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compétence nécessaire pour fixer leur composition, leur organisation, leurs attributions
et leurs règles de fonctionnement ce qui concerne aussi les institutions de même nature
qui pourraient être créées (art. 171). Cette compétence législative devrait permettre
une meilleure harmonisation des statuts de ces organismes. Toutefois on a relevé que
le projet de loi créant l’Autorité chargée de la parité et de la lutte contre toutes formes
de discrimination ne semblait pas correspondre à la mission qui lui est confiée par la
Constitution en raison de l’insuffisance des pouvoirs qui lui sont accordés.
La Constitution fait figurer également parmi ces instances, l’Instance nationale de la
probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption (Loi 113-12 du 9 juin 2015
(BO. 2015, p. 3357), le Conseil national des droits de l’homme, le Médiateur ainsi que
d’autres conseils.
Toutes ces instances doivent présenter un rapport au moins une fois par an, rapport qui
doit faire l’objet d’un débat au Parlement (69).
Section VII
Les problèmes de l’administration (70)
Ce sont eux qui alimentent régulièrement les réflexions de ceux que préoccupe la
nécessité d’adapter l’administration à la mission qui lui est assignée ; ces problèmes
sont nombreux ; mais ils sont aussi hétérogènes et, dans cette mesure, ils ne relèvent
pas du même traitement. L’administration est en effet écartelée entre deux mouvements
qui paraissent actuellement se diriger dans deux sens diamétralement opposés ; elle est
d’une part contrainte de perfectionner sans cesse son organisation, ses méthodes, son
droit et ses techniques, afin d’être en mesure d’accomplir les nouvelles tâches complexes
qu’implique la direction du développement ; mais dans le même temps elle devient de
(69) D. Alami Machichi : « Les autorité autonomes de régulation », REMALD, n° 54, 2005, p. 9. A. Mecherfi : « Les
organes de régulation au Maroc », REMALD, n° 72-73, 2007, p. 35 ; C. El Moudden : « Les applications de la notion
de régulation dans l’ordre juridique marocain », REMALD, n° 83, 2009, p. 75. Un projet de loi relatif à l’ANRT vise
à lui donner un pouvoir de décision plus important notamment en matière de sanction (juin 2016).
En France, un projet de loi organique et un projet de loi ordinaire portant statut général des autorités administratives
indépendantes et des autorités publiques indépendantes ont été adoptés par l’Assemblée nationale en avril 2016.
Cf. A.J.D.A., n° 16, 2016, p. 878.
(70) Cf. Discours du ministre des Affaires administratives devant la Chambre des représentants, le 14/12/1971, in
Bull. Liaison des anciens élèves de l’E.N.A.P., n° 4, janvier 1972 ; Rousset (M.), l’Administration marocaine, Berger-
Levrault, 1970, p. 60 ; « Administration et développement », Bull. de liaison des anciens élèves de l’E.N.A.P., n° 6,
mai 1972, p. 7 et suiv. ; Plan quinquennal 1981-1985, la Réforme administrative, vol. 2, p. 358; Plan 1988-1992, p. 232
et suiv. ; « 1956-1996 : quarante ans d’administration », REMALD, série Thèmes actuels, n° 6, « Propos introductifs :
repenser l’Administration », M.A. Benabdallah.
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plus en plus inaccessible à une grande partie de la société qui ne saurait se reconnaître
en elle, mais sur laquelle repose cependant la majeure partie de l’effort nécessaire à ce
même développement. La prise de conscience de ce décalage, inévitable en l’état actuel de
l’évolution de la société, ne doit pas conduire l’administration à renoncer à se moderniser
sous peine d’hypothéquer dangereusement l’avenir ; mais elle doit la conduire à
compenser les inconvénients d’une administration qui sera nécessairement de plus en plus
technicienne, par un renforcement constant de son aptitude à associer les individus et les
groupes à son action, et à leur apporter dans des conditions acceptables la satisfaction des
besoins élémentaires mais vitaux dans le domaine social, culturel et économique. Ce sont
là les deux axes essentiels des réformes entreprises et de celles qui devraient l’être dans
un proche avenir et qui tendent à la modernisation de l’administration et à l’intégration de
l’administration à la société ; tous deux impliquent un effort permanent.
(71) M. Birouk, « La rationalisation des dépenses publiques au Maroc : mythe ou réalité ? », REMALD, n° 28, p. 93.
M. Rousset, l’Administration marocaine entre tradition et modernité, immobilisme et progrès, Mélanges Paul
Sabourin, Bruylant, 2001, p. 327.
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(72) En témoigne par exemple en Algérie la création de l’Ecole supérieure des Cadres appelée à former en trois ans
des cadres supérieurs recrutés par concours au niveau du 3e cycle. Il en est de même en Tunisie avec le cycle supérieur
de l’E.N.A.T. La réforme de l’ENA (2000) retrouve le même chemin et fait apparaître avec évidence le doublon que
constitue la création de l’Institut supérieur de l’administration !
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l’apport du personnel requis : tel est le cas de l’aménagement régional qui constitue une
orientation fondamentale des derniers plans de développement alors que le nombre de
cadres réellement qualifiés est notoirement insuffisant au regard des tâches à accomplir :
fort heureusement l’Institut national d’aménagement, dont le projet existait depuis plus de
dix ans, a été finalement mis en place en 1981, dans les faits, mais n’a été doté d’un statut
officiel que par un décret du 27 mars 1991 qui porte création et organisation de l’Institut
(B.O. 1991, p. 148).
Ainsi s’est-on acheminé, avec retard il est vrai, vers la satisfaction du vœu formulé
par les participants au colloque sur l’urbanisme (Rabat, décembre 1977) qui appelaient
à une accélération de la mise en place des institutions nécessaires à la formation des
cadres de différents niveaux indispensables à la mise en œuvre sérieuse d’une politique
d’aménagement de l’espace.
(73) Décret du 24 mai 1994 fixant les attributions et l’organisation du ministère des Affaires administratives, B.O. 1994,
p. 336. M. Aliat, « Evolution de l’organisation et des attributions du ministères des Affaires administratives »,
REMALD, 40 ans d’administration, série Thèmes actuels, n° 6, p. 97.
(74) Réforme de l’administration : fiches de projets, Premier ministre, ministère des Affaires administratives,
janvier 1995, 76 pages.
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Quoi qu’il en soit, la réalisation de ces réformes suppose sans doute une forte implication
de la part du Chef du gouvernement, c’est-à-dire une forte volonté politique. Mais elle requiert
aussi, tant de la part de l’autorité ministérielle en charge de ces problèmes, aujourd’hui le
ministère de la Fonction publique et de la Modernisation de l’administration (2015), que
de la part des diverses administrations, la disposition des personnels de haute qualification
capables de suivre ces questions ; il faut aussi que ces personnels soient intégrés dans des
structures elles-mêmes permanentes ayant, à titre principal, la responsabilité de la réforme ;
trop souvent les inspections dont ce doit être la mission, n’ont qu’une existence formelle
et en tout cas trop réduite pour y faire face ; et les secrétaires généraux sont trop absorbés
par leur mission principale pour consacrer à la réforme des services, des méthodes et des
circuits, une part suffisante de leur temps et de leur attention.
Sans doute, l’effort de rationalisation des structures et des attributions des
administrations de l’Etat a abouti à la publication des textes nécessaires, ce qui constitue
un facteur positif. Mais il faut bien comprendre que cette action ne constitue qu’une étape
dans un processus continu de réflexion et d’évaluation critique portant sur l’appareil
administratif et qui doit se poursuivre ; cela revient à dire que la réforme administrative
et la modernisation de l’appareil administratif ne peuvent être que progressives et que les
tâches qu’elles impliquent doivent être confiées à titre principal à des équipes chargées de
façon permanente d’en assurer la responsabilité.
Les auteurs des plans quinquennaux 1981-1985 et 1988-1992 étaient persuadés de
cette nécessité puisqu’ils affirmaient leur intention d’améliorer les services d’inspection
et surtout de mettre en place, dans les diverses administrations, des cellules chargées
de l’organisation et des méthodes dont l’activité devait être coordonnée par la direction
centrale d’organisation et méthodes du ministère des Affaires administratives ; cette
responsabilité devrait aujourd’hui échoir à la Direction de la réforme administrative de
l’actuel ministère délégué auprès du Chef du gouvernement chargé de la modernisation de
l’administration (novembre 2015).
On peut espérer que les responsables du Haut commissariat au Plan ont pris la mesure
du problème posé et que celui-ci recevra au cours des années à venir, les solutions
institutionnelles permanentes qu’appelle sa nature, et qui n’ont été jusqu’alors qu’esquissées.
(75) Cf. notre étude : « Administration et société au Maroc », in Mélanges Letourneau, Aix-en-Provence, 1974, p. 301.
De même les développements consacrés à la réforme administrative, in Plan quinquennal 1981-1985, vol. 2, p. 358.
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sens que la nature même des tâches qu’assume l’administration la conduit, ainsi qu’on l’a
dit, à renforcer son allure technicienne propre à déconcerter une partie de ses usagers qui ne
sont pas en mesure d’en comprendre la nécessité. En revanche, cette évolution inéluctable
de l’administration doit être compensée par des actions dont le but est de rapprocher
l’administration de ceux qu’elle est appelée à servir : cet objectif est recherché par des
réformes qui devraient améliorer son implantation territoriale et son fonctionnement ; il
devrait l’être aussi par le développement des méthodes et des comportements favorisant la
communication. Enfin la généralisation des Nouvelles Technologies de l’Information et de
la Communication (NTIC) devrait accroître les possibilités d’amélioration des relations de
l’administration avec ses usagers.
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l’écart qui sépare la population des services administratifs, devrait être sinon éliminée, du
moins largement neutralisée.
(76) Cf. pour une présentation suggestive de ce conflit : « Les structures agraires dans l’impasse », Mounir (S.),
Lamalif, n° 65, septembre 1974, p. 36 et suiv.
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(77) Dubois (J.), « Pour une réforme de l’administration agricole au Maroc », Tiers-monde, Etudes, 1965, p. 75.
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On peut penser que ce sont des considérations de ce type qui ont conduit le législateur
à créer des associations d’usagers des eaux agricoles (dahir promulguant la loi 02-84, B.O.
