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Le paludisme est causé par un protozoaire Q sanguin (hématozoaire Q) de la classe des sporozoaires Q (classe pas famille
QX) ET appartenant au genre Plasmodium. Plus de 2 milliards de sujets y sont exposés (54 % de la population mondiale).
Le paludisme doit être évoqué devant toute fièvre au retour de pays tropicaux. 300 cas/an en Algérie environ
Agents causals :
1. Espèces plasmodiales :
Cinq espèces plasmodiales sont les agents du paludisme humain :
- P. falciparum est le plus répandu en régions tropicales et intertropicales ; il est responsable d'une létalité élevée ;
- P. vivax déborde ces régions pour intéresser aussi des zones à climat plus tempéré (Algérie) ; il est absent en Afrique
centrale et de l'Ouest ; il entraîne très exceptionnellement des formes graves, voire le décès
- P. ovale est retrouvé essentiellement en Afrique intertropicale ; il est plus rare
- P. malariae, localisé sous forme de foyers dans toutes les régions d'endémie palustre
- P. knowlesi, morphologiquement proche de P. malariae, agent d'un paludisme simien, a été reconnu récemment en
Asie du Sud-Est, responsable de rares cas humains, parfois fatals.
2. Cycle parasitaire :
■ Cycle asexué (schizogonique) chez l'homme :
Étape hépatique ou exoérythrocytaire :
Le moustique inocule des sporozoïtes QA qui atteignent le foie et s'y multiplient (cette phase qui dure en moyenne 1 semaine
est asymptomatique).
Pour P. falciparum, P. malariae et P. knowlesii, tous les hépatocytes parasités vont libérer des mérozoïtes en une seule fois
dans la circulation sanguine. Pour P. vivax et P. ovale, la persistance dans le foie de formes parasitaires latentes (hypnozoïtes)
est à l'origine de passages sanguins successifs à des intervalles de plusieurs mois, expliquant une incubation plus longue
possible et des recrudescences tardives.
Étape sanguine ou érythrocytaire :
Les mérozoïtes pénètrent dans les hématies, se transforment en trophozoïtes puis par multiplication en schizontes. Le cycle
de maturation érythrocytaire varie selon l'espèce et dure 24 heures (P. knowlesi), 48 heures (P. falciparum, P. vivax, P.
ovale), ou 72 heures (P. malariae Q), expliquant la périodicité parfois observée des accès de fièvre qui traduisent l'éclatement
simultané d'un grand nombre d'hématies. Après plusieurs cycles, apparaissent dans les hématies les formes sexuées non
pathogènes, gamétocytes mâles et femelles.
■ Cycle sexué (= sporogonique QA+++++) chez l'anophèle femelle :
400 espèces dans le monde, dont 60 transmettent le paludisme
Lors d'une piqûre chez une personne impaludée, le moustique absorbe les gamétocytes. Leur transformation finale en
sporozoïtes nécessite selon les espèces plasmodiales des températures d'au moins 17 à 20 °C et une hygrométrie > 60 %.
3. Chimiorésistance :
Des souches de P. falciparum Q résistantes à la chloroquine sont présentes aujourd'hui dans presque toutes les zones
d'endémie palustre. La résistance à la chloroquine se double parfois d'une résistance à d'autres antipaludiques ; une
résistance à la quinine existe dans quelques foyers en Asie du Sud-Est et en Amazonie Q+, ce qui explique la recommandation
mondiale de ne plus utiliser ces produits en monothérapie en zone d'endémie. Des souches de sensibilité diminuée ou
résistantes aux dérivés de l'artémisinine ont été récemment décrites [en Asie du Sud-Est, la survenue de telles résistances est
possible en Amérique du Sud et en Afrique Q]. De rares souches de P. vivax résistantes à la chloroquine ont été signalées
dans quelques pays d'Asie, en Amazonie et en Océanie.
La résistance est définie par la persistance ou la réapparition de la parasitémie malgré un traitement bien conduit.
Actuellement, des méthodes de biologie moléculaire permettent d'évaluer la sensibilité des souches aux antipaludiques. Les
résultats, en raison de leurs délais d'obtention, ne peuvent être attendus chez un patient pour le choix en première intention d'un
antipaludique. Le recueil de ces données est réalisé par le Centre national de référence du paludisme.
