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1
INTRODUCTION
Dans la conception la plus large, chaque individu dispose d’un patrimoine. Ce dernier
représente « l’ensemble des droits et obligations liés à la personne et appréciables en
argent »1. De ce fait, la forme la plus naturelle est que chaque personne serait la mieux
informée et placée pour gérer ses propres actifs patrimoniaux et les obligations dont il doit
faire face. Néanmoins, à compter d’un certain niveau d’enrichissement et de diversification
de portefeuille, une personne pourrait ne pas être à même d’optimiser la gestion de son
patrimoine et aurait intérêt à faire appel à des professionnels pour se faire conseillée.
L’Ordre des Experts Comptables de Tunisie (OECT) avance dans son site web 2 que
« devant les mutations que connaît l’économie mondiale en général, et l’économie de notre
pays en particulier, et devant également les progrès vertigineux des technologies de
l’information, les attentes de nos clients sont en train d’évoluer. Les experts comptables
doivent acquérir les compétences et offrir les services nécessaires pour répondre aux
besoins changeants de leurs clients ». La gestion de patrimoine constitue un des besoins
émergeants des clients des experts comptables, dictée par la complexification du monde
des affaires et de la réglementation, ainsi que des risques qui leurs sont rattachés.
C’est dans le contexte de cette nouvelle discipline, le conseil en gestion de patrimoine, que
s’inscrit l’objet de recherche de notre mémoire.
Afin de mieux appréhender cette nouvelle discipline, nous proposons dans notre propos
introductif certaines définitions citées dans la littérature. Dosik (2007) définit l’activité de
gestion de patrimoine comme étant « un métier qui consiste à apporter du conseil en
organisation, en stratégie patrimoniale et en planification de projets ; c’est un métier de
consultation qui suit le cheminement logique de la découverte, de l’analyse et du
diagnostic »3. De sa part, De Marsac (2006, p.6)4 cite que l’activité de gestionnaire de
1
Planiol M. (1901), « Traité élémentaire de droit civil », Cité dans Aveline et Prisco-Chreiki (2007), « Le
guide gestion de patrimoine : Le développer, le protéger, le transmettre », Editions SEFI, France, p.1.
2
www.oect.org.tn.
3
Dosik W. (2007), « Le conseil en gestion de patrimoine : tout savoir sur la méthode de l’approche
globale », Gualino Editeur, France, p.26.
4
De Marsac S.T. (2006), « La responsabilité des conseils en gestion de patrimoine », LexisNexis éditions,
France.
2
patrimoine ou de conseil en gestion de patrimoine consiste à guider son client dans les
choix de placements qui s’offrent à lui (immobilier, assurances vie, valeurs mobilières…)
ainsi qu’à l’éclairer sur les conséquences juridiques et fiscales de ces choix. Dans le même
sens, (Monin, 1995)5 avance que réaliser une gestion de patrimoine, c’est développer les
ressources totales, optimiser valeurs d’usage, rentabilité totale et transmission des biens, en
prenant en compte les objectifs et le système de valeur de leur détenteur.
1. Motivations
La pertinence du sujet trouve ses fondements dans plusieurs raisons, parmi lesquelles :
(2) : L’environnement actuel dans lequel évoluent les affaires impose à une clientèle
potentielle de s’entourer de professionnels en gestion de patrimoine. Ceci revient d’abord à
l’instabilité de l’environnement économique, financier et juridique, aux difficultés
d’arbitrage et à l’accroissement des incertitudes et des risques. De ce, bon nombre de
personnes fortunées se posent légitimement la question de savoir comment gérer leur
patrimoine pour le préserver et si possible l’accroître.
(3) : La gestion de patrimoine nécessite d’être abordée sous plusieurs angles : comptable,
fiscal, juridique, financier et stratégique. Chacun de ces volets constitue à lui seul une
science ou une discipline, générant un volume important de connaissances et régie par des
réglementations spécifiques (codes, lois, décrets, arrêtés, doctrine, jurisprudence…) en
permanente évolution.
5
Monin H. (1995), « Gestion de patrimoine », éditions Economica, 2ème édition, France, p.7.
3
type de mission et pour se tailler une part de marché, seuls ou en association avec d’autres
professionnels (Dissaux, 2002 ; Bosschère, 2003 ; Aveline et Prisco-Chreiki, 2007 ; Audas,
2009). Ceci revient principalement à l’organisation de leur profession, à leurs compétences
et la typologie de leurs clients.
2. Problématique de la recherche
Notre recherche pose la problématique suivante : quel intérêt porte les missions de conseil
en gestion de patrimoine pour les professionnels experts comptables et quelle démarche
faut-il adopter par ces derniers pour les mettre en œuvre ?
3. Objectif
Notre travail, portant sur le conseil en gestion de patrimoine, a ainsi pour objectif de
définir les fondamentaux et le cadre dans lequel s’inscrit la mise en œuvre des missions de
conseil en gestion de patrimoine par les experts comptables ainsi que la démarche que doit
adopter ces derniers pour l’exercice de ce type de mission. Il s’agit de mettre en
perspective cette activité au sein des cabinets d’expertise comptable en Tunisie et de
présenter son intérêt, sa portée et ses spécificités d’application pour les experts comptables.
L’objectif n’est pas ainsi de présenter et de résoudre des problèmes complexes de conseil
en gestion de patrimoine ni d’exposer l’ensemble des informations nécessaires dans les
différents domaines, très vastes, pour mener ce type de mission. Nous ne visons pas non
plus de traiter les aspects du conseil en gestion de patrimoine qui dépassent le cadre de
l’intervention de l’expert comptable. Notre objectif se limite à étudier les aspects du
problème qui peuvent intéresser l’expert comptable, à délimiter les contours de son
intervention et à en présenter les principes fondamentaux ainsi qu’une méthodologie
spécifique à sa mise en œuvre dans le cadre législatif et fiscal tunisien.
4. Intérêt de l’étude
4
Le présent travail devrait principalement permettre d’introduire et de développer les
missions de conseil en gestion de patrimoine des particuliers au sein des cabinets
d’expertise comptable en Tunisie.
5. Démarche méthodologique
5
discipline pour ensuite exposer les différents intervenants sur ce marché. Ces derniers sont
d’une part les clients patrimoniaux et d’autre part les fournisseurs du conseil en gestion de
patrimoine, dont principalement les établissements bancaires, les compagnies d’assurances,
les intermédiaires en bourse, les conseillers en gestion de patrimoine indépendants, les
avocats, les notaires et les experts comptables.
Enfin, nous étudierons l’output ou le produit fini que doit communiquer l’expert comptable
pour son client périodiquement, dans le cadre de sa mission de conseil en gestion de
patrimoine. L’objet de cette dernière étape consiste en une étude patrimoniale portant sur
les différents volets exposés précédemment. La présentation de la situation personnelle du
client, la planification financière et fiscale, les comptes comptables personnels et la
proposition d’une stratégie d’affaires et de transmission des biens constituent des exemples
de documents de synthèse produits dans le cadre d’une mission de conseil en gestion de
patrimoine.
6
PREMIÈRE PARTIE : LE CONSEIL EN GESTION DE
PATRIMOINE : CARACTÉRISTIQUES DE BASE ET ATTRAIT
POUR LA PROFESSION D’EXPERT COMPTABLE
Nous essayerons ainsi dans cette première partie d’introduire notre sujet d’étude en
présentant les caractéristiques de base qui régissent le marché de conseil en gestion de
patrimoine, telle qu’adaptées au mieux au contexte tunisien (Chapitre 1). Ensuite, nos
développements porteront sur l’attrait des missions de conseil en gestion de patrimoine
pour l’expert comptable ainsi que sur les fondements de ce type de missions, relevant des
règles d’éthique professionnelle, des préalables à mettre en place pour leur exécution et des
risques associés (Chapitre 2).
7
Chapitre I : Définitions et caractéristiques du conseil en gestion de
patrimoine
Comme l’indique le titre, le présent chapitre sera composé de deux volets. Le premier
traitera de la définition et des typologies des notions de patrimoine et de conseil
patrimonial. Le deuxième volet exposera les caractéristiques du marché de conseil en
gestion de patrimoine.
1. Définitions
6
Les auteurs avancent (p.21) qu’ « un patrimoine est un ensemble de droit et d’obligations sur des actifs ».
7
Dosik W. (2007), « Le conseil en gestion de patrimoine : tout savoir sur la méthode de l’approche
globale », Gualino Editeur, France.
8
Le patrimoine social : composé de droits à la retraite et de droits de participations
aux bénéfices de l’entreprise.
La deuxième typologie proposée par les auteurs est dite économique et distingue entre :
L’actif humain : dit aussi capital humain. Il représente l’actif propre d’un individu.
Cet actif est personnel et est différent d’un individu à un autre. il est complètement
illiquide et ne peut être ni vendu ni échangé. Cependant, il peut générer un revenu et
investir dans cet actif est concurrent de l’investissement dans d’autres actifs : il doit
donc être pris en compte dans la gestion de patrimoine ;
Les actifs réels : comme les terres, les bâtiments, les brevets. Ce sont des droits de
propriété sur des biens (corporels ou incorporels) qui peuvent fournir un service réel
dans le temps, de consommation ou de production, à leurs détenteurs. Ceux-ci peuvent
aussi mettre en valeur un actif réel, c'est-à-dire en tirer parti financièrement, comme en
louant un appartement ;
Les actifs financiers : comme les actions et les obligations. Ce sont principalement
des simples droits à percevoir un revenu monétaire (dividendes, intérêts…) d’une autre
personne (physique ou morale).
Quelque soit la manière d’approcher la notion de patrimoine, cette dernière a été à l’origine
du développement, depuis quelques dizaines d’années, d’une nouvelle activité, celle de
conseil en gestion de patrimoine, consistant en une analyse globale dans laquelle les
différents éléments du patrimoine sont étudiés et considérés. Dans la littérature antérieure
et la pratique, nous distinguons deux approches retenues pour définir et spécifier les
contours de ce nouveau métier.
D’abord, une définition par les objectifs de la mission, fournie par l’ISO 22222. Le conseil
en gestion de patrimoine est ainsi « un processus conçu pour permettre à un consommateur
d’atteindre ses buts financiers personnels » (ISO 22222, § 3.16). De son côté, De Marsac
(2006, p.6)8 cite que l’activité de conseil en gestion de patrimoine consiste à guider son
client dans les choix de placements qui s’offrent à lui (immobilier, assurances et valeurs
mobilières par exemple) ainsi qu’à l’éclairer sur les conséquences juridiques et fiscales de
ces choix. Dans ce même sens, (Monin, 1995) 9 avance que réaliser une gestion de
8
De Marsac S.T. (2006), « La responsabilité des conseils en gestion de patrimoine », LexisNexis éditions,
France.
9
Monin H. (1995), « Gestion de patrimoine », éditions Economica, 2ème édition, France.
9
patrimoine, c’est développer les ressources totales, optimiser valeurs d’usage, rentabilité
totale et transmission des biens, en prenant en compte les objectifs et le système de valeur
de leur détenteur.
Ensuite, une deuxième approche retenue dans la littérature consiste en la définition par les
composantes de la mission et les compétences du professionnel en gestion de patrimoine.
(Depardieu, 2001, p.25) stipule qu’il n’existe pas une définition précise de cette fonction,
fonction de généraliste regroupant les métiers de conseil juridique et fiscal et de spécialiste
en gestion financière. Pour (Bosschère, 2003, p.8) 10, « La mission de conseil en gestion de
patrimoine consiste en une analyse portant sur les aspects financiers, juridiques et fiscaux,
à la fois du patrimoine professionnel et du patrimoine privé détenus par le groupe familial
du client, afin d’assurer la cohérence de l’organisation du patrimoine global et de favoriser
son enrichissement ». Dans ce même sens, Dosik (2007) définit l’activité de conseil en
gestion de patrimoine comme étant « un métier qui consiste à apporter du conseil en
organisation, en stratégie patrimoniale et en planification de projets ; c’est un métier de
consultation qui suit le cheminement logique de la découverte, de l’analyse et du
diagnostic » (p. 26).
Cette démarche est celle retenue par les établissements proposant des formations en gestion
de patrimoine. En effet, quand on consulte les cycles de formation en conseil en gestion de
patrimoine, les établissements d’enseignement supérieur internationaux la définissent
comme une formation de personnes capables d'élaborer et de mettre en place des stratégies
de gestion de patrimoine. Cette formation passe par la maîtrise des techniques financières,
fiscales et juridiques utiles à la gestion du patrimoine des particuliers ainsi que par le
développement des aptitudes commerciales. Ceci permettrait aux nouveaux professionnels
de participer pleinement à l'élaboration du diagnostic patrimonial attendu par leurs clients
et de pouvoir apporter des solutions individualisées à leurs problématiques patrimoniales 11.
Pour ces différentes approches et définitions proposées pour l’activité de conseil en gestion
de patrimoine, auteurs et praticiens s’accordent sur le fait que ce métier devrait aborder le
patrimoine d’une manière globale, ce qui amène à considérer le professionnel en gestion
patrimoniale comme étant un généraliste, mais devant être compétent dans les différents
volets de gestion de patrimoine (comptable, fiscal, juridique, financier, stratégique).
10
Bosschère F. D. (2003), « Développer les missions de gestion de patrimoine au sein des cabinets d’experts
comptables », mémoire d’expertise comptable, Centre de documentation des experts comptables et des
commissaires aux comptes, France.
11
A titre d’exemple : www.agpc.net, www.esc-toulouse.fr et www.dauphinepatrimoine.fr.
10
2. Caractéristiques
L’intérêt de ce titre est de présenter les principales caractéristiques des missions de conseil
en gestion de patrimoine. Tout d’abord, seront exposés les différents intervenants sur le
marché de conseil patrimonial (clients et fournisseurs). Ensuite, nous présenterons les
sources de réglementation de ces missions. Enfin, sera exposé la démarche des Certified
financial planners dans les missions de conseil en gestion de patrimoine.
Comme pour tout autre marché, le marché de conseil en gestion de patrimoine comporte
des clients, auxquels est destiné ce type de conseil, et des fournisseurs, qui sont les
prestataires de cette mission.
Dans une conception générale, chaque particulier, qu’il soit salarié ou entrepreneur,
dispose de revenus et assume des charges. Lorsque l’ensemble des revenus dépasse celui
des dépenses, la personne dégage un excédent qu’elle décide de le fructifier au mieux soit
en l’épargnant soit en le réinvestissant dans des projets rentables. Ces choix peuvent aller
de simples opérations de placements jusqu’à la réalisation de gros investissements.
11
patrimoniaux à partir de leur patrimoine immobilier ou de leur situation juridique. De sa
part, l’expert comptable dispose de plusieurs angles pour visionner et appréhender la
situation patrimoniale de ses clients (patrimoine financier, patrimoine immobilier,
patrimoine professionnel, patrimoine successoral…).
Tout d’abord, les chefs d’entreprises peuvent disposer de patrimoines qui nécessitent d’être
encadrés et gérés. Ces derniers sont confrontés régulièrement à des choix de financement,
d’investissement et de planification. La complexification de l’environnement économique,
juridique et fiscal leur impose de s’entourer des compétences de conseillers spécialisés
dans la gestion de patrimoine professionnel. Par ailleurs, le patrimoine privé des chefs
d’entreprises n’en demeure pas moins concerné par cette complexification, ce qui
recommande à ces derniers d’assurer une gestion de patrimoine global.
Dans ces différents cas, les conseillers en gestion de patrimoine doivent procéder à
l’élaboration de typologies de leurs clients suivant différents critères. Ces derniers
consistent tout d’abord en la distinction entre les chefs d’entreprises d’une part et les
salariés d’autre part (Dissaux, 2002)12. Ensuite, les clients patrimoniaux doivent être
classés selon l’importance (en valeur) et l a nature (différentiation entre patrimoine
professionnel et patrimoine privé ; entre patrimoine financier et immobilier ; entre les
différentes natures de placements effectuées par le client…) de leur patrimoine.
Il reste néanmoins à préciser que cette approche conduit les professionnels en gestion de
patrimoine à raisonner sur des stocks et ne permet pas de prendre en compte la clientèle à
potentiel. Il convient dès lors, en plus du suivi de la clientèle actuelle en gestion de
patrimoine, de fixer des stratégies pour l’identification des clients patrimoniaux potentiels.
12
Dissaux E. (2002), « La comptabilité des particuliers : un nouveau marché pour l’expert comptable »,
mémoire d’expertise comptable, Centre de documentation des experts comptables et des commissaires aux
comptes, France.
12
Ceux-ci peuvent résulter d’une cession d’actifs immobiliers, d’une transmission
d’entreprises….
Cette pratique, bien que assez récente à l’échelle internationale, s’est vue prendre une place
dominante dans la politique d’investissement des établissements bancaires en Tunisie. Ceci
est illustré dans l’exemple des réseaux BIAT (Banque BIAT, Assurances BIAT, FCP
BIAT Epargne Actions, BIAT capital), ATTIJARI (Attijari Bank, Attijari Leasing, Attijari
Obligataire SICAV, Attijari SICAV Placements, Attijari Valeurs SICAV, Attijari
Intermédiation) et AMEN (Amen Bank, Amen Lease, Tunisie Leasing, Amen Project
SICAF, Amen première SICAV, SICAV Amen, SICAV Amen Trésor, Assurances
COMAR, Assurances HAYETT, Amen Invest).
13
L’évolution des banques dans le marché de gestion de patrimoine est restée cependant
confrontée à une principale limite, celle de restreindre leurs offres aux seuls produits à
vocation financière. En effet, le conseil en gestion de patrimoine suggère que l’axe
principal de la mission soit le conseil et que les investissements financiers en soient un
moyen. Cependant, la priorité des banques est inverse (Bosschère, 2003). Ceci a amené les
auteurs et praticiens à distinguer entre les deux fonctions de CGP (Conseiller en Gestion de
Patrimoine) et CIF (Conseiller en Investissements Financiers). Le premier, tel que défini
précédemment, s’inscrit dans une approche globale de gestion de patrimoine, alors que le
deuxième est défini comme une personne qui fournit un conseil financier et a pour
principale vocation de vendre des produits financiers plus ou moins restreints à ceux de
leur établissement.
Conscient du risque de perte des parts de marché, le secteur bancaire dans les pays les plus
développés a été amené à évoluer vers le conseil aux particuliers, dans le cadre d’un
service de gestion de patrimoine. Les banques se sont en effet orientées vers le recrutement
d’agents spécialisés disposant de réelles compétences en la matière. Cette stratégie conduit
actuellement de nombreux établissements à se doter d’une structure, externe ou non, de
gestion privée. En Tunisie, où le marché de conseil en gestion de patrimoine n’est qu’à son
stade embryonnaire, ces options ne constituent que des perspectives de développement
pour le secteur bancaire afin de bien se positionner sur ce marché.
Les forces du secteur d’assurance dans ce domaine résident tout d’abord dans leur accès à
une clientèle privilégiée, dont une sélection peut constituer des clients potentiels en gestion
de patrimoine. Ensuite, les assurances s’offrent l’exclusivité de proposer un produit
constituant une composante de plus en plus populaire de la gestion de patrimoine et
bénéficiant en Tunisie d’un régime fiscal avantageux, qu’est « l’assurance vie »13. Enfin,
un autre point fort des sociétés d’assurance réside dans leurs alliances avec le secteur
13
L’article 39 du code de l’IRPP et de l’IS stipule que les primes afférentes aux contrats d’assurance vie
individuels ou collectifs dont l’exécution dépend de la durée de vie humaine sont déductibles du revenu
imposable dans la limite de 10 000 dinars par contribuable.
14
bancaire pour la diversification de leurs produits, ce qui a amené au développement de
nouvelles notions dites la bancassurance et l’assurfinance.
Cependant, ces points forts des compagnies d’assurances dans le domaine de gestion de
patrimoine restent confrontés à des limites. Ces dernières résident principalement en la
formation initiale limitée des agents d’assurance et de leurs salariés et en une gamme
restreinte de produits d’assurance, qui s’inscrit dans le cadre d’une approche-besoins :
retraite, prévoyance, succession… sans pouvoir procéder à une approche globale
(Depardieu, 2001).
Ils sont de plus en plus nombreux sur le marché tunisien. Actuellement, leur nombre a
atteint 23 institutions dont on cite Axis capital bourse, Tunisie valeurs, CGF, Attijari
Intermédiation, BNA capitaux et BIAT capital. Ce nombre est relativement important en
considérant que leur principal domaine d’intervention, qu’est le premier marché de la
BVMT14 comporte 54 sociétés cotées avec une capitalisation boursière de 15 525 millions
de dinars en mai 2012.