1991, p. 30) ; en effet, ces associations doivent permettre “ la participation des intéressés
à la réalisation des programmes de travaux, à la gestion et la conservation des ouvrages
d’utilisation des eaux ” dans les périmètres où l’Etat a procédé à la création d’équipements
destinés à l’irrigation (art. 1er).C’est également à cette idée que correspondent les
dispositions des lois organiques relatives aux collectivités territoriales du 7 juillet 2015 qui
mettent en place des mécanismes participatifs et de concertation.
Enfin, on rappellera qu’une telle orientation des réformes administratives ne relève
évidemment que très partiellement du volontarisme juridique ; elle dépend d’une
conscience particulièrement aiguë que chaque agent doit avoir de la finalité de son action.
Mais cette conscience ne peut pas grand chose si elle ne trouve pas de renfort dans une
politique administrative entièrement orientée dans le même sens. Concrètement, cela
signifie qu’à tous les échelons de la pyramide administrative, les agents responsables
sachent qu’ils peuvent compter sur l’appui de la hiérarchie, la continuité dans l’action et
les moyens matériels, financiers et humains correspondant aux actions décidées.
C’est d’ailleurs ce qu’ont également constaté les autorités qui ont eu la responsabilité
de la mise en œuvre de la politique de résorption de l’habitat insalubre et notamment
de son volet Ville sans bidonville (VSB). Le relogement des habitants d’un bidonville,
surtout s’il existe depuis de nombreuses années, est une opération complexe qui comporte
certes des aspects matériels mais aussi des aspects sociaux qui impliquent une bonne
connaissance de cette populations afin d’en connaître les souhaits et les besoins ; tenter d’y
répondre de la manière la plus appropriée possible implique aussi d’agir en coopération
avec ses représentants (78).
On peut enfin évoquer la nécessité pour l’administration de s’ouvrir vers la société, de
développer une communication qui passe nécessairement par la fin de ce que l’on peut
appeler la « culture du secret » que pratique souvent l’administration. La Constitution dans
son article 27 a pour but d’y mettre fin en proclamant que « les citoyennes et les citoyens
ont le droit d’accéder à l’information détenue par l’administration publique, les institutions
élues et les organisations investies d’une mission de service public ». Naturellement ce droit
est assorti de limites qui tiennent à la nécessité de protéger la sécurité de l’Etat et la vie
privée ainsi que les libertés et les sources d’information dans des conditions précisées par la
loi. Le tribunal administratif de Casablanca a fait application de ce droit dans une décision
du 17 avril 2014, Khair Al Janoub, c/L’Office National Interprofessionnel des Céréales,
(REMALD, n° 125, 2015, p. 251, note M. Rousset et M.A. Benabdallah). On a pu dire que
(78) Rousset (M.) : L’appui budgétaire de l’Union européenne à la politique de résorption de l’habitat insalubre et
son volet Ville Sans Bidonville (VSB), in Bulletin économique et Social du Maroc (Nelle série), n° 166, 2010, p. 147.
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ce droit était aussi un des moyens de lutte contre la corruption et aujourd’hui et par voie
de conséquence que c’est également un droit au service de la gouvernance publique (79).
(79) Ndong Vincent de Pierre Okwe, « L’obligation publique d’information : un moyen de lutte contre la corruption »,
REMALD, n° 125, 2015, p. 149.
(80) D. Bouzzafour : « Les nouvelles technologies de l’information et de la communication au service de la
modernisation de l’administration », REMALD, n° 56, 2004, p. 155. « L’administration électronique au Maroc »,
REMALD, n° 76-77, 2007, p. 95. Sur la problématique générale de l’informatisation juridique on peut lire l’article de
Med Drissi Alami Machichi : « L’informatisation du droit des affaires », REMALD, n° 125, 2015, p. 9.
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particulier au sein des PME et l’essor du commerce électronique ainsi que l’accessibilité
des ménages à l’équipement informatique et au réseau internet ».
Les administrations se sont engagées dans la dématérialisation et la numérisation de
nombreux documents administratifs ce qui est de nature à simplifier l’accès des usagers
à ces documents et à favoriser la rapidité et la transparence de nombreuses procédures
administratives. La plupart des administrations et le gouvernement en particulier, se sont
dotés de ce type d’outil tel le portail des marchés publics créé en 1997 mais dont le champ
d’action a été élargi par le décret du 20 mars 2013 qui concerne désormais les marchés
de l’Etat, des collectivités locales, des établissements publics et des sociétés nationales.
Ce portail est géré par la Trésorerie Générale du Royaume qui est chargée de « réaliser
l’intégration de l’information et de la communication dans le processus de gestion
financière et comptable de l’Etat et de mettre en place un système intégré de gestion des
dépenses et des recettes, des dépenses de personnel et des marchés publics conformément
à la nouvelle vision de la gestion des finances publiques telle qu’elle est consacrée par le
projet de loi organique des finances. De même la Justice permet aux justiciables de suivre
l’évolution de leur affaire grâce à l’informatisation des greffes des tribunaux.
On doit ajouter que la réussite de cette politique d’installation des systèmes
informatiques dans le secteur public et privé suppose qu’elle soit complétée par un
politique de formation des agents des collectivités publiques mais aussi des usagers de
l’administration ; et cela commence sans aucun doute par un effort du système éducatif
pour améliorer le niveau culturel de la population. Enfin il conviendra de réduire ce que
l’on appelle la fracture numérique afin que l’ensemble du territoire soit techniquement en
mesure d’accéder aux systèmes informatiques.
(81) Ezzoubair (M.), « La réforme des structures administratives », Revue des affaires administratives, n° 1, 1983, p. 177.
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à entreprendre (82). Il s’agit de réaliser dans les meilleures conditions les objectifs de
développement ce qui implique nécessairement, entre autres conditions, que l’on puisse
compter sur l’intervention d’un “appareil administratif dynamique, efficace et capable de
s’adapter aux réalités économiques et sociales”.
Les axes suivants ont été retenus: rentabilisation de l’appareil administratif,
réaménagement des relations entre le fonctionnaire et l’administration, redéfinition
des relations inter-administratives, rapprochement de l’administration des administrés,
revalorisation de la fonction publique et renforcement de l’organisation administrative
territoriale.
Des initiatives ont été prises à cet égard en 1982 avec l’installation par le Premier
ministre d’une commission nationale chargée de la réforme administrative ; divisée en
deux sous-commissions, la commission nationale devait se pencher sur les problèmes de
la révision des textes législatifs et réglementaires et d’autre part, sur toute une série de
problèmes concernant le fonctionnement de l’administration (arabisation (83), accueil et
information des administrés, simplification des procédures, etc.).
Le bilan que l’on peut établir des actions entreprises depuis le début de la décennie
quatre-vingts apparaît cependant assez décevant tant il est vrai qu’agir en même temps sur
les appareils et sur les mentalités est une tâche d’une extrême difficulté ; cette difficulté
est accrue du fait de la restriction des moyens financiers qui peuvent être dégagés pour
moderniser les services et améliorer les rémunérations qui constituent deux moyens
essentiels pour stimuler les agents.
Il est donc essentiel de poursuivre dans la voie de la réforme pour transformer
l’administration et la mettre activement au service de la collectivité (84). C’est
évidemment cet objectif qu’a poursuivi le ministère des Affaires administratives et qui se
trouvait détaillé dans les développements du plan d’orientation économique et social pour
la période 1988-1992 (85).
La faiblesse des résultats obtenus a conduit le ministre délégué chargé des affaires
administratives à faire approuver par le Conseil des ministres un rapport intitulé
(82) Plan de développement économique et social 1981-1985, vol. II, p. 358. Plan d’orientation pour le développement
économique et social 1988-1992, p. 232.
(83) Bensalah (A.), « La politique d’arabisation de l’administration publique », mémoire de cycle supérieur de
l’E.N.A.P., n° 12, 1982 (dactyl.).
(84) La modernisation de l’administration, actes du 3e colloque de l’Association des administrateurs du ministère
des Travaux publics, Rabat, 1990. L’administration publique et le changement, Association marocaine des sciences
administratives, Afrique-Orient, 1989 ; A. Ourzik : « Gouvernance et modernisation de l’administration, contribution au
Rapport du cinquantenaire », le Maroc possible, 2006.
(85) Plan, p. 234 et suiv.
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(86) Cette politique a été engagée par la Lettre Royale en matière d’investissement : cf. M. Rousset, « La
déconcentration régionale au Maroc : une avancée significative », in la Gestion déconcentrée des investissements,
REMALD, coll. Textes et documents, n° 66, 2002, p. 17.
(87) La problématique du colloque ainsi que les recommandations ont fait l’objet d’une publication par le ministère
de la Fonction publique et de la Réforme administrative, appellation du département jusqu’à sa disparition dans le
gouvernement de Driss Jettou (novembre 2002) où il a été remplacé par le ministre chargé de “la modernisation des
secteurs publics” ce qui est à la fois plus large et plus ambitieux que la simple réforme administrative.
Depuis 2012, il s’agit d’un ministre délégué auprès du Chef du gouvernement chargé de la Fonction publique et de la
Modernisation de l’Administration.
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Bulletin Officiel de 2011, p. 2191 (88). En outre le Médiateur est désormais une institution
nationale indépendante et spécialisée reconnue par l’article 162 de la Constitution qui lui
assigne comme mission « dans les rapports de l’administration et des usagers de défendre
les droits, de contribuer à renforcer la primauté de la loi et à diffuser les principes de
justice et d’équité et les valeurs de moralisation et de transparence dans la gestion des
administrations, des établissements publics, des collectivités territoriales et des organismes
dotés de prérogatives de puissance publique ».
Le Médiateur est nommé pour une période de cinq ans et renouvelable une fois. Il
peut de sa propre initiative ou sur la base de plaintes ou de doléances dont il est saisi,
instruire des actions susceptibles de porter préjudice à des personnes physiques ou morales
marocaines ou étrangères en raison de tout acte de l’administration explicite ou implicite,
d’une action ou d’une activité considérée comme contraire à la loi notamment lorsqu’il
est entaché d’excès de pouvoir ou d’abus de droit ou contraire aux principes de justice
et d’équité (article 5). Toutefois il ne peut instruire les plaintes lorsque celles-ci mettent
en cause des décisions de justice définitives ou des faits dont la justice est saisie ou des
questions relevant du Conseil National des Droits de l’Homme (article 6). Dans le cadre
de ses compétences il peut mener des investigations et des enquêtes de façon à établir la
réalité des faits qui lui ont été dénoncés. Il peut adresser des recommandations aux autorités
en cause ; celles-ci ont l’obligation de répondre dans un délai de trente jours ; il peut
éventuellement saisir le Chef du gouvernement de propositions tendant à faire disparaître
les causes de l’atteinte au droit constatée y compris de propositions de modification de
la législation. S’il constate des fautes commises par les agents publics il doit en informer
le chef de l’administration concernée afin que ce dernier prenne les mesures appropriées.