Épidémiologie :
1. Répartition géographique :
L’Afrique intertropicale, Madagascar et les Comores sont de loin les plus touchés (90 % de la totalité des cas mondiaux)
par le paludisme. P. falciparum y prédomine. L’Amérique centrale et le bassin amazonien, Haïti et la République Dominicaine,
l'Asie méridionale et du Sud-Est sont concernés à un moindre niveau. À un bien moindre degré, le paludisme sévit en
Méditerranée orientale Q, au Moyen-Orient et en Océanie. Les Antilles, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française et La
Réunion en sont indemnes. Le paludisme autochtone est en phase d'élimination sur l'ile de Mayotte en 2015 (< 20 cas par an) et
en régression en Guyane avec < 500 cas par an (- 85 % depuis 2003, mais prévalence élevée dans certaines régions minières).
Les voyages touristiques et professionnels vers les zones d'endémie et la fréquence croissante de retours temporaires
d'émigrés dans leur pays d'origine expliquent la majorité des cas, dont > 80 % à P. falciparum avec une très grande majorité
en provenance d'Afrique intertropicale. Sept cas d'importation sur 10 sont observés chez des émigrés retournant dans leur pays
d'origine. Le paludisme de port ou d'aéroport est exceptionnel.
2. Réservoir des parasites :
Le réservoir est strictement humain Q, à l'exception de P. knowlesi pour lequel les singes macaques sont le réservoir naturel.
3. Transmission :
Les hématozoaires sont transmis par la piqûre indolore, invisible et non prurigineuse de l'anophèle femelle qui ne fait pas
de bruit, le soir et surtout la nuit à condition que la température soit > 18°C. Une seule piqûre infectante suffit pour acquérir
un paludisme. La transmission par voie placentaire est possible.
Une transmission suite à une transfusion (éventualité fréquente en Afrique) ou par greffon, par exposition au sang chez des
soignants ou par toxicomanie a été rapportée dans des cas exceptionnels.
4. Facteurs protecteurs : Drépanocytose (hétérozygote), déficit en G6PD et groupe Duffy négatif
Physiopathologie :
La présence des hématozoaires dans le foie est sans conséquence clinique. Cette phase dure au minimum 1 semaine pour P.
falciparum, 10 à 15 jours pour les autres espèces plasmodiales. Cette phase définit une incubation minimale. Les symptômes
débuteront en fait plusieurs jours ou semaines après le début de la phase sanguine. Les signes cliniques apparaissent lorsque
la parasitémie dépasse un seuil, variable selon les individus.
L'hémolyse est la principale cause de l'anémie libère une substance pyrogène (hémozoïne) et de [l'ictère en cas de
parasitisme intense]. L'organisme réagit principalement par l'hyperplasie des cellules macrophagiques expliquant la
splénomégalie et l'hépatomégalie. Il existe une consommation périphérique des plaquettes.
P. falciparum est la seule espèce à assurer sa schizogonie érythrocytaire au niveau des capillaires viscéraux, cérébraux
notamment, entraînant dans ses formes graves des lésions tissulaires liées à une production de cytokines et une hypoxie
secondaire à la séquestration des érythrocytes parasités qui adhèrent aux parois endothéliales et forment des « rosettes »
(agglomérats d'hématies parasitées avec des hématies saines). Les perturbations métaboliques et hydroélectrolytiques
majorent la gravité de l'infection due à cette espèce plasmodiale.
Il s'agit alors d'un syndrome de défaillance multiviscérale.
Il n'y a pas d'immunité naturelle, mais l'homme vivant en zone d'endémie soumis à des réinfections périodiques peut
développer progressivement une immunité partielle (ou prémunition). Cet état limite la parasitémie et les effets pathogènes
du parasite, ce qui peut aller jusqu'au portage parasitaire asymptomatique (paludisme-infection) en zone endémique.
Cette prémunition disparaît si le sujet n'est plus exposé à des piqûres infectantes : c'est le cas d'émigrés retournant en
vacances dans leur pays d'origine.
