pieds étant joints, des oscillations en tous de la latence distale et de la latence proximale (onde F, réflexe
sens apparaissent, non ou peu aggravées par l’occlusion des yeux. H). Dans les ataxies héréditaires, les polyneuropathies sont le plus
Une contraction transitoire et répétée des tendons des jambiers souvent axonales et non longueur-dépendantes, elles sont de type
antérieurs, également appelée « danse des tendons » est possible ganglionopathie ou neuronopathie [7] .
en début de maladie. L’imagerie par résonance magnétique (IRM) cérébrale et médul-
La démarche se fait avec élargissement du polygone de susten- laire est un outil essentiel pour évaluer l’atrophie cérébelleuse qui
tation, les bras écartés du tronc, avec des enjambées irrégulières, peut être associée à l’ataxie, rechercher des anomalies de signal,
les pieds étant jetés trop haut, entraînant des embardées. La une atrophie du tronc cérébral et de la moelle. L’atrophie du ver-
démarche est ébrieuse. Dans les formes mineures, on peut dépister mis s’évalue principalement sur les coupes sagittales médianes
un syndrome cérébelleux lors de l’arrêt brusque qui déséquilibre en séquence T1, et l’atrophie des hémisphères sur les coupes
le patient, lors du demi-tour qui est décomposé et instable, ou lors axiales [8] .
de la marche sur une ligne droite (ou marche en « tandem ») qui L’examen neuro-ophtalmologique (fond d’œil et tomographie
se fait en décrivant une ligne festonnée [5] . par cohérence optique [OCT]) fait également partie intégrante des

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Tableau 1. Tableau 3.
Exemples d’ataxies associées à une polyneuropathie. Corrélations entre les examens biologiques et les pathologies associées.
Principales ataxies associées à une polyneuropathie axonale Vitamine E effondrée → ataxie avec déficit en vitamine E
Ataxie de Friedreich Acanthocytose, vitamines liposolubles effondrées (A, D, E, K), baisse du
Ataxie par déficit en vitamine E (AVED) taux de lipides circulants → abêtalipoprotéinémie
Apraxie oculomotrice de type 1 Élévation de l’acide phytanique → maladie de Refsum
Apraxie oculomotrice de type 2 Cholestanol et cholestérol élevés → xanthomatose cérébrotendineuse
Ataxie spastique SPG7 Augmentation de l’alphafœtoprotéine, baisse des immunoglobulines →
ataxie-télangiectasie
Principales ataxies associées à une polyneuropathie démyélinisante
Hypoalbuminémie et augmentation du LDL cholestérol → ataxie avec
Ataxie spastique récessive autosomique de Charlevoix-Saguenay
apraxie oculomotrice de type 1
(ARSACS)
Augmentation de l’alphafœtoprotéine et des CPK sanguines → ataxie
Maladie de Refsum
avec apraxie oculomotrice de type 2
Xanthomatose cérébrotendineuse
Augmentation des oxystérols plasmatiques (cholestane 3␤,5␣,6␤ triol
Peripheral neuropathy, hearing loss, ataxia with cerebellar atrophy, retinitis [C-triol], 7-kétocholestérol [7-KC], lysosphingomyéline-509 [LSM-509])
pigmentosa and cataract (PHARC) → maladie de Niemann-Pick type C

LDL : low density lipoprotein ; CPK : créatine phosphokinases.


Tableau 2.
Bilan biologique à réaliser devant une ataxie cérébelleuse.
de petite taille, ou avec une censure (parent décédé jeune, pas
Ionogramme, CPK, albumine, NFS avec frottis sanguin et recherche d’information sur une branche familiale).
d’acanthocytes, ALAT, PAL, GGT Les grands modes de transmission sont les suivants (Fig. 1) :
TSH, T3 + T4 (selon résultats à compléter par recherche d’anticorps • autosomique dominant : une seule copie du gène muté suffit
anti-TG et anti-TPO) pour développer la pathologie. On parle de transmission verti-
Acides gras à très longue chaîne, électrophorèse des lipides, acide cale, puisque différentes générations successives sont atteintes,
phytanique, acide pristanique, cholestanol avec un risque de transmission de 50 % à chaque grossesse ;
• autosomique récessif : les deux copies du gène doivent être
Vitamines A, B1 , B12 , D, E et K, alphafœtoprotéine, enzymes
lysosomales, dosage pondéral des immunoglobulines, enzyme de
mutées pour développer la maladie. On parle de transmission
conversion de l’angiotensine, homocystéine, cuivre, céruléoplasmine, horizontale, avec un risque de transmission de 25 % à chaque
albumine grossesse issue du même couple. Différents individus d’une
même fratrie peuvent être atteints, avec des parents tous deux
Anticorps antineuronaux, anti-GAD, antinucléaires,
porteurs hétérozygotes sains. Le risque de transmission à la des-
antiphospholipides, antigangliosides, antitransglutaminase
cendance pour une personne malade est très faible, sauf dans
Oxystérols plasmatiques (cholestane 3␤,5␣,6␤ triol [C-triol], le cas d’une union consanguine ;
7-kétocholestérol [7-KC], lysosphingomyéline-509 [LSM-509]), lactates
• lié à l’X : les hommes sont atteints dans les pathologies liées à
pyruvate, bêtagalactosidase, hexosaminidase A/B, arylsulfatase,
l’X quand les femmes conductrices transmettent leur X muté.
bêtagalactocérébrosidase, alphamannosidase
Il existe un risque de transmission de la maladie de 25 % pour
Cette liste n’est pas exhaustive, et doit être adaptée en fonction de chaque grossesse de femme conductrice (50 % des garçons
l’interrogatoire et de l’examen clinique. CPK : créatine phosphokinases ; NFS : seront mutés et malades, 50 % des filles seront conductrices, et
numération-formule sanguine ; ALAT : alanine aminotransférase : PAL : phos- non malades ou avec des symptômes de plus faible intensité que
phatases alcalines ; GGT : gamma-glutamyl-transpeptidases ; TSH : thyroid
stimulating hormone ; T3 : tri-iodo-thyronine ; T4 : thyroxine ; TG : triglycérides ; les garçons). La transmission père malade-fille est systématique,
TPO : thyroperoxydase ; GAD : glutamate acide décarboxylase. il n’y a pas de transmission père malade-fils ;
• mitochondrial : ce mode de transmission concerne les anoma-
lies génétiques de l’acide désoxyribonucléique (ADN) contenu
examens paracliniques indispensables dans l’exploration d’une dans les mitochondries ou ADN mitochondrial, par opposi-
ataxie, il peut apporter des éléments d’orientation étiologique tion à l’ADN nucléaire, contenu dans le noyau cellulaire. Les
précis (rétinite pigmentaire, dégénérescence maculaire, etc.). mitochondries se transmettent par les femmes. Un homme ne
Le bilan biologique comporte à la fois un bilan standard et transmet aucune mitochondrie à ses enfants. Il y a un risque
un bilan orienté à la recherche des causes secondaires d’ataxies qu’une maladie mitochondriale chez une femme atteinte se
et des causes héréditaires traitables qu’il convient de rechercher transmette à chacun de ses enfants, quel que soit son sexe. Selon
systématiquement. Le Tableau 2 résume les différentes analyses à la proportion des mitochondries avec anomalies génétiques qui
demander et le Tableau 3 établit une corrélation entre les analyses s’est transmise, la maladie est plus ou moins sévère.
réalisées et les pathologies associées. Ces modes de transmission sont des grands cadres, et évidem-
Les analyses génétiques interviennent dans un second temps, ment à nuancer en pratique courante puisque l’expressivité peut
une fois que l’enquête clinique et paraclinique sus-mentionnée a être extrêmement variable et la pénétrance incomplète au sein
été réalisée (à l’exception des familles dans lesquelles une muta- d’une même famille pour la même pathologie [9] .
tion génétique a déjà été identifiée, l’hypothèse génétique devant Dans les sous-chapitres suivants sont détaillées seulement les
alors être privilégiée). Elles doivent être orientées et non pensées grandes caractéristiques des ataxies cérébelleuses les plus fré-
comme un examen d’exclusion. En effet, la bonne interprétation quentes. Les ataxies cérébelleuses plus rares peuvent être explorées
de ces analyses est conditionnée par l’exhaustivité et la précision grâce aux références données dans la sous-partie « Pour en savoir
des données cliniques et paracliniques. Les différentes analyses plus ». L’arbre décisionnel de la Figure 2 permet également de
génétiques réalisables devant une ataxie sont détaillées dans la situer les grands cadres et types d’examen paraclinique à proposer.
section « analyses génétiques ».