Il peut recommander à l’administration de prendre des mesures disciplinaires voire de
transmettre les faits incriminés au ministère public aux fins de poursuite.
Le Médiateur peut aussi jouer le rôle d’intermédiaire pour désamorcer les conflits entre
l’administration et ses usagers soit de sa propre initiative soit à la demande de l’administration
ou des administrés. L’action du Médiateur est relayée sur l’ensemble du territoire par des
médiateurs régionaux. Mais pour que son action réussisse encore faut-il que l’administration
et notamment le Chef du gouvernement, donnent suite aux plaintes et doléances des citoyens
qui leur sont transmis par le médiateur ce qui n’est peut être pas le cas (89).
(88) Cf. M. Rousset, « La protection des droits de l’Homme au Maroc: de nouveaux progrès », Revue JPIC, n° 2,
2002, p. 165.
(89) Abou El Farah (T.), « La difficile cohabitation entre les instances de bonne gouvernance et le gouvernement »,
la Vie économique, 22/6/2015.
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Chapitre II
Les collectivités territoriales
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Les collectivités territoriales
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dernières ». Ce rôle est assuré sous la supervision du Président du Conseil régional. (Tarik
Zair, Subsidiarité et compétences des collectivités territoriales, Rev. Droit et Stratégie des
Affaires au Maroc, n° 4, 2015, p. 28).
Les collectivités disposent pour l’exercice de leurs compétences d’un pouvoir
réglementaire ainsi que des ressources financières propres et des ressources transférées par
l’Etat, étant entendu que toute compétence transférée par l’Etat devra s’accompagner du
transfert des ressources correspondantes. Les collectivités peuvent s’associer soit de façon
contractuelle pour la réalisation d’un projet, soit par la constitution de groupements afin de
mutualiser les moyens nécessaires à la réalisation de programmes communs.
L’article 146 confie à une loi organique le soin de déterminer tout ce qui concerne
la gestion démocratique de leurs affaires par les conseils élus ,l’exécution par leur
président des délibérations et des décisions des conseils, les conditions dans lesquelles
les citoyens et les associations pourront exercer leur droit de pétition, les différentes
compétences des collectivités, leur régime financier, et l’origine de leurs ressources ainsi
que les modalités de fonctionnement des deux fonds créés par la Constitution, Fonds de
mise à niveau sociale des régions et Fonds de solidarité inter-régionale, les mécanismes
destinés à favoriser le développement de l’intercommunalité, les règles concernant la
constitution des groupements de collectivités, enfin « les règles de gouvernance relatives
au bon fonctionnement de la libre administration, au contrôle de la gestion des fonds et
programmes, à l’évaluation des actions et à la reddition des comptes ».
Enfin sur la base de l’article 71 de la Constitution, c’est une loi 131-12 du 27 juillet 2013
qui a fixé les principes de délimitation des ressorts territoriaux des collectivités locales et
les autorités compétentes pour le faire (B.O. 2013, p. 2236). L’article premier de la loi
précise qu’il s’agit pour ces principes « de permettre la création de collectivités territoriales
viables et pérennes, eu égard à leurs potentialités et leurs composantes territoriales, visant
une organisation territoriale décentralisée, fondée sur une régionalisation avancée au sein
de l’Etat unitaire ». Sans entrer dans le détail de ces principes, on indiquera seulement
que les régions, les provinces et les préfectures et les communes sont créées par décret
sur proposition du ministre de l’intérieur. Toutefois s’agissant des régions le décret
du 20 février 2015 fixe également le nombre des régions au nombre de douze, leur
dénomination, leur chef-lieu ainsi que les préfectures et les provinces les composant. De
la même façon, le décret créant les préfectures et les provinces détermine leur nombre,
leur chef-lieu ainsi que les communes composant leur ressort territorial. Enfin le décret
créant les communes fixe également leur dénomination tandis que les limites de leur
ressort territorial et leur chef-lieu sont fixés par arrêté du ministre de l’intérieur. Dans
chaque commune le ministre de l’intérieur délimite par arrêté le périmètre urbain qui peut
englober tout ou partie du territoire de la commune. La partie restante de ce territoire est
considérée comme rurale.
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Les collectivités territoriales
Section I
L’organisation de la région
On sait que le Maroc précolonial a connu une circonscription régionale. Mais cette
circonscription non stabilisée d’ailleurs, existait dans des limites géographiques fluctuantes,
le Makhzen privilégiant le commandement des hommes sur celui des territoires.
Au cours du Protectorat, la création de sept régions a eu pour but, indépendamment
des contraintes de maintien de l’ordre public, de permettre la déconcentration du pouvoir
central et le transfert d’un certain nombre d’attributions aux chefs de région.
Au lendemain de l’indépendance, la création des provinces et des préfectures
poursuivait le même objectif qui n’a d’ailleurs pas fondamentalement changé avec
l’érection des provinces et préfectures en collectivités locales en 1962 et l’augmentation
de leur nombre.
C’est seulement en 1971 que la région réapparaît ; mais cette fois elle est conçue
comme un cadre géographique susceptible de servir de référence pour l’élaboration et la
mise en œuvre d’une politique d’aménagement du territoire, on parle aussi de spatialisation
du plan, mais en outre comme une institution permettant une amorce de représentation des
populations concernées par le développement régional au sein d’une Assemblée Régionale
Consultative (ARC).
En 1992 la région est érigée en collectivité territoriale lors de la révision de la
constitution ; un nouveau statut est édicté par la loi du 2 avril 1997 (B.O. 1997, p. 292) ;
celle-ci est complétée par un décret du 17 août 1997 (B.O. 1997, p. 781) qui fixe le nombre
des régions (seize régions) issues d’un nouveau découpage géographique, leur nom, leur
chef lieu dans leur nouveau ressort territorial, le nombre des conseillers à élire dans chaque
région, la répartition des sièges entre les divers collèges électoraux et la répartition entre
les préfectures et les provinces du nombre de sièges revenant aux collectivités locales.
183
Droit administratif marocain
L’idée centrale qui a présidé à la mise en place de la nouvelle région, a été exprimée par
le Roi Hassan II dans le célèbre discours de 1984 dans lequel il déclarait : « Nous voulons
que les choix de notre pays ne soient pas seulement pris à Rabat. » Et il préconisait la
création d’institutions régionales dotées de compétence « leur permettant de s’affirmer,
de connaître leurs besoins, d’évaluer l’échelle de leurs priorités et d’exprimer, nonobstant
la diversité des partis et des courants politiques, leurs aspirations, d’être le promoteur, le
planificateur, l’édificateur et l’exécutant sur leur territoire ».
Dans quelle mesure la région a-t-elle correspondu à cette perspective ? Il est difficile
de répondre de façon tranchée à une telle question. Toutefois on peut relever un certains
nombre de points positifs. Tout d’abord à la différence des institutions de 1971, les
institutions régionales ont fonctionné de façon régulière qu’il s’agisse des élections ou des
conditions de fonctionnement des assemblées régionales et du tandem exécutif Président-
Wali. Sans doute les ressources financières n’ont-elles jamais été à la hauteur des besoins
de financement des budgets régionaux mais des réalisations, même modestes, peuvent
être mises au crédit des administrations régionales souvent en coopération avec d’autres
collectivités ou avec l’Etat. Il n’est pas certain toutefois que l’institution régionale ait
atteint un niveau suffisant de visibilité pour que la population ait eu une claire conscience
de son existence et de son utilité pour au moins deux raisons : l’élection indirecte du
conseil régional et le fait que l’élaboration des plans de développement régionaux n’a pas
toujours été suivie de leur exécution et n’ont donc pas été très visibles pour la population
de la région.
Il est vrai que la réussite de l’expérience de régionalisation supposait également que
l’Etat s’investisse réellement au niveau de la région c’est à dire qu’il adapte ses propres
structures et principes de fonctionnement au niveau régional ainsi d’ailleurs que ses
propres politiques dans les domaines relevant de sa responsabilité: en clair cela recouvre
le problème de la déconcentration c’est à dire de la régionalisation de ses structures
administratives, des compétences juridiques et financières et des politiques publiques, ce
qui n’a pas été fait, ou qui ne l’a été que très partiellement.
La publication au printemps 2007 du Projet d’autonomie pour les provinces du sud a
suscité un nouvel intérêt pour la régionalisation ; il a sans aucun doute contribué à faire
réfléchir à une nouvelle approche de l’idée de région pour l’ensemble du Royaume. En
effet ce projet reconnaît à la région autonome du Sahara un ensemble de pouvoirs législatif,
exécutif et juridictionnel qui place ce projet aux confins de l’Etat unitaire et de l’Etat
Fédéral dans le cadre de la souveraineté de l’Etat Marocain. Il était dès lors nécessaire que
« la région de droit commun » connaisse une véritable novation pour qu’il n’y ait pas un
trop grand décalage entre la Région autonome du Sahara et les autres régions du Royaume.
184
Les collectivités territoriales
C’est dans ces conditions que le Chef de l’Etat à annoncé dans son discours du
30 juillet 2009, la décision de confier à une commission consultative le soin de réfléchir
à la construction d’une régionalisation avancée « assurée par des conseils démocratiques,
dans le cadre d’une répartition cohérente des compétences entre le centre et les régions ».
Parallèlement le Souverain exhortait le gouvernement à élaborer « une Charte de la
déconcentration sans laquelle aucune régionalisation efficiente ne peut être envisagée ».
Cette commission a été installée le 3 janvier 2010 ; elle a travaillé sur la base des quatre
principes fondamentaux indiqués par Sa Majesté le Roi : – Respect de l’unité de l’Etat, de la
nation et du territoire. – Principe de solidarité incarnant la complémentarité et la cohésion
inter-régionales. – Harmonisation et équilibre dans la répartition des compétences et des
moyens afin d’éviter interférences et conflits de compétence. – Large déconcentration dont
la mise en œuvre effective est indispensable à une régionalisation judicieuse dans le cadre
d’une gouvernance territoriale efficiente.