Clinique :
L’incubation : 10 à 20 jours
1. Forme commune du paludisme non compliquée (forme simple) :
La phase d’invasion :
• Fièvre continue, irrégulière, sans périodicité, céphalée ++, courbature, malaise général, nausée, vomissement, diarrhée
• Légère hépatomégalie sans splénomégalie (pas encore l’hémolyse !)
• Tableau d’embarras gastrique fébrile Q+++
Phase d’état :
La symptomatologie initiale est celle d'une fièvre Q évoluant par pics, associée à des frissons, et à un syndrome algique
(céphalées Q, myalgies Q). Il peut exister des troubles digestifs souvent au premier plan chez l'enfant (anorexie, nausées,
vomissements Q, douleurs abdominales et diarrhée Q).
Une toux peut aussi être présente chez l'adulte. Une hépatomégalie et une splénomégalie, fonction de la répétition des accès,
sont inconstantes.
Après quelques jours, la fièvre peut devenir récurrente et régulière. Ces accès se répètent tous les 1 (P. knowlesi), 2 (fièvre
tierce pour P. falciparum, P. vivax, P. ovale) ou 3 (fièvre quartes pour P. malariae) jours selon l'espèce plasmodiale en cause,
mais leur périodicité n'est pas toujours régulière.
L’accès se fait en 3 stades :
- Frisson +++ qui dure 1 à 2 heures
- Chaleur : T° > 40°C, brutale, pouls accéléré, faciès congestif et qui dure 1 à 4 heures
- Sueur : profuses avec chute de la température, asthénie, courbature, hépatosplénomégalie et qui dure 1 à 4 heures suivi
d’une sensation de bien-être et sommeil profond
Ces accès se répètent tous les 2 ou 3 jours pendant 10 jours puis rechutes pour OVM et K et aggravation pour F.
Certains patients doivent bénéficier d'une grande attention, car ils sont à risque de complications : le jeune enfant Q, la
personne âgée, la femme enceinte (suivi médico-obstétrical), le sujet splénectomisé, immunodéprimé Q ou atteint de
comorbidités [ATCD de paludisme grave ou mauvaise observance d’une chimioprophylaxie ne sont pas des FDR QX]
2. Formes graves et l’accès pernicieux :
Apanage essentiellement de P. falciparum, elles peuvent apparaître soit d'emblée, soit après des manifestations cliniques
non reconnues comme palustres ou dont le traitement était inadapté ou tardif → [l’accès palustre grave est le plus souvent
évitable et dus à un retard de diagnostic le plus souvent Q et/ou d’un traitement d’un accès palustre simple à falciparum]
Tout patient adulte avec un paludisme à P. falciparum, mais aussi plus rarement à l'une des 4 autres espèces plasmodiales,
comportant au moins un des critères du tableau T107-1 (notamment ceux gradés++ et +++ au plan pronostique) doit être
rapidement évalué avec le réanimateur ; mais sans retarder le début du traitement antipaludique. Au terme de cette
évaluation, le patient est hospitalisé soit en réanimation ou en unité de surveillance continue, soit en médecine selon les
spécificités locales, à condition d'être à proximité d'une réanimation et que le transfert du patient puisse être organisé facilement
si évolution péjorative.
Chez l'enfant, les critères de gravité d'un paludisme à Plasmodium falciparum sont légèrement différents. En l'absence de
données disponibles sur la valeur pronostique de chaque critère de gravité, la prudence conduit à transférer en réanimation
tout enfant présentant un des signes de gravité. Cependant, en cas d'hyperparasitémie isolée, l'enfant peut être gardé en unité
de surveillance continue ou en service de pédiatrie générale, sous réserve d'une surveillance permanente.
Des formes graves de paludisme à P. vivax peuvent être observés, notamment en Asie du Sud-Est ; les principales
complications aiguës sont respiratoires (jusqu'à l'œdème pulmonaire lésionnel), plus rarement métaboliques (acidose
lactique), hémorragiques ou cérébrales (troubles de la conscience Q et convulsion Q) ou rénales (IR Q). Le paludisme à P.
knowlesi se présente classiquement comme un accès simple sans spécificité, mais il peut évoluer vers une forme grave
hyperparasitémique partageant la même sévérité clinique potentiellement létale que le paludisme grave à P. falciparum (mais
sans atteinte cérébrale).