Les produits que proposent les intermédiaires en bourse s’inscrivent généralement dans
deux perspectives. La première est à vocation financière puisque le conseil de ces
établissements porte en premier lieu sur le placement des fonds de leurs clients dans les
investissements à fortes valeurs ajoutées (rémunération des fonds investis par des taux
d’intérêt, réalisation d’une plus value sur l’achat et la vente de placements...). La deuxième
est à vocation fiscale et s’inscrit dans une approche d’optimisation fiscale du patrimoine.
Le droit commun offre en effet aux intermédiaires en bourse une gamme importante
d’avantages fiscaux pour le conseil de leurs clients15.
15
les trouvons sous diverses appellations : conseillers en gestion de patrimoine, conseillers
en investissements, conseillers patrimoniaux, conseillers financiers… (Dissaux, 2002,
p.23).
Apparus en fin des années quatre vingt, les CGPI se sont rapidement développés à l’échelle
internationale. Ils comptent aujourd’hui plusieurs dizaines de milliers dans le monde et
sont entrain d’acquérir une part de plus en plus importante dans le marché de conseil en
gestion de patrimoine. Néanmoins, l’absence de réglementation claire des missions de
« conseil en gestion de patrimoine » a fait que l’évolution des CGPI dans ce secteur a été
marquée par des disparités importantes en termes de compétences et de services. En effet,
différentes personnes se sont attribuées ce titre tout en exerçant par ailleurs d’autres
professions : agents immobiliers, agents d’assurance, anciens conseillers financiers dans
des établissements bancaires…
e. Les avocats
Les avocats constituent des nouveaux intervenants sur le marché de conseil en gestion de
patrimoine. Ce sont surtout les avocats fiscalistes qui s’intéressent à ce type de prestations.
Leurs atouts consistent surtout en le bénéfice d’une profession réglementée et leur
spécialisation dans des domaines touchant la gestion de patrimoine (fiscal, juridique,
immobilier…).
En Tunisie, les avocats exercent en qualité de membres du Conseil de l’Ordre National des
Avocats Tunisiens. Tout récemment, cette profession a clairement manifesté sa volonté de
constituer un acteur important du conseil en gestion de patrimoine. La création depuis
16
Depardieu (2001).
16
quelques années d’un centre d’études fiscales à la faculté de droit de Sfax apporte une
contribution dans ce sens. Une des dernières manifestations de ce centre est l’organisation
d’un colloque en 2008 ayant pour thème « La gestion fiscale du patrimoine ». Les sujets
abordés dans cette initiative, auxquels l’Ordre des Experts Comptables de Tunisie ne s’est
pas encore intéressé, méritent d’être exposés. Ils portent sur deux principaux thèmes dont
le détail s’énonce comme suit :
17
f. Les notaires
Ils se présentent comme les acteurs les moins privilégiés sur le marché de conseil en
gestion de patrimoine. En effet, bien qu’ils interviennent dans les différentes étapes de la
vie des particuliers (mariage, acquisition immobilière, donation, succession…), ces
interventions ne sont que temporaires et ponctuelles. Ils ne permettent pas de ce fait
d’assurer un suivi permanent des clients. En outre, la typologie de la clientèle des notaires
est constituée en majeure partie par des particuliers alors que celle des conseillers en
gestion de patrimoine est constituée essentiellement par de chefs d’entreprises.
Il reste à citer que, malgré leur position défavorable en gestion de patrimoine, la profession
des notaires dans les pays développés commence à s’intéresser sérieusement à ce marché
depuis quelques années. Ceci est l’exemple du conseil supérieur de notariat français qui
organise depuis des années des colloques ayant pour thèmes la gestion de patrimoine (en
2000 et en 2002). Ledit conseil a également œuvré à la création et au développement
d’institutions notariales spécialisées comme de l’institut notarial de l’entreprise et des
sociétés et l’Institut notarial du patrimoine et de la famille.
Les conseillers fiscaux peuvent constituer un concurrent important sur le marché de conseil
en gestion de patrimoine pour plusieurs raisons. D’abord, ils bénéficient d’une profession
organisée sous l’égide de la chambre nationale des conseils fiscaux de Tunisie. Ensuite, le
cursus universitaire des conseils fiscaux comprend une formation de base en fiscalité,
18
comptabilité, finance et droit, semblable à celle des comptables, sans pour autant que cette
formation ne soit davantage approfondie, comme c’est le cas pour les experts comptables.
Il reste néanmoins à préciser que cette profession qui, de part sa définition, est très
hétérogène, rencontre de nos jours de plus en plus de difficultés au niveau de son
développement mais aussi au niveau de son accès aux chefs d’entreprises, pouvant
constituer une clientèle privilégiée du marché de conseil en gestion de patrimoine. Ceci
atténue considérablement sa compétitivité sur ce marché.
L’attrait du conseil en gestion de patrimoine pour les experts comptables sera discuté au
niveau du deuxième volet de cette première partie.
De Marsac (2006) explique cette carence par le fait que les intervenants sont multiples :
banquiers, assureurs, experts comptables, avocats, notaires, gérants de portefeuille de
valeurs mobilières. Chaque catégorie de professionnels applique donc les règles qui
régissent son métier de base comme le code des assurances pour les assureurs ou le droit
bancaire pour les banques (Bosschère, 2003).
19
Face à cette situation, des efforts de réglementation ont surgi dans certains pays. Ceci est
l’exemple de la réglementation, en France, de la profession de Conseiller en
Investissements Financiers (CIF), constituant une branche du conseil en gestion de
patrimoine. La loi n° 2003-706 du 1er août 2003 de sécurité financière17 a créé un nouveau
statut de conseiller en investissements financiers, dont l’activité est définie comme conseil
en :
Il importe cependant de souligner que le législateur français a exclu du statut de CIF les
professionnels par ailleurs réglementés qui, pourtant, pratiquent le métier de conseil en
gestion de patrimoine (experts comptables, avocats, banquiers…). Cette exclusion est
révélatrice d’une volonté d’éviter à la nouvelle profession de CIF une lacune souvent
reprochée aux conseillers en gestion patrimoniale, celle de la multitude des sources de
réglementation et des autorités de contrôle pour une même profession.
En attendant que les autorités définissent un cadre réglementaire précis, les professionnels
dans le domaine du conseil patrimonial ont cherché depuis des années à s’auto-réglementer
par eux-mêmes, notamment en se regroupant en organisations professionnelles
réglementées.
Un exemple phare est celui du FPSB (Financial Planning Standards Board)18, la plus
grande association internationale de conseillers en gestion de patrimoine indépendants,
propriétaire de la marque CFP (Certified Financial Planner) et qui adhère, en fin de
l’année 2011, 139.818 professionnels CFP à l’échelle internationale, présents sur 23 pays
membres19.
Le plan stratégique du FPSB, annoncé pour 2011 comporte six principaux objectifs :
17
Telle que complétée par le décret n° 2004-1023 du 29 septembre 2004 relatif aux conseillers en
investissements financiers et par les dispositions du règlement général de l’Autorité des Marchés financiers
(atricles de 335-1 à 335-28).
18
www.fpsb.org
19
Dont principalement les Etats-Unis (près de 62 000 adhérents), le Canada (près de 18 000 adhérents), le
Japon (près de 17 000 adhérents) et la Chine (près de 13 000 adhérents).
20
2. Positionner le FPSB comme l’instance de réglementation et de normalisation pour
la profession de Financial Planning, en collaboration avec les institutions et
instances partenaires clés ;
3. Assurer la pérennité de l’organisation ;
4. Renforcer les modèles de développement du réseau de membres du FPSB et de
diffusion des normes FPSB ;
5. Sensibiliser la communauté mondiale pour reconnaître la profession de Financial
Planning et la certification CFP à l’échelle internationale ;
6. Engager les membres du FPSB et ses partenaires pour atteindre les objectifs de la
stratégie FPSB 202520. (FPSB, 2011, c)
Le FPSB est géré par un conseil d’administration, le FPSB’s board of directors, composé
de 12 membres, et par un président directeur général. Ledit conseil d’administration est
assisté par le FPSB Council, un conseil qui regroupe des délégations de chacune des
associations (pays) membres du FPSB.
Le FPSB est représenté en France depuis 1997 par l’Association Française des Conseillers
en Gestion de Patrimoine Certifiés (CGPC). Cette dernière se définie comme étant une
association à but non lucratif dont la mission principale est de promouvoir, organiser et
gérer la certification des conseils en gestion de patrimoine quelque soient les entités à
partir desquelles les conseillers exercent leur activité (établissements bancaires, sociétés
d’assurance, de gestion de portefeuille, de cabinets indépendants, ou de professions
libérales du chiffre et du droit)21. L’adhésion au CGPC, ou à un autre organisme
professionnel membre du FPSB, facilite au professionnel l’accès à la certification ISO
22222 « Conseil en Gestion de Patrimoine »22. Cette norme :
21
- énumère les compétences requises et la manière d’en démontrer l’actualisation
tout au long de la vie professionnelle ;
Cette définition laisse entendre que la CIP et l’association des CGPC œuvrent dans le
même domaine. Néanmoins, la CIP restreint le champ d’intervention de ses professionnels
à quatre domaines :
En outre, pour devenir membre, la CIP soumet ses adhérents à huit conditions, dont la
première est d’« être en conformité avec la réglementation »24. Par réglementation, la CIP
entend que les personnes qui peuvent l’intégrer sont déjà des professionnels qui
appartiennent à l’une des professions réglementées suivantes :
22
- conseiller en investissements financiers ;
- courtier d’assurance ;
- démarcheur financier ;
- agent immobilier.
L’OECT avance25 que le conseil en gestion de patrimoine est une des missions que peut
proposer les experts comptables en Tunisie dans le cadre normal de leurs domaines
d’intervention. L’OECT précise que pour optimiser la gestion de patrimoine, l’expert
comptable met son expérience au service des particuliers. En plusieurs étapes, il les
accompagne et les aide dans leurs décisions :
23
- Audit : Etudes des thèmes concernant les questions patrimoniales essentielles
(propriété des revenus, retraite, donation…), forces et faiblesses de la situation du
particulier ;
De leur part, les conseils fiscaux, tels que définis et régis par la loi n° 60-34 du 14
décembre1960, relative à l’agrément des Conseils Fiscaux, peuvent accomplir des
prestations de conseil fiscal en gestion de patrimoine professionnel et personnel de leurs
clients. Dans l’exercice de leurs fonctions, les conseils fiscaux sont tenus du respect des
règles professionnelles et des règles d’éthique. A noter également que, selon les
dispositions du cahier des charges relatif à l’exercice de la profession de conseil fiscal 26,
ces professionnels sont soumis à l’obligation d’afficher la charte de « conseil fiscal »
devant leurs bureaux.
Par ailleurs, nous jugeons utile de présenter, dans ce volet, la réglementation spécifique des
Gestionnaire de Portefeuille de Valeurs Mobilières (GPVM), telle que définie par la loi
n°2005-96 du 18 octobre 2005 relative au renforcement de la sécurité des relations
financières. L’intérêt de présenter cette réglementation revient au fait que les obligations
énoncées peuvent être adaptées et transposées au conseil en gestion de patrimoine.
- Exercer les missions avec la diligence d’un professionnel avisé et d’un mandataire
loyal pour les intérêts des clients et l’intégrité du marché ;
26
Approuvé par arrêté du ministre des finances du 5 novembre 2001.
24
- Eviter les conflits d’intérêt et les résoudre équitablement en tenant compte de
l’intérêt des clients le cas échéant ;
- Fournir les moyens et les procédures qui assurent le contrôle des activités pour
s’assurer des règles de bonne gestion dans tous les aspects de la relation avec les
clients ;
- Identifier les capacités financières, les objectifs et les attentes financières de leurs
clients ;
- Informer leurs clients des risques inhérents à la nature des opérations qu’ils
envisagent d’effectuer ;
- Mettre en place pour leur propre compte les procédures de contrôle des opérations
effectuées par les personnes chargées de la mission de GPVM pour le compte de tiers,
pour garantir la transparence quelque soit le lieu d’ouverture des comptes de valeurs
mobilières et les opérations exigées de ces personnes pour éviter la circulation indue
d’informations internes ;
- Eviter tout ce qui peut entraîner la priorité des intérêts propres des actionnaires par
rapport aux intérêts des clients, et protéger l’indépendance des gestionnaires pour
assurer la priorité d’intérêts des clients ;
- Interdire les opérations directes soit entre les comptes de leurs clients, ou entre les
comptes de leurs actionnaires et les comptes de leurs clients, ou entre leurs comptes et
les comptes de leurs clients.
Les normes élaborées par le Financial Planning Standards Board (FPSB, 2011, b)27 pour
les Certified financial plannning (CFP) professionals définissent le déroulement d’une
mission de conseil en gestion de patrimoine en cinq étapes. Ceci nous servira de base pour
nos développements du chapitre suivant et de la deuxième partie de ce mémoire.
27
Annexe 3.
25
2.3.1. Définition et établissement de la relation avec le client
Cette étape doit se matérialiser par une lettre de mission, qui doit être signée par les deux
parties intervenantes : le CFP professional et le client.
Les termes de la lettre de mission informent le client sur le processus de conseil en gestion
de patrimoine, les services que le CFP professional offre et les compétences et
l’expérience de ce dernier. Ils définissent en outre le cadre dans lequel et la manière avec
laquelle le CFP professional peut atteindre les objectifs escomptés de son client ainsi que
l’étendu de l’engagement des deux parties, relevant de leurs responsabilités (ou de toute
autre tierce personne intervenante), des conflits d’intérêts et des termes de la mission.
Le CFP professional doit définir clairement les objectifs, besoins et priorités personnelles
et patrimoniales de son client.
Le CFP professional analyse, dans cette étape, les informations collectées et travaille en
collaboration avec son client pour résoudre les éventuelles omissions et inconsistances.
Il évalue en outre les opportunités et les contraintes de la situation de son client et les
confronte aux objectifs, besoins et priorités de ce dernier. Le CFP professional peut ainsi
identifier d’autres issues pour mener à bien sa mission et atteindre les objectifs du client, et
collecte à ce titre les éventuelles informations complémentaires.
L’analyse de la situation du client en gestion de patrimoine doit porter sur les différents
volets de la mission, d’ordre comptable, juridique, fiscal, financier et stratégique, tels que
définis dans la lettre de mission.
26
2.3.4. Développer et présenter les recommandations de planification
patrimoniale (Financial planning)
27
Chapitre II : La profession d’experts comptables et le conseil en
gestion de patrimoine
Notre survol de la manière avec laquelle les experts comptables intègrent le marché de
conseil en gestion de patrimoine à l’échelle internationale concernera l’exemple de quatre
pays : les Etats-Unis, le Canada, la Grande Bretagne et la France.
Aux Etats-Unis
Pour développer cette branche d’activité, l’AICPA a créé en interne une section
spécialisée, le Personal Financial Planning Section (PFP Section). Afin d’y adhérer,
l’AICPA recommande aux CPA de se porter titulaire d’un agrément en tant que Personal
Financial Specialist (PFS). Cet agrément est délivré suite à l’obtention d’un diplôme
spécial dédié à ce titre.
28
www.aicpa.org.
28
Les domaines d’intervention des PFS sont multiples et portent essentiellement sur la
planification financière et budgétaire, la gestion des risques, la planification des
investissements, la planification fiscale, la prévoyance retraite et les services
comptables.
La PFP section énonce qu’elle veille à élargir l’expertise technique de ses membres,
améliorer leur compétence professionnelle et les aider à fournir des services PFP de haute
qualité et rentables. Les membres de la PFP section reçoivent des informations
essentielles pour rester à jour sur des questions sensibles et critiques relevant du PFP. Ils
reçoivent également des conseils techniques et des outils pratiques de gestion à forte valeur
ajoutée tels que des formulaires types, des rapports, des expositions et des outils de
contrôle.
En Grande Bretagne
Les projections du Financial Planning and Retail Distribution Committee s’alignent sur le
plan de travail du Financial Services Authority (FSA30) annoncé principalement au niveau
du Consultation Paper 10/14 (CP 10/14)31, consistant à instaurer, à partir de janvier 2013,
des organismes accrédités et des normes de travail réglementant les professions de
conseillers indépendants en investissement et en gestion de patrimoine.
En Australie
29
pas permis de répondre à l'espoir d’identifier cette notion comme une occupation
professionnelle indépendante, voir même un sous-ensemble significatif de la profession
comptable (Brown, 2010).
Il importe de souligner à cet effet que les trois corps représentatifs de la profession
comptable en Australie, le Certified Practising Accountant, l’Institute of Chartered
Accountants in Australia et le National institute of accountants, s’accordent sur la
nécessité de se porter titulaire de la licence RG 146 (Regulatory Guide 146 Licensing:
training of financial product advisers), telle que définie par l’Australian Securities and
Investments Commission's (ASIC), pour pouvoir fournir des conseils en financial planning.
32
Accounting Professional & Ethical Standards.
30
Au Canada
Au canada, la profession d’experts comptables est représentée par l'Institut Canadien des
Comptables Agréés (ICCA)33, les Comptables en Management Accrédités (CMA) 34 et
l’Association des Comptables Généraux Accrédités (CGA) 35. Pour le développement du
conseil en gestion de patrimoine, l’ICCA a conclu un accord avec Canadian Institute of
Financial Planning (CIFP), membre du réseau international FPSB (Financial Planning
Standards Board), afin d’augmenter le nombre de détenteur du titre de Certified Financial
Planner (CFP) parmi les comptables agréés canadiens.
En avril 1996, l’ICCA est devenue membre du FPSC (Financial Planning Standards
Council). Le FPSC a été constitué en novembre 1995, sous l’égide du CIFP, pour défendre
les intérêts et assurer la protection des clients patrimoniaux et de la profession de financial
planning grâce à l'établissement et à l'application de normes de compétence et de
déontologie visant les planificateurs financiers qui choisissent de détenir le titre de
Certified Financial Planner (CFP), une valeur reconnue à l'échelle internationale.
Outre l'ICCA, le FPSC compte cinq autres organismes partenaires dont les membres
s'occupent aussi des finances personnelles de leurs clients, à savoir : le Canadian Institute
of Financial Planning (CIFP), l'Association des comptables généraux accrédités du Canada
(CGA-Canada), l'Ordre des comptables en management accrédités du Canada (CMA
Canada), le Credit Union Institute of Canada (CUIC) et le Financial Advisors Association
of Canada (Advocis).
En France
L’Ordre des Experts Comptables (OEC) français avance, dans son site web 36, que l'expert-
comptable accompagne et conseille le particulier dans la gestion de son patrimoine 37.
Janin AUDAS (2009)38, co-rapporteur général du 64ème congrès de l’OEC français ayant
pour thème « Patrimoine et Finance », énonce que le pôle ‘Patrimoine et Finance’ traite des
aspects essentiels de la gestion de patrimoine et du rôle d’accompagnateur que peut
parfaitement remplir l’expert comptable, conseiller indépendant auprès des particuliers.
33
www.icca.ca.
34
www.cma-canada.org.
35
www.cga-canada.org.
36
www.experts-comptables.fr.
37
Les étapes définies pour les missions de conseil en gestion de patrimoine sont celles formulées par l’OECT
et citées au niveau du chapitre précédent, à savoir : Bilan, Audit, Stratégie, Proposition, Suivi et actualisation.
38
Audas J. (2009), « Pôle ‘Patrimoine et Finance’ », Science, Indépendance et Conscience (SIC), Magazine
mensuel de l’Ordre des Experts Comptables français, n°277, p.10.
31
Il est à préciser que l’OEC français a récemment formulé une obligation de conseil pour
les experts comptables à leurs clients dans l’article 15 du nouveau code de déontologie des
professionnels de l’expertise comptable adopté par décret du 27 septembre 2007. Aux
termes de cet article, les experts comptables et leurs salariés sont tenus, dans la mise en
œuvre de chacune de leurs missions, vis-à-vis de leur client ou adhérent à un devoir
d’information et de conseil, qu’elles remplissent dans le respect des textes en vigueur. En
vertu de ces dispositions, l’expert comptable est tenu envers son client de proposer une
mission de conseil en complément à ses activités et missions classiques. Selon Amygues
(2009)39, cette nouveauté constitue une véritable aubaine pour rééquilibrer la relation client
et orienter résolument les membres du cabinet dans une approche comportementale à
succès : la pénétration de l’affectif client en douceur mais résolument.
