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compétence nécessaire pour fixer leur composition, leur organisation, leurs attributions
et leurs règles de fonctionnement ce qui concerne aussi les institutions de même nature
qui pourraient être créées (art. 171). Cette compétence législative devrait permettre
une meilleure harmonisation des statuts de ces organismes. Toutefois on a relevé que
le projet de loi créant l’Autorité chargée de la parité et de la lutte contre toutes formes
de discrimination ne semblait pas correspondre à la mission qui lui est confiée par la
Constitution en raison de l’insuffisance des pouvoirs qui lui sont accordés.
La Constitution fait figurer également parmi ces instances, l’Instance nationale de la
probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption (Loi 113-12 du 9 juin 2015
(BO. 2015, p. 3357), le Conseil national des droits de l’homme, le Médiateur ainsi que
d’autres conseils.
Toutes ces instances doivent présenter un rapport au moins une fois par an, rapport qui
doit faire l’objet d’un débat au Parlement (69).

Section VII
Les problèmes de l’administration (70)

Ce sont eux qui alimentent régulièrement les réflexions de ceux que préoccupe la
nécessité d’adapter l’administration à la mission qui lui est assignée ; ces problèmes
sont nombreux ; mais ils sont aussi hétérogènes et, dans cette mesure, ils ne relèvent
pas du même traitement. L’administration est en effet écartelée entre deux mouvements
qui paraissent actuellement se diriger dans deux sens diamétralement opposés ; elle est
d’une part contrainte de perfectionner sans cesse son organisation, ses méthodes, son
droit et ses techniques, afin d’être en mesure d’accomplir les nouvelles tâches complexes
qu’implique la direction du développement ; mais dans le même temps elle devient de

(69) D. Alami Machichi : « Les autorité autonomes de régulation », REMALD, n° 54, 2005, p. 9. A. Mecherfi : « Les
organes de régulation au Maroc », REMALD, n° 72-73, 2007, p. 35 ; C. El Moudden : « Les applications de la notion
de régulation dans l’ordre juridique marocain », REMALD, n° 83, 2009, p. 75. Un projet de loi relatif à l’ANRT vise
à lui donner un pouvoir de décision plus important notamment en matière de sanction (juin 2016).
En France, un projet de loi organique et un projet de loi ordinaire portant statut général des autorités administratives
indépendantes et des autorités publiques indépendantes ont été adoptés par l’Assemblée nationale en avril 2016.
Cf. A.J.D.A., n° 16, 2016, p. 878.
(70) Cf. Discours du ministre des Affaires administratives devant la Chambre des représentants, le 14/12/1971, in
Bull. Liaison des anciens élèves de l’E.N.A.P., n° 4, janvier 1972 ; Rousset (M.), l’Administration marocaine, Berger-
Levrault, 1970, p. 60 ; « Administration et développement », Bull. de liaison des anciens élèves de l’E.N.A.P., n° 6,
mai 1972, p. 7 et suiv. ; Plan quinquennal 1981-1985, la Réforme administrative, vol. 2, p. 358; Plan 1988-1992, p. 232
et suiv. ; « 1956-1996 : quarante ans d’administration », REMALD, série Thèmes actuels, n° 6, « Propos introductifs :
repenser l’Administration », M.A. Benabdallah.

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plus en plus inaccessible à une grande partie de la société qui ne saurait se reconnaître
en elle, mais sur laquelle repose cependant la majeure partie de l’effort nécessaire à ce
même développement. La prise de conscience de ce décalage, inévitable en l’état actuel de
l’évolution de la société, ne doit pas conduire l’administration à renoncer à se moderniser
sous peine d’hypothéquer dangereusement l’avenir ; mais elle doit la conduire à
compenser les inconvénients d’une administration qui sera nécessairement de plus en plus
technicienne, par un renforcement constant de son aptitude à associer les individus et les
groupes à son action, et à leur apporter dans des conditions acceptables la satisfaction des
besoins élémentaires mais vitaux dans le domaine social, culturel et économique. Ce sont
là les deux axes essentiels des réformes entreprises et de celles qui devraient l’être dans
un proche avenir et qui tendent à la modernisation de l’administration et à l’intégration de
l’administration à la société ; tous deux impliquent un effort permanent.

§1. La modernisation de l’administration (71)


Elle implique à notre sens deux choses : le développement de son infrastructure
intellectuelle, la réorganisation de son infrastructure opérationnelle. Mais comme
toute action de modernisation a un coût on s’est préoccupé de son financement par la
création d’un Fonds de modernisation de l’administration publique (article 36 de la loi
de finances pour l’année budgétaire 2005) ; le fonctionnement de ce fond repose sur un
comité interministériel chargé d’examiner les projets éligibles au financement du Fonds
(Décret 22 décembre 2005, BO. 2005, p. 1156). Ces projets concernent toute étude ou
action permettant l’amélioration de la gestion des ressources humaines, l’allégement et
la réorganisation des structures administratives, la simplification et l’harmonisation des
procédures ainsi que le développement de l’administration électronique.

A. Le développement de son infrastructure intellectuelle


Aucune décision ne peut actuellement être prise sans avoir été précédée d’études
nombreuses et complexes ; l’insuffisante préparation d’un certain nombre d’opérations
relatives au développement industriel ou agricole a souvent conduit à des difficultés
de mise en œuvre, à une augmentation des coûts de toute nature, et parfois à l’échec.
L’administration doit donc perfectionner tout ce que l’on peut ranger sous l’appellation
“d’aides à la décision” ; elle doit aussi renforcer le nombre et le niveau de qualification de
ceux qui participent de près à la prise des décisions.

(71) M. Birouk, « La rationalisation des dépenses publiques au Maroc : mythe ou réalité ? », REMALD, n° 28, p. 93.
M. Rousset, l’Administration marocaine entre tradition et modernité, immobilisme et progrès, Mélanges Paul
Sabourin, Bruylant, 2001, p. 327.

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Au titre du premier objectif on évoquera seulement un certain nombre d’actions d’ores


et déjà entreprises : la mise en place dans de nombreuses administrations d’équipements
informatiques et les efforts tendant à favoriser l’utilisation commune de ces équipements,
le développement des institutions destinées à des tâches de rassemblement, de traitement
et de diffusion de la documentation, dont le Centre National de Documentation est un
exemple significatif ; créé en 1980 il a été doté d’un nouveau statut afin de prendre en
compte l’évolution considérable qui s’est produite dans le domaine des techniques de la
documentation (D. du 7/4/1999, B.O. 1999, p. 332). Le CND doit être en quelque sorte
le coordinateur des réseaux documentaires nationaux ; il lui appartient également de
coordonner ceux-ci avec les systèmes d’information régionaux et internationaux afin de
collecter et de mettre à la disposition des usagers l’information documentaire dont ceux-ci
ont besoin.
On voit tout l’intérêt que présente une institution de ce type pour la réalisation des
études de toutes natures dont les services publics ont besoin pour avoir une représentation
précise des réalités du terrain, indispensable à leur action.
Tous les décideurs doivent disposer des moyens leur permettant de prendre en compte
les données multiples qui conditionnent la pertinence de leurs décisions ; Mais qu’ils soient
purement techniques, ou qu’ils soient administratifs ou méthodologiques, ces nouveaux
instruments ne peuvent être utilisés que par des personnels de haute qualification, qui
n’est pas acquise une fois pour toute mais qui se perfectionne et s’actualise ; faute de ce
personnel, la modernisation est fictive ; seules les dépenses sont réelles. Dans Le Maroc
Possible (2006, p. 241-242) on peut lire ce qui illustre parfaitement ce que nous avons
exposé :« la prise de la décision doit être fondée sur la connaissance » et s’inscrire dans
non pas dans le conjoncturel mais dans le structurel et le moyen et long terme.
C’est pourquoi la politique de formation des cadres supérieurs de l’administration revêt
une si grande importance (72). A cet égard des institutions existent ; mais il ne suffit pas de
les créer administrativement ; il faut là encore se garder de la fiction : un centre de formation
de haut niveau ne peut remplir sa fonction que s’il est doté des moyens intellectuels
nécessaires (enseignants de haute valeur, documentation constituée et valorisée selon
des règles scientifiques, travaux effectivement dirigés par des administrateurs confirmés,
etc.). Il faut aussi que la formation suive les besoins ; si la formation des statisticiens
atteint aujourd’hui un palier satisfaisant, d’autres secteurs sont en revanche très en retard,
alors que les actions relevant des techniques à mettre en œuvre ne peuvent bénéficier de

(72) En témoigne par exemple en Algérie la création de l’Ecole supérieure des Cadres appelée à former en trois ans
des cadres supérieurs recrutés par concours au niveau du 3e cycle. Il en est de même en Tunisie avec le cycle supérieur
de l’E.N.A.T. La réforme de l’ENA (2000) retrouve le même chemin et fait apparaître avec évidence le doublon que
constitue la création de l’Institut supérieur de l’administration !

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l’apport du personnel requis : tel est le cas de l’aménagement régional qui constitue une
orientation fondamentale des derniers plans de développement alors que le nombre de
cadres réellement qualifiés est notoirement insuffisant au regard des tâches à accomplir :
fort heureusement l’Institut national d’aménagement, dont le projet existait depuis plus de
dix ans, a été finalement mis en place en 1981, dans les faits, mais n’a été doté d’un statut
officiel que par un décret du 27 mars 1991 qui porte création et organisation de l’Institut
(B.O. 1991, p. 148).
Ainsi s’est-on acheminé, avec retard il est vrai, vers la satisfaction du vœu formulé
par les participants au colloque sur l’urbanisme (Rabat, décembre 1977) qui appelaient
à une accélération de la mise en place des institutions nécessaires à la formation des
cadres de différents niveaux indispensables à la mise en œuvre sérieuse d’une politique
d’aménagement de l’espace.

B. La réorganisation de l’infrastructure administrative


Elle doit tendre à la rendre opérationnelle si l’on veut obtenir un taux acceptable de
réalisation des décisions.
A ce titre, il convient de faire figurer dans la liste des problèmes à résoudre tous ceux
qui se rattachent à la rationalisation des structures administratives et des procédures ;
ces problèmes ne peuvent être résolus de façon globale et immédiate ; en revanche, ils
doivent être étudiés et suivis de façon permanente par des spécialistes de l’organisation
administrative en liaison avec les responsables des diverses administrations ; la
difficulté vient de ce qu’aucun échelon administratif n’est réellement affecté à cette
tâche ; le ministère en charge des affaires administratives qui, juridiquement, en a eu la
responsabilité depuis de nombreuses années, n’a pas été en mesure d’y faire face ; le fait
d’avoir été ministre délégué auprès du Premier ministre n’a pas sensiblement accru son
autorité vis-à-vis des chefs des départements ministériels (73).
Le programme de réformes adopté en 1995 par le conseil des ministres et développé
sous forme de “Fiches de projets” (74), est resté lettre morte après avoir été abandonné
par le nouveau ministre alors que l’une des conditions de la réussite de toute politique
lorsqu’elle a été décidée c’est la continuité dans sa mise en œuvre.

(73) Décret du 24 mai 1994 fixant les attributions et l’organisation du ministère des Affaires administratives, B.O. 1994,
p. 336. M. Aliat, « Evolution de l’organisation et des attributions du ministères des Affaires administratives »,
REMALD, 40 ans d’administration, série Thèmes actuels, n° 6, p. 97.
(74) Réforme de l’administration : fiches de projets, Premier ministre, ministère des Affaires administratives,
janvier 1995, 76 pages.

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Quoi qu’il en soit, la réalisation de ces réformes suppose sans doute une forte implication
de la part du Chef du gouvernement, c’est-à-dire une forte volonté politique. Mais elle requiert
aussi, tant de la part de l’autorité ministérielle en charge de ces problèmes, aujourd’hui le
ministère de la Fonction publique et de la Modernisation de l’administration (2015), que
de la part des diverses administrations, la disposition des personnels de haute qualification
capables de suivre ces questions ; il faut aussi que ces personnels soient intégrés dans des
structures elles-mêmes permanentes ayant, à titre principal, la responsabilité de la réforme ;
trop souvent les inspections dont ce doit être la mission, n’ont qu’une existence formelle
et en tout cas trop réduite pour y faire face ; et les secrétaires généraux sont trop absorbés
par leur mission principale pour consacrer à la réforme des services, des méthodes et des
circuits, une part suffisante de leur temps et de leur attention.
Sans doute, l’effort de rationalisation des structures et des attributions des
administrations de l’Etat a abouti à la publication des textes nécessaires, ce qui constitue
un facteur positif. Mais il faut bien comprendre que cette action ne constitue qu’une étape
dans un processus continu de réflexion et d’évaluation critique portant sur l’appareil
administratif et qui doit se poursuivre ; cela revient à dire que la réforme administrative
et la modernisation de l’appareil administratif ne peuvent être que progressives et que les
tâches qu’elles impliquent doivent être confiées à titre principal à des équipes chargées de
façon permanente d’en assurer la responsabilité.
Les auteurs des plans quinquennaux 1981-1985 et 1988-1992 étaient persuadés de
cette nécessité puisqu’ils affirmaient leur intention d’améliorer les services d’inspection
et surtout de mettre en place, dans les diverses administrations, des cellules chargées
de l’organisation et des méthodes dont l’activité devait être coordonnée par la direction
centrale d’organisation et méthodes du ministère des Affaires administratives ; cette
responsabilité devrait aujourd’hui échoir à la Direction de la réforme administrative de
l’actuel ministère délégué auprès du Chef du gouvernement chargé de la modernisation de
l’administration (novembre 2015).
On peut espérer que les responsables du Haut commissariat au Plan ont pris la mesure
du problème posé et que celui-ci recevra au cours des années à venir, les solutions
institutionnelles permanentes qu’appelle sa nature, et qui n’ont été jusqu’alors qu’esquissées.

§2. L’intégration de l’administration à la société (75)


Reprocher à l’administration d’être “technocratique” et, à ce titre, étrangère à la société
qui l’entoure, procède souvent d’une analyse partielle du phénomène administratif, en ce

(75) Cf. notre étude : « Administration et société au Maroc », in Mélanges Letourneau, Aix-en-Provence, 1974, p. 301.
De même les développements consacrés à la réforme administrative, in Plan quinquennal 1981-1985, vol. 2, p. 358.

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sens que la nature même des tâches qu’assume l’administration la conduit, ainsi qu’on l’a
dit, à renforcer son allure technicienne propre à déconcerter une partie de ses usagers qui ne
sont pas en mesure d’en comprendre la nécessité. En revanche, cette évolution inéluctable
de l’administration doit être compensée par des actions dont le but est de rapprocher
l’administration de ceux qu’elle est appelée à servir : cet objectif est recherché par des
réformes qui devraient améliorer son implantation territoriale et son fonctionnement ; il
devrait l’être aussi par le développement des méthodes et des comportements favorisant la
communication. Enfin la généralisation des Nouvelles Technologies de l’Information et de
la Communication (NTIC) devrait accroître les possibilités d’amélioration des relations de
l’administration avec ses usagers.

A. L’amélioration de l’implantation territoriale peut évidemment résulter de la


multiplication des services administratifs, là où ils sont inexistants ou insuffisants ; ou bien
encore, comme cela a été fait pour l’organisation de la justice, par une redistribution des
tâches correspondant à la nature et à l’importance de celles-ci.
Mais on sait depuis quelques années qu’il faut aussi donner aux responsables locaux les
moyens juridiques et financiers qui leur sont nécessaires : autrement dit toute modification
de la carte administrative doit s’accompagner d’une déconcentration des pouvoirs de
décision.
Cette constatation d’évidence a été parfaitement perçue par les auteurs des réformes
concernant la division administrative du Royaume et l’administration territoriale : ceci
ressort clairement des textes qui ont renforcé les pouvoirs administratifs et financiers
des gouverneurs à l’égard des services extérieurs des administrations civiles de l’Etat.
Mais on sait combien les administrations centrales sont réticentes dès lors qu’il s’agit de
se dessaisir de leurs pouvoirs ; et cependant on a fait observer qu’un pays d’un million
huit cent mille kilomètres carrés, peuplé de près de trente neuf millions d’habitants au
recensement de 2014, ne pouvait être géré de façon moderne qu’en alliant déconcentration
et décentralisation. Cette évidence n’a cependant pas encore réussi à s’imposer aux
autorités centrales.
Enfin, la réflexion et les études conduites depuis quelques années en matière
d’aménagement de l’espace, ont fait apparaître des distorsions considérables dans la
répartition des équipements administratifs dues à l’absence de coordination entre les
diverses administrations ou organismes publics autonomes ; nul doute que l’élaboration des
schémas directeurs en milieu urbain et des schémas de développement et d’aménagement
régional, des plans de développement communaux devrait constituer une base commune
capable d’orienter de façon rationnelle l’implantation des diverses administrations
et des équipements dont elles ont la charge : globalement la satisfaction des besoins
correspondants devrait en être sensiblement améliorée, et une cause, parfois essentielle, de

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l’écart qui sépare la population des services administratifs, devrait être sinon éliminée, du
moins largement neutralisée.

B. Enfin, la communication entre l’administration et la société doit être mieux assurée ;


l’établissement de cette communication dépend de deux facteurs : la connaissance précise
du milieu dans lequel l’administration doit agir, la compréhension de son action de la
part de la population : connaissance et compréhension qui peuvent être obtenues, dans
une large mesure, par le recours systématique, mais judicieux, à la collaboration de la
population à l’action administrative.
La connaissance du milieu permet de mesurer l’action administrative, d’en apprécier
l’efficacité et les conséquences de toute nature ; à cet égard les données du problème,
comme ses difficultés, ne sont pas égales ; il n’y a pas de commune mesure entre ce
qu’implique de la part de l’administration la mesure de la nature et des conséquences
de son action à l’égard des milieux industriels et à l’égard des populations rurales ; mais
dans les deux cas la méconnaissance des réalités, non seulement techniques, mais aussi
sociologiques et plus largement humaines, peut entraîner des déboires que les dossiers ne
permettent pas d’entrevoir ; ceci est aujourd’hui plus sensible semble-t-il en milieu rural,
parce que c’est précisément là que le choc entre deux mondes se fait le plus violent (76).
Il est vain d’en faire supporter la responsabilité à l’administration, du moins si l’on
tend ainsi à remettre en cause la finalité de son action qui, par delà la mise en valeur,
conduit nécessairement à la destruction de structures sociales désarticulées par rapport
aux exigences de la modernité. En revanche, la critique est parfaitement justifiée dans la
mesure où elle attire l’attention sur la nécessité de calculer au plus juste les sacrifices de
tous ordres qu’entraîne, de façon inévitable, une action dont le bien-fondé n’a pas à être
démontré. Cela nous ramène évidemment au problème évoqué ci-dessus, de la nécessité de
faire précéder les actions décidées, de l’étude de tous les aspects des opérations projetées
(techniques, mais aussi juridiques, sociologiques, etc.) à moyen, comme à long terme, c’est
d’ailleurs ce à quoi tend aujourd’hui l’obligation de réaliser des études d’impact pour
la prise de nombreuses décisions par exemple en matière d’urbanisme, de construction
d’infrastructures et de travaux publics.
Mais cela nous conduit aussi à nous interroger sur les possibilités de faire comprendre
la finalité de l’action administrative à ceux dont elle engage le devenir et qui doivent en
même temps en être les principaux acteurs.
La compréhension de l’action administrative est le plus souvent insuffisante, comme
le démontre l’attitude largement répandue qui consiste à tout attendre de l’Etat et de ses

(76) Cf. pour une présentation suggestive de ce conflit : « Les structures agraires dans l’impasse », Mounir (S.),
Lamalif, n° 65, septembre 1974, p. 36 et suiv.