Enfin, une rupture ou un infarctus de la rate peut se voir avec toutes les espèces plasmodiales, en particulier dans les
tableaux d'évolution subaiguës avec P. falciparum sous chimioprophylaxie insuffisamment efficace et P. vivax. Il faut
évoquer cette hypothèse devant une splénalgie ou un collapsus brutal inexpliqué justifiant une échographie en urgence et une
prise en charge médicochirurgicale adaptée.
T107-1 : Critères du paludisme grave d'importation de l'adulte à Plasmodium falciparum # §
Pronostic Fréquenc
Critères cliniques ou biologiques
péjoratif e
Toute défaillance neurologique incluant :
+++ - obnubilation, confusion Q, somnolence Q, prostration, convulsion(s) +++++
- coma avec score de Glasgow < 11
Toute défaillance respiratoire incluant :
+++ - si VM ou VNI : PaO2/FiO < 300 mmHg +
- si non ventilé : PaO2, < 60 mmHg et/ou SpO2 < 92 % en air ambiant et/ou FR > 30/min
- signes radiologiques : images interstitielles et/ou alvéolaires
Toute défaillance cardiocirculatoire incluant :
- pression artérielle systolique < 80 mmHg et/ou présence de signes périphériques d'insuffisance
+++ ++
circulatoire (< 60 mmHg Q chez l’enfant < 5 ans)
- nécessité de drogues vasopressives et lactate > 2 mmol/L
++ Hémorragie (définition clinique) hémoglobinurie macroscopique = accès grave Q+ +
+ Ictère Q : clinique ou bilirubine totale > 50 μmol/L QA +++
+ Anémie profonde : hémoglobine < 7 g/dl QA, hématocrite < 20 % Q +
A
+ Hypoglycémie Q+++ : glycémie < 2,2 mmol/L Q +
Acidose :
+++ - bicarbonates plasmatiques < 15 mmol/L QA ++
- ou acidémie avec pH < 7,35 (surveillance rapprochée dès que bicarbonates < 18 mmol/L)
+++ Hyperlactatémie : > 2 mmol/L QA a fortiori > 5 mmol/L ; pas LDH QXXXXX ++
+ Hyperparasitémie : dès que parasitémie > 4 % Q +++
++ Insuffisance rénale Q : créatininémie > 265 μmol/L ou urée sanguine > 20 mmol/L +++
# Si Plasmodium vivax : mêmes critères sans parasitémie > 4 % (car rarement > 2 %), anémie ictère fréquents, quelques cas de
SDRA, rareté de l'atteinte neurologique et de l'acidose. § Si Plasmodium knowlesi : mêmes critères mais hyperparasitémie dès
que > 2 %, atteintes hépatique et rénale fréquentes, atteinte neurologique très rare. Splénomégalie ne fait pas partie de
l’accès pernicieux Q (elle avec hyperplaquettose Q sont de bon pronostic Q) ; L'abolition des réflexes ostéotendineux, en
particulier du réflexe rotulien, est considérée comme un élément de mauvais pronostic Q
3. Qui hospitaliser ?
• Tout terrain à risque Q→ : grossesse Q, enfant Q et patient splénectomisés et immunodéprimés Q
• Devant tout signe de gravité ET tout élément à risque de s’aggraver (plaquette < 50000, HB < 10 g/l QA, créatinémie >
150 et parasitémie > 2 % Q qui est différent de critère de gravité : HB < 7 et parasitémie > 4 %)
• Devant tout signe faisant suspecter une mauvaise observance de traitement
• Si impossibilité de suivi ou de consulter en cas d’aggravation
4. Paludisme viscéral évolutif ET splénomégalie palustre hyperimmune :
Rare, le paludisme viscéral évolutif est une forme subaiguë ou chronique qui s'observe :
- En zone d'endémie chez l'enfant en cours d'acquisition de sa prémunition
- Lors d'infestations parasitaires répétées chez des sujets expatriés se soumettant plus ou moins régulièrement à une
chimioprophylaxie ou prenant des traitements antipaludiques partiellement efficaces
- Chez des émigrés ne vivant plus en zone d'endémie.