La Commission a rendu son rapport en février 2011 dont les conclusions essentielles
ont été intégrées dans la Constitution de 2011.
Le décret du 20 février 2015 a déterminé la nouvelle carte régionale ; le territoire
du Royaume est divisé en douze régions ; le décret fixe la dénomination de ces régions,
leurs chefs-lieux ainsi que les préfectures et les provinces qui les composent (B.O. 2015,
p. 1008). Ces régions sont les suivantes :
Tanger-Tétouan-Al Hoceima, chef lieu : Tanger-Asilah
L’Oriental, chef-lieu : Oujda-Angad
Fès-Meknès, chef-lieu : Fès
Rabat-Salé-Kénitra, chef-lieu : Rabat
Béni Mellal-Khénifra, chef-lieu : Béni Mellal
Casablanca-Settat, chef-lieu : Casablanca
Marrakech-Safi, chef-lieu : Marrakech
Drâa-Tafilalet, chef-lieu : Errachidia
Souss-Massa, chef-lieu : Agadir-Ida-Ou-Tanane
Guelmim-Oued Noun, chef-lieu : Guelmim
Laâyoune-Sakia El Hamra, chef-lieu : Laâyoune
Dakhla-Oued Ed-Dahab, chef-lieu : Oued Ed-Dahab
Par voie de conséquence le territoire des wilayas a été modifié pour le faire correspondre
à la nouvelle carte régionale.
Enfin la loi organique relative à la région n° 111-14 du 7 juillet 2015 (B.O. 2016, p. 197)
définit le régime juridique, administratif et financier de la nouvelle région qui repose sur
un certain nombre de principes de base :Libre administration, coopération et solidarité
entre les régions, prééminence de la collectivité régionale pour tout ce qui concerne le
185
Droit administratif marocain
186
Les collectivités territoriales
187
Droit administratif marocain
L’élection du président fait l’objet d’une réglementation très précise qui est destinée
à lui assurer une représentativité aussi solide que possible. Pour être candidat il faut être
classé en tête de liste des candidatures dans toutes les circonscriptions électorales et qui
ont obtenu des sièges dans le conseil. Il faut en outre appartenir à un parti classé dans les
cinq premières positions au regard du nombre de sièges obtenus aux élections du conseil
de la région. Le candidat doit également fournir une accréditation du parti politique auquel
il appartient, sauf s’il s’agit d’un candidat indépendant (que l’on appelait autrefois les
candidats neutres ou sans appartenance partisane SAP). L’acte de candidature doit être
déposé personnellement auprès du Wali cinq jours après les élections du Conseil, et cela
contre récépissé de ce dépôt. Le Wali convoque le Conseil qui se réunit sous la présidence
de son doyen d’âge non candidat ; le plus jeune conseiller non candidat assure le secrétariat
de la séance à laquelle assiste le Wali.
L’élection se fait comme pour les élections des vice-présidents au scrutin public. Au
premier tour à la majorité absolue des membres en exercice du conseil ; si nécessaire un
deuxième tour est organisé entre les deux premiers candidats classés selon le nombre
de voix obtenues au premier tour. L’élection a toujours lieu à la majorité absolue des
membres du conseil ; si un troisième tour est nécessaire le vote a lieu à la majorité relative
des membres présents. En cas de partage égal des voix le plus jeune est déclaré élu ; en
cas d’égalité d’âge le vainqueur est tiré au sort sous la supervision du président de séance.
L’article 17 de la loi établit un certain nombre d’incompatibilités sanctionnées par la
démission d’office constatée par le ministre de l’intérieur ainsi que l’interdiction du cumul
avec d’autres fonctions : membres du gouvernement, des assemblées parlementaires, et de
certains organismes : HACA, Conseil économique, social et environnemental, Conseil de
la concurrence, Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la
corruption.
L’élection des vice-présidents a lieu immédiatement après celle du président et sous
sa présidence. Elle a lieu au scrutin de liste. Le président présente la liste qu’il propose.
Les autres membres du conseil peuvent présenter des listes ; chaque liste est présentée par
le membre classé en tête de liste. Afin d’atteindre la parité, chaque liste doit comporter
un nombre de candidates qui ne soit pas inférieur au tiers des postes de vice-président
à pourvoir. Aucun membre ne peut être candidat sur plus d’une liste. Le scrutin a lieu
à la majorité absolue des membres en exercice du conseil au premier tour ; si un second
tour est nécessaire le scrutin est le même mais seulement entre les deux listes arrivées en
tête. Si aucune liste n’atteint cette majorité un troisième tour est organisé où l’élection a
lieu à la majorité relative des membres présents. En cas de partage égal des voix, la liste
présentée par le président est prépondérante. L’article 22 énumère les cas de cessation de
leurs fonctions par le président et les vice-présidents. Dans les six premiers cas prévus
par l’article 22 (décès, démission volontaire, ou de plein droit, révocation, annulation
188
Les collectivités territoriales
définitive de l’élection, détention de plus de six mois) la président est démis d’office de ses
fonctions et le bureau est dissous de plein droit. Dans le délai de quinze jours à compter
de la constatation de la cessation de fonction, le ministre de l’intérieur convoque le conseil
pour l’élection d’un nouveau président et du bureau.
Si le président cesse ou s’abstient d’exercer sans motif ses fonctions pendant plus de
deux mois, le Wali le met en demeure d’en reprendre l’exercice. A défaut d’obtempérer
dans délai de sept jours ouvrables, le ministre de l’Intérieur saisit la justice administrative
des référés pour statuer sur l’existence de cette cessation ; si cette cessation est confirmée
le bureau est dissous et le conseil est convoqué pour procéder à l’élection du nouveau
président et du bureau.
Si un ou plusieurs vice-présidents cessent d’exercer leurs fonctions dans les
paragraphes 1 à 6 et 8 de l’article 22 de la loi, les vices présidents de rangs inférieurs les
remplacent en suivant l’ordre de leur classement. Le président convoque alors le conseil
pour procéder à l’élection au(x) poste(s) de vice-présidents devenu(s) vacant(s). En cas
de cessation sans motif ou de refus d’exercer les fonctions pendant plus d’un mois le
président met en demeure le ou les intéressés de reprendre l’exercice de leurs fonction
dans un délai de sept jours. Si cette mise en demeure reste sans effet le Président convoque
le conseil en session extraordinaire pour démettre le ou les vice-présidents défaillants. Le
président peut alors convoquer le conseil pour procéder à l’élection des remplaçants de ces
vice-présidents.
Le conseil élit parmi ses membres un secrétaire et un secrétaire adjoint qui peuvent être
démis de leurs fonctions sur proposition motivée du président à la majorité absolue des
suffrages exprimés.
Les membres du conseil peuvent constituer des groupes d’au moins cinq membres
auxquels peuvent adhérer les membres indépendants ; chaque groupe choisit une
appellation et un président. La constitution et le fonctionnement de ces groupes sont
déterminés par le règlement intérieur du Conseil.
Au cours de la première session qui suit l’approbation du règlement intérieur, le
conseil constitue trois commissions permanentes. Les trois commissions obligatoires sont
chargées respectivement :
– du budget, des affaires financières et de la programmation ;
– du développement économique, social, culturel et environnemental ;
– de l’aménagement du territoire.
Le conseil peut en créer d’autres dans la limite de sept au maximum. Le règlement
intérieur fixe leur dénomination, leur objet et les modalités de leur composition. Le
Conseil élit le président et son adjoint parmi leurs membres dont le nombre ne doit pas être
189
Droit administratif marocain
inférieur à cinq et qui ne peuvent être membre que d’une commission. Le principe de parité
doit être pris en compte dans les candidatures à la présidence des commissions. En principe
les membres du bureau ne peuvent pas être candidat au poste de président de commission
sauf si aucun candidat ne se manifeste en dehors du membre du bureau. Une présidence de
commission permanente doit être réservée à l’opposition. Les commissions se réunissent
à la demande du président du conseil, de leur président ou du tiers de leurs membres. Les
questions à l’ordre du jour du conseil leur sont obligatoirement soumises pour examen. Le
président du conseil doit leur fournir informations et documents nécessaires à cet examen.
Le président de la commission est le rapporteur. Il peut faire convoquer par l’intermédiaire
du président du conseil les membres de l’administration de la région, et par l’intermédiaire
du wali sous couvert du président du conseil les fonctionnaires et agents de l’Etat et des
établissements publics et entreprises publiques dont les compétences s’exercent dans le
ressort territorial de la région.
Le conseil peut aussi créer des commissions provisoires pour l’étude d’une question
particulière ; ces commissions disparaissent avec l’achèvement de leurs travaux. Qu’elles
soient provisoires ou permanentes les commissions ne peuvent exercer aucune compétence
attribuée au conseil ou à son président.
Le fonctionnement du conseil de la région suppose l’élaboration et le vote du
règlement intérieur lors de la session qui fait suite à l’élection du bureau. La délibération
l’approuvant et le texte du règlement sont adressés au Wali ; il entre en vigueur huit
jours après cet envoi sauf opposition du Wali. Dans ce cas c’est en définitive le tribunal
administratif qui tranche la question dans les conditions de l’article 114 de la loi.
Le Conseil tient trois sessions ordinaires par an, en mars, juillet et octobre. Pour chaque
session est établi un calendrier des séances ainsi que les questions inscrites à leur ordre
du jour. La durée des sessions ne peut excéder quinze jours consécutifs ; une prorogation
est possible par arrêté du président du Conseil transmis au Wali sans que cette prorogation
puisse dépasser les quinze jours consécutifs. Le président informe les membres du conseil
de la tenue de la session et de son ordre du jour.
Le conseil peut être convoqué en session extraordinaire par le président ou à la
demande du tiers de ses membres mais dans ce cas le président peut s’y opposer ; son
refus doit être motivé. La convocation doit être assortie d’un ordre du jour. Si la demande
émane de la majorité absolue des membres du conseil, la session extraordinaire se tient
de plein droit. Dans tous les cas la session est close par l’épuisement de l’ordre du jour ;
elle ne peut durer plus de sept jours consécutifs sans possibilité de prorogation. Le conseil
se réunit également en session extraordinaire de plein droit à la demande du Wali qui
souhaite inclure dans l’ordre du jour des questions accompagnées des documents. Le
président est chargé de convoquer le Conseil et de transmettre à ses membres l’ordre du
190
Les collectivités territoriales
jour trois jours avant la date de la tenue e l session. Le conseil put délibérer si le quorum
de la moitié des membres en exercice est présente ; A défaut la session est reportée au jour
ouvrable suivant ; elle se tient quel que soit le nombre des membres présents.
