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N 13

o L E P ETIT J U R I S T E
FAIT PAR LES ETUDIANTS POUR LES ETUDIANTS
Avril 2011

La rémunération des dirigeants


dans les sociétés anonymes cotées

INTERVIEW DU MOIS DROIT DE L'ENVIRONNEMENT


P.6 P.23
Christine Lagarde : Nucléaire et principes
« droit et économie » du droit de l'environnement
DROIT INTERNATIONAL DROIT PÉNAL
P.10 P.24
Evolution du droit brésilien La grogne des magistrats

www.lepetitjuriste.fr
SOMMAIRE P.14
DOSSIER DU MOIS -
La rémunération des dirigeants
dans les sociétés anonymes cotées
ACTUALITE DU LPJ La rémunération des dirigeants constitue une des
P.4
matières les plus médiatisées du droit des affaires,
Toutes les infos sur votre DXSRLQWTXHO H[SUHVVLRQSDUDFKXWHGRUpV HVW
association préférée ! considérablement banalisée. Ce mois-ci Le Petit
Juriste se penche sur les évolutions législatives en
la matière, aidé d'un magistrat, d'un praticien et
d'un professeur.
DROIT DU TRAVAIL
P.7 DROIT DE LA CONCURRENCE
Qualité de co-employeur
La Cour de cassation a récemment admis la P.20
TXDOLWp GH FRHPSOR\HXU j XQH VRFLpWp PqUH
/R\DXWpGHODSUHXYHODÀQ
faisant ainsi peser sur elle les obligations du d'une saga judiciaire
contrat de travail. Le Conseil de la concurrence s'étant écarté du
principe de loyauté dans l'administration de
DROIT ADMINISTRATIF la preuve, la Cour de cassation a imposé le
recentrage du contentieux sur les règles de droit
P.8
9HUVXQÀQDQFHPHQWSXEOLF FRPPXQDXULVTXHG HQDIIDLEOLUVRQHIÀFDFLWp
des lieux de culte ?
Stricto sensu, la loi de 1905 interdit aux pouvoirs DROIT DE L'INTERNET
SXEOLFVGHVXEYHQWLRQQHUO pGLÀFDWLRQG XQOLHX P.21
%pQpÀFHGXUpJLPHGH
de culte. Pour autant, de nombreuses communes
responsabilité des hébergeurs
SDUWLFLSHQWDXÀQDQFHPHQWGHOHXUFRQVWUXFWLRQ
Deux arrêts rendus par la Cour de cassation,
La responsabilité sans faute de Fuzz et Dailymotion, apportent des précisions,
l'Etat du fait des conventions HX pJDUG j OD GpÀQLWLRQ TX HQ DYDLW GRQQp OD
P.9
internationales &-8( VXU OHV FULWqUHV GH TXDOLÀFDWLRQ G·XQ
Engager la responsabilité sans faute de l'Etat KpEHUJHXUD\DQWGHVFRQVpTXHQFHVSpQDOHV
UHTXpUDLWGHVFRQGLWLRQVWURSVWULFWHVSRXUrWUH
engagée. L'arrêt « Mlle Susilawati » relance-t- ENGLISH LAW
il le débat sur cette responsabilité ?
P.22
As Human Rights Watch pointed out that
DROIT CIVIL protestors are still being detained in prisons in
P.12 (J\SW ZLWK QR RIÀFLDO FKDUJHV SUHVVHG DJDLQVW
L'introduction des dommages them, greater concerns about North Africa's
et intérêts punitifs en droit judicial system have become increasingly
français worrying.
D’inspiration anglo-saxonne, les « punitive
damages » séduisent le législateur français BONS PLANS
TXL GLVFXWH DXMRXUG·KXL GH VRQ LQWpJUDWLRQ P.25
controversée, en droit positif.
Les évènements à ne pas
manquer !

EDITO
Chères lectrices, chers lecteurs, Vous retrouverez également des articles relatifs aux
ÀQDQFHPHQWV GHV OLHX[ GH FXOWHV j OD TXDOLWp GH FR
Ayant constaté un intérêt important de votre part pour les HPSOR\HXU GDQV OH FDGUH GH OLFHQFLHPHQWV pFRQRPLTXHV
interviews de professionnels du droit, nous avons décidé ou encore à l'intégration de dommages-intérêts punitifs en
de vous présenter le point de vue de Madame Lagarde sur droit français.
le droit et l'économie mais également ceux de Monsieur
Tricot, Président Honaire de la Chambre commerciale de Bonne lecture à tous et bonne chance pour vos futurs
la Cour de cassation, de Monsieur Germain, professeur partiels !
à l'Université Paris II et de Madame Lemaitre, avocate
associée chez Cleary Gottlieb, sur la rémunération des Alexis VAUDOYER
dirigeants, thème de notre dossier du mois. Rédacteur en Chef

Avril 2011 - Page 3


ACTUALITES LPJ UNE ANNÉE DE PLUS POUR LE LPJ !

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FAIT PAR LES ETUDIANTS POUR LES ETUDIANTS
FAIT PAR LES ETUDIANTS POUR LES ETUDIANTS Décembre 2010 FAIT PAR LES ETUDIANTS POUR LES ETUDIANTS
Octobre 2010 Février 2011

La Constitution L’arbitrage, La CEDH,


ou comment faire
aux mains de tous : une justice sur mesure la cour à l'européenne ?
retour sur six mois de QPC

DROIT FISCAL DROIT SOCIAL DROIT PÉNAL ENGLISH LAW


P.8
La menace plane sur les
P.12
Domenech, légitimement DROIT CIVIL DROIT FISCAL P.6
Guerre économique et
P.22
The Beatles : All you need
!"#$%&'('&#)*%& écarté, abusivement licencié P.7 P.10 espionnage industriel is Law
L'obligation de conseil !"#$%&'()"*#+,$&-
DROIT PENAL CONSEILS DE L'AVOCAT renforcée DROIT ADMINISTRATIF CONSEILS DE L'AVOCAT
P.10 P.26 P.12 P.26
La décision du Conseil Guide du Palais de Justice DROIT PENAL Le défenseur des droits Conseils pour les jeunes
à l'usage de l'avocat
CONSEILS DE L'AVOCAT collaborateurs
constitutionnel sur la garde à P.9 P.26
vue : une révolution ? SAS et délégation de pouvoir Comment un titulaire d'un
barreau étranger peut
exercer en France ?
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Page 4 - Avril 2011
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Avril 2011 - Page 5


INTERVIEW DU MOIS CHRISTINE LAGARDE :
LES LIENS ENTRE
LE DROIT ET L’ECONOMIE
Christine Lagarde, Ministre de l’Economie, des Finances et de l’Emploi depuis
2007, et ancienne avocate, donne son avis sur les relations entre le droit et
l’économie. Ceci est la retranscription d’un podcast vidéo que vous pourrez
visionner sur le site de notre partenaire www.tvdma.org.

«P
ermettez-moi de vous donner mon ,O HVW LQGLVSHQVDEOH TXH O LQWpUrW JpQpUDO V DSSOLTXH
point de vue sur les relations très V·H[HUFH HW TXH FH VRLHQW ELHQ OHV UHSUpVHQWDQWV GH
étroites, très intimes, entre l'économie FHW LQWpUrW JpQpUDO TXL DLHQW HQ GHUQLHU OLHX OHXU PRW
HWOHGURLW/·H[SpULHQFHTXHM DLYpFXHGHSXLVTXDWUHDQV à dire pour l'élaboration des normes. C'est dans
GDQVGHVSpULRGHVGHFULVHÀQDQFLqUHHWpFRQRPLTXH FHV FRQGLWLRQV TXH QRXV DYRQV FKRLVL GH JpUHU OHV
m'a permis de conclure à la nécessité impérative de aspects les plus abusifs, les plus excessifs de cette
OD QRUPH DSSOLTXpH DX VHFWHXU GH O pFRQRPLH HW  DX FULVH ÀQDQFLqUH HW pFRQRPLTXH SDU O pODERUDWLRQ
VHFWHXUÀQDQFLHU3DVXQHLQYHQWLRQPHGLUH]YRXV« de normes nouvelles. Au sein du G20, nous avons
ainsi proposé de la norme supranationale, supra-
&H TXH OD FULVH QRXV D DSSULV HQ UHYDQFKH F HVW parlementaire même, en prévoyant un exercice délicat
TXH FHWWH QRUPH GHYDLW V DSSOLTXHU GH OD PDQLqUH OD de déclinaison de ces normes à l'échelon soit des
SOXVVWDEOHSRVVLEOHHWTX HOOHGHYDLWWURXYHUFHSRLQW régions, soit des parlements nationaux.

(WYRXVYR\H]DLQVLTXHO pFRQRPLHHVWYHQXHIDoRQQHU
le mode d'élaboration de la norme, et de la même
manière on s'aperçoit bien souvent de la judiciarisation
GH OD YLH pFRQRPLTXH 3UHQH] XQ H[HPSOH FRPPH
FHOXLGHO DpURQDXWLTXHRGHX[JUDQGVJpDQWVFRPPH
Airbus et Boeing s'affrontent : c’est l'intervention de la
norme, et d’une norme supranationale souvent érigée
en règle universelle, mise en œuvre par l'organe de
UqJOHPHQWGHVGLIIpUHQGVDXVHLQGHO·20&TXLÀQLW
par établir les bonnes règles du jeu.

-·DL VRXKDLWp j O·DXQH GH TXHOTXHV H[HPSOHV YRXV


LQGLTXHU j TXHO SRLQW O pFRQRPLH SHXW IDoRQQHU OH
droit et le droit peut aller au plus profond des rapports
pFRQRPLTXHVTXLVRQWSDUIRLVSRXUWDQWH[FOXVLYHPHQW
de droit privé. »

G pTXLOLEUH WpQX HQWUH O·H[WUrPH OLEHUWp G XQH SDUW Propos recueillis par notre partenaire
et l'encadrement excessif d'autre part. Rien de très www.tvdma.org
QRXYHDXQRQSOXVPHGLUH]YRXV«

7URLVLqPH HQVHLJQHPHQW TXL PH SDUDvW XQ SHX SOXV


UDIÀQp XQ SHX SOXV QRXYHDX FHOXL VHORQ OHTXHO
contrairement à des idées reçues préalablement, la
norme doit en toute hypothèse toujours revenir aux
représentants de l'intérêt général.

Qu'avons-nous pu constater lors de la crise


ÀQDQFLqUH " 4XH OD QRUPH pODERUpH SDU OHV DFWHXUV
HX[PrPHV FH TXH G DXFXQV DSSHOOHQW OD © VRIW
POUR EN SAVOIR PLUS :
law », était probablement utilement conçue dans
O LQWpUrW SDUWLFXOLHU GH FHX[ TXL O·pODERUDLHQW PDLV ‡$UWLFOHGX&RGH3pQDO
ils oubliaient bien souvent l'intérêt général, pourtant ‡$UWLFOH/GX&RGHGX7UDYDLO
GDQVGHVPDWLqUHVDXVVLFRPSOLTXpHVTXHO pFRQRPLH ‡3URMHWGHORLGXMXLQUHODWLIjODSURWHFWLRQGHV
ODÀQDQFHHWODFRPSWDELOLWp LQIRUPDWLRQVpFRQRPLTXHV

Page 6 - Avril 2011


DROIT DU TRAVAIL LA QUALITÉ DE CO-EMPLOYEUR :
DE LA COMMUNAUTÉ D’INTÉRÊTS
À LA COMMUNAUTÉ DE RESPONSABILITÉ
En ces temps tourmentés, il n’est pas inutile de s’intéresser aux conséquences
des choix stratégiques des entreprises sur l’emploi. A cet égard, la Cour
de cassation est récemment revenue sur la notion de co-employeur et en a
dévoilé tout l’intérêt dans le cadre d’un licenciement économique.

C
ODVVLTXHPHQW O·HPSOR\HXU VH GpÀQLW FRPPH
OD SHUVRQQH SRXU OH FRPSWH GH ODTXHOOH OH
travailleur accomplit pendant un certain temps,
en sa faveur et sous sa direction, des prestations en
FRQWUHSDUWLH GHVTXHOOHV LO YHUVH XQH UpPXQpUDWLRQ /H
contrat de travail est donc entendu traditionnellement
comme gouvernant une relation bipartite.

3RXUDXWDQWHQSUDWLTXHLOQHVHUDLWSDVLQXWLOHSRXUOH
VDODULpGHSRXYRLULGHQWLÀHUXQFRHPSOR\HXUVXUOHTXHO
faire peser une partie des obligations du contrat de
WUDYDLO &HWWH SUREOpPDWLTXH WURXYH WRXWH VRQ DPSOHXU
dans le cadre d’un groupe de sociétés. La Cour de
cassation, dans l’arrêt Flodor du 13 janvier 2010, a le reclassement pèsent autant sur la société mère,
SX SUpFLVHU TX·XQH VRFLpWp UHOHYDQW GX PrPH JURXSH employeur de factoTXHVXUODVRFLpWpÀOOHHPSOR\HXU
TXH OD VRFLpWp ÀOOH HPSOR\HXU Q·HVW SDV en cette de jure. Cette utilisation de la théorie du co-employeur,
seule qualité GpELWULFH HQYHUV OHV VDODULpV TXL FULWLTXDEOHWDQWDXUHJDUGGXSULQFLSHG·HIIHWUHODWLIGHV
sont au service de cette dernière d’une obligation de FRQWUDWV TXH GH O·DFFHSWDWLRQ WKpRULTXH GX FRQWUDW GH
UHFODVVHPHQW/·LQVXIÀVDQFHGHVPHVXUHVSUpYXHVGDQV WUDYDLO IDLW SHVHU GH JURV ULVTXHV VXU OD VRFLpWp PqUH
le plan de sauvegarde de l’emploi ne pouvait donc pas TXL SRXUUD rWUH UHFRQQXH UHVSRQVDEOH G·XQH OpJqUHWp
HQWUDvQHUODUHVSRQVDELOLWpGHODVRFLpWpPqUH EOkPDEOHHQFDVGHFHVVDWLRQG·DFWLYLWpQRQMXVWLÀpH

/DGLIÀFXOWpUpVLGDLWGRQFGDQVOHKLDWXVH[LVWDQWHQWUH Dans le cadre d’une organisation multinationale,


la perception du salarié, bien conscient d’appartenir OD &RXU GH FDVVDWLRQ D HX WHQGDQFH  j DSSOLTXHU OD
j XQ JURXSH GDQV OHTXHO OHV PHVXUHV GH FRPSUHVVLRQ loi française nonobstant l’extranéité de la société
d’effectifs peuvent être décidées par une société mère. Cette solution découle de l’unicité du contrat
GRPLQDQWH pFRQRPLTXHPHQW HW O·LPSRVVLELOLWp TXL OXL OLDQWOHVFRHPSOR\HXUVDX[VDODULpV$YDQWTXHOHMXJH
pWDLW RSSRVpH SDU OH GURLW G·HQ WLUHU XQ TXHOFRQTXH QHUHFRQQDLVVHjXQHVRFLpWpODTXDOLWpGHFRHPSOR\HXU
EpQpÀFHjO·RFFDVLRQG·XQOLFHQFLHPHQWpFRQRPLTXH le contrat existant est soumis à la loi française. Dès lors,
OHV MXJHV QH VDXUDLHQW DSSOLTXHU FRQFRPLWDPPHQW  OD
/D FKDPEUH VRFLDOH FHOOHOj PrPH TXL D pODERUp OH loi de l’Etat de la société mère dans l’hypothèse d’une
FRQFHSW G·XQLWp pFRQRPLTXH HW VRFLDOH VRXFLHXVH action en justice intentée contre cette dernière sans
de l’effectivité de la protection des salariés malgré QXLUHjO·XQLWpGXUqJOHPHQWMXULGLTXHGXOLWLJHHWSDUOj
l’autonomie juridique des sociétés appartenant PrPHjODVpFXULWpMXULGLTXHGXVDODULp
j XQ PrPH JURXSH D WRXW GH PrPH SX DSSOLTXHU OD
TXDOLWpGHFRHPSOR\HXUjXQHVRFLpWpPqUH&HOOHFLQH
pouvant pas se déduire de la seule structure de groupe, Geoffrey GURY
les juges du droit ont utilisé le concept de confusion
d’intérêts existant entre les deux sociétés. Il résulte des
DUUrWVUHQGXVOHMDQYLHUHWOHHUIpYULHUTX·LO
H[LVWH XQH FRPPXQDXWp G·LQWpUrWV ORUVTX·XQH VRFLpWp
détient sur une autre la majeure partie du POUR EN SAVOIR PLUS :
capital, une gestion commune du personnel
ainsi qu’une même autorité en termes de choix ‡&285(7 $ ©/DFHVVDWLRQG DFWLYLWpG XQHÀOLDOHOH
VWUDWpJLTXHVGHQDWXUHjFRQIRQGUHDFWLYLWpVLQWpUrWVHW droit des sociétés à l'épreuve du droit social », Note sous
direction. Dans cette seule hypothèse et peu important &RXU GH FDVVDWLRQ VRF   MDQYLHU  HW HU IpYULHU
l’absence de lien de subordination, les obligations 201, Revue des sociétés 2011 p. 154
GX FRQWUDW GH WUDYDLO DX UDQJ GHVTXHOOHV ÀJXUHQW
‡ *($ )  © *URXSH GH VRFLpWpV HW UHVSRQVDELOLWp OHV
implicites et le non-dit de l'arrêt Flodor Soc. 13 janvier
1
Cass. Soc. 13 janvier 2010, n°08-15.776 2010 », n° 08-15.776, Revue de droit du travail 2010,
2
Cass. Soc. 19 juin 2007, Ascopomp, n° 05-42570 p. 230