Ataxies cérébelleuses autosomiques


 Orientation diagnostique récessives (ACAR) (Tableau 4)
Grâce à l’enquête clinique et paraclinique, et notamment à L’ataxie cérébelleuse apparaît comme un signe prédominant
l’arbre généalogique, on peut classer les ataxies héréditaires en dans plusieurs maladies autosomiques récessives dont la cause
fonction de leurs modes de transmission. Les analyses génétiques génétique a été identifiée plus récemment, comme par exemple
proposées sont différentes en fonction du mode de transmission dans l’ataxie de Friedreich (FRDA), ou dans de nombreuses mala-
évoqué. Il faut néanmoins rester prudent quand les familles sont dies métaboliques, avec des phénotypes très polymorphes.

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A B

C D
Figure 1. Exemples d’arbres généalogiques représentant les grands modes de transmission.
A. Transmission autosomique dominante.
B. Transmission autosomique récessive.
C. Transmission liée à l’X.
D. Transmission mitochondriale. Les ronds représentent les femmes et les carrés les hommes. Les cercles ou carrés pleins correspondent aux individus atteints
et ceux vides aux individus sains. Les points noirs dans les cercles désignent les femmes conductrices d’une maladie liée à l’X. Les individus barrés d’un trait
diagonal sont décédés.

L’âge de début de ces ACAR est habituellement précoce, dans mier intron de FXN (entre 150 et 1000 chez les malades versus 7
l’enfance, mais peut varier, dans de larges proportions, tout à 25 dans la population générale) ; plus rarement une amplifica-
comme la sévérité de l’atteinte. tion hétérozygote et une mutation ponctuelle en trans, avec en
général des tableaux plus tardifs et atypiques.
Ataxie de Friedreich
La maladie de Friedreich représente l’ataxie cérébelleuse héré- Physiopathologie
ditaire la plus fréquente dans le monde, avec une prévalence de Il existe une accumulation anormale de fer dans la matrice mito-
1/50 000. chondriale ainsi que des anomalies de l’assemblage des complexes
fer / souffre [14] .
Âge de début
Il est précoce, en général entre 8 et 15 ans [10] . Il existe des formes Conseil génétique
à début tardif, au-delà de l’âge de 30 ans, ou phénotype late onset On préconise un dépistage systématique des hétérozygotes chez
Friedreich ataxia (LOFA), avec une conservation plus fréquente des les apparentés et les conjoints des malades atteints de la mala-
réflexes ostéotendineux [11] . die de Friedreich. En effet, le pourcentage d’hétérozygotes dans
Symptômes initiaux la population générale est de 1/90, et le risque de récidive dans
Ce sont des troubles de la marche, une scoliose, une dysarthrie, d’autres branches familiales est non négligeable.
une cardiopathie [10] .
Traitement
Évolution Environ 50 % des malades français sont traités par de
Elle est en général progressive, avec la nécessité d’un fauteuil l’idébénone, entre 5 et 20 mg/kg/j. L’efficacité de ce traitement
roulant au bout de 8–15 ans d’évolution et décès autour de est très discutable, peu d’essais thérapeutiques ayant démontré
35–50 ans dans les formes classiques. On retrouve une association son efficacité [15–18] .
fréquente à une myocardiopathie hypertrophique, un diabète et
une surdité.
« Sensory ataxic neuropathy, dysarthria,
Paraclinique ophthalmoparesis » (SANDO)
On retrouve une neuronopathie sensitive pure à l’EMG [12] et
Clinique
un effondrement des potentiels sensitifs des nerfs suraux à l’EMG
ainsi qu’une disparition de l’onde P40 corticale après stimulation C’est une ataxie liée à une polyneuropathie sensitive plus ou
du nerf tibial sur les potentiels évoqués somesthésiques (PES) hau- moins associée à une composante cérébelleuse. Les autres signes
cliniques sont : épilepsie, myoclonies, ophtalmoplégie, myopa-
tement spécifique. À l’IRM, on observe une atrophie de la partie
thie avec red ragged fibers à la biopsie musculaire [19] .
supérieure de la moelle cervicale (Fig. 3) et une atrophie cérébel-
leuse tardive, dans les formes évoluées de la maladie [13] .
Paraclinique
Génétique On retrouve des hypersignaux de la substance blanche cérébel-
Le gène FXN code la frataxine. Les patients sont en général leuse et du cervelet à l’IRM et des délétions multiples de l’ADN
homozygotes pour une amplification de triplets GAA dans le pre- mitochondrial à la biopsie musculaire.

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Examen clinique, enquête familiale, IRM cérébrale


Si cause acquise, suspicion AMS, cas sporadique début > 50 ans, phénotype CANVAS : pas de STHD

Dominant Sporadique , récessif, lié à l’X

Répétitions exoniques CAG Explorer les deux cadres si Biomarqueurs 1 * Analyse gène candidat
SCA 1,2,3,6,7, (NOP56), mode de transmission douteux ± EMG (panel) Typique AT/AOA1/AOA2/
17, DRPLA Tester SCA2, 7 (précoces) et SCA6 ARSACS : possibilité panel
(tardif) pour cas sporadiques si
SCA3 > 2 > 1 > 7 > 6 > NOP56 compatible
>> ATN1 > TBP Ataxie de Sauf si atrophie cérébelleuse
Friedreich majeure
Réunion de concertation
pluridisciplinaire FMR1 Si début vers 50 ans

Prélèvement en duo
STHD
au minimum

Avant la réunion de concertation pluridisciplinaire d’aval : EMG


Si sporadique/récessif : biomarqueurs 2 **
Selon phénotype : exemple OPH, audiométrie, autres
Doute calcifications ou NBIA : TDM cérébrale