Il importe également qu’en France, les experts comptables peuvent accéder au titre de
Certified Financial Planner (CFP) en réussissant les concours et en se conformant aux
règles de conduite de l’Association Française des Conseillers en Gestion de Patrimoine
Certifiés (CGPC), membre du FPSB.
39
Amygues J.P. (2009), « L’approche client par les Chiffres...et l’affectif patrimonial », patrimoine Gescap,
www.sage.fr/experts-comptables.
32
1.2. Avantages comparatifs de l’expert comptable dans les missions de conseil
en gestion de patrimoine
Trois qualités distinctives de l’expert comptable par rapport aux autres professionnels en
conseil en gestion de patrimoine seront exposées, à savoir, le bénéfice d’une profession
organisée, sa position avantageuse vis-à-vis des clients patrimoniaux, et enfin son profil
distinctif adapté à la mission de conseil patrimonial.
L’article 2 de la loi 88-108 définit l’expert comptable comme étant celui qui en son propre
nom et sous sa responsabilité personnelle fait profession habituelle d’organiser, de veiller,
de redresser et d’apprécier les comptabilités des entreprises et organismes auxquels il n’est
pas lié par un contrat de travail. Il est également habilité à attester la régularité et sincérité
des comptabilités et des comptes… L’expert comptable peut aussi analyser, par les
procédés de la technique comptable, la situation et le fonctionnement des entreprises sous
leurs différents aspects économique, juridique et financier. Il fait rapport de ses
constatations, conclusions et suggestions.
Dans le contexte de ce cadre légal, l’OECT40 a définit les prestations des experts
comptables, dont il a spécifié expressément les missions menées auprès des
40
www.oect.org.tn
33
particuliers. L’expert comptable assiste en effet le chef d’entreprise dans
l’accomplissement de ses obligations comptables, fiscales et sociales. Par ailleurs, les
professionnels peuvent compter sur les conseils de l'expert-comptable pour la gestion de
leur patrimoine, leur optimisation fiscale et la gestion de leur entreprise.
L’OECT précise ensuite que pour optimiser la gestion de patrimoine, l’expert comptable
met son expérience au service des particuliers. En plusieurs étapes (Bilan, Audit, Stratégie,
Propositions, Suivi et actualisation41), il les accompagne et conseille dans leurs décisions
relevant de la gestion de leur patrimoine.
Enfin, l’expert comptable est tenu de respecter les règles de déontologie généralement
admises par sa profession. En effet, le code des devoirs professionnels définit des règles
d’éthique relevant principalement de l’indépendance, du respect du secret professionnel et
des normes techniques et professionnelles, de l’intégrité et de l’objectivité. Il précise par
ailleurs dans son article 39 que « les règles d’éthiques professionnelles généralement
41
Ces étapes ont été développées au niveau du chapitre précédent.
42
Article 7 du code des devoirs professionnels.
43
Article 25 du code des devoirs professionnels
44
Les états financiers des particuliers sont élaborés à la juste valeur.
34
admises s’appliquent aux professionnels inscrits au tableau de l’ordre au cas où elles n’ont
pas été prévues par le présent code ». L’OECT a, par ailleurs, choisi pour emblème :
science, conscience et indépendance.
Néanmoins, l’état actuel des textes régissant la profession d’expert comptable trace une
ligne d’arrêt à l’intervention de l’expert comptable au stade du conseil en gestion de
patrimoine. L’expert comptable, interdit de toute activité commerciale, de tout mandat
commercial et d’agir en tant qu’agent d’affaires 45, ne peut assurer lui-même la gestion du
patrimoine de son client.
35
privilégiée sur le patrimoine professionnel de ces derniers. De plus, le patrimoine
professionnel et le patrimoine privé ont des zones d’intersection importantes, notamment
pour les chefs d’entreprises opérant en personne physique : les décisions prises dans le
cadre de la gestion de l’entreprise peuvent avoir des incidences directes sur le patrimoine
privé et réciproquement.
Ensuite, la présence de l’expert comptable sur plusieurs années auprès de son client, qui est
la résultante d’un climat de confiance réciproque, est propice à faire de l’expert comptable
le conseiller privilégié du chef d’entreprise (Fauquet, 1998) 46. L’expert comptable
accompagne ce dernier tout au long de sa vie professionnelle et les contacts qu’il a avec lui
sont réguliers et portent sur l’ensemble des sujets touchant la gestion de patrimoine :
projets d’investissements, optimisation fiscale, déclarations fiscales, placement des
rentrées de fonds du dirigeant (salaires, rémunérations, dividendes…), cession de tout ou
partie du patrimoine professionnel ou privé, donation, étude successorale…
Depuis ses débuts, l’expert comptable est doté d’une formation polyvalente et générale.
Son cursus universitaire, s’achevant par l’obtention du certificat d’études supérieures en
révision comptable, ainsi qu’un stage exigé d’une période minimale de trois années 47, lui
assurent une maîtrise des connaissances clés de sa profession (comptabilité, fiscalité, droit
commercial, finance) et une connaissance générale dans les autres domaines liés (politique
et stratégie des entreprises, autres filières de droit…). Il est néanmoins à souligner que dans
l’état actuel des programmes d’enseignement en Tunisie, la formation des experts
comptables souffre d’un manque de connaissances en matière d’économie, désormais
nécessaires pour pouvoir fournir un conseil en gestion de patrimoine de qualité.
46
Fauquet A. (1998), « Le devoir de conseil de l’expert comptable », Revue française de comptabilité, n°303,
pp. 21-24.
47
Article 12 de la loi n° 88-108.
36
à ses clients de prendre leurs décisions en parfaite connaissance de cause »48. Cette
affirmation relate la description d’un profil habitué à la production et au contrôle d’une
information financière chiffrée et à l’analyse des données financières. L’expert comptable
est également habitué aux dates, aux échéances légales ainsi qu’aux obligations sociales,
juridiques et fiscales des entreprises et des particuliers. Cette veille ainsi que ces
compétences professionnelles, acquises et développées au cours des missions
traditionnelles de l’expert comptable, sont transposables aux missions de conseil en gestion
de patrimoine.
48
www.oect.org.tn.
37
- Les domaines d’intervention de l’expert comptable en tant que conseiller en
gestion de patrimoine : Comptable, fiscal, juridique, financier et stratégique.
En nous référant à la définition du conseil en gestion fournie par l’article 25 du code des
devoirs professionnels des experts comptables en Tunisie, le conseil en gestion de
patrimoine peut être définit comme une mission qui couvre la prévision, l’orientation, la
préparation des décisions, l’information sur la situation du client patrimonial et sur les
conséquences des choix économiques, financiers, fiscaux et stratégiques et le contrôle de
l’évolution des résultats. Le professionnel doit conseiller et informer son client
objectivement et d’une manière aussi complète que possible sur les choix patrimoniaux
appropriés, mais s’abstenir de participer à l’application des décisions.
- Juridique : Droit civil (régimes matrimoniaux, droit de la famille, des biens, des
successions, des obligations, des contrats et des personnes) ; droit commercial, droit
des sociétés commerciales… ;
38
des textes, aucun monopole ne peut être revendiqué par la profession en dehors de celui de
la qualité du diplôme et des atouts distinctifs des experts comptables à l’égard de la
clientèle du conseil en gestion de patrimoine.
39
2.1. Le conseil en gestion de patrimoine et les missions classiques de l’expert
comptable : similitudes et différences
D’un coté, le conseil patrimonial est une extension des missions traditionnelles de l’expert
comptable dans la mesure où il constitue une nouvelle source de chiffre d’affaires et il
emprunte, dans son exécution, les techniques comptables, fiscales, juridiques et financières
à ces missions.
D’un autre coté, le conseil en gestion de patrimoine se différencie des autres missions par
son étendu, la nature de ses clients et son objet. Tout d’abord, le champ d’intervention du
conseiller patrimonial couvre les différentes compétences de l’expert comptable, comme
définies précédemment au niveau du présent mémoire. Ensuite, le conseiller patrimonial
est destiné aux particuliers, principalement chefs d’entreprises, qui sont plutôt aisés ou
encore disposant d’un patrimoine de valeur importante ou dont la gestion est complexe
alors que les autres travaux de l’expert comptable sont réalisés auprès des entreprises.
Enfin, l’objet des missions traditionnelles de l’expert comptable consiste en l’expression
d’une opinion (audit légal, audit contractuel…), la participation à l’élaboration de travaux
(tenue de comptabilité, assistance, organisation…) ou aussi l’information (reporting,
diagnostic…). Dans le cas du conseil patrimonial, l’objet principal de la mission est le
conseil.
Le conseil en gestion de patrimoine est une spécialité, ou encore une profession, dont
l’objet principal est « le conseil » spécialisé en protection, accroissement et mise en valeur
du patrimoine. Le dictionnaire Larousse définit le conseil comme étant un « avis,
indication donnés à quelqu'un par quelqu'un d'autre pour le diriger dans sa conduite, dans
ses actes ; recommandation ». Le conseiller en gestion est défini, par la même source,
comme une « personne, souvent spécialisée, à qui on s'adresse pour avoir un avis sur une
question, dans un domaine précis ».
40
A la différence des missions d’audit, dont l’objet est l’émission d’une opinion ou d’un
jugement, ou des missions de tenue de comptabilité, d’assistance ou d’organisation, qui
supposent une intervention et une implication du professionnel, le conseil en gestion de
patrimoine se limite à la formulation de conseils, dits aussi recommandations, sur la base
d’informations disponibles. Ceci suggère que le conseiller patrimonial conseille son client
à propos des opportunités qui s’offrent à lui, en l’informant sur les conséquences
juridiques, fiscales et financières des solutions suggérées, sans pour autant s’impliquer
dans la réalisation de ces solutions.
2.1.3. Rémunération
41
ces principes, notamment par lettre de mission. Celles de commissariat aux comptes sont
fixées conformément à un barème prévu par la loi49.
A l’échelle internationale, alors que certains organismes (FPSB, AICPA…) prévoient les
rémunérations par commissions, pourcentages ou rétrocessions (une tolérance souvent
conditionnée par une transparence complète vis-à-vis du client), les prescriptions du projet
de norme APES 230 « Financial Advisory Services » semblent être les mieux adaptées au
contexte tunisien en particulier, et au conseil en gestion de patrimoine en général. Cesdites
prescriptions ont fait l’objet de beaucoup d’appréciations à l’échelle internationale.
Le projet de norme APES 230 poursuit un objectif ultime de base, qui est la relation de
confiance qui doit s’établir entre le professionnel et le client. Le projet de norme APES 230
stipule que les honoraires du financial advisor50 ne peuvent être déterminés qu’en référence
au service fourni (qualité et expérience des intervenants, complexité du service, risque,
responsabilité, temps passé…). Toute autre forme de rémunération, notamment par
commissions, pourcentages indexés sur la rentabilité, le total du patrimoine géré… ou toute
commission ou rémunération reçue d’une tierce personne, est interdite. Ces restrictions
visent l’élimination de toute source de conflit d’intérêt, pouvant entacher l’intégrité,
l’objectivité ou l’indépendance du professionnel.
Notre intérêt est d’évoquer les règles de déontologie professionnelle que doit observer
l’expert comptable tunisien dans l’exercice de l’activité de conseiller en gestion de
patrimoine et d’en rappeler les fondements et ce, en application des dispositions
réglementaires nationales et internationales.
49
Arrêté des ministres des finances et du tourisme, du commerce et de l’artisanat du 28 février 2003, portant
homologation du barème des honoraires des auditeurs des comptes des entreprises de Tunisie.
50
Assimilé à un conseiller en gestion de patrimoine dans sa définition, sa démarche et ses champs
d’intervention.
42
A l’échelle nationale, nous nous référons principalement au code des devoirs
professionnels ainsi qu’aux dispositions du code de déontologie des professionnels de
l’IFAC51. En effet, le code des devoirs professionnels fixe les règles de déontologie
professionnelle et constitue la source réglementaire nationale en matière d’éthique. Le code
ajoute dans son article 39 que « les règles d’éthiques professionnelles généralement
admises s’appliquent aux professionnels inscrits au tableau de l’ordre au cas où elles n’ont
pas été prévues par le présent code ». Dans la suite, l’article 40 précise qu’ « au cas où le
professionnel est amené à intervenir en dehors du territoire tunisien, il est tenu d’observer
les règles d’éthiques du pays hôte. Dans le cas contraire, il doit observer les règles
d’éthiques de l’IFAC ».
- Indépendance ;
- Intégrité ;
- Conflits d’intérêts ;
- Objectivité ;
- Communication ;
51
International Federation of Accountants.
43
- Confidentialité et secret professionnel ;
- Comportement professionnel ;
2.2.1. Indépendance
2.2.2. Intégrité
Le FPSB (2011, a) énonce en sus de l’intégrité, le principe d’équité exigeant de fournir aux
clients patrimoniaux ce qu'ils doivent ou devraient s'attendre d'une relation professionnelle.
L’équité inclut l'honnêteté et l’élimination des conflits d'intérêts. Elle suppose en outre la
gestion de ses propres sentiments et préjugés. L’équité suppose par ailleurs que le
professionnel traite les autres de la même manière qu’il veut qu’il soit traité.
Pour l’IFAC, l’expert comptable doit être droit et honnête lors de l’accomplissement de
son service professionnel. Il ne doit pas être associé à des rapports, déclarations,
communications contenant des informations incomplètes, irréfléchies, fausses ou
trompeuses.
44
L’article 3 de la loi n° 88-108 précise par ailleurs que le membre de l’OECT doit jouir de
tous ses droits civiques, ne doit pas faire l’objet d’une condamnation pour crime ou délit
autres qu’involontaires et qui sont de nature à entacher son honorabilité et doit présenter
les garanties de moralité.
Les conseillers en gestion de patrimoine doivent signaler et gérer équitablement tout conflit
d’intérêt (ISO 22222, § 5.2.5).
2.2.4. Objectivité
Le conseiller en gestion de patrimoine doit également, à ce titre, justifier par écrit les
différentes solutions ou préconisations souhaitables et donner au client les moyens
d’exercer librement son choix53.
2.2.5. Communication
Les conseillers en gestion de patrimoine doivent accorder la priorité absolue aux intérêts
légitimes du client (ISO 22222, §5.2.2).
52
Articles 20, 22 et 25 du code des devoirs professionnels.
53
Code d’éthique de l’association française des conseils en gestion de patrimoine certifiés.
54
ISO 22222 (§ 5.2.6).
45
Le code d’éthique et de responsabilité professionnelle du FPSB (2011, a) énonce à ce titre
que le fait d’accorder la priorité aux intérêts du client est une marque de professionnalisme,
exigeant de la part du conseiller en gestion de patrimoine d’agir honnêtement et de ne pas
placer les gains ou les avantages personnels avant les intérêts du client
Pour être certifié ISO 22222, la norme internationale fixe une grille des « exigences
spécifiques relatives aux compétences des conseillers en gestion de patrimoine ». Les
compétences à acquérir par le conseil patrimonial sont fixés avec détail pour chaque
étape de l’exécution de la mission.
(b) agir avec soins et de façon diligente en conformité avec les normes techniques
et professionnelles applicables et faire preuve de prudence et de scepticisme. Le
principe de diligence inclut également le devoir d’information consistant à faire
connaître au bénéficiaire ses droits et obligations et le devoir de conseil consistant à
suggérer au client les décisions qui sont supposées lui être les plus favorables56.
55
Code de déontologie des professionnels de l’IFAC (section 130).
56
Code d’éthique de l’association française des conseils en gestion de patrimoine certifiés.
46
Le FPSB stipule à ce propos qu’une relation de confiance entre le conseiller en gestion de
patrimoine et son client ne peut être construite que sur la base de la compréhension du
principe que les informations du client ne peuvent être divulguées de manière inappropriée.
Les experts comptables doivent respecter les normes techniques et professionnelles lors de
l’exercice de leurs missions. Les articles 21 et 22 du code des devoirs professionnels
imposent aux professionnels de respecter les normes techniques et professionnelles
généralement admises, nationales et internationales, ainsi que les règles d’éthique
généralement admises.
Pour le conseiller patrimonial, expert comptable, il doit respecter les normes généralement
admises en matière de conseil en gestion de patrimoine et, le cas échéant, celles d’une
certification qualité (ISO 22222 par exemple) ou d’un organisme professionnel dans lequel
il est membre (FPSB, CGPC, CIP…).
Disposant d’une formation de base polyvalente, l’expert comptable doit conforter cet atout
par une formation spécialisée en conseil en gestion de patrimoine avant de se lancer dans
cette activité. Il s’agit principalement de troisièmes cycles universitaires. Ces derniers
n’existent pas en Tunisie mais sont très disponibles à l’étranger (France, Grande Bretagne,
57
Article 8 de la loi n°88-108 du 18 août 1988 portant refonte de la législation relative à la profession
d’expert comptable et Article 21 du code des devoirs professionnels.
58
Article 4 du code des devoirs professionnels.
47
Etats-Unis), et nombreuses d’entre elles peuvent être suivies à distance. A ce titre, les
mastères professionnels les plus connus et réputés en France sont les masters ‘gestion de
patrimoine’ de la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion 59 de Clermont-ferrand60,
les masters spécialisés proposés par l’association Dauphine patrimoine 61 de l’université de
Paris Dauphine, ainsi que les masters ‘gestion de patrimoine’ des universités de Jean
Moulin de Lyon62, Michel de Montaigne de Bordeaux et de Toulouse Business School 63 du
groupe ESC Toulouse.
Par ailleurs, le conseil en gestion de patrimoine est défini comme un métier de généraliste,
étant donné qu’il s’agit d’un métier pluridisciplinaire, mais aussi de spécialiste, vu qu’il
nécessite une parfaite maîtrise des connaissances touchant à chaque discipline. Ceci
évoque les réflexions suivantes pour l’expert comptable.
59
www.agpc.net
60
Cette université est une des plus anciennes ayant ouvert ses portes à la formation en gestion de patrimoine
en France. Elle a été fondée en 1986 par le Doyen à l’époque Jean AULAGNIER, constituant un des
acteurs les plus influents dans le métier de conseil en gestion de patrimoine en France.
61
www.dauphinepatrimoine.fr.
62
www.univ-lyon3.fr.
63
www.esc-toulouse.fr.
48
connaissance et assister ses clients chefs d’entreprises dans leurs différentes activités
financières (financement, investissement, ingénierie financière, relations avec les
établissements financiers…). Néanmoins, en tant que conseiller en gestion de patrimoine, il
est supposé avoir une connaissance des différents supports d’investissements (actions
ordinaires, actions préférentielles, obligations, bons de trésor…) ainsi que de leur
rentabilité afin de pouvoir conseiller ses clients sur leur stratégie de diversification
patrimoniale.
Par ailleurs, outre son profil pluridisciplinaire de base, l’expert comptable doit entretenir
son capital de connaissances par des formations continues afin de le maintenir à un niveau
compétitif. En effet, le conseil patrimonial est très sensible aux évolutions de
l’environnement réglementaire et des techniques de travail. La suppression ou l’institution
d’un avantage fiscal peut par exemple modifier toute une étude stratégique du patrimoine
professionnel et/ou privé. Ceci prescrit à l’expert comptable d’être à la page dans tous les
domaines touchant la gestion de patrimoine.
Enfin, Il est généralement conseillé pour les professionnels d’avoir plusieurs années
d’expérience avant d’entreprendre l’activité de conseil en gestion de patrimoine. Ceci est
recommandé par plusieurs auteurs et praticiens vu que l’expérience professionnelle permet
d’enrichir et d’affiner la formation théorique et que les missions de conseil patrimonial
49
constituent des activités complémentaires aux missions traditionnelles de l’expert
comptable et une extension de son portefeuille de travail.
Ces différents niveaux de connaissances sont prescrits par la norme ISO 22222. Comme
nous l’avons cité précédemment, ladite Nome internationale prescrit d’une manière très
détaillée, les exigences requises en matière de compétences à acquérir et d’évaluation de
ces compétences en vue d’accéder au métier de conseiller en gestion de patrimoine en
général et à la certification ISO 22222 en particulier.
Les organisations classiques des cabinets d’expertise comptable doivent être adaptées à
l’exercice des missions de conseil en gestion de patrimoine. Ceci nécessite d’une part la
sélection et la formation des collaborateurs intervenant sur ces missions. Les profils qui
s’annoncent les plus adaptés sont surtout les experts comptables stagiaires et les experts
comptables diplômés, lesquels doivent être encadrés et formés pour les besoins spécifiques
de l’activité de conseil en gestion patrimoniale. La formation de certains collaborateurs du
cabinet présente l’avantage de la polyvalence. Ces derniers peuvent ainsi assurer des
missions classiques mais aussi intervenir sur des dossiers de conseil patrimonial. En outre,
la formation et l’expérience acquise dans ce domaine leur permettent d’intégrer
ultérieurement le marché de conseil en gestion de patrimoine pour leur propre compte et de
contribuer à son développement.