Le Wali assiste aux séances soit à l’invitation du président ou de sa propre initiative,
et peut présenter des observations en rapport avec les questions de l’ordre du jour. Il ne
participe pas au vote. Des personnels des services de la région assistent à titre consultatif
aux séances sur convocation du président. De même des personnels de l’Etat ou des
entreprises publiques agissant dans le ressort territorial de la région peuvent être invités à
participer aux travaux du conseil par le président et l’intermédiaire du Wali lorsque l’ordre
du jour comporte des questions en relations avec les activités de ces administrations ou
organismes.
L’ordre du jour des sessions est établi par le président en collaboration avec les
membres du bureau ; il est transmis au Wali vingt jours au moins avant l’ouverture de la
session. Lorsqu’elles ont été déclarées recevables par le bureau les pétitions présentées par
les citoyennes, les citoyens ou les associations sont obligatoirement inscrites à l’ordre du
jour de la session ordinaire suivant la date de la déclaration de leur recevabilité.
Le Wali peut de plein droit demander l’inscription à l’ordre du jour de questions
supplémentaires lorsqu’elles sont urgentes à la condition d’en aviser le président huit jours
après réception de l’’ordre du jour prévu.
L’article 43 traite des questions dont les membres du conseil à titre individuel ou au
nom de leur groupe peuvent demander l’inscription à l’ordre du jour et des conditions dans
lesquelles le président peut la refuser.
Le conseil et ses commissions ne peuvent délibérer que sur des questions relevant de
la compétence du conseil et inscrites à l’ordre du jour. Le Wali peut s’opposer à toute
question étrangère à la compétence de la région et aux attributions du conseil. Il notifie
cette opposition au président et éventuellement il saisit le tribunal administratif en référé
qui statue dans le délai de quarante huit heures à compter de sa saisine et cela de manière
définitive sans convocation des parties le cas échéant. Le conseil ne peut délibérer sur
ces questions tant que la juridiction administrative n’a pas statué sauf à s’exposer en cas
de violation volontaire de cette interdiction à l’application des sanctions disciplinaires
prévues aux articles 67 et 76 de la loi.
Les délibérations du conseil ne sont valables que si la séance se tient en présence de
plus de la moitié des membres en exercice du conseil ; ce quorum est apprécié à l’ouverture
de la session ; s’il n’est pas atteint le président adresse une nouvelle convocation aux
membres du conseil et celui-ci délibère alors avec la même exigence de quorum. Si
celui-ci n’est pas atteint le conseil se réunit après le troisième jour ouvrable et délibère
valablement quel que soit le nombre des membres présents.
191
Droit administratif marocain
Les délibérations sont adoptées à la majorité absolue des suffrages exprimés sauf pour
certaines questions particulièrement importantes pour lesquelles la majorité absolue des
membres en exercice est exigée. Il s’agit :
– du programme de développement régional ;
– du schéma régional d’aménagement du territoire ;
– de la création des sociétés de développement régional, la modification de leur objet
et des questions concernant leur capital ;
– des modes de gestion des services publics relevant de la région ;
– du partenariat avec le secteur privé ;
– des contrats relatifs à l’exercice des compétences partagées avec l’Etat et celles
transférées à la région.
Si cette majorité absolue n’est pas atteinte lors du premier vote, un second vote est
organisé et la délibération est alors votée à la majorité des suffrages exprimés lors d’une
seconde réunion.
La région peut être représentée dans divers organismes à titre délibératif ou consultatif
sur la base de lois ou de règlement ; elle est alors représentée par le président, son vice
président ou par un membre délégué à cet effet. S’il s’agit d’une représentation auprès
de divers organismes publics ou privés existant à l’intérieur de la région et dont elle est
membre ; le conseil désigne à la majorité relative des suffrages exprimés les membres du
conseil qui seront appelés à la représenter.
Les membres du conseil à titre individuel ou au nom du groupe, peuvent poser au
président des questions écrites sur toute affaire d’intérêt régional. Ces questions sont
inscrites à l’ordre du jour à la condition qu’elles parviennent au président un mois avant
la tenue de la session ; si elles n’ont pu faire l’objet de réponse lors de la séance réservée
à ces questions, elles sont reportées à l’ordre du jour de la session suivante sachant que le
conseil ne consacre qu’une seule séance par session aux réponses à ces questions.
Les séances du conseil sont publiques ; dans certaines conditions elles peuvent se tenir
à huis clos soit à la demande du président ou d’un tiers des membres du conseil, soit à
la demande du Wali si la réunion publique présente un risque d’atteinte à l’ordre public ;
le président assure la police des séances ; il peut faire expulser toute personne menaçant
l’ordre public ; en revanche il ne peut faire expulser un membre du conseil ; toutefois après
un rappel à l’ordre demeuré sans effet, le conseil peut décider sans débat, à la majorité
absolue des membres présents, d’exclure de la séance le conseiller qui entrave les débats
ou méconnaît les dispositions de la loi ou du règlement intérieur. Si le président se trouve
dans l’impossibilité de faire respecter l’ordre il peut faire appel au wali de la région.
192
Les collectivités territoriales
Le secrétaire du conseil dresse le procès verbal des séances ; les délibérations sont
signées par le président et inscrites sur le registre des délibérations. Le président est
responsable de la tenue de ce registre qu’il doit transmettre à son successeur et adresser au
Wali à la cessation de ses fonctions. Ce registre doit faire l’objet d’un dépôt aux archives
dans les conditions prévues par la loi 69-99.
193
Droit administratif marocain
194
Les collectivités territoriales
peut plus exercer ses fonctions et les délégations qui lui avaient été accordées sont retirées.
Le tribunal statue dans le délai d’un mois de sa saisine.
Les fonctions de président et de vice-président sont incompatibles avec la résidence à
l’étranger ; si une telle résidence se produit postérieurement à l’élection, la démission de
ses fonctions est prononcée par arrêté du ministre de l’intérieur saisi par le Wali.
Les deux tiers des membres du conseil peuvent à l’expiration de la troisième année
du mandat du conseil demander la démission du président ; cette demande ne peut être
présentée qu’une seule fois au cours du mandat du conseil ; cette demande est inscrite à
l’ordre du jour de la première session ordinaire suivante ; la démission n’est acquise que si
elle est votée par les trois quarts des membres en exercice du conseil.
La démission du président, sa révocation ou sa démission volontaire font obstacle à ce
qu’il soit candidat à la présidence du conseil pour le reste du temps qui reste à courir du
mandat du conseil. Le bureau du conseil est alors dissous et des élections d’un nouveau
bureau, président et vice-présidents, sont organisées.
La dissolution et la suspension du conseil de la région sont prévues pour faire face à
certaines situations.
Si les intérêts de la région sont menacés le ministre de l’Intérieur peut saisir le tribunal
administratif pour décider la dissolution du conseil.
Une procédure identique existe si le conseil refuse de remplir les missions qui lui
incombent du fait de la loi, s’il refuse d’adopter les décisions nécessaires concernant
le budget ou le fonctionnement de services publics de la région, ou bien en cas de
dysfonctionnement du conseil : le président peut saisir le ministre de l’Intérieur par
l’intermédiaire du Wali d’une demande de mise en demeure du conseil de mettre fin à cette
situation. A défaut d’obtenir satisfaction le ministre de l’Intérieur peut saisir le tribunal
administratif pour qu’il prononce la dissolution du conseil.
Dans ces situations ou bien si le conseil a perdu plus de la moitié de ses membres pour
cause de démission ou pour toute autre cause sans qu’il soit possible de pourvoir à leur
remplacement, le ministre de l’Intérieur nomme une délégation spéciale ; celle-ci composée
de cinq membres, est présidée par le Wali qui exerce les fonctions de président dont il peut
déléguer une partie aux membres de la délégation ; celle-ci se borne à expédier les affaires
courantes. La délégation cesse d’exercer ses fonctions selon le cas dès l’expiration de la
durée de la suspension ou l’élection du nouveau conseil. Celle-ci doit avoir lieu dans des
conditions de délais de trois mois à compter de la dissolution ou de la date de cessation
d’exercice de ses missions par le conseil lorsque celui-ci a perdu la moitié de ses membres
sauf si l’on se trouve dans les six derniers mois du mandat des conseils de région ; dans ce
195
Droit administratif marocain
cas la délégation spéciale continue d’exercer ses missions jusqu’au renouvellement général
des conseils de régions.
Si le président s’abstient de prendre les actes qui lui incombent dans des conditions qui
nuisent au fonctionnement normal des services de la région le ministre de l’intérieur, saisi
par le Wali, met le président en demeure d’exercer ses fonctions. Si au bout de quinze
jours celui-ci persiste dans son abstention, le ministre de l’Intérieur saisit en référé le
tribunal administratif d’une demande de reconnaissance de l’état d’abstention. Le tribunal
statue dans les quarante huit heures par une décision définitive et sans convocation des
parties le cas échéant. Dans ce cas le wali peut se substituer au président pour effectuer les
actes que le président s’est abstenu d’effectuer.
• Le développement régional
Dès la première année de son élection le Conseil met en place un programme de
développement régional sous supervision du président ; il doit veiller à son suivi, à son
évaluation et à son actualisation.
Ce programme élaboré pour six ans doit l’être en coordination avec le Wali de la région
chargé de la coordination des activités des services déconcentrés des administrations d’Etat
dans la région et inscrire de cette façon la programmation des actions de développement
196
Les collectivités territoriales
qui pourront être réalisées dans la région en prenant en considération de manière optimale
leur nature, leur emplacement et leur coût.
Ce programme suppose l’établissement préalable d’un diagnostic des potentialités de
la région ; il doit suivre les orientation stratégiques de la politique de l’Etat au niveau
régional de même qu’il doit intégrer les projets des autres collectivités territoriales, ceux
des entreprises publiques sans négliger ceux des acteurs privés des secteurs économiques et
sociaux intégrés dans les orientations du schéma d’aménagement du territoire de la région.
La mise en œuvre de ce programme peut faire appel à la technique contractuelle que ce
soit avec l’Etat ou avec les autres intervenants.