Réunion de concertation
pluridisciplinaire Diagnostic

Début > 35 ans


SCA36 (NOP 56) Pas de diagnostic clair RFC1 Ataxie + neuropathie
sensitive

Études fonctionnelles
Veille bibliographique, relectures
Lien avec recherche

Figure 2. Arbre décisionnel. Stratégie diagnostique simplifiée d’ataxie héréditaire en fonction de l’histoire familiale observée. IRM : imagerie par résonance
magnétique ; AMS : atrophie multisystématisée ; CANVAS : cerebellar ataxia, neuropathy, vestibular areflexia syndrome ; STDH : séquençage à très haut débit ;
CAG : cytosine-adénine-guanine ; DRPLA : atrophie dentato-rubro-pallido-lusyenne ; SCA : spinal cerebellar ataxia ; NOP56 : nucleolar protein 56 ; ATN1 :
atrophin 1 ; TBP : TATA box binding protein ; EMG : électromyogramme ; ARSACS : ataxie spastique récessive autosomique de Charlevoix-Saguenay ; AT :
ataxie-télangiectasie ; AOA1 : ataxie-apraxie oculomotrice de type 1 ; AOA2 : ataxie-apraxie oculomotrice de type 2 ; FMR1 : fragile X mental retardation 1 ;
NBIA : neurodegeneration with brain iron accumulation ; TDM : tomodensitométrie ; RFC1 : replication factor C subunit 1. Astérisque : biomarqueurs 1 – vitamine
E, alphafœtoprotéine, albumine, hexosaminidases, acide phytanique, pristanique, acides gras à très longues chaînes à jeun, homocystéine, cholestanol, Lyso
SM509, créatine phosphokinase ; Glut1-metaglut. Double astérisque : biomarqueurs 2 – à jeun, lactates, pyruvates, chromatographie des acides aminés
plasmatiques (CAAp), chromatographie des acides organiques urinaires (CAOu).

Génétique Génétique
Ce sont des mutations homozygotes ou hétérozygotes com- Il s’agit de mutations du gène SACS qui code la sacsine [23–25] .
posites du gène POLG situé sur le chromosome 15, qui code la
polymérase gamma 32.
Ataxie avec déficit en vitamine E (AVED)
Ataxie spastique récessive autosomique Clinique
de Charlevoix-Saguenay (ARSACS) Les signes sont une ataxie progressive, une aréflexie, une dysar-
thrie, une hypo-esthésie proprioceptive, une myocardiopathie. La
Clinique
clinique peut ressembler à celle de la maladie de Friedreich [26, 27] .
La spasticité est en général plus précoce que l’ataxie, débutant
le plus fréquemment dès l’acquisition de la marche. Des formes
tardives infantile, juvénile, voire adulte sont décrites. Dysarthrie, Paraclinique
nystagmus, pied creux et hypopallesthésie peuvent être associés. Les signes suivants sont retrouvés : vitamine E effondrée, neu-
L’évolution est extrêmement lente et la nécessité d’un fauteuil ropathie sensitive à l’EMG, PES très altérés, rétinite pigmentaire
roulant apparaît autour de 40 ans [20, 21] . au fond d’œil, atrophie modérée du cervelet à l’IRM (Fig. 5).

Paraclinique Génétique
On note une hypertrophie des fibres myélinisées irradiant Ce sont des variants pathogènes dans l’alpha-tocopherol transfer
depuis le disque optique au fond d’œil, non constante. Une protein (α-TTP) qui code le transporteur de l’␣-tocophérol.
polyneuropathie sensitivomotrice démyélinisante touchant les
membres inférieurs est présente. L’atteinte démyélinisante peut
le plus souvent être mise en évidence aux membres supérieurs à Traitement
l’EMG. L’atrophie cérébelleuse prédomine sur le vermis. Les signes On instaure un substitutif à vie en vitamine E, toco 500 mg
caractéristiques à l’IRM sont les hyposignaux linéaires du pont en (alpha tocophérol acétate), en général une capsule par jour avec
T2 et fluid attenuated inversion recovery (FLAIR) [22] , visualisables sur adaptation de la dose jusqu’à rétablir un dosage de vitamine E
la Figure 4. normal. Une surveillance biologique régulière est nécessaire.

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Abêtalipoprotéinémie tardif, le tableau clinique ressemble à celui de la maladie de Frie-


dreich avec une rétinite pigmentaire associée.
Clinique hétérogène
Si le début se situe dans l’enfance, il s’agit d’un retard de déve-
Paraclinique
loppement avec syndrome de malabsorption ; si le début est plus
On note une baisse importante des taux de lipides circulants et
des vitamines liposolubles A, D, E et K, et une acanthocytose.
Tableau 4.
Principales causes d’ataxie cérébelleuse de transmission récessive autoso- Génétique
mique (ACAR).
Il s’agit de mutations dans microsomal triglyceride transfer protein
Ataxie de Friedreich (MTP) codant le transporteur microsomal des triglycérides [28] .
SANDO
ARSACS Traitement
Ataxie avec déficit en vitamine E Le traitement consiste en un régime sans acides gras à longues
Abêtalipoprotéinémie
chaînes et une supplémentation en vitamines liposolubles [29] .
Maladie de Refsum
Xanthomathose cérébrotendineuse
PHARC
Ataxie-télangiectasie
AOA1
AOA2
SPG7
Maladie de Wilson
Niemann Pick de type C

SANDO : sensory ataxic neuropathy, dysarthria, ophthalmoparesis ; ARSACS : ataxie Figure 5. Ataxie par déficit isolé en vitamine E. Femme de 29 ans après
spastique récessive autosomique de Charlevoix-Saguenay ; PHARC : peripheral 5 ans d’évolution : remarquer l’atrophie modérée de la partie supérieure
neuropathy, hearing loss, ataxia with cerebellar atrophy, retinitis pigmentosa and du vermis. Les hémisphères cérébelleux sont préservés.
cataract ; AOA1 : ataxie-apraxie oculomotrice de type 1 ; AOA2 : ataxie-apraxie
oculomotrice de type 2 ; SPG7 : spastic paraplegia 7.

Figure 3. Ataxie de Friedreich.


A. Discrète atrophie de la moelle cervicale et cer-
velet normal chez une patiente de 24 ans après
3 ans d’évolution.
B. Atrophie modérée de la moelle cervicale et
atrophie vermienne débutante chez une patiente
de 25 ans après 9 ans d’évolution.

A B

Figure 4. Imagerie par résonance magnétique


cérébrale d’un patient avec une ataxie spastique
récessive autosomique de Charlevoix-Saguenay.
A. Coupe sagittale T1, montrant l’atrophie du
vermis cérébelleux supérieur (tête de flèche), un
kyste arachnoïdien de la fosse postérieure (asté-
risque), un corps calleux fin (flèche blanche) et
une atrophie de la moelle cervicale (flèche noire).
* B. Coupe axiale T2, montrant des hypo-
intensités linéaires dans le pont (flèche) et des
hyperintensités latérales (étoile).

A B

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Figure 6. Fond d’œil d’un patient avec une


maladie de Refsum (A, B). On observe des spi-
cules pigmentées périvasculaires.