Avril 2011 - Page 7


DROIT ADMINISTRATIF VERS UN FINANCEMENT PUBLIC
DES LIEUX DE CULTE ?
Le 30 janvier 2011, le maire des Lilas (en Seine-saint-Denis) annonce que
VD FRPPXQH ÀQDQFHUD OD FRQVWUXFWLRQ G·XQH pJOLVH $ORUV TXH OD ORL GX 
GpFHPEUH  LQWHUGLW WRXWHV VXEYHQWLRQV SXEOLTXHV SRXU OH ÀQDQFHPHQW
des lieux de culte, cette décision reste bel et bien légale. Explications…
Une décision a priori surprenante, OHVpJOLVHVPRVTXpHVWHPSOHVRXV\QDJRJXHV1 en faisant
usage notamment de la loi de 1901 sur les associations.
mais qui n’en demeure Le plus souvent, des associations culturelles vont être
pas moins légale créées en vue d’héberger des lieux de cultes et recevoir
ainsi des aides des collectivités locales pour les « travaux
A priori, FHWWH VLWXDWLRQ SHX SDUDvWUH VXUSUHQDQWH GHUpSDUDWLRQªGHVpGLÀFHVGXFXOWH
au regard de l’article 2 de la loi de 1905 : Mais encore, les collectivités territoriales disposent d’un
« La République ne reconnaît, ne salarie ni ne QRXYHOLQVWUXPHQW²OHEDLOHPSK\WpRWLTXHDGPLQLVWUDWLI²
subventionne aucun culte ». Cependant, si cette loi leur permettant de protéger et valoriser leur patrimoine
LQWHUGLW OHV VXEYHQWLRQV SXEOLTXHV HQ YXH GH ÀQDQFHU DUWLFOH /  GX &*&7  (OOHV \ RQW UHFRXUV GDQV
des lieux de culte, elle établit par ailleurs une distinction des domaines variés allant de la construction de parc
HQWUHOHVpGLÀFHVFXOWXHOVH[LVWDQWVDYDQW²UHOHYDQW GH VWDWLRQQHPHQW j OD FRQVWUXFWLRQ G·pGLÀFH FXOWXHO 
de la propriété de l’Etat - et ceux existants après 1905. dans ce dernier cas, on parle plus précisément de bail
De plus, en vertu de la loi du 13 avril 1908, l’Etat emphytéotique cultuel2.
a la possibilité d’engager les dépenses nécessaires
j O·HQWUHWLHQ HW j OD UpSDUDWLRQ GHV pGLÀFHV GRQW LO HVW
propriétaire.
Le droit à l’édification de lieux
$XFDVSDUWLFXOLHUODUpQRYDWLRQpWDQWSOXVFR€WHXVHTXH de culte : corollaire de la liberté
la construction, au même emplacement, d’une nouvelle d’exercice du culte
église, la commune a opté pour la deuxième solution.
-HDQ%DXEpURWDQDO\VHOHGURLWjO pGLÀFDWLRQGHOLHX[GH
culte comme un corollaire de la liberté d'exercice du culte
: « L'article 1, qui dispose que l'Etat doit garantir le
libre exercice des cultes, peut être interprété comme
une obligation pour l'Etat de mettre à la disposition
des citoyens des lieux de cultes ». Ainsi le principe
G·LQWHUGLFWLRQGHVÀQDQFHPHQWVSXEOLFVV·RSSRVHUDLWLOj
l’obligation pour l’Etat de garantir le libre exercice des
cultes.
&·HVW FH TXH VRXWLHQW OH UDSSRUW GH OD FRPPLVVLRQ
0DFKHORQ GH MXLOOHW   HVWLPDQW TXH O·DUWLFOH  GH
la loi de 1905 ne constitue pas un principe à
valeur constitutionnelleLOSURSRVHGHOHPRGLÀHU
en consacrant formellement les aides directes des
communes à la construction de lieux de culte. Au soutien
de cette thèse, le rapport cite la décision du Conseil
Qui dit légalité ne dit pas d’Etat du16 mars 2005, Ministre de l'Outre-mer : «
forcément équité le principe constitutionnel de laïcité (…) n'interdit
pas, par lui-même, l'octroi dans l'intérêt général et
Si la construction de cette église n’est pas contestable dans les conditions définies par la loi de certaines
VXU OH SODQ MXULGLTXH HOOH VRXOqYH WRXW GH PrPH GHV subventions à des activités ou des équipements
interrogations. Comme le souligne le sociologue des dépendant des cultes ».
religions Jean Baubérot : « La plupart des églises &HVTXHVWLRQVVHURQWpYRTXpHVHWSUREDEOHPHQWSUpFLVpHV
FDWKROLTXHVODPRLWLpGHVWHPSOHVSURWHVWDQWVOHWLHUVGHV lors de la convention de l’UMP, le 5 avril, sur la laïcité et
synagogues appartiennent aujourd'hui à l'Etat ». Quid la place des religions.
DORUVGXÀQDQFHPHQWGHVOLHX[GHFXOWHFRQVWUXLWVDSUqV Loubna ZRARI
1905 ?
/·pWDW DFWXHO GX GURLW FUpH GDQV OD SUDWLTXH GHV POUR EN SAVOIR PLUS :
VLWXDWLRQV G·LQpJDOLWpV 6L ELHQ TX·DXMRXUG·KXL GHV
aménagements à la loi de 1905 ont été imaginés 1
Rue 89, édito du 23/12/2010, Marie Kostrz
: malgré l’interdiction de principe contenu dans la loi de 2
$-'$S'HO XVDJHGXEDLOHPSK\WpRWLTXH
séparation de 1905, l'Etat subventionne indirectement SRXU OD FRQVWUXFWLRQ G XQH PRVTXpH 6RSKLH 7LVVRW
Grossrieder.

Page 8 - Avril 2011


APPLICATION DU PRINCIPE DE RESPONSABILITÉ
SANS FAUTE DE L’ETAT DU FAIT DES CONVENTIONS
INTERNATIONALES PAR LE CONSEIL D’ETAT
Dans l’arrêt du 11 février 2011, Mlle Susilawati (n° 325253), le Conseil d'État
fait une application du principe de la responsabilité sans faute de l'État, sur
le fondement de la rupture d’égalité devant les charges publiques du fait des
conventions internationales.

A
l’instar de la reconnaissance de la responsabilité
sans faute de l’Etat du fait des lois en 1938
MXULVSUXGHQFH La Fleurette  OH &RQVHLO G·(WDW
DGPHW GHSXLV O·DUUrW &LH JpQpUDOH UDGLRpOHFWULTXH HQ
TXHODUHVSRQVDELOLWpGHO (WDWSXLVVHrWUHHQJDJpH
sur le terrain de la rupture d'égalité devant les charges
SXEOLTXHVSRXUDVVXUHUODUpSDUDWLRQGHSUpMXGLFHVQpV
de conventions conclues par la France et incorporées
UpJXOLqUHPHQW GDQV O RUGUH MXULGLTXH LQWHUQH &HWWH
UHVSRQVDELOLWpHVWVRXPLVHjODGRXEOHFRQGLWLRQTXHQL
ODFRQYHQWLRQQLOHFDVpFKpDQWODORLTXLHQDDXWRULVp
ODUDWLÀFDWLRQQHSXLVVHQWrWUHLQWHUSUpWpHVFRPPHD\DQW
HQWHQGX H[FOXUH XQH LQGHPQLVDWLRQ HW TXH OH SUpMXGLFH
dont il est demandé réparation soit d'une gravité
VXIÀVDQWHHWSUpVHQWHXQFDUDFWqUHVSpFLDO/HVFRQGLWLRQV
d’engagement de cette responsabilité sans faute sont
WUqVVWULFWHVFHTXLOD«rend largement illusoire » mais revêtant un caractère spécial, nonobstant la circonstance
reste néanmoins une « belle construction intellectuelle TXH OHV GLSORPDWHV pWUDQJHUV VXVFHSWLEOHV GH V HQ
» %6HLOOHU 'HSXLVOH&RQVHLOG·(WDWQ·DIDLWGURLW prévaloir sont en nombre restreint. Or, pour apprécier le
TX·j GHX[ GHPDQGHV LQGHPQLWDLUHV SUpVHQWpHV VXU FH caractère spécial du préjudice, la Cour devait apprécier,
IRQGHPHQW HQHWHQ  « outre la portée des stipulations internationales en
cause, le nombre connu ou estimé de victimes de
(QO·HVSqFHO·DQFLHQHPSOR\HXUGHODUHTXpUDQWHDYDLW dommages analogues à celui subi par la personne
pWpFRQGDPQpSDUOH&RQVHLOGHVSUXG·KRPPHV FRQÀUPp qui en demandait réparation » TXL HQ O·HVSqFH pWDLW
HQDSSHO jOXLYHUVHUGHVVRPPHVQRWDPPHQWjWLWUHGH faible rendant le préjudice spécial et ne constituant
UDSSHOVGHVDODLUHV/DUHTXpUDQWHQ·DYDLWSXHQREWHQLU pas une charge incombant normalement à
H[pFXWLRQHQUDLVRQGHODTXDOLWpGHGLSORPDWHDFFUpGLWp l'intéressée.
DXSUqV GH O·81(6&2 GRQW EpQpÀFLDLW VRQ DQFLHQ
HPSOR\HXU TXL pWDLW j FH WLWUH FRXYHUW SDU O·LPPXQLWp $SUqV DYRLU UHOHYp TXH OHV FRQYHQWLRQV Q·DYDLHQW SDV
d’exécution prévue par une convention régissant son entendu exclure toute indemnisation par l’Etat des
statut. préjudices nés de leur application, le Conseil d’Etat
FRQVLGqUHTX·HXpJDUGDXPRQWDQWGHVVRPPHVHQFDXVH
Posée en 1966, la condition de l’incorporation régulière HWjODVLWXDWLRQGHODUHTXpUDQWHOHSUpMXGLFHUHYrWXQ
GHV FRQYHQWLRQV D pWp FRQÀUPpH HQ  GDQV O·DUUrW caractère de gravité de nature à ouvrir droit à
SA Coparex. Revenant sur cette jurisprudence, l’arrêt indemnisation. En outre, le préjudice dont se prévaut la
Almayrac pYRTXDLW OHV © FRQYHQWLRQV FRQFOXHV SDU OD UHTXpUDQWHSUpVHQWHXQcaractère certain et ainsi, la
France avec d'autres États et entrées en vigueur dans responsabilité sans faute de l'Etat se trouve engagée sur
l'ordre interne », selon le rapporteur public « sans le fondement du principe d'égalité devant les charges
aborder la question de savoir s'il a été « régulièrement SXEOLTXHV
» introduit dans l'ordre interne en vertu d'une loi,
dès lors du moins que cette question de régularité
de la procédure de ratification n'a pas été soulevée Blanche BALIAN
par les parties » abandonnant ainsi la condition de
l’incorporation régulière. Par l’arrêt de 2011, le Conseil
d’Etat a réintroduit l’exigence d’incorporation
régulière des conventions. POUR EN SAVOIR PLUS :
Selon le Conseil d’Etat, a commis une erreur de droit ‡&($VVMDQY6RFLpWp/D)OHXUHWWH
OD &RXU G·DSSHO TXL D UHOHYp TXH OD JpQpUDOLWp GHV ‡&($VVPDUV&LHJpQpUDOHG pQHUJLHUDGLR
FRQYHQWLRQV LQYRTXpHV HW OH QRPEUH GH SHUVRQQHV pOHFWULTXH
DX[TXHOOHVHOOHVSHXYHQWV DSSOLTXHUIDLVDLHQWREVWDFOHj ‡ &( 6HFW  RFW  0LQ GHV DII (WU F FRQVRUWV
FHTXHOHSUpMXGLFHDOOpJXpSXLVVHrWUHUHJDUGpFRPPH Burgat.

Avril 2011 - Page 9


DROIT INTERNATIONAL LE BRÉSIL, TERRE D’AVENIR,
TERRE DE RÉFORMES
Dilma Rousseff, présidente du Brésil depuis le 1er janvier 2011, devra
V·DFTXLWWHU G·XQH WkFKH GLIÀFLOH SHQGDQW VRQ PDQGDW  IDLUH HQ VRUWH TXH
le Brésil continue sur la pente ascendante qu’il suit depuis 15 ans. Le pays
qui a tout pour devenir une des plus grandes puissances mondiales dans
les années à venir, dispose d’une croissance toujours aussi impressionnante
(7,5% en 2010). Mais la présidence de Dilma Rousseff sera aussi celle de
l’adaptation du Brésil à ce futur statut.

Une puissance en devenir des réformes d’ampleur et des paris sociaux novateurs
DYHFQRWDPPHQWODBolsa familia1,2 
Le Brésil, terre de contraste, a déjà beaucoup évolué
en 10 ans. Les chiffres de la croissance brésilienne Le Brésil se présente aujourd’hui comme un pays
sont le plus souvent avancés pour appuyer les légitimes d’avenir et d’accueil des investissements mondiaux.
perspectives d’avenir du pays. Mais le Brésil dispose 0DLV LO QH IDXW SDV RXEOLHU TX·LO UHVWH XQ SD\V QRXUUL
pJDOHPHQW G·XQH PRQQDLH IRUWH  UpDLV SRXU  GH FRPSOH[LWpV VWUXFWXUHOOHV HW TXL VH GRLW GH PHWWUH
HXUR G·XQHGHWWHFRQWU{OpHHWG·XQHLQÁDWLRQPDLWULVpH en œuvre des réformes importantes : réformes de
Poids lourd des ressources, le Brésil va devenir l’un des O·DGPLQLVWUDWLRQ GH OD ÀVFDOLWp GX GURLW VRFLDO HW
plus gros producteurs d’hydrocarbures au monde grâce réforme industrielle principalement.
DX[ JLJDQWHVTXHV GpFRXYHUWHV GH SpWUROH DX ODUJH
de l’Etat de Rio. Plus encore, le pays tente d’imposer Un cadre légal en mutation
l’utilisation de l’éthanol comme carburant au niveau
PRQGLDO $XWRVXIÀVDQW HQ pQHUJLH OH SD\VFRQWLQHQW Le cadre légal brésilien est déjà en pleine mutation
dispose d’une balance commerciale de qualité, depuis 2007 et la mise en place du Plan d’accélération
d’une prospérité diplomatique croissante, à la croissance, dont Dilma Rousseff, désormais
d’une démocratie saine et d’investissements présidente, avait la charge pendant ces dernières
étrangers en augmentation. années.

Si les deux mandats de Lula sont incontestablement Le PAC, Programa de Aceleração do Crescimento3
XQH JUDQGH UpXVVLWH pFRQRPLTXH VRFLDOH HW SROLWLTXH 3ODQG·DFFpOpUDWLRQGHOD&URLVVDQFH DSRXUREMHFWLI
LO QH IDXW SDV RXEOLHU TXH OH %UpVLO DYDLW FRPPHQFp de soutenir la croissance brésilienne en stimulant
son tournant vers le néolibéralisme sous la Présidence l’investissement privé par des mesures administratives
GH )HUQDQGR +HQULTXH &DUGRVR 3UpVLGHQW GH  HW ÀVFDOHV GpYHORSSDQW OHV LQIUDVWUXFWXUHV GDQV OHV
j   /D VWDELOLVDWLRQ pFRQRPLTXH GX SD\V VXLWH LQGXVWULHV UpSXWpHV SRXU OHXU HIIHW G·HQWUDvQHPHQW
au Plan Real de 1994 dudit Président Cardoso peut GDQV O·pFRQRPLH WUDQVSRUW pQHUJLH FRQVWUXFWLRQ
représenter le point de départ de l’émergence du Brésil FLYLOH  HW UpGXLVDQW OHV LQpJDOLWpV UpJLRQDOHV OHV (WDWV
comme puissance mondiale. Cependant, Lula da Silva OHVSOXVSDXYUHVUHFHYURQWSOXVGHUHVVRXUFHV 4. Le Plan
a réussi ce dont le pays avait le plus besoin : fédérer un d’accélération à la Croissance fait partie d’une série
peuple si différent dans un pays si vaste en réussissant de grands Plans transversaux ayant pour but de régler
OHV SUREOpPDWLTXHV VWUXFWXUHOOHV j O·DFFpOpUDWLRQ HW j
OD SpUHQQLWp GH VD FURLVVDQFH DLQVL TX·j DSSX\HU OH
développement de ces entreprises plus sures.