D’autre part, les experts comptables peuvent renforcer la qualité de leur prestation par des
recrutements de professionnels spécialisés ou par des recours à des compétences externes
spécialisées traitant de l’activité de gestion patrimoniale (avocats, gestionnaires de
portefeuille, banquiers…), notamment par voie de groupements. Ceci contribue au
développement d’un cabinet pluridisciplinaire plus compétitif sur ce marché et à répondre,
du mieux possible, aux attentes des clients patrimoniaux.
La démarche patrimoniale est exigeante. Les données à rassembler sur la situation des
clients et sur les caractéristiques des produits et outils comptables, fiscaux, financiers et
juridiques sont nombreuses et chaque analyse patrimoniale implique des calculs multiples
50
et complexes. L’utilisation de l’outil informatique peut donc sembler indispensable dans le
processus d’aide à la décision pour gérer un patrimoine.
L’objectif de ce titre n’est pas de recenser et de faire la promotion des progiciels existants
sur le marché, mais de proposer une approche et des informations pouvant aider l’expert
comptable dans son choix d’un logiciel d’aide au conseil patrimonial. En outre, notre
intérêt se porte uniquement sur les progiciels de gestion globale de patrimoine, lesquels
peuvent apporter une assistance intégrale à l’expert comptable dans sa mission de conseil
en gestion de patrimoine.
La confidentialité est une question importante, voire primordiale pour les clients du conseil
en gestion de patrimoine. Le principe de confidentialité doit rester de plein effet même
après l’achèvement de la mission de conseil patrimonial ou en cas de rupture de cette
mission.
Ceci est d’autant plus important que l’on observe que la quasi-totalité des conseillers en
gestion de patrimoine à l’échelle internationale mettent au premier plan, pour présenter
leurs prestations et attirer de nouveaux clients, le critère de confidentialité, qui est souvent
associé aux notions de confiance, sécurité de l’information ou encore indépendance.
A commencer par le professionnel lui-même, l’expert comptable est tenu par le secret
professionnel, faute de quoi, il engage sa responsabilité. Cet engagement, même s’il n’est
pas formalisé, est de droit et relève des fondements de l’exercice des fonctions de l’expert
comptable. Ce dernier doit être indépendant et libre de tout conflit d’intérêt dans l’exercice
de ses fonctions et est tenu par le respect du principe de confidentialité lui-même et ses
collaborateurs qui interviennent sur tout ou partie de la mission de conseil patrimonial.
Pour ce faire, l’expert comptable doit s’assurer de la sécurité physique et informatique des
informations de son client patrimonial. Tout d’abord, il faut assurer la sécurité des canaux
de transmission de l’information entre le client et l’expert comptable (transferts de
51
documents de main en main, messagerie électronique sécurisée, fax personnel au lieu du
fax du cabinet…). Ensuite, l’expert comptable doit procéder à une sélection rigoureuse du
personnel intervenant sur les missions de conseil en gestion de patrimoine. Ceci doit être
accompagné d’une gestion efficace et des accès et des droits sur le système informatique,
que ce soit pour les dossiers et fichiers patrimoniaux que pour le logiciel de gestion de
patrimoine, le cas échéant. Enfin, l’expert comptable doit mettre en place des politiques et
des outils efficaces de sauvegarde.
La sauvegarde des données est une politique qui est suivie par les cabinets d’expertise
comptable dans l’exercice de leurs missions traditionnelles. Néanmoins, quant il s’agit de
conseil en gestion de patrimoine, cette politique doit être renforcée.
Ensuite, une sauvegarde périodique et à courte fréquence doit être programmée pour les
données informatiques du client patrimonial et ce, notamment, sur des supports
magnétiques externes (disque dur externe, CD ROM, Flash disque…).
La politique de sauvegarde suppose également une gestion stricte des accès aux
renseignements patrimoniaux (serveur, réseau informatique, dossiers, fichiers, logiciels…)
et une limitation des manipulations pour les employés autorisés à accéder à ces
renseignements.
52
les conséquences de leur non respect (De Marsac, 2006). Lesdites conséquences se
traduisent en termes de risques d’exercice de la mission et de responsabilités engagées par
le professionnel dans l’exercice de sa mission.
Pour être efficace, l’expert comptable doit tout d’abord bien comprendre les objectifs
patrimoniaux de son client et faire comprendre à ce dernier l’objectif de sa mission dont
l’essence et le conseil patrimonial. Ensuite, afin de ne pas s’écarter de la démarche qu’il
faut adopter, les diligences techniques à mettre et en œuvre et l’étendu de la mission
doivent être fixés d’un commun accord entre le professionnel et son client. Tout ceci fera
l’objet de la lettre de mission qui sera présentée au niveau de la deuxième partie de ce
mémoire.
A première vue, le conseil en gestion de patrimoine constitue une extension logique des
prestations de l’expert comptable, au sens qu’il constitue une nouvelle source de revenu et
de développement. Néanmoins, l’acceptation de ce type de missions doit être appréhendée
sous un nouvel angle, au risque que les avantages associés deviennent inférieurs aux
risques et coûts qu’elle engendre.
D’un côté, l’expert comptable doit estimer le coût d’introduction de ce type de mission
dans son cabinet, en termes de préalables à mettre en place, consommateurs de ressources
et de temps (formation, personnel, logiciels…). En outre, pour chaque mission de conseil
en gestion de patrimoine, il doit évaluer le coût d’opportunité de l’acceptation puisque ceci
va consommer du temps et de la disponibilité, ce qui peut avoir des conséquences
importantes sur ses activités classiques (audit, organisation, assistance, tenue de
comptabilité).
D’un autre côté, le conseil en gestion de patrimoine constitue un véritable métier à risque
pour l’expert comptable. En effet, ce type de mission ne s’improvise pas. Il nécessite un
véritable apprentissage à travers la formation et l’information (Dissaux, 2002). Un mauvais
conseil en gestion de patrimoine ou la recommandation d’un placement moins performant
53
que les normes moyennes pourrait aboutir à une rupture de la relation ou à une crise de
confiance. L’expert comptable prendrait alors le risque de perdre un client que l’exercice
de son métier d’origine satisfait. Les inconvénients deviendraient ainsi supérieurs aux
avantages et remettraient en question la stratégie de diversification du portefeuille de
prestation de l’expert comptable.
Tout d’abord, l’expert comptable doit, pour préserver ses propres intérêts et celles de son
client, définir les investigations et l’étendu de sa mission au préalable de l’acceptation. Il
doit en outre s’assurer de la coopération du client et documenter ses entretiens et échanges
d’informations avec ce dernier, afin de disposer de la meilleure information sur laquelle il
va asseoir son étude patrimoniale.
54
2.4.4. La responsabilité du conseiller en gestion de patrimoine
a. La responsabilité civile
La responsabilité civile est l’obligation, pour une personne de réparer un dommage subi
par autrui, à la suite d’une faute dont elle est responsable.
L’article 83 du code des obligations et des contrats stipule à ce titre que « chacun est
responsable du dommage moral et matériel qu’il a causé, non seulement par son fait, mais
par sa faute, lorsqu’il est établi que cette faute en est la cause directe ».
Pour apprécier s’il y a faute ou non, il convient tout d’abord d’appréhender les obligations
et diligences par rapport auxquelles on mesure la faute. En matière de conseil en gestion de
patrimoine, le prestataire de services est tenu par des obligations d’information et de
conseil de son client. Le devoir d’information porte sur des faits objectivement vérifiables,
tels que la transmission d’une donnée patrimoniale ou l’indication d’un régime fiscal alors
64
Lefebvre Francis (2007), « Patrimoine 2007-2008 », Les éditions Francis Lefebvre, France.
55
que le devoir de conseil vise davantage à éclairer le client sur l’opportunité des choix à
exercer (De Marsac, 2006).
Les débats issus de la conférence du 7 juin 2006 de l’ordre des experts comptables
français, faisant le point sur la responsabilité de l’expert comptable, ont rappelé qu’il
convient de mesurer le périmètre de l’obligation de conseil, source fréquente de
controverse à l’origine de bien de désaccords. Trois devoirs principaux doivent à ce titre
être respectés : celui d’information, de mise en garde et d’exigence. Si l’expert comptable
ne fournit pas les meilleures informations fiscales et sociales et fait perdre des avantages à
l’entreprise, le manque à gagner pourra lui être reproché (Talamon et al., 2006) 65.
Un autre exemple porte sur un arrêt de la cour d’appel de Rennes du 30 mars 1995
sanctionnant un conseiller en gestion de patrimoine qui avait conseillé à ses clients l’achat
d’immeubles bénéficiant du régime fiscal favorable institué par la loi du 4 août 1962 dite
« loi Malraux », laquelle prévoit la possibilité d’imputer, sur le revenu global, les charges
provenant d’opérations de rénovation immobilières. Les clients avaient réalisé l’opération
conseillée, mais avaient subi, quelques années plus tard, un redressement fiscal au motif
que les investissements réalisés ne remplissaient pas les conditions légales. Le conseiller
en gestion de patrimoine, poursuivi par ses clients, a été finalement condamné à réparer le
65
Talamon E, Alvarez Garzon M.C. et Lampert E. (2006), « Responsabilité civile et pénale de l’expert
comptable », Le francilien des experts comptables, n°54, pp. 10-11.
56
préjudice subi pour ne pas avoir attiré l’attention de ses clients sur les risques liés à
l’investissement proposé. Il se bornait en effet, dans ses lettres confidentielles diffusées à
vanter les mérites de l’investissement « loi Malraux » sans émettre aucune réserve.
Il importe cependant de préciser qu’il est important pour l’expert comptable de souscrire
une assurance responsabilité civile lors de l’exercice des missions de conseil en gestion
patrimoniale, laquelle atténue le risque financier qu’il peut encourir. Cependant, « Ne
serait-il pas plus salutaire de faire appel à la connaissance et à la conscience plutôt que de
se reposer sur l'assurance pour surmonter de telles difficultés ? Améliorer les savoirs
internes plutôt que de s'en remettre aux garanties externes ?67 ».
b. La responsabilité pénale
66
L’ensemble des illustrations relevant de la jurisprudence citée dans le présent titre a été cité par De Marsac
(2006).
67
Biguenet-Maurel C. (2006), « Le devoir de conseil des notaires », Thèse, France, cité dans Jean Guy
Pécresse (2010), « Conseil en gestion de patrimoine : une jeune activité en devenir », www.net-iris.fr.
57
Exercice illégal de la profession
Les infractions qualifiées de terroristes et celles de blanchiment d’argent sont définies par
la loi n° 2003-75 du 10 décembre 2003, relative au soutien des efforts internationaux de
lutte contre le terrorisme et à la répression du blanchiment d'argent. Ces infractions
L’article 62 de ladite loi définit le blanchiment d’argent comme étant « tout acte
intentionnel qui vise par tout moyen à la justification mensongère de l'origine illicite des
biens meubles ou immeubles ou des revenus résultant directement ou indirectement d'un
délit ou crime. Constitue également un blanchiment de biens, tout acte intentionnel ayant
pour but le placement, dépôt, dissimulation, administration, intégration ou conservation du
produit résultant directement ou indirectement d'un délit ou crime ou d'apporter son
concours à ces opérations ». Cette définition s’applique sur les infractions commises aussi
bien sur le territoire tunisien que sur un territoire étranger.
Les infractions qualifiées de terroristes et blanchiment d'argent sont réprimées par la loi
2003-75 du 10 décembre 2003 et par le code pénal.
58
Abus de confiance et escroquerie
Les professionnels qui commettent de telles infractions sont exposés aux sanctions pénales
des articles 291 à 302 du code pénal.
Infractions fiscales
Les conseillers en gestion de patrimoine sont autorisés à conseiller leurs clients sur les
choix d’optimisation fiscale sans pour autant que ceci ne conduise à proposer délibérément
des conseils menant à commettre des infractions ou fraudes fiscales, faute de quoi, ils
seront exposés aux sanctions de l’article 101 du code des droits et procédures fiscaux.
Ce dernier stipule que sont punis d'un emprisonnement de seize jours à trois ans et d'une
amende de 1.000 dinars à 50.000 dinars toute personne qui a :
c. La responsabilité disciplinaire
Pour ce qui est des experts comptables, ils sont soumis aux pouvoirs disciplinaires de
l’OECT. L’article 27 de la loi n°88-108 du 18 août 1988 portant refonte de la législation
relative à la profession d’expert comptable prévoit qu’il est institué auprès de l’ordre une
chambre de discipline chargée notamment de sanctionner les infractions à la
réglementation professionnelle et au règlement intérieur de l’ordre et, en général, toutes
infractions à l’une quelconque des règles de l’ordre. Les sanctions susceptibles d’être
prononcées par la chambre de discipline, suivant la gravité de la faute sont :
- L’avertissement ;
- Le blâme écrit adressé à l’intéressé ;
59
- La suspension de l’ordre, de un à cinq ans ;
- La radiation du tableau de l’ordre.
60
Conclusion de la première partie
La présente partie a eu pour objectif d’introduire notre sujet d’étude, qu’est le métier de
conseiller en gestion de patrimoine. Nous avons procédé à ce titre à la définition des
notions de patrimoine et de conseil en gestion patrimoniale. Nous avons essayé ensuite de
présenter un état des lieux de l’évolution et de l’état du marché de conseil en gestion de
patrimoine ainsi que de la réglementation y afférentes.
Notre intérêt s’est porté dans un second chapitre sur la manière dont les professionnels, en
particulier les experts comptables, peuvent intégrer cette spécialité. Nous avons présenté à
ce titre les spécificités du conseil en gestion de patrimoine pour les experts comptables, les
droits et contraintes ainsi que les préparatifs à mettre en place pour l’exercice de ce type
d’activités.
Dans ce cadre, l’expert comptable s’identifie parmi ses concurrents comme étant le mieux
placé pour dominer le marché de conseil en gestion de patrimoine, un marché encore
vierge en Tunisie. Ceci revient principalement à la structure et l’organisation de leur
profession et à leur proximité aux principaux clients patrimoniaux que sont les chefs
d’entreprises. Les experts comptables disposent en outre de très bons atouts liés à leurs
compétences dans les domaines clés de la comptabilité, la finance, le juridique et la
fiscalité.
L’ordre des experts comptables de Tunisie doit néanmoins, à l’image de ses homologues
dans les pays développés (Etats-Unis, Grande Bretagne, Canada, France, Australie,
Chine…) œuvrer et veiller au développement de la spécialité de conseil en gestion de
patrimoine auprès de ses membres et revendiquer la position de leader sur ce marché. Ceci
est encore plus pressant en considérant que d’autres organismes professionnels en Tunisie,
notamment les organismes financiers et les avocats, ont entamé une démarche de
développement et de sensibilisation quant à cette spécialité.
61
DEUXIÈME PARTIE : MISE EN ŒUVRE DE LA MISSION DE
GESTION DE PATRIMOINE PAR L’EXPERT COMPTABLE EN
TUNISIE
62
Les principales étapes de la mission, qui seront développées dans la suite de ce chapitre,
consistent en :
L’expert comptable doit être diligent et respecter soigneusement les règles d’éthique
professionnelle régissant les missions de conseil en gestion de patrimoine, lors de
l’accomplissement de chaque étape car la faiblesse d’un élément met en cause la qualité de
l’ensemble.
63
Chapitre I : Acceptation de la mission, recueil des données et tenue
de la comptabilité patrimoniale
1. L’acceptation de la mission
A l’issue de cette étape, le conseiller patrimonial et son client doivent s’accorder sur les
termes de la mission et établir un écrit d’acceptation.
La démarche générale adoptée par l’expert comptable dans ses missions classiques prescrit
à ce dernier de mettre en œuvre les investigations nécessaires qui lui permettent une
évaluation préliminaire des risques de la mission (indépendance, intégrité du client, risque
inhérent…) et de sa capacité à bien mener cette mission. Nous en citons notamment les
prescriptions de la norme internationale d’audit ISA 315 « Connaissance de l’entité et de
son environnement et évaluation du risque d’anomalies significatives ».
Tout d’abord, durant ses premiers rendez-vous avec le client patrimonial, l’expert
comptable doit être attentif et collecter toute information pouvant affecter ses décisions et
l’exécution ultérieure de la mission. Outre les informations à caractère comptable,
financier, fiscal et juridique, le conseil patrimonial doit réunir et apprécier les informations
qui lui permettent de juger l’intégrité et l’honnêteté de son client ainsi que l’impact que
64
peut avoir l’acceptation de la nouvelle mission sur le respect des règles d’éthique
professionnelle, notamment celles relatives à son indépendance.
En conséquence, il importe de souligner le fait que l’expert comptable doit bien apprécier
l’intégrité et l’honnêteté du client patrimonial. Cette étape se situe en amont de
l’engagement et du commencement des travaux afin d’éviter qu’on soit placé
ultérieurement dans une situation embarrassante ou associé à des états ou rapports d’un
client malhonnête.
65
comptable peut ainsi mener une enquête préliminaire sur l’individu en s’informant auprès
de l’expert comptable précédent, le cas échéant, et consulter les avocats, les banquiers, ou
d’autres personnes ayant avec le client des relations d’affaires. Les informations collectées
s’ajoutent à celles réunies lors des entretiens préliminaires avec le client lui permettant de
juger de son intégrité.
Il est également utile à l’expert comptable d’informer le client sur la nature des
investigations potentielles qui pourraient être mise en œuvre à cette occasion pour ne pas
porter atteinte à la relation de confiance entre les deux parties.
En effet, la tenue d’une comptabilité des particuliers n’étant pas de nature obligatoire, il
arrivera fréquemment que les particuliers n’auraient pas tenu de registre complet de leurs
affaires ; l’expert comptable doit alors déterminer s’il lui faudra faire certains travaux de
recherche avant de réunir toute l’information dont il aura besoin, auquel cas, il doit porter
ce fait à l’attention du client éventuel pour éviter à ce dernier toute surprise désagréable
(Dissaux, 2002).
66
Le conseiller en gestion de patrimoine considère s’il, ou son personnel, ont les capacités
appropriées, les compétences et la connaissance pour satisfaire les objectifs du client, ou
encore s’il a le temps nécessaire pour mener à bien la nouvelle mission en considération du
cahier des charges du cabinet (FPSB, 2011 b, § 1.2).
A l’issue des entretiens et des investigations préliminaires, les objectifs, besoins et priorités
du client patrimonial doivent être spécifiés, finalisés et clairement identifiés et compris par
le professionnel.
Les termes et objectifs convenus entre le professionnel et son client patrimonial doivent
être relatés clairement au niveau de la lettre de mission.
68
Annexe 1.
67
En combinant les différentes dispositions nationales et internationales régissant la
profession d’expertise comptable en Tunisie et la spécialité de conseil patrimonial, la lettre
de mission en matière de conseil en gestion de patrimoine doit définir les points suivants :
Les informations supplémentaires suivantes peuvent aussi être incluses dans la lettre de
mission :
69
Le rôle du conseiller en gestion de patrimoine se limite à une prestation de conseil et d’information sans
intervenir ultérieurement dans la gestion du patrimoine du client.
68
1. La possibilité de recourir à des professionnels indépendants dans d’autres
domaines ;
A l’image des autres missions menées par l’expert comptable, ce dernier doit tenir au titre
de chaque mission de conseil en gestion de patrimoine un dossier technique archivant les
informations et documents du client patrimonial ainsi que les travaux effectués 70. Ces
documents peuvent être répartis entre un dossier permanent et un dossier de travail annuel.
70
Article 25 du code des devoirs professionnels.
69
2.1.1. Dossier permanent
Le dossier permanent contient les informations qui ont un intérêt permanent, par
opposition aux dossiers de travail annuels qui contiennent des informations concernant
essentiellement les travaux d'un seul exercice. Les informations archivées dans le dossier
permanent doivent être actualisées au titre des missions récurrentes.
71
Compte Epargne en Actions.
70
2.1.2. Dossier annuel
Le conseiller en gestion de patrimoine doit consigner dans ses dossiers annuels toutes les
informations relatives à la planification de la mission, à la nature, au calendrier et à
l'étendue des procédures effectuées, ainsi que le résultat de ces procédures et les
conclusions auxquelles il est parvenu à partir des éléments probants collectés.