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agents ; le peu d’enthousiasme pour les actions d’auto-construction en matière d’habitat


rural et d’habitat urbain, s’explique largement de cette façon ; l’expérience a montré
que la perception par les intéressés de l’intérêt des grandes opérations d’aménagement
régional (DERRO, Plan Sebou) était évidemment très limitée, malgré le fait qu’elle était
très largement indispensable à la compréhension des multiples actions de détail qui seules
étaient directement vécues par les intéressés ; mais concrètement les difficultés rencontrées
étaient innombrables ; la plus importante résultait sans doute de ce que la solution du
problème ne reposait pas sur la bonne volonté des agents des administrations, ou sur
les initiatives individuelles, mais qu’elle dépendait essentiellement d’un aménagement
institutionnel de l’association de la population à l’effort de développement (77).
L’association de la population à l’action administrative ne peut pas être une panacée ; il
est illusoire de penser qu’en dehors du recours à des procédés autoritaires d’encadrement
des masses, les réactions unanimistes du corps social soient concevables ; mais le
problème n’est pas d’obtenir une impossible unanimité, mais de rassembler une fraction
suffisamment significative de la population autour d’actions à la réalisation desquelles elle
aura participé de façon réelle ; sans doute dans le domaine technique, un tel objectif ne
peut être atteint que si l’on dispose des cadres suffisants non seulement au niveau moyen
mais aussi au niveau supérieur, tant il est vrai que ces derniers, tant par la connaissance
qu’ils peuvent ainsi acquérir du milieu, qu’en ce qui concerne la maîtrise qui doit être la
leur des aspects globaux de l’entreprise, sont indispensables pour assurer la cohésion de
l’ensemble. Cela doit certainement conduire à reconsidérer les critères d’affectation, la
composition des équipes de techniciens qui sont au contact de la population, mais aussi
la composition des organismes à créer au sein desquels les représentants de la population
doivent figurer. A cet égard, le monopole des élus locaux est peut être à reconsidérer au
profit d’une représentation adaptée à chaque type d’opération.
Par exemple un effort en ce sens a été entrepris autrefois s’agissant du développement de
l’économie forestière (dahir portant loi du 20/9/1976, B.O. 1976, p. 1026) ; la participation
de la population a été organisée par la représentation des conseils communaux au sein
du Conseil national et des conseils provinciaux des forêts, ainsi que par l’attribution aux
conseils communaux de compétences spécifiques à la matière ; mais en revanche on n’a
pas envisagé l’association des populations concernées par telle ou telle action qui serait
décidée ; or l’expérience montre que la population peut ne pas adhérer à des actions, même
approuvées par ses représentants élus, parce que ceux-ci n’ont pas nécessairement la
même perception des conséquences, réelles ou non, que ces actions peuvent entraîner sur
les intérêts et la vie quotidienne de la population directement concernée.

(77) Dubois (J.), « Pour une réforme de l’administration agricole au Maroc », Tiers-monde, Etudes, 1965, p. 75.

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On peut penser que ce sont des considérations de ce type qui ont conduit le législateur
à créer des associations d’usagers des eaux agricoles (dahir promulguant la loi 02-84, B.O.
1991, p. 30) ; en effet, ces associations doivent permettre “ la participation des intéressés
à la réalisation des programmes de travaux, à la gestion et la conservation des ouvrages
d’utilisation des eaux ” dans les périmètres où l’Etat a procédé à la création d’équipements
destinés à l’irrigation (art. 1er).C’est également à cette idée que correspondent les
dispositions des lois organiques relatives aux collectivités territoriales du 7 juillet 2015 qui
mettent en place des mécanismes participatifs et de concertation.
Enfin, on rappellera qu’une telle orientation des réformes administratives ne relève
évidemment que très partiellement du volontarisme juridique ; elle dépend d’une
conscience particulièrement aiguë que chaque agent doit avoir de la finalité de son action.
Mais cette conscience ne peut pas grand chose si elle ne trouve pas de renfort dans une
politique administrative entièrement orientée dans le même sens. Concrètement, cela
signifie qu’à tous les échelons de la pyramide administrative, les agents responsables
sachent qu’ils peuvent compter sur l’appui de la hiérarchie, la continuité dans l’action et
les moyens matériels, financiers et humains correspondant aux actions décidées.
C’est d’ailleurs ce qu’ont également constaté les autorités qui ont eu la responsabilité
de la mise en œuvre de la politique de résorption de l’habitat insalubre et notamment
de son volet Ville sans bidonville (VSB). Le relogement des habitants d’un bidonville,
surtout s’il existe depuis de nombreuses années, est une opération complexe qui comporte
certes des aspects matériels mais aussi des aspects sociaux qui impliquent une bonne
connaissance de cette populations afin d’en connaître les souhaits et les besoins ; tenter d’y
répondre de la manière la plus appropriée possible implique aussi d’agir en coopération
avec ses représentants (78).
On peut enfin évoquer la nécessité pour l’administration de s’ouvrir vers la société, de
développer une communication qui passe nécessairement par la fin de ce que l’on peut
appeler la « culture du secret » que pratique souvent l’administration. La Constitution dans
son article 27 a pour but d’y mettre fin en proclamant que « les citoyennes et les citoyens
ont le droit d’accéder à l’information détenue par l’administration publique, les institutions
élues et les organisations investies d’une mission de service public ». Naturellement ce droit
est assorti de limites qui tiennent à la nécessité de protéger la sécurité de l’Etat et la vie
privée ainsi que les libertés et les sources d’information dans des conditions précisées par la
loi. Le tribunal administratif de Casablanca a fait application de ce droit dans une décision
du 17 avril 2014, Khair Al Janoub, c/L’Office National Interprofessionnel des Céréales,
(REMALD, n° 125, 2015, p. 251, note M. Rousset et M.A. Benabdallah). On a pu dire que

(78) Rousset (M.) : L’appui budgétaire de l’Union européenne à la politique de résorption de l’habitat insalubre et
son volet Ville Sans Bidonville (VSB), in Bulletin économique et Social du Maroc (Nelle série), n° 166, 2010, p. 147.

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ce droit était aussi un des moyens de lutte contre la corruption et aujourd’hui et par voie
de conséquence que c’est également un droit au service de la gouvernance publique (79).

C. L’administration électronique : L’e-administration (80)


Le développement dans l’administration des nouvelles technologies de l’information et
de la communication depuis une quinzaine d’années, constitue un phénomène remarquable
par les perspectives que cela ouvre pour l’amélioration des relations de l’administration
avec ses usagers au point que le plan 1999-2003 faisait de l’administration électronique
« une option stratégique du développement économique, industriel et social du Royaume » ;
poursuivant dans cette voie, le gouvernement avait adopté un « Programme national
e-gouvernement pour la période 2005-2008 », les NTIC étant considérées comme un
instrument essentiel de la modernisation du service public non seulement pour améliorer
les relations de l’administration avec ses usagers: individus ou personnes morales,
entreprises, coopératives ou ONG, mais aussi pour renforcer l’efficacité et la transparence
de l’action des administrations et lutter contre la corruption par exemple avec le portail
des marchés publics. C’est le Ministre de l’industrie, du commerce de l’investissement
et de l’économie numérique qui a la responsabilité de la conduite de cette politique et
de l’élaboration d’une stratégie nationale de l’information et de l’économie numérique
dans le gouvernement constitué le 3 janvier 2012 ; mais il est clair qu’il s’agit avant
tout d’une politique qui concerne tous les ministères et spécialement le ministère de la
Fonction publique et de la Modernisation de l’administration qui comporte une Direction
des systèmes d’information qui travaille en liaison avec la Direction de la modernisation
de l’administration. D’ailleurs un décret du 21 mai 2009 (BO. 2009, p. 988) a institué
auprès du Chef du gouvernement un Conseil national des technologies de l’information et
de l’économie numérique qui rassemble une vingtaine de responsables gouvernementaux
auxquels se joignent des représentants des établissements publics et sociétés d’Etat ainsi
que des représentants des organismes professionnels.
Ce comité est chargé de proposer au gouvernement les grandes orientations d’une
stratégie nationale de développement des NTIC et les mesures d’accompagnement
nécessaires ; il lui appartient également « de coordonner et d’assurer le suivi et l’évaluation
de la mise en œuvre des politiques nationales visant le développement des technologies
de l’information et de l’économie numérique dans le secteur public et le secteur privé en

(79) Ndong Vincent de Pierre Okwe, « L’obligation publique d’information : un moyen de lutte contre la corruption »,
REMALD, n° 125, 2015, p. 149.
(80) D. Bouzzafour : « Les nouvelles technologies de l’information et de la communication au service de la
modernisation de l’administration », REMALD, n° 56, 2004, p. 155. « L’administration électronique au Maroc »,
REMALD, n° 76-77, 2007, p. 95. Sur la problématique générale de l’informatisation juridique on peut lire l’article de
Med Drissi Alami Machichi : « L’informatisation du droit des affaires », REMALD, n° 125, 2015, p. 9.

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particulier au sein des PME et l’essor du commerce électronique ainsi que l’accessibilité
des ménages à l’équipement informatique et au réseau internet ».
Les administrations se sont engagées dans la dématérialisation et la numérisation de
nombreux documents administratifs ce qui est de nature à simplifier l’accès des usagers
à ces documents et à favoriser la rapidité et la transparence de nombreuses procédures
administratives. La plupart des administrations et le gouvernement en particulier, se sont
dotés de ce type d’outil tel le portail des marchés publics créé en 1997 mais dont le champ
d’action a été élargi par le décret du 20 mars 2013 qui concerne désormais les marchés
de l’Etat, des collectivités locales, des établissements publics et des sociétés nationales.
Ce portail est géré par la Trésorerie Générale du Royaume qui est chargée de « réaliser
l’intégration de l’information et de la communication dans le processus de gestion
financière et comptable de l’Etat et de mettre en place un système intégré de gestion des
dépenses et des recettes, des dépenses de personnel et des marchés publics conformément
à la nouvelle vision de la gestion des finances publiques telle qu’elle est consacrée par le
projet de loi organique des finances. De même la Justice permet aux justiciables de suivre
l’évolution de leur affaire grâce à l’informatisation des greffes des tribunaux.
On doit ajouter que la réussite de cette politique d’installation des systèmes
informatiques dans le secteur public et privé suppose qu’elle soit complétée par un
politique de formation des agents des collectivités publiques mais aussi des usagers de
l’administration ; et cela commence sans aucun doute par un effort du système éducatif
pour améliorer le niveau culturel de la population. Enfin il conviendra de réduire ce que
l’on appelle la fracture numérique afin que l’ensemble du territoire soit techniquement en
mesure d’accéder aux systèmes informatiques.

§3. La réforme administrative


Si la nécessité d’une réforme administrative a toujours été officiellement proclamée
il faut bien convenir que les mesures prises dans ce domaine demeurent bien minces.
Au plan des structures on a vu que la politique engagée depuis 1973 a permis de
fixer les attributions et l’organisation des services centraux (81). Cette action a permis
d’éliminer les chevauchements de compétences, de supprimer les conflits d’attributions
entre les différents ministères et de rationaliser l’organisation administrative au niveau
de l’ensemble des départements ministériels. Cette action s’est également étendue aux
services extérieurs des différentes administrations, ce qui constitue naturellement un
préalable fondamental pour toute politique de déconcentration administrative au niveau
régional et provincial. Les plans quinquennaux ont développé le programme des réformes

(81) Ezzoubair (M.), « La réforme des structures administratives », Revue des affaires administratives, n° 1, 1983, p. 177.

REMALD, série « Thèmes actuels », numéro 99, 2017

175
Droit administratif marocain

à entreprendre (82). Il s’agit de réaliser dans les meilleures conditions les objectifs de
développement ce qui implique nécessairement, entre autres conditions, que l’on puisse
compter sur l’intervention d’un “appareil administratif dynamique, efficace et capable de
s’adapter aux réalités économiques et sociales”.
Les axes suivants ont été retenus: rentabilisation de l’appareil administratif,
réaménagement des relations entre le fonctionnaire et l’administration, redéfinition
des relations inter-administratives, rapprochement de l’administration des administrés,
revalorisation de la fonction publique et renforcement de l’organisation administrative
territoriale.
Des initiatives ont été prises à cet égard en 1982 avec l’installation par le Premier
ministre d’une commission nationale chargée de la réforme administrative ; divisée en
deux sous-commissions, la commission nationale devait se pencher sur les problèmes de
la révision des textes législatifs et réglementaires et d’autre part, sur toute une série de
problèmes concernant le fonctionnement de l’administration (arabisation (83), accueil et
information des administrés, simplification des procédures, etc.).
Le bilan que l’on peut établir des actions entreprises depuis le début de la décennie
quatre-vingts apparaît cependant assez décevant tant il est vrai qu’agir en même temps sur
les appareils et sur les mentalités est une tâche d’une extrême difficulté ; cette difficulté
est accrue du fait de la restriction des moyens financiers qui peuvent être dégagés pour
moderniser les services et améliorer les rémunérations qui constituent deux moyens
essentiels pour stimuler les agents.
Il est donc essentiel de poursuivre dans la voie de la réforme pour transformer
l’administration et la mettre activement au service de la collectivité (84). C’est
évidemment cet objectif qu’a poursuivi le ministère des Affaires administratives et qui se
trouvait détaillé dans les développements du plan d’orientation économique et social pour
la période 1988-1992 (85).
La faiblesse des résultats obtenus a conduit le ministre délégué chargé des affaires
administratives à faire approuver par le Conseil des ministres un rapport intitulé

(82) Plan de développement économique et social 1981-1985, vol. II, p. 358. Plan d’orientation pour le développement
économique et social 1988-1992, p. 232.
(83) Bensalah (A.), « La politique d’arabisation de l’administration publique », mémoire de cycle supérieur de
l’E.N.A.P., n° 12, 1982 (dactyl.).
(84) La modernisation de l’administration, actes du 3e colloque de l’Association des administrateurs du ministère
des Travaux publics, Rabat, 1990. L’administration publique et le changement, Association marocaine des sciences
administratives, Afrique-Orient, 1989 ; A. Ourzik : « Gouvernance et modernisation de l’administration, contribution au
Rapport du cinquantenaire », le Maroc possible, 2006.
(85) Plan, p. 234 et suiv.

REMALD, série « Thèmes actuels », numéro 99, 2017

176
Le pouvoir central

« Éléments de réflexion pour une réforme de l’administration », sur la base de ce rapport


ont été préparés des projets de réforme susceptibles d’être mis en œuvre à court et à moyen
terme ; mais le changement de ministre en 1995 ne s’est pas accompagné de la continuité
dans la politique de réforme : les projets ont été oubliés et l’équipe qui les avait préparés,
dispersée, ce que la Banque mondiale devait déplorer dans la mesure où le projet de
réforme avait fait l’objet d’un accord avec le PNUD.
Parmi les projets figuraient d’importantes mesures de déconcentration qu’avait
également prévues, sans plus de succès, le décret du 20 octobre 1993 (B.O. 1993, p. 630).
C’est le blocage de la réforme qui a conduit le Roi à engager une vigoureuse politique
de déconcentration au niveau régional en créant les centres régionaux des investissements
par la lettre Royale du 7 janvier 2002 (B.O. 2002, p. 51).
Les difficultés de mise en œuvre d’une telle politique ont conduit les responsables du
département à organiser un colloque national sur le thème de « L’administration marocaine
face aux défis de 2010 ».
Il s’agissait en effet de mobiliser l’ensemble des acteurs politiques et administratifs sur
les quatre thèmes essentiels qui avaient été retenus :
• la déconcentration et les missions de l’administration (86) ;
• l’éthique dans le service public ;
• les rapports avec les usagers, la simplification des procédures et la promotion des
technologies de l’information et de la communication ;
• la gestion, la formation et la rémunération dans la fonction publique.
De nombreuses recommandations ont été élaborées à l’issue de ces travaux (87) dont
la mise en œuvre avait été confiée au ministre chargé de la Fonction publique et de la
Modernisation de l’administration.
Enfin c’est également une initiative royale qui a donné naissance au Diwan Al
Madhalim, créé par un dahir du 9 décembre 2001 (B.O. 2002, p. 3) dont la mission a été
élargie et les moyens renforcés par le dahir du 17 mars 2011 (BO. 2011, p. 279) qui lui
a substitué le Médiateur dont le règlement intérieur du 14 novembre 2011 a été publié au

(86) Cette politique a été engagée par la Lettre Royale en matière d’investissement : cf. M. Rousset, « La
déconcentration régionale au Maroc : une avancée significative », in la Gestion déconcentrée des investissements,
REMALD, coll. Textes et documents, n° 66, 2002, p. 17.
(87) La problématique du colloque ainsi que les recommandations ont fait l’objet d’une publication par le ministère
de la Fonction publique et de la Réforme administrative, appellation du département jusqu’à sa disparition dans le
gouvernement de Driss Jettou (novembre 2002) où il a été remplacé par le ministre chargé de “la modernisation des
secteurs publics” ce qui est à la fois plus large et plus ambitieux que la simple réforme administrative.
Depuis 2012, il s’agit d’un ministre délégué auprès du Chef du gouvernement chargé de la Fonction publique et de la
Modernisation de l’Administration.