Naturellement le Conseil régional doit tenir compte de ce programme lors de
l’établissement du budget de la région dans sa partie relative à l’équipement compte tenu
des ressources disponibles. L’actualisation de ce programme peut être réalisée à partir de
la troisième année de son entrée en vigueur ; les conditions de son élaboration, de son
actualisation et de son évaluation sont déterminées par voie réglementaire.
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au statut des personnels de l’Agence ; il peut aussi comporter des fonctionnaires détachés
ou mis à disposition.
204
Les collectivités territoriales
Les ressources de la région (art. 186 et s.). C’est une question fondamentale car les
possibilités d’action de la région sont très largement conditionnées par l’importance de ces
ressources et leur caractère pérenne. Ces ressources sont de trois sortes : des ressources
propres, des ressources affectées par l’Etat et des ressources d’emprunt. Sur la base de
l’article 141 de la Constitution la loi organique rappelle que le budget de l’Etat doit prévoir
l’affectation de ressources financières permanentes et suffisantes pour permettre aux
régions l’exercice de leurs compétences propres, et le transfert des ressources financières
correspondantes aux compétences transférées.
Parmi ces ressources figurent conformément à l’article 141-1° de la Constitution des
produits d’impôts et de taxes reversés par l’Etat ainsi que des crédits figurant au budget
général de l’Etat. A ces ressources s’ajoutent des ressources régionales composées soit
d’impôts et taxes, soit de revenus tirés de services rendus, ou des biens et participations,
soit des emprunts ou des fonds de concours etc..La région peut aussi bénéficier de facilités
de trésorerie dans l’attente du recouvrement des ressources fiscales qui lui reviennent sur
la part des impôts d’Etat.
Les charges de la région figurent au budget de la région et dans ses budgets annexes
et comptes spéciaux (art. 192). Elles se répartissent en dépenses de fonctionnement et
dépenses d’équipement. Elles comportent des dépenses obligatoires (art. 196) : paiement
des salaires et indemnités des personnels de la région, primes d’assurance, contribution
aux organismes de prévoyance et fonds de retraite, dettes exigibles, etc.
La préparation du budget relève des attributions du président (art. 197 et s.). Il
doit être établi sur la base d’une programmation triennale de l’ensemble des ressources
et des charges de la région conformément au programme de développement régional.
La programmation est actualisée chaque année afin de tenir comte de l’évolution des
ressources et des charges. Le projet est soumis à la commission du budget, des affaires
financières et de la programmation accompagné des documents nécessaires. Le budget
doit être adopté au plus tard le 5 novembre. S’il n’a pas été adopté à cette date le conseil
est réuni en session extraordinaire pour examiner les propositions de modifications.
L’ordonnateur doit alors adresser au ministre de l’intérieur le budget adopté ou, à défaut,
le budget non adopté ainsi que les procès verbaux des délibérations du conseil. Le ministre
de l’intérieur après examen de l’ensemble des données du problème posé par cette non
adoption, procède à l’établissement d’un budget de fonctionnement sur la base du dernier
budget visé en tenant compte de l’évolution des charges et des ressources.
Le visa du budget (art. 202 et s.). Le budget doit être présenté au ministre de l’Intérieur
au plus tard le 20 novembre. Il est exécutoire dès lors qu’il est visé ce qui signifie qu’il
respecte les dispositions de la loi organique et des lois et règlements en vigueur, qu’il a
été voté en équilibre sur la base de la sincérité des prévisions de recettes et de dépenses et
205
Droit administratif marocain
qu’il a bien intégré l’ensemble des dépenses obligatoires. Le budget transmis au ministre
de l’intérieur doit être accompagné d’un état faisant apparaître la programmation triennale
et les états comptables et financiers de la région établis sur la base de modèles fixés par
décret sur proposition du ministre de l’intérieur. Le refus de visa motivé oblige le président
et le conseil de région à revoir le budget de façon à corriger les erreurs ou manques qui
ont justifié le refus de visa. Si le budget n’est pas visé avant le premier janvier le président
peut être habilité par le ministre de l’Intérieur à exécuter le budget dans la limite des
dépenses de fonctionnement inscrites au dernier budget visé ; il peut également liquider
et ordonnancer les annuités d’emprunt et le règlement des décomptes relatifs aux marchés
dont les dépenses ont été engagées.
Lorsque le budget n’a pas été présenté au visa avant le premier janvier, le ministre
de l’Intérieur après avoir demandé des explications au président, peut établir un budget
de fonctionnement sur la base du dernier budget visé en tenant compte de l’évolution
des charges et des ressources de la région. Le budget est exécuté par le président qui
est l’ordonnateur des recettes et des dépenses. Le président et le trésorier exécutent
les opérations financières et comptables du budget de la région dont les fonds doivent
obligatoirement être déposés à la Trésorerie générale du Royaume.
Si le président s’abstient d’ordonnancer une dépense régulièrement due par la région,
le wali lui en demande la raison et le met en demeure d’ordonnancer la dépense. A défaut
d’exécution dans un délai de quinze jours et après constatation par le tribunal administratif
saisi en référé par le ministre de l’intérieur de la situation d’abstention du président, le wali
peut se substituer à ce dernier et effectuer l’ordonnancement des dépenses considérées.
Le budget peut être modifié en cours d’année par l’établissement de budgets
modificatifs qui suivent les mêmes formes et procédures de visa que le budget initial. Le
budget est arrêté au plus tard le 31 janvier de l’exercice suivant dans des conditions qui
sont fixées par décret sur proposition du ministre de l’intérieur.
Certaines régions peuvent bénéficier de la création décidée par la Constitution de deux
fonds, le Fonds de mise à niveau sociale et le Fonds de solidarité inter-régionale.
Les ressources du Fonds de mise à niveau sociale, ses modalités de fonctionnement et
sa durée sont déterminées par une loi de finances ; il est destiné à rattraper les retard de
certaines régions en matière d’infrastructures et d’équipements malgré les plans mis en
œuvre au cours des décennies précédentes : eau potable et électricité, habitat insalubre,
santé, éducation, réseau routier et télécommunications. C’est le chef du gouvernement
qui est ordonnateur de ce fonds ; il peut déléguer ce pouvoir aux walis de région. Les
conditions d’engagement des crédits de ce Fonds sont fixées par décret : ces conditions
concernent les critères d’attribution, les programmes annuels et sectoriels correspondant
aux domaines d’intervention du Fonds, les modalités de suivi et d’évaluation des
206
Les collectivités territoriales
programmes, leur audit et leur actualisation. Pour la réalisation des objectifs du Fonds
il est créé un comité technique dans chaque région. Ce comité est présidé par le wali
de la région et composé du président de la région, des gouverneurs des préfectures et
provinces, des présidents des conseils de préfectures et de provinces et des représentants
des présidents des conseils de commune à raison d’un président pour cinq communes. Font
également partie de ce comité technique les représentants des départements ministériels
concernés par les programmes et opérant dans le ressort territorial de la région. Ce comité
est chargé d’établir un diagnostic sur la situation de la région au regard des objectifs de
la mise à niveau sociale et d’élaborer un programme d’action prenant en considération
les priorités à respecter entre les différents objectifs de cette mise à niveau. Le comité
se réunit deux fois par an et autant de fois qu’il est nécessaire. Le wali établit un rapport
annuel sur l’exécution des programmes, leur évaluation et les recommandations qui
pourraient en améliorer le rendement.
Le Fonds de solidarité inter-régionale a pour but une répartition équitable de ressources
de manière à réduire les disparités entre les régions. Une loi de finances détermine les
ressources et les dépenses de ce Fonds ainsi que ses conditions de fonctionnement. Le
ministre de l’intérieur est l’ordonnateur de ce Fonds ; les critères de répartition des crédits
de ce Fonds entre les régions sont fixés par décret par le ministre de l’intérieur après
consultation des présidents des conseils de région.
La région comme toute personne morale possède des biens qui font partie de son
domaine public ou de son domaine privé ; le régime juridique de ce patrimoine est fixé
par la loi. Les décisions de gestion de ce patrimoine relèvent selon le cas du conseil de la
région (art. 98) ou du président (art. 101).
Les marchés de la région ainsi que ceux des groupements de régions ou de collectivités
territoriales sont passés dans les mêmes conditions que les marchés publics actuellement
régis par le décret du 20 mars 2013 dont ils doivent respecter les principes rappelés par
l’article 223 : liberté d’accès à la commande publique, égalité et garantie des droits des
concurrents, transparence dans le choix du maître d’ouvrage, respect des règles de bonne
gouvernance.
Le contrôle des finances de la région relève de la cour régionale des comptes et ses
opérations financières et comptables font l’objet d’un audit annuel effectué conjointement
par l’inspection générale des finances et par l’inspection générale de l’administration
territoriale. Le rapport établi à la suite de cet audit est adressé au président de la région, au
wali de la région, au ministre de l’intérieur et à la cour régionale des comptes concernée.
Le président communique ce rapport au conseil de la région qui doit en débattre. Le conseil
peut décider de créer une commission d’enquête au sujet d’une question intéressant les
affaires de la région. Aucune commission d’enquête ne peut être créée si une instruction
207
Droit administratif marocain
judiciaire est en cours. La mission de la commission prend fin avec le dépôt de son rapport
auprès du conseil qui en débat et peut éventuellement décider d’en adresser copie à la cour
régionale des comptes.
A. Le contrôle administratif
Il se dédouble de façon très classique en un contrôle sur les personnes et un contrôle
sur les actes. Le contrôle sur les personnes, élus ou conseil, est aujourd’hui intégré dans
le statut de l’élu (art. 54 à 79). Quant au contrôle sur les actes il résulte des dispositions
du Chapitre III de la loi (art. 112 à 115) et de diverses dispositions que l’on rencontre
notamment parmi celles qui sont consacrées au budget.
En application de l’article 145 de la Constitution c’est le wali de la région qui exerce le
contrôle sur la légalité des délibérations du conseil et des arrêtés du président. Les litiges
qui peuvent s’élever à cet égard relèvent du tribunal administratif. L’article 112-3° définit
la nullité de droit qui reste le seul motif d’annulation des actes des organes de la région.
Sont nuls de plein droit les actes qui sont pris en dehors des attributions des organes ou
en violation des lois et règlements. Mais c’est le tribunal administratif qui statue sur cette
nullité lorsqu’il est saisi par le ministre de l’intérieur.