En effet le Brésil reste un pays plein d’antagonismes


HW GH SDUDGR[HV %LHQ TXH GLVSRVDQW GH QRPEUHXVHV
richesses et d’une très forte croissance, il reste l’un
des pays les plus inégalitaires du monde. Autre
point négatif, la violence endémique et extrême
TXHFRQQDLWOHSD\V/DSDFLÀFDWLRQGX%UpVLOVHUDXQ
enjeu essentiel des prochaines années. Pour un pays
se présentant sur les devants de la scène mondiale
RUJDQLVDWLRQ GH OD FRXSH GX PRQGH GH IRRWEDOO
HQ  HW GHV -HX[ 2O\PSLTXHV HQ  j 5LR GH
-DQHLUR  OD ORJLTXH GX V\VWqPH GH UpSUHVVLRQ GH OD
1
Bolsa Família est un programme social brésilien, destiné à 2
http://www.mds.gov.br/bolsafamilia
lutter contre la pauvreté et mis en place sous la présidence de 3
http://www.brasil.gov.br/pac
Luiz Inácio Lula da Silva. 4
Site de l’ambassade de France au Brésil

Page 10 - Avril 2011


violence doit changer. Cela passe par la création de
SOXV HQ SOXV G·XQLWpV GH SROLFH SDFLÀFDWULFH 833 
dans les favelas, par une diminution indispensable de
la corruption dans la police et l’administration et par
O·DXJPHQWDWLRQGHO·HIÀFDFLWpGHODMXVWLFH

La corruption fait également partie des points noirs


GX%UpVLOVLELHQTXHOHVSDUOHPHQWDLUHVEUpVLOLHQVRQW
adopté en juin 2010 la première loi anti-corruption
de l’histoire du Brésil. Cette loi fut baptisée ficha limpa
ÀFKHSURSUH /·REMHFWLIHVWG·HQGLJXHUXQHFRUUXSWLRQ
WUDGLWLRQQHOOH TXL HQWUDvQH QpSRWLVPH IDYRULWLVPH
ou clientélisme, et, de fait, ralentit les perspectives
G·pYROXWLRQ GX SD\V 7RXWH SHUVRQQDOLWp SROLWLTXH
condamnée en première instance par un collège de
magistrats pour corruption électorale, achat de votes
ou malversation sera inéligible pendant huit ans.
&HWWH ORL V·DSSOLTXH pJDOHPHQW DX[ SHUVRQQDOLWpV TXL
démissionnaient de leur poste pour échapper à la
MXVWLFH /D ORL DQWLFRUUXSWLRQ HVW O·H[HPSOH PrPH TXH
le Brésil a l’intention d’apporter des solutions légales à
VHVSUREOpPDWLTXHV

Ajouter à cela une administration procédurière


et une complexité récurrente du système fédéral, et le
O·REOLJDWLRQGHIDLUHDXWKHQWLÀHUWRXWGRFXPHQWVRQWGHV
Brésil pourrait rapidement ne pas offrir les garanties
obstacles considérables pour implanter une structure
VWUXFWXUHOOHV j VRQ HVVRU pFRQRPLTXH /HV OHQWHXUV
DX %UpVLO '·DXWDQW TX·LO HVW REOLJDWRLUH  G·RSWHU SRXU
GH O·DGPLQLVWUDWLRQ TXL DWWHLJQHQW JUDQGHPHQW OD
le statut de société brésilienne pour s’implanter dans
compétitivité et la productivité des entreprises, sont
le pays. Les réglementations rigides du droit social
souvent décriées.
EUpVLOLHQ HPSrFKHQW XQH ÁH[LELOLWp QpFHVVDLUH SRXU
tout chef d’entreprise. Les méthodes de règlement des
Un environnement des affaires FRQÁLWV VRQW HQFRUH WUqV FULWLTXpHV %UXQR GH &D]DOHW
à sécuriser avocat-associé de chez Gide Loyrette Nouel avance
TXH« l’arbitrage existe mais il exige une procédure
Les besoins croissants d’une classe moyenne en purement brésilienne » le payant n’ayant toujours pas
augmentation font la satisfaction des futurs investisseurs VLJQp OD FRQYHQWLRQ GX &LUGL &HQWUH LQWHUQDWLRQDO GH
brésiliens et étrangers. La tradition civiliste du pays- UqJOHPHQWGHVGLIIpUHQGVUHODWLIVjO·LQYHVWLVVHPHQW 6.
continent rapproche nos deux systèmes. Le Brésil
GLVSRVH VHORQ &KDUOHV+HQU\ &KHQXW DYRFDW DX VHLQ 6HORQXQHHQTXrWHGHOD6RFLpWpÀQDQFLqUHLQWHUQDWLRQDOH
GX FDELQHW &KHQXW 2OLYHLUD 6DQWLDJR  G· « un cadre il est nécessaire de compter une centaine de jours en
opérationnel connu, puisque le droit romano- moyenne pour créer une société au Brésil, pour remplir
germanique a baigné le système juridique »5. les 18 procédures différentes nécessaires. Le « coût
Brésil » se fait également sentir avec l’établissement de
Le code Napoléonien inspire beaucoup le droit civil O·LPSRVLWLRQ KHXUHVHQPR\HQQHSDUDQ 
brésilien TXL D VXEL XQH pYROXWLRQ UpFHQWH HQ 
avec son Código Civil. Le Code civil du Brésil réunit &HSHQGDQW OD GpPRFUDWLH EUpVLOLHQQH Q·D TXH 
les dispositions de droit civil et de droit commercial. ans. Il est important d’avoir pour mémoire l’état de
Il s'inspire du Code civil allemand avec une partie GpODEUHPHQWGDQVOHTXHOODGLFWDWXUHPLOLWDLUHDODLVVp
générale et une partie spéciale traitant des obligations OHSD\VHQ$LQVLOHELODQpFRQRPLTXHVRFLDOHW
des droits réels de la famille, des successions et de culturel du Brésil est globalement extrêmement positif.
l'entreprise. La lésion et la révision pour imprévision 5HVWH TXH OH GURLW EUpVLOLHQ HQ SDUWLFXOLHU OH GURLW
sont des possibilités offertes par le droit des contrats ÀQDQFLHUOHGURLWGHVELHQVOHGURLWFRPPHUFLDOHWÀVFDO
brésiliens. Par ailleurs, le Code s’inspire largement de HWOHGURLWVRFLDO HVWDPHQpjFKDQJHUHQSURIRQGHXU
la bonne foi du droit des contrats français, tout comme face aux enjeux du futur.
OH GURLW GH OD UHVSRQVDELOLWp ,O HVW GRQF SUREDEOH TXH Adrien CHALTIEL
la proximité de nos deux systèmes civilistes tendent à Elève-avocat, trainee
favoriser les investissements entre les deux pays. Veirano Advogados, Rio de Janeiro

POUR EN SAVOIR PLUS :


6RXUFH²DUWLFOHGH2OLYLHU5D]HPRQODOHWWUHGHVMXULVWHV
5,6
‡/HVLWHLQWHUQHWGX3HWLW-XULVWHDYHFSOXVLHXUVDUWLFOHVVXU
d’affaires, « au Brésil, savoir bien s’entourer » le Brésil
Mais les lourdeurs administratives, la corruption et ‡/H0RQGHKRUVVpULH©%UpVLOXQJpDQWV·LPSRVHª

Avril 2011 - Page 11


DROIT CIVIL L’INTRODUCTION DES DOMMAGES ET
INTÉRÊTS PUNITIFS EN DROIT FRANÇAIS :
UN NOUVEAU MÉLANGE DES GENRES ?
D’inspiration anglo-saxonne, les « punitive damages » séduisent le législateur
français qui discute aujourd’hui de son intégration, controversée, en droit
positif.
Les dommages et intérêts
compensatoires :
un constat d’échec
Le droit de la responsabilité civile, gouverné par le
SULQFLSH LQGHPQLWDLUH GH UpSDUDWLRQ LQWpJUDOH QRW
&LY qPH  MDQYLHU   QH SHUPHW SDV WRXMRXUV
de garantir l’effectivité de la règle de droit. Certaines
atteintes aux droits de la personnalité, de la propriété
intellectuelle ou encore de la concurrence, procurent à
OHXU DXWHXU XQ DYDQWDJH ÀQDQFLHU QHWWHPHQW VXSpULHXU
jODVRPPHTXHFHOXLFLSHXWrWUHFRQGDPQpjYHUVHUj
titre de dommages et intérêts compensatoires, évalués
DXUHJDUGG·XQSUpMXGLFHVRXYHQWGLIÀFLOHjYDORULVHU,O
DSSDUDvWGRQFTX·HQO·pWDWDFWXHOGXGURLWSRVLWLILO\D
parfois un intérêt financier certain à violer les Une sanction civile
règles de droit.
à coloration pénale
Les dommages et intérêts punitifs : Les sanctions pénale et civile sont fondamentalement
la garantie de l’effectivité du droit différentes : si l’une est par essence répressive, l’autre
a une vocation essentiellement indemnitaire. Si la
L’article 2 de la proposition de loi présentée par le VDQFWLRQFLYLOHDSDUIRLVXQDWWULEXWUpSUHVVLI QRWDPPHQW
sénateur Alain Béteille au Sénat le 9 juillet 2010 préconise O·DPHQGHFLYLOHRXO·DVWUHLQWH OHVGRPPDJHVHWLQWpUrWV
l’introduction dans le Code civil d’un nouvel article punitifs franchissent explicitement la frontière devenue
1386-25, instituant une faute dite lucrative et son ténue entre la sanction civile, compensatoire, et la
corollaire répressif : la condamnation à des dommages sanction pénale, punitive. En effet, la faute lucrative,
et intérêts punitifs. Au terme de cette disposition, la TXH OHV GRPPDJHV HW LQWpUrWV SXQLWLIV RQW YRFDWLRQ j
faute lucrative est celle « commise volontairement » sanctionner, est une faute intentionnelle ; l’élément moral
dans le but de réaliser « un enrichissement que la est pourtant un élément constitutif de l’infraction pénale,
seule réparation du dommage n’est pas à même de JpQpUDOHPHQW DEVHQW GDQV OD TXDOLÀFDWLRQ GH OD IDXWH
supprimer ». civile. Les dommages et intérêts punitifs sont par ailleurs
L’auteur d’une telle faute pourrait se voir condamner indifférents à la réparation d’un préjudice ; ils arborent
j GHV GRPPDJHV HW LQWpUrWV SXQLWLIV GRQW OD ÀQDOLWp ainsi les couleurs d’une véritable sanction. Or les
dévoilée par le rapport d’information dressé par les GRPPDJHVHWLQWpUrWVWURXYHQWFODVVLTXHPHQWOHXUFDXVH
sénateurs MM. Alain Anziani et Laurent Béteille, est dans le préjudice subi par la victime ; octroyés à titre
de « sanctionner le responsable du dommage en punitif, ils seraient donc dépourvus de cause au regard
amoindrissant ou annulant le bénéfice qu’il du droit positif.
tire de la faute lucrative qu’il a commise ». En
VXSSULPDQWOHEpQpÀFHSRWHQWLHOG·XQHIDXWHOXFUDWLYHOHV &·HVWGRQFDXPR\HQG·XQHUHPLVHHQTXHVWLRQSURIRQGH
dommages et intérêt punitifs auraient un caractère et discutable des règles élémentaires du droit de la
dissuasif, garantissant un respect effectif de UHVSRQVDELOLWp FLYLOH TXH OH OpJLVODWHXU HQWUHSUHQG FHWWH
la règle de droit. Ils seraient donc un palliatif aux réforme, initiatrice d’un nouveau mélange des genres
LQVXIÀVDQFHVGHODUHVSRQVDELOLWpFLYLOHWUDGLWLRQQHOOHHQ civil et pénal.
PDWLqUH GH FRQFXUUHQFH QRWDPPHQW R OH GURLW SRVLWLI Antoine MOIZAN
SHLQHjSUpYHQLUGHPDQLqUHHIÀFDFHOHVFRPSRUWHPHQWV
HWSUDWLTXHVDQWLFRQFXUUHQWLHOV POUR EN SAVOIR PLUS :

Poursuivant un but légitime, les dommages et intérêts ‡&LYqPHMDQYLHU%XOOQƒ


SXQLWLIV GpQDWXUHQW WRXWHIRLV OD ÀQDOLWp FODVVLTXH GH OD ‡ 3URSRVLWLRQ GH ORL SUpVHQWpH SDU OH VpQDWHXU /DXUHQW
Béteille au Sénat le 9 juillet 2010
UpSDUDWLRQ FLYLOH HQ OXL DWWULEXDQW XQH IRQFWLRQ TXDVL
‡ 5DSSRUW G·LQIRUPDWLRQ GHV VpQDWHXUV $ODLQ $Q]LDQL HW
pénale. Laurent Béteille

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Avril 2011 - Page 13
DOSSIER DU MOIS
Le Petit Juriste vous présente le dossier du mois en collaboration avec la rédaction et la direction
VFLHQWLÀTXHGHLa  Semaine  Juridique eGLWLRQJpQpUDOH (GLWpSDULexisNexis -XULVFODVVHXUHW
/LWHF FHPDJD]LQHVFLHQWLÀTXHHVWODUpIpUHQFHGHVSURIHVVLRQQHOVGHO·DFWXDOLWpMXULGLTXHGHSXLV

Pour découvrir La   Semaine   Juridique  HWXGLDQWV    www.etudiant.lexisnexis.fr

LA RÉMUNÉRATION DES
DIRIGEANTS DANS LES
SOCIÉTÉS ANONYMES COTÉES
Le Petit Juriste vous propose ce mois-ci de revenir sur une question très
médiatisée du droit des affaires. Les années 2000 ont été marquées par
différents scandales, qui ont fait connaître au grand public les termes de
« parachute doré », « retraite chapeau », « stock-options » ou encore «
golden hello ». Pour compléter ce panorama des règles en vigueur et des
différentes recommandations des organisations professionnelles, Le Petit
Juriste a recueilli les avis d’un magistrat, d’un professeur et d’un praticien.

Professeur Daniel Tricot Professeur Michel Germain Maître Valérie Lemaitre


Président Honoraire de la Chambre Professeur de droit à l’Université Avocate Associée du Cabinet
FRPPHUFLDOHÀQDQFLqUHHW Paris II Panthéon - Assas d’avocats Cleary Gottlieb Steen &
pFRQRPLTXHGHOD&RXUGHFDVVDWLRQ Hamilton LLP

Indemnité de départ de Jean-Marie Messier chez droit français des principes de gouvernement d’entreprise
Vivendi, retraite complémentaire de Daniel Bernard chez ©FRUSRUDWHJRYHUQDQFHª SURYHQDQWG·RXWUH$WODQWLTXH
Carrefour, ou encore doute sur les conditions d’exercice Première étape de cette marche vers la transparence,
des stock-options chez EADS... autant de scandales liés la loi NRE1 est venue imposer dans toutes les sociétés
DX[UpPXQpUDWLRQVGHVGLULJHDQWVTXLRQWU\WKPpOHGpEDW XQH REOLJDWLRQ GH FRPPXQLTXHU OH PRQWDQW WRWDO GHV
public ces dernières années. Face à la médiatisation et UpPXQpUDWLRQVYHUVpHVjFKDTXHPDQGDWDLUHVRFLDOGDQV
j OD SROLWLVDWLRQ GH FHWWH SUREOpPDWLTXH OHV SRXYRLUV le rapport annuel présenté à l’Assemblée générale.
SXEOLFVDLQVLTXHOHVRUJDQLVDWLRQVSURIHVVLRQQHOOHVRQW
tenté de réagir. 'DQV XQ VHFRQG WHPSV DORUV TXH OHV VFDQGDOHV GHV
&HQ·HVWTXHGHSXLVOHGpEXWGHVDQQpHVTXHOD UpPXQpUDWLRQV DYDLHQW IUDSSp O·RSLQLRQ SXEOLTXH
rémunération des dirigeants est un réel sujet de débat au la loi Breton de 20052 a renforcé cette obligation de
Parlement. Cette évolution coïncide avec l’intégration en transparence et a étendu l’application de la procédure

1
Article L225-102-1 du Code de commerce issu de la loi 2/RLQƒSRXUODFRQÀDQFHHWODPRGHUQLVDWLRQGH
VXUOHVQRXYHOOHVUpJXODWLRQVpFRQRPLTXHVQƒGX l'économie du 26 juillet 2005
PDL/DORLGHVpFXULWpÀQDQFLqUHGHDUHVWUHLQWOH 3 Loi sur le travail, l'emploi et le pouvoir d’achat n° 2007-
FKDPSG·DSSOLFDWLRQGHFHWWHREOLJDWLRQHQQ·\VRXPHWWDQWTXH 1223 du 21 août 2007
OHVVRFLpWpVFRWpHVHWOHVVRFLpWpVQRQFRWpHVPDLVFRQWU{OpHV
par une société cotée

Page 14 - Avril 2011


GHV FRQYHQWLRQV UqJOHPHQWpHV (QÀQ OD ORL 7(3$3 de
2007 a soumis l’attribution d’indemnités de départ à
des critères de performance.

/·pTXLOLEUH HVW GLIÀFLOH j DWWHLQGUH SRXU OH OpJLVODWHXU


accusé par certains de laxisme et par d’autres de
dirigisme. Le choix de l’autorégulation est donc depuis
SHXSULYLOpJLpO·$IHS $VVRFLDWLRQGHV(QWUHSULVHV3ULYpHV 
HWOH0HGHI 0RXYHPHQWGHV(QWUHSULVHVGH)UDQFH RQW
rassemblé un certain nombre de recommandations dans
un code de gouvernement d’entreprise4. L’accent est
porté sur la régulation interne par le biais de comités
GH UpPXQpUDWLRQ FKDUJpV G·LQÁXHU VXU OD SROLWLTXH GH
rémunération du Conseil d’administration.

LPJ : Quel bilan faire des nombreuses


interventions du législateur dans les années
2000 ?

Daniel Tricot : « Il y a eu beaucoup de textes sur la


de rémunération est justement l'insécurité du statut de
rémunération des dirigeants ces dernières années. On
PDQGDWDLUHVRFLDO& HVWODUDLVRQSRXUODTXHOOHODORLHW
a connu une évolution absolument considérable en dix
ODMXULVSUXGHQFHRQWGpÀQLGHVUqJOHVVWULFWHVGHFXPXO
DQV  FH TXL pWDLW j O·RULJLQH YUDLPHQW VHFUHW MH QH GLV
SDV KRQWHX[ PDLV VHFUHW DSSDUDvW GpVRUPDLV RXYHUW
Concernant le dirigeant social administrateur, la loi
j XQH FHUWDLQH WUDQVSDUHQFH j XQH UpÁH[LRQ HW j XQH
H[LJHTXHOHFRQWUDWGHWUDYDLOVRLWDQWpULHXUjODIRQFWLRQ
VWUDWpJLH0DLQWHQDQWMHVXLVV€UTX·LOHVWWHPSVG·DUUrWHU
G DGPLQLVWUDWHXU TXH O HPSORL GH VDODULp VRLW HIIHFWLI HW
GHOpJLIpUHUHWTX·LOIDXWODLVVHUOHVFKRVHVVHUHSRVHU,O
TXHOHQRPEUHG DGPLQLVWUDWHXUVOLpVSDUXQFRQWUDWGH
IDXWTXHODORLFHVVHGHÀ[HUGHQRXYHOOHVQRUPHVFHOOHV
travail ne dépasse pas le tiers des administrateurs en
TXLH[LVWHQWGHYDQWrWUHPLVHVHQSUDWLTXHª
fonction6 (QÀQ FRQFHUQDQW OH GLULJHDQW VRFLDO Q D\DQW
pas la fonction d'administrateur, la Cour de cassation a
Michel Germain : « En réalité la loi a tout de même
GpFLGpTX LOIDOODLWTXHODIRQFWLRQGHVDODULpFRUUHVSRQGH
XQHSOXVJUDQGHIRUFHHWXQHSOXVJUDQGHSUpFLVLRQTXH
à un emploi effectif.
le code Afep-Medef. Certes l’autorégulation est une
idée très chère aux professionnels. Les principes de
«corporate governance» nés aux Etats-Unis étaient une Une incompatibilité
forme d’autorégulation. Puis, après l’affaire Enron, est juridique et éthique
arrivée une vraie loi contraignante : la loi Sarbanes-
Oxley. Souvent l’autorégulation se révèle un processus &HWWHFRQGLWLRQGHO HPSORLHIIHFWLIUHTXLHUWTXHOHVDODULp
de fabrication d’une règle légale. Il peut y avoir aussi VRLWOLpSDUXQOLHQGHVXERUGLQDWLRQDYHFODVRFLpWpTX LO
XQH DXWRUpJXODWLRQ VRXV FRQWUDLQWH  F·HVW FH TXL V·HVW H[pFXWH XQH IRQFWLRQ VSpFLÀTXH HW VpSDUpH GH FHOOH GH
passé avec le code des rémunérations de 2008. Je ne VRQPDQGDWVRFLDOHWTX LOEpQpÀFLHG XQHUpPXQpUDWLRQ
VXLV SDV V€U TXH FHV UHFRPPDQGDWLRQV HQ PDWLqUH GH distincte.
UpPXQpUDWLRQHXVVHQWpWpDSSOLTXpHVVDQVODPHQDFHGX
pouvoir exécutif ». 'qV ORUV SRXU TX XQ GLULJHDQW G XQH 6$ FRWpH SXLVVH
valablement cumuler son mandat social avec un
Vers la fin du cumul contrat de contrat de travail, il doit obligatoirement être lié par
XQ OLHQ GH VXERUGLQDWLRQ DYHF OD VRFLpWp TX LO GLULJH«
travail et mandat social ? 7UqV FODLUHPHQW WDQW VXU XQ SODQ MXULGLTXH TX·pWKLTXH
le cumul d'un contrat de travail et d'une fonction de
« Bannir le cumul d'un contrat de travail avec un
GLULJHDQW PDQGDWDLUH VRFLDO GDQV XQH 6$ FRWpH SDUDvW
mandat social ª F HVW HQ FHV WHUPHV TXH OH UDSSRUW
impossible. Conscient de cette incompatibilité, et en
Houillon intitule son paragraphe concernant le cumul
prenant en compte la carrière du mandataire social, le
d'un mandat social et d'un contrat de travail5 .
juge a imaginé une suspension du contrat de travail si
l'une des conditions du cumul n'est pas remplie7.
Le cumul place le dirigeant social dans une situation
KDXWHPHQW IDYRUDEOH  G XQH SDUW LO EpQpÀFLH GHV
Par ailleurs, le Code de gouvernement d’entreprise de
fortes rémunérations au titre de son mandat social et
O·$IHS HW GX 0HGHI UHFRPPDQGH DX[ HQWUHSULVHV TXL
G DXWUH SDUW LO UHoRLW OD SURWHFWLRQ MXULGLTXH GX FRQWUDW
renouvellent les mandats de leurs dirigeants de mettre
GH WUDYDLO  2U O XQH GHV MXVWLÀFDWLRQV G XQ WHO QLYHDX
4
www.code-afep-medef.com 7
Cour de cassation, Chambre commerciale, du 12 décembre
5
Rapport d'information sur les rémunérations des dirigeants 1990, n°87-40596
mandataires sociaux et les rapports de marché présenté par 8
/RLQƒGXMXLOOHWTXLHVWXQHWUDQVSRVLWLRQ
le député Phillippe Houillon, p.74 des dispositions de la directive 2006/46/CE du Parlement
6
Article L225-22 du Code de commerce européen et du Conseil du 14 juin 2006