REMALD, série « Thèmes actuels », numéro 99, 2017

177
Droit administratif marocain

Bulletin Officiel de 2011, p. 2191 (88). En outre le Médiateur est désormais une institution
nationale indépendante et spécialisée reconnue par l’article 162 de la Constitution qui lui
assigne comme mission « dans les rapports de l’administration et des usagers de défendre
les droits, de contribuer à renforcer la primauté de la loi et à diffuser les principes de
justice et d’équité et les valeurs de moralisation et de transparence dans la gestion des
administrations, des établissements publics, des collectivités territoriales et des organismes
dotés de prérogatives de puissance publique ».
Le Médiateur est nommé pour une période de cinq ans et renouvelable une fois. Il
peut de sa propre initiative ou sur la base de plaintes ou de doléances dont il est saisi,
instruire des actions susceptibles de porter préjudice à des personnes physiques ou morales
marocaines ou étrangères en raison de tout acte de l’administration explicite ou implicite,
d’une action ou d’une activité considérée comme contraire à la loi notamment lorsqu’il
est entaché d’excès de pouvoir ou d’abus de droit ou contraire aux principes de justice
et d’équité (article 5). Toutefois il ne peut instruire les plaintes lorsque celles-ci mettent
en cause des décisions de justice définitives ou des faits dont la justice est saisie ou des
questions relevant du Conseil National des Droits de l’Homme (article 6). Dans le cadre
de ses compétences il peut mener des investigations et des enquêtes de façon à établir la
réalité des faits qui lui ont été dénoncés. Il peut adresser des recommandations aux autorités
en cause ; celles-ci ont l’obligation de répondre dans un délai de trente jours ; il peut
éventuellement saisir le Chef du gouvernement de propositions tendant à faire disparaître
les causes de l’atteinte au droit constatée y compris de propositions de modification de
la législation. S’il constate des fautes commises par les agents publics il doit en informer
le chef de l’administration concernée afin que ce dernier prenne les mesures appropriées.
Il peut recommander à l’administration de prendre des mesures disciplinaires voire de
transmettre les faits incriminés au ministère public aux fins de poursuite.
Le Médiateur peut aussi jouer le rôle d’intermédiaire pour désamorcer les conflits entre
l’administration et ses usagers soit de sa propre initiative soit à la demande de l’administration
ou des administrés. L’action du Médiateur est relayée sur l’ensemble du territoire par des
médiateurs régionaux. Mais pour que son action réussisse encore faut-il que l’administration
et notamment le Chef du gouvernement, donnent suite aux plaintes et doléances des citoyens
qui leur sont transmis par le médiateur ce qui n’est peut être pas le cas (89).

(88) Cf. M. Rousset, « La protection des droits de l’Homme au Maroc: de nouveaux progrès », Revue JPIC, n° 2,
2002, p. 165.
(89) Abou El Farah (T.), « La difficile cohabitation entre les instances de bonne gouvernance et le gouvernement »,
la Vie économique, 22/6/2015.

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178
Chapitre II
Les collectivités territoriales

Depuis 1962, le principe de la décentralisation territoriale se trouve consacré


constitutionnellement ; mais les dispositions constitutionnelles relatives aux collectivités
territoriales ont connu une certaine évolution que l’on retracera en analysant les
dispositions des constitutions de 1962, de 1972, de 1996 et enfin celles de la Constitution
actuelle de 2011.
1. La Constitution de 1962 énonçait dans son article 93 : « Les collectivités locales
du Royaume sont les préfectures, les provinces et les communes. Elles sont créées par
la loi », et l’article 94 poursuivait : « Elles élisent des assemblées chargées de gérer
démocratiquement leurs affaires dans des conditions déterminées par la loi. ». Enfin,
l’article 95 disposait : « Dans les préfectures et provinces, les gouverneurs exécutent les
décisions des assemblées préfectorales et provinciales. » Ces textes donnant une garantie
constitutionnelle à l’existence des collectivités locales, pouvaient faire l’objet de certaines
remarques. En premier lieu, à moins de modifier la Constitution, il ne pouvait être créé
d’autres catégories de collectivités, puisque l’article 93 comportait une énumération
limitative des collectivités existantes : préfectures, provinces et communes.
En second lieu, l’article 95 limitait l’autonomie organique des collectivités provinciales
et préfectorales en confiant l’exécution des délibérations de « leurs assemblées au
gouverneur, représentant de Sa Majesté le Roi et délégué du gouvernement ».
En revanche, ces textes comportaient de solides garanties pour les collectivités : d’une
part, la formule de l’article 93 attribuant à la loi le pouvoir de créer les collectivités,
devait nécessairement signifier que c’était chaque préfecture, chaque province ou
chaque commune qui, en elle-même, devait être créée par le législateur ; la garantie
constitutionnelle résultant de la compétence législative devait logiquement s’étendre à
l’existence (création et suppression) de chacune des collectivités constituant les catégories
préfectures, provinces et communes.
D’autre part, la Constitution consacrait l’existence d’assemblées locales chargées de
gérer les affaires des diverses collectivités dans des conditions qu’il appartiendrait au seul
législateur de définir.
Droit administratif marocain

2. La Constitution de 1972 consacrait un titre VIII aux collectivités locales : ses


dispositions comportent certaines modifications dont on pouvait d’ailleurs déjà trouver
trace dans la Constitution de 1970. L’article 87 dispose que : « Les collectivités locales
du Royaume sont les préfectures, les provinces et les communes. Toute autre collectivité
locale est créée par la loi. » Deux conclusions se dégagent de cette nouvelle rédaction. La
création de nouvelles catégories de collectivités locales n’exige donc plus une révision
de Constitution ; cette modification, qui figurait déjà dans la Constitution de 1970, rend
plus aisée la procédure de création de nouvelles catégories de collectivités territoriales. En
revanche, il est clair désormais, que la compétence du législateur ne concerne plus chaque
collectivité prise en elle-même, mais seulement les diverses catégories de collectivités. A
l’intérieur de chaque catégorie, c’est le pouvoir réglementaire qui est désormais compétent
pour créer, mais aussi pour supprimer telle ou telle collectivité locale. Cette interprétation
nous semble résulter du sens clair et naturel des termes et de la structure de l’article 87.
Si la pratique a été pendant longtemps fluctuante, les communes créées par acte
réglementaire et les provinces et préfectures par la loi (cf. la 3e édition de ce manuel,
p. 121), la Chambre constitutionnelle de la Cour suprême a tranché en faveur de la
compétence générale de l’autorité réglementaire dans une décision n° 5 du 9 mai 1978
(B.O. 1978, p. 1117). En revanche, la création d’une nouvelle catégorie de collectivités
locales, non mentionnée dans la Constitution, nécessiterait l’intervention du législateur.
Par ailleurs, la Constitution de 1972 confirmait les solutions antérieures, tant en ce qui
concerne la gestion des affaires locales dans un cadre défini par la loi (art. 88), qu’en ce
qui concerne le rôle du gouverneur comme organe exécutif des assemblées provinciales et
préfectorales (art. 89).
3. La constitution du 7 octobre 1996 : C’est un titre XI qui traite des collectivités
locales. Par rapport au texte précédent, l’innovation a consisté dans la création de la région
en tant que collectivité locale réalisée d’ailleurs lors de la révision constitutionnelle de
1992 ; la région, comme les autres collectivités, gère ses affaires grâce à une assemblée
élue démocratiquement dans un cadre défini par le législateur (art. 101).
Il est également maintenu au profit du gouverneur la compétence nécessaire pour exécuter
les délibérations des assemblées locales “dans des conditions déterminées par la loi”.
Il n’est pas sans intérêt de rappeler que l’article 102 de ce même titre consacré
aux collectivités locales, disposait que les gouverneurs représentent l’Etat et veillent à
l’exécution des lois. Ils sont responsables de l’application des décisions du gouvernement
et, à cette fin de la gestion des services locaux des administrations centrales ; cela revient à
dire qu’ils sont nécessairement les interlocuteurs privilégiés des responsables locaux dans
leurs relations avec l’Etat. Et c’est bien la raison pour laquelle, ainsi qu’on l’a vu plus
haut, la déconcentration est inséparable de la décentralisation.

REMALD, série « Thèmes actuels », numéro 99, 2017

180
Les collectivités territoriales

4. La Constitution du 29 juillet 2011 affirme dans son article premier que


« l’organisation territoriale du Royaume est décentralisée. Elle est fondée sur une
régionalisation avancée »ce qui, pour la première fois, met en avant la région comme
échelon territorial de premier plan ; le titre IX du texte constitutionnel confirme d’ailleurs
cette place puisqu’il il est en effet intitulé : « Des régions et des autres collectivités
territoriales ». On peut conclure que la Région sera dans l’avenir la collectivité pilote dans
l’organisation territoriale du Royaume.
A côté des régions les autres collectivités sont les préfectures et les provinces ainsi
que les communes. Toute autre collectivité est créée par la loi. Ces collectivités gèrent
démocratiquement leurs affaires ; les conseils des régions et des communes sont élus au
suffrage universel direct. Les premières élections organisées selon ce nouveau régime
électoral se sont déroulées le vendredi 4 septembre 2015. Les conseils préfectoraux et
provinciaux demeurent élus au suffrage indirect.
Mais la Constitution est plus précise que les précédentes car elle développe les
principes fondamentaux de l’organisation territoriale et de son rôle ; celle-ci repose sur
« la libre administration, la coopération et la solidarité » tout en assurant la participation
de la population à la gestion de ses affaires et au développement humain intégré et durable
(art. 136).
« Les régions et les autres collectivités participent à la mise en œuvre de la politique
générale de l’Etat et à l’élaboration des politiques territoriales à travers leurs représentants
à la Chambre des Conseillers » (art. 137). En outre elles doivent mettre en place des
mécanismes favorisant la participation, le dialogue et la concertation avec la population ;
un droit de pétition est même reconnu aux citoyens et aux citoyennes ainsi qu’aux
associations afin qu’ils puissent demander l’inscription à l’ordre du jour des assemblées
locales de questions relevant de leur compétence (art. 139).
Le principe de la répartition de ces compétences figure à l’article 140 : il s’agit du
principe de subsidiarité qui veut que ce soit la collectivité la plus proche des problèmes
à résoudre qui reçoive la compétence pour le faire ; c’est ce principe qui s’est traduit par
l’abandon de la compétence générale pour la gestion des affaires de la collectivité au
profit de l’attribution de compétences spécifiques aux diverses collectivités réparties en
trois catégories : des compétences propres, des compétences partagées avec l’Etat et des
compétences que celui-ci peut leur transférer. L’autonomie des collectivités est préservée
par le principe posé par la Constitution selon lequel aucune collectivité ne peut exercer de
tutelle sur une autre. Toutefois le même article 143 de la Constitution précise que « dans
l’élaboration et le suivi de la mise en œuvre des programmes de développement régionaux
et des schémas régionaux d’aménagement du territoire, la région doit assurer un rôle
prééminent par rapport aux autres collectivités dans le respect des compétences de ces

REMALD, série « Thèmes actuels », numéro 99, 2017

181
Droit administratif marocain

dernières ». Ce rôle est assuré sous la supervision du Président du Conseil régional. (Tarik
Zair, Subsidiarité et compétences des collectivités territoriales, Rev. Droit et Stratégie des
Affaires au Maroc, n° 4, 2015, p. 28).
Les collectivités disposent pour l’exercice de leurs compétences d’un pouvoir
réglementaire ainsi que des ressources financières propres et des ressources transférées par
l’Etat, étant entendu que toute compétence transférée par l’Etat devra s’accompagner du
transfert des ressources correspondantes. Les collectivités peuvent s’associer soit de façon
contractuelle pour la réalisation d’un projet, soit par la constitution de groupements afin de
mutualiser les moyens nécessaires à la réalisation de programmes communs.
L’article 146 confie à une loi organique le soin de déterminer tout ce qui concerne
la gestion démocratique de leurs affaires par les conseils élus ,l’exécution par leur
président des délibérations et des décisions des conseils, les conditions dans lesquelles
les citoyens et les associations pourront exercer leur droit de pétition, les différentes
compétences des collectivités, leur régime financier, et l’origine de leurs ressources ainsi
que les modalités de fonctionnement des deux fonds créés par la Constitution, Fonds de
mise à niveau sociale des régions et Fonds de solidarité inter-régionale, les mécanismes
destinés à favoriser le développement de l’intercommunalité, les règles concernant la
constitution des groupements de collectivités, enfin « les règles de gouvernance relatives
au bon fonctionnement de la libre administration, au contrôle de la gestion des fonds et
programmes, à l’évaluation des actions et à la reddition des comptes ».
Enfin sur la base de l’article 71 de la Constitution, c’est une loi 131-12 du 27 juillet 2013
qui a fixé les principes de délimitation des ressorts territoriaux des collectivités locales et
les autorités compétentes pour le faire (B.O. 2013, p. 2236). L’article premier de la loi
précise qu’il s’agit pour ces principes « de permettre la création de collectivités territoriales
viables et pérennes, eu égard à leurs potentialités et leurs composantes territoriales, visant
une organisation territoriale décentralisée, fondée sur une régionalisation avancée au sein
de l’Etat unitaire ». Sans entrer dans le détail de ces principes, on indiquera seulement
que les régions, les provinces et les préfectures et les communes sont créées par décret
sur proposition du ministre de l’intérieur. Toutefois s’agissant des régions le décret
du 20 février 2015 fixe également le nombre des régions au nombre de douze, leur
dénomination, leur chef-lieu ainsi que les préfectures et les provinces les composant. De
la même façon, le décret créant les préfectures et les provinces détermine leur nombre,
leur chef-lieu ainsi que les communes composant leur ressort territorial. Enfin le décret
créant les communes fixe également leur dénomination tandis que les limites de leur
ressort territorial et leur chef-lieu sont fixés par arrêté du ministre de l’intérieur. Dans
chaque commune le ministre de l’intérieur délimite par arrêté le périmètre urbain qui peut
englober tout ou partie du territoire de la commune. La partie restante de ce territoire est
considérée comme rurale.

REMALD, série « Thèmes actuels », numéro 99, 2017

182
Les collectivités territoriales

Tel est le cadre constitutionnel de l’organisation territoriale décentralisée du Royaume


dans le respect duquel les textes législatifs et réglementaires doivent déterminer
l’organisation administrative des collectivités et leurs conditions de fonctionnement
au premier rang desquels figure le respect des règles de bonne gouvernance. Ce sont
notamment trois lois organiques du 7 juillet 2015 (B.O. 2016, p. 197 et s) qui constituent
aujourd’hui les textes qui déterminent le régime juridique des collectivités territoriales.
Après avoir présenté la région, on examinera successivement l’organisation provinciale
et préfectorale, l’organisation communale et enfin les procédés de coopération entre les
collectivités locales.

Section I
L’organisation de la région

On sait que le Maroc précolonial a connu une circonscription régionale. Mais cette
circonscription non stabilisée d’ailleurs, existait dans des limites géographiques fluctuantes,
le Makhzen privilégiant le commandement des hommes sur celui des territoires.
Au cours du Protectorat, la création de sept régions a eu pour but, indépendamment
des contraintes de maintien de l’ordre public, de permettre la déconcentration du pouvoir
central et le transfert d’un certain nombre d’attributions aux chefs de région.
Au lendemain de l’indépendance, la création des provinces et des préfectures
poursuivait le même objectif qui n’a d’ailleurs pas fondamentalement changé avec
l’érection des provinces et préfectures en collectivités locales en 1962 et l’augmentation
de leur nombre.
C’est seulement en 1971 que la région réapparaît ; mais cette fois elle est conçue
comme un cadre géographique susceptible de servir de référence pour l’élaboration et la
mise en œuvre d’une politique d’aménagement du territoire, on parle aussi de spatialisation
du plan, mais en outre comme une institution permettant une amorce de représentation des
populations concernées par le développement régional au sein d’une Assemblée Régionale
Consultative (ARC).
En 1992 la région est érigée en collectivité territoriale lors de la révision de la
constitution ; un nouveau statut est édicté par la loi du 2 avril 1997 (B.O. 1997, p. 292) ;
celle-ci est complétée par un décret du 17 août 1997 (B.O. 1997, p. 781) qui fixe le nombre
des régions (seize régions) issues d’un nouveau découpage géographique, leur nom, leur
chef lieu dans leur nouveau ressort territorial, le nombre des conseillers à élire dans chaque
région, la répartition des sièges entre les divers collèges électoraux et la répartition entre
les préfectures et les provinces du nombre de sièges revenant aux collectivités locales.

REMALD, série « Thèmes actuels », numéro 99, 2017

183
Droit administratif marocain

L’idée centrale qui a présidé à la mise en place de la nouvelle région, a été exprimée par
le Roi Hassan II dans le célèbre discours de 1984 dans lequel il déclarait : « Nous voulons
que les choix de notre pays ne soient pas seulement pris à Rabat. » Et il préconisait la
création d’institutions régionales dotées de compétence « leur permettant de s’affirmer,
de connaître leurs besoins, d’évaluer l’échelle de leurs priorités et d’exprimer, nonobstant
la diversité des partis et des courants politiques, leurs aspirations, d’être le promoteur, le
planificateur, l’édificateur et l’exécutant sur leur territoire ».
Dans quelle mesure la région a-t-elle correspondu à cette perspective ? Il est difficile
de répondre de façon tranchée à une telle question. Toutefois on peut relever un certains
nombre de points positifs. Tout d’abord à la différence des institutions de 1971, les
institutions régionales ont fonctionné de façon régulière qu’il s’agisse des élections ou des
conditions de fonctionnement des assemblées régionales et du tandem exécutif Président-
Wali. Sans doute les ressources financières n’ont-elles jamais été à la hauteur des besoins
de financement des budgets régionaux mais des réalisations, même modestes, peuvent
être mises au crédit des administrations régionales souvent en coopération avec d’autres
collectivités ou avec l’Etat. Il n’est pas certain toutefois que l’institution régionale ait
atteint un niveau suffisant de visibilité pour que la population ait eu une claire conscience
de son existence et de son utilité pour au moins deux raisons : l’élection indirecte du
conseil régional et le fait que l’élaboration des plans de développement régionaux n’a pas
toujours été suivie de leur exécution et n’ont donc pas été très visibles pour la population
de la région.
Il est vrai que la réussite de l’expérience de régionalisation supposait également que
l’Etat s’investisse réellement au niveau de la région c’est à dire qu’il adapte ses propres
structures et principes de fonctionnement au niveau régional ainsi d’ailleurs que ses
propres politiques dans les domaines relevant de sa responsabilité: en clair cela recouvre
le problème de la déconcentration c’est à dire de la régionalisation de ses structures
administratives, des compétences juridiques et financières et des politiques publiques, ce
qui n’a pas été fait, ou qui ne l’a été que très partiellement.
La publication au printemps 2007 du Projet d’autonomie pour les provinces du sud a
suscité un nouvel intérêt pour la régionalisation ; il a sans aucun doute contribué à faire
réfléchir à une nouvelle approche de l’idée de région pour l’ensemble du Royaume. En
effet ce projet reconnaît à la région autonome du Sahara un ensemble de pouvoirs législatif,
exécutif et juridictionnel qui place ce projet aux confins de l’Etat unitaire et de l’Etat
Fédéral dans le cadre de la souveraineté de l’Etat Marocain. Il était dès lors nécessaire que
« la région de droit commun » connaisse une véritable novation pour qu’il n’y ait pas un
trop grand décalage entre la Région autonome du Sahara et les autres régions du Royaume.