Une copie des délibérations et des procès verbaux des délibérations du conseil ainsi
que des arrêtés du président pris dans le cadre de son pouvoir réglementaire doivent être
notifiées au Wali contre récépissé dans les dix jours ouvrables faisant suite à la clôture
de la session. Il en est de même pour le règlement intérieur. Le wali peut s’opposer s’il
constate un cas de nullité absolue ; il notifie son opposition motivée au Président dans un
délai de trois jours ce qui oblige le conseil à revoir sa délibération. S’il s’agit d’un arrêté
réglementaire du président il en est de même. Si le conseil maintient sa position le ministre
de l’Intérieur saisit le tribunal administratif en référé afin qu’il statue sur la demande de
suspension d’exécution dans un délai de quarante huit heures de la saisine ; cette saisine
suspend l’exécution jusqu’à ce que le tribunal ait statué. Le tribunal statue ensuite sur la
demande de nullité dans un délai de trente jours ; le tribunal notifie sa décision au ministre
de l’Intérieur et au président dans un délai de dix jours du prononcé de son jugement.
A défaut d’opposition du wali les délibérations sont exécutoires à l’expiration du délai
d’opposition.
208
Les collectivités territoriales
Par ailleurs ne sont exécutoires qu’après avoir été visées par le ministre de l’Intérieur
les délibérations suivantes :
– programme de développement régional ;
– schéma régional d’aménagement du territoire ;
– organisation de l’administration et à ses attributions ;
– gestion déléguée des services publics et des ouvrages publics de la région ;
– création de sociétés de développement régional ;
– délibérations ayant des incidences financières ;
– délibérations relatives aux conventions de coopération décentralisée et de jumelage
conclues avec des collectivités locales étrangères et des acteurs en dehors du royaume
que l’on retrouvera dans la section IV consacrée à la coopération internationale des
collectivités territoriales.
Les délibérations doivent être visées dans le délai de vingt jours à compter de leur
réception par le ministre de l’intérieur ; à l’expiration de ce délai le visa est réputé accordé.
Les délibérations relatives au budget, aux emprunts et aux garanties doivent également
obtenir le visa du ministre de l’Intérieur dans les conditions prévues par les articles 202
et suivants de la loi organique relatifs au visa du budget. Le visa est également réputé
accordé à l’expiration du délai de vingt jours prévus par l’article 202.
209
Droit administratif marocain
§8. Le contentieux
On sait que désormais tous les litiges qui peuvent naître à l’occasion de la mise en
œuvre du contrôle administratif relèvent de la compétence de la juridiction administrative
siégeant en référé ou au fond. Mais la région peut être engagée dans des actions en justice
soit en demande soit en défense. Ce sont ces cas qui sont traités par le chapitre VII de la
loi organique.
Le principe est que le président représente la région en justice sauf s’il se trouve
dans une situation de conflit d’intérêts. Dans ce cas il est fait appel à la suppléance d’un
vice-président ou à défaut d’un conseiller désigné par le conseil. Le président est tenu de
défendre les intérêts de la région devant les tribunaux: l’article 237-2° énumère toutes les
situations dans lesquelles le président se doit d’agir à cet effet. S’il s’abstient de procéder
aux actes nécessaires pour assurer le recouvrement des créances de la région l’intervention
de l’autorité de contrôle administratif est de nature à remédier à cette abstention. On peut
d’ailleurs se demander si l’invocation de l’article 67 de la loi n’est pas une erreur, car la
révocation éventuelle du président par décision du juge est une mesure moins pratique que
celle de l’article 79 qui prévoit expressément le cas de l’état d’abstention du président et
les moyens de le surmonter en justice par le pouvoir de substitution que peut exercer le
wali dans certaines conditions.
210
Les collectivités territoriales
211
Droit administratif marocain
Mais le statut n’est qu’un élément d’un processus de régionalisation qui doit en
comporter beaucoup d’autres pour être assuré de se développer favorablement ; on
en énumérera quelques uns qui peuvent paraître tout a fait déterminants et qui sont
aujourd’hui à la disposition des responsables régionaux
Il convient tout d’abord de faire fonctionner réellement ces institutions ; mais pour y
parvenir il faut non seulement le dévouement et la compétence des hommes, mais aussi un
certain nombre de moyens institutionnels, matériels et financiers.
On a déjà évoqué le personnel de haut niveau de compétence qui doit entourer le
président et le conseil régional.
On a passé en revue les ressources financières qui, théoriquement, devaient alimenter
le budget régional ; il va de soi que ces ressources doivent être réelles et d’une importance
significative au regard des compétences régionales.
Mais il faut aussi que l’Etat s’adapte à l’espace régional et à ses institutions.
La région, comme les autres collectivités d’ailleurs, ne se conçoit pas isolément ; elle
fait partie d’un ensemble, le territoire, l’espace national ; l’Etat ne peut pas se désintéresser
de l’espace régional qui en est une pièce essentielle. La décentralisation régionale ne peut
s’épanouir et la région faire face correctement à sa mission, que si, parallèlement à sa mise
en place, l’Etat adapte son organisation, ses méthodes et ses politiques à ses exigences.
A cet égard l’Etat a une double responsabilité.
Il doit naturellement tracer les grandes orientations qui vont éclairer l’action des
régions : la loi organique du 7 juillet 2015 prévoit expressément que l’élaboration du
programme régional de développement économique et social et le schéma d’aménagement
du territoire régional doit tenir compte des orientations stratégiques de la politique de
l’Etat et de la politique publique d’aménagement du territoire adoptée au niveau national.
Encore faut-il que ces orientations soient définies de façon claire en fonction des réalités
de la nouvelle carte régionale.
Mais en second lieu il est nécessaire qu’au niveau de la région, les représentants de
l’Etat, au premier rang desquels figurent les wali-gouverneurs du chef lieu de région,
soient en mesure de coopérer avec les instances régionales et d’éclairer leurs travaux.
Cela signifie très clairement que tous les services de l’Etat doivent considérer l’échelon
régional comme un niveau essentiel de leur action ; pour cela il faut y installer les cadres
de haut niveau qui gonflent parfois inutilement les services centraux, et surtout il faut
qu’enfin, les pouvoirs de décision soient déconcentrés là où ces décisions doivent être
prises, et délégués à ceux qui d’une part connaissent le terrain, et qui, d’autre part, ont
pour mission de coordonner non seulement l’action des services de l’Etat, mais aussi
212
Les collectivités territoriales
l’action de ces derniers et celle des instances régionales, conformément à l’article 145 de
la Constitution, c’est-à-dire les walis et Gouverneurs.
Les nouvelles institutions régionales n’ont en elles-mêmes aucune vertu ; elles ne
pourront atteindre leur but et acquérir celle-ci, que si elles parviennent à réaliser une
meilleure intégration politique de la population qui aura le sentiment, qu’à travers elles,
elle peut mieux exprimer ses besoins, qu’elle peut mieux les faire prendre en compte et
qu’elle peut ainsi obtenir que les efforts d’équipement et de développement soient mieux
répartis sur l’ensemble du territoire et mieux adaptés à sa diversité.
Mais la promotion de la nouvelle entité régionale qui soulève beaucoup d’espoir,
ne sera un succès que si elle est soutenue par une volonté politique permanente qui
suppose continuité dans l’effort, stabilité des hommes chargés de la conduire, et régularité
dans le fonctionnement des institutions régionales. A cet égard le titre VIII de la loi
organique relatif aux règles de gouvernance indique clairement les moyens de faire une
bonne application du principe de libre administration. Parmi ces moyens il faut insister
sur la mise en place des techniques modernes de gestion (article 245), le renforcement
des contrôles internes, le recours à des évaluations par des audits (article 248), la
publication des rapports de contrôle et d’audit et leur discussion par le conseil ainsi que
leur publication « par tous moyens convenables afin que le public puisse les consulter »
(article 246). S’il en va ainsi la nouvelle région pourra bien mieux que ses devancières,
contribuer à une amélioration de la gestion des ressources du pays et à la transformation
des nouveaux élus issus directement du vote populaire qui en ont désormais la charge, en
des gestionnaires modernes dont les régions, devenues pilotes du développement régional,
ont un impérieux besoin.
Section II
L’organisation provinciale et préfectorale
213
Droit administratif marocain
des populations. Après une période de flottement un dahir du 13 octobre 1956 créait
19 provinces et 5 préfectures ; ce découpage ne devait pas subsister et le dahir du
2 décembre 1959 sur la division administrative du royaume ramenait ces chiffres à
16 provinces et 2 préfectures. Ces nouvelles circonscriptions ne constituaient cependant
que les cadres territoriaux d’une simple déconcentration administrative. Mais leur
existence même posait le problème de savoir s’il ne conviendrait pas de les faire évoluer
vers le statut de collectivités décentralisées. La volonté de démocratiser les institutions, le
désir d’associer les populations aux tâches de développement et d’équipement dont la mise
en place de la Promotion nationale démontrait l’impérieuse nécessité, constituaient autant
de facteurs favorables à une telle évolution.
Celle-ci devait trouver son aboutissement dans la Constitution de 1962. Il restait
alors à organiser ces nouvelles collectivités : c’est ce que firent plusieurs textes élaborés
en 1963. Le texte de base est le dahir du 12 septembre 1963 (B.O. 1963, p. 1469) relatif
à l’organisation des préfectures, des provinces et de leurs assemblées. Des textes du
même jour déterminaient la liste des provinces et des préfectures, le nombre de sièges des
assemblées, tandis qu’était fixée la date des premières élections provinciales.
Depuis lors, la conception du rôle de l’échelon provincial au sein de l’appareil
administratif territorial a connu une sensible évolution, et, dans le même temps, de
nombreuses modifications ont été apportées au découpage provincial.
Le rôle initialement assigné à la circonscription provinciale a été remis en cause en
raison du fait que la province est peu à peu apparue comme ne constituant pas un cadre
adapté aux exigences du développement économique et à la projection dans l’espace des
prévisions du planificateur. La province ne constitue pas toujours une entité géographique
satisfaisante capable d’être utilisée comme cadre d’une planification régionale vers
laquelle se sont orientés les plans de développement ; il a semblé nécessaire de regrouper
les provinces en régions possédant non seulement une plus grande dimension, mais surtout
une plus grande unité du point de vue des infrastructures, des ressources existantes ou
potentielles, etc., permettant une mise en valeur plus cohérente et plus en accord avec la
nécessité de parvenir à une réduction des disparités de développement constatées entre les
diverses parties du territoire.