Avril 2011 - Page 15


DOSSIER DU MOIS
un terme aux contrats de travail. La loi du 3 juillet
20088 a donné un appui à ce texte en établissant un
mécanisme d’application : on respecte les dispositions,
RXjGpIDXWRQMXVWLÀHSRXUTXRLRQQHOHVDSSOLTXHSDV
OH©FRPSO\RUH[SODLQª ,OHVWHQFRUHW{WSRXUIDLUHXQ
ELODQ PDLV O·$0) VRXOLJQH TXH OD SUDWLTXH GX FXPXO
WHQGHIIHFWLYHPHQWjGLVSDUDvWUHORUVGHVUHQRXYHOOHPHQWV
Le Petit Juriste vous présente le dossier du mois en collaboration avec la rédaction et la direction
de mandats sociaux. Semaine  Juridique eGLWLRQJpQpUDOH (GLWpSDULexisNexis -XULVFODVVHXUHW
VFLHQWLÀTXHGHLa  
LPJ/LWHF FHPDJD]LQHVFLHQWLÀTXHHVWODUpIpUHQFHGHVSURIHVVLRQQHOVGHO·DFWXDOLWpMXULGLTXHGHSXLV
: Quelle est la force juridique du code
Afep-Medef ?
Pour découvrir La   Semaine   Juridique  HWXGLDQWV    www.etudiant.lexisnexis.fr
Michel Germain  © &·HVW XQH TXHVWLRQ GLIÀFLOH
car à l’origine le code Afep-Medef était une sorte de
UHFRPPDQGDWLRQGpRQWRORJLTXHXQERQFRPSRUWHPHQW
TXHO·RQDWWHQGDLWGHVHQWUHSULVHVVDQVIRUFHMXULGLTXH $XGHOj GH OD UpPXQpUDWLRQ À[H OHV UpPXQpUDWLRQV
,OIDXWSHXWrWUHTXHOHVSURIHVVLRQQHOVVHPpÀHQWGHFHV courantes sont laissées à la liberté contractuelle, de sorte
FRGHV SRXU XQH UDLVRQ MXULGLTXH TXL HVW TXH O·RQ SHXW TXHIUpTXHPPHQWOHGLULJHDQWVRFLDOEpQpÀFLHRXWUHGHV
LPDJLQHUTXHOHVMXJHVVHVHUYHQWGHFHVFRGHVFRPPH avantages en nature, d'autres types de rémunérations.
UHÁpWDQW OH VWDQGDUG GX ERQ SqUH GH IDPLOOH $ SDUWLU
de ces codes, le juge pourrait dire : « vous n’avez pas
L’encadrement de la part variable
IDLWFHTXHSUHVFULWOHFRGHYRXVQ·rWHVGRQFSDVXQERQ
père de famille et vous êtes alors responsable civilement
$LQVLODTXDVLWRWDOLWpGHVGLULJHDQWVVRFLDX[GH6$FRWpHV
GHVGRPPDJHVª,O\DXQELDLVDXTXHOOHVIDEULFDQWVGH
se voient octroyer une rémunération variable appelée
FRGHVQ·RQWSDVIRUFpPHQWSHQVpPDLVTXLSHXWDYRLUGHV
SDUIRLV©ERQXVª/HXUHQFDGUHPHQWMXULGLTXHVHOLPLWH
effets réels. Mais cette observation générale est pour une
principalement à l'obligation d'information auprès de
SDUWSpULPpHPDLQWHQDQWTXHOHGURLWIUDQoDLVFRQQDvWOH
l'Assemblée générale, le Conseil d'administration devant
principe « comply or explain ».
préciser les « critères » ou les « circonstances » ayant
FRQGXLW j OHXU RFWURL /H OpJLVODWHXU Q D SDV GpÀQL GH
Valérie Lemaitre  © '·XQ SRLQW GH YXH MXULGLTXH
PDQLqUHSUpFLVHFHVFULWqUHVGHVRUWHTXHO DGpTXDWLRQ
QRXVVRPPHVVXUXQWHUUDLQQRQFRQWUDLJQDQWSXLVTX·LO
HQWUHOHVSHUIRUPDQFHVpFRQRPLTXHVGHODVRFLpWpHWOD
Q·\DSDVHQWDQWTXHWHOOHG·REOLJDWLRQGHUHVSHFWHUGH
variation de la rémunération n'est pas toujours totale.
VLPSOHVUHFRPPDQGDWLRQV0DLVODSUHVVLRQPpGLDWLTXH
& HVWODUDLVRQSRXUODTXHOOHO $0)UHFRPPDQGHGDQV
TXL D DFFRPSDJQp FHV QRXYHOOHV UqJOHV HW OH SRLGV GH
son rapport « que les société précisent le niveau de
SOXV HQ SOXV LPSRUWDQW TXH SUHQQHQW OHV DJHQFHV GH
réalisation attendu des objectifs quantitatifs fixés
recommandation de vote pour les assemblées des
aux dirigeants mandataires sociaux »10.
DFWLRQQDLUHV IRQW TXH OHV VRFLpWpV VRQW WUqV VRXYHQW GH
fait, contraintes de les respecter ; c’est à tout le moins
(QRXWUHOHGLULJHDQWVRFLDOORUVTX LOHVWDGPLQLVWUDWHXU
OHFDVGDQVOHVVRFLpWpVGDQVOHVTXHOOHVO·DFWLRQQDULDWHVW
EpQpÀFLH GH MHWRQV GH SUpVHQFH /·HQYHORSSH JOREDOH
GLVSHUVpHWROHYRWHGHVUHQRXYHOOHPHQWVGHPDQGDWV
est décidée en Assemblée générale et est répartie par
des résolutions relatives aux rémunérations différées et
le Conseil d'administration11 ,O EpQpÀFLH DXVVL GHV
DX[VWRFNRSWLRQVHWDFWLRQVJUDWXLWHVQ·HVWSDVDFTXLVª
rémunérations exceptionnelles pour les missions ou
PDQGDWVTXLOXLVRQWFRQÀpV
Quelles règles pour
les rémunérations courantes ? Le point sur les stock-options
/H GLULJHDQW VRFLDO G·XQH 6$ FRWpH EpQpÀFLH DX WLWUH Rappelons brièvement leur fonctionnement : une stock-
de sa fonction d'une rémunération déterminée par le option est une option d'achat futur offerte à un dirigeant
&RQVHLO G DGPLQLVWUDWLRQ TXH O RQ SHXW TXDOLÀHU GH © sur un certain nombre d'actions de son entreprise.
courante » ; cela vaut tant pour le Président du Conseil /RUVTXHOHGLULJHDQWGpFLGHGHOHYHUFHWWHRSWLRQF HVW
G DGPLQLVWUDWLRQ TXH SRXU OHV 'LUHFWHXUV JpQpUDX[ HW à-dire d'acheter ces actions, il ne les paie pas à leur
Directeurs généraux délégués9. FRXUV UpHO PDLV DX FRXUV TX HOOHV DYDLHQW ORUVTXH OHV
stock-options lui ont été attribuées. L’option ne constitue
Cependant, le droit des sociétés admet la possibilité pas une obligation d'achat. Si le prix réel de l'action est
de demander l'avis d'un comité de rémunération. Cet inférieur au prix d'exercice, le dirigeant peut renoncer à
organe est mis en place par le Conseil d'administration exercer son option. Si le prix réel est supérieur, il a, en
ou le Conseil de surveillance et a pour but de les placer revanche, intérêt à exercer l’option.
dans les meilleures conditions pour déterminer les
UpPXQpUDWLRQVGHVGLULJHDQWV,OQHSHXWDYRLUTX XQU{OH
consultatif.
9
Articles L225-47 et L225-53 du Code de commerce 11
Article L225-45 du Code de commerce
10
Rapport de l'AMF sur le gouvernement d'entreprise et la
rémunération des dirigeants p.9

Page 16 - Avril 2011


Les stock-options et autres attributions gratuites d’actions d’actions gratuites à l’ensemble des salariés, soit
sont particulièrement utilisées en France et constituent conclure un accord de participation ou d’intéressement
une part toujours très importante de la rémunération dans l’entreprise. Même si bien souvent il s’agit d’une
des dirigeants, même si d’après l’AMF la tendance est FRQWUDLQWH UHODWLYH SXLVTXH EHDXFRXS GH VRFLpWpV RQW
depuis peu à la baisse. déjà conclu de tels accords, cette disposition a le mérite
GHSURSRVHUODGpPRFUDWLVDWLRQGHVVWRFNRSWLRQVSOXW{W
L’avantage de cet outil pour les entreprises est évident : TXHOHXULQWHUGLFWLRQ
il est totalement indolore pour la trésorerie car la plus-
YDOXHVHIDLWVXUOHFRXUVGHO·DFWLRQHWHVWGRQFÀQDQFpH LPJ : Quel avenir pour les stock-options ?
SDUOHPDUFKp&·HVWODUDLVRQSRXUODTXHOOHFHPRGHGH
rémunération a été très utilisé par les Start up à partir Michel Germain : « Il y a sans doute eu dans les
des années 1990. ouvrages de gestion et de management une illusion à
propos de ces stock-options : l’idée très répandue dans ce
/HUpJLPHMXULGLTXHGHO·DWWULEXWLRQGHVVWRFNRSWLRQVSHXW JHQUHGHOLWWpUDWXUHpWDLWTXHOHVVWRFNRSWLRQVpWDLHQWXQ
sembler contraignant car, l’opération touchant le capital moyen un peu miraculeux de faire coïncider les intérêts
de la société, le plan d’attribution de stock-options doit des actionnaires et ceux des dirigeants. Mais on s’est
rWUHYDOLGpSDUO·$VVHPEOpHJpQpUDOHH[WUDRUGLQDLUHTXL UHQGXFRPSWHTXHFHWWHYXHpWDLWXQSHXXWRSLTXHRQD
se décide sur rapport du Conseil d’administration et du YXDYHFO·DIIDLUH(QURQTXHOHVGLULJHDQWVSHXYHQWrWUHHQ
Commissaire aux comptes12 /RUVTXH OHV VWRFNRSWLRQV mesure de piloter la valeur de l’action sans pour autant
VRQW DWWULEXpHV DX PRPHQW R OH GLULJHDQW TXLWWH VHV TXHFHODDPpOLRUHO·pWDWGHODVRFLpWp(QFRQVpTXHQFH
fonctions, elles sont soumises aux règles encadrant les certaines grandes sociétés américaines ont pu décider
UpPXQpUDWLRQV GLIIpUpHV &I FLGHVVRXV /HV SDUDFKXWHV TXHODPHLOOHXUHVROXWLRQpWDLWGHVXSSULPHUFHWWHFKRVH
GRUpVVRXVOHIHXOpJLVODWLI  PDJLTXH TX·pWDLHQW OHV VWRFNRSWLRQV  LO Q·\ HQ D SOXV
GDQV FHUWDLQHV VRFLpWpV 3HXWrWUH TXH OD VROXWLRQ HVW
Un arsenal législatif varié TX·LOQ·\HQDLWSOXV«3RXUOHVGLULJHDQWVSDVSRXUOHV
salariés ».
Comme pour les autres types de rémunération, ce sont
OHVVFDQGDOHVTXLRQWHQJHQGUpOHVUqJOHPHQWDWLRQV13. Le
législateur a d’abord cherché à établir des contraintes
GH FRQVHUYDWLRQ DÀQ GH OLPLWHU OHV HIIHWV G·DXEDLQH
et encourager une gestion à long terme. La loi du 30
GpFHPEUHDGRQFLQWURGXLWO·LGpHTXHOHVGLULJHDQWV
GHYUDLHQW JDUGHU OHV VWRFNRSWLRQV MXVTX·j OD FHVVDWLRQ
GH OHXUV IRQFWLRQV FH TXL HVW XQH REOLJDWLRQ HQ FDV
G·DWWULEXWLRQJUDWXLWHG·DFWLRQV 

3XLVF·HVWO·DMXVWHPHQWGHVWD[DWLRQVVRFLDOHVHWÀVFDOHV
GHVSOXVYDOXHVTXLV·HVWPRQWUprWUHXQOHYLHULPSRUWDQW
pour les pouvoirs publics. Par les différentes Lois de
Finance et de Financement de la Sécurité Sociale, le
législateur a rendu ce mode de rémunération plus
coûteux, le rapprochant de plus en plus d’un revenu
salarial14.

Puis, en réaction aux bonus distribués en 2008 par


OD 6RFLpWp *pQpUDOH TXL DYDLW SRXUWDQW VROOLFLWp SHX GH
temps avant l’aide de l’Etat, le gouvernement a édicté
un décret15 interdisant les stock-options et attributions
gratuites d’actions dans les sociétés aidées par l’Etat.
Nous n’insisterons pas plus sur ce point car il s’agissait
plus d’une intervention ponctuelle répondant à des
nécessités conjoncturelles.

(Q ÀQ GH FRPSWH OD PHVXUH OD SOXV QRYDWULFH HVW FHOOH
introduite par la loi du 3 décembre 2008 sur les revenus
du travail16 TXL LPSRVH GpVRUPDLV DX[ VRFLpWpV FRWpHV
deux conditions alternatives avant toute attribution
de stock-options ou attribution gratuite d’actions :
soit procéder à une attribution de stock-options ou
12
Articles L. 225-177 et L. 225-179 du Code de commerce 14
Rapport Houillon sur les rémunérations des dirigeants
13
Notamment les 12,9 millions d'euros pour Antoine mandataires sociaux et des opérateurs de marchés, 2009, p.
Zacharias, ex-PDG du groupe de BTP Vinci, en 2006, et la 60
même année les 8,2 millions d'euros pour Noël Forgeard, ex 15
Décret n° 2009-348 du 30 mars 2009
coprésident d'EADS 16
Loi n° 2008-1258 du 3 décembre 2008

Avril 2011 - Page 17


DOSSIER DU MOIS Les parachutes dorés
sous le feu législatif
'·DXWUHVUpPXQpUDWLRQVVRQWSDUQDWXUHYHUVpHVjODÀQ
du mandat social du dirigeant. Il s’agit des « éléments
LPJ : Comment le juge prend-il en compte les
critères de performance ?