Il est à ce titre utile pour l’expert comptable de classer les informations et pièces
justificatives recueillies et les travaux effectués par type ou volet de la mission :
- Comptable ;
- Fiscal ;
- Juridique ;
- Finance ;
- Charges et produits courants ;
- Engagements hors bilan.
Ceci n’exclut pas les diligences que doit mettre en œuvre le conseil patrimonial pour
collecter des informations de source externe. Néanmoins, les informations externes restent
de portée limitée et ne peuvent que compléter et étayer les observations du professionnel.
71
discute cette question avec le client, en lui expliquant comment ceci impacte et limite
l’étendu de ses travaux. Ces limitations pourraient aboutir à une révision de l'engagement
initial ou à une rupture de l'engagement.
Au cours des entretiens avec le client, des sujets très variés sont abordés, parfois de
manière anarchique. Le questionnaire de prise de connaissance poursuit à ce propos deux
objectifs principaux :
- garantir que tous les éléments nécessaires à la réalisation de l’étude seront demandés
au client (informations et documents) (Bosschère, 2003).
Quelque soit la nature du patrimoine immobilier, les diligences suivantes doivent être
accomplies par l’expert comptable :
72
Un exemple du questionnaire de prise de connaissance est fourni en annexe 2 du présent mémoire.
72
- Déterminer la consistance du bien (ancienneté, localisation, superficie, prix
d’acquisition…) ;
- Evaluer les charges de gestion (assurance, entretien…) ;
- Etablir l’état des engagements et des contraintes (crédits immobiliers,
hypothèques…) ;
- Déterminer les horizons d’exploitation du bien (détention de la propriété, location,
cession, exploitation).
L’immobilier d’usage est un bien qui est utilisé par son propriétaire pour ses besoins
personnels. Il est constitué principalement de la résidence principale du particulier, de ses
résidences secondaires ainsi que de petites exploitations notamment des terres agricoles,
utilisées pour des besoins propres.
L’immobilier de rapport est constitué par les biens générateurs de revenus (loyer,
exploitation agricole, plus-value de cession…).
L’évaluation des biens immobiliers de rapport se fait à leur juste valeur mais aussi à leur
valeur d’utilité compte tenue des revenus qu’ils génèrent.
Le conseil patrimonial est amené également à déterminer le régime fiscal des revenus issus
de ces biens et le cas échéant, le régime juridique des contrats y relatifs.
Le patrimoine mobilier est constitué des biens meubles du particulier, non affectés à un
patrimoine professionnel. Ces biens peuvent être :
73
- les bijoux ;
- les œuvres d’art et pièces de collection ;
- les animaux de compagnie ou de concours.
L’expert comptable collecte les pièces justificatives qui justifient la propriété de ces biens
par le client. A défaut, il se base sur l’état d’inventaire de ces biens fourni par le client,
notamment au niveau du questionnaire de prise de connaissance.
Les biens meubles sont évalués à leur juste valeur. Le prix d’acquisition, la valeur
d’assurance, le prix du marché et les évaluations effectuées par des experts constituent des
éléments de référence pour la détermination de la valeur d’usage.
Il convient par ailleurs de préciser que certains éléments, notamment des œuvres d’art, des
pièces de collection et certains biens meubles, ont essentiellement une valeur dite affective
ou sentimentale au regard de leur propriétaire. Le placement ou la liquidation, étant très
peu probable, ne permet pas leur évaluation par rapport à la valeur ajoutée qu’ils peuvent
apporter au patrimoine du particulier. De ce, leur inclusion dans la situation patrimoniale
reste de nos jours sujet de discussion.
Le conseil patrimonial cerne avec précision le patrimoine financier de son client ainsi que
les pièces justificatives correspondantes. Les composantes du patrimoine financier sont :
Ces dépôts peuvent être de simples comptes courants bancaires, des comptes assortis de
certaines conditions (comptes bloqués, comptes spéciaux d’épargne…) ou des comptes
ouverts dans le cadre de la législation relative aux avantages fiscaux (Compte d’Epargne
en Actions, Compte d’épargne pour l’investissement…).
74
- la collecte et l’examen du détail des mouvements de ces comptes (relevés
bancaires) ;
- la détermination du taux de rémunération de ces dépôts.
Les titres financiers sont constitués par les actions ordinaires et parts sociales, les
obligations, les bons de souscription et les titres assortis de régimes particuliers (actions à
dividende prioritaires, titres participatifs, certificats d’investissements, certificats de droits
de droits de vote, parts de fonds communs de placement, parts de fonds communs de
créance, parts de fonds d’amorçage, actions SICAV, actions SICAR…).
75
recevoir…) : origine, garanties reçues, collecte des pièces justificatives, échéancier
de remboursement…
73
Petites et moyennes entreprises.
76
2.2.7. L’état des passifs et des engagements
Les passifs constituent des éléments du patrimoine ayant une valeur économique négative
pour le particulier, c'est-à-dire une obligation à l'égard d'un tiers dont il est probable ou
certain qu'elle provoquera une sortie des ressources au bénéfice de ce tiers.
Le passif peut être lié à un actif patrimonial (fiscalité latente, dette fournisseur, crédit
leasing…) comme il peut résulter d’un engagement personnel du particulier (crédit
bancaire, crédit auprès de particuliers, litiges, versements de pensions, dettes fiscales et
sociales…). Dans tous les cas, l’expert comptable collecte les pièces justificatives et
informations concernant notamment :
- l’origine de la dette ;
- les garanties concédées ;
- le cas échéant, les taux et tableau d’amortissement ;
- l’exigibilité des montants à reverser ;
- l’effet fiscal de la dette ;
- l’affectation de la dette (privée ou professionnelle).
Outre les composantes actuelles du patrimoine, il est nécessaire que le conseil patrimonial
cerne avec précision les éléments dits de « hors bilan » constituant tout élément susceptible
d’impacter, à la hausse ou à la baisse, la valeur du patrimoine sur le court, moyen ou long
terme.
Ces éléments sont composés principalement des droits sociaux à la retraite (régime et
cotisations sociales, assurance complémentaire…), des droits à d’autres rentes ou pensions,
des contrats potentiels d’assurance-vie, des litiges courants devant les tribunaux, des
cautions accordées ou reçues. Le conseiller en gestion de patrimoine collecte les
informations et pièces justificatives sur ces éléments et détermine leur impact futur sur la
situation patrimoniale de son client.
Il est par ailleurs nécessaire dans ce cadre d’examiner l’impact du groupe familial sur la
structure et l’évolution du patrimoine du client. Il est par exemple inutile de conseiller à un
client d’investir dans l’immobilier alors qu’il s’apprête à hériter d’un patrimoine
immobilier important de ses parents.
77
FIGURE 2 : Notion du groupe familial
3. La comptabilité patrimoniale
78
3.1. Les conventions et principes de la comptabilité des particuliers
L’entité patrimoniale est constituée par le(s) patrimoine(s) d’un individu ou groupe
d’individus représentant le périmètre de la mission de conseil en gestion de patrimoine.
Elle est définie en fonction des objectifs de la mission ainsi que des contraintes juridiques,
financières et fiscales imposées au client patrimonial.
74
La mission peut aboutir à dresser plusieurs bilans patrimoniaux pour les différenties personnes de l’entité
patrimoniale.
79
Autres tiers
Enfants
mineurs/majeurs
Contraintes juridiques, financières et fiscales Conjoint Objectifs de la mission
Client patrimonial
Dans tous les cas, le conseiller en gestion de patrimoine et son client doivent convenir dès
l’acceptation de mission l’entité patrimoniale et matérialiser ceci au niveau de la lettre de
mission.
Alors que le système comptable des entreprises s’astreint à retenir le modèle de coût
historique comme seule base de l’évaluation des actifs et passifs des entreprises, le
référentiel comptable international de l’IASB75 retient, en sus du coût historique, la
possibilité d’évaluer certains biens à leur juste valeur (immobilisations corporelles et
75
International Accounting Standards Board.
80
incorporelles, immeubles de placement, actifs biologiques, actifs détenus en vue de leur
vente…). L’IASB a publié récemment, en date du 12 mai 2011, à cet effet la norme
spécifique IFRS76 13 « Evaluation à la juste valeur »77.
La juste valeur est définie par IFRS 13 comme étant « le prix qui serait reçu pour la vente
d’un actif ou payé pour le transfert d’un passif lors d’une transaction ordonnée entre des
intervenants du marché à la date d’évaluation (un prix de sortie) ». IFRS 13.38 ajoute
ensuite que les techniques d’évaluation utilisées pour déterminer la juste valeur doivent
être cohérentes avec l’approche par le marché, l’approche par le résultat ou l’approche par
les coûts. Les principaux aspects de ces trois approches sont résumés ci-après :
L’approche par le marché : L’entité se fonde sur les prix et d’autres informations
pertinentes générées par des transactions de marché sur des actifs, des passifs, ou des
groupes d’actifs et de passifs identiques ou comparables (similaires) ;
L’approche par le résultat : L’entité convertit les montants futurs (comme des
flux de trésorerie ou des produits et charges) en un montant unique actualisé ;
L’approche par les coûts : L’entité détermine une valeur qui reflète le montant qui
serait actuellement requis pour remplacer la capacité de service d’un actif (souvent
appelé coût de remplacement actuel).
76
International Financial Reporting Standards.
77
L’IFRS 13 définit la juste valeur, établit un cadre pour l’évaluation de la juste valeur et impose de fournir
des informations sur les évaluations de la juste valeur
78
Dissaux (2002) se réfère aux estimations d’un groupe de travail, sur le conseil en gestion de patrimoine,
composé d’experts comptables et de professionnels spécialisés en gestion de patrimoine, qui a été constitué
en 1998 à l’initiative du conseil supérieur de l’Ordre des experts comptables de France.
81
3.1.4. La comptabilité d’engagement
La comptabilité d’engagement suppose que les effets des transactions et autres événements
sont pris en compte dès que ces transactions ou événements se produisent et non pas au
moment des encaissements ou paiements. L'information financière, à l'exception de
l'information contenue dans l'état des flux de trésorerie, ainsi établie, renseigne les
utilisateurs, non seulement sur les transactions passées ayant entraîné des flux de liquidité,
mais également sur des obligations et autres événements entraînant des encaissements et
des paiements futurs79.
C’est ce principe de comptabilité d’engagement qui doit être retenu comme hypothèse
fondamentale pour la tenue de la comptabilité patrimoniale des particuliers. Néanmoins,
l’expert comptable peut être amené à utiliser, en cours de réalisation de la mission,
l’approche de comptabilité de trésorerie pour cerner les recettes et dépenses courantes de
son client et autres flux, pour lesquelles il n’existe pas le plus souvent de pièces
justificatives. Si tel est le cas, les flux ainsi comptabilisés, doivent être ensuite ajustés pour
tenir compte des engagements du particulier non encore encaissés ou décaissés.
Outre les principes énoncés ci-dessus, l’expert comptable observe, lors de la tenue de la
comptabilité patrimoniale et de l’établissement des états financiers du particulier, les autres
principes généralement admis de la comptabilité, tels qu’énoncés par le cadre conceptuel
de la comptabilité (CCC). Ces principes relèvent notamment :
79
§36 du décret n° 96-2459 du 30 décembre 1996, portant approbation du cadre conceptuel de la
comptabilité.
82
3.2. Les composantes de la situation patrimoniale
Les composantes de la situation patrimoniale sont les actifs, passifs, la situation nette
patrimoniale, les charges et les produits patrimoniaux.
L'actif est constitué par les ressources économiques obtenues ou contrôlées par l'entreprise,
à la suite d'événements ou de transactions passés, à même d'engendrer des avantages
économiques futurs au bénéfice de l'entreprise ayant un potentiel de générer directement ou
indirectement des flux positifs de liquidité ou d'équivalent de liquidité ou de réduire la
sortie de fonds (CCC, §.51).
Un actif est pris en compte dans le bilan lorsqu'il est probable que des avantages
économiques futurs bénéficieront à l'entreprise et que l'actif a un coût ou une valeur qui
peut être mesuré(e) d'une façon fiable (CCC, §.52).
83
3.2.2. Les passifs
Le passif est constitué par les obligations actuelles de l'entreprise, résultant de transactions
ou d'événements passés, nécessitant probablement le sacrifice ou le transfert futur à
d'autres entités de ressources représentatives d'avantages économiques (CCC, §.53).
Un passif est pris en compte dans le bilan lorsqu'il est probable qu'un transfert de
ressources économiques résultera du règlement de l'obligation à la charge de l'entreprise, et
que le montant de ce règlement peut être mesuré d'une façon fiable (CCC, §.54).
La situation nette patrimoniale représente l'intérêt résiduel dans les actifs de l'entité, après
déduction de tous ses passifs, correspondant ainsi aux capitaux propres en termes de
comptabilité commerciale.
Elle reflète la valeur nette du patrimoine évaluée à sa juste valeur, incluant ainsi les
corrections de valeur de la situation patrimoniale, majorée ou réduite de l’excédent ou du
déficit de l’année, respectivement.
Les charges sont soit les sorties de fonds ou autres formes d'utilisation des éléments d'actif,
soit la constitution de passifs (soit les deux) (CCC, §.60). Elles sont prises en compte
84
lorsqu'une diminution d'avantages économiques futurs, liée à la diminution d'un actif ou à
l'augmentation d'un passif, s'est produite et qu'elle peut être mesurée de façon fiable (CCC,
§.61).
Les charges se composent essentiellement des :
charges de personnel ;
Les revenus sont soit les rentrées de fonds ou autres augmentations de l'actif d'une
entreprise, soit l’extinction des dettes de l'entreprise sans diminution d’actif (soit les deux)
(CCC, §.56). Ils sont généralement pris en compte lorsqu'une augmentation d'avantages
économiques futurs, liée à une augmentation d'actif ou à une diminution de passif, s'est
produite et qu'elle peut être mesurée de façon raisonnable (CCC, §.57).
produits financiers (intérêts reçus, gain de change, produits nets sur cession de
valeurs mobilières) ;
85
3.3. Définition d’un plan comptable
Il importe cependant de noter que le conseil supérieur de l’ordre des experts comptables de
France a développé, dans le cadre de ses travaux pour la promotion des missions de conseil
de gestion de patrimoine auprès de ses membres, une « nomenclature comptable pour le
particulier ». Ladite nomenclature est présentée selon les mêmes principes et comprend les
mêmes classes de comptes (sauf la calasse 3 : Comptes de stocks) énoncés au niveau du
référentiel comptable national, à savoir :
Les états financiers du particulier comprennent les mêmes états retenus en matière de
comptabilité commerciale, à savoir : le bilan, l’état de résultat, l’état de flux de trésorerie et
les notes complémentaires.
86
Il ne s’agit pas à ce niveau de reprendre l’ensemble des règles régissant la préparation et la
présentation des états financiers, mais plutôt d’évoquer les spécificités de la comptabilité
patrimoniale des particuliers.
Les états financiers du particulier représentent aussi bien une base pour la conduite de la
mission de conseil en gestion de patrimoine qu’un compte rendu de la mission.
SITUATION PATRIMONIALE
ACTIFS NON COURANTS
NETTE
TOTAL TOTAL
87
Lorsque l’étude patrimoniale inclut, outre le patrimoine du client, le patrimoine du
conjoint, des enfants ou d’autres parties, il est essentiel de présenter les valeurs par
catégorie du patrimoine de chacune des parties dans une colonne distincte et ce, en sus du
total global du patrimoine géré.
Période allant du
ETAT DE RESULTAT Notes 01/01 au 31/12
(N) (N-1)
PRODUITS COURANTS
Train de vie
Autres charges patrimoniales
Charges de personnel
Charges financières
Charges fiscales et sociales
Dotations aux provisions
RESULTAT DES ACTIVITES COURANTES
Charges exceptionnelles
Produits exceptionnels
88
RESULTAT DE LA PERIODE
Il importe de préciser que la recherche d’informations sur les flux patrimoniaux ne doit pas
détourner l’expert comptable de l’objet principal de la mission. Ce volet peut prendre trop
de temps vue la nature incernable de certaines dépenses (notamment les charges courantes
de train de vie). L’identification des produits patrimoniaux est le plus souvent accessible,
l’expert comptable essai d’un autre côté de cerner les différentes charges patrimoniales
(Education, loyers, honoraires, charges de personnel, charges financières…) avec assez de
précision, mais les autres dépenses de train de vie (charges domestiques courantes,
habillement, nourriture, santé, transport, entretien…) peuvent être déterminées par simple
soustraction.
L'état des flux de trésorerie patrimonial renseigne sur la manière avec laquelle le particulier
a obtenu et dépensé des liquidités.
Pour plus de clarté et de pertinence, Il est utile de dissocier entre les flux de trésorerie
provenant des opérations courantes, les flux de trésorerie provenant des opérations
d’investissement et les flux de trésorerie provenant des opérations de financement.
Une note sur les bases de mesure et les principes comptables pertinents
appliqués ;
89
Des informations afférentes au détail des éléments figurant dans le corps des états
financiers80;
80
Une indication de la forme de détention des actifs (Pleine propriété-Nue propriété-Usufruit) est dans ce
cadre nécessaire.
90
Chapitre II : La réalisation de l’étude patrimoniale
1. Le diagnostic patrimonial
De premier abord, l’expert comptable doit procéder à une revue de la valorisation des
différentes composantes du patrimoine. Si la valeur de certains éléments, comme les dépôts
bancaires ou les biens mobiliers et immobiliers acquis à des dates récentes, est facile à
déterminer, celle relative à d’autres biens, notamment immobiliers et financiers devant être
évalués à leur juste valeur, nécessite des connaissances particulières et le recours à des
experts spécialisés. Ce travail est aussi bien nécessaire pour le diagnostic financier que
pour la comptabilité patrimoniale.
Ensuite, il est très utile de dresser un bilan financier du patrimoine pour pouvoir fonder un
jugement sur la situation de son client à un instant donné. L’expert comptable procède à
l’analyse de la composition des éléments d’actif et de passif et à une analyse financière par
les ratios afin de déterminer si la situation de son client est conforme aux objectifs de ce
dernier et au niveau de risque acceptable par lui. L’identification des éventuels
91
déséquilibres du patrimoine global se fait en référence aux indicateurs d’analyse :
rentabilité, liquidité, risques…
Cas d’illustration
Actifs % CP et passifs %
Commentaires :
- Le risque global du patrimoine est très associé au risque professionnel, principale composante
de ce patrimoine ;
- Le niveau de liquidité est faible : Le client peut se trouver dans des difficultés pour faire face à
ses engagements à court terme (passifs courants, impôts, train de vie…) et/ou à des imprévus ;
- Le taux d’endettement est très faible et ainsi, la capacité d’endettement du patrimoine est très
importante (Ceci doit être complété par une analyse de la structure d’endettement du patrimoine
professionnel et de l’existence d’éventuels engagements du patrimoine privé à l’égard du
patrimoine professionnel).
Cette analyse doit être complétée par une analyse de l’équilibre budgétaire du client.
Au plan patrimonial, le travail d’analyse sur les budgets est une source de diagnostic
extrêmement riche d’enseignements. De manière générale, faire parler les budgets c’est
détecter et chiffrer les éventuels risques de déficit selon différents scénarios. Chiffrer ces
déficits va permettre d’évaluer les enjeux et d’apporter des solutions chiffrées et
92
cohérentes. Il faut établir les grandes masses du budget qui est d’actualité au jour de
l’étude patrimoniale en tenant compte d’évolutions prévues à court ou moyen terme de
façon certaine (modification en valeur de certaines postes du budget, augmentation de
revenus significative…) (Dosik, 2007, p. 84). L’auteur schématise le budget de la façon
suivante :
DÉPENSES RESSOURCES
L’analyse budgétaire doit comporter une analyse de la structure des emplois et des
ressources, leur régularité ainsi que leur évolution. Le budget patrimonial fait l’objet
également de simulations (faire évoluer le budget dans le temps) en fonction des objectifs
du client et de ses projections.
A travers le diagnostic fiscal du patrimoine, l’expert comptable doit tout d’abord apprécier
le risque fiscal global attaché au patrimoine de son client (redressements fiscaux antérieurs
ou en cours, litiges, non respect de certaines obligations fiscales…). Certains problèmes
identifiés peuvent porter atteinte au bon déroulement de la mission ou aboutir même à une
remise en cause de l’intégrité du client.
93
obligation de réaliser un investissement avant l’expiration d’un délai imparti…) et de
déterminer la catégorie et les taux d’imposition des revenus du client patrimonial.