Tout se passe comme si l'expression aiguë, bruyante du paludisme était atténuée pour laisser place à une infection subintrante.
Le tableau associe :
- Une altération progressive de l'état général : asthénie, anorexie, amaigrissement
- Une fébricule irrégulière à 38 °C, parfois absente
- Une anémie chronique pouvant être intense, avec ses complications propres
- Un subictère, parfois
- Une splénomégalie, constante, souvent importante avec risque d'infarctus ou de rupture splénique
- Une élévation des lgG sériques
- Une parasitémie très faible (parfois non détectable) et surtout une sérologie palustre très positive.
Le paludisme viscéral évolutif est à différencier de la splénomégalie palustre hyperimmune avec forte élévation des lgM
sériques, taux très augmenté des anticorps antipaludiques, infiltrais lymphocytaires hépatospléniques et surtout
régression très lente de la splénomégalie après traitement. La parasitémie est en règle indétectable. Ce syndrome est
d'origine dysimmunitaire. Il a été rapporté que certains patients ont présenté ultérieurement des hémopathies.
Le traitement antipaludique de ces 2 entités est mal codifié mais la tendance actuelle est de traiter comme une forme commune
4. Rupture splénique :
Tout paludisme, même paucisymptomatique, est susceptible d'être compliqué d'une rupture de rate. Ceci s'observe surtout en
cas d'infection à P. falciparum sous chimioprophylaxie inadaptée, à P. vivax, et plus rarement à P. ovale ou P. malariae.
La rupture peut être partielle avec hématome sous-capsulaire, responsable d'une douleur de l'hypochondre gauche, ou
complète avec hémopéritoine et collapsus. Il s'agit d'une urgence diagnostique et thérapeutique qui impose un avis
chirurgical immédiat.
5. Fièvre bilieuse hémoglobinurique :
Cette complication exceptionnelle s'observait surtout chez des sujets vivant en zone d'endémie, sous prophylaxie irrégulière
ou après traitements itératifs et incomplets par la quinine. Dans les heures suivant la prise de quinine, apparaissait
brutalement une hémolyse massive avec hémoglobinurie, fièvre, ictère, oligurie puis choc mais sans trouble de la
conscience au début. Des cas analogues ont été rapportés avec l'halofantrine Q ou la méfloquine. Le mécanisme est de nature
immunoallergique. [Halofantrine est le traitement de l’accès simple Q et traitement présomptif du paludisme Q]
En dehors du traitement symptomatique, l'arrêt immédiat de l'antipaludique déclencheur s'impose et le recours à
l'artésunate est indispensable pour traiter un paludisme avéré. [Quinine, halofantrine et méfloquine sont à proscrire
définitivement chez ces patients].
6. P. malaria :
Il sévit sur les 3 continents, de manière beaucoup plus sporadique (plus rare que les autres Q), il se différencie des autres
espèces par une incubation plus longue (15 à 21 jours), par une périodicité différente de la fièvre (cycle érythrocytaire de 72
heures responsable d’une fièvre quarte) et surtout par sa capacité à entraîner des reviviscences très tardives (jusqu’à 20 ans
après le retour de la zone d’endémie → très grande longévité de l’infection Q), il se caractérise par sa sensibilité constante
à la chloroquine Q (nivaquine) qui garde sa place dans les infection à p. vivax, p. ovale ou p. malariae ou p. knowlesi
Arguments du diagnostic :
1. Délai d'incubation :
Il est de 7 jours minimum après la piqûre infectante (durée de l'étape hépatique) et < 2 mois pour P. falciparum dans 95 %
des cas Q, mais ne rechute pas même sans traitement Q ! (des accès plus tardifs sont parfois observés chez des émigrés ou
des femmes enceintes). Pour P. vivax, P. ovale et P. malariae, les premières manifestations cliniques surviennent au plus tôt 15
jours après la piqûre infectante (o et v, 18 jours pour m) souvent plusieurs mois ou années après le retour. Quant à P.
knowlesii, l'incubation est de 9 à 12 jours.