Daniel Tricot : « Le juge en France ne veut jamais -


mais alors jamais - diriger par personne interposée une
entreprise. Quand un juge désigne un administrateur
de rémunération, des indemnités ou des avantages
dusLe ouPetit Juriste vous
susceptibles d’être présente le dossier
dus à raison du mois enprovisoire
de la cessation
avec avec
collaboration une mission précise,
la rédaction il donne
et la directionà ce
GHUQLHUOHSRXYRLUGHIDLUHFHTXLHVWQpFHVVDLUHjWLWUH
ou VFLHQWLÀTXHGHLa  
du changement [des Semaine  
fonctionsJuridique eGLWLRQJpQpUDOH
de dirigeant], ou (GLWpSDULexisNexis -XULVFODVVHXUHW
conservatoire, exploratoire, ou plus, mais c’est à lui
postérieurement à celles-ci » . Désignées sous le
/LWHF FHPDJD]LQHVFLHQWLÀTXHHVWODUpIpUHQFHGHVSURIHVVLRQQHOVGHO·DFWXDOLWpMXULGLTXHGHSXLV
17
de décider et non au juge. Jamais, dans la tradition
nom de « rémunérations différées » par les auteurs18,
jurisprudentielle, le juge ne prend une direction de
ellesPour
sontdécouvrir
plus communément
La   Semaine   «parachutes  HWXGLDQWV    www.etudiant.lexisnexis.fr
appeléesJuridique
gestion. Je suis très partisan de cela, car le juge n’est
dorés». Cette appellation, prise au sens large, regroupe
pas un dirigeant !
différents modes de versement.
6XUGHVFDVFDULFDWXUDX[ORUVTX·RQHVWWHOOHPHQWDXGHOj
GHODPDUJHUDLVRQQDEOHFHQ·HVWSDVGLIÀFLOH-HFURLV
$LQVL ORUVTXH OH GLULJHDQW TXLWWH VHV IRQFWLRQV LO HVW
TXHOHMXJHQHVDQFWLRQQHTXHOHVH[FqVWUqVPDQLIHVWHV
régulièrement prévu dans son contrat avec l’entreprise
ORUVTX·LOQ·\DSDVGHOLHQREMHFWLIGHPHVXUHUDLVRQQDEOH
TX·XQH SULPH OXL VHUD YHUVpH j FHWWH RFFDVLRQ FH VRQW
entre la rémunération et l’activité. C’est une chose
les indemnités de départ. De même, après la cessation
GLIÀFLOHjIDLUHFRPSUHQGUHFDUOHVGLULJHDQWVGHVRFLpWpV
de ses activités, le dirigeant se voit souvent accorder
SHQVHQWWRXMRXUVTXHO·RQYDOHVDWWHQGUHVHXOHPHQWVXU
un complément de retraite ou « retraite chapeau »,
le terrain pénal ».
GLVSRVLWLI HQWLqUHPHQW ÀQDQFp SDU O·HQWUHSULVH TXL YLHQW
s’ajouter aux mécanismes de retraite légaux. Ces deux
LPJ : Comment le praticien traite-il la question
exemples sont les plus courants, mais il est possible
des critères de performance ?
TXHG·DXWUHVDYDQWDJHVWHOTXHOHVVWRFNRSWLRQVVRLHQW
DFFRUGpHVSRVWPDQGDWDXTXHOFDVLOVVHURQWVRXPLVjOD
Valérie Lemaître©,OIDXWWURXYHUXQMXVWHpTXLOLEUH
règlementation des rémunérations différées.
HQWUH XQ PpFDQLVPH TXL GRQQH XQH UpHOOH SURWHFWLRQ
DX GLULJHDQW TXL VRLW UDLVRQQDEOHPHQW DWWHLJQDEOH  HW
,O IDXW ELHQ GLVWLQJXHU OH UpJLPH DSSOLFDEOH VHORQ TXH
XQ PpFDQLVPH TXL VRLW FRQVLGpUp SDU OHV LQYHVWLVVHXUV
la société est cotée ou non. Depuis la loi Breton du 26
FRPPHVXIÀVDPPHQWH[LJHDQWSRXUTXHOHVDFWLRQQDLUHV
juillet 2005, dans les sociétés cotées, le versement de
l’approuvent. Si la résolution n'est pas approuvée, la
ces rémunérations est encadré par la procédure des
UpPXQpUDWLRQYRWpHUHVWHYDODEOHPDLVOHVFRQVpTXHQFHV
conventions règlementées. Les rémunérations différées
défavorables de la convention peuvent être mises à la
sont donc considérées comme une convention passée
charge des intéressés, à savoir le dirigeant lui-même
entre le dirigeant et l’entreprise. Cette conception
et les membres du Conseil d’administration. Donc on
contractuelle s’oppose à la conception institutionnelle
LPDJLQH ELHQ TXH VL OD UpVROXWLRQ Q HVW SDV YRWpH LO YD
de la rémunération différée retenue sous certaines
y avoir une pression assez forte du Conseil auprès du
conditions par la jurisprudence en matière de sociétés
dirigeant concerné pour revoir les dispositions prises
non cotées19.
DÀQG·pOLPLQHUXQULVTXHª

La performance contre l’abus Une procédure renforcée


/DUpWHQWLRQGHV€UHWpHVWVXEVpTXHQWHDX[SUREOpPDWLTXHV
&·HVWXQYpULWDEOHGURLWVSpFLDOGHVVRFLpWpVFRWpHVTXLV·HVW
D’autres exigences sont apparues avec la loi TEPA du
PLVHQSODFHFHTXLDSRXUFRUROODLUHODFRPSOH[LÀFDWLRQ
21 août 2007. Désormais, l’octroi de toute rémunération
de la procédure encadrant les rémunérations différées.
différée est soumis à des conditions de performance
« du bénéficiaire, appréciées au regard de celles
Cette procédure est décrite à l’art L 225-42-1 du Code de
de la société » /HV pOpPHQWV GH UpPXQpUDWLRQ TXL QH
commerce. La première étape est l’autorisation préalable
respecteraient pas ces conditions de performance sont
du Conseil d’administration20. Après présentation
« interdits ».
d’un rapport spécial du Commissaire aux comptes, la
Le but des conditions de performance est de subordonner
convention sera ensuite soumise à l’approbation de
l’octroi de parachutes dorés à l’existence d’une cause
l’Assemblée générale. L’intéressé ne pourra prendre part
TXL OH OpJLWLPH 2Q QH YRLW SDV SRXUTXRL XQ GLULJHDQW
au vote sur la convention ni au Conseil d’administration
VHYHUUDLW DFFRUGHUXQHLQGHPQLWpGHGpSDUW DORUVTXH
ni à l’Assemblée générale. L’exigence de transparence
VRQ DFWLYLWp Q·D HQ DXFXQ FDV pWp EpQpÀTXH SRXU OD
VXU OHV UpPXQpUDWLRQV HVW UHQIRUFpH SXLVTX XQ GpFUHW
société. Cependant, ni la jurisprudence ni la loi n’en ont
d’application21 impose la publicité de l’autorisation du
GRQQpXQHGpÀQLWLRQSUpFLVH(QUpDOLWpOHVFULWqUHVGH
Conseil d’administration sur le site internet de la société
performance sont laissés à la liberté contractuelle. Dès
GDQVOHVFLQTMRXUVVXLYDQWODSULVHGHODGpFLVLRQ
lors, une appréciation in concreto est nécessaire pour
juger s’ils sont effectivement présents.
17
Article L225-42-1 Code de commerce 19
Ch Com, 3 mars 1987
18
Les rémunérations différées des dirigeants dans les groupes de 20
Articles L 225-38, L 225-41, L 225-42 du Code de commerce
sociétés après la loi TEPA, 01 juin 2008, BJS, n° 6, p. 525. Y.
Paclot, C. Malecki

Page 18 - Avril 2011


LPJ : Quelles seront, selon vous, les prochaines
évolutions sur ce sujet ?

Daniel Tricot©,OIDXGUDDGPHWWUHTXHODUpPXQpUDWLRQ
d’un dirigeant de société ne va pas toujours en montant
HW TX·j XQ PRPHQW GRQQp V€UHPHQW HQWUH  HW 
ans, s’il veut rester dans la société, il sera sans doute
XWLOH TX·LO SUHQQH XQ SHX GH FKDPS HW TX·LO SHUGH GH
la rémunération. Il faut permettre aux 40-50 ans d’être
SXLVVDQWV GDQV O·HQWUHSULVH &H TXL VXSSRVH TXH FHX[
TXL DSSURFKHQW OD VRL[DQWDLQH V·HIIDFHQW HW MRXHQW XQ
U{OH GLIIpUHQW  HQ TXDOLWp GH GLULJHDQWV QRQ H[pFXWLIV
participer au comité des rémunérations ou au comité
des nominations, ou encore dans une structure duale,
WHQLUSOHLQHPHQWOHXUU{OHDXFRQVHLOGHVXUYHLOODQFHVDQV
empiéter sur les attributions des membres du directoire».
L’encadrement est consolidé non seulement par la
soumission aux conditions de performance mais Valérie Lemaître : « Il y a eu très clairement une
également par l’obligation de l’Assemblée générale PRGLÀFDWLRQ HW XQH KDUPRQLVDWLRQ GHV SUDWLTXHV /HV
GH SUHQGUH GHV UpVROXWLRQV VSpFLÀTXHV SRXU FKDTXH nouveaux packages de rémunération mis en place
EpQpÀFLDLUH ,O V·DJLW GRQF G·XQH ©DSSUREDWLRQ devraient être de nature à éviter le type de scandales
UHQIRUFpHªG·DXWDQWSOXVTXHFHWWHGHUQLqUHGHYUDDYRLU TX·RQDSXFRQQDLWUHFDUOHVQRXYHOOHVUqJOHVRQWDPHQp
OLHXjFKDTXHUHQRXYHOOHPHQWGHPDQGDWGHO·LQWpUHVVp EHDXFRXSSOXVGHPHVXUHGDQVODSUDWLTXHª

A propos de ces rémunérations différées, le rapport 3RXU FRQFOXUH VXU XQH QRWH RSWLPLVWH JDJHRQV TXH
 GH O·$0) HVW SOXW{W PLWLJp 'DQV O·pFKDQWLOORQ OHV VFDQGDOHV TXH QRXV YLYRQV GHSXLV GL[ DQV VRQW
pWXGLpGHVVRFLpWpVQHSUpFLVHQWSDVOHVFRQGLWLRQV ÀQDOHPHQW OHV VRXEUHVDXWV G·XQH pYROXWLRQ YHUV SOXV
et modalités de versement des indemnités de départ. GH WUDQVSDUHQFH &H TXL pWDLW WDERX HW SULYp KLHU HVW
DXMRXUG·KXLGpYRLOpHWFRPPHQWp$XQHpSRTXHROD
communication est reine, ces affaires de rémunérations
Perspectives et droit comparé RQWXQLPSDFWGHSOXVHQSOXVFRQVpTXHQWVXUO·LPDJHGHV
entreprises. C’est sans doute celle-ci l’autorégulation la
A l’étranger, d’autres mécanismes sont utilisés à SOXVHIÀFDFH«
l’image du « say on pay » adopté au Royaume-Uni en
Antoine BOUZANQUET,
2002. Ce dispositif consiste à faire voter l’Assemblée
générale sur l’ensemble des rémunérations du dirigeant
Antoine DUFRANE
PDLV VHXOHPHQW j WLWUH FRQVXOWDWLI (Q FRQVpTXHQFH et Yohann SMADJA
une désapprobation de l’Assemblée générale n’aurait
aucun effet direct sur la validité de la rémunération.
&HWWH PpWKRGH ELHQ TXH SHX FRQWUDLJQDQWH V·HVW POUR EN SAVOIR PLUS :
propagée aux Pays-Bas, en Norvège, en Suède ou
‡ www.code-afep-medef.com : Code de gouvernement des
encore en Australie22. Les Etats Unis, plus récemment, entreprises, décembre 2008
l’ont adoptée dans le Dodd-Frank Act23. ‡5DSSRUWVGXHWGHO·$0)VXUOH
gouvernement d’entreprise et la rémunération des dirigeants
LPJ : Pensez-vous qu’une règlementation ‡ 5pPXQpUDWLRQ GHV GLULJHDQWV  pYROXWLRQ RX UpYROXWLRQ "
internationale pourrait intervenir dans les (WXGHSDU0*HUPDLQ/D6HPDLQH-XULGLTXH6RFLDOQƒ
21 Juillet 2009, 1333
années à venir ?
‡6WRFNRSWLRQVYHUVO kJHGHUDLVRQRXFKURQLTXHG XQHPRUW
Michel Germain : « Je suis un peu perplexe sur les annoncée ? B. Erard ; Cahiers de droit de l'entreprise n° 5,
UqJOHPHQWDWLRQVVXSUDQDWLRQDOHVLOQ·\DTX·jYRLUFH Septembre 2010, dossier 28
TXL VH SDVVH SRXU OHV EDQTXHV ,O H[LVWH XQ VHQWLPHQW ‡0*HUPDLQ7UDLWpGHGURLWFRPPHUFLDO7RPH9ROXPH
Les sociétés commerciales, LGDJ
commun, mais de là à passer à une règle de droit ‡9RLUDXVVLVXUOHVXMHWOHVUDSSRUWV9LHQRW,  0DULQL
SRVLWLI«,O\DEHDXFRXSGHUpWLFHQFHFDUFKDTXH(WDW  9LHQRW,,  %RXWRQ  HW&OpPHQW 
D VHV LQWpUrWV SURSUHV TX·LO FRQMXJXH DYHF O·LQWpUrW GH ‡/HVUpPXQpUDWLRQVGLIIpUpHVGHVGLULJHDQWVGDQVOHVJURXSHV
ses propres entreprises. Ceci nous éloigne beaucoup de sociétés après la loi TEPA, 01 juin 2008, BJS, n° 6, p. 525.
d’une règle commune ». Y. Paclot, C. Malecki
‡%-6QRYQƒS/HVPRGLÀFDWLRQVDSSRUWpHV
par l'article 17 de la loi n° 2007-1223 du 21 août 2007 V.
'RPLQLTXH
21
Article R 224-34-1 du Code de commerce ; Décret du 7
mai 2008 Erratum :
22
Rémunération des dirigeants : « Say on Pay », une réalité Dans le précédent numéro dossier du mois sur les apports
ELHQW{WIUDQoDLVH"&3HUFKHW-6LELOOH)pYULHU0DJD]LQH de la CEDH au cours de l'année 2010, nous avons omis de
Décideurs faire état de l'intervention du Professeur Hélène Tigroudja.
23
5pIRUPHGHODUpJXODWLRQÀQDQFLqUHGXMXLOOHW (WDWV Vous trouverez l'ensemble de son intervention sur le site du
8QLV Petit Juriste.

Avril 2011 - Page 19


DROIT DE LA CONCURRENCE LOYAUTÉ DE LA PREUVE :
LA FIN D’UNE SAGA JUDICIAIRE
Fin 2005, le Conseil de la concurrence s’était accordé une certaine autonomie
dans la mise en œuvre du principe de loyauté dans l’administration de la
preuve. Au terme d’une bataille judiciaire de cinq ans, la Cour de cassation
UpXQLH HQ $VVHPEOpH SOpQLqUH D ÀQDOHPHQW LPSRVp OH VWULFW UHVSHFW GH FH
principe à la Cour d’appel de Paris. Si cette victoire de l’éthique probatoire est
VDOXpHSDUEHDXFRXSUHVWHTXHO·HIÀFDFLWpGXFRQWHQWLHX[DQWLFRQFXUUHQWLHO
ULVTXHGHV·HQWURXYHUVLJQLÀFDWLYHPHQWDIIDLEOLH
Visant à poursuivre et sanctionner les agissements des de nombreux commentateurs. Comme le Professeur G.
RSpUDWHXUVpFRQRPLTXHVQXLVLEOHVDXERQIRQFWLRQQHPHQW 'HFRFTLOVVHVRQWLUULWpVGHODSUpYDOHQFHDLQVLDFFRUGpH
du marché, le droit de la concurrence présente un j O·HIÀFDFLWp GH OD OXWWH FRQWUH OHV FRPSRUWHPHQWV
FDUDFWqUH TXDVL UpSUHVVLI $ O·LQVWDU GH OD SURFpGXUH anticoncurrentiels sur l’éthique probatoire, les
pénale, le contentieux anticoncurrentiel compte donc libertés individuelles et même la confiance en la
TXHOTXHVSDUWLFXODULVPHVSDUUDSSRUWDXGURLWFRPPXQ justice.
Retour à l’orthodoxie
Saisie d’un nouveau pourvoi, l’Assemblée Plénière de la
Cour de cassation a imposé, dans un arrêt du 7 janvier
2011, la solution adoptée par sa Chambre
commerciale en 2008. En plus de l’article 6§1 CEDH
sont visés l’article 9 du Code de procédure civile, ainsi
TXHOH «principe de loyauté dans l’administration de la
preuve»'HX[FRQVpTXHQFHVGpFRXOHQWGHFHWWHGpFLVLRQ
GHSROLWLTXHMXULGLTXH'·DERUGODUpIpUHQFHjO·DUWLFOH
GX &3& UDSSHOOH TXH OH FRQWHQWLHX[ GH O·$XWRULWp GH OD
concurrence, « sauf disposition expresse contraire du
Code de commerce », reste soumis à la procédure civile.
(QÀQ O·pQRQFLDWLRQ FODLUH G·XQ « principe de loyauté
dans l’administration de la preuve » semble supporter
Un principe de loyauté plus souple l’émancipation d’un ‘nouveau’ principe général du droit,
vraisemblablement appelé à prendre de l’importance à
inspiré du droit pénal l’avenir .
L’article 427 du Code de procédure pénale, tel
TX·LQWHUSUpWp SDU OH &KDPEUH FULPLQHOOH GH OD &RXU Quel avenir
de cassation, permet à une partie privée d’établir pour la preuve des ententes ?
YDODEOHPHQW XQH SUHXYH SDU TXHOTXH PR\HQ TXH FH
VRLW WDQW TX·HOOHUHVWHVRXPLVHDX GpEDW FRQWUDGLFWRLUH Nombre d’auteurs ont applaudi ce recentrage du
S’inspirant de cette solution, le Conseil de la concurrence contentieux anticoncurrentiel sur les règles de droit
avait assoupli l’exigence de loyauté de la preuve commun. La cohérence générale du droit est renforcée par
dans sa décision du 5 décembre 2005. L’enregistrement ODUpDIÀUPDWLRQGHO·DWWDFKHPHQWjO·pWKLTXHSUREDWRLUH
G·XQH FRQYHUVDWLRQ WpOpSKRQLTXH UpDOLVp SDU OD SDUWLH TXHO TXH VRLW OH FRQWHQWLHX[ FRQFHUQp &HSHQGDQW VL OD
saisissante à l’insu de son interlocuteur avait ainsi été FRQVWUXFWLRQWKpRULTXHGHO·DUJXPHQWHVWVROLGHODTXHVWLRQ
reçu comme moyen de preuve valable. Jugé proportionné G·XQ FHUWDLQ PDQTXH GH SUDJPDWLVPH VH SRVH WDQW
DX[ ÀQV GX FRQWHQWLHX[ DQWLFRQFXUUHQWLHO FH PR\HQ I€W l’incitation à la délation est importante dans la lutte contre
approuvé en appel par la Cour de Paris. OHV HQWHQWHV DQWLFRQFXUUHQWLHOOHV VRXYHQW WUqV GLIÀFLOHV j
SURXYHU&HTXHQ·RQWSDVPDQTXpGHVRXOLJQHUFHUWDLQV
Cependant, le 3 juin 2008, la Chambre commerciale de auteurs au soutien de la décision de 2005.
la Haute Cour a cassé l’arrêt d’appel au visa de l’article
†&('+/·pWKLTXHSUREDWRLUHHWODFRKpUHQFHGXGURLW Lucien MIDOT
HQ VRUWDLHQW UHQIRUFpHV OD VSpFLÀFLWp GH OD SURFpGXUH
pénale préservée. Mais la Cour d’Appel de Paris statuant
POUR EN SAVOIR PLUS :
VXUUHQYRLSUpRFFXSpHSDUO·DWWHLQWHSRUWpHjO·HIÀFDFLWp
du contentieux de l’Autorité de la concurrence, résiste, ‡'DYLG%26&2LQ&RQWUDWV&RQFXUUHQFH&RQVRPPDWLRQ
HVWLPDQWTXH« l’utilisation de tels éléments de preuve n°3.
n’est pas disproportionnée aux fins poursuivies par ‡-XOLHQ5$<1$8'LQ/D6HPDLQH-XULGLTXH(QWUHSULVHHW
le droit de la régulation économique » . Affaires n°15
Une telle insoumission des juges du fond a suscité l’ire ‡(&+(95,(5LQ'DOOR]$FWXDOLWpMDQ

Page 20 - Avril 2011


DROIT DE L'INTERNET BÉNÉFICE DU RÉGIME
DE RESPONSABILITE DES HÉBERGEURS
La première chambre civile de la Cour de cassation vient de préciser les
FULWqUHVGHODTXDOLÀFDWLRQG·KpEHUJHXUDXVHQVGHODORLSRXUODFRQÀDQFH
dans l’économie numérique (LCEN) par deux arrêts Fuzz et Dailymotion du
17 février 2010.