A B

Maladie de Refsum Ataxie-télangiectasie (AT)


Clinique Clinique
Les signes suivants sont retrouvés : rétinite pigmentaire Le début se situe dans la petite enfance : ataxie, apraxie oculo-
(Fig. 6), surdité de perception, polyneuropathie sensitivomotrice motrice, ralentissement de l’initiation des saccades et dysmétrie.
démyélinisante, ataxie cérébelleuse, arythmie cardiaque et cardio- Les télangiectasies des conjonctives apparaissent plus tardivement
myopathie hypertrophique [30] . (Fig. 8A) ainsi qu’une immunodéficience avec prédisposition aux
cancers et radiosensibilité [37, 38] .
Paraclinique
On note une élévation de l’acide phytanique. Paraclinique
On retrouve une augmentation de l’alphafœtoprotéine majeure
Génétique
(> 10 fois la normale), une baisse des immunoglobulines, une
Ce sont des mutations de phytanoyl-CoA hydroxylase (PHYH) instabilité chromosomique avec de nombreuses anomalies cyto-
ou de peroxisomal biogenesis factor 7 (PEX7), maladie peroxyso- génétiques (principalement sur les chromosomes 7 et 14). Une
male [31] . atrophie sévère du vermis et des hémisphères cérébelleux est
retrouvée (Fig. 8B).
Traitement
On instaure un régime limitant les apports en acide phytanique
Génétique
(produits laitiers, viande des ruminants, poisson, etc.).
Le gène impliqué dans l’AT est le gène ATM [39] .

Xanthomatose cérébrotendineuse (XCT)


Ataxie avec apraxie oculomotrice type 1
Clinique
On retrouve une ataxie cérébelleuse progressive associée à une Clinique
paraplégie spastique, une cataracte juvénile, une polyneuropathie L’ataxie débute dans l’enfance, avec des mouvements cho-
démyélinisante, des xanthomes tendineux et une athéroma- réiques et dystoniques, une polyneuropathie sensitivomotrice
tose [32, 33] . L’évolution se fait vers une démence. axonale sévère, une dissociation des mouvements oculocépha-
liques, un déficit intellectuel [40, 41] .
Paraclinique
Le cholestanol et les cholestérols sont élevés dans le sang et Paraclinique
le liquide cérébrospinal (LCS), et on retrouve des hypersignaux Sont retrouvées une hypoalbuminémie et une augmentation du
diffus de la substance blanche à l’IRM cérébrale y compris dans la low density lipoprotein (LDL) cholestérol, souvent plusieurs années
fosse postérieure (Fig. 7). après le début de la maladie.
Génétique
Génétique
Il s’agit de variants dans CYP27A1, qui intervient dans la syn-
Le gène responsable est le gène APTX qui code l’aprataxine ; il
thèse des acides biliaires.
a un rôle important dans la réparation des cassures simple brin de
Traitement l’ADN [42] .
L’acide chénodésoxycolique est efficace et cette efficacité est
d’autant plus marquée que le traitement est introduit précoce- Ataxie avec apraxie oculomotrice type 2
ment [34] .
Clinique
Le début se situe durant l’adolescence, avec ataxie, polyneuro-
« Peripheral neuropathy, hearing loss, ataxia with pathie sensitivomotrice axonale, apraxie oculomotrice chez 50 %
cerebellar atrophy, retinitis pigmentosa and des patients, un syndrome pyramidal inconstant et des mouve-
cataract » (PHARC) ments choréiques et/ou dystoniques peu fréquents. La perte de la
marche apparaît vers 30 ans [43] .
Clinique
Les signes suivants sont retrouvés : polyneuropathie sensiti-
Paraclinique
vomotrice démyélinisante, hypoacousie, ataxie, rétinite pigmen-
taire, cataracte et syndrome pyramidal. Le début se situe durant Une augmentation modérée de l’alphafœtoprotéine (entre deux
l’enfance [35] . et cinq fois la normale) et des CPK sanguins est notée.

Génétique Génétique
Il s’agit d’abhydrolase domain containing 12 (ABHD12), gène Le gène responsable est le gène SETX codant la sénataxine, héli-
impliqué dans la voie du métabolisme de l’acide arachido- case impliquée dans la maturation et la terminaison des acides
nique [36] . ribonucléiques (ARN) [44] .

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Figure 7. Xanthomatose cérébrotendineuse.


Homme de 61 ans après 35 ans d’évolution et
1 an de traitement par acide chénodésoxycho-
lique. Remarquer l’atrophie marquée du cervelet,
du corps calleux et les hypersignaux de la sub-
stance blanche périventriculaire et cérébelleuse.
L’atrophie cortico-sous-corticale est également
plus importante que l’âge ne le voudrait.

Figure 8. Ataxie-télangiectasie.
A. Télangiectasies conjonctivales typiques
partant de l’iris vers l’angle externe de l’œil,
suivant un trajet horizontal.
B. Atrophie cérébelleuse prédominant sur
le vermis chez un enfant de 7 ans après
3 ans d’évolution.

A B

Ataxie spastique de type « spastic paraplegia 7 » lateur de la pathologie, avec des ictères/hépatites aiguës ou
(SPG7) chroniques en fonction des patients. L’atteinte psychiatrique est
également retrouvée, incluant des dépressions ou symptômes psy-
Clinique chotiques. L’atteinte neurologique regroupe divers troubles du
Le début se situe à l’âge adulte, avec apparition progressive mouvement, avec des éléments dystoniques, ataxiques et cho-
d’une faiblesse et d’une spasticité des membres inférieurs, asso- réiques [48, 49] .
ciées à une ataxie, des troubles de la sensibilité profonde [45, 46] .
Paraclinique
Paraclinique
Le cuivre sérique est bas, ainsi que la céruléoplasmine,
On retrouve une pâleur papillaire au fond d’œil.
l’excrétion urinaire de cuivre est élevée. On retrouve un anneau
Génétique de Kayser-Fleischer cornéen.
Le gène impliqué est le gène SPG7 codant la paraplégine,
Génétique
composant de la protéase m-AAA mitochondriale, complexe pro-
téique d’importance majeure ayant un rôle dans la dégradation Les mutations du gène ATP7B, impliqué dans le transport intra
des protéines mal assemblées et dans la structure ribosomale [47] . et extra cellulaire du cuivre sont responsables de la maladie de
Wilson [50] .
Maladie de Wilson Traitement
Clinique Ce sont les chélateurs du fer (D-pénicillamine notamment) ou
Le début est d’âge variable, allant de l’enfance à la cinquième du zinc. L’initiation précoce du traitement peut réduire les symp-
décennie. L’atteinte hépatique est en général le symptôme révé- tômes hépatiques, neurologiques et psychiatriques [51] .

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Tableau 5.
Caractéristiques cliniques et paracliniques des principales spinal cerebellar ataxia (SCA).
SCA1 SCA2 SCA3 SCA6 SCA7 SCA17 DRPLA
Particularités Spasticité Saccades très Ataxie pure Baisse de l’acuité Peut ressembler Épilepsie,
cliniques ralenties Diplopie +++ visuelle à la maladie de myoclonies,
Spasticité, Huntington : troubles
rigidité, dystonie chorée, dystonie, cognitifs
symptômes
psychiatriques
IRM Atrophie du Atrophie Atrophie sévère Atrophie Atrophie Atrophie Atrophie du
cervelet et du olivo-ponto- du tronc, cérébelleuse olivo-ponto- cérébrale cervelet et du
tronc cérébral cérébelleuse atrophie cérébelleuse tronc, anomalies
cérébrale et de la substance
spinale blanche
Autres Très fréquente au Atteinte Présente au
Portugal et Brésil maculaire Japon surtout

IRM : imagerie par résonance magnétique ; DRPLA : atrophie dentato-rubro-pallido-lusyenne.