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184
Les collectivités territoriales

C’est dans ces conditions que le Chef de l’Etat à annoncé dans son discours du
30 juillet 2009, la décision de confier à une commission consultative le soin de réfléchir
à la construction d’une régionalisation avancée « assurée par des conseils démocratiques,
dans le cadre d’une répartition cohérente des compétences entre le centre et les régions ».
Parallèlement le Souverain exhortait le gouvernement à élaborer « une Charte de la
déconcentration sans laquelle aucune régionalisation efficiente ne peut être envisagée ».
Cette commission a été installée le 3 janvier 2010 ; elle a travaillé sur la base des quatre
principes fondamentaux indiqués par Sa Majesté le Roi : – Respect de l’unité de l’Etat, de la
nation et du territoire. – Principe de solidarité incarnant la complémentarité et la cohésion
inter-régionales. – Harmonisation et équilibre dans la répartition des compétences et des
moyens afin d’éviter interférences et conflits de compétence. – Large déconcentration dont
la mise en œuvre effective est indispensable à une régionalisation judicieuse dans le cadre
d’une gouvernance territoriale efficiente.
La Commission a rendu son rapport en février 2011 dont les conclusions essentielles
ont été intégrées dans la Constitution de 2011.
Le décret du 20 février 2015 a déterminé la nouvelle carte régionale ; le territoire
du Royaume est divisé en douze régions ; le décret fixe la dénomination de ces régions,
leurs chefs-lieux ainsi que les préfectures et les provinces qui les composent (B.O. 2015,
p. 1008). Ces régions sont les suivantes :
Tanger-Tétouan-Al Hoceima, chef lieu : Tanger-Asilah
L’Oriental, chef-lieu : Oujda-Angad
Fès-Meknès, chef-lieu : Fès
Rabat-Salé-Kénitra, chef-lieu : Rabat
Béni Mellal-Khénifra, chef-lieu : Béni Mellal
Casablanca-Settat, chef-lieu : Casablanca
Marrakech-Safi, chef-lieu : Marrakech
Drâa-Tafilalet, chef-lieu : Errachidia
Souss-Massa, chef-lieu : Agadir-Ida-Ou-Tanane
Guelmim-Oued Noun, chef-lieu : Guelmim
Laâyoune-Sakia El Hamra, chef-lieu : Laâyoune
Dakhla-Oued Ed-Dahab, chef-lieu : Oued Ed-Dahab
Par voie de conséquence le territoire des wilayas a été modifié pour le faire correspondre
à la nouvelle carte régionale.
Enfin la loi organique relative à la région n° 111-14 du 7 juillet 2015 (B.O. 2016, p. 197)
définit le régime juridique, administratif et financier de la nouvelle région qui repose sur
un certain nombre de principes de base :Libre administration, coopération et solidarité
entre les régions, prééminence de la collectivité régionale pour tout ce qui concerne le

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Droit administratif marocain

développent et l’aménagement du territoire régional dans le respect des compétences des


autres collectivités territoriales, attribution des compétences régionales sur la base du
principe de subsidiarité, mais aussi compétences partagées avec l’Etat ou transférées par
ce dernier. L’accroissement du rôle des régions en matière de développement régional
remettra sans doute en cause sinon l’existence des Agences de développement régional,
du moins leur rôle auprès des nouvelles régions qui pourront bénéficier de leur expérience
en matière d’élaboration des projets, de recherche des financements en liaison avec les
opérateurs privés.
On examinera les organes de la région conseil régional et président de la région, leurs
attributions, le statut de l’élu, les moyens de la région : administration et finances, le
contrôle administratif et le contentieux, les fonds de mise à niveau et de solidarité et on
présentera une appréciation sur le développement de la nouvelle région avancée.

§1. Le conseil régional


La région est donc une collectivité décentralisée dotée de la personnalité morale et
de l’autonomie administrative et financière dont la constitution (art. 135) dispose que,
« comme toutes les collectivités locales, elle gère démocratiquement ses affaires grâce à
une assemblée élue au suffrage universel direct. La loi organique précise (art. 3) qu’elle
constitue l’un des niveaux de l’organisation territoriale décentralisée du Royaume fondée
sur une régionalisation avancée ».
En l’espèce, le Conseil régional est élu pour six ans ; sa composition et ses
compétences comme ses conditions de fonctionnement résultent de la loi organique 111-14
du 7 juillet 2015.
Pour l’application de cette loi, des décrets sont pris, notamment le décret du
29 juin 2016 fixant la procédure du programme de développement régional, son suivi,
son actualisation, son évaluation et les mécanismes de dialogue, de concertation pour sa
préparation, B.O. n° 6482 du 14 juillet 2016, p. 5341, édition en langue arabe ; également,
le décret du 29 juin 2016 fixant la procédure et le délai de préparation de la programmation
sur trois ans du budget de la région, B.O. n° 6482 du 14 juillet 2016, p. 5456, édition en
langue arabe.

A. La composition du Conseil régional


Cette composition est très différente de ce qu’elle était dans la région de 1997.
Celle-ci était destinée à donner une représentation aux différents acteurs de la vie de la
région, représentants des collectivités locales infra régionales (provinces et préfectures,

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Les collectivités territoriales

communes), chambres professionnelles et enfin salariés. Aujourd’hui la loi organique 59-11


du 21 novembre 2011 relative à l’élection des membres des conseils des collectivités
territoriales (B.O. 2012, p. 2426) modifiée par la loi organique 34-15 du 16 juillet 2015
(BO. 2015, p. 3858) repose sur une autre philosophie puisque l’élection se fait au suffrage
universel direct, au scrutin de liste à la représentation proportionnelle suivant la règle du
plus fort reste sans panachage ni vote préférentiel sauf pour le cas où il s’agit d’élire un
seul membre au niveau d’une seule circonscription électorale auquel cas le scrutin est un
scrutin uninominal à la majorité relative à un tour. Le ressort territorial servant de base au
découpage électoral de la région est constitué par la préfecture, la province ou la préfecture
d’arrondissement. Dans chaque préfecture, province et préfecture d’arrondissement deux
circonscriptions électorales sont créées ; l’une de ces deux circonscriptions est réservée
aux femmes qui peuvent aussi, si elles le désirent, se porter candidates dans l’autre
circonscription. Le nombre des membres à élire au conseil de chaque région, la répartition
des sièges entre les préfectures, provinces et préfectures d’arrondissement et la répartition
des sièges entre les deux circonscriptions sont fixées par décret sur proposition du ministre
de l’intérieur. Mais afin de mettre en œuvre le principe de parité affirmé dans l’article 19
de la Constitution en tenant compte des réalités sociologiques du pays, le nombre de sièges
réservé aux femmes dans les circonscriptions qui les concernent doit représenter au moins
le tiers des sièges attribués à la préfecture, la province ou la préfecture d’arrondissement.
La loi organique détermine de façon précise la composition du conseil qui va de
33 membres pour la région dont la population est inférieure ou égale à 250 000 habitants
à 75 membres pour les régions dont la population dépasse quatre millions cinq cent
mille habitants. Les chiffres à prendre en compte sont ceux du dernier recensement
de la population, en l’espèce celui de 2014. La loi électorale précise les inéligibilités
et incompatibilités, la réglementation des candidatures, les opérations de vote et le
dépouillement ainsi que la proclamation des résultats, et les divers recours en cas de litige.
Le contentieux électoral relève du tribunal administratif conformément aux dispositions de
la loi 41-90, tant en ce qui concerne les recours concernant les candidatures, que ceux qui
sont dirigés contre les opérations électorales.

B. Organisation et fonctionnement du Conseil régional


Le conseil élit un président et plusieurs vice-présidents au cours d’une seule séance qui
doit avoir lieu dans les quinze jours suivant l’élection des membres du conseil ; le nombre
de vice-présidents varie selon un barème qui tient compte de l’importance des membres
du conseil: Six, sept, huit ou neuf vice-présidents, selon que le nombre de membres du
conseil s’élève à: 39 membres, 45 à 51 membres, 57 à 63 et plus de 63.

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Droit administratif marocain

L’élection du président fait l’objet d’une réglementation très précise qui est destinée
à lui assurer une représentativité aussi solide que possible. Pour être candidat il faut être
classé en tête de liste des candidatures dans toutes les circonscriptions électorales et qui
ont obtenu des sièges dans le conseil. Il faut en outre appartenir à un parti classé dans les
cinq premières positions au regard du nombre de sièges obtenus aux élections du conseil
de la région. Le candidat doit également fournir une accréditation du parti politique auquel
il appartient, sauf s’il s’agit d’un candidat indépendant (que l’on appelait autrefois les
candidats neutres ou sans appartenance partisane SAP). L’acte de candidature doit être
déposé personnellement auprès du Wali cinq jours après les élections du Conseil, et cela
contre récépissé de ce dépôt. Le Wali convoque le Conseil qui se réunit sous la présidence
de son doyen d’âge non candidat ; le plus jeune conseiller non candidat assure le secrétariat
de la séance à laquelle assiste le Wali.
L’élection se fait comme pour les élections des vice-présidents au scrutin public. Au
premier tour à la majorité absolue des membres en exercice du conseil ; si nécessaire un
deuxième tour est organisé entre les deux premiers candidats classés selon le nombre
de voix obtenues au premier tour. L’élection a toujours lieu à la majorité absolue des
membres du conseil ; si un troisième tour est nécessaire le vote a lieu à la majorité relative
des membres présents. En cas de partage égal des voix le plus jeune est déclaré élu ; en
cas d’égalité d’âge le vainqueur est tiré au sort sous la supervision du président de séance.
L’article 17 de la loi établit un certain nombre d’incompatibilités sanctionnées par la
démission d’office constatée par le ministre de l’intérieur ainsi que l’interdiction du cumul
avec d’autres fonctions : membres du gouvernement, des assemblées parlementaires, et de
certains organismes : HACA, Conseil économique, social et environnemental, Conseil de
la concurrence, Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la
corruption.
L’élection des vice-présidents a lieu immédiatement après celle du président et sous
sa présidence. Elle a lieu au scrutin de liste. Le président présente la liste qu’il propose.
Les autres membres du conseil peuvent présenter des listes ; chaque liste est présentée par
le membre classé en tête de liste. Afin d’atteindre la parité, chaque liste doit comporter
un nombre de candidates qui ne soit pas inférieur au tiers des postes de vice-président
à pourvoir. Aucun membre ne peut être candidat sur plus d’une liste. Le scrutin a lieu
à la majorité absolue des membres en exercice du conseil au premier tour ; si un second
tour est nécessaire le scrutin est le même mais seulement entre les deux listes arrivées en
tête. Si aucune liste n’atteint cette majorité un troisième tour est organisé où l’élection a
lieu à la majorité relative des membres présents. En cas de partage égal des voix, la liste
présentée par le président est prépondérante. L’article 22 énumère les cas de cessation de
leurs fonctions par le président et les vice-présidents. Dans les six premiers cas prévus
par l’article 22 (décès, démission volontaire, ou de plein droit, révocation, annulation

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Les collectivités territoriales

définitive de l’élection, détention de plus de six mois) la président est démis d’office de ses
fonctions et le bureau est dissous de plein droit. Dans le délai de quinze jours à compter
de la constatation de la cessation de fonction, le ministre de l’intérieur convoque le conseil
pour l’élection d’un nouveau président et du bureau.
Si le président cesse ou s’abstient d’exercer sans motif ses fonctions pendant plus de
deux mois, le Wali le met en demeure d’en reprendre l’exercice. A défaut d’obtempérer
dans délai de sept jours ouvrables, le ministre de l’Intérieur saisit la justice administrative
des référés pour statuer sur l’existence de cette cessation ; si cette cessation est confirmée
le bureau est dissous et le conseil est convoqué pour procéder à l’élection du nouveau
président et du bureau.
Si un ou plusieurs vice-présidents cessent d’exercer leurs fonctions dans les
paragraphes 1 à 6 et 8 de l’article 22 de la loi, les vices présidents de rangs inférieurs les
remplacent en suivant l’ordre de leur classement. Le président convoque alors le conseil
pour procéder à l’élection au(x) poste(s) de vice-présidents devenu(s) vacant(s). En cas
de cessation sans motif ou de refus d’exercer les fonctions pendant plus d’un mois le
président met en demeure le ou les intéressés de reprendre l’exercice de leurs fonction
dans un délai de sept jours. Si cette mise en demeure reste sans effet le Président convoque
le conseil en session extraordinaire pour démettre le ou les vice-présidents défaillants. Le
président peut alors convoquer le conseil pour procéder à l’élection des remplaçants de ces
vice-présidents.
Le conseil élit parmi ses membres un secrétaire et un secrétaire adjoint qui peuvent être
démis de leurs fonctions sur proposition motivée du président à la majorité absolue des
suffrages exprimés.
Les membres du conseil peuvent constituer des groupes d’au moins cinq membres
auxquels peuvent adhérer les membres indépendants ; chaque groupe choisit une
appellation et un président. La constitution et le fonctionnement de ces groupes sont
déterminés par le règlement intérieur du Conseil.
Au cours de la première session qui suit l’approbation du règlement intérieur, le
conseil constitue trois commissions permanentes. Les trois commissions obligatoires sont
chargées respectivement :
– du budget, des affaires financières et de la programmation ;
– du développement économique, social, culturel et environnemental ;
– de l’aménagement du territoire.
Le conseil peut en créer d’autres dans la limite de sept au maximum. Le règlement
intérieur fixe leur dénomination, leur objet et les modalités de leur composition. Le
Conseil élit le président et son adjoint parmi leurs membres dont le nombre ne doit pas être

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Droit administratif marocain

inférieur à cinq et qui ne peuvent être membre que d’une commission. Le principe de parité
doit être pris en compte dans les candidatures à la présidence des commissions. En principe
les membres du bureau ne peuvent pas être candidat au poste de président de commission
sauf si aucun candidat ne se manifeste en dehors du membre du bureau. Une présidence de
commission permanente doit être réservée à l’opposition. Les commissions se réunissent
à la demande du président du conseil, de leur président ou du tiers de leurs membres. Les
questions à l’ordre du jour du conseil leur sont obligatoirement soumises pour examen. Le
président du conseil doit leur fournir informations et documents nécessaires à cet examen.
Le président de la commission est le rapporteur. Il peut faire convoquer par l’intermédiaire
du président du conseil les membres de l’administration de la région, et par l’intermédiaire
du wali sous couvert du président du conseil les fonctionnaires et agents de l’Etat et des
établissements publics et entreprises publiques dont les compétences s’exercent dans le
ressort territorial de la région.
Le conseil peut aussi créer des commissions provisoires pour l’étude d’une question
particulière ; ces commissions disparaissent avec l’achèvement de leurs travaux. Qu’elles
soient provisoires ou permanentes les commissions ne peuvent exercer aucune compétence
attribuée au conseil ou à son président.
Le fonctionnement du conseil de la région suppose l’élaboration et le vote du
règlement intérieur lors de la session qui fait suite à l’élection du bureau. La délibération
l’approuvant et le texte du règlement sont adressés au Wali ; il entre en vigueur huit
jours après cet envoi sauf opposition du Wali. Dans ce cas c’est en définitive le tribunal
administratif qui tranche la question dans les conditions de l’article 114 de la loi.
Le Conseil tient trois sessions ordinaires par an, en mars, juillet et octobre. Pour chaque
session est établi un calendrier des séances ainsi que les questions inscrites à leur ordre
du jour. La durée des sessions ne peut excéder quinze jours consécutifs ; une prorogation
est possible par arrêté du président du Conseil transmis au Wali sans que cette prorogation
puisse dépasser les quinze jours consécutifs. Le président informe les membres du conseil
de la tenue de la session et de son ordre du jour.
Le conseil peut être convoqué en session extraordinaire par le président ou à la
demande du tiers de ses membres mais dans ce cas le président peut s’y opposer ; son
refus doit être motivé. La convocation doit être assortie d’un ordre du jour. Si la demande
émane de la majorité absolue des membres du conseil, la session extraordinaire se tient
de plein droit. Dans tous les cas la session est close par l’épuisement de l’ordre du jour ;
elle ne peut durer plus de sept jours consécutifs sans possibilité de prorogation. Le conseil
se réunit également en session extraordinaire de plein droit à la demande du Wali qui
souhaite inclure dans l’ordre du jour des questions accompagnées des documents. Le
président est chargé de convoquer le Conseil et de transmettre à ses membres l’ordre du

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Les collectivités territoriales

jour trois jours avant la date de la tenue e l session. Le conseil put délibérer si le quorum
de la moitié des membres en exercice est présente ; A défaut la session est reportée au jour
ouvrable suivant ; elle se tient quel que soit le nombre des membres présents.
Le Wali assiste aux séances soit à l’invitation du président ou de sa propre initiative,
et peut présenter des observations en rapport avec les questions de l’ordre du jour. Il ne
participe pas au vote. Des personnels des services de la région assistent à titre consultatif
aux séances sur convocation du président. De même des personnels de l’Etat ou des
entreprises publiques agissant dans le ressort territorial de la région peuvent être invités à
participer aux travaux du conseil par le président et l’intermédiaire du Wali lorsque l’ordre
du jour comporte des questions en relations avec les activités de ces administrations ou
organismes.
L’ordre du jour des sessions est établi par le président en collaboration avec les
membres du bureau ; il est transmis au Wali vingt jours au moins avant l’ouverture de la
session. Lorsqu’elles ont été déclarées recevables par le bureau les pétitions présentées par
les citoyennes, les citoyens ou les associations sont obligatoirement inscrites à l’ordre du
jour de la session ordinaire suivant la date de la déclaration de leur recevabilité.
Le Wali peut de plein droit demander l’inscription à l’ordre du jour de questions
supplémentaires lorsqu’elles sont urgentes à la condition d’en aviser le président huit jours
après réception de l’’ordre du jour prévu.
L’article 43 traite des questions dont les membres du conseil à titre individuel ou au
nom de leur groupe peuvent demander l’inscription à l’ordre du jour et des conditions dans
lesquelles le président peut la refuser.
Le conseil et ses commissions ne peuvent délibérer que sur des questions relevant de
la compétence du conseil et inscrites à l’ordre du jour. Le Wali peut s’opposer à toute
question étrangère à la compétence de la région et aux attributions du conseil. Il notifie
cette opposition au président et éventuellement il saisit le tribunal administratif en référé
qui statue dans le délai de quarante huit heures à compter de sa saisine et cela de manière
définitive sans convocation des parties le cas échéant. Le conseil ne peut délibérer sur
ces questions tant que la juridiction administrative n’a pas statué sauf à s’exposer en cas
de violation volontaire de cette interdiction à l’application des sanctions disciplinaires
prévues aux articles 67 et 76 de la loi.
Les délibérations du conseil ne sont valables que si la séance se tient en présence de
plus de la moitié des membres en exercice du conseil ; ce quorum est apprécié à l’ouverture
de la session ; s’il n’est pas atteint le président adresse une nouvelle convocation aux
membres du conseil et celui-ci délibère alors avec la même exigence de quorum. Si
celui-ci n’est pas atteint le conseil se réunit après le troisième jour ouvrable et délibère
valablement quel que soit le nombre des membres présents.