L
·KpEHUJHXURIIUHOHVPR\HQVWHFKQLTXHVQpFHVVDLUHV
à la mise à disposition d’un contenu auprès du
public sur Internet. Il s’agit bien souvent d’une
SHUVRQQH PRUDOH TXL D SLJQRQ VXU UXH  LO SHXW GRQF
être tentant pour la victime d’assigner l’hébergeur du
FRQWHQX ORUVTXH O·pGLWHXU GH FH GHUQLHU QH SHXW SDV
rWUHLGHQWLÀp²SDUFHTX·LODGRQQpXQHIDXVVHLGHQWLWp
à l’hébergeur et a dissimulé sa véritable adresse IP. Si
l’hébergeur était responsable du contenu hébergé au
PrPHWLWUHTXHVRQpGLWHXUOHULVTXHVHUDLWDORUVJUDQG
de voir l’hébergeur se transformer en juge de fait enclin
à effacer préventivement tout contenu potentiellement
OLWLJLHX[ SRXU QH SDV ULVTXHU G·HQJDJHU VD SURSUH
responsabilité.

$ÀQGHQHSDVIDLUHGHVKpEHUJHXUVXQQRXYHDXGHJUp OD /&(1 GH  TXL D WUDQVSRVp HQ GURLW IUDQoDLV OD
de juridiction obligé de préjuger de la légalité de tout GLUHFWLYHHXURSpHQQHVXUOHFRPPHUFHpOHFWURQLTXHGX
contenu avant sa mise en ligne, et donc pour protéger MXLQ(VWDLQVLTXDOLÀpG·KpEHUJHXUWRXWSUHVWDWDLUH
la liberté d’expression et la liberté du commerce sur TXLPHWHQOLJQHGXFRQWHQXPDLVTXLQHMRXHSDV©XQ
Internet ; un régime de responsabilité dérogatoire au U{OHDFWLIGHFRQQDLVVDQFHRXGHFRQWU{OHGHVGRQQpHV
droit commun leur a été accordé par une loi du 1er août stockées ». L’on retrouve mot pour mot la formule
2000. En substance, ils ne sont responsables civilement employée par la Cour de justice de l’Union européenne
HWSpQDOHPHQWTXHVLVDLVLV©SDUXQHDXWRULWpMXGLFLDLUH dans son arrêt Google contre Louis Vuitton du 23 mars
[ils] n'ont pas agi promptement pour empêcher l'accès 2010. La Cour de cassation précise « fût-il créateur de
» au contenu illicite. VRQ VLWH ª FH TXL SHUPHW GH TXDOLÀHU G·KpEHUJHXU OHV
sites « web 2.0 » tels Dailymotion et Fuzz.
8QHGLIÀFXOWpHVWDSSDUXHTXDQWjODQRWLRQG·KpEHUJHXU
DYHFSRXUHQMHXOHEpQpÀFHGHFHUpJLPHWUqVIDYRUDEOH /DTXDOLWpG·KpEHUJHXUQHSHXWGRQFVHSHUGUHTXHVLOH
GH UHVSRQVDELOLWp 'LIÀFXOWp HQ SDUWLH WUDQFKpH SDU OD SUHVWDWDLUHFRQQDLWRXFRQWU{OHOHVGRQQpHVVWRFNpHV/D
première chambre civile dans un arrêt du 14 janvier &RXUSUpFLVHSDUFRQVpTXHQWTXHODFRPPHUFLDOLVDWLRQ
 OHVIDLWVGHO·HVSqFHGpSHQGDLHQWGHODORLGH  d’espaces publicitaires est sans incidence, c’est la
RODTXDOLÀFDWLRQG·KpEHUJHXUHVWUHIXVpHjODVRFLpWp principale évolution par rapport au droit positif antérieur
7LVFDOLDXPRWLITXHFHOOHFLSURSRVDLW©DX[DQQRQFHXUV à la transposition de la directive. Quant aux opérations
de mettre en place, directement sur ces pages, des GH UpHQFRGDJH HW GH IRUPDWDJH GHV ÀFKLHUV HQYR\pV
espaces publicitaires payants dont elle assurait la gestion SDU OHV XWLOLVDWHXUV HOOHV VRQW TXDOLÀpHV G·RSpUDWLRQV
ªHWTXHSDUFRQVpTXHQW©OHVVHUYLFHVIRXUQLVH[FpGDLHQW WHFKQLTXHVTXLSDUWLFLSHQWGH©O HVVHQFHªGXSUHVWDWDLUH
OHVVLPSOHVIRQFWLRQVWHFKQLTXHVGHVWRFNDJHª8QDUUrW G KpEHUJHPHQW,OHQYDGHPrPHSRXUOHVSURFpGpVTXL
TXL D pWp WUqV PDO DFFXHLOOL SDU OHV SURIHVVLRQQHOV GX YLVHQWjRUJDQLVHUOHVÀFKLHUVHQYR\pVSRXUIDFLOLWHUOHXU
secteur car, au-delà des hébergeurs gratuits tel Tiscali, FRQVXOWDWLRQ FODVVLÀFDWLRQSDUFDWpJRULHVDMRXWGHPRWV
il impactait plus globalement la situation de tous les sites FOpVHWF 
GLWVGX©ZHEªTXLSHUPHWWHQWjOHXUVYLVLWHXUVGH
V·H[SULPHUJUDWXLWHPHQWJUkFHjXQPRGqOHpFRQRPLTXH 9RLOj XQH VROXWLRQ TXL GHYUDLW FHWWH IRLV SOHLQHPHQW
reposant sur la publicité. Une telle solution pouvait satisfaire les professionnels du secteur.
potentiellement conduire à la faillite de ces sites car il
OHXU HVW pFRQRPLTXHPHQW LPSRVVLEOH GH FRQWU{OHU a Clément FRANÇOIS
prioriFKDTXHFRQWHQXPLVHQOLJQHSDUOHVLQWHUQDXWHVj
WLWUHG·LOOXVWUDWLRQWUHQWHFLQTKHXUHVGHYLGpRVRQWPLVHV POUR EN SAVOIR PLUS :
HQOLJQHFKDTXHPLQXWHVXUOHVLWH<RX7XEH
‡/RLQƒGXMXLQSRXUODFRQÀDQFHGDQV
O pFRQRPLHQXPpULTXH
&·HVWGDQVFHFRQWH[WHTXHOHVDUUrWV)X]]HW'DLO\PRWLRQ
‡5DSS6pQDWGH/%e7(,//(HW5<81*GXIpY
interviennent, et retiennent une solution diamétralement GDQVOHTXHOHVWSURSRVpXQHUpYLVLRQGHODGLUHFWLYHSRXU
opposée. Il ne s’agit pas pour autant d’un revirement introduire une troisième catégorie d'acteurs à mi-chemin
GDQV OD PHVXUH R OHV IDLWV GpSHQGDLHQW FHWWH IRLV GH entre l'hébergeur et l'éditeur

Avril 2011 - Page 21


ENGLISH LAW WRIT OF HABEAS CORPUS :
TRAGICALLY IGNORED AGAIN IN
NORTH AFRICA’S LATEST UPRISINGS
The recent revolutions in Tunisia, Egypt and more recently Libya (United
Nations members) have produced not only civilian casualties, but also
what the international community is calling unlawful detainment of anti-
government protestors.

I
n Egypt, many of the detainees are still being
KHOG LQFRPPXQLFDGR ZLWKRXW DFFHVV WR IDPLO\ RU
ODZ\HUV  ZLWK QR RIÀFLDO FKDUJHV RU UHDVRQDEOH
MXVWLÀFDWLRQ IRU WKRVH GHWDLQHG 6RPH IRUWXQDWH
detainees who were released said they were not so
fortunate while in detention because of physical and
psychological torture.

According to Human Rights Watch, the military led


Government in Egypt has acknowledged that they still
have protestors in prisons but have not made public
the list of names of those still missing. Human Rights
Watch said every detainee should be brought before
a judge immediately to exercise their human right to
obtain a writ of habeas corpus. Writ of Habeas corpus
LV D /DWLQ WHUP OLWHUDOO\ PHDQLQJ ZH FRPPDQG  ´\RX
are to have the body.” It is seen in legal documents
as habeas corpus ad subjiciendum. A writ of habeas
corpus is a summons with the power of the court order,
DGGUHVVHGWRWKHFXVWRGLDQ SULVRQRIÀFLDO GHPDQGLQJ
that a prisoner should be taken before the court, and
SXEOLVKHGLQ:KLOHKLVVRQ6DLIDO,VODP*DGKDÀ
that the custodian come forth with proof of authority,
has called once again for a constitution during the
permitting the court to determine if the custodian has
XSULVLQJV&RORQHO*DGKDÀVWLOOKDVKLVRZQPHWKRGVRI
legal authorization to detain the prisoner. If the showing
governing found in the Green Book. One excerpt is as
IRU WKH SURSHU UHVWUDLQW RI IUHHGRP LV LQVXIÀFLHQW WKH
follows: “The natural law of any society is grounded
court is bound by duty to order the termination of the
in either tradition (customs) or religion. Any other
restraint therefore giving liberty to the prisoner.
attempt to draft law outside these two sources
is invalid and illogical. Constitutions cannot be
$FFRUGLQJ WR %ODFNVWRQH /HJDO 'LFWLRQDU\ WKH ÀUVW
considered the law of society. These constitutions
UHFRUGHGXVDJHRIWKH´JUHDWZLWµZDVLQGXULQJ
are based solely on the premises of the instruments
WKHUHLJQRI.LQJ(GZDUG,RI(QJODQG%ODFNVWRQH´7KH
of dictatorial rule prevailing in the world today…”
King is at all times entitled to have an account, why the
$VWRQLVKLQJTXRWHIURPWKH&RORQHOFRQVLGHULQJWKDWKH
liberty of any of his subjects is restrained, wherever that
is a Dictator himself.
UHVWUDLQWPD\EHLQÁLFWHGµ7KHSURFHGXUHIRULVVXLQJD
ZULWRIKDEHDVFRUSXVZDVÀUVWFRGLÀHGE\WKH+DEHDV
The U.S. STATE Department claims his authoritarian
Corpus Act of 1679 in England, following judicial
regime has had a poor Human Rights record for years,
rulings which had restricted the effectiveness of the
currently getting worse! Political prisoners held with
writ. Despite this date, it clearly precedes the Magna
no charges or trial and no chance for a writ of habeas
Carta of 1215. According to law journalist Joseph Dale
corpus , arbitrary arrests and detention, prisoners held
5REHUWVRQ0DJQD&DUWDREOLTXHO\PDNHVUHIHUHQFHV
incommunicado. The judiciary is controlled by the state,
to Habeas Corpus through express reference to the law
and there is no right to a fair and public trial. Freedom
RIWKHODQG)URP0DJQD&DUWDWKHH[DFWTXRWHLV´QR
of speech, press, assembly, association, and religion
free man shall be taken or imprisoned or disseised or
are restricted. Independent human rights organizations
exiled or in any way destroyed except by the lawful
are prohibited. Ethnic and tribal minorities suffer severe
judgment of their peers or by the law of the land.”
discrimination according to the United Nations Human
The practice and right of Habeas Corpus was settled
Rights Watch. After all these occurrences, should
practice and law at the time of Magna Carta and was
anybody be startled at the current revolution in Libya ?
WKXVDIXQGDPHQWDOSDUWRIWKHXQZULWWHQFRPPRQ´ODZ
of the land”.
Robert W. Curley, Jr (New York)
Communications Consultant
,Q /LE\D WKH ´ODZ RI WKH ODQGµ FDQ EH IRXQG LQ
for Business Law/ Finance in English
0RDPPDU *DGKDÀ·V *5((1 %22. RQ JRYHUQPHQW rwz.curley.jr@gmail.com
Page 22 - Avril 2011
DROIT DE L'ENVIRONNEMENT LE NUCLÉAIRE ET LES PRINCIPES GÉNÉRAUX
DU DROIT DE L’ENVIRONNEMENT
Près de 25 ans après la catastrophe de Tchernobyl, l’accident nucléaire de
Fukushima relance la controverse quant aux dangers liés à ce type d’énergie
et nombreux sont ceux qui avancent des arguments juridiques pour demander
un moratoire. Retour sur les grands principes du droit de l’environnement
invoqués dans ce débat.
Le nucléaire civil avait connu un renouveau depuis sont également protégés à l’article 7 de la Charte de
TXHOTXHVDQQpHV/D&KLQHO·,QGH$ERX'KDELO·$UDELH O·HQYLURQQHPHQWGHTXLDpWpLQWpJUpHDXEORFGH
6DRXGLWH SRXU QH FLWHU TX·HX[ RQW UpFHPPHQW IDLW constitutionnalité français par la loi constitutionnelle
OH FKRL[ GH FHWWH pQHUJLH /·,WDOLH TXL \ DYDLW UHQRQFp du 1er mars 2005. L’accès à l’information en matière
SDUUpIpUHQGXPHQDDIÀUPpHQPDLTX·\ d’environnement est garanti au niveau européen par
revenir était inévitable. L’Allemagne envisageait de la directive du Conseil du 7 juin 1990 et sur le plan
prolonger de 12 ans en moyenne la vie de certains de international par la convention d’Aarhus du 25 juin
VHV UpDFWHXUV HQ GpSLW GH OD ORL SDVVpH HQ  TXL 1998.
SUpYR\DLW OHXU IHUPHWXUH SURJUHVVLYH  $ SUpVHQW O·,WDOLH
hésite et l’Allemagne a décidé d’un moratoire sur les Le principe de précaution
prolongations.
Le principe de précaution est également énoncé à
En France, pays comptant 58 réacteurs nucléaires l’article L.110-1 du Code de l’environnement. Il s’agit du
SURGXLVDQWSUqVGHGHO·pOHFWULFLWpFRQVRPPpHFHWWH SULQFLSH©VHORQOHTXHOO DEVHQFHGHFHUWLWXGHVFRPSWH
énergie jouit d’un statut particulier. Des années 1960, WHQX GHV FRQQDLVVDQFHV VFLHQWLÀTXHV HW WHFKQLTXHV GX
RO·DYHQWXUHGXQXFOpDLUHFLYLODGpEXWpVRXVO·LPSXOVLRQ moment, ne doit pas retarder l'adoption de mesures
du général De Gaulle, à 2006, la création de telles HIIHFWLYHVHWSURSRUWLRQQpHVYLVDQWjSUpYHQLUXQULVTXH
installations était en effet régie par un simple décret. de dommages graves et irréversibles à l'environnement
Cependant, des principes tels la participation du public, j XQ FR€W pFRQRPLTXHPHQW DFFHSWDEOH ª &H SULQFLSH
l’information, la précaution ou encore la prévention est aussi consacré à l’article 5 de la Charte. Au niveau
VRQWGpVRUPDLVJDUDQWLVHWV·DSSOLTXHQWDXGRPDLQHGX FRPPXQDXWDLUHLOHVWDIÀUPpjO·DUWLFOHGX7UDLWpVXU
nucléaire. OH)RQFWLRQQHPHQWGHO·8QLRQ(XURSpHQQHWDQGLVTX·DX
niveau international, il est prévu dans de nombreuses
conventions et au principe 15 de la Déclaration de Rio.

Le principe de prévention
/H SULQFLSH GH SUpYHQWLRQ HQÀQ LPSOLTXH OD PLVH HQ
œuvre de règles et d’actions pour anticiper toute atteinte
j O·HQYLURQQHPHQW ,O UHTXLHUW GHV PpFDQLVPHV WHOV
l’étude d’impact, l’autorisation préalable, la correction
à la source ou les éco-audits. Comme le principe de
précaution, il est énoncé à l’article 191 du TFUE ainsi
TX·j O·DUWLFOH / GX &RGH GH O·HQYLURQQHPHQW ,O
n’est pas nommément cité dans la Charte mais l’article 3
Les principes de participation et y fait indirectement référence.
d’information
La tendance est donc au renforcement de cet arsenal
/·DUWLFOH / GX &RGH GH O·HQYLURQQHPHQW DIÀUPH MXULGLTXHHWLOHVWIRUWSUREDEOHGHYRLUGDQVOHVDQQpHVj
TXH  © FKDFXQ D DFFqV DX[ LQIRUPDWLRQV UHODWLYHV j venir de nombreux contentieux liés à l’application de ces
l'environnement, y compris celles relatives aux substances différents principes.
et activités dangereuses, et le public est associé au
processus d'élaboration des projets ayant une incidence Charles HUARD
importante sur l'environnement ou l'aménagement du
territoire ». La Déclaration de Rio sur l’environnement
HWOHGpYHORSSHPHQWGHTXLDLQVSLUpODUpGDFWLRQ POUR EN SAVOIR PLUS :
GH FHWWH GpÀQLWLRQ pQRQFH HQ VRQ SULQFLSH  TXH OD
PHLOOHXUHIDoRQGHWUDLWHUOHVTXHVWLRQVG·HQYLURQQHPHQW ‡/RLQƒMXLQUHODWLYHjODWUDQVSDUHQFH
est de favoriser la participation de tous les citoyens, ce et à la sécurité en matière nucléaire, dite « TSN »
TXLQpFHVVLWHXQHLQIRUPDWLRQSUpDODEOH/HSULQFLSHGH
‡ 5HYXH HQYLURQQHPHQW HW GpYHORSSHPHQW GXUDEOH 
SDUWLFLSDWLRQTXLYDGHSDLUDYHFFHOXLG·LQIRUPDWLRQD
LexisNexis, Mars 2011 n°3, article de Marie-Béatrice
été renforcé par la loi dite « Grenelle 2 ». Ces principes LAHORGUE
Avril 2011 - Page 23
DROIT PÉNAL LA GROGNE DES MAGISTRATS
A la suite des réactions de l'exécutif dans l'affaire de Pornic, un vent de révolte
s'est propagé dans le corps judiciaire générant de nombreuses mesures de
SURWHVWDWLRQ 0DQTXH FKURQLTXH GH PR\HQV VHQWLPHQW GH GpÀDQFH YLVj
vis d'elle, la justice a été malmenée et a communiqué sur le malaise qui la
traverse. Quelques lignes de force de ce mouvement peuvent être présentées.