Maladie de Niemann-Pick de type C l’âge adulte, d’être fréquemment associée à une hypoacousie, et
Clinique parfois à des signes de dégénérescence du motoneurone, avec une
atrophie et des fasciculations de langue.
L’âge de début est très variable, allant de la période néonatale à
Le phénomène d’anticipation décrit dans les ACAD trouve
l’âge adulte. La présentation classique est chez le jeune adulte,
une base moléculaire dans la tendance à l’augmentation de
avec l’apparition d’une ataxie, associée à une ophtalmoplégie
génération en génération du nombre de CAG et donc de poly-
supranucléaire, et des symptômes psychiatriques [52, 53] .
glutamine [57] . Les mutations SCA6 et SCA17 sont les plus stables
Paraclinique de ce groupe, puisque les allèles sont généralement transmis à
On retrouve une élévation des oxystérols et lysosphingomyé- l’identique à la descendance. Cette relative stabilité de la séquence
lines plasmatiques (test biochimique en première intention, avant répétée résulte probablement de la taille réduite et de la présence
le séquençage génétique). Le test à la filipine sur culture de d’interruptions CAA dans la séquence. Dans les autres formes, la
fibroblastes met en évidence une accumulation lysosomale de taille de l’expansion CAG augmente en moyenne au fil des géné-
cholestérol libre, en cas de diagnostic douteux [54] . rations. L’instabilité des CAG est plus souvent marquée lors des
transmissions paternelles [59] . La corrélation entre l’âge de début
Génétique et le nombre de répétitions CAG, ainsi que la tendance de ce der-
Il s’agit de variants pathogènes dans NPC1 (95 % des patients) nier à l’augmentation au cours des transmissions, rendent compte
ou NPC2 (5 % des patients), qui entraînent des anomalies du trans- du phénomène d’anticipation (Tableau 6).
port intracellulaire du cholestérol, des glycosphingolipides et de Il existe un stigmate neuropathologique commun à ces affec-
la sphingosine conduisant à leur accumulation dans les lysosomes tions : des inclusions neuronales qui contiennent la protéine
et les endosomes tardifs de nombreux tissus [55] . pathologique et pourraient résulter d’une anomalie de conforma-
Traitement tion liée à la présence de la polyglutamine [60] .
Dans les ACAD, la fréquence élevée d’implication des gènes avec
C’est le miglustat (N-butyl-désoxy-nojirimycine), qui prolonge
expansion de CAG/polyglutamine rend leur recherche indispen-
la survie et retarde l’apparition de symptômes neurologiques, à la
sable dans un premier temps. La recherche d’une expansion dans
posologie de 200 mg trois fois par jour [56] .
les gènes SCA1, 2, 3, 6, 7, 17 et DRPLA (atrophie dentato-rubro-
pallido-lusyenne) est relativement simple puisqu’elle consiste en
Ataxies cérébelleuses autosomiques une polymerase chain reaction (PCR) suivie d’une électrophorèse
dominantes (ACAD) et une mesure de la taille de l’expansion sur séquenceur auto-
matique. Ces analyses sont cependant gène-spécifiques, ce qui
Dans le grand cadre des ataxies cérébelleuses autosomiques complique leur recherche en pratique. Les panels de gènes réalisés
dominantes, les premiers symptômes apparaissent essentielle- par séquençage à haut débit ou next generation sequencing (NGS) ne
ment à l’âge adulte, et concernent souvent des troubles de permettent pas de les détecter.
l’équilibre à la marche. Le syndrome ataxique s’accompagne géné- L’analyse des autres formes génétiques va ensuite dépendre
ralement d’autres signes, à l’origine de la grande hétérogénéité du profil clinique. Elles sont réalisées sur les plates-formes de
clinique intra- et interfamiliale. séquençage haut débit de l’ADN via des séquençages de panel de
La nature des mutations en cause définit désormais plusieurs gènes, d’exome ou de génome (mise en place récente de deux
sous-classes : les expansions cytosine-adénine-guanine (CAG) plates-formes très haut débit en France, SeqOIA et Auragen, per-
dans les régions codantes (produisant des répétitions anormales mettant d’accéder à des analyses de génome entier dans les ataxies
de glutamine : polyglutamines ou polyQ), les expansions en après validation en réunion de concertation pluridisciplinaire spé-
région non codante et les mutations conventionnelles. Les loci cifique).
ou gènes sont désignés spinal cerebellar ataxia (SCA) suivi d’un Une situation classique en pratique clinique correspond aux cas
numéro attribué dans l’ordre chronologique de leur identification. apparemment sporadiques. Ces cas peuvent souvent correspondre
Les fréquences des mutations varient en fonction de l’origine géo- à des formes récessives du fait de la petite taille des familles euro-
graphique et sont le résultat d’effets fondateurs reflétant les voies péennes, mais parfois, peuvent aussi s’avérer porteurs de variants
de migration [57] . En France, les gènes retrouvés le plus fréquem- pathogènes dans des gènes de transmission dominante, en raison
ment mutés sont ceux associés à des expansions CAG : SCA3 est de la pénétrance incomplète des mutations conventionnelles, ou
majoritaire, et représente environ 20 % des ACAD, puis viennent surtout de l’anticipation ou de mutations de novo dans les formes
SCA2, SCA1, SCA7 et SCA6 (Tableau 5) [58] . On retrouve également, avec expansions, ou encore en raison d’un biais d’informativité
de façon un petit moins fréquente, SCA28, liée à des variants familiale. Cependant, une mutation par expansion de CAG n’est
ponctuels hétérozygotes dans le gène AFG3L2, qui a comme par- découverte que dans une minorité de cas sporadiques, allant de
ticularité une ataxie débutant chez le jeune adulte, d’évolution 2 à 30 % selon les études, et dans plus de la moitié des cas
très lente ; et SCA36, liée à une expansion d’un hexanucléotide dans les formes familiales, rendant peu rentable en pratique cette
dans NOP56, qui peut être présente en mosaïque, rendant déli- indication d’analyse moléculaire en absence d’histoire familiale
cat le conseil génétique. SCA36 a pour particularités de débuter à positive [61–63] .

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Tableau 6.
Influence du nombre de répétitions cytosine-adénine-guanine (CAG) sur l’âge de début et la présentation clinique des ataxies cérébelleuses autosomiques
dominantes dues à des expansions CAG/polyglutamine.
Expansion CAG
Locus Petite Intermédiaire Grande Très grande
Début tardif –> Début adulte (typique) –> Début précoce –> Début très précoce
SCA1 Ataxie cérébelleuse, augmentation Présentation type sclérose
des réflexes latérale amyotrophique
(SLA)
SCA2 Parkinsonisme Ataxie cérébelleuse, diminution Ataxie cérébelleuse, chorée, Fasciculations, myokymies,
des réflexes démence dystonie, atteinte
cardiaque, atteinte
rétinienne
SCA3 Neuropathie axonale, Ataxie cérébelleuse, nystagmus Dystonie, signes
parkinsonisme répondant à la pyramidaux
L-DOPA
SCA6 Ataxie épisodique Ataxie cérébelleuse pure Parfois quelques signes
additionnels après 10 ans
d’évolution
SCA7 Ataxie cérébelleuse sans atteinte Ataxie cérébelleuse, baisse de Baisse de l’acuité visuelle Atteinte cardiaque
visuelle l’acuité visuelle précédant l’atteinte
cérébelleuse
SCA17 Présentation type Huntington ; Ataxie cérébelleuse, démence, Ataxie cérébelleuse,
parkinsonisme chorée et dystonie, signes démence, spasticité et
pyramidaux épilepsie
DRPLA Choréoathétose, ataxie Myoclonus, épilepsie,
cérébelleuse et troubles ataxie cérébelleuse
psychiatriques

SCA : spinal cerebellar ataxia ; L-DOPA : 3,4-dihydroxyphénylalanine ; DRPLA : atrophie dentato-rubro-pallido-lusyenne.