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Droit administratif marocain

Les délibérations sont adoptées à la majorité absolue des suffrages exprimés sauf pour
certaines questions particulièrement importantes pour lesquelles la majorité absolue des
membres en exercice est exigée. Il s’agit :
– du programme de développement régional ;
– du schéma régional d’aménagement du territoire ;
– de la création des sociétés de développement régional, la modification de leur objet
et des questions concernant leur capital ;
– des modes de gestion des services publics relevant de la région ;
– du partenariat avec le secteur privé ;
– des contrats relatifs à l’exercice des compétences partagées avec l’Etat et celles
transférées à la région.
Si cette majorité absolue n’est pas atteinte lors du premier vote, un second vote est
organisé et la délibération est alors votée à la majorité des suffrages exprimés lors d’une
seconde réunion.
La région peut être représentée dans divers organismes à titre délibératif ou consultatif
sur la base de lois ou de règlement ; elle est alors représentée par le président, son vice
président ou par un membre délégué à cet effet. S’il s’agit d’une représentation auprès
de divers organismes publics ou privés existant à l’intérieur de la région et dont elle est
membre ; le conseil désigne à la majorité relative des suffrages exprimés les membres du
conseil qui seront appelés à la représenter.
Les membres du conseil à titre individuel ou au nom du groupe, peuvent poser au
président des questions écrites sur toute affaire d’intérêt régional. Ces questions sont
inscrites à l’ordre du jour à la condition qu’elles parviennent au président un mois avant
la tenue de la session ; si elles n’ont pu faire l’objet de réponse lors de la séance réservée
à ces questions, elles sont reportées à l’ordre du jour de la session suivante sachant que le
conseil ne consacre qu’une seule séance par session aux réponses à ces questions.
Les séances du conseil sont publiques ; dans certaines conditions elles peuvent se tenir
à huis clos soit à la demande du président ou d’un tiers des membres du conseil, soit à
la demande du Wali si la réunion publique présente un risque d’atteinte à l’ordre public ;
le président assure la police des séances ; il peut faire expulser toute personne menaçant
l’ordre public ; en revanche il ne peut faire expulser un membre du conseil ; toutefois après
un rappel à l’ordre demeuré sans effet, le conseil peut décider sans débat, à la majorité
absolue des membres présents, d’exclure de la séance le conseiller qui entrave les débats
ou méconnaît les dispositions de la loi ou du règlement intérieur. Si le président se trouve
dans l’impossibilité de faire respecter l’ordre il peut faire appel au wali de la région.

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Les collectivités territoriales

Le secrétaire du conseil dresse le procès verbal des séances ; les délibérations sont
signées par le président et inscrites sur le registre des délibérations. Le président est
responsable de la tenue de ce registre qu’il doit transmettre à son successeur et adresser au
Wali à la cessation de ses fonctions. Ce registre doit faire l’objet d’un dépôt aux archives
dans les conditions prévues par la loi 69-99.

§2. Le statut de l’élu


Ce statut fait l’objet de tout un chapitre du titre consacré aux conditions de gestion
des affaires de la région c’est à dire vingt six articles de la loi (art. 54 à 79). C’est dire
l’importance que le législateur attache à définir de façon précise les droits et les obligations
des conseillers régionaux, du président et des membres du bureau.
Le conseiller doit conserver son appartenance politique pendant la durée de son
mandat ;à défaut il est déchu de son mandat par décision du tribunal administratif.
Les responsables du fonctionnement du conseil: président vice-présidents, secrétaire et
son adjoint, présidents des commissions permanentes et leurs vice-présidents, présidents
des groupes, perçoivent des indemnités de représentation et de déplacement. Les membres
du conseil n’ont droit qu’à des indemnités de déplacement. Ces indemnités sont attribuées
dans des conditions fixées par décret.
Les conseillers peuvent bénéficier d’une formation continue dans les domaines
de compétences dévolues à la région. Le ministre de l’intérieur définit les conditions
d’organisation et de financement de ces sessions de formation.
Les fonctionnaires et agents publics de l’Etat, des collectivités territoriales et des
établissements publics bénéficient de plein droit des permissions d’absence leur permettant
de participer à toutes les activités qui découlent de leur qualité de conseiller régional y
compris aux sessions de formation continue. Ces permissions sont accordées avec plein
traitement et sans incidence sur le calcul des congés réguliers.
Les employeurs doivent laisser à leurs salariés membres du conseil régional, le temps
nécessaire pour leur permettre de participer aux travaux du conseil et de ses commissions,
pour la représentation du conseil dans divers organismes ainsi que pour leur permettre
de suivre les sessions de formation continue. Le temps passés par les salariés dans ces
diverses activités ne sera pas payé mais pourra être récupéré. Ces absences ne peuvent en
aucun cas leur être imputées à faute.
Le président fonctionnaire ou agent public occupant un emploi budgétaire au sein
d’une administration de l’Etat d’une collectivité territoriale ou d’un établissement public,
peut de plein droit bénéficier de la position de détachement ou de mise à disposition. Il

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Droit administratif marocain

bénéficie de tous ses droits au salaire, à l’avancement et à la retraite. A la cessation de


ses fonctions il doit être réintégré dans les conditions prévues par le statut de la fonction
publique ou les textes assimilés. Le président peut démissionner ; il doit adresser sa
démission au ministre de l’intérieur ; celle-ci devient définitive quinze jours à compter
de la date de la réception de cette démission. Les vice-présidents peuvent également
démissionner mais leur démission doit être adressée au Président qui transmet au ministre
de l’intérieur ; la démission devient effective dans les mêmes conditions de délai. Toutefois
ils continuent à expédier les affaires courantes en attendant l’élection de leurs successeurs.
Les démissionnaires ne peuvent évidemment pas se porter candidats à ces élections.
Des procédures sont prévues pour mettre un terme aux agissements des conseillers qui
seraient contraires aux lois et règlements, à l’éthique du service public ou aux intérêts de
la région ; le wali peut leur demander des explications par écrit à défaut desquelles il peut
saisir le tribunal administratif pour faire prononcer la révocation. La même procédure est
prévue si le président commet des actes contraires aux lois et règlements ; toutefois dans
ce cas c’est le ministre de l’Intérieur qui lui demande des explications écrites ; après quoi
en cas de silence ou si les explications ne sont pas satisfaisantes, il peut saisir le tribunal
administratif qui statue dans le délai d’un mois ; en cas d’urgence il peut être saisi en référé
et statue dans les quarante huit heures. Dans tous les cas la saisine du tribunal emporte
suspension des fonctions jusqu’à ce que le tribunal ait statué sur la révocation.
Selon l’article 68 est interdite aux membres du conseil toute activité pouvant conduire
à un conflit d’intérêt, soit à titre personnel, soit comme actionnaire ou mandataire d’autrui
soit au bénéfice de son conjoint, ses ascendants ou descendants. La méconnaissance de
ces interdictions peut entraîner la saisine du tribunal administratif d’une demande de
révocation sans préjudice le cas échéant de poursuites judiciaires.
Les membres du conseil ne peuvent s’immiscer dans le fonctionnement des services
administratifs de la région sauf s’ils interviennent dans le cadre de leurs fonctions
délibérantes ou dans celui des commissions.
L’assiduité aux sessions du conseil est obligatoire ; le contrôle des présences est assuré
au début des sessions. Est démis de plein droit de son mandat le membre du conseil
absent sans motif valable au cours de trois sessions successives ou de cinq sessions non
successives. Le conseil se réunit pour constater cette démission ; le président informe le
Wali de la démission constatée ; une copie du registre des présences est adressée au Wali à
la clôture de la session du conseil.
Si un vice-président s’abstient sans motif valable d’exercer ses fonctions, le président
peut demander au conseil de prendre une délibération portant saisine du tribunal
administratif afin qu’il statue sur sa révocation du bureau du conseil ; le vice-président ne

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194
Les collectivités territoriales

peut plus exercer ses fonctions et les délégations qui lui avaient été accordées sont retirées.
Le tribunal statue dans le délai d’un mois de sa saisine.
Les fonctions de président et de vice-président sont incompatibles avec la résidence à
l’étranger ; si une telle résidence se produit postérieurement à l’élection, la démission de
ses fonctions est prononcée par arrêté du ministre de l’intérieur saisi par le Wali.
Les deux tiers des membres du conseil peuvent à l’expiration de la troisième année
du mandat du conseil demander la démission du président ; cette demande ne peut être
présentée qu’une seule fois au cours du mandat du conseil ; cette demande est inscrite à
l’ordre du jour de la première session ordinaire suivante ; la démission n’est acquise que si
elle est votée par les trois quarts des membres en exercice du conseil.
La démission du président, sa révocation ou sa démission volontaire font obstacle à ce
qu’il soit candidat à la présidence du conseil pour le reste du temps qui reste à courir du
mandat du conseil. Le bureau du conseil est alors dissous et des élections d’un nouveau
bureau, président et vice-présidents, sont organisées.
La dissolution et la suspension du conseil de la région sont prévues pour faire face à
certaines situations.
Si les intérêts de la région sont menacés le ministre de l’Intérieur peut saisir le tribunal
administratif pour décider la dissolution du conseil.
Une procédure identique existe si le conseil refuse de remplir les missions qui lui
incombent du fait de la loi, s’il refuse d’adopter les décisions nécessaires concernant
le budget ou le fonctionnement de services publics de la région, ou bien en cas de
dysfonctionnement du conseil : le président peut saisir le ministre de l’Intérieur par
l’intermédiaire du Wali d’une demande de mise en demeure du conseil de mettre fin à cette
situation. A défaut d’obtenir satisfaction le ministre de l’Intérieur peut saisir le tribunal
administratif pour qu’il prononce la dissolution du conseil.
Dans ces situations ou bien si le conseil a perdu plus de la moitié de ses membres pour
cause de démission ou pour toute autre cause sans qu’il soit possible de pourvoir à leur
remplacement, le ministre de l’Intérieur nomme une délégation spéciale ; celle-ci composée
de cinq membres, est présidée par le Wali qui exerce les fonctions de président dont il peut
déléguer une partie aux membres de la délégation ; celle-ci se borne à expédier les affaires
courantes. La délégation cesse d’exercer ses fonctions selon le cas dès l’expiration de la
durée de la suspension ou l’élection du nouveau conseil. Celle-ci doit avoir lieu dans des
conditions de délais de trois mois à compter de la dissolution ou de la date de cessation
d’exercice de ses missions par le conseil lorsque celui-ci a perdu la moitié de ses membres
sauf si l’on se trouve dans les six derniers mois du mandat des conseils de région ; dans ce

REMALD, série « Thèmes actuels », numéro 99, 2017

195
Droit administratif marocain

cas la délégation spéciale continue d’exercer ses missions jusqu’au renouvellement général
des conseils de régions.
Si le président s’abstient de prendre les actes qui lui incombent dans des conditions qui
nuisent au fonctionnement normal des services de la région le ministre de l’intérieur, saisi
par le Wali, met le président en demeure d’exercer ses fonctions. Si au bout de quinze
jours celui-ci persiste dans son abstention, le ministre de l’Intérieur saisit en référé le
tribunal administratif d’une demande de reconnaissance de l’état d’abstention. Le tribunal
statue dans les quarante huit heures par une décision définitive et sans convocation des
parties le cas échéant. Dans ce cas le wali peut se substituer au président pour effectuer les
actes que le président s’est abstenu d’effectuer.

§3. Les compétences de la région


Les affaires de la région sont gérées par le conseil régional qui dans l’exercice de
ses responsabilités du développement régional doit tenir compte « des politiques et
stratégies générales et sectorielles de l’Etat dans ses domaines de compétences ». Ces
compétences sont de trois sortes ; des compétences propres, des compétences partagées et
des compétences transférées.

A. Les compétences propres


La formule de l’article 81 est particulièrement générale puisqu’il est dit que « la
région exerce des compétences propres dans le domaine du développement régional.
Elle est également chargée de l’élaboration et du suivi de l’exécution du programme de
développement régional et du schéma régional de l’aménagement du territoire ».
L’article 82 énumère tout ce que recouvre le développement régional en matière de
développement économique, de formation professionnelle et continue, de développement
rural, de transport, de culture d’environnement et de coopération internationale très
largement ouverte sauf avec un Etat étranger.

• Le développement régional
Dès la première année de son élection le Conseil met en place un programme de
développement régional sous supervision du président ; il doit veiller à son suivi, à son
évaluation et à son actualisation.
Ce programme élaboré pour six ans doit l’être en coordination avec le Wali de la région
chargé de la coordination des activités des services déconcentrés des administrations d’Etat
dans la région et inscrire de cette façon la programmation des actions de développement

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196
Les collectivités territoriales

qui pourront être réalisées dans la région en prenant en considération de manière optimale
leur nature, leur emplacement et leur coût.
Ce programme suppose l’établissement préalable d’un diagnostic des potentialités de
la région ; il doit suivre les orientation stratégiques de la politique de l’Etat au niveau
régional de même qu’il doit intégrer les projets des autres collectivités territoriales, ceux
des entreprises publiques sans négliger ceux des acteurs privés des secteurs économiques et
sociaux intégrés dans les orientations du schéma d’aménagement du territoire de la région.
La mise en œuvre de ce programme peut faire appel à la technique contractuelle que ce
soit avec l’Etat ou avec les autres intervenants.
Naturellement le Conseil régional doit tenir compte de ce programme lors de
l’établissement du budget de la région dans sa partie relative à l’équipement compte tenu
des ressources disponibles. L’actualisation de ce programme peut être réalisée à partir de
la troisième année de son entrée en vigueur ; les conditions de son élaboration, de son
actualisation et de son évaluation sont déterminées par voie réglementaire.

• Le schéma d’aménagement du territoire

L’élaboration de ce schéma doit se faire en concertation avec l’ensemble des acteurs


publics et privés de la région et dans le cadre des orientations de la politique nationale
d’aménagement du territoire. Le Wali assiste le président dans la mise en œuvre de ce
schéma qui constitue un document de référence pour l’aménagement de l’espace régional.
Ce schéma doit résulter d’un accord entre l’Etat et la région sur une vision stratégique et
prospective du développement de la région permettant d’éclairer les choix de ceux qui en
sont les acteurs. Pour cela le schéma définit un cadre général du développement régional
durable et cohérent des espaces urbains et ruraux. Il détermine ce que doivent être les
équipements et les grands services publics structurants pour la région. Il détermine enfin
les domaines des projets régionaux et la programmation des mesures permettant leur
valorisation.
Comme le programme de développement, le schéma doit faire l’objet d’une
actualisation et d’une évaluation dans les conditions prévues par voie réglementaire.
L’article 90 pose un principe essentiel pour la réussite de ce schéma : l’obligation
pour les autres acteurs du développement de la région, l’administration, les collectivités
infra régionales, les établissements et entreprises publics de prendre en considération les
dispositions de ce schéma dans leurs propres projets et programmes.

REMALD, série « Thèmes actuels », numéro 99, 2017

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Droit administratif marocain

B. Les compétences partagées


Le principe est que chaque fois que certains problèmes concernent à la fois l’Etat et la
région, il est profitable pour les deux protagonistes de mutualiser leurs moyens. Pour cela
l’article 91 énumère les domaines qui peuvent faire l’objet de ce partage ; naturellement
cela concerne le domaine économique par exemple le développement durable ou l’emploi,
le développement rural spécialement les oasis, les zones de montagne, l’alimentation
en eau potable ou en électricité, le développement social, la réhabilitation de l’habitat
traditionnel, l’environnement la culture, le patrimoine culturel de la région et la culture
locale, les monuments et spécificités régionales, et enfin la promotion du tourisme.
La mise en œuvre de ce partage doit se faire sur une base contractuelle ; en outre la
région peut toujours prendre l’initiative de financer sur ses ressources propres la réalisation
d’un projet en dehors de ses compétences dans un cadre contractuel avec l’Etat si ce
financement contribue à la réalisation d’un objectif commun.

C. Les compétences transférées


Ce transfert s’effectue sur la base du principe de subsidiarité ce qui explique qu’il
ne soit pas identique d’une région à l’autre. L’article 95 indique qu’il doit prendre en
compte « les principes de progressivité et de différentiation entre les régions ». Une fois
transférées, les compétences deviennent des compétences propres.
Les domaines de compétence qui peuvent faire l’objet de ce transfert sont les
équipements et les infrastructures à dimension régionale, l’industrie, la santé, le commerce,
l’enseignement, la culture, le sport, l’énergie, l’eau et l’environnement.

§4. Les attributions des organes de la région


Le titre III de la loi est consacré au conseil de la région puis à son président.

A. Les attributions du conseil (art. 96-100)


Le conseil délibère sur les affaires relevant des compétences de la région ; celles ci sont
composées de trois rubriques :
– Développement régional, aménagement du territoire et services publics ce qui couvre
aussi l’organisation administrative de la région et la création éventuelle de société de
développement régional.