Un populisme pénal actuelles ayant été déclarées inconstitutionnelles à la


suite de QPC. D'autres données, comme la faiblesse du
Les victimes sont de plus en plus appelées par leur prénom EXGJHWDOORXpjO DLGHMXULGLFWLRQQHOOHLQTXLqWHQWMXVTX j
DIIDLUH /DHWLWLD  HW OD VSKqUH SROLWLTXH WHQG j XWLOLVHU OHV l'avocature.
faits divers pour exploiter l'effroi de la population. Le
ODQJDJHSROLWLTXHYLVHjUHFKHUFKHULPPpGLDWHPHQWGHV© $LQVLFHWWHUpYROWHQ HVWGRQFSDVOHIDLWGHSHUVRQQHV
FRXSDEOHVªOjROHVMXJHVSUHQQHQWOHWHPSVGHO DQDO\VH omnipotentes et imbues d'elles-mêmes ne supportant
Cette impression donnée au peuple d'une magistrature SDVODFRQWUDGLFWLRQPDLVELHQXQHYLYHUpDFWLRQjFHTXL
insensible au deuil et à la douleur des victimes blesse les pourrait dégénérer en une atteinte grave aux libertés
juges dont le métier est de juger, non de venger. fondamentales.

Le principe de la présomption d'innocence DUW


SUpOLPLQDLUH GX &RGH GH SURFpGXUH SpQDOH  HVVHQWLHO
SRXUOHGURLWjXQSURFqVpTXLWDEOHDpWppFRUFKpDYHF
l'affaire Pornic. Pourtant, ce principe est indispensable
pour le respect du contradictoire et constitue un gage de
sérénité de la justice. Il est la condition de la production
GHGpFLVLRQVYUDLPHQWMXULGLTXHVF HVWjGLUHREMHFWLYHVHW
GpSDVVLRQQpHV 2U LFL OHV UpDFWLRQV SROLWLTXHV VHPEOHQW
RPHWWUHTX XQHFXOSDELOLWpQHSHXWrWUHpWDEOLHTX DXWHUPH
G XQH GpFLVLRQ GpÀQLWLYH TXL LPSOLTXH QpFHVVDLUHPHQW
l'écoulement d'un certain délai.

Toujours sur le plan des libertés fondamentales, les


GpFODUDWLRQV GX 3UpVLGHQW GH OD 5pSXEOLTXH RQW FKRTXp
FDUFHOXLFLHQWDQWTXH©JDUDQWGHl'indépendance
de l'autorité judicaire ª DUWGHOD&RQVWLWXWLRQ 
doit veiller à l'indépendance des magistrats et non à leur
subordination à l'exécutif. Cette volonté de sanctionner
GHV PDJLVWUDWV  SUHVTXH SHUVRQQHOOHPHQW YD GRQF
Une incohérence politique totalement à l'encontre de cette norme constitutionnelle
SXLVTX HOOHLPSOLTXHTXHOHWURLVLqPHSRXYRLUVHUDLWVRXPLV
8Q PDQTXH ÁDJUDQW GH FRKpUHQFH GDQV OHV DQQRQFHV DXSRXYRLUKLpUDUFKLTXHGHO H[pFXWLI LOHQHVWGpMjDLQVL
SROLWLTXHV HVW HQ RXWUH VRXOLJQp SDU OHV PDJLVWUDWV GHVPHPEUHVGX3DUTXHWGRQWOHFDUDFWqUHGHPDJLVWUDW
$LQVL G XQ F{Wp RQ DIÀUPH YRXORLU À[HU GHV SHLQHV HVWGpQLpSDUOD&('+ 
SODQFKHUV KDUG FULPLQDO SROLF\  HW GH O DXWUH RQ WHQG
vers un aménagement obligatoire des peines de moins Ce mouvement d'affaiblissement du pouvoir judiciaire
GHGHX[DQV VRIWFULPLQDOSROLF\ 3RXU$QWRLQH*DUDSRQ ULVTXHIRUWGHVHSRXUVXLYUHDXYXGXV\PEROLTXHSURMHWGH
magistrat, il n'est pas possible de se proclamer champion « jurys populaires » dans les tribunaux correctionnels.
du « tout sécuritaire », avec les visées électorales / LGpHVHORQODTXHOOHOHSHXSOHGHYUDLWVXUYHLOOHUGHVMXJHV
afférentes, et d'établir parallèlement une justice low cost, laxistes est à peine voilée. Ce coûteux projet s'inscrirait
ODTXHOOH IDXWH GH PR\HQV VH GRLW GH OLPLWHU OHV SHLQHV dans une philosophie inédite et curieuse de contre-
privatives de liberté. pouvoir au pouvoir judiciaire. Cette annonce semble
RXEOLHU TX HQ WDQW TXH SURWHFWHXU FRQVFLHQFLHX[ GHV
Un avenir inquiétant droits fondamentaux, le pouvoir judiciaire n'est pas une
menace...mais bien le plus puissant des contre-pouvoirs.
En dépit de la réserve judiciaire destinée à soutenir les
MXULGLFWLRQV DUW  /RL Qƒ  GpF  Aurélien ROCHER
GH ÀQDQFHV SRXU   OHV SHUVSHFWLYHV FRQWULEXHQW
j DFFURvWUH OHV DSSUpKHQVLRQV GHV MXJHV (Q HIIHW GH
nouvelles attributions chronophages sont annoncées. Il en POUR EN SAVOIR PLUS :
YDDLQVLGHVSRXYRLUVTXLYRQWUHYHQLUDXPDJLVWUDWGDQV
le cadre de la réforme de la garde à vue et dans celui ‡http://www.union-syndicale-magistrats.org
GXFRQWU{OHGHVKRVSLWDOLVDWLRQVG RIÀFHOHVSURFpGXUHV ‡0DODLVHGDQVODPDJLVWUDWXUH-&3*DFW

Page 24 - Avril 2011


AGENDA CONFÉRENCES
Le Petit Juriste a le plaisir de vous inviter à une Conférence-débat, intitulée :

Révolutions dans le monde arabe :


Vers un Etat de droit ?
Jeudi 28 avril, de 16h30 à 19h,
A l’université Paris II Panthéon - Assas (Amphithéâtre 1)
Invité d’honneur :
Le Prince Hicham ben Abdallah Al Alaoui,
Cousin du roi du Maroc Mohamed VI, Chercheur invité à l'université de Stanford.

Intervenants (sous réserve de modifications) :


.DULP$PHOODO$XWHXUHQVHLJQDQWj6FLHQFHV3RGLUHFWHXUJpQpUDOGHODFKDvQHGHWpOpYLVLRQ6WDQG$ORQH0HGLD
$OH[DQGUH.DWHE(FRQRPLVWHPDvWUHGHFRQIpUHQFHVj6FLHQFHV3RGLUHFWHXUGXFDELQHW&RPSpWHQFH)LQDQFH
- Gilles Guglielmi, Professeur de droit public à l’université Paris II Panthéon - Assas,
- Olivier Beaud, Professeur de droit public à l’université Paris II Panthéon - Assas,
- Vincent Geisser, Sociologue et politologue français, chargé de recherches au CNRS et à l’IREMAM.

Inscription obligatoire : Envoyez un mail à : loubna@lepetitjuriste.fr

L’Association du Master 2 Droit Public L’association Le Petit Juriste, avec le


Approfondi de Paris 2 vous invite au soutien de l’Université Lille II, vous invite
colloque, auquel participera notamment à sa journée d’études sur le thème :
le Professeur Prélot qui portera sur le
thème :
L’Etat, le droit, l’économie :
Droit public et fait religieux un Etat tourmenté ?

le vendredi 8 avril 2011 de 9h à 17h, Le Mardi 12 Avril 2011 à partir de 9h,


Au Panthéon, 12 place du Panthéon, Amphithéâtre René CASSIN,
Université Lille II
Paris Ve - Salle des Conseils.

6LYRXVVRXKDLWH]DVVLVWHUDXFROORTXHYHXLOOH]HQYR\HU
un e-mail à la Présidente de l'Association à l’adresse
suivante : lenaic.andre@gmail.com

Nous vous attendons nombreux !

Avril 2011 - Page 25


CONSEILS DE L'AVOCAT CONSEILS DE L'AVOCAT
Le Petit Juriste vous propose ce mois-ci les témoignages de deux
jeunes avocats collaborateurs. Les différences entre cabinet français et
international, les dossiers et clients spécifiques à chacun... Tout ce qu'il
faut savoir lorsque l'on s'engage dans la profession d'avocat.

Le Petit Juriste : Quelle est votre formation ? 3DULVGDQVOHS{OH&RQWHQWLHX[GHVDIIDLUHVSRXUPRQ


VWDJHGHÀQG·pWXGHVGDQVOHFDGUHGHODIRUPDWLRQj
0DWKLHX 'HOOD 9LWWRULD 0'9  : J’ai suivi un cursus l’Ecole du Barreau de Paris. Ce stage a été l’occasion
MXULGLTXHDVVH]FODVVLTXHWRXWG·DERUGjO·XQLYHUVLWpGH de mettre un pied dans la profession : j’ai pu rédiger
0HW]MXVTX·DXPDVWHUSXLVjO·8QLYHUVLWpGH1DQF\ GHVpFULWXUHV DVVLJQDWLRQVHWFRQFOXVLRQV HWGpFRXYULU
,,SRXUOHPDVWHURM·DLLQWpJUpOH'-&( GLSO{PH l’activité plaidante.
GHMXULVWHFRQVHLOHQHQWUHSULVH -HVXLVHQVXLWHHQWUp
HQjO·pFROHGHIRUPDWLRQGXEDUUHDX ()% GH LPJ : Pourquoi avez-vous choisi ce cabinet
Paris. ? (pourquoi un cabinet international et pas
franco-français)
$XGH0DQWHUROOD $0 : J’ai une formation universitaire
HQ GURLW SULYp TXH M·DL WHUPLQpH SDU OH '($ GH GURLW MDV : Sullivan & Cromwell LLP est un cabinet d’avocats
3ULYp JpQpUDO GH O·8QLYHUVLWp 3DQWKpRQ  $VVDV 3DULV américain de plus de 750 avocats. Le bureau de Paris
,, -·DLHQVXLWHREWHQXO·H[DPHQGX%DUUHDXGH3DULV comprend une trentaine d’avocats spécialisés en droit
GHV DIIDLUHV -·DL FKRLVL FH FDELQHW SDUFH TX·LO PH
LPJ : Quelles ont été vos expériences avant permettait de travailler sur des dossiers de très grande
votre première collaboration ? HQYHUJXUHHWG·DFTXpULUWUqVUDSLGHPHQWXQHH[SpULHQFH
importante. Ce cabinet présente également l’avantage
MDV : J’ai commencé par travailler pendant deux de ne pas « départementaliser » ses activités, ses
ans, en parallèle de mes études de droit, comme clerc- avocats intervenant dans différents secteurs du
UpGDFWHXU GDQV XQH pWXGH QRWDULDOH R MH PH VXLV GURLW GHV DIIDLUHV FH TXL SHUPHW GH FRQVHUYHU XQH
IRUPpjODUpGDFWLRQG·DFWHVHWjODSUDWLTXHQRWDULDOH SUDWLTXHYDULpH,QWpJUHUXQFDELQHWDPpULFDLQVLJQLÀH
Par la suite, j’ai effectué plusieurs stages au sein du nécessairement être amené à travailler beaucoup et
cabinet d’avocats de Me Bertrand Becker, bâtonnier SDVVHUGH WUqV QRPEUHXVHVKHXUHVDXFDELQHWPDLV
DXEDUUHDXGH0HW]RM·DLGpFRXYHUWO·DFWLYLWpG·XQ FHODSHUPHWpJDOHPHQWGHEpQpÀFLHUG·XQHH[FHOOHQWH
cabinet d’affaires de province. Dans le cadre de formation et de conditions de travail privilégiées,
ma formation DJCE, j’ai eu l’opportunité d’intégrer notamment en terme de rémunération.
le cabinet d’avocats d’affaires américain Sullivan
& Cromwell LLP pour y effectuer un stage de trois AM : (VVHQWLHOOHPHQW SDUFH TXH MH VRXKDLWDLV DYRLU
PRLV$SUqVXQSDVVDJHSDUODGLUHFWLRQMXULGLTXHGX une activité plaidante dès les premières années de
groupe d’assurances Axa, je suis revenu chez Sullivan collaboration. J’avais aussi envie de pouvoir traiter
&URPZHOOSRXU\IDLUHPRQVWDJHHQDOWHUQDQFH  XQGRVVLHUGH$j= GXUHQGH]YRXVFOLHQWDX[YRLHV
PRLV HWPRQVWDJHÀQDO()% PRLV SXLVHQGHYHQLU G·H[pFXWLRQ  -H Q·HQWHQGDLV SDV HQ HIIHW PH OLPLWHU
collaborateur en novembre 2009. j IDLUH GHV UHFKHUFKHV HW GHV QRWHV MXULGLTXHV VXU XQ
GRVVLHURXHQFRUHQHWUDLWHUTX·XQHSDUWLHG·XQGRVVLHU
AM : J’ai commencé par effectuer un stage en contentieux. Par ailleurs, j’étais à la recherche d’une
juridiction, et plus précisément à la Chambre de DFWLYLWp FRQWHQWLHXVH GLYHUVLÀpH HW MH YRXODLV GRQF XQ
O·LQVWUXFWLRQ GH OD &RXU G·DSSHO GH 7RXORXVH FH TXL FDELQHW TXL VH GpYHORSSDLW GDQV XQ ODUJH GRPDLQH
m’a permis de découvrir le fonctionnement d’une d’activités. En outre, j’avais envie d’un cabinet « à
juridiction mais aussi les moyens dont disposaient les WDLOOHKXPDLQHªTXLIDFLOLWHXQHUHODWLRQGLUHFWHDYHF
magistrats. Puis j’ai effectué divers stages dans des OHV DVVRFLpV SRXU OHVTXHOV O·DYRFDW FROODERUDWHXU
FDELQHWVG·DYRFDWVGHWDLOOHPR\HQQHj3DULVTXLpWDLHQW WUDYDLOOH(QÀQFHW\SHGHVWUXFWXUHODLVVHOHVPR\HQV
des stages de découvertes, permettant d’appréhender de développer sa clientèle personnelle et donc son
le fonctionnement des cabinets d’avocats. J’ai ensuite épanouissement personnel dans la profession.
UpDOLVp XQ VWDJH GH VL[ PRLV j OD GLUHFWLRQ MXULGLTXH
du Groupe Figaro, avec une activité importante en LPJ : Sur quels types de dossiers travaillez-
conseil, et accessoirement une activité précontentieuse. vous ?
Ce stage a surtout été l’occasion de découvrir le
monde de l’entreprise et plus particulièrement le MDV/HFDELQHWLQFLWHVHVFROODERUDWHXUVjGLYHUVLÀHU
WUDLWHPHQW GX MXULGLTXHMXGLFLDLUH -·DL HQÀQ LQWpJUp OHXUDFWLYLWpFHTXLPHSHUPHWGHSUDWLTXHUjODIRLV
pendant six mois le cabinet d’avocats Veil Jourde à une activité de conseil et une activité contentieuse.

Page 26 - Avril 2011


FRQQDLVVDQFHV HQ GURLW EDQFDLUH OH IRQFWLRQQHPHQW
GHVFRPSWHVEDQFDLUHVRXHQFRUHOHVUqJOHVVSpFLÀTXHV
GX &RGH GH OD FRQVRPPDWLRQ  (Q RXWUH LO P·DUULYH
aussi de traiter pour le Cabinet des dossiers en droit
GHV VXFFHVVLRQV TXL ODLVVHQW XQH SDUW LPSRUWDQWH
à l’interprétation des actes et des faits et donc à
O·LPDJLQDWLRQGHO·DYRFDW(QÀQXQHSDUWLPSRUWDQWH
GHVGRVVLHUVWUDLWpV WDQWHQPDWLqUHLPPRELOLqUHTX·HQ
PDWLqUHEDQFDLUH IRQWDSSHODXGURLWGHVSURFpGXUHV
collectives.

LPJ : Pour quels types de clients ?