Le Tableau 5 reprend les signes cliniques et paracliniques per- de triplets augmente. Elle touche principalement des hommes
mettant de s’orienter devant une ataxie cérébelleuse autosomique (seulement 20 % de femmes chez les patients FXTAS) [64, 65] .
dominante.
Conseil génétique
Il existe un risque de passage à la mutation complète si une
Ataxies cérébelleuses liées à l’X mère transmet, et donc de syndrome de l’X fragile (déficience
intellectuelle). Il faut noter l’importance du conseil génétique.
Cette hérédité liée à l’X est rare dans les ataxies cérébelleuses, et
essentiellement représentée par le syndrome d’ataxie et tremble-
ments lié à l’X-fragile (fragile X tremor ataxia syndrome [FXTAS]). Autres ataxies liées à l’X
Pour rappel, le syndrome de l’X fragile est la cause la plus fré- Hormis le syndrome FXTAS, il convient essentiellement de rap-
quente de déficience intellectuelle chez le jeune garçon. Il est peler la forme adulte de l’adrénoleucodystrophie, l’adrénomyé-
causé par une mutation complète correspondant à une expansion loneuropathie, qui peut revêtir une présentation cérébelleuse,
supérieure à 200 triplets CTG. La prémutation, qui correspond mais avec des signes supplémentaires tels qu’une spasticité des
à une expansion comprise entre 50 et 200 CTG, peut donner membres inférieurs, une neuropathie périphérique axonale puis
des insuffisances ovariennes prématurées (premature ovarian fai- démyélinisante, des anomalies sphinctériennes et des troubles
lure [POF]), et une ataxie d’apparition tardive, le FXTAS. Le FXTAS cognitifs et psychiatriques [66] .
est d’importance capitale à diagnostiquer, car un conseil géné-
tique familial adapté doit être réalisé, en raison de la possibilité
d’insuffisance ovarienne prématurée chez les femmes prémutées, Ataxies cérébelleuses de transmission
et surtout de survenue d’un syndrome de l’X fragile chez les
enfants porteurs d’une mutation complète [64] .
mitochondriale
Les signes cliniques qui doivent faire évoquer une telle héré-
« Fragile X tremor ataxia syndrome » dité incluent l’apparition de myoclonies ou de crises d’épilepsie
généralisées après le début de l’ataxie, la présence d’une myo-
Clinique pathie, d’une ophtalmoplégie externe, d’une rétinopathie, d’une
On retrouve : tremblement d’intention et ataxie chez les plus de atrophie optique, d’une hypoacousie, d’une myocardiopathie ou
50 ans, syndrome extrapyramidal, neuropathie sensitive périphé- de troubles de la conduction cardiaque, d’un diabète, d’épisodes
rique, déficit des fonctions exécutives et de la mémoire de travail. de pseudo-occlusions intestinales ou de pseudoaccidents isché-
Le tremblement peut être la seule manifestation initiale et peut miques cérébraux, ou d’une démence. Les études au repos, en
ainsi être méconnu comme un tremblement essentiel [65] . post-prandial et à l’effort du rapport lactate/pyruvate, ainsi qu’une
biopsie musculaire incluant une étude de la chaîne respira-
Paraclinique toire et une analyse de l’intégralité de l’ADN mitochondrial par
On retrouve une leuco-encéphalopathie sus- et sous-tentorielle séquençage haut débit sur ADN extrait du muscle, du sang ou
très variable à l’IRM (notamment des hypersignaux des pédon- des urines, peuvent aider à poser le diagnostic. Le séquençage
cules cérébelleux moyens et du tronc), ainsi qu’une atrophie de l’ADN mitochondrial est plus fiable dans les urines que dans
cérébrale (Fig. 9). le sang. Il est exceptionnel qu’un tableau d’ataxie pure révèle
une mitochondriopathie. Un exemple d’ataxie avec transmission
Génétique mitochondriale est le syndrome neuropathy, ataxia and retinitis pig-
Il s’agit d’une prémutation FMR1 (entre 55 et 200 répétitions mentosa (NARP), lié à des variants hétéroplasmiques de l’ADN
de CGG). La pénétrance est plus importante quand le nombre mitochondrial [67–69] .

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A B C
Figure 9. Fragile X tremor ataxia syndrome. Patient de 64 ans après 4 ans d’évolution. Noter l’hypersignal bilatéral des pédoncules moyens cérébelleux
diffusant vers les hémisphères cérébelleux sur les séquences fluid attenuated inversion recovery (FLAIR) (A, B). On note également quelques hypersignaux
proches de la partie postérieure du ventricule latéral et de la partie postérieure du corps calleux (C).

