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I.

De l’autonomie de la volonté à la socialisation du droit des contrats

 Divers auteurs (Toullier, Larombière, Bufnoir, Saleilles, Meynial, Demogue, Gaudemet, Ripert) : autour de l’autonomie
de la volonté et de la socialisation du droit des contrats

 J.-P. Chazal, « G. Ripert et le déclin du contrat » : compte-rendu d’un livre, à la fois célèbre et méconnu, qui constitue
peut-être la critique la plus virulente du mouvement de socialisation du droit des contrats

 G. Rouhette, « La force obligatoire du contrat – Rapport français » : une critique très pertinente de la théorie dite de
l’autonomie de la volonté

II. De la socialisation à la « fondamentalisation » du droit des contrats

 Un texte finalement non retenu par l’ordonnance : l’alinéa 2 de l’article 1102 du projet d’ordonnance à comparer
avec l’article 1102 issu de l’ordonnance et l’article 6 du code civil
o F. Marchadier, Le contrôle du contrat au regard des droits fondamentaux : une question qui ne se pose pas et
dont la réponse est évidente ?

 Une tonique réflexion doctrinale


o J.-P. Marguénaud, « Le contrat portant sur une chose hors commerce, Exemple du contrat sur les organes
humains » : exemple de réversibilité des droits fondamentaux ; et si la CEDH telle qu’interprétée par la Cour
nous autorisait à vendre nos organes ?

 La consécration de la valeur constitutionnelle de la liberté contractuelle ?


o Conseil constitutionnel, 13 juin 2013

 Droits fondamentaux et clauses contractuelles


o Cass. 3ème civ., 22 mars 2006

Fiche d’arrêt : Cour de Cassation, arrêt du 22 mars 2006, « affaire des colocataires »

Contrôle de proportionnalité : contrôle exercé par une juridiction, et consistant à vérifier concrètement que l’application
d’une règle de droit interne ne conduit pas à porter une atteinte disproportionnée à un droit fondamental garanti par une
convention internationale ou par une norme nationale au regard du but poursuivi par cette règle.  Pas l’atteinte au droit
fondamental mais plus la gravité de l’atteinte au droit fondamental.

Résumé des faits :

La SMHLM (Société Martiniquaise d’habitations à loyer modéré) a donné en location un appartement à deux colocataires, le
28 novembre 1980. Après avoir quitté les lieux, l'un des deux preneurs a fait assigner la fille, majeure, de sa colocataire pour
obtenir son expulsion puisqu'elle résidait chez eux.

La Cour d'appel a accueilli la demande du preneur mécontent et a condamné la mère et sa fille au paiement de dommages-
intérêts, au motif que le bail contient une clause d'habitation personnelle licite interdisant la mise à disposition gratuite de
l'appartement. La preneuse et sa fille se pourvoient en cassation.

Prétention des parties :

 L’arrêt de la CA retient que « sauf enfant mineur, un des cotitulaires ne peut imposer à l’autre la présence d’une tierce
personne majeure alors que le bail stipule une clause d’habitation personnelle prohibant toute sous-location, cession
et mise à disposition gratuite de l’appartement ».

 Les clauses d’un bail d’habitation ne peuvent avoir pour effet de priver le preneur de la possibilité d’héberger ses
proches

Question de droit :

 Une clause contractuelle, en l’espèce une clause de bail d’habitation, peut-elle prévoir l’interdiction pour le
locataire d’héberger ses proches ?
o Est-ce qu’un contrat de bail peut primer sur la CESDHLF ?

Réponse de la Cour : Casse et annule l’arrêt rendu par la CA.


 La CC casse l’arrêt au seul visa de l’art 8-1 de la CESDHLF, en reprenant la formule de l’arrêt Mel Yedei suivant
laquelle les clauses d’un bail d’habitation ne peuvent avoir pour effet de priver le preneur de la possibilité
d’héberger ses proches

 Subordonne le droit d’accorder l’hospitalité à ses proches à la condition de rester sur place pour les accueillir

 On a estimé à l’aune du contrôle de proportionnalité que le fait d’accueillir uniquement une personne majeure ne
portait pas suffisamment atteinte au droit fondamental du colocataire mécontent : peut-être que cela aurait été
différent s’il y avait eu 5 enfants et non 1 seul.

Motifs :

 L’art 8-1 de la CESDHLF : Droit au respect de la vie privée et familiale, Toute personne a droit au respect de sa vie
privée et familiale, de son domicile et de sa correspondance.

o Cass. 3ème civ., 8 juin 2006, Bull. civ., III, n° 140

Fiche d’arrêt : Cour Cass., 8 juin 2006, « affaire des cabanes »

Résumé des faits : Un couple est propriétaire d’un appartement dans un immeuble à Nice. Étant de confession juive, ils
décident à l’occasion de la fête de Souccoth d’installer une cabane, appelée Souccah, sur leur balcon, destinée à rester une
semaine. Or, le règlement de copropriété de leur immeuble interdit l’édification de toute construction sur les balcons, même à
titre provisoire. Le syndic, à la suite d’une résolution de l’Assemblée générale des copropriétaires, assigne le couple devant le
juge des référés afin de procéder à l’enlèvement de la cabane. En réaction, le couple assigne le syndic en nullité de la
résolution de l’AG au nom de l’atteinte à leur liberté de culte.

Prétention des parties :


 Le couple soutient que le règlement de copropriété ne peut imposer aucune restriction aux droits des copropriétaires
en dehors de celles justifiées par la destination de l’immeuble ; que l’appartement dont ils sont propriétaires répond
à un usage d’habitation et que la cabane installée sur leur balcon respecte la destination d’habitation de l’immeuble ;
qu’elle ne crée pas de nuisances ou de risques pour les autres copropriétaires ; que l’enlèvement forcé de la cabane
porte atteinte à leur droit d’exercice de culte.

o Violation de l’article 9 du Code civil et article 9 de la CESDHLF

o La CA n’aurait pas considéré l’abus de droit qu’aurait opéré l’AG et la volonté de nuire.

Procédure :
 Recours en annulation contre la résolution de l’assemblée générale des copropriétaires mandatant le syndic pour agir
en justice afin d’obtenir l’enlèvement de la cabane

 TGI de Nice et CA d’Aix ont débouté le couple de leur demande

 Cour de cassation rejette le pourvoi et déboute le couple de leur demande

Question de droit :

 Est-ce qu’une clause contractuelle, en l’espèce la clause d’un règlement de copropriété, peut avoir pour effet de
priver un copropriétaire de la liberté d’exercice de son culte ?

 Des propriétaires peuvent-il librement disposer de leur balcon à l’occasion d’une fête religieuse en dépit des
prohibitions instaurées par un règlement de copropriété ?

Réponse de la Cour : rejette le pourvoi.

Motifs :

 Refuse de considérer l’argument soulevé consistant à dire que la résolution est non-conforme en ce que le
règlement de copropriété ne peut imposer aucune restriction aux droits des copropriétaires en dehors de celles qui
seraient justifiées par la destination de l’immeuble car il n’a pas été soumis aux juges du fond.
 La liberté religieuse ne peut avoir pour effet de rendre licites les violations des dispositions d’un règlement de
copropriété

o La cabane faisant partie des ouvrages prohibés par le règlement,

o La cabane portant atteinte à l’harmonie générale de l’immeuble car visible depuis la rue.

o Cass. com., 27 mai 2021, n° 18-23261


o J.-P. Marguénaud, La réactualisation de l’influence contractuelle de la Convention européenne des droits de
l’homme, RTD Civ. 2022, p. 857

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