MDV : Nous sommes régulièrement amenés à


conseiller des sociétés du CAC 40 dans le cadre
GH OHXUV RSpUDWLRQV ÀQDQFLqUHV RX G·DFTXLVLWLRQV
QRWDPPHQWSDU23$ (YLGHPPHQWQRXVLQWHUYHQRQV
également pour de nombreuses sociétés étrangères
cotées en bourse, notamment américaines.
L’activité de conseil porte sur des opérations de AM : Les clients du cabinet sont essentiellement des
IXVLRQVDFTXLVLWLRQVSULQFLSDOHPHQWSRXUGHVVRFLpWpV PME et des établissements bancaires.
cotées, mais également sur des opérations de marchés
GH FDSLWDX[ WHOOHV TXH GHV LQWURGXFWLRQV HQ ERXUVH LPJ : Quelles sont vos impressions depuis le
RX GHV pPLVVLRQV GH WLWUHV ÀQDQFLHUV VXU OHV PDUFKpV début de votre collaboration ?
ÀQDQFLHUVLQWHUQDWLRQDX[
MDV : Il est pour moi essentiel de développer, dès ses
(Q WHUPH GH SUDWLTXH FRQWHQWLHXVH OHV GRVVLHUV VXU SUHPLqUHVDQQpHVXQHSUDWLTXHYDULpHHWGHQHVXUWRXW
OHVTXHOV M·DL HX O·RFFDVLRQ G·LQWHUYHQLU FRQFHUQHQW SDVV·HQIHUPHUWURSW{WGDQVXQVHFWHXUG·DFWLYLWpWUqV
essentiellement des contentieux entre actionnaires spécialisé. C’est une garantie d’indépendance et une
mais également des dossiers relevant du droit des source de développement personnel très importante.
procédures collectives, notamment dans le cadre -HGLUDLVSRXUÀQLUTXHOHPpWLHUG·DYRFDWDSSRUWHGH
d’actions en responsabilité dirigées contre les dirigeants grandes joies, c’est indéniable. Il apporte également
ou actionnaires de sociétés en faillite. J’ai également EHDXFRXSGHPRPHQWVGHGRXWHHWG·LQFHUWLWXGHVTX·LO
eu la chance, mais de tels dossiers sont plus rares, de faut apprendre à gérer avec les années.
participer à la défense d’une société cotée dans le
cadre d’une procédure diligentée par la Commission AM : Du fait de la diversité des dossiers traités,
des sanctions de l’Autorité des Marchés Financiers j’apprends tous les jours et je n’ai donc pas de
$0)  3UDWLTXHU FHV GHX[ DFWLYLWpV HVW HVVHQWLHO j sentiment de lassitude ou de routine. Par ailleurs,
mes yeux car elles sont tout à fait complémentaires. l’activité plaidante permet d’avoir une approche
La perception judiciaire aide à rédiger au mieux un différente des dossiers ; on apprend en effet en
contrat et la connaissance des opérations de marché SODLGDQWTXHO·RQSHXWSHUGUHXQGRVVLHUMXULGLTXHPHQW
HW GHV GRVVLHUV GH IXVLRQ  DFTXLVLWLRQV HVW XQ DWRXW ELHQ IRQGp HW LQYHUVHPHQW TXH O·RQ SHXW JDJQHU XQ
considérable dans les dossiers de contentieux. dossier mal engagé. Quant à son développement
SHUVRQQHO DX VHLQ GH OD SURIHVVLRQ  LO HVW GLIÀFLOH j
AM : Je travaille essentiellement sur des dossiers mon sens, de développer une clientèle personnelle
contentieux, en droit immobilier et droit bancaire. Les dès les premières années de collaboration. En effet
dossiers en droit immobilier sont généralement des OHV GRVVLHUV SHUVRQQHOV VRQW SOXW{W UDUHV HW GH IDLW
dossiers contentieux volumineux du fait de nombreuses la priorité est donnée au traitement des dossiers du
parties à la procédure. Le Cabinet traite notamment &DELQHW &HSHQGDQW LO IDXW JDUGHU j O·HVSULW TXH OD
des contentieux nés des produits immobiliers dits SURIHVVLRQ HVW XQH SURIHVVLRQ GH UpVHDX HW TX·LO IDXW
GH GpÀVFDOLVDWLRQ TXL QH WLHQQHQW SDV WRXMRXUV OHXUV GRQFWRXMRXUVrWUHRXYHUWYHUVO·H[WpULHXUDÀQGHVDLVLU
SURPHVVHVFHTXLJpQqUHQWXQFRQWHQWLHX[GHPDVVH les opportunités.
Ce type de contentieux fait appel principalement
DX[ UqJOHV GX GURLW GHV REOLJDWLRQV UHVSRQVDELOLWp
GpOLFWXHOOH HW FRQWUDFWXHOOH  PDLV H[LJH DXVVL XQH Mathieu Della Vittoria, avocat Sullivan & Cromwell LLP
spécialisation dans le droit des baux commerciaux et Aude Manterola, aocat chez Idrac & Associés
OHV UqJOHV UHODWLYHV j OD FRSURSULpWp DLQVL TX·XQH YXH
JpQpUDOHVXUOHVPpFDQLVPHVÀVFDX[DSSOLFDEOHVDX[ Interview réalisée en partenariat avec l'AD&A
SURGXLWVÀQDQFLHUV $VVRFLDWLRQ'URLW $IIDLUHV

Quant aux dossiers de droit bancaire, ils sont


HVVHQWLHOOHPHQWGHVGRVVLHUVWHFKQLTXHVTXLIRQWDSSHO
WDQWjGHVFRQQDLVVDQFHVHQGURLWFLYLO SULQFLSDOHPHQW
OHGURLWGHVREOLJDWLRQVHWOHGURLWGHVV€UHWpV TX·jGHV
Avril 2011 - Page 27
Retrouvez dans cette rubrique l’essentiel de l’actualité
EN BREF juridique pas toujours médiatisée, mais bien résumée !
DROIT SOCIAL DROIT DE L'INTERNET GpFUHW DGRSWp GLVSRVH TX· © en
cas d'absentéisme scolaire, au
Rupture du CDD à Un regard sur toutes moins quatre demi-journées
sur un mois, le directeur
l’initiative du salarié vos données laissées de l'organisme débiteur de
sur internet prestations familiales est tenu
Dans un arrêt rendu le 9 février de suspendre, sur demande
2011, la Cour de cassation Dans le cadre de la Loi pour de l'inspecteur d'académie,
UDSSHOOHTXHOHVDODULpQHSHXWSDV OD &RQÀDQFH GDQV O (FRQRPLH le versement de la part des
rompre le CDD avant l’échéance 1XPpULTXH /&(1  XQ GpFUHW D allocations familiales due au
de son terme en dehors des cas été publié le 1er mars au Journal titre de l'enfant. »
prévus par le Code du travail, à 2IÀFLHO 6HORQ XQ FRPPXQLTXp FRPPXQ
savoir : la force majeure, la faute Depuis cette date, les fournisseurs du Ministre de l’éducation
grave, l’accord des parties ou d'accès internet et hébergeurs ont nationale et de la Ministre des
HQFRUHVLOHVDODULpSHXWMXVWLÀHUGH l'obligation de conserver pendant solidarités, la suspension des
la conclusion d’un contrat de travail une période d'un an toutes les allocations familiales constitue «
à durée indéterminée. Dans le cas données à caractère personnel l'ultime recours » dans le dispositif
ROHVDODULpURPSWVDQVVHSODFHU DÀQ GH SRXYRLU OHV WUDQVPHWWUH de lutte contre l'absentéisme
sur l’un de ces motifs, l’employeur DX[ DXWRULWpV UHTXLVHV GDQV OH scolaire. On estime à 300 000
a la possibilité de demander le FDGUH G HQTXrWHV GH SROLFH le nombre d’élèves régulièrement
versement de dommages - intérêts gendarmerie, ou même dans les absentéistes.
correspondants au préjudice subi. cas de répression des fraudes
HQJDJpHVSDUOHÀVFOHVGRXDQHV
ou l'URSSAF. DROIT DE LA CONSTRUCTION
DROIT PUBLIC
$LQVL WRXV OHV pOpPHQWV ÀJXUDQW
sur internet et postés par une
Création d’un portail personne seront conservés. Cela
concernera tant les pseudonymes Garantie décennale
internet unique de HW LGHQWLÀDQWV XWLOLVpV FRPSWHV en cas de pluralité
réutilisation des associés, mots de passe, adresse de réception
données publiques IP, mais aussi les noms et prénoms
de l'internaute, adresses postales
La garantie décennale court à
Le décret n° 2011-194 du 21 février LQGLTXpHVQXPpURVGHWpOpSKRQH
partir de la réception des travaux.
2011, publié au JO le 22 février nature des commandes passées
&HSHQGDQW ORUVTX·XQ LPPHXEOH
2011, crée la mission «Etalab», sur le net, informations bancaires,
subit différentes réparations
pour la mise en place d’un portail date et heure des actions réalisées.
intervenant à des moments
XQLTXH LQWHUPLQLVWpULHO GDWDJRXY Cette obligation de conservation
distincts, cet immeuble se verra-
IU  UDVVHPEODQW O·HQVHPEOH GHV HW GH WUDQVPLVVLRQ YD MXVTX j
WLO DSSOLTXHU XQH SOXUDOLWp GH
GRQQpHVSXEOLTXHVGHO·(WDWGHVHV V DSSOLTXHU DX[ FRPPHQWDLUHV
garanties décennales débutant à
établissements publics administratifs, laissés sur des réseaux sociaux,
des moments différents ?
voire des collectivités territoriales et aux vidéos ou photos mises
Selon l’arrêt rendu par la Cour de
des personnes de droit public ou en ligne sur les blogs, forums,
FDVVDWLRQOHPDUV SRXUYRL
privé chargées d’une mission de hébergeurs.. Et ce, même après
Qƒ  GDQV OHV FDV R
service public si elles le souhaitent, la suppression du compte.
plusieurs réceptions distinctes les
en vue de leur réutilisation. La mise unes des autres interviennent, il
en place de ce portail constituait faudra les prendre en compte. La
l’une des mesures importantes des DROIT DE LA FAMILLE prise en compte de la dernière
150 initiatives d’amélioration et de réception afférant à des travaux
VLPSOLÀFDWLRQ GHV VHUYLFHV SXEOLFV de reprise globale des anciens ne
HQ OLJQH DX SURÀW GHV XVDJHUV /HV Rémunération due a peut être seule prise en compte
LQIRUPDWLRQV SXEOLTXHV UpXQLHV
par le portail pourront être, entre
l’architecte au titre en omettant les deux autres
réceptions.
DXWUHVjFDUDFWqUHGpPRJUDSKLTXH de son contrat $LQVL ORUVTXH GLIIpUHQWHV
pFRQRPLTXH VWDWLVWLTXH RX réceptions ont eu lieu sur une même
JpRJUDSKLTXH/HSRUWDLOPRELOLVHUD Le décret portant application de la
partie d’immeuble, la dernière
également certaines informations ORL DGRSWpHOHVHSWHPEUH 
intervenant sur la globalité ne
EUXWHV DÀQ GH SURSRVHU GDQV visant à suspendre les allocations
pourra représenter une réception
un souci de transparence et familiales aux parents dont les
générale et commune aux autres
de modernisation de l’Etat, de enfants font preuve d’absentéisme
ouvrages, même repris.
nouveaux services publics en ligne scolaire a été publié au Journal
aux citoyens. 2IÀFLHO OH  MDQYLHU GHUQLHU /H
Page 28 - Avril 2011
Le Petit Juriste vous présente
son réseau de distribution
L’UNEDESEP, la fédération
des associations étudiantes en sciences sociales
Créée en 1961 sous entendue par les instances décisionnelles, comme en
l’impulsion d’associations attestent nos travaux récents sur les stages hors cursus
étudiantes corporatives et sur les Ecoles Professionnelles de Droit.
DSROLWLTXHV DV\QGLFDOHV HW Outre le volet représentation, l’UNEDESEP œuvre au
aconfesssionnelles, l’UNEDESEP TXRWLGLHQ SRXU DLGHU OHV DVVRFLDWLRQV pWXGLDQWHV j VH
- Union Nationale des Etudiants développer dans les meilleures conditions. A ce titre,
en Droit, Gestion, AES, Sciences plusieurs fois part an, l’UNEDESEP organise des week-
(FRQRPLTXHV 3ROLWLTXHV HW end de formation et de débats pour les responsables
Sociales -, a pour but d’aider et de représenter les DVVRFLDWLIV HW OHV pOXV pWXGLDQWV TXL VRQW O·RFFDVLRQ
pWXGLDQWVGHVHVÀOLqUHVGHYDQWOHVLQVWLWXWLRQV PLQLVWqUH d’échanges et de mutualisation des moyens nécessaires
de la justice, ministère de l’enseignement supérieur, au développement d’une association étudiante. Ainsi,
Conseil National des Oeuvres Universitaires et Scolaires tous les ans, l’UNEDESEP édite des guides des métiers
&1286  &RQVHLO 1DWLRQDO GH O·(QVHLJQHPHQW du droit, distribués à 70 000 exemplaires aux étudiants
6XSpULHXUHWGHOD5HFKHUFKH &1(6(5 «  via son réseau d’associations.

Fédérant une trentaine d’associations étudiantes Le Petit Juriste, créé par des étudiants de Paris II et
ORFDOHVO·81('(6(3HVWO·XQLTXHDVVRFLDWLRQpWXGLDQWH distribué à l’échelle nationale depuis peu via le réseau
QDWLRQDOH  TXL UHSUpVHQWH OHV TXHOTXH   d’associations de l’UNEDESEP, est l’exemple parfait des
étudiants en sciences sociales. Grâce à une centaine pFKDQJHVTXLSHXYHQWH[LVWHUHQWUHQRVDVVRFLDWLRQVTXL
d’élus étudiants locaux implantés dans une trentaine V·HQWUDLGHQWSRXUDPpOLRUHUFKDTXHMRXUXQSHXSOXVOH
G·XQLYHUVLWpV ² SDUPL OHVTXHOOHV 3DULV ,, %RUGHDX[ ,9 TXRWLGLHQGHVpWXGLDQWVHQGURLW
/\RQ'LMRQ/LOOH/\RQ0RQWSHOOLHU,²HWG·pOXV
nationaux au CNESER et au CNOUS, l’UNEDESEP a Alexis DEBORDE
toujours su être une force de proposition reconnue et Président de l'UNEDESEP

Avril 2011 - Page 29


DIVERTISSEMENTS APRÈS LE DROIT,
UN PEU DE TRAVERS !
Citation du mois
« La démocratie, ce n'est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité. ».
Albert Camus

Le film juridique du mois : « The Social Network »


Acteurs -HVVH(LVHQEHUJ-XVWLQ7LPEHUODNH$QGUHZ*DUÀHOG«

Réalisateur : David Fincher

Synopsis : C’est à la suite d’une soirée arrosée et d’une déception sentimentale


TXH0DUF=XFNHQEHUJpWXGLDQWGpFLGHGHFUpHUXQVLWHSHUPHWWDQWG·pOLUHOD
ÀOOH OD SOXV VH[\ GX FDPSXV 3RXU VH IDLUH LO VH ODQFH GDQV OH SLUDWDJH GX
UpVHDXLQIRUPDWLTXHG +DUYDUG/DGLIIXVLRQSUHQGXQHDPSOHXULQDWWHQGXHHW
YDMXVTX jGpWUXLUHOHVLWHGHO·XQLYHUVLWp&HSHQGDQWGHVpWXGLDQWVG·+DUYDUG
YLHQGURQWOHVROOLFLWHUSRXUODFUpDWLRQG·XQVLWHTXLSHUPHWWUDLWGHPHWWUHHQ
contact les étudiants entre eux. Mais Zuckenberg laisse de coté ce projet pour
VHFRQVDFUHUjODFUpDWLRQGHVRQLGpHTXLWHQGjP€ULUGDQVVRQHVSULWTX·HVW
OHUpVHDXVRFLDO©7KHIDFHERRNª4XLSRXUUDUHYHQGLTXHUODSURSULpWpGXVLWH
TXLVHUDSSURFKHGXFRQFHSWLPDJLQpSDUOHVpWXGLDQWVG·+DUYDUG"

Intérêt ­SULPHDERUGFHÀOPVHPEOHQ·rWUHTX·XQHELRJUDSKLHSDUWLHOOH
retraçant la naissance de l’un des plus célèbres réseaux sociaux. Pourtant, il
HVWELHQSOXVTXHFHOD7RXWXQDVSHFWMXULGLTXHV·RIIUHDXVSHFWDWHXUTXLHVW
VRXYHQWXQXWLOLVDWHXU'DQVOHFDVSUpVHQWFHVRQWOHVSUREOqPHVMXULGLTXHVTX·DSXUHQFRQWUHUOHIRQGDWHXUTXLVRQW
PLVHQYDOHXU$LQVLFHVHUDOHGRPDLQHGHODSURSULpWpLQWHOOHFWXHOOHTXLVHUDDERUGpWRXWHQUHWUDoDQWXQFRQWH[WH
RO·DUJHQWOHVVWUDWpJLHVHWOHVDOOLDQFHVVXUJLVVHQW«$QHSDVUDWHU

Le bon plan du mois


Le Petit Juriste est heureux de vous annoncer la naissance de « Justimémo ».
Le droit doit être connu et accessible de tous. Quel étudiant en droit n’a jamais entendu cette phrase lors de
VHV SUHPLqUHV DQQpHV " (W SRXUWDQW MXULVWH TXH QRXV VRPPHV LO HVW DLVp GH YRLU TXH OD PXOWLWXGH GHV WH[WHV GHV
MXULGLFWLRQVHWWRXWHVOHVVXEWLOLWpVRIIHUWHVSDUOHGURLWSHXYHQWSDUDvWUHWDQWFRPPHXQKREE\TXHFRPPHXQFDVVHWrWH
SRXUFHUWDLQV/HVLWHFRQVLVWHHQXQHSODWHUIRUPHPXOWLPpGLDSpGDJRJLTXH9RXV\WURXYHUH]GHVÀFKHVH[SOLFDWLYHV
PDLVDXVVLGHVYLGpRVHWGHVÀFKLHUVDXIRUPDWDXGLRDÀQGHYRXVLQIRUPHUWDQWVXUOHVWULEXQDX[TXHOHVSURIHVVLRQV
MXULGLTXHVRXOHVQRXYHDXWpVGXGURLW%RQQHQDYLJDWLRQ«http://justimemo.justice.gouv.fr/

Le chiffre du mois : 700 000, le nombre de garde à vues au cours de l'année 2010

LE PETIT J URISTE
Publication – Edition
F A I T P–ARédaction
R LES ETUDIANTS POUR LES ETUDIANTS
8 rue Rembrandt - 75008 Paris Avec la participation de tous les membres du Petit
Directeur de la publication : Adrien CHALTIEL Juriste.
Rédacteur en chef : Alexis VAUDOYER
Responsable Internet : Antoine FAYE
0DTXHWWLVWH&RPPXQLFDWLRQ3DXO0$,//$5' Remerciements particuliers à L'université de
Responsable partenariats : Antoine BOUZANQUET Valenciennes, Delta Color, l'UNEDESEP, TVDMA,
'pS{WOpJDO1RYHPEUH l'Association Droit & Affaires.
Le Petit Juriste - Association culturelle loi 1901

Page 30 - Avril 2011


EN SAVOIR PLUS :

Avril 2011 - Page 31

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