Enfin, l’expert comptable doit évaluer le poids de la fiscalité sur le patrimoine et les
revenus du client. Cette analyse globale, se traduisant par le calcul du taux de pression
fiscale du contribuable, risque néanmoins d’être insuffisante. Il est opportun en effet de
déterminer, lorsque le client dispose de plusieurs sources de revenus, du taux marginal
d’imposition spécifique à chacune des catégories de revenus. De plus, l’expert comptable
détermine la fiscalité latente attachée aux revenus et autres éléments du patrimoine de son
client compte tenu de sa situation actuelle et des options de développement possibles.
Ces analyses s’étendent également aux patrimoines des membres de la famille du client et,
en général, toute personne qui pourrait être concernée par la stratégie patrimoniale. En
effet, on ne peut prétendre à une stratégie patrimoniale optimale sans prendre en
considération la situation des personnes concernées par la transmission, la donation ou
encore le développement du patrimoine du client.
Le diagnostic fiscal de la situation patrimoniale du client doit être mené avec assez de
précision. Les analyses critiques et les conclusions de cette étape constituent en effet
l’assise de l’évaluation de la situation fiscale du client ainsi que de l’optimisation fiscale,
constituant un volet essentiel de la stratégie patrimoniale.
Le diagnostic juridique doit porter aussi bien sur la situation personnelle et familiale du
client que sur la composition de son patrimoine.
94
conséquences sur la répartition du patrimoine familial. En droit tunisien, le régime
applicable par défaut est celui de la séparation des biens. Cependant, les époux peuvent au
moment de la conclusion du mariage ou à une date ultérieure prévoir le régime de la
communauté des biens (dispositions de la loi n° 98-91 du 9 novembre 1998, relative au
régime de la communauté des biens entre époux)81.
Enfin, l’expert comptable analyse la situation, le risque et les contraintes juridiques des
composantes du patrimoine. Outre le risque provenant des affaires en justice courantes et
impliquant une partie du patrimoine, le risque juridique peut provenir de la nature même de
la forme avec laquelle son client exerce son activité professionnelle. Exercer en personne
physique ou en associé d’une société de personnes rend le patrimoine privé indivisaire du
patrimoine professionnel pour répondre à l’ensemble des dettes sociales du particulier. De
plus, le conseiller patrimonial étudie la forme de détention des actifs patrimoniaux (pleine
propriété, usufruit, nue-propriété) et détermine s’il y a des contraintes juridiques attachées
à certains éléments du patrimoine (hypothèques, nantissement, caution solidaire…). Cette
analyse impactera ultérieurement la réalisation de l’étude patrimoniale.
81
Mais, dans certaines circonstances, un autre régime matrimonial de droit étranger peut être applicable en
Tunisie.
82
Par gestion des participations, nous entendons la gestion des titres et parts détenus par le client patrimonial,
non pas à des fins de placement, mais dans les affaires qu’il dirige ou les entreprises occupant une place
stratégique dans son patrimoine professionnel.
95
différentes (volatilité ; liquidité ; complexité de gestion ; valeur ; enjeux juridiques,
financiers et fiscaux…).
Avant d’entamer ses réflexions stratégiques sur le patrimoine professionnel de son client,
l’expert comptable analyse un certain nombre de points relevant notamment :
96
- de l’âge et la formation des enfants du client ou des autres membres de la famille à
qui pourrait éventuellement être effectuée la transmission de l’activité
professionnelle.
1.5.1. Rentabilité
La rentabilité d’un patrimoine est composée, à la fois, du revenu qu’il dégage et des gains
en capital latents (plus-values latentes) qu’il permet de dégager sur un horizon déterminé.
Les gains en capital latents sont évalués par rapport à la valeur de l’investissement initial et
seront réalisés en cas de cession de l’investissement en question.
Les rendements du patrimoine doivent également être appréciés par rapport à la période sur
laquelle les rendements sont obtenus (actualisation). Ils doivent aussi être appréciés en
tenant compte du coût fiscal supporté (revenu réalisé) ou latent (fiscalité différée pour les
gains latents).
Ainsi, l’expert comptable tient compte de la fiscalité supportée par chaque type de revenu
(IRPP, IS, retenue à la source…), ou gain (impôt sur le plus value immobilière ; impôt sur
le plus-value de cession des actions et des parts sociales…) ainsi que des avantages fiscaux
qu’il peut faire bénéficier à son client (Compte d’épargne en actions, compte d’épargne
pour l’investissement, transmission d’entreprises, dégrèvement financier, exonération de
certains revenus…).
1.5.2. Risque
97
En matière de gestion de patrimoine, le risque est apprécié en fonction de la volatilité de la
performance de l'investissement (valorisation et/ou revenus générés), mesurée par l’écart
type de cette performance (moyenne des écarts par rapport à la moyenne des
performances). Plus un investissement est volatile, plus sa valeur et/ou les revenus qu’il
génère sont sensibles aux bonnes et mauvaises nouvelles.
Le risque financier : les sources du risque financier sont multiples. C’est tout
d’abord, le risque de variation en capital ou en revenus. C’est aussi le risque de non
recouvrement d’une créance : l’épargnant est à la merci d’une défaillance de la
contrepartie d’une opération notamment dans les marchés de gré à gré.
La défaillance du dépositaire d’un actif, bien que peu probable, est aussi à prendre en
compte (l’exemple des difficultés financières du North African International Bank au
cours de la guerre civile en Lybie).
Le risque de change est également un élément déterminant du risque financier. Ce
risque n’est pas négligeable pour les placements en monnaie étrangère (dévaluation ou
redressement du dinar tunisien face aux principales monnaies internationales, crise de la
zone Euro, crise du dollar américain, crise financière internationale…).
98
Le risque de non liquidité : le niveau de liquidité se mesure par la possibilité de
rendre un actif liquide sans subir de perte en capital. Certains facteurs peuvent réduire le
degré de liquidité d’un placement comme le risque de déchéance d’un avantage fiscal
suite à la cession de l’actif83, la liquidité du marché, la volatilité de l’actif, hypothèque
grevant l’actif… Le niveau de liquidité doit être adéquat aux objectifs et à la stratégie
patrimoniale du client ;
D’autres facteurs et notions de risque méritent également d’être analysés comme le risque
diversifiable et le risque non diversifiable, le risque exogène et le risque endogène, le
risque moral…
D’une manière générale, plus le risque d’un patrimoine est élevé, plus l’espoir de gain est
important. Néanmoins, pour être acceptable, les solutions proposées à un client patrimonial
doivent correspondre à son profil de risque.
Pour cela, l’expert comptable, conseiller en gestion de patrimoine, est amené à apprécier
deux profils de risque lors de la réalisation de sa mission : d’un côté, le profil de risque du
client patrimonial. Cette évaluation commence dès les entretiens préliminaires et se
poursuit tout au long de la mission. Dosik (2007) cite certains critères d’évaluation du
profil de risque du client :
99
- Niveau d’endettement ;
- Niveau et stabilité des revenus et de la capacité d’épargne ;
- Durée probable des placements ;
- Degré de culture financière et économique ;
D’un autre côté, l’expert comptable évalue le profil de risque du patrimoine du client en
considération des solutions et conseils patrimoniaux. Il est amené, à ce titre, à observer
l’historique des évolutions ainsi que la volatilité des différents types de placements. Il
évalue également les tendances du contexte économique, fiscal, juridique, politique et
social.
Le rôle de l’expert comptable, en tant que conseil en gestion de patrimoine, est ensuite de
proposer les conseils qui aboutissent à un équilibre optimal du couple risque-rendement par
rapport à un client donné et qui seraient acceptables par ce dernier. En effet, un client peut
refuser un schéma ou un produit parce que, dans sa pensée, il y associera un risque ou une
contrainte inacceptable.
Certaines réflexions peuvent être émises à ce propos. Pour un client très averse au risque,
ses investissements pourraient se limiter aux solutions les moins risquées et dont les
rémunérations sont les plus sûres et garanties (dépôt en compte bancaire, souscription à des
obligations, assurance vie, indivision du patrimoine…). Ce client accepte ainsi des
performances moins élevés de son patrimoine mais garde son seuil de risque à un niveau
faible. En revanche, un détenteur d’un gros patrimoine et habitué à prendre des risques
peut facilement accepter de placer une partie de son portefeuille dans des projets ayant des
risques élevés (entreprises en difficulté économique, souscription ou acquisition de biens
immeubles à des périodes de crise…).
100
Quelque soit la stratégie proposée, l’expert comptable est tenu envers son client d’une
obligation d’information sur les risques qui pourraient affecter la rentabilité des solutions
de placement conseillées ainsi que les conditions correspondantes de mise en œuvre au lieu
de se limiter uniquement à venter les mérites de tels ou tels placements ou solutions..
Sur la base des développements passés, plusieurs conseils patrimoniaux peuvent être
proposés et discutés avec le client. Mais, les questions que pourrait ou doit se poser un
conseiller patrimonial sont : quels solutions peut-on proposer ? De quelles manières doit-
on proposer ces solutions au client ?
L’expert comptable doit être capable d’identifier et de proposer les solutions qui
s’accommodent aux objectifs patrimoniaux de son client ainsi qu’aux niveaux de
rentabilité exigé et de risque acceptable par ce dernier.
A l’occasion de chaque entretien qu’il aura avec son client pour la formulation de la
stratégie patrimoniale, l’expert comptable est soumis à une véritable épreuve. Il doit à cet
effet disposer d’une véritable maîtrise des produits et schémas fournis. De plus, pour
convaincre, l’expert comptable doit être doté d’un talent didactique. Une incompréhension
de la part du client ou une mauvaise exposition d’un conseil patrimonial peut conduire à un
rejet d’une option opportune. On doit alors user d’une bonne pédagogie, par exemple, par
la proposition de simulations chiffrées et en observant le fait que le client ne dispose pas
généralement de connaissances suffisantes pour comprendre les fondements et mérites des
solutions proposées.
Dans la suite, nous présentons les principaux axes de réflexion pour la formulation de la
stratégie patrimoniale.
101
à ceux de son client et à le planifier dans sa stratégie patrimoniale ainsi que les modalités
de son financement.
Ensuite, la sécurité financière du particulier suppose la sécurisation de son train de vie. Les
charges du foyer sont de caractère régulier. Il faut alors se constituer des revenus de même
nature. Avoir des revenus constants à partir de son patrimoine professionnel n’est pas
toujours une bonne solution car les aléas attachés à ce dernier sont importants surtout en
phase de démarrage. Il est ainsi nécessaire de s’inscrire dans une stratégie de
diversification de patrimoine en disposant d’actifs indépendants qui garantissent ce type de
revenus réguliers et stables.
L’optimisation fiscale (certains auteurs parlent d’habileté fiscale) est définie comme un
emploi de procédés légaux, dans le but de minimiser la charge fiscale que le contribuable
aurait normalement supportée. La distinction entre la fraude fiscale et l’optimisation fiscale
peut donc s’effectuer selon un critère de légalité (Besancon, 2000).
102
Dosik (2007, p.69) avance à ce titre que l’optimisation fiscale est un moyen et non une fin,
c’est parfois un outil, un levier de développement patrimonial attrayant. Toutefois, il est
des cas où la fiscalité pèse si lourdement qu’elle peut ruiner une stratégie de construction et
de pérennisation du patrimoine. Ceci concerne les cas où, de par l’importance des actifs, le
cumul de l’impôt sur le revenu, sur le capital et sur les mutations peut rendre la pression
fiscale intolérable. Dans cette situation, l’optimisation fiscale, sans être l’objectif unique,
devient une composante essentielle de la stratégie patrimoniale à mettre en place parce
qu’elle devient un enjeu majeur.
En Tunisie, la fiscalité, constituant la majeure partie des ressources de l’Etat (plus que 77%
des ressources propres de l’Etat sont constituées de recettes fiscales), est devenue de plus
en plus un sujet tabou de discussion, mais aussi un fardeau qu’on cherche souvent à
contourner. Deux remarques méritent d’être énoncées dans ce contexte.
Tout d’abord, on ne peut imaginer une stratégie patrimoniale qui ignore ou n’accorde pas
assez d’importance à l’impact fiscal, mais classer l’optimisation fiscale en tant que moteur
de réflexion risque de contourner l’objet principal de la mission de conseil en gestion de
patrimoine et d’exposer le client à d’autres risques qui vont à l’encontre de ses objectifs.
Bertrand-Kerven et al., (1997, p.427) avancent à ce propos que d’un point de vue fiscal, la
gestion de patrimoine peut être définie comme un ensemble de techniques de sélection
visant la maximisation de la valeur future nette transmise d’un patrimoine, compte tenu
d’un risque et d’une liquidité choisis. Ensuite, avec la complexification des textes fiscaux,
il est nécessaire que le conseil patrimonial mette en garde son client contre certains
montages de la stratégie patrimoniale qui risquent de placer ce dernier dans une position
litigieuse qui n’est clairement pas tranchée par la loi, ou encore par la jurisprudence ou la
doctrine.
103
L’objectif poursuivi à ce niveau est de proposer une stratégie de développement ou de
restructuration du patrimoine du client pour parvenir à une situation patrimoniale optimale
à l’égard du couple risque-rentabilité.
Les conseils patrimoniaux doivent également guider leurs clients pour une diversification
en termes de liquidité afin de garantir une flexibilité du patrimoine et réduire le risque de
gestion de ce dernier.
104
2.4. Gestion du patrimoine professionnel
Sur le plan fiscal, le choix de la personne physique conduit à cumuler les revenus retirés de
l’activité avec ceux provenant des autres catégories pour constituer le revenu global
imposable, ce qui fait supporter au client une imposition supplémentaire lorsque ledit
revenu global est important (application du taux d’imposition de 35% selon le barème de
l’IRPP au lieu du taux de 30% applicable aux personnes morales). Ce choix constitue en
outre une limite au bénéfice de certains avantages fiscaux (dégrèvements physique et
financier par exemple), ce qui n’est pas le cas pour les personnes morales. Ainsi, l’option
pour une fiscalité de type IR ou IS peut avoir des incidences importantes sur la situation
fiscale du contribuable.84
84
Le choix de la forme juridique d’exercice a également plusieurs autres impacts notamment en matière
fiscale (création, imposition de la transmission du patrimoine, exploitation…). Pour plus de détails, il
convient de se référer aux articles de Choyakh (2009), Akrout (2009) et Bacouche (2009).
105
b- Interaction entre patrimoine professionnel et patrimoine privé
Le diagnostic fiscal et juridique peut identifier certains risques relatifs aux chevauchements
entre le patrimoine privé et le patrimoine professionnel du client (opérations en compte
courant associé, frais personnels imputés sur les charges professionnelles, caution
personnelle …). La stratégie patrimoniale doit inclure des propositions pour remédier à ces
insuffisances.
La question se pose également dans ce cadre pour un entrepreneur qui compte investir dans
l’acquisition d’un actif qui peut être affecté au patrimoine professionnel tout comme au
patrimoine privé. Tel est l’exemple de l’acquisition d’un bien immeuble qui abritera
l’activité professionnelle (terrain, usine, appartement…). Donc ici, le client va-t-il acquérir
ce bien en son propre nom (ou encore par une société civile immobilière indépendante) et
le louer à son entreprise ou bien va-t-il faire acquérir ledit bien directement par son
entreprise ?
La réponse à cette question est à fournir compte tenu des objectifs et contraintes du client
et aussi du régime fiscal et juridique de chacune des deux solutions. Dissocier l’immeuble
du patrimoine professionnel présente l’avantage de diversification du patrimoine global du
client. Cependant, comme nous l’avons énoncé plus haut, la valeur d’utilité de
l’investissement dépendra toujours de la bonne santé de l’entreprise, sauf si cet
investissement a la capacité de générer une valeur ajoutée distincte. Le choix de
dissociation permet ainsi au particulier de développer son patrimoine privé et aussi de
disposer de liquidités et de revenus distincts. De plus, la décision doit être appréciée sur le
plan comptable et fiscal eu égard au régime applicable en matière de droits
d’enregistrement, de la TVA (Soumission à la TVA sur loyer, acquisition assujettie à la
TVA immobilière, déductibilité de la TVA par l’entreprise…) et de l’IRPP et de l’IS
(amortissement de l’immeuble ; régime d’imposition des revenus fonciers ; le cas échéant,
régime d’imposition d’une société civile immobilière ; avantages fiscaux accordés à
l’activité professionnelle…). Enfin, l’expert comptable doit observer les objectifs de son
client quant à l’opération en question pour que le conseil proposé s’aligne avec ses
projections futures.
106
l’impact fiscal (plus-value mobilière, franchise, imposition à l’IRPP ou à l’IS…), juridique
et financier sont les principaux critères déterminants du conseil patrimonial.
Des raisonnements similaires sont à prévoir pour d’autres biens détenus ou à acquérir
(brevets, fonds commercial, biens meubles) ou pour les engagements du client (crédits
bancaires, financement par leasing ou autre).
Les opérations dites de « haut de bilan » constituent une des composantes de la stratégie
patrimoniale des dirigeants des entreprises les plus discutées dans la littérature et la
pratique. Ces opérations, qui concernent le capital des sociétés, peuvent s’inscrire dans
l’optique de développement et de restructuration mais aussi dans l’optique de transmission
ou de cession du patrimoine professionnel :
En tant qu’instrument de levier financier, la holding créée pour racheter les titres des
sociétés existantes, permet d’accroître la capacité d’emprunt. Les bénéfices de la
holding, constitués en majeure partie par des dividendes, serviront pour rembourser ses
dettes. En outre, à la différence des donations simples, la holding permet à
l’entrepreneur de rendre liquide une partie des actions détenues.
85
Aux termes de l’article 463 du Code des Sociétés Commerciales, La société mère est dite holding
lorsqu'elle n'exerce aucune activité industrielle ou commerciale et que son activité se limite à la détention et à
la gestion des participations dans les autres sociétés.
La société holding doit avoir la forme d'une société anonyme et mentionner sa qualité de holding dans tout
document qui en émane.
107
Exemple : Un entrepreneur souhaite garder le contrôle et en conséquence, la majorité
des actions (droits de vote) de sa société dont le capital est de 3.000 millions de dinars
(MD). Pour cela, il doit détenir directement des actions pour une valeur de 1.530 MD.
Si cette proportion est détenue à travers une société holding (qui pourrait s’endetter
jusqu’à concurrence de 49%) dans laquelle l’entrepreneur est majoritaire, ce dernier
ne serait astreint d’apporter que 51%*1.530 = 780,3 MD. Dans ce cas, cette opération
se schématise comme suit :
51% 49%
51%
En tant qu’outil de gestion et de contrôle, la holding peut être envisagée comme un outil
de capitalisation et de développement du patrimoine. Elle permet à un entrepreneur
majoritaire de gérer les entreprises dans lesquelles elle détient des participations et de
préserver leur contrôle si, elle seule ou avec l’entrepreneur en question, y détiennent,
directement ou indirectement la majorité des droits de vote.
86
ARTICLE 11-1 du code de l’IRPP et de l’IS : Est déductible du bénéfice imposable, la plus-value
provenant de l'apport d'actions et de parts sociales au capital de la société mère ou de la société holding à
condition que la société mère ou la société holding s'engage à introduire ses actions à la bourse des valeurs
mobilières de Tunis au plus tard à la fin de l'année suivant celle de la déduction. Ce délai peut être prorogé
d'une seule année par arrêté du Ministre des Finances sur la base d'un rapport motivé du conseil du marché
financier.
Le bénéfice de la déduction est subordonné au dépôt, à l'appui de la déclaration annuelle de l'impôt de l'année
de la déduction, de l'engagement précité, visé par le conseil du marché financier.
108
Exemple : Mr X détient 51% dans une société holding. La holding et Mr X détiennent
chacun 26% d’une société d’exploitation. Mr X contrôle cette société d’exploitation
malgré que son pourcentage de détention direct est de 39,26%87.
Il est à préciser enfin que les mêmes avantages précités pour la société holding sont
transposables au cas où la détention indirecte s’effectue par l’intermédiaire d’une
société mère au lieu d’une société holding.
87
(26%+26%*51%).
88
ARTICLE 11-1 du code de l’IRPP et de l’IS : est déductible du bénéfice imposable la plus value provenant
de la cession des actions dans le cadre d’une opération d’introduction à la Bourse des Valeurs Mobilières de
Tunis.
109
frères et sœurs…). A l’issue, lorsque cette option n’est pas envisagée 89, l’expert comptable
planifie la sortie de son client par voie de cession.