Ataxies cérébelleuses épisodiques nue affectant le tronc cérébral et le cervelet, et s’exprimant sous
la forme d’un syndrome cérébelleux progressif de l’adulte d’âge
Les ataxies cérébelleuses épisodiques correspondent clinique- moyen, sans histoire familiale, ni cause secondaire évidente. Ce
ment à des attaques récurrentes d’ataxie en général accompagnées terme regroupe en fait les atrophies multisystématisées (AMS) et
de vertiges. Les patients peuvent également avoir en dehors de ces un groupe d’affections hétérogène : les atrophies cérébelleuses
attaques une ataxie progressive. idiopathiques tardives (ACIT). Il s’agit d’une situation clinique fré-
Il existe en général des facteurs déclenchants tels que l’exercice quente et souvent source d’une grande frustration diagnostique et
physique, le jeûne, entre autres. thérapeutique.
Le nombre de gènes impliqués dans les ataxies épisodiques croît
depuis l’arrivée du séquençage d’exome. La plupart des ataxies Atrophie multisystématisée
épisodiques sont de transmission autosomique dominante. Il
peut exister au sein d’une même famille une grande variabilité Clinique
d’expression d’un individu à l’autre. Les gènes les plus fréquem- Les signes sont les suivants : syndrome parkinsonien peu ou pas
ment impliqués sont KCNA1, responsable de l’ataxie épisodique DOPA-sensible, dysautonomie sévère, syndrome cérébelleux pur
de type 1 et CACNA1A, pour l’ataxie épisodique de type 2. au début dans environ 25 % des cas et signes pyramidaux [3] . Le
À noter qu’une amplification de triplets CAG dans CACNA1A début se situe à l’âge moyen de la vie. L’évolution est péjorative
est responsable de SCA6, décrit précédemment. Ce sont donc et rapide sur quelques années.
les variants ponctuels dans CACNA1A qui peuvent donner une Physiopathologie
ataxie épisodique. Il existe pour ce gène une grande variabilité Il s’agit d’une perte neuronale avec gliose astrocytaire ; on
phénotypique intra- et interfamiliale, et des patients présentent retrouve des inclusions oligodendrogliales argentophiles mar-
également des migraines hémiplégiques, avec les mêmes variants quées pour l’alphasynucléine [73] .
ponctuels. À l’heure actuelle, la recherche d’une mutation causale
d’une ataxie épisodique repose sur le séquençage haut-débit d’un Paraclinique
panel de gènes potentiellement impliqués. L’imagerie retrouve : atteinte pontocérébelleuse (« signe de
Sur le plan thérapeutique, l’acétazolamide présente un intérêt la croix » pontique et hypersignal des pédoncules cérébelleux
pour le traitement des ataxies épisodiques liées à CACNA1A, et la moyens sur les séquences pondérées en T2 [Fig. 10], atrophie pon-
carbamazépine pour celles liées à KCNA1 [70, 71] . tique et vermienne, dilatation du IVe ventricule) et nigrostriatale
(atrophie putaminale avec hyposignal postérieur et hypersignal
de la bordure postérolatérale du putamen sur les séquences pon-
Ataxies cérébelleuses primitives sporadiques dérées en T2). La séquence T2* ou T2 écho de gradient semble
détecter de façon plus précoce l’hyposignal putaminal lié à un
Ce cadre général est celui des ataxies cérébelleuses tardives de
dépôt de fer [74] .
l’adulte primitivement dégénératives et survenant en dehors de
tout contexte familial. Le cervelet subit, comme d’autres struc-
tures cérébrales, un processus de vieillissement normal avec perte
Atrophies cérébelleuses idiopathiques tardives
neuronale plus marquée à la partie supérieure du vermis céré- Le contexte clinique est celui d’une ataxie progressive de
belleux. Cette atrophie vermienne liée à l’âge doit être prise en l’adulte, avec un âge de début après 50 ans, sans histoire fami-
compte dans l’interprétation de l’imagerie (IRM en particulier) [72] . liale ni cause secondaire apparente, évoluant insidieusement dans
Le cervelet peut également être le siège d’un processus une situation de syndrome cérébelleux « pur ». L’évolution de
atrophique dans le cadre de nombreuses pathologies neurodé- ces patients est hétérogène et très différente du point de vue du
génératives du sujet âgé que nous ne détaillons pas ici. Ainsi, pronostic. Il était rare pour ces patients de trouver une étiologie
l’atrophie cérébelleuse est rencontrée au stade tardif de la démence génétique, hormis les exceptionnels patients atteints d’une forme
de type Alzheimer. tardive d’ataxie de Friedreich ou d’un FXTAS. Cependant, une
Plus intéressant en pratique est le cadre des atrophies olivo- expansion biallélique d’un pentanucléotide dans le gène RFC1
ponto-cérébelleuses sporadiques. Il s’agit d’un terme générique a récemment été découverte et apparaît être une cause non rare
qui regroupe des maladies neurodégénératives de cause incon- d’ataxie de début tardif [75] .

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17-063-D-10  Ataxies cérébelleuses héréditaires

Figure 10. Patiente âgée de 68 ans atteinte


d’atrophie multisystématisée ; « signe de la croix
pontique » sur les séquences pondérées en T2
(A) et fluid attenuated inversion recovery (FLAIR)
(B). Noter également un hypersignal bilatéral des
pédoncules cérébelleux moyens (B).

A B

Cette ataxie de début tardif a pour nom cerebellar ataxia, neu- kiniens ; des anticorps anti-CASPR2, anti-GABAB R, anti-SOX1,
ropathy, vestibular areflexia syndrome (CANVAS). Sur les premières anti-VGCC et anti-Zic4 peuvent également être associés à un
données, il apparaît que le syndrome CANVAS est une cause non syndrome cérébelleux isolé) [76] .
rare chez les patients débutant une ataxie dans la cinquième ou • Origine infectieuse et postinfectieuse : virus influenza, para
sixième décennie, associée à une neuropathie sensitive et une influenza, poliovirus, coxsackie, herpes simplex, cytoméga-
aréflexie vestibulaire. Une toux chronique est fréquemment asso- lovirus, virus varicelle-zona et Epstein-Barr virus, virus de
ciée et peut précéder les troubles de l’équilibre. Des symptômes l’immunodéficience humaine (VIH) (principalement en lien
dysautonomiques et une dysphagie sont également fréquents. La avec des infections opportunistes), virus JC, Borrelia et Trepo-
moitié des patients a besoin d’utiliser une canne au bout de 10 ans nema pallidum.
d’évolution de la maladie. • Agents non conventionnels : formes sporadiques et
L’atrophie cérébelleuse est retrouvée chez la majorité des acquises de la maladie de Creutzfeldt-Jakob et autres formes
patients à l’IRM cérébrale. d’encéphalopathies spongiformes telles que le Kuru.
L’anomalie génétique correspond à une expansion biallélique • Séquelles d’hyperthermie maligne.
du motif (AAGGG) dans le gène RFC1, alors que les motifs • Malformation d’Arnold-Chiari.
non pathogéniques sont (AAAGG) et (AAAAG). La recherche • Hémosidérose marginale après une hémorragie sous-arachnoï-
d’expansion du motif (AAGGG) n’est pas encore disponible en dienne.
routine diagnostique.

 Analyses génétiques
 Principaux diagnostics
Comme expliqué dans les différents chapitres ci-dessus, les ana-
différentiels lyses génétiques sont guidées par l’histoire familiale, la clinique
et les examens paracliniques. Tous les laboratoires de génétique
Les principaux diagnostics différentiels des ataxies héréditaires ne réalisent pas l’ensemble des analyses des causes génétiques
sont représentés par les ataxies cérébelleuses secondaires qui d’ataxie. Orphanet est le site internet français qui répertorie les
elles-mêmes constituent un groupe très hétérogène. La survenue laboratoires réalisant les analyses correspondant à une pathologie,
tardive des troubles cérébelleux, l’absence d’antécédent familial, dans l’onglet « tests diagnostiques ».
la présence d’antécédents personnels évocateurs et l’association
avec d’autres troubles neurologiques peuvent permettre de suspec-
ter une origine secondaire et d’orienter le diagnostic étiologique.  Conseil génétique
Les ataxies cérébelleuses d’origine toxique, représentées en pre-
mier lieu par l’éthylisme et en corollaire les ataxies carentielles, Information à la parentèle
sont les plus fréquemment rencontrées. Les syndromes cérébel-
leux d’apparition subaiguë doivent faire évoquer un syndrome L’importance du conseil génétique ne doit pas être sous-
paranéoplasique. Certaines causes plus rares nécessitent cepen- estimée. Quand une anomalie génétique est mise en évidence
dant d’être éliminées. dans l’exploration d’une ataxie, le prescripteur avertit le patient
• Alcoolisme chronique. de l’importance d’informer les autres membres de la famille sus-
• Causes iatrogènes : phénytoïne, lithium, cytarabine, 5- ceptibles d’être porteurs de la même anomalie. Il faut expliquer
fluorouracile, amiodarone, carbamazépine. au patient que l’information de la parentèle présente des intérêts
• Toxiques industriels et environnementaux : mercure, toluène, multiples, par exemple s’il existe des traitements préventifs ou
plomb, monoxyde de carbone. curatifs, mais également pour que les apparentés puissent avoir
• Causes carentielles : carence en vitamines E, B1 et B12 . une information éclairée sur les possibilités de diagnostic préna-
• Causes inflammatoires ou auto-immunes : maladie cœliaque, tal/préimplantatoire.
sclérose en plaques, maladie de Behçet, lupus érythémateux Le prescripteur est tenu au secret médical et ne peut convo-
disséminé, thyroïdite de Hashimoto, anticorps antiglutamate quer directement les apparentés à risque. Si le patient ne souhaite
décarboxylase (anti-GAD), syndromes paranéoplasiques (les pas donner directement l’information, il peut demander à son
anticorps anti-Yo, anti-Ri, anti-Hu, anti-DNER, anti-mGluR1 médecin d’envoyer un courrier à ses apparentés les adressant vers
sont les plus fréquents, principalement en lien avec des une consultation de génétique. Si le patient refuse de prévenir ses
tumeurs gynécologiques, pulmonaires et les lymphomes hodg- apparentés à risque, il engage sa responsabilité civile.