• Incubation de P. falciparum est à connaitre afin d’évoquer le diagnostic :
- Incubation minimum : 7 jours +++
- Incubation maximale : 2-3 mois QA
• P. vivax et ovale : maximale = 3 ans QA+ ; P. malaria : maximale = 10 ans
2. Notion d'exposition au risque :
Devant une fièvre, le praticien doit rechercher la notion de séjour, même bref (escale de quelques heures) ou ancien, en zone
d'endémie palustre. Une exposition présumée au risque doit faire rechercher un paludisme en urgence, quels que soient les
symptômes associés à la fièvre et même si une chimioprophylaxie correcte a été suivie !!!
3. Examens biologiques :
• Examens d'orientation :
- L’hémogramme montre une hémoglobine souvent normale au début de l'accès, l'absence d'hyperleucocytose ou une
leuconeutropénie Q et surtout une fréquente thrombopénie (qui n’est pas un critère de gravité Q). Un syndrome
mononucléosique est possible. NFS = thrombopénie Q, anémie Q et leucopénie Q [pancytopénie pour toi]
- La CRP Q peut s'élever progressivement, dépassant parfois 100 mg/L. L’élévation de la procalcitonine a une valeur
diagnostique et pronostique modérée. L’électrophorèse des protéines sériques montre un profil hyper-alpha2.
- Il existe des signes biologiques d'hémolyse dont l'intensité est liée au délai d'évolution (hyperbilirubinémie libre,
élévation des LDH, baisse de l'haptoglobine). Une cytolyse hépatique modérée (< 10N) peut être observée.
NB : paludisme ne donne pas d’hyperéosinophilie QX+++++ ! comme amibe Q, trypanosomiase Q, leishmaniose viscéral
Q
• Examens de confirmation :
Les prélèvements doivent être accompagnées des renseignements épidémiologiques et cliniques indispensables : pays de
séjour, date de retour, prise ou non d'une chimioprophylaxie antipaludique et/ou d'un traitement curatif. La confirmation du
diagnostic du paludisme doit être obtenue en urgence par l'utilisation appropriée d'examens de laboratoire selon un algorithme
prenant en compte les performances et la disponibilité
Goutte épaisse et frottis sanguin :
Ces examens doivent être réalisés en urgence, sans attendre un pic fébrile. Ils permettent la mise en évidence des parasites.
On en attend :
- Le diagnostic positif de paludisme Q
- Le diagnostic d'espèce Q
- La parasitémie Q (densité parasitaire exprimée en nombre d'hématies parasitées/μL ou en pourcentage)
- Il permet aussi le suivi après traitement Q+++++++++ : à J3 Q, J7 Q et J28 Q
Ces examens microscopiques doivent être lus en urgence par un biologiste qualifié et averti. La réponse doit être
communiquée au clinicien par le laboratoire dans les 2 heures QB suivant le prélèvement en indiquant la ou les espèces
identifiées (associations possibles) et la parasitémie.
La valeur prédictive négative du frottis-goutte épaisse n'est pas de 100 %. Tout prélèvement sanguin s'avérant négatif doit
donc être renouvelé après 12 à 24 h, pour détecter les faibles parasitémies (P. falciparum sous chimioprophylaxie, autres
espèces, accès « décapité » par traitement probabiliste) si la suspicion clinique persiste.
Tests de diagnostic rapide (TDR) par détection antigénique :
Si la recherche microscopique reste l'examen de référence, des techniques immunologiques utilisant des bandelettes
antigéniques permettent un diagnostic rapide sur sang total. Les antigènes recherchés sont [des protéines (HRP-2, pLDH)] Q
spécifiques d'espèce ou de genre. [HRP2 et pLDH dans TDR, pas goutte épaisse QXXX]
[Leur sensibilité (pas sensibilité QX) est > 95 % pour des parasitémies > 100 parasites/μL → il peut y avoir de faux négatif
si parasitémie faible Q] mais de l'ordre de 70 % pour des parasitémies plus faibles, voire nettement moins pour P. ovale.