- Les sociétés holding et les sociétés mères : la création de ces sociétés, exposées
plus haut, peut être envisagée en cas de transmission ou de cession ultérieure du
patrimoine professionnel ;
- Les donations : La donation est un contrat par lequel une personne transfère à
une autre personne et à titre gratuit la propriété d'un bien. Le donateur peut, sans
être dépourvu de son intention libérale, imposer au donataire l'obligation
d'accomplir une prestation déterminée, l'acte est dit alors donation avec charges
(Article 200 du code du statut personnel) 90. La donation est irrévocable sauf
89
Ceci est le cas lorsqu’aucun des héritiers potentiels du client n’est candidat à la reprise de l’activité
professionnelle, soit en raison de leur formation soit en raison de leurs projections futures personnelles.
90
Article 201 du code du statut personnel : La donation est parfaite par la délivrance au donataire de la chose
donnée. La donation est nulle si le donateur ou le donataire décède avant la délivrance, même si le donataire
a fait l'impossible pour prendre possession de la chose donnée.
110
exceptions prévues par la loi91. La donation du patrimoine professionnel peut être
effectuée à tous les membres de la famille ou à certains d’entre eux. Dans tous les
cas, l’expert comptable tient compte et informe son client des coûts associés à la
donation (coût d’opportunité, conséquences juridiques et financières sur la situation
personnelle, coût fiscal…) ;
Article 202 du code du statut personnel : Les dispositions relatives à la délivrance de la chose vendue sont
applicables à la délivrance de la chose donnée, dans la mesure où elles ne sont pas contraires à la nature et
aux règles particulières de la donation.
Article 204 du code du statut personnel : Pour être valable, toute donation doit être passée par acte
authentique. Les droits réels qui en résultent pour les immeubles immatriculés ne se constituent que par leur
inscription sur le livre foncier. Toutefois, si la donation porte sur des meubles corporels, la simple tradition
suffit, sous réserve des règles spéciales aux meubles immatriculés.
91
Article 210 du code du statut personnel : À condition de respecter les droits particulièrement acquis par le
tiers et sauf s'il existe un des empêchements prévus à l'article 212, le donateur peut demander la révocation de
la donation pour l'un des motifs suivants :
1°) en cas de manquement constituant une ingratitude grave de la part du donataire envers le donateur,
2°) si le donateur est réduit à un état tel qu'il ne lui permet pas de subvenir à son propre entretien selon sa
condition sociale ou s'il se trouve dans l'impossibilité de faire face aux obligations alimentaires dont il est
légalement tenu,
3°) en cas de survenance au donateur, après la donation d'un enfant encore vivant au moment de la
révocation.
Article 212 du code du statut personnel : La révocation de la donation ne pourra pas être demandée, s'il existe
l'un des empêchements suivants :
1°) si la chose donnée acquiert une plus-value à la suite d'un accroissement qui s'y unit et s'y incorpore,
2°) si le donataire a aliéné la chose donnée ; toutefois, si l'aliénation n'est que partielle, le donateur peut
révoquer la donation pour la partie restante,
3°) si la chose donnée a péri entre les mains du donataire par le fait de ce dernier, par une cause étrangère
qui ne lui est pas imputable ou par l'usage ; mais si la perte est partielle, la révocation peut avoir lieu pour
la partie restante.
92
L’enregistrement se fait au droit fixe de 100 dinars.
111
holding et aux sociétés mères sous réserve de leur introduction en bourse 93, exonération
de la plus-value provenant de la cession totale des éléments de l'actif ou de la cession
partielle des actifs constituant une unité économique indépendante et autonome pour les
opérations de cession qui interviennent suite à l'atteinte du propriétaire de l'entreprise de
l'âge de la retraite ou à son incapacité de poursuivre la gestion de l'entreprise 94,
enregistrement au droit fixe des actes de donations de biens entre ascendants et
descendants et entre époux y compris les donations de nue propriété ou d'usufruit de
biens immeubles95…
93
Article 11-1 du code de l’IRPP et de l’IS.
94
Article 11 bis du code de l’IRPP et de l’IS.
95
Article 23 du code des droits d’enregistrement et de timbre.
112
2.5. L’indivision et le conseil en gestion de patrimoine
En matière de conseil en gestion de patrimoine, l’indivision est souvent perçue comme une
contrainte à laquelle on veut pallier.
L’indivision peut provenir du fait qu’une personne ne peut scinder son patrimoine pour en
créer plusieurs. Cette règle présente des inconvénients importants puisque l’ensemble des
biens répond de l’ensemble des dettes au sein du patrimoine, son titulaire ne peut en mettre
à l’abri aucun : le commerçant individuel, le membre d’une profession libérale exerçant
individuellement ou le membre d’une société de personnes ne pourra pas isoler son
patrimoine personnel de ses dettes professionnelles.
L’indivision peut provenir par ailleurs lorsqu’un défunt laisse plusieurs héritiers. Ces
derniers se trouvent dès le décès, et de son seul fait, dans une situation d’indivision. La
gestion de l’indivision est une opération délicate en droit tunisien du fait de l’instauration
de règles strictes protectrices des droits individuels des coindivisaires. Les décisions de
gestion nécessitent l’accord ou d’être portée à la connaissance de tous les coindivisaires
sauf pour les actes les plus courants qui peuvent être pris à la majorité renforcée des trois
quarts des intérêts qui forment l'objet de l'indivision 96. En outre, l’indivision est un état
précaire et provisoire du fait que chacun des coindivisaires peut, à tout moment, provoquer
le partage nonobstant toute clause contraire, lequel provoquera la division du patrimoine
hérité entre les bénéficiaires97.
96
Aux termes de l’article 68 du code des droits réels, les décisions de la majorité des coindivisaires obligent
la minorité pour ce qui a trait à l'administration et à la jouissance de la chose commune, à condition que cette
majorité représente les trois quarts des intérêts qui forment l'objet de l'indivision.
Si la majorité n'atteint pas les trois quarts, chaque coindivisaire peut saisir le tribunal.
L’article 69 du même code ajoute que les décisions de la majorité n'obligent pas la minorité :
- Lorsqu'il s'agit d'actes de disposition ;
- Lorsqu'il s'agit d'innover à la chose commune ;
- Dans les cas où il s'agit de contracter des obligations nouvelles.
97
L’article 71 du code des devoirs réels prévoit que Nul ne peut être contraint à demeurer dans l'indivision;
chacun des coindivisaires peut toujours provoquer le partage nonobstant toute clause contraire.
Toutefois, les coindivisaires peuvent convenir par écrit de ne pas demander le partage pendant un délai
déterminé. Le tribunal pourra, cependant, ordonner la résiliation de la convention et le partage, s'il y a juste
motif. Le délai fixé par la convention ne peut pas dépasser cinq années. Si les coindivisaires conviennent d'un
délai supérieur, il est ramené à cette durée. Le délai ne peut être prorogé, lorsqu'il est expiré, que par un
nouvel écrit.
113
Le recours à la société civile est souvent conseillé en matière de gestion de patrimoine pour
écarter l’indivision et les inconvénients qui s’y rattachent. La société civile peut inscrire la
gestion du patrimoine dans la continuité, en faisant échapper les associés aux risques de
blocage qui caractérisent l’indivision et aux aléas de l’action en partage qui appartient à
tout indivisaire (Lefebvre, 2007). Brillat (2006) ajoute que la société civile permet de
séparer la propriété du pouvoir et facilite, par conséquent, la gestion de patrimoine d’un
tiers. En particulier, elle permet de répondre parfaitement à la gestion de patrimoine des
incapables mineurs ou majeurs pour gérer, conserver, pérenniser un patrimoine.
Dans ce cadre, un bien immeuble n’est ou ne sera plus détenu directement par les
propriétaires mais à travers une société civile immobilière (SCI). Le particulier détient
ainsi des parts de la société civile et peut se dessaisir de son patrimoine par simple cession
ou donation de ses parts sociales dans la société civile conformément à la loi et aux statuts.
Le client patrimonial peut ainsi gérer son actif, doté par là d’une plus grande stabilité et
durabilité, par l’intermédiaire de la SCI et exercer plus librement les options de gestion de
patrimoine. Il peut en outre conserver l’usufruit des parts et donner la nue-propriété aux
personnes de son choix.
La SCI est aussi un outil de gestion du régime matrimonial. Cherchant une sécurité
économique ou une sécurité affective, voulant protéger les intérêts de l’un ou l’autre ou
encore garder la maîtrise de leurs biens et sécuriser la situation de leurs proches, les époux
disposent, par l’intermédiaire de la SCI, d’une multitude de choix pour parvenir à leurs
finalités.
Sur le plan fiscal, la SCI n’est pas soumise à l’impôt sur les sociétés sauf si elle réalise des
revenus ou exerce une activité qui rend imposable à l’impôt. Par ailleurs, la transmission
des parts d’une société civile immobilière est soumise au régime applicable aux biens
immeubles qu’elles représentent, et relève de l’imposition à l’IRPP de la plus-value
immobilière des particuliers. Néanmoins, les droits d’enregistrement et l’impôt sur la plus
value immobilière peuvent faire l’objet d’exonération en cas de cession ou de donation aux
ascendants, descendants et entre époux.
114
répartis en deux principales catégories : Les revenus légaux liés aux régimes de sécurité
sociale auxquels le client a participé tout au long de sa vie professionnelle et les revenus
accessoires.
Les revenus relevant de la sécurité sociale sont ceux constitués par la pension de vieillesse,
régie par la loi 60-30 du 14 décembre 1960, relative à l’organisation des régimes de
sécurité sociale telle que modifiée par les textes subséquents et, le cas échéant, du régime
complémentaire de pension de vieillesse, d’invalidité et de survie (CAVIS), régi par le
même cadre légal.
Ceci suppose de la part de l’expert comptable une connaissance des modalités de calcul de
ces pensions afin qu’il puisse conseiller à son client, à l’avance au cours de sa vie
professionnelle, les modalités, taux et catégories de cotisations qui lui permettent
d’optimiser son revenu à la retraire.
Les revenus accessoires sont ceux générés par le patrimoine privé du particulier. Ils
peuvent provenir de rentes complémentaires à la pension de retraite mais aussi d’actifs
patrimoniaux distincts. Le conseiller en gestion de patrimoine peut conseiller à son client
de souscrire à contrat d’assurance vie lui garantissant un capital ou une rente viagère dont
la jouissance est différée d’une période fixée au niveau dudit contrat. Cette souscription
peut procurer l’avantage de défiscalisation d’une partie du revenu imposable au cours de la
période de cotisation98.
Les autres sources de revenus peuvent provenir d’un portefeuille de biens équilibré en
termes de risques et générant des revenus constants et sûrs. Ceci est l’exemple d’un
patrimoine immobilier générant des revenus de location ou détenu pour faire valoriser le
capital ou aussi d’un portefeuille de placements financiers 99 générant des revenus réguliers
et faiblement fiscalisés.
98
L’article 39-1 §2 du code de l’IRPP et de l’IS prévoit parmi les déductions communes du revenu net
global, Les primes afférentes aux contrats d'assurance vie individuels ou collectifs dont l'exécution dépend de
la durée de la vie humaine lorsque ces contrats comportent l'une des garanties suivantes :
- Garantie d'un capital à l'assuré en cas de vie d'une durée effective au moins égale à dix ans ;
- Garantie d'une rente viagère à l'assuré avec jouissance effective différée d'au moins dix ans ;
Ces versements sont admis eu déduction dans la limite de 1.200 dinars par an, majorés de 600 dinars au titre
du conjoint et 300 dinars au titre de chacun des enfants à charge au sens des paragraphes II et III de l'article
40 du code de l’IRPP et de l’IS.
99
Il est important de rappeler que le développement du patrimoine immobilier ou financier privé, source de
revenus à la retraite, doit être indépendant du sort des activités professionnelles entreprises par le client au
paravent, afin d’éviter les aléas et risques et de se procurer toute la sécurité souhaitée.
115
CAS D’ILLUSTRATION
Mr Mohamed, âgé de 54 ans est un homme d’affaires. Suite aux évènements politiques qu’a
connu la Tunisie et aux changements conjoncturels conséquents, il a consulté, son expert
comptable « A » en vue d’entreprendre une mission de conseil en gestion de patrimoine. Les
termes de la lettre de mission comportent :
Suite aux entretiens avec son client, l’expert comptable relève les informations suivantes :
1. Situation personnelle
Son épouse, Mme Fatma, âgée de 50 ans, après avoir travaillé avec son mari au démarrage de
son activité professionnelle, est aujourd’hui femme au foyer.
Mr Mohamed et son épouse sont mariés depuis 29 ans sous le régime de la séparation de biens. Ils
ont actuellement deux garçons, âgés de 27 et 25 ans et une fille âgée de 18 ans.
Les deux garçons, le premier de formation en comptabilité et l’autre ingénieur, travaillent avec
leur père en occupant des fonctions de gestionnaire et d’ingénieur de production, respectivement.
Ils perçoivent chacun un salaire mensuel net de 1.000 dinars.
La fille passera son baccalauréat bientôt et envisage poursuivre ses études universitaires en
pharmacie.
Mr Mohamed compte sur ses deux fils pour reprendre les affaires familiales.
2. Patrimoine privé
116
450.000 dinars ;
Un appartement, sis à Sfax, acquis en N pour 150.000 dinars et est actuellement loué à
usage d’habitation pour 500 dinars/mois. La juste valeur de l’appartement s’élève à 160.000
dinars d’après le prix courant du m2.
Un appartement, sis à Tunis, acquis en (N-5) pour 200.000 dinars. L’appartement est
détenu comme résidence secondaire. La juste valeur de l’appartement s’élève à 260.000
dinars d’après le prix courant du m2.
Mr Mohamed dispose par ailleurs d’une somme de 180.000 dinars déposée en compte courant
bancaire.
3. Patrimoine Professionnel
Mr Mohamed est exploitant individuel dans l’entreprise ALPHA industries et gérant dans la
société BETA. Les deux entreprises bénéficient des avantages communs du code d’incitations aux
investissements.
ALPHA industries
(En milliers de dinars au 31/12)
Notes : Les immeubles sont constitués de l’usine de production de l’entreprise ALPHA (300 MD, estimée
actuellement à 750 MD) et de l’étage commercial d’un immeuble situé à Sfax servant de salle d’exposition
des produits de l’entreprise (500 MD, estimée actuellement à 950 MD). Mr Mohamed compte louer une
partie de la salle d’exposition à la société BETA en vue de servir de même, pour un montant annuel de
36.000 dinars.
117
BETA
(en milliers de dinars au 31/12)
1. Comptabilité patrimoniale
118
Bilan patrimonial au 31/12/N
(En milliers de dinars)
Mr Mme
Actifs Indivision Fils 1 Fils 2 TOTAL %
Mohamed Fatma
Actifs non courants 7.500 0 870 450 450 8.270 96%
Immobilier d’usage 710 710 9%
Immobilier de rapport 160 160 2%
Patrimoine professionnel 7.500 454 454 8.400 85%
Actifs courants 380 0 0 4 4 388 4%
Compte courant associé 200 200 1%
Liquidités 180 4 4 188 3%
TOTAL 7.880 0 870 454 454 9.658 100%
Situation patrimoniale nette Mr Mme
Indivision Fils 1 Fils 2 TOTAL %
et passifs Mohamed Fatma
Situation patrimoniale nette 7.880 870 454 454 9.658 100%
Passifs courants 0%
Après discussion avec le client et collecte des informations, l’état de résultat patrimonial s’établit
comme suit :
Etat de résultat patrimonial
de l’année N (en milliers de dinars)
Mr Mme
Actifs Indivision Fils 1 Fils 2 TOTAL %
Mohamed Fatma
PRODUITS COURANTS 330 0 6 14 14 364 100%
Revenus des activités
330 14 14 358 99%
professionnelles
Revenus fonciers 6 6 1%
CHARGES COURANTES (191) 0 (6) (10) (10) (216) 60%
Train de vie (80) (6) (8) (8) (102) 28%
Impôt sur le revenu (111) (2) (2) (115) 32%
RESULTAT 139 0 0 4 4 147 40%
L’état de résultat ne présente pas d’écarts significatifs par rapport à l’état des recettes et dépenses. Les
prélèvements sur l’activité professionnelle sont constants et l’impôt annuel ne varie pas significativement.
Pour des raisons de simplification, nous nous limitons à la présentation du bilan et de l’état de résultat.
119
2. Situation familiale
Mr Mohamed et son épouse sont mariés sous le régime de séparation des biens. Cet état présente
l’avantage de préserver le patrimoine du conjoint par rapport aux dettes professionnelles.
La détention d’une résidence principale est d’une résidence secondaire en pleine propriété est
source de sécurité familiale.
Les formations des deux fils et leur implication actuelle dans les affaires familiales pourraient
favoriser leur reprise des affaires familiales. Néanmoins, leur situation financière dépondrait
totalement de la bonne marche de ces affaires.
La fille de Mr Mohamed poursuit encore ses études et a devant elle plusieurs années d’études et
ensuite de stage professionnel avant de pouvoir entreprendre, le cas échéant, son propre projet.
Aucun fonds spécifique n’a été provisionné à cet effet. En outre, le parcours projeté ne favorise
pas son intégration dans les affaires familiales.
3. Patrimoine professionnel
Les deux entreprises sont prospères. Elles dégagent toutes les deux des bénéfices élevés et
génèrent des liquidités importantes. Mr Mohamed a poursuivi la politique de réinvestissement au
sein de l’entreprise BETA en vue de développer l’activité. Cependant, face à la conjoncture
actuelle du pays, souffrant de plusieurs aléas, les évolutions du contexte économique sont
incertaines.
120
Recommandations : Revoir la politique d’investissement de l’entreprise BETA
- Constituer des réserves pour faire face aux évolutions défavorables.
Les deux fils sont encore jeunes et ont récemment intégré la vie professionnelle. A ce titre, ils
manquent encore d’expérience. La transmission dans un avenir proche présenterait un risque sur
le bon déroulement des affaires.
La société BETA dégage des résultats annuels et des excédents de trésorerie importants.
Il convient de noter que la société accorde une grande souplesse dans les délais de règlement
accordés aux clients. Le règlement de l’engagement client s’étale en effet sur une période de six
mois après la date de clôture (A étudier avec attention par l’expert comptable). Accorder aux
clients des délais de règlement aussi importants risque de causer des difficultés financières à la
société surtout avec la conjoncture économique actuelle
La présence d’un montant bloqué en compte courant associé ne semble pas nécessaire. Le
remboursement de ce montant (200MD) et ainsi, son transfert au patrimoine privé de Mr
Mohamed lui accorde plus de possibilités pour le développement et la diversification du
patrimoine familial privé.
L’entreprise ALPHA industries est détenue sous forme d’une entreprise individuelle. En
conséquence, sur le plan juridique, le patrimoine personnel de l’entrepreneur peut être engagé
pour répondre aux dettes professionnelles.
Sur le plan fiscal, outre le différentiel des taux d’imposition sur les bénéfices, cette forme
juridique prive du droit de bénéfice à certains avantages fiscaux (dégrèvements physique).
L’entreprise ALPHA industries détient l’étage commercial d’un immeuble situé à Sfax servant de
salle d’exposition pour les produits de l’entreprise (estimé actuellement à 950 MD). Mr
Mohamed compte louer une partie de la salle d’exposition à la société BETA en vue de servir de
121
même, pour un montant annuel de 36.000 dinars.
Le bien en question est totalement amorti. Donc, on ne peut bénéficier d’aucune économie fiscale
résultant de la déduction des amortissements au sein de l’entreprise ALPHA industries.
Par ailleurs, la juste valeur et les revenus que peut générer un étage commercial d’un immeuble
sont normalement indépendants de la situation et de la valeur de l’entreprise.
122
conservation de la propriété foncière (100 dinars) - Atténuer le déséquilibre entre
les patrimoines des membres de la famille – Créer des revenus privés pour le
groupe familial.
4. Diagnostic fiscal
Le diagnostic fiscal est un travail continu qui s’étale sur tout le processus de la planification
financière. Outre les éléments relevant du diagnostic fiscal exposés au niveau des autres phases
de l’étude patrimoniale, il convient tout d’abord de déterminer le taux effectif d’imposition à
l’IRPP des revenus de Mr Mohamed et des autres personnes du groupe familial.
Les revenus de Mr Mohamed sont imposés, pour leur majeure partie, dans la tranche la plus
haute du barème de l’IRPP, soit au taux de 35%. Le taux effectif d’imposition des revenus de Mr
Mohamed s’établit à 33,64%. Outre les revenus actuels du client, il convient de prendre en
considération les revenus qu’il peut tirer ultérieurement de la distribution de dividendes par la
société BETA (revenus exonérés chez Mr Mohamed mais ayant subi, chez la société BETA, le
minimum d‘impôt de l’article 12 de la loi 89-114 de 20% du bénéfice imposable).