REMALD, série « Thèmes actuels », numéro 99, 2017

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Les collectivités territoriales

– Finances, fiscalité et patrimoine de la région. Le conseil vote le budget, les comptes


spéciaux et les budgets annexes, l’ouverture de nouveaux crédits, leur relèvement ou leur
transfert à l’intérieur d’un même article. La fixation du taux des taxes, des redevances et
des droits perçus au profit de la région dans la limite des taux fixés le cas échéant par les
lois en vigueur. La création d’une rémunération pour service rendu, les emprunts à garantir
ou à consentir, les dotations de fonctionnement et d’investissement au profit de l’Agence
régionale pour l’exécution des projets. La gestion du patrimoine avec ce que cela comporte
en matière d’acquisition, d’échange et d’affectation de ces biens. Enfin l’acceptation et la
gestion des dons et legs.
– La coopération et le partenariat : ceci concerne la participation à la création de
groupements de collectivités territoriales, le partenariat Public-privé, les contrats relatifs à
l’exercice des compétences partagées et transférées, les projets de convention de jumelage
et de coopération décentralisée, et toutes formes d’échange avec les collectivités locales
étrangères dans le respect des engagements internationaux du Royaume, l’adhésion et la
participation aux activités des organisations s’intéressant à la vie locale.
Enfin il est prévu que l’Etat consulte le conseil de région à propos des politiques
sectorielles concernant la région ainsi que sur les grands projets qu’il projette de réaliser
dans la région.

B. Les attributions du président du conseil de région (art. 101 à 111)


Le président exécute les délibérations du conseil et ses décisions et prend toutes les
mesures nécessaires. Après les avoir élaborés, il a la responsabilité de la mise en œuvre
du programme de développement régional et du schéma d’aménagement du territoire,
il élabore et il exécute le budget dont il est l’ordonnateur et il prend toutes les mesures
que cela implique notamment par l’exercice de son pouvoir réglementaire. Il conclut les
marchés qu’il approuve sauf délégation à la personne chargée de cette mission. Il intente
les actions en justice.
Le président sous sa responsabilité et son contrôle peut donner des délégations :
– aux vice-présidents à l’exception de la gestion administrative et de l’ordonnancement.
La délégation peut concerner une partie de ses attributions si cette délégation est
limitée à un secteur déterminé pour chaque vice-président ;
– il peut donner délégation de signature au directeur général des services et, sur
proposition de ce dernier, il peut également donner délégation de signature aux chefs
de divisions et services de l’administration de la région ;
– au directeur général des services délégation de signature des documents relatifs à
l’ordonnancement des recettes et des dépenses.

REMALD, série « Thèmes actuels », numéro 99, 2017

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Droit administratif marocain

Au début de chaque session ordinaire le président présente un rapport d’information


sur les activités qui ont été les siennes dans le cadre de ses attributions. En cas d’absence
ou d’empêchement du président de plus d’un mois, il est suppléé provisoirement dans la
plénitude de ses fonctions par un vice-président en suivant l’ordre ou, à défaut, par un
conseiller le plus anciennement élu et en cas d’égalité d’ancienneté par priorité du plus âgé.

C. Des mécanismes participatifs de dialogue et de concertation


L’élection du conseil au suffrage universel direct du conseil régional à sans aucun
doute pour effet de rapprocher les institutions régionales de la population de la région ;
mais comme il s’agit tout de même d’un système représentatif, il est apparu souhaitable au
constituant de renforcer ce rapprochement par la mise en œuvre de mécanismes permettant
à la population de faire entendre sa voix dans le fonctionnement des institutions régionales
et pour cela d’être mieux informée des conditions de gestion des affaires de la région. Tel
est le but des organes consultatifs placés auprès du conseil de région et du droit de pétition
reconnu aux individus et aux associations en application de l’article 139 de la Constitution
sans oublier les règles de bonne gouvernance ; ces mécanismes sont destinés à permettre
l’implication des citoyens et des citoyennes ainsi que des associations dans l’élaboration
et le suivi des programmes de développement et plus généralement dans la gestion des
affaires de la région.
Trois instances consultatives sont créées auprès du conseil de la région qui fixe les
dénominations de ces instances, leur composition et les modalités de leur fonctionnement
dans son règlement intérieur. Ces instances sont les suivantes :
– une instance chargée de l’étude des affaires régionales qui touchent la mise en œuvre
des principes de l’équité, de l’égalité et de l’approche genre en liaison avec les
acteurs de la société civile ;
– une instance chargée de l’étude des questions concernant les jeunes ;
– une instance chargée de l’étude des questions économiques de la région en partenariat
avec les acteurs économiques de la région.
Le droit de pétition. Ce droit permet aux personnes ou aux associations de demander
l’inscription d’une question à l’ordre du jour du conseil à la condition que leurs demandes
ne portent aucune atteinte aux constantes prévues par l’article premier de la Constitution ;
ces demandes doivent être écrites et faire partie des attributions du conseil. Les citoyennes
et les citoyens désignent un mandataire chargé de suivre la procédure de présentation de
la pétition.
Les pétitionnaires doivent satisfaire à diverses conditions: Résider dans la région ou
y exercer une activité économique, commerciale ou professionnelle. Avoir un intérêt

REMALD, série « Thèmes actuels », numéro 99, 2017

200
Les collectivités territoriales

commun dans la présentation de la pétition. Recueillir un nombre minimum de signatures


variable en fonction de l’importance de la population de 300 pour une population de moins
d’un million d’habitants, 400 pour une population comprises entre un million et trois
millions, 500 pour une population supérieure à trois millions d’habitants.
Quant aux associations elles doivent : être reconnues au Maroc et fonctionner de façon
démocratique conformément à leur statut, être en situation régulière vis à vis des lois et
règlements, avoir leur siège ou une antenne dans la région, avoir une activité en liaison
avec l’objet de la pétition.
La pétition accompagnée des pièces justificatives est déposée auprès du président
qui en donne récépissé. Cette pétition est soumise à l’examen du bureau qui vérifie
ses conditions de recevabilité. Si elle est recevable elle est soumise pour examen à la
commission ou aux commissions permanentes compétentes, puis au conseil. Le président
du conseil informe le mandataire ou le représentant de l’association de la recevabilité de
la pétition. Si la pétition n’est pas jugée recevable le président notifie la décision de refus
motivée dans le délai de deux mois de la réception de la pétition au mandataire ou au
représentant de l’association.

§5. L’administration régionale


La région dispose désormais d’une administration plus développée qu’elle ne l’était
sous l’empire du statut de 1997 compte tenu de la croissance de ses compétences et de son
rôle de pilote du développement régional. C’est d’ailleurs ce dernier qui justifie la création
de l’Agence régionale d’exécution des projets et la possibilité qui lui est donnée de créer
des sociétés de développement régional.

A. Les services administratifs de la région


Pour exercer ses compétences la région est dotée du personnel nécessaire pour faire
fonctionner ses services. Leur organisation et leurs attributions sont déterminés par arrêtés
du président. La nomination à toutes les fonctions au sein de cette administration relève
du président ; toutefois les nominations aux fonctions supérieures doivent être visées par
le ministre de l’intérieur.
Les services sont constitués obligatoirement d’une direction générale des services
et d’une direction des affaires de la présidence du conseil. Le directeur général des
services assiste le président dans l’exercice de ses fonctions. Sous l’autorité du président
il supervise et coordonne l’action des services et veille à leur bon fonctionnement. Il
présente des rapports au président lorsque ce dernier le lui demande.

REMALD, série « Thèmes actuels », numéro 99, 2017

201
Droit administratif marocain

Le directeur des affaires de la présidence du conseil de la région est chargé de suivre


toutes les questions administratives relatives aux élus et au bon déroulement des travaux
du conseil et de ses commissions.
Les personnels des services, ainsi que ceux des groupements de régions et des
groupements de collectivités territoriales sont régis par les dispositions d’un statut
particulier des fonctionnaires des collectivités territoriales déterminé par la loi. Les droits
et obligations de ces agents sont fixés par le statut en tenant compte des spécificités
des fonctions qu’ils assurent dans ces collectivités ; le statut fixe également les règles
applicables à leur situation statutaire et leur régime de rémunération en conformité avec
les règles en vigueur dans le statut de la fonction publique.

B. L’Agence régionale d’exécution des projets


Cette agence est en somme l’organe chargé de la mise en œuvre des projets inscrits
dans le programme de développement régional et le schéma d’aménagement du territoire
de la région. Elle constitue une personne morale de droit public dotée d’une autonomie
administrative et financière.
L’Agence fonctionne sous le contrôle du conseil de la région qui veille à ce qu’elle
respecte les dispositions de la loi organique ainsi que les missions qui lui sont confiées.
L’Agence est également soumise au contrôle financier de l’Etat applicable aux entreprises
publiques.
L’agence assure auprès du Conseil par l’intermédiaire du président une mission
d’assistance juridique et technico-financière lors de l’élaboration des projets et programmes
de développement.
Elle est en outre chargée de l’exécution de projets et programmes de développement
adoptés par le conseil de la région. Celui-ci peut aussi dans des conditions spécifiées
par ses délibérations, lui confier la réalisation de certains projets. L’Agence peut aussi
proposer au conseil la création de société de développement régional.
L’Agence comporte plusieurs organes : Le comité de supervision et le directeur.
Le comité de supervision est composé du président de région qui le préside ; il
comporte en outre deux membres du conseil désignés par le président, un membre des
groupes d’opposition désigné par le conseil, le président de la commission du budget,
des affaires financières et de la programmation, le président de la commission du
développement économique, social, culturel et environnemental ainsi que le président
de la commission de l’aménagement du territoire. En cas de suspension du conseil les
membres du comité de supervision peuvent continuer à exercer leurs fonctions ; il en est

REMALD, série « Thèmes actuels », numéro 99, 2017

202
Les collectivités territoriales

de même en cas de dissolution jusqu’à la formation d’un nouveau comité à la suite de


l’élection du nouveau conseil.
L’article 134 précise les pouvoirs du comité se supervision en ce qui concerne
l’administration de l’agence : élaboration du programme d’action, des budgets, arrêt
des comptes, approbation des documents comptables et financiers, définition de
l’organigramme de l’Agence et détermination du statut des personnels, approbation du
rapport annuel. Le président du comité rend compte au conseil de la région lors de sa
session d’octobre des activités de l’Agence et de son fonctionnement.
Le comité de supervision se réunit au moins en trois sessions par an sur convocation du
président accompagnée de l’ordre du jour et des documents nécessaires en février, juin et
septembre. Il peut aussi le convoquer en session extraordinaire si cela s’avère nécessaire.
Le wali ou son représentant assiste aux sessions du comité à titre consultatif ; il peut
s’exprimer de sa propre initiative ou à la demande du président sur les questions inscrites
à l’ordre du jour.
Assistent également à titre consultatif le directeur général des services, et le directeur
de l’Agence qui est chargé de la rédaction et de la conservation des procès-verbaux des
séances. Le président peut inviter toute personne dont la présence peut être utile à titre
consultatif.
Le comité ne peut délibérer qu’en présence de plus de la moitié de ses membres. A
défaut de ce quorum, la réunion est reportée au jour ouvrable suivant et se tient avec la
même exigence de quorum. Si celui-ci n’est pas atteint la réunion est de nouveau reportée
au jour ouvrable suivant ; elle se tient alors quel que soit le nombre des membres présents.
Les décisions sont prises à la majorité absolue des suffrages exprimés au cours d’un vote
public. La voix du président est prépondérante en cas de partage égal des voix.
Le Directeur de l’Agence est nommé par arrêté du président en fonction du principe
du mérite et de la compétence après appel à candidature. Cet arrêté est soumis au visa du
ministre de l’intérieur. Ses fonctions sont incompatibles avec toute fonction ou mandat
exercé dans une collectivité territoriale de la région et toute mission ou responsabilité dans
le secteur public ou privé.
Le directeur détient les pouvoirs nécessaires à la gestion de l’Agence. Il exécute les
décisions du comité de supervision, il gère les affaires de l’agence sous le contrôle du
président, il élabore le budget, représente l’Agence en justice et intente les actions pour
défendre les intérêts de l’Agence ; il en rend compte immédiatement au président du
comité de supervision.
Il est le chef hiérarchique du personnel qu’il peut nommer et licencier conformément
aux lois en vigueur. Ce personnel est composé d’agents contractuels recrutés conformément

REMALD, série « Thèmes actuels », numéro 99, 2017

203
Droit administratif marocain

au statut des personnels de l’Agence ; il peut aussi comporter des fonctionnaires détachés
ou mis à disposition.

C. Les sociétés de développement régional


Ces sociétés peuvent être créées par la région, les groupements de régions ou de
collectivités territoriales sous forme de société anonyme ; ces groupements comme
la région peuvent aussi participer à leur capital en association avec une ou plusieurs
personnes morales de droit public ou privé. Ces sociétés sont créées pour exercer des
activités à caractère industriel et commercial entrant dans le cadre de leurs compétences à
l’exception de la gestion de leur domaine privé. La création de ces sociétés comme tous
les actes qui modifient leur objet ou leur capital doivent faire l’objet d’une délibération
par le conseil concerné visée le ministre de l’intérieur. La participation des collectivités
au capital de ces sociétés ne peut être inférieure à 34%. Dans tous les cas la majorité du
capital doit appartenir à des personnes morales de droit public. Les procès verbaux des
organes de gestion de la société doivent être notifiés à la région et aux autres actionnaires
ainsi qu’au wali de région. La mission des représentants de la région au sein des organes
de la société est gratuite mais des indemnités peuvent leur être versées si elles sont fixées
par voie réglementaire. En cas de suspension ou de dissolution du conseil de la région le
représentant de la région au conseil d’administration continue de la représenter jusqu’à la
reprise de ses fonctions ou jusqu’à l’élection du nouveau conseil de la région.

§6. Les finances régionales et leur contrôle


C’est le titre V de la loi qui est consacré au régime financier de la région et à ses
ressources financières.
Le budget de la région (art. 165 et s.) est régi par les règles traditionnelles du droit
budgétaire ; il prévoit et autorise pour chaque année budgétaire l’ensemble des ressources
et des charges de la région. Il comprend deux parties ; l’une consacrée au fonctionnement
tant en recettes qu’en dépenses ; il en est de même pour l’autre partie consacrée aux
opérations d’équipement. Le budget doit être équilibré dans ses deux parties. L’excédent
de la première partie est obligatoirement affecté à la seconde. Il en est de même des
recettes provenant du Fonds de solidarité interrégionale. Le principe de non affectation des
recettes aux dépenses ne vaut que pour le budget de fonctionnement.
Le budget peut comporter des budgets annexes et des comptes spéciaux qui sont
créés par arrêté du ministre de l’intérieur ; les comptes spéciaux sont de deux sortes : les
comptes d’affectation spéciale et les comptes de dépenses sur dotation. Les dépenses sont
présentées en programmes, projets et actions définis par la loi.

REMALD, série « Thèmes actuels », numéro 99, 2017

204
Les collectivités territoriales

Les ressources de la région (art. 186 et s.). C’est une question fondamentale car les
possibilités d’action de la région sont très largement conditionnées par l’importance de ces
ressources et leur caractère pérenne. Ces ressources sont de trois sortes : des ressources
propres, des ressources affectées par l’Etat et des ressources d’emprunt. Sur la base de
l’article 141 de la Constitution la loi organique rappelle que le budget de l’Etat doit prévoir
l’affectation de ressources financières permanentes et suffisantes pour permettre aux
régions l’exercice de leurs compétences propres, et le transfert des ressources financières
correspondantes aux compétences transférées.
Parmi ces ressources figurent conformément à l’article 141-1° de la Constitution des
produits d’impôts et de taxes reversés par l’Etat ainsi que des crédits figurant au budget
général de l’Etat. A ces ressources s’ajoutent des ressources régionales composées soit
d’impôts et taxes, soit de revenus tirés de services rendus, ou des biens et participations,
soit des emprunts ou des fonds de concours etc..La région peut aussi bénéficier de facilités
de trésorerie dans l’attente du recouvrement des ressources fiscales qui lui reviennent sur
la part des impôts d’Etat.
Les charges de la région figurent au budget de la région et dans ses budgets annexes
et comptes spéciaux (art. 192). Elles se répartissent en dépenses de fonctionnement et
dépenses d’équipement. Elles comportent des dépenses obligatoires (art. 196) : paiement
des salaires et indemnités des personnels de la région, primes d’assurance, contribution
aux organismes de prévoyance et fonds de retraite, dettes exigibles, etc.
La préparation du budget relève des attributions du président (art. 197 et s.). Il
doit être établi sur la base d’une programmation triennale de l’ensemble des ressources
et des charges de la région conformément au programme de développement régional.
La programmation est actualisée chaque année afin de tenir comte de l’évolution des
ressources et des charges. Le projet est soumis à la commission du budget, des affaires
financières et de la programmation accompagné des documents nécessaires. Le budget
doit être adopté au plus tard le 5 novembre. S’il n’a pas été adopté à cette date le conseil
est réuni en session extraordinaire pour examiner les propositions de modifications.
L’ordonnateur doit alors adresser au ministre de l’intérieur le budget adopté ou, à défaut,
le budget non adopté ainsi que les procès verbaux des délibérations du conseil. Le ministre
de l’intérieur après examen de l’ensemble des données du problème posé par cette non
adoption, procède à l’établissement d’un budget de fonctionnement sur la base du dernier
budget visé en tenant compte de l’évolution des charges et des ressources.
Le visa du budget (art. 202 et s.). Le budget doit être présenté au ministre de l’Intérieur
au plus tard le 20 novembre. Il est exécutoire dès lors qu’il est visé ce qui signifie qu’il
respecte les dispositions de la loi organique et des lois et règlements en vigueur, qu’il a
été voté en équilibre sur la base de la sincérité des prévisions de recettes et de dépenses et