Le découpage régional réalisé en 1971 a certes été remis en cause pour aboutir à un
nombre de régions plus élevé, seize en 1997 et 12 en 2015. Mais la place que conserve la
province ou la préfecture entre la région et la circonscription de base, n’est pas contestée.
On peut en effet estimer que la province et la préfecture sont peut être plus
qu’auparavant, un échelon essentiel de l’encadrement administratif général, même si le
développement économique et social doit être conçu à l’échelon régional : les dimensions
du territoire, la dispersion de la population, le nombre et la complexité des tâches
214
Les collectivités territoriales
215
Droit administratif marocain
au traitement des problèmes d’aménagement du territoire qui implique que l’on puisse faire
abstraction des limites des circonscriptions administratives pour traiter des problèmes qui
les concernent toutes. Aujourd’hui la wilaya circonscription déconcentrée de l’Etat, coïncide
avec la collectivité régionale ce qui est de nature à faciliter la coordination de leurs actions.
L’adoption de la Constitution de 2011 a engagé un processus de modernisation de
l’ensemble du régime juridique des collectivités territoriales qui naturellement a concerné
la préfecture et la province. C’est aujourd’hui la loi organique n° 112-14 du 7 juillet 2015
(B.O. 2016, p. 231) qui constitue la charte de la préfecture et de la province. Ce texte
comporte de très nombreuses analogies avec le texte concernant la région dans la mesure
où la volonté du législateur a été de suivre les grands principes contenus dans le titre IX
de la Constitution pour l’ensemble des collectivités territoriales : libre administration,
démocratisation, participation, modernisation de la gestion, reddition des comptes dans le
respect d’une gouvernance rigoureuse, en élargissant les compétences de la collectivité,
en la dotant de ressources financières pérennes et d’une organisation administrative
appropriée aux missions qu’elle doit assurer.
Ces collectivités territoriales sont dotées de la personnalité morale et de l’autonomie
administrative et financière ; leur nombre, leurs noms, leurs limites territoriales et leur
chef lieu comme leur création ou leur suppression, relèvent du décret selon l’article 5 de
la loi du 27 juillet 2013 (B.O. 2013, p. 2236) ; l’article 4 de cette loi pose les principes de
délimitation des ressorts territoriaux des préfectures et des provinces : rapprochement de
l’administration et des citoyens, adaptation de l’espace aux exigences du développement
économique social et culturel, existence des infrastructures, accès de la population de
toutes les parties du territoire aux diverses prestations administratives, économiques,
sociales et culturelles prise en compte du processus d’urbanisation et des flux économiques
entre provinces et préfectures existantes, classement de la collectivité en province ou
préfecture selon le caractère urbain ou rural prédominant.
On examinera tout d’abord la composition du conseil, le statut de l’élu, les compétences
de la préfecture et de la province, les attributions respectives du conseil et du président,
les moyens administratifs et financiers de la collectivité, la gouvernance, le contrôle
administratif, et le contentieux.
216
Les collectivités territoriales
provinces, son suivi, son actualisation, son évaluation et les mécanismes de dialogue et
de concertation pour sa préparation, B.O. n° 6482 du 14 juillet 2016, p. 5344, ainsi que
le décret du 29 juin 2016 pour l’application de l’article 50 de la loi organique n° 112-14
relative aux préfectures et provinces, B.O. n° 6482 du 14 juillet 2016 p. 5383.
A. La composition du conseil
Le mode d’élection, les conditions d’éligibilité et les cas d’inéligibilité, la durée du
mandat sont fixés par loi organique 59-11 du 21 novembre 2011 (B.O. 19 juillet 2012,
p. 2426) modifiée par la loi organique n° 34-15 du 16 juillet 2015 (B.O. 2015, p. 3858).
Les membres du conseil sont élus pour six ans par un collège électoral composé des
membres des conseils communaux de la province ou de la préfecture au scrutin de liste à
la représentation proportionnelle au plus forte reste, sauf le cas où un seul membre est à
élire ; dans ce cas l’élection se fait au scrutin majoritaire uninominal à un tour à la majorité
relative.
Le nombre des membres à élire est fixé par la loi organique (article 102) en fonction de
la population de la province ou de la préfecture telle qu’elle résulte du dernier recensement
officiel de la population (2014) selon un barème qui va de 11 membres pour une
population de 150 000 habitants à 31 membres pour une population égale ou supérieure à
1 000 000 d’habitants.
Outre les inéligibilités générales prévues par l’article 6 de la L.O., l’article 105
déclare incompatibles le mandat de membre de ce conseil avec tout emploi rémunéré par
la collectivité ou par un établissement public relevant de celle-ci, ou avec la qualité de
concessionnaire ou de délégataire de service public de la collectivité. Le conseiller qui
se trouve en situation d’incompatibilité doit démissionner ; à défaut de se mettre en règle
il peut être démis d’office par le tribunal administratif à la requête du gouverneur. Les
déclarations de candidature sont reçues par le gouverneur ou son représentant. Chaque
liste de candidats doit comporter autant de nom que de sièges à pourvoir. Les listes
peuvent comprendre des candidats accrédités par plusieurs partis politiques mais aussi des
personnes sans appartenance politique.
Le gouverneur par l’intermédiaire de l’autorité locale, adresse aux électeurs un avis
comportant leurs références personnelles, l’adresse du bureau de vote et le numéro d’ordre
selon lequel ils figurent sur la liste. De la même façon sont désignés les présidents des
bureaux de vote et leurs suppléants ainsi que leurs membres.
Dans les dix jours de son élection le conseil se réunit pour procéder à l’élection du
président et des vice-présidents. Pour être candidat à la présidence il faut être classé en
tête de listes ayant obtenu des sièges au conseil. En outre le candidat doit appartenir à
217
Droit administratif marocain
l’une des listes classées dans les cinq premières au regard du nombre de sièges obtenus.
Les candidats doivent avoir obtenu l’accréditation d’un parti politique sauf s’il s’agit de
candidats sans appartenance politique. Les candidatures doivent être déposées auprès du
gouverneur. Le gouverneur convoque la séance qui se tient cinq jours après l’élection
du conseil ; la séance est présidée par le membre le plus âgé et le plus jeune assure le
secrétariat et établit le procès-verbal de l’élection.
L’élection se fait en trois tours éventuellement ; au premier et deuxième tour le
président doit réunir la majorité absolue des membres en exercice ; à défaut de cette
majorité un troisième tour est organisé : le président est élu alors à la majorité relative des
membres présents.
Les fonctions de président et de vice-président sont incompatibles avec les fonctions
équivalentes dans une autre collectivité territoriale, de président ou de vice-président d’une
chambre professionnelle ou d’un conseil d’arrondissement. En cas de cumul l’intéressé est
démis de plein droit de la première fonction à laquelle il a été élu, démission constatée
par le ministre de l’Intérieur. Le nombre des vice-présidents est de 2 pour des conseils
comprenant de 11 à 13 membres, de 3 pour des conseils de 15 à 23 membres, de 4 pour
les conseils de 25 ou 27 membres et de 5 pour des conseils de 29 à 31 membres.
Les vice-présidents sont élus au scrutin de liste, chaque liste comprend autant de noms
qu’il y a de poste à pourvoir et mentionne leur classement. Le président présente la liste
qu’il propose. Les autres membres peuvent présenter des listes ; le membre classé en tête
présente la liste. Pour respecter le principe de parité chaque liste doit comporter un nombre
de femmes candidates au moins égal au tiers des postes de vice-président. Président et
vice-président sont élus pour la durée du mandat du conseil.
Les élections du président et des vice-présidents se font au scrutin public.
Le conseil dès l’élaboration de son règlement intérieur, doit constituer au moins trois
commissions permanentes consacrées respectivement au budget, affaires financières et
programmation ; au développement rural et urbain, la promotion des investissements,
l’eau, l’énergie et l’environnement, aux affaires sociales et à la famille.
Ces commissions doivent compter au moins cinq membres qui ne peuvent être membres
que d’une seule commission. Le règlement intérieur fixe le nombre des commissions
permanentes leur objet et leur dénomination et les modalités de leur fonctionnement.
Le conseil élit les présidents des commissions et leur adjoint à la majorité relative des
membres présents ; ils peuvent être démis de leurs fonctions à la majorité absolue des
suffrages exprimés.
Le principe de parité doit être pris en considération lors de cette élection ; la présidence
d’une commission est réservée à l’opposition. Les commissions permanentes se réunissent
218
Les collectivités territoriales
B. Le fonctionnement du conseil
Le fonctionnement du conseil repose sur le règlement intérieur qui est préparé par le
président en collaboration avec le bureau ; après examen le conseil vote ce projet ; une fois
approuvé par le conseil, la délibération du conseil accompagnée du règlement intérieur
est adressée au gouverneur ; le règlement entre en application huit jours après cet envoi si
le gouverneur n’a pas fait opposition. En cas d’opposition motivée par la violation de la
loi organique ou des lois et règlement en vigueur et notifiée au président, le conseil doit
délibérer de nouveau. Si le conseil maintien sa délibération le gouverneur saisit le tribunal
administratif en référé afin qu’il statue sur la demande de suspension d’exécution du
règlement. La suspension subsiste jusqu’à ce que le tribunal ait statué sur la demande de
nullité et cela dans un délai de trente jours. Copie du jugement est adressé au gouverneur
et au président du conseil.
Le conseil siège en session ordinaire au moins trois fois par an : en janvier, juin et
septembre. Le deuxième lundi du mois ou le jour ouvrable suivant si la date initialement
prévue coïncide avec un jour férié. Un calendrier des séances de chaque session est établi
ainsi que les questions à soumettre à l’ordre du jour des délibérations. Le gouverneur
assiste aux séances ; il ne participe pas aux votes mais, à la demande du président ou à
la sienne, il peut présenter observations ou précisions relatives aux questions inscrites à
l’ordre du jour. Les agents des services de la préfecture ou de la province peuvent assister
aux séances à titre consultatif sur convocation du président ; de même le président peut
demander par l’intermédiaire du gouverneur la participation aux travaux du conseil des
fonctionnaires et agents de l’Etat ou des entreprises publiques à titre consultatif. Les
réunions du conseil sont convoquées par un avis du président qui en fixe la date et l’heure
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