Vous êtes sur la page 1sur 3

HELMINTHOSES INTESTINALES ET

HÉPATIQUES : ANGUILLULOSE

DEFINITION- EPIDÉMIOLOGIE

L'anguillulose (ou strongyloïdose) est une helminthose des zones tropicales et subtropicales due à Strongyloides
stercoralis. L'homme se contamine par passage transcutané de larves. Un cycle d'auto-infestation pérennise l'infection
(plusieurs dizaines d'années) et est à l'origine des formes disséminées graves.
Embranchement des nématodes (vers ronds).
L'anguillulose est présente dans les pays tropicaux et subtropicaux, l'Europe du Sud mais exceptionnelle en France
métropolitaine. Les cas sont habituellement d'origine ultramarine (Antilles, Réunion...) mais la contamination
autochtone métropolitaine reste cependant possible.

CARACTÉRISTIQUE MORPHOLOGIQUES

- Femelle parthénogénétique de S. stercoralis : ver rond et blanchâtre 2-3 mm par 35-40 µm.
- Adultes libres stercoraux.
- Larves rhabditoïdes, double renflement œsophagien, queue effilée, 300 µm
- Larves strongyloïdes infectantes, œsophage rectiligne, queue bifide, 600 µm

CYCLE ÉVOLUTIF

L'homme contracte l'infection par pénétration transcutanée de larves strongyloïdes lors d'un contact avec un sol
contaminé, chaud et humide. Les larves gagnent les poumons par le compartiment lymphatique ou sanguin. Elles
traversent la paroi alvéolaire, passent par les bronches et une fois la trachée atteinte, elles sont dégluties puis gagnent
le duodénum-jéjunum où elles deviennent des femelles parthénogénétiques qui s'enchâssent dans la muqueuse et y
pondent leurs œufs. Ces œufs éclosent dans le tube digestif et libèrent des larves rhabditoïdes qui seront éliminées
dans les selles

Cycle long externe sexué (température > 20 °C, humidité) : Dans le milieu extérieur, les larves rhabditoïdes émises
avec les selles évoluent en adultes libres stercoraux qui après fécondation libèrent des œufs. Ils se transforment en
larves rhabditoïdes de seconde génération qui peuvent évoluer soit vers des larves strongyloïdes infectantes, soit à
nouveau vers des adultes capables de fécondation dans le milieu extérieur.

Cycle court externe asexué (température <20 °C, humidité insuffisante) : les larves rhabditoïdes évoluent directement
vers des larves strongyloïdes infectantes.

Cycle direct endogène ou d'auto-infestation : les larves rhabditoides évoluent dans le tube digestif en larves
strongyloïdes infectantes. Ces dernières traversent la muqueuse intestinale et rejoignent par la circulation sanguine les
poumons puis le tractus digestif à partir desquels débute un nouveau cycle. Cette caractéristique favorise la pérennité
de l'infection. Elle explique aussi les manifestations cutanées au niveau de la ceinture abdominale (Larva currens).

PHYSIOPATHOLOGIE

- Les adultes enchâssés dans la muqueuse duodéno-jéjunale sont responsables de troubles du transit.

- La migration des larves au cours du cycle endogène peut entraîner des manifestations cutanées : Larva currens,
urticaire.
- L'immunodépression (corticoïdes, coïnfection HTLV-1) peut favoriser une dissémination des larves strongyloïdes
avec anguillulose maligne potentiellement mortelle. Cette dissémination incontrôlée des larves s'accompagne de sepsis
bactérien, en particulier de méningite bactérienne, à partir de la flore digestive (bacilles gram négatif et levures
notamment).

CLINIQUE

Généralement asymptomatique :
- phase d'invasion : toux sèche asthmatiforme (syndrome de Lôffler);
- phase de migration : dermatite linéaire rampante (Larva currens), toux sèche, crises d'asthme:
- phase d'état : douleurs épigastriques et épisodes diarrhéiques.

DIAGNOSTIC

NFS = hyperéosinophilie + élevée fluctuante évoluant par ondulations irrégulières liées au cycle endogène.
Examen parasitologique des selles :
- larves rhabditoïdes à l'examen direct ;
- augmentation nette de la sensibilité par la méthode d'enrichissement de Baermann basée sur l'attraction des larves par
l'eau et la chaleur (thermohydrotropisme) ;
- coproculture parasitaire : adultes libres stercoraux et larves ;
- la biologie moléculaire (PCR) se développe mais manque actuellement de sensibilité.

DIAGNOSTIC INDIRECT
Recherche d'anticorps anti-Strongyloides (sérologie) dans le sérum des patients par technique ELISA. Il n'existe pas
de technique de confirmation.

À noter : Dans la forme disséminée (maligne), observation des larves strongyloïdes dans le liquide gastrique, le
liquide cérébrospinal ou le lavage bronchiolo-alvéolaire.

TTT

- lvermectine en prise unique, à renouveler 3 semaines après.


- En seconde intention, albendazole pendant 3 jours, à renouveler 3 semaines après.

PROPHYLAXIE

- Lutte contre le péril fécal et éducation sanitaire.


- Port de chaussures.
À noter : Dépistage et/ou traitement préventif de l'anguillulose maligne des sujets ayant voyagé en zone d'endémie,
particulièrement ceux présentant une hyperéosinophilie, avant toute corticothérapie ou immunodépression (greffe).

Vous aimerez peut-être aussi