REMALD, série « Thèmes actuels », numéro 99, 2017

205
Droit administratif marocain

qu’il a bien intégré l’ensemble des dépenses obligatoires. Le budget transmis au ministre
de l’intérieur doit être accompagné d’un état faisant apparaître la programmation triennale
et les états comptables et financiers de la région établis sur la base de modèles fixés par
décret sur proposition du ministre de l’intérieur. Le refus de visa motivé oblige le président
et le conseil de région à revoir le budget de façon à corriger les erreurs ou manques qui
ont justifié le refus de visa. Si le budget n’est pas visé avant le premier janvier le président
peut être habilité par le ministre de l’Intérieur à exécuter le budget dans la limite des
dépenses de fonctionnement inscrites au dernier budget visé ; il peut également liquider
et ordonnancer les annuités d’emprunt et le règlement des décomptes relatifs aux marchés
dont les dépenses ont été engagées.
Lorsque le budget n’a pas été présenté au visa avant le premier janvier, le ministre
de l’Intérieur après avoir demandé des explications au président, peut établir un budget
de fonctionnement sur la base du dernier budget visé en tenant compte de l’évolution
des charges et des ressources de la région. Le budget est exécuté par le président qui
est l’ordonnateur des recettes et des dépenses. Le président et le trésorier exécutent
les opérations financières et comptables du budget de la région dont les fonds doivent
obligatoirement être déposés à la Trésorerie générale du Royaume.
Si le président s’abstient d’ordonnancer une dépense régulièrement due par la région,
le wali lui en demande la raison et le met en demeure d’ordonnancer la dépense. A défaut
d’exécution dans un délai de quinze jours et après constatation par le tribunal administratif
saisi en référé par le ministre de l’intérieur de la situation d’abstention du président, le wali
peut se substituer à ce dernier et effectuer l’ordonnancement des dépenses considérées.
Le budget peut être modifié en cours d’année par l’établissement de budgets
modificatifs qui suivent les mêmes formes et procédures de visa que le budget initial. Le
budget est arrêté au plus tard le 31 janvier de l’exercice suivant dans des conditions qui
sont fixées par décret sur proposition du ministre de l’intérieur.
Certaines régions peuvent bénéficier de la création décidée par la Constitution de deux
fonds, le Fonds de mise à niveau sociale et le Fonds de solidarité inter-régionale.
Les ressources du Fonds de mise à niveau sociale, ses modalités de fonctionnement et
sa durée sont déterminées par une loi de finances ; il est destiné à rattraper les retard de
certaines régions en matière d’infrastructures et d’équipements malgré les plans mis en
œuvre au cours des décennies précédentes : eau potable et électricité, habitat insalubre,
santé, éducation, réseau routier et télécommunications. C’est le chef du gouvernement
qui est ordonnateur de ce fonds ; il peut déléguer ce pouvoir aux walis de région. Les
conditions d’engagement des crédits de ce Fonds sont fixées par décret : ces conditions
concernent les critères d’attribution, les programmes annuels et sectoriels correspondant
aux domaines d’intervention du Fonds, les modalités de suivi et d’évaluation des

REMALD, série « Thèmes actuels », numéro 99, 2017

206
Les collectivités territoriales

programmes, leur audit et leur actualisation. Pour la réalisation des objectifs du Fonds
il est créé un comité technique dans chaque région. Ce comité est présidé par le wali
de la région et composé du président de la région, des gouverneurs des préfectures et
provinces, des présidents des conseils de préfectures et de provinces et des représentants
des présidents des conseils de commune à raison d’un président pour cinq communes. Font
également partie de ce comité technique les représentants des départements ministériels
concernés par les programmes et opérant dans le ressort territorial de la région. Ce comité
est chargé d’établir un diagnostic sur la situation de la région au regard des objectifs de
la mise à niveau sociale et d’élaborer un programme d’action prenant en considération
les priorités à respecter entre les différents objectifs de cette mise à niveau. Le comité
se réunit deux fois par an et autant de fois qu’il est nécessaire. Le wali établit un rapport
annuel sur l’exécution des programmes, leur évaluation et les recommandations qui
pourraient en améliorer le rendement.
Le Fonds de solidarité inter-régionale a pour but une répartition équitable de ressources
de manière à réduire les disparités entre les régions. Une loi de finances détermine les
ressources et les dépenses de ce Fonds ainsi que ses conditions de fonctionnement. Le
ministre de l’intérieur est l’ordonnateur de ce Fonds ; les critères de répartition des crédits
de ce Fonds entre les régions sont fixés par décret par le ministre de l’intérieur après
consultation des présidents des conseils de région.
La région comme toute personne morale possède des biens qui font partie de son
domaine public ou de son domaine privé ; le régime juridique de ce patrimoine est fixé
par la loi. Les décisions de gestion de ce patrimoine relèvent selon le cas du conseil de la
région (art. 98) ou du président (art. 101).
Les marchés de la région ainsi que ceux des groupements de régions ou de collectivités
territoriales sont passés dans les mêmes conditions que les marchés publics actuellement
régis par le décret du 20 mars 2013 dont ils doivent respecter les principes rappelés par
l’article 223 : liberté d’accès à la commande publique, égalité et garantie des droits des
concurrents, transparence dans le choix du maître d’ouvrage, respect des règles de bonne
gouvernance.
Le contrôle des finances de la région relève de la cour régionale des comptes et ses
opérations financières et comptables font l’objet d’un audit annuel effectué conjointement
par l’inspection générale des finances et par l’inspection générale de l’administration
territoriale. Le rapport établi à la suite de cet audit est adressé au président de la région, au
wali de la région, au ministre de l’intérieur et à la cour régionale des comptes concernée.
Le président communique ce rapport au conseil de la région qui doit en débattre. Le conseil
peut décider de créer une commission d’enquête au sujet d’une question intéressant les
affaires de la région. Aucune commission d’enquête ne peut être créée si une instruction

REMALD, série « Thèmes actuels », numéro 99, 2017

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Droit administratif marocain

judiciaire est en cours. La mission de la commission prend fin avec le dépôt de son rapport
auprès du conseil qui en débat et peut éventuellement décider d’en adresser copie à la cour
régionale des comptes.

§7. Les relations de la région et de l’Etat


Ces relations recouvrent deux questions : le contrôle administratif sur la région et la
nécessaire coordination de leur action.

A. Le contrôle administratif
Il se dédouble de façon très classique en un contrôle sur les personnes et un contrôle
sur les actes. Le contrôle sur les personnes, élus ou conseil, est aujourd’hui intégré dans
le statut de l’élu (art. 54 à 79). Quant au contrôle sur les actes il résulte des dispositions
du Chapitre III de la loi (art. 112 à 115) et de diverses dispositions que l’on rencontre
notamment parmi celles qui sont consacrées au budget.
En application de l’article 145 de la Constitution c’est le wali de la région qui exerce le
contrôle sur la légalité des délibérations du conseil et des arrêtés du président. Les litiges
qui peuvent s’élever à cet égard relèvent du tribunal administratif. L’article 112-3° définit
la nullité de droit qui reste le seul motif d’annulation des actes des organes de la région.
Sont nuls de plein droit les actes qui sont pris en dehors des attributions des organes ou
en violation des lois et règlements. Mais c’est le tribunal administratif qui statue sur cette
nullité lorsqu’il est saisi par le ministre de l’intérieur.
Une copie des délibérations et des procès verbaux des délibérations du conseil ainsi
que des arrêtés du président pris dans le cadre de son pouvoir réglementaire doivent être
notifiées au Wali contre récépissé dans les dix jours ouvrables faisant suite à la clôture
de la session. Il en est de même pour le règlement intérieur. Le wali peut s’opposer s’il
constate un cas de nullité absolue ; il notifie son opposition motivée au Président dans un
délai de trois jours ce qui oblige le conseil à revoir sa délibération. S’il s’agit d’un arrêté
réglementaire du président il en est de même. Si le conseil maintient sa position le ministre
de l’Intérieur saisit le tribunal administratif en référé afin qu’il statue sur la demande de
suspension d’exécution dans un délai de quarante huit heures de la saisine ; cette saisine
suspend l’exécution jusqu’à ce que le tribunal ait statué. Le tribunal statue ensuite sur la
demande de nullité dans un délai de trente jours ; le tribunal notifie sa décision au ministre
de l’Intérieur et au président dans un délai de dix jours du prononcé de son jugement.
A défaut d’opposition du wali les délibérations sont exécutoires à l’expiration du délai
d’opposition.

REMALD, série « Thèmes actuels », numéro 99, 2017

208
Les collectivités territoriales

Par ailleurs ne sont exécutoires qu’après avoir été visées par le ministre de l’Intérieur
les délibérations suivantes :
– programme de développement régional ;
– schéma régional d’aménagement du territoire ;
– organisation de l’administration et à ses attributions ;
– gestion déléguée des services publics et des ouvrages publics de la région ;
– création de sociétés de développement régional ;
– délibérations ayant des incidences financières ;
– délibérations relatives aux conventions de coopération décentralisée et de jumelage
conclues avec des collectivités locales étrangères et des acteurs en dehors du royaume
que l’on retrouvera dans la section IV consacrée à la coopération internationale des
collectivités territoriales.
Les délibérations doivent être visées dans le délai de vingt jours à compter de leur
réception par le ministre de l’intérieur ; à l’expiration de ce délai le visa est réputé accordé.
Les délibérations relatives au budget, aux emprunts et aux garanties doivent également
obtenir le visa du ministre de l’Intérieur dans les conditions prévues par les articles 202
et suivants de la loi organique relatifs au visa du budget. Le visa est également réputé
accordé à l’expiration du délai de vingt jours prévus par l’article 202.

B. Les relations de l’Etat et de la région


L’article 136 de la Constitution dispose que l’organisation régionale et territoriale repose
que les principes de libre administration ce qui implique que la région comme les autres
collectivités, puissent gérer librement leurs affaires. Toutefois les collectivités territoriales
font partie d’un ensemble, l’Etat, dont elles doivent tenir compte dans cette gestion. C’est
la justification fondamentale du contrôle administratif qui pèse sur elles et qui aujourd’hui
a essentiellement pour but de veiller à ce qu’elles respectent les lois et règlements.
Mais l’Etat assume aussi une responsabilité dans la mise en œuvre du Fonds de mise à
niveau sociale des régions en retard d’équipement ; il en est de même en ce qui concerne le
Fonds de solidarité inter-régionale qui fait collaborer les représentants de l’Etat et ceux des
régions et des autres collectivités territoriales notamment dans le cadre du comité technique
de gestion du Fonds de mise à niveau sociale. Divers mécanismes ont pour but de favoriser
l’harmonisation de l’action des régions et de l’Etat ; tel est le cas des procédures d’élaboration
et d’approbation des grandes décisions des régions qui concernent le développement
économique de la région et le schéma régional d’aménagement du territoire dont on sait
qu’elles doivent prendre en compte les orientations des politiques nationales en matière

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Droit administratif marocain

de développement économique et d’aménagement de l’espace. C’est d’ailleurs en ce sens


que vont les conclusions de l’avis du CESE consacré aux exigences de la régionalisation
avancée face aux défis de l’intégration des politiques sectorielles (B.O. 2016, p. 1170).
On sait aussi, et pour les mêmes raisons, que les Walis en vertu de l’article 145-3° de la
Constitution doivent assister les présidents des collectivités territoriales et spécialement les
présidents de région dans la mise en œuvre des plans et programmes de développement.
Ces dispositions prouvent, s’il en était besoin, que la décentralisation régionale constitue
un mode de coopération entre l’Etat et les régions qui doivent être de véritables partenaires
pour les services de l’Etat dans la région. Et il y a là une raison supplémentaire pour que
l’Etat puisse mener à bien la politique de déconcentration régionale qui est une condition
pour que la décentralisation puisse atteindre sa pleine efficacité comme le soulignait le
Roi dans son discours du 6 novembre 2008 devant le Parlement ; le Souverain invitait le
gouvernement à élaborer une « charte nationale de la déconcentration… (qui) doit aussi
prévoir les mécanismes juridiques appropriés pour une gouvernance territoriale conférant
aux walis et gouverneurs les prérogatives nécessaires à l’exercice de leurs missions »
consistant à assurer l’exercice efficient et la cohérence des actions menées par l’ensemble
des intervenants au niveau territorial.

§8. Le contentieux
On sait que désormais tous les litiges qui peuvent naître à l’occasion de la mise en
œuvre du contrôle administratif relèvent de la compétence de la juridiction administrative
siégeant en référé ou au fond. Mais la région peut être engagée dans des actions en justice
soit en demande soit en défense. Ce sont ces cas qui sont traités par le chapitre VII de la
loi organique.
Le principe est que le président représente la région en justice sauf s’il se trouve
dans une situation de conflit d’intérêts. Dans ce cas il est fait appel à la suppléance d’un
vice-président ou à défaut d’un conseiller désigné par le conseil. Le président est tenu de
défendre les intérêts de la région devant les tribunaux: l’article 237-2° énumère toutes les
situations dans lesquelles le président se doit d’agir à cet effet. S’il s’abstient de procéder
aux actes nécessaires pour assurer le recouvrement des créances de la région l’intervention
de l’autorité de contrôle administratif est de nature à remédier à cette abstention. On peut
d’ailleurs se demander si l’invocation de l’article 67 de la loi n’est pas une erreur, car la
révocation éventuelle du président par décision du juge est une mesure moins pratique que
celle de l’article 79 qui prévoit expressément le cas de l’état d’abstention du président et
les moyens de le surmonter en justice par le pouvoir de substitution que peut exercer le
wali dans certaines conditions.

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Les collectivités territoriales

Le président informe obligatoirement le conseil des actions engagées en justice au


cours de la session qui suit cet engagement.
Aucune action en annulation pour excès de pouvoir contre la région ou contre les
décisions du président n’est recevable si elle n’a pas été précédée par la présentation d’un
mémoire exposant l’objet et les motifs de la réclamation ; le requérant doit informer le
président du dépôt du recours et transmettre le mémoire au wali. Le dépôt de ce mémoire
donne lieu à délivrance immédiate d’un récépissé. Si dans les quinze jours du dépôt de ce
mémoire il ne lui a pas été délivré de récépissé aucune irrecevabilité ne peut être opposée
à sa requête. Il en est de même si dans un délai de trente jours à compter de la délivrance
du récépissé les deux parties ne sont pas parvenues à un accord amiable. Cette exigence du
dépôt du mémoire ne concerne naturellement pas les actions possessoires et les recours en
référé dont l’intérêt est de pouvoir être intentés rapidement pour faire face à des situations
urgentes.
S’il s’agit d’une réclamation tendant à faire déclarer débitrices la région ou à lui demander
réparation d’un dommage, le wali doit être saisi d’un mémoire exposant la réclamation sous
peine d’irrecevabilité de l’action. Le wali dispose d’un délai de trente jours à compter
de la délivrance du récépissé pour étudier la réclamation. Si le wali ne répond pas ou si
le réclamant n’est pas satisfait de sa réponse, il peut soit saisir le ministre de l’Intérieur
qui doit répondre dans un délai de trente jours soit saisir la juridiction compétente. La
présentation du mémoire est importante car elle interrompt toute prescription ou déchéance
à la condition d’être suivie d’une action en justice dans le délai de trois mois.
Pour apporter une assistance juridique aux collectivités régionales et à leurs
groupements, il a été créé un agent judiciaire des collectivités territoriales qui est habilité à
plaider devant les juridictions. Les requérants qui réclament aux régions, à leurs instances
et leurs groupements ou aux groupements de collectivités territoriales le remboursement
d’une dette ou le versement d’une indemnité, doivent obligatoirement appeler en cause
l’agent judiciaire des collectivités locales sous peine d’irrecevabilité de leur requête. Celui
est habilité à suivre les instances ainsi engagées. L’agent judiciaire peut être mandaté par
les régions et par les autres groupements de régions ou de collectivités territoriales pour les
représenter dans les actions les concernant ; les modalités dans lesquelles l’agent judiciaire
intervient alors peuvent être établies par convention entre ce dernier et la région ou le
groupement de collectivités concerné.

§9. Appréciation sur la nouvelle régionalisation


La nouvelle région est désormais dotée d’un statut qui, juridiquement, constitue une
avancée considérable par rapport au statut dont la région avait été dotée en 1997.

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Droit administratif marocain

Mais le statut n’est qu’un élément d’un processus de régionalisation qui doit en
comporter beaucoup d’autres pour être assuré de se développer favorablement ; on
en énumérera quelques uns qui peuvent paraître tout a fait déterminants et qui sont
aujourd’hui à la disposition des responsables régionaux
Il convient tout d’abord de faire fonctionner réellement ces institutions ; mais pour y
parvenir il faut non seulement le dévouement et la compétence des hommes, mais aussi un
certain nombre de moyens institutionnels, matériels et financiers.
On a déjà évoqué le personnel de haut niveau de compétence qui doit entourer le
président et le conseil régional.
On a passé en revue les ressources financières qui, théoriquement, devaient alimenter
le budget régional ; il va de soi que ces ressources doivent être réelles et d’une importance
significative au regard des compétences régionales.
Mais il faut aussi que l’Etat s’adapte à l’espace régional et à ses institutions.
La région, comme les autres collectivités d’ailleurs, ne se conçoit pas isolément ; elle
fait partie d’un ensemble, le territoire, l’espace national ; l’Etat ne peut pas se désintéresser
de l’espace régional qui en est une pièce essentielle. La décentralisation régionale ne peut
s’épanouir et la région faire face correctement à sa mission, que si, parallèlement à sa mise
en place, l’Etat adapte son organisation, ses méthodes et ses politiques à ses exigences.
A cet égard l’Etat a une double responsabilité.
Il doit naturellement tracer les grandes orientations qui vont éclairer l’action des
régions : la loi organique du 7 juillet 2015 prévoit expressément que l’élaboration du
programme régional de développement économique et social et le schéma d’aménagement
du territoire régional doit tenir compte des orientations stratégiques de la politique de
l’Etat et de la politique publique d’aménagement du territoire adoptée au niveau national.
Encore faut-il que ces orientations soient définies de façon claire en fonction des réalités
de la nouvelle carte régionale.
Mais en second lieu il est nécessaire qu’au niveau de la région, les représentants de
l’Etat, au premier rang desquels figurent les wali-gouverneurs du chef lieu de région,
soient en mesure de coopérer avec les instances régionales et d’éclairer leurs travaux.
Cela signifie très clairement que tous les services de l’Etat doivent considérer l’échelon
régional comme un niveau essentiel de leur action ; pour cela il faut y installer les cadres
de haut niveau qui gonflent parfois inutilement les services centraux, et surtout il faut
qu’enfin, les pouvoirs de décision soient déconcentrés là où ces décisions doivent être
prises, et délégués à ceux qui d’une part connaissent le terrain, et qui, d’autre part, ont
pour mission de coordonner non seulement l’action des services de l’Etat, mais aussi

REMALD, série « Thèmes actuels », numéro 99, 2017

212
Les collectivités territoriales

l’action de ces derniers et celle des instances régionales, conformément à l’article 145 de
la Constitution, c’est-à-dire les walis et Gouverneurs.
Les nouvelles institutions régionales n’ont en elles-mêmes aucune vertu ; elles ne
pourront atteindre leur but et acquérir celle-ci, que si elles parviennent à réaliser une
meilleure intégration politique de la population qui aura le sentiment, qu’à travers elles,
elle peut mieux exprimer ses besoins, qu’elle peut mieux les faire prendre en compte et
qu’elle peut ainsi obtenir que les efforts d’équipement et de développement soient mieux
répartis sur l’ensemble du territoire et mieux adaptés à sa diversité.
Mais la promotion de la nouvelle entité régionale qui soulève beaucoup d’espoir,
ne sera un succès que si elle est soutenue par une volonté politique permanente qui
suppose continuité dans l’effort, stabilité des hommes chargés de la conduire, et régularité
dans le fonctionnement des institutions régionales. A cet égard le titre VIII de la loi
organique relatif aux règles de gouvernance indique clairement les moyens de faire une
bonne application du principe de libre administration. Parmi ces moyens il faut insister
sur la mise en place des techniques modernes de gestion (article 245), le renforcement
des contrôles internes, le recours à des évaluations par des audits (article 248), la
publication des rapports de contrôle et d’audit et leur discussion par le conseil ainsi que
leur publication « par tous moyens convenables afin que le public puisse les consulter »
(article 246). S’il en va ainsi la nouvelle région pourra bien mieux que ses devancières,
contribuer à une amélioration de la gestion des ressources du pays et à la transformation
des nouveaux élus issus directement du vote populaire qui en ont désormais la charge, en
des gestionnaires modernes dont les régions, devenues pilotes du développement régional,
ont un impérieux besoin.