Leur spécificité pour le paludisme est de 90 à 95 %. Elles permettent parfois le diagnostic d'espèce quand l'examen
microscopique ne le permet pas. Elles ne nécessitent pas d'expertise particulière. Les tests de diagnostic rapide doivent être
associés au frottis-goutte épaisse pour le diagnostic microscopique du paludisme Q++
Les résultats de ces tests doivent aussi être rendus au clinicien dans les 2 h suivant la réception du prélèvement.
Cependant, le test utilisant l'antigène HRP-2 peut rester positif 2 à 3 semaines après un paludisme. [Ce test ne pourra pas
être utilisé pour le diagnostic d'une rechute après traitement Q].
Biologie moléculaire :
Récemment, la biologie moléculaire (PCR) est devenue la technique la plus sensible et la plus spécifique pour le diagnostic du
paludisme d'importation. La recherche de paludisme par PCR permet la détection de parasitémies très faibles et
l'identification des espèces plasmodiales.
Elle constitue la seule méthode permettant de différencier P. knowlesi et P. malariae. Dans ce contexte, la PCR se positionne
actuellement comme la méthode de référence pour le diagnostic de recours (et non d'urgence) en cas de difficultés
diagnostiques.
Cependant, des techniques de biologie moléculaire rapides avec un délai de rendu de résultat < 1 heure sont disponibles et
seraient compatibles avec le diagnostic d'urgence, avec une sensibilité qui permet d'exclure, en cas de résultat négatif, un accès
évolutif. Leur positionnement doit être discuté localement en fonction de l'organisation des laboratoires.
Sérologie :
La sérologie établit l'immunité anti-plasmodium lors d'infestations répétées, l'intérêt de la sérologie est rétrospectif
(rattacher au paludisme un épisode fébrile Q ou au paludisme viscéral une HSMG Q) ou épidémiologique Q. Elle a un intérêt
aussi dans le paludisme transfusionnel Q+, possible, est exceptionnel ; le sang peut être contaminé alors que la sérologie est
encore négative chez le donneur mais ces quelques faux négatifs ne remettent pas en cause, à ce jour, les stratégies de
sélection des donneurs et de dépistage du paludisme.
Au total : la confirmation diagnostique est une véritable urgence. Pour cela on aura recours aux examens suivants :
- Frottis sanguin Q
- Goutte épaisse Q
- Test de diagnostic rapide Q (indispensable en urgence en attendant la confirmation du diagnostic microscopique par
un laboratoire expérimenté)
4. Diagnostic différentiel :
L’enquête étiologique d'une fièvre avec notion de séjour en zone tropicale impose la recherche urgente de paludisme étant
donné sa fréquence et sa gravité potentielle, mais le praticien doit évoquer en parallèle d'autres infections, exotiques ou
cosmopolites et garder à l'esprit de la possibilité d'associations morbides. Tout comme la recherche microscopique de
paludisme, les hémocultures sont systématiquement pratiquées (mais à ne pas cocher si contexte évocateur QX !). Selon le
contexte épidémiologique, le délai depuis le retour, les symptômes et les examens biologiques standard, et le cadre nosologique
(hépatite ? pneumonie ? fièvre isolée ? ...), on pourra s'orienter vers une infection cosmopolite (urinaire, respiratoire, biliaire,
intestinale, grippe, infection à VIH) ou plus spécifiquement tropicale, bactérienne (fièvre typhoïde, rickettsiose, leptospirose,
borréliose ...), virale (hépatites virales, arbovirose, fièvre virale hémorragique, infection à VIH), parasitaire (amoebose
hépatique, leishmaniose viscérale, bilharziose ou autre helminthose en phase d'invasion, trypanosomose africaine).
Attitude thérapeutique :
Le choix du médicament pour le traitement du paludisme d'importation dépend de l'espèce en cause.
1. Les antipaludiques :
Les antipaludiques sont essentiellement des médicaments agissant sur les formes érythrocytaires des parasites Q++++
(schizonticides). Action essentielle d’interférer avec la synthèse de l’ADN parasitaire au niveau des hématies et d’agir au
niveau des membranes cellulaires