12 EMC - Neurologie

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Ataxies cérébelleuses héréditaires  17-063-D-10

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risque appartenant à une famille dans laquelle l’anomalie géné- Kuntzer T, et al. Cerebellar ataxia with oculomotor apraxia type 1: clinical
and genetic studies. Brain 2003;126(Pt12):2761–72.
tique est identifiée représente une situation particulièrement
[14] Rötig A, de Lonlay P, Chretien D, Foury F, Koenig M, Sidi D, et al.
délicate. Le DPS requiert une prise en charge du demandeur par Aconitase and mitochondrial iron-sulphur protein deficiency in Friedreich
une équipe pluridisciplinaire déclarée à l’Agence de Biomédecine, ataxia. Nat Genet 1997;17:215–7.
dans le cadre d’un protocole type de conseil génétique extensif, [15] Di Prospero NA, Baker A, Jeffries N, Fischbeck KH. Neurological effects
comme le précise la loi du 23 juin 2000. of high-dose idebenone in patients with Friedreich’s ataxia: a randomised,
Le cadre le plus fréquent est l’identification d’une ataxie céré- placebo-controlled trial. Lancet Neurol 2007;6:878–86.
belleuse autosomique dominante chez un parent, et la demande [16] Hausse AO, Aggoun Y, Bonnet D, Sidi D, Munnich A, Rötig A, et al.
de l’enfant de savoir son statut, sachant que son risque d’avoir Idebenone and reduced cardiac hypertrophy in Friedreich’s ataxia. Heart
hérité de l’allèle pathologique est de 50 % [77] . La démarche 2002;87:346–9.
est personnelle, et se réalise chez un majeur. Les protocoles de [17] Lagedrost SJ, Sutton MS, Cohen MS, Satou GM, Kaufman BD, Perlman
diagnostic présymptomatique sont très codifiés, et consistent en SL, et al. Idebenone in Friedreich ataxia cardiomyopathy-results from a
plusieurs consultations avec le neurogénéticien, un psychologue 6-month phase III study (IONIA). Am Heart J 2011;161, 639-645.e1.
et un conseiller en génétique avant les prélèvements sanguins et [18] Lynch DR, Perlman SL, Meier T. A phase 3, double-blind, placebo-
controlled trial of idebenone in Friedreich ataxia. Arch Neurol
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Certaines causes d’ataxie sont traitables et il ne faut pas passer
[21] Pilliod J, Moutton S, Lavie J, Maurat E, Hubert C, Bellance N, et al.
à côté, et bien réaliser le dépistage et le traitement le plus précoce New practical definitions for the diagnosis of autosomal recessive spastic
possible des apparentés à risque (Tableau 7). Cependant, pour la ataxia of Charlevoix-Saguenay. Ann Neurol 2015;78:871–86.
majorité des ataxies cérébelleuses, il n’existe pas de traitement [22] Martin M-H, Bouchard J-P, Sylvain M, St-Onge O, Truchon S. Autosomal
curatif et la prise en charge est essentiellement symptomatique, recessive spastic ataxia of Charlevoix-Saguenay: a report of MR imaging
avec une pratique régulière de la kinésithérapie, axée sur la prise in 5 patients. AJNR Am J Neuroradiol 2007;28:1606–8.
en charge des troubles de l’équilibre, et de l’orthophonie, pour [23] Anderson JF, Siller E, Barral JM. The sacsin repeating region (SRR): a
limiter la dysarthrie et prévenir les fausses routes. novel Hsp90-related supra-domain associated with neurodegeneration. J
Actuellement de nombreux patients sont inclus dans les Mol Biol 2010;400:665–74.
registres internationaux de patients présentant une ataxie céré- [24] Baets J, Deconinck T, Smets K, Goossens D, Van den Bergh P, Dahan K,
belleuse. Le but est de pouvoir étudier et caractériser au mieux et al. Mutations in SACS cause atypical and late-onset forms of ARSACS.
l’histoire naturelle de chaque type d’ataxie, afin de préparer les Neurology 2010;75:1181–8.
[25] Engert JC, Bérubé P, Mercier J, Doré C, Lepage P, Ge B, et al. ARSACS,
essais thérapeutiques futurs. Ceux-ci commencent à s’envisager
a spastic ataxia common in northeastern Québec, is caused by mutations
avec les thérapies géniques ciblant les ARN comme les oligonu- in a new gene encoding an 11.5-kb ORF. Nat Genet 2000;24:120–5.
cléotides antisens qui sont en train d’arriver à maturité dans les [26] Cavalier L, Ouahchi K, Kayden HJ, Di Donato S, Reutenauer L, Mandel
maladies neurodégénératives [78] . JL, et al. Ataxia with isolated vitamin E deficiency: heterogeneity of
mutations and phenotypic variability in a large number of families. Am J
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Déclaration de liens d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens [27] Arita M, Sato Y, Miyata A, Tanabe T, Takahashi E, Kayden HJ, et al.
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Ataxies cérébelleuses héréditaires  17-063-D-10

C. Angelini.
Centre de référence Maladies rares « neurogénétiques », Service de génétique médicale, Hôpital Pellegrin, CHU de Bordeaux, place Amélie-Raba-Léon, 33076
Bordeaux, France.
W. Meissner.
Service de neurologie, Centre expert pour la maladie de Parkinson, Hôpital Pellegrin, CHU de Bordeaux, place Amélie-Raba-Léon, 33076 Bordeaux, France.
Centre de référence Maladies rares « atrophie multisystématisée », Hôpital Pellegrin, CHU de Bordeaux, place Amélie-Raba-Léon, 33076 Bordeaux, France.
Institut des maladies neurodégénératives, Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Unité mixte de recherche (UMR) 5293, Université de Bordeaux,
33076 Bordeaux, France.
C. Goizet (cyril.goizet@chu-bordeaux.fr).
Centre de référence Maladies rares « neurogénétiques », Service de génétique médicale, Hôpital Pellegrin, CHU de Bordeaux, place Amélie-Raba-Léon, 33076
Bordeaux, France.
Laboratoire Maladies rares : génétique et métabolisme (MRGM), Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) U 1211, Université de
Bordeaux, 33076 Bordeaux, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Angelini C, Meissner W, Goizet C. Ataxies cérébelleuses héréditaires. EMC - Neurologie 2021;44(3):1-15
[Article 17-063-D-10].

Disponibles sur www.em-consulte.com


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EMC - Neurologie 15

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