Section II
L’organisation provinciale et préfectorale

La division administrative du Royaume en provinces trouve son origine dans les


régions créées par le Protectorat. La mise sur pied de ces dernières résultait de la nécessité
de disposer d’un échelon administratif intermédiaire entre le pouvoir central et les
circonscriptions de base, échelon qui n’existait pas de façon permanente dans l’ancienne
administration makhzen. En 1956, le principe de l’existence d’une circonscription
intermédiaire entre le pouvoir central et la circonscription de base, pas encore créée, la
commune, a été conservé et développé.
L’étendue du territoire, la disparition des autorités administratives mises en place
par le Protectorat, militaient en faveur d’une extension de l’encadrement administratif

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Droit administratif marocain

des populations. Après une période de flottement un dahir du 13 octobre 1956 créait
19 provinces et 5 préfectures ; ce découpage ne devait pas subsister et le dahir du
2 décembre 1959 sur la division administrative du royaume ramenait ces chiffres à
16 provinces et 2 préfectures. Ces nouvelles circonscriptions ne constituaient cependant
que les cadres territoriaux d’une simple déconcentration administrative. Mais leur
existence même posait le problème de savoir s’il ne conviendrait pas de les faire évoluer
vers le statut de collectivités décentralisées. La volonté de démocratiser les institutions, le
désir d’associer les populations aux tâches de développement et d’équipement dont la mise
en place de la Promotion nationale démontrait l’impérieuse nécessité, constituaient autant
de facteurs favorables à une telle évolution.
Celle-ci devait trouver son aboutissement dans la Constitution de 1962. Il restait
alors à organiser ces nouvelles collectivités : c’est ce que firent plusieurs textes élaborés
en 1963. Le texte de base est le dahir du 12 septembre 1963 (B.O. 1963, p. 1469) relatif
à l’organisation des préfectures, des provinces et de leurs assemblées. Des textes du
même jour déterminaient la liste des provinces et des préfectures, le nombre de sièges des
assemblées, tandis qu’était fixée la date des premières élections provinciales.
Depuis lors, la conception du rôle de l’échelon provincial au sein de l’appareil
administratif territorial a connu une sensible évolution, et, dans le même temps, de
nombreuses modifications ont été apportées au découpage provincial.
Le rôle initialement assigné à la circonscription provinciale a été remis en cause en
raison du fait que la province est peu à peu apparue comme ne constituant pas un cadre
adapté aux exigences du développement économique et à la projection dans l’espace des
prévisions du planificateur. La province ne constitue pas toujours une entité géographique
satisfaisante capable d’être utilisée comme cadre d’une planification régionale vers
laquelle se sont orientés les plans de développement ; il a semblé nécessaire de regrouper
les provinces en régions possédant non seulement une plus grande dimension, mais surtout
une plus grande unité du point de vue des infrastructures, des ressources existantes ou
potentielles, etc., permettant une mise en valeur plus cohérente et plus en accord avec la
nécessité de parvenir à une réduction des disparités de développement constatées entre les
diverses parties du territoire.
Le découpage régional réalisé en 1971 a certes été remis en cause pour aboutir à un
nombre de régions plus élevé, seize en 1997 et 12 en 2015. Mais la place que conserve la
province ou la préfecture entre la région et la circonscription de base, n’est pas contestée.
On peut en effet estimer que la province et la préfecture sont peut être plus
qu’auparavant, un échelon essentiel de l’encadrement administratif général, même si le
développement économique et social doit être conçu à l’échelon régional : les dimensions
du territoire, la dispersion de la population, le nombre et la complexité des tâches

REMALD, série « Thèmes actuels », numéro 99, 2017

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Les collectivités territoriales

administratives, justifient l’existence de la province et même militent en faveur de son


renforcement ; il semble d’ailleurs que ce soit ces diverses considérations qui expliquent
que de sérieuses retouches aient été apportées à l’armature provinciale telle qu’elle
résultait des textes de 1963.
De nombreuses modifications ont été apportées à la carte administrative provinciale et
préfectorale ; aux termes du décret du 31 décembre 1998 (B.O. 1999, p. 21) le Royaume
comportait dix sept wilayas, quarante cinq provinces et vingt six préfectures. Aujourd’hui
du fait de la réforme régionale il n’existe plus que douze wilayas ; en revanche il existe
treize préfectures et soixante deux provinces.
On sait par ailleurs, que la croissance urbaine a fait émerger de nombreuses
agglomérations dont l’importance et la nature des problèmes justifiaient qu’ils soient
traités globalement : c’est la raison de la création des wilayas qui groupent provinces et
préfectures constituant l’environnement et l’arrière pays des principales agglomérations.
Cette nouvelle organisation appelle deux remarques.
Tout d’abord, il convient d’insister sur le fait qu’elle a été dictée par des considérations
dont l’origine se trouve dans la croissance intense de toutes les agglomérations urbaines ;
particulièrement visible dans toute la zone de l’axe urbain Casablanca-Rabat-Kénitra,
ce mouvement se manifeste également dans les autres zones urbaines, notamment celles
de Fès-Meknès et de Marrakech dont la population dépasse 1 000 000 d’habitants. Cette
croissance posait de difficiles problèmes dont les principaux concernant l’ordre public, le
fonctionnement des services publics, l’aménagement urbain et l’habitat.
Comme ce phénomène n’était pas susceptible de se ralentir dans le moyen terme, il
a fallu adapter l’organisation administrative dans la perspective de ces agglomérations
“millionnaires”.
La nouvelle organisation devait être en mesure de faire face aux exigences de
l’encadrement des populations, mais aussi à celles d’une planification du développement et
de l’aménagement de ces zones qui doivent être pensés globalement et dans le long terme
sans que les besoins quotidiens de la population soient négligés.
C’est pourquoi, et c’est la deuxième remarque, la démultiplication des entités
préfectorales et provinciales a rendu nécessaire leur regroupement dans le cadre d’une
circonscription nouvelle, la wilaya ; celle-ci peut d’ailleurs rassembler parfois des préfectures
et des provinces qui en constituent l’arrière pays comme c’est le cas à Fès, Meknès et
Marrakech. La wilaya constitue ainsi une unité territoriale urbanistique, économique et
humaine qui doit être administrée comme un tout, pour tout ce qui touche au développement
économique et social à moyen terme ainsi que pour tout ce qui concerne la planification
urbaine. La wilaya apparaissait donc comme un cadre spatial particulièrement bien adapté

REMALD, série « Thèmes actuels », numéro 99, 2017

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Droit administratif marocain

au traitement des problèmes d’aménagement du territoire qui implique que l’on puisse faire
abstraction des limites des circonscriptions administratives pour traiter des problèmes qui
les concernent toutes. Aujourd’hui la wilaya circonscription déconcentrée de l’Etat, coïncide
avec la collectivité régionale ce qui est de nature à faciliter la coordination de leurs actions.
L’adoption de la Constitution de 2011 a engagé un processus de modernisation de
l’ensemble du régime juridique des collectivités territoriales qui naturellement a concerné
la préfecture et la province. C’est aujourd’hui la loi organique n° 112-14 du 7 juillet 2015
(B.O. 2016, p. 231) qui constitue la charte de la préfecture et de la province. Ce texte
comporte de très nombreuses analogies avec le texte concernant la région dans la mesure
où la volonté du législateur a été de suivre les grands principes contenus dans le titre IX
de la Constitution pour l’ensemble des collectivités territoriales : libre administration,
démocratisation, participation, modernisation de la gestion, reddition des comptes dans le
respect d’une gouvernance rigoureuse, en élargissant les compétences de la collectivité,
en la dotant de ressources financières pérennes et d’une organisation administrative
appropriée aux missions qu’elle doit assurer.
Ces collectivités territoriales sont dotées de la personnalité morale et de l’autonomie
administrative et financière ; leur nombre, leurs noms, leurs limites territoriales et leur
chef lieu comme leur création ou leur suppression, relèvent du décret selon l’article 5 de
la loi du 27 juillet 2013 (B.O. 2013, p. 2236) ; l’article 4 de cette loi pose les principes de
délimitation des ressorts territoriaux des préfectures et des provinces : rapprochement de
l’administration et des citoyens, adaptation de l’espace aux exigences du développement
économique social et culturel, existence des infrastructures, accès de la population de
toutes les parties du territoire aux diverses prestations administratives, économiques,
sociales et culturelles prise en compte du processus d’urbanisation et des flux économiques
entre provinces et préfectures existantes, classement de la collectivité en province ou
préfecture selon le caractère urbain ou rural prédominant.
On examinera tout d’abord la composition du conseil, le statut de l’élu, les compétences
de la préfecture et de la province, les attributions respectives du conseil et du président,
les moyens administratifs et financiers de la collectivité, la gouvernance, le contrôle
administratif, et le contentieux.

§1. Le conseil préfectoral ou provincial


La nouvelle loi règle successivement la composition du conseil, ses conditions
d’organisation et de fonctionnement et ses attributions.
Pour l’application de cette loi, des décrets sont pris, notamment, décret du 29 juin 2016
fixant la procédure de préparation du programme de développement des préfectures et des

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Les collectivités territoriales

provinces, son suivi, son actualisation, son évaluation et les mécanismes de dialogue et
de concertation pour sa préparation, B.O. n° 6482 du 14 juillet 2016, p. 5344, ainsi que
le décret du 29 juin 2016 pour l’application de l’article 50 de la loi organique n° 112-14
relative aux préfectures et provinces, B.O. n° 6482 du 14 juillet 2016 p. 5383.

A. La composition du conseil
Le mode d’élection, les conditions d’éligibilité et les cas d’inéligibilité, la durée du
mandat sont fixés par loi organique 59-11 du 21 novembre 2011 (B.O. 19 juillet 2012,
p. 2426) modifiée par la loi organique n° 34-15 du 16 juillet 2015 (B.O. 2015, p. 3858).
Les membres du conseil sont élus pour six ans par un collège électoral composé des
membres des conseils communaux de la province ou de la préfecture au scrutin de liste à
la représentation proportionnelle au plus forte reste, sauf le cas où un seul membre est à
élire ; dans ce cas l’élection se fait au scrutin majoritaire uninominal à un tour à la majorité
relative.
Le nombre des membres à élire est fixé par la loi organique (article 102) en fonction de
la population de la province ou de la préfecture telle qu’elle résulte du dernier recensement
officiel de la population (2014) selon un barème qui va de 11 membres pour une
population de 150 000 habitants à 31 membres pour une population égale ou supérieure à
1 000 000 d’habitants.
Outre les inéligibilités générales prévues par l’article 6 de la L.O., l’article 105
déclare incompatibles le mandat de membre de ce conseil avec tout emploi rémunéré par
la collectivité ou par un établissement public relevant de celle-ci, ou avec la qualité de
concessionnaire ou de délégataire de service public de la collectivité. Le conseiller qui
se trouve en situation d’incompatibilité doit démissionner ; à défaut de se mettre en règle
il peut être démis d’office par le tribunal administratif à la requête du gouverneur. Les
déclarations de candidature sont reçues par le gouverneur ou son représentant. Chaque
liste de candidats doit comporter autant de nom que de sièges à pourvoir. Les listes
peuvent comprendre des candidats accrédités par plusieurs partis politiques mais aussi des
personnes sans appartenance politique.
Le gouverneur par l’intermédiaire de l’autorité locale, adresse aux électeurs un avis
comportant leurs références personnelles, l’adresse du bureau de vote et le numéro d’ordre
selon lequel ils figurent sur la liste. De la même façon sont désignés les présidents des
bureaux de vote et leurs suppléants ainsi que leurs membres.
Dans les dix jours de son élection le conseil se réunit pour procéder à l’élection du
président et des vice-présidents. Pour être candidat à la présidence il faut être classé en
tête de listes ayant obtenu des sièges au conseil. En outre le candidat doit appartenir à

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Droit administratif marocain

l’une des listes classées dans les cinq premières au regard du nombre de sièges obtenus.
Les candidats doivent avoir obtenu l’accréditation d’un parti politique sauf s’il s’agit de
candidats sans appartenance politique. Les candidatures doivent être déposées auprès du
gouverneur. Le gouverneur convoque la séance qui se tient cinq jours après l’élection
du conseil ; la séance est présidée par le membre le plus âgé et le plus jeune assure le
secrétariat et établit le procès-verbal de l’élection.
L’élection se fait en trois tours éventuellement ; au premier et deuxième tour le
président doit réunir la majorité absolue des membres en exercice ; à défaut de cette
majorité un troisième tour est organisé : le président est élu alors à la majorité relative des
membres présents.
Les fonctions de président et de vice-président sont incompatibles avec les fonctions
équivalentes dans une autre collectivité territoriale, de président ou de vice-président d’une
chambre professionnelle ou d’un conseil d’arrondissement. En cas de cumul l’intéressé est
démis de plein droit de la première fonction à laquelle il a été élu, démission constatée
par le ministre de l’Intérieur. Le nombre des vice-présidents est de 2 pour des conseils
comprenant de 11 à 13 membres, de 3 pour des conseils de 15 à 23 membres, de 4 pour
les conseils de 25 ou 27 membres et de 5 pour des conseils de 29 à 31 membres.
Les vice-présidents sont élus au scrutin de liste, chaque liste comprend autant de noms
qu’il y a de poste à pourvoir et mentionne leur classement. Le président présente la liste
qu’il propose. Les autres membres peuvent présenter des listes ; le membre classé en tête
présente la liste. Pour respecter le principe de parité chaque liste doit comporter un nombre
de femmes candidates au moins égal au tiers des postes de vice-président. Président et
vice-président sont élus pour la durée du mandat du conseil.
Les élections du président et des vice-présidents se font au scrutin public.
Le conseil dès l’élaboration de son règlement intérieur, doit constituer au moins trois
commissions permanentes consacrées respectivement au budget, affaires financières et
programmation ; au développement rural et urbain, la promotion des investissements,
l’eau, l’énergie et l’environnement, aux affaires sociales et à la famille.
Ces commissions doivent compter au moins cinq membres qui ne peuvent être membres
que d’une seule commission. Le règlement intérieur fixe le nombre des commissions
permanentes leur objet et leur dénomination et les modalités de leur fonctionnement.
Le conseil élit les présidents des commissions et leur adjoint à la majorité relative des
membres présents ; ils peuvent être démis de leurs fonctions à la majorité absolue des
suffrages exprimés.
Le principe de parité doit être pris en considération lors de cette élection ; la présidence
d’une commission est réservée à l’opposition. Les commissions permanentes se réunissent

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Les collectivités territoriales

à la demande du président du conseil, à celle de leur président ou à celle du tiers de ses


membres. Les questions qui sont à l’ordre du jour des séances du conseil sont inscrites
obligatoirement à l’ordre du jour des commissions compétentes Si cette obligation n’est
pas respectée cela doit faire débat au conseil. Le président est le rapporteur des travaux
de la commission. Il peut inviter à participer aux travaux de la commission à titre
consultatif, le personnel en fonction dans les services de la préfecture ou de la province
par l’intermédiaire du président du conseil ; il peut aussi convoquer les personnels
fonctionnaires et agents de l’Etat dans les services provinciaux par l’intermédiaire du
gouverneur de la préfecture ou de la province. Le conseil peut aussi créer des commissions
spéciales pour étudier un problème particulier ; ces commissions disparaissent une fois
établi leur rapport qui est présenté au président et soumis à la délibération du conseil.
Tous les recours dirigés contre les élections des organes de la collectivité provinciale
ou préfectorale sont traités comme en matière électorale en vertu des dispositions de la loi
organique 59-11 du 21 novembre 2011.

B. Le fonctionnement du conseil
Le fonctionnement du conseil repose sur le règlement intérieur qui est préparé par le
président en collaboration avec le bureau ; après examen le conseil vote ce projet ; une fois
approuvé par le conseil, la délibération du conseil accompagnée du règlement intérieur
est adressée au gouverneur ; le règlement entre en application huit jours après cet envoi si
le gouverneur n’a pas fait opposition. En cas d’opposition motivée par la violation de la
loi organique ou des lois et règlement en vigueur et notifiée au président, le conseil doit
délibérer de nouveau. Si le conseil maintien sa délibération le gouverneur saisit le tribunal
administratif en référé afin qu’il statue sur la demande de suspension d’exécution du
règlement. La suspension subsiste jusqu’à ce que le tribunal ait statué sur la demande de
nullité et cela dans un délai de trente jours. Copie du jugement est adressé au gouverneur
et au président du conseil.
Le conseil siège en session ordinaire au moins trois fois par an : en janvier, juin et
septembre. Le deuxième lundi du mois ou le jour ouvrable suivant si la date initialement
prévue coïncide avec un jour férié. Un calendrier des séances de chaque session est établi
ainsi que les questions à soumettre à l’ordre du jour des délibérations. Le gouverneur
assiste aux séances ; il ne participe pas aux votes mais, à la demande du président ou à
la sienne, il peut présenter observations ou précisions relatives aux questions inscrites à
l’ordre du jour. Les agents des services de la préfecture ou de la province peuvent assister
aux séances à titre consultatif sur convocation du président ; de même le président peut
demander par l’intermédiaire du gouverneur la participation aux travaux du conseil des
fonctionnaires et agents de l’Etat ou des entreprises publiques à titre consultatif. Les
réunions du conseil sont convoquées par un avis du président qui en fixe la date et l’heure

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