En revanche, le taux effectif d’imposition des revenus des deux fils s’établit à 15.65%. Celui des
revenus de l’épouse est non significatif (5.63%), tandis que la fille ne dispose d’aucun revenu
imposable.
Par ailleurs, Mr Mohamed, ainsi que les membres de sa famille, n’exploitent aucun avantage
fiscal permettant de réaliser une économie fiscale sur l’impôt sur le revenu à payer et/ou de
réaliser des revenus futurs exonérés de l’IRPP ou de l’IS
123
législation relative aux avantages fiscaux a expiré ;
- Acquisitions d’actions ou de parts ouvrant droit au bénéfice des
avantages fiscaux (stratégie de diversification du patrimoine privé) ;
- Assurance-vie.
- Le remboursement des sommes figurant dans le CCA et, le cas échéant, une réduction du
capital de la société BETA permettront de créer des liquidités importantes au niveau du
patrimoine privé en vue de la réalisation des objectifs patrimoniaux précités ;
- La rentabilité financière de l’appartement sis à Sfax est assez faible (4%). Néanmoins, cette
rentabilité doit être appréciée en tenant en compte les plus-values latentes sur cet
investissement.
124
6. La prévoyance retraite
Le livrable, à l’issu d’une mission de conseil en gestion de patrimoine, doit être conforme
aux objectifs de ladite mission. L’expert comptable est tenu dans ce cadre d’une obligation
de conseil et d’information.
Les composantes des comptes annuels patrimoniaux du client Ils comprennent le bilan,
l’état de résultat, l’état de flux de trésorerie et les notes complémentaires.
Il importe de préciser cependant qu’il est essentiel de présenter, dans le rapport final de la
mission, une simulation de la situation patrimoniale prévisionnelle du client compte tenu
des options du client.
Les états financiers du client doivent être accompagnés des commentaires appropriés
relatifs à la situation patrimoniale présentée.
125
3.2. L’étude patrimoniale et les recommandations
Le conseiller en gestion de patrimoine doit établir et fournir au client un plan financier qui
comporte une liste de recommandations convenables et utilisables (ISO 22222, § 4.5.3).
Compte tenu des investigations entreprises lors de la mise en œuvre de la mission, l’expert
comptable formule ses recommandations. Ces dernières portent sur les différents volets de
la mission : financière, juridique, fiscale et stratégique.
Il importe en outre de souligner la nécessité que l’expert comptable informe le client des
différents conséquences et risques afférents aux solutions proposées et des conditions qui
leurs sont attachées et ce, afin de limiter l’engagement de sa responsabilité vis-à-vis des
recommandations formulées.
126
3.2.4. L’étude successorale
A cet effet, le conseiller patrimonial explique à son client que la planification financière est
un processus dynamique qui peut exiger des mises à jour en raison des changements dans
les objectifs personnels du client et des conditions économiques, juridiques ou fiscales. Il
lui explique et convient en outre la nature, la portée et les objectifs du suivi de l’évolution
de la situation patrimoniale qui peut aller d’une simple revue jusqu’à entreprendre un
nouvel engagement de planification financière.
127
Conclusion de la deuxième partie
128
CONCLUSION GENERALE
A l’échelle internationale, les deux dernières décennies ont connu une ascension
prodigieuse des marchés de conseil en gestion de patrimoine, dits aussi de planification
financière, et de leur nombre d’adhérents (professionnels et clients patrimoniaux). En
témoignent la démultiplication des organismes professionnels spécialisés dans ce domaine,
l’adhésion de plusieurs dizaines de milliers de professionnels à ces organismes, la
promulgation d’une norme internationale ISO de certification des conseillers patrimoniaux
et les efforts consentis par les différentes professions pour se démarquer dans ce marché.
En revanche, en Tunisie, l’on observe encore aujourd’hui un constat de méfiance, tant de la
part des professionnels que des particuliers, et un manque d’initiative à l’égard de cette
spécialité.
L’objectif de notre travail a été de présenter les caractéristiques de base et l’attrait que
portent les missions de conseil en gestion de patrimoine pour les professionnels experts
comptables et de développer la démarche générale de leur mise en œuvre dans le contexte
tunisien.
129
Nous avons ainsi essayé de constituer un guide pratique d’initiation au développement des
missions de conseil en gestion patrimoine auprès des experts comptables en Tunisie. Ces
derniers disposent des meilleurs atouts en termes de connaissances, de réputation, de
méthodologie de travail et de proximité à la clientèle potentielle de ce nouveau marché
pour constituer un leader incontestable. Néanmoins, si les experts comptables en Tunisie
hésitent encore à développer et entrer dans cette niche du marché en tant qu’interlocuteurs
et conseillers privilégiés auxquels les clients patrimoniaux peuvent se confier, cette
position sera occupée par d’autres acteurs. La leçon est donc à tirer de l’expérience des
organismes professionnels régissant les experts comptables dans les pays développés qui a
inspiré le présent mémoire.
Une initiative de création d’un organisme professionnel national membre du FPSB sera
très utile au développement des missions de conseil patrimonial en Tunisie. L’adhésion à
cet organisme favorise l’accès à la certification internationale ISO 22222, constituant le
label de qualité incontournable dans le domaine de conseil en gestion de patrimoine. De
plus, un amendement de la profession d’expert comptable s’avère, de nos jours,
incontournable. L’état actuel de la réglementation de la profession pose en effet un
handicap majeur à son développement dans le domaine de gestion de patrimoine et dans
tous les autres domaines à vocation commerciale ou qui supposent l’exercice de l’expert
comptable en tant que mandataire. Le mieux est, à l’image des pays développés (Etats-
Unis, Canada, Grande Bretagne, France…) de créer des spécialités au sein de la profession.
Il convient dès lors de dissocier entre les spécialités incomptables avec les activités et
mandats commerciaux et les autres spécialités existantes et potentielles sur lesquelles peut
s’ouvrir la profession.
Enfin, des guides pratiques de synthèse des supports d’investissement patrimoniaux et des
différents aspects pratiques du diagnostic patrimonial et de l’élaboration de la stratégie
patrimoniale doivent en outre être développés afin d’accompagner les conseillers en
gestion de patrimoine.
La démarche générale, ainsi présentée dans le présent mémoire, est à affiner au fur et à
mesure de l’introduction de cette spécialité en Tunisie et compte tenu et du développement
du métier de conseil patrimonial à l’échelle internationale.
130
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134
LISTE DES ACRONYMES
135
IFAC Internal Federation of Accountants
RG Regulatory Guide
SA Société Anonyme
TVA
Taxe sur la Valeur Ajoutée
136
LISTE DES FIGURES
137
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION...........................................................................................................- 1 -
2. Caractéristiques......................................................................................................................................- 10 -
2.3. Mise en œuvre des missions de gestion patrimoniale : L’exemple des Certified financial
plannning(CFP) professionals....................................................................................................................- 24 -
2.3.1. Définition et établissement de la relation avec le client............................................................- 25 -
2.3.2. Collecte de données...................................................................................................................- 25 -
2.3.3. Analyse et évaluation de la situation du client..........................................................................- 25 -
2.3.4. Développer et présenter les recommandations de planification patrimoniale (Financial planning)-
26 -
2.3.5. Mise en œuvre des recommandations de planification patrimoniale........................................- 26 -
2.3.6. Revue de la situation du client..................................................................................................- 26 -
1.2. Avantages comparatifs de l’expert comptable dans les missions de conseil en gestion de patrimoine
......................................................................................................................................................................- 32 -
1.2.1. Une profession organisée..........................................................................................................- 32 -
138
1.2.2. Une position de marché avantageuse........................................................................................- 34 -
1.2.3. Un profil adapté à la mission...................................................................................................- 35 -
1.3. Le conseil en gestion de patrimoine : quelle définition et quelle portée pour l’expert comptable par
rapport aux autres professionnels ?..........................................................................................................- 36 -
1.3.1. Définition du conseil en gestion de patrimoine pour l’expert comptable.................................- 36 -
1.3.2. Domaines d’intervention de l’expert comptable.......................................................................- 37 -
1.3.3. La comptabilité des particuliers : un marché dédié à l’expert comptable.................................- 38 -
2. Les fondamentaux de la mise en œuvre des missions de conseil en gestion de patrimoine par l’expert
comptable.....................................................................................................................................................- 38 -
2.1. Le conseil en gestion de patrimoine et les missions classiques de l’expert comptable : similitudes et
différences....................................................................................................................................................- 39 -
2.1.1. Apport de la mission.................................................................................................................- 39 -
2.1.2. Le conseil : objet principal de la mission..................................................................................- 39 -
2.1.3. Rémunération............................................................................................................................- 40 -
2.3. Les préalables à la mise en place d’une mission de gestion de patrimoine au sein des cabinets
d’experts comptables..................................................................................................................................- 46 -
2.3.1. Acquérir les connaissances théoriques et techniques nécessaires.............................................- 46 -
2.3.2. Organiser son cabinet................................................................................................................- 49 -
2.3.3. Se doter des moyens nécessaires..............................................................................................- 49 -
2.3.4. Mettre en place une politique de confidentialité stricte............................................................- 50 -
2.3.5. Concevoir les politiques et les outils de sauvegarde.................................................................- 51 -
139
1.3. Lettre de mission..................................................................................................................................- 66 -
3. La comptabilité patrimoniale................................................................................................................- 77 -
140
1.5. L’analyse du couple risque – rentabilité............................................................................................- 96 -
1.5.1. Rentabilité.................................................................................................................................- 96 -
1.5.2. Risque........................................................................................................................................- 96 -
1.5.3. Le conseil en gestion de patrimoine face au couple risque – rentabilité...................................- 98 -
BIBLIOGRAPHIE......................................................................................................- 130 -
141
ANNEXES
142
ANNEXE 1 : LETTRE DE MISSION
LETTRE DE MISSION
Lors d’un entretien préliminaire, vous nous avez consultés en vue de procéder au conseil
en gestion de votre patrimoine.
143
ARTICLE 1 : PRINCIPAUX OBJECTIFS
(Le cas échéant : la mission sera renouvelée par tacite reconduction sauf en cas de
résiliation du contrat au plus tard ……… à la réception de la stratégie patrimoniale d’une
année donnée).
ARTICLE 3 : LIVRABLES
144
Une analyse de la situation juridique, financière et fiscale du patrimoine ;
Une stratégie patrimoniale ;
Un bilan patrimonial avant stratégie.
Ledit rapport sera remis dans un délai de ..... jours à compter de la date de clôture de la
période couverte par la présente mission, sauf prorogation expresse demandée par le
conseiller en gestion de patrimoine et acceptée par le client.
La situation décrite ci-avant sera actualisée chaque année couverte par la revue de la
situation du client.
En effet, Dans un contexte d’évolution permanente des textes de loi, de la fiscalité, des
marchés financiers, notre conseil a une validité limitée dans le temps. La stratégie
patrimoniale définie à un moment donné peut en effet évoluer en fonction des évolutions
fiscales, juridiques, mais également au gré des évènements familiaux et professionnels.
ARTICLE 4 : HONORAIRES
La mission initiale de conseil en gestion de patrimoine aura un coût de ………. Dinars hors
taxes. La mission d’actualisation de la situation patrimoniale du client aura un coût de
……….. Dinars hors taxes.
Ce budget inclut l’étude patrimoniale que nous serons amenés à vous donner, ne
nécessitant ni déplacements ni recherches particulières. Le cas échéant, les coûts
supplémentaires supportés par le conseil patrimonial font l’objet d’une note de frais, à
régler dans un délai de …….. jours de la réception de ladite note.
Le client doit fournir toutes les données nécessaires pour mener à bien la mission
mentionnée ci-dessus, et en particulier tous les renseignements et explications dont le
conseil en gestion de patrimoine pourrait avoir besoin. Le client répondra par écrit aux
demandes écrites pour communiquer ou confirmer les informations qu’il puisse énoncer de
vive voix au cours de la mission, ainsi que certaines affirmations implicites.
145
Le travail fournit n’a pas pour but de déceler les irrégularités qui pourraient exister.
Si, au cours de la mission, pour quelque raison que ce soit, le conseil patrimonial devient
incapable de mener à terme la mission qui lui est confiée ou s’il découvre des éléments qui
rendraient les états financiers erronés ou trompeurs, il demandera au client que les
modifications nécessaires soient apportées, faute de quoi, il se réserve le droit de ne pas
donner suite à son engagement et de se retirer.
Lee conseil en gestion de patrimoine s'engage à exécuter les missions dans le respect des
règles déontologiques de la profession d’expert comptable et de celles de conseil en
gestion de patrimoine (le cas échéant, les règles éthiques et professionnelles de l’organisme
professionnel de conseil en gestion de patrimoine dans lequel l’expert comptable est
membre), à fournir une prestation prudente, avisée et diligente et s’astreint au respect de la
confidentialité des informations personnelles du client.
La responsabilité du conseil patrimonial ne saurait être engagée pour le cas où une erreur
serait due à une information fausse ou incomplète fournie par l’Association ou ses conseils
habituels. D'une façon générale, le conseil en gestion de patrimoine est soumis à une
obligation de moyens.
146
ARTICLE 9 : LITIGES
Mr……………………….
Mr …………………..
Expert comptable
Le client
Conseil patrimonial
Membre de l’OECT
147
ANNEXE 2 : EXEMPLE DE DOCUMENT D’AIDE À LA PRISE
D’INFORMATIONS100
Responsable du dossier……………………………………………………………………………….………….
Date……………………………………………………...……………………………………………………….
SITUATION PERSONNELLE
ETAT CIVIL
Conjoint
100
Elaboré par Bosschère (2003) et adapté par nos soins au contexte tunisien.
148
Tél …………………… Portable ………………… Fax personnel
….................................
Régime matrimonial
Descendants
Prénom …….………. ………...……. ……..……….. ……….…..…
Ascendants vivants
Monsieur Madame Conjoint
[
Père Nom, prénom…………………………… Père Nom, prénom……………………………
Né le ……………………...… Né le …………………………
Mère Nom, prénom………………… Mère Nom, Prénom…………………………
Née le ……………… Née le ……………………...…
Joindre une copie de l’acte de mariage et des actes postérieurs relevant du régime
matrimonial
149
Joindre une copie de u certificat de naissance de chaque enfant
Notes : ………………………………………………………………………….……………………..
………………………………………………………………………………….……………………..
………………………………………………………………………………….……………………..
………………………………………………………………………………….……………………..
………………………………………………………………………………….……………………..
………………………………………………………………………………….……………………..
………………………………………………………………………………….……………………..
SITUATION PERSONNELLE
Libéralités
Donations
Actif donné ……………….…..
…………….….. ……………….…..
Valeur ……………….…..
…………….….. ……………….…..
Type de don ……………….….. …………….….. ……………….…..
Date ……………….….. …………….….. ……………….…..
Donateur M Mme M Mme M Mme
[ [ [ [ [ [
M et Mme M et Mme M et Mme
[ [
NOTES
………………………………………………………………………………….……………………..
………………………………………………………………………………….……………………..
………………………………………………………………………………….……………………..
………………………………………………………………………………….……………………..
………………………………………………………………………………….……………………..
………………………………………………………………………………….……………………..
150
………………………………………………………………………………….……………………..
………………………………………………………………………………….……………………..
………………………………………………………………………………….……………………..
………………………………………………………………………………….……………………..
………………………………………………………………………………….……………………..
………………………………………………………………………………….……………………..
………………………………………………………………………………….……………………..
Joindre une copie des documents juridiques des donations.
SITUATION PERSONNELLE
Activité professionnelle
Conjoint
Profession …………………………………………………………………………………………….
Statut ………………………………………………………………………………………………….
Type de revenus Salaire BIC BNC BAP
[ [ [ [
Autre ……………………………………………………….…………………
Montant des revenus soumis à l’impôt …………………………..
Revenus réellement prélevés …………………………………
151
Régime de sécurité sociale : ………………………… N° ………………………..……………..
Catégorie ……………………………………………………………………………………………..
Cotisation CAVIS : Oui Non
[ [
Remplir autant de copies de la présente page que de professions
Joindre un historique des cotisations au régime légal de sécurité sociale
Notes : ………………………………………………………………………….……………………..
………………………………………………………………………………….……………………..
………………………………………………………………………………….……………………..
Descendant : Nom …………………………… Prénom ……………….…………………
Profession …………………………………………………………………………………………….
Statut ………………………………………………………………………………………………….
Type de revenus Salaire BIC BNC BAP
[ [ [ [
Autre ……………………………………………………….…………………
Montant des revenus soumis à l’impôt …………………………..
Revenus réellement prélevés …………………………………
Eléments complémentaires
Notes : ………………………………………………………………………….……………………..
………………………………………………………………………………….……………………..
………………………………………………………………………………….……………………..
………………………………………………………………………………….……………………..
………………………………………………………………………………….……………………..
152
………………………………………………………………………………….……………………..
………………………………………………………………………………….……………………..
………………………………………………………………………………….……………………..
………………………………………………………………………………….……………………..
………………………………………………………………………………….……………………..
………………………………………………………………………………….……………………..
………………………………………………………………………………….……………………..
………………………………………………………………………………….……………………..
………………………………………………………………………………….……………………..
………………………………………………………………………………….……………………..
PATRIMOINE
Biens professionnels
Actionnaires
Comptes courants
153
Identité ………………..……….. Montant………….... Bloqué : Non Oui Hauteur …..….
[ [
Notes complémentaires
………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………
Joindre les comptes annuels des trois derniers exercices (ainsi que les PV et documents
présentés aux assemblées générales des actionnaires).
Joindre les statuts de chaque société.
Activité exercée en société de capitaux Monsieur Madame [ [
Mademoiselle
Forme de société : SA
[ SARL [ SUARL
[ SCA [
Actionnaires
Comptes courants
Notes complémentaires
154
…………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
……
Joindre les comptes annuels des trois derniers exercices (ainsi que les PV et documents
présentés aux assemblées générales des actionnaires).
Joindre les statuts de chaque société.
Biens privés particuliers (œuvres d’art, matériel de transport, bijoux, parts de chasse...)
Revenus perçus
(hors emprunt)
155
Annuités
Revenus nets
Notes complémentaires
…………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
……………………………………………………………………………………………………..
……
Joindre une copie des contrats et des tableaux de remboursement des emprunts.
Joindre, le cas échéant, la pièce justificative de propriété du bien.
Foncier / Immobilier (biens détenus en direct)
Revenus perçus
(hors emprunt)
156
Fixe/ Variable Fixe/ Variable Fixe/ Variable Fixe/
Variable
Montant initial …….………. ………...……. ……..……….. ……….…..…
Capital restant dû …….………. ………...……. ……..……….. ……….…..…
Assurance …….………. ………...……. ……..……….. ……….…..…
Annuités
Revenus nets
Notes complémentaires
…………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
……………………………………………………………………………………………………..
……
Joindre une copie des contrats et des tableaux de remboursement des emprunts.
Joindre, le cas échéant, la pièce justificative de propriété du bien.
Foncier / Immobilier (biens détenus en société)
Dénomination ……………………. ……………..………. ……………………….
Type de biens ……………………. ……………..………. ……………………….
Propriétaire ……………………. ……………..………. ……………………….
Forme de la Société Civile / Capitaux Civile / Capitaux Civile /
Capitaux
Personnes Personnes Personnes
Répartition capitalistique
Identité / pourcentage de participation …………………………………/………..%
…………………………………/………..%
…………………………………/………..%
…………………………………/………..%
…………………………………/………..%
…………………………………/………..%
Date d’acquisition ……………………. ……………..………. ……………………….
Valeur d’acquisition ……………………. ……………..………. ……………………….
157
Actif net de la société
Annuités
Revenus nets
Joindre une copie des PJ de propriété du bien et documents juridiques des sociétés
Joindre une copie des contrats et des tableaux de remboursement des emprunts.
Valeurs mobilières / Capitalisation
Dénomination …….………. ………...……. ……..……….. ……….…..…
Type de biens …….………. ………...……. ……..……….. ……….…..…
Propriétaire …….………. ………...……. ……..……….. ……….…..…
Type de propriété PP / NP / US PP / NP / US PP / NP / US PP / NP / US
Horizon de détention CT / LT CT / LT CT / LT
CT / LT
Date d’acquisition …….………. ………...……. ……..……….. ……….…..…
Val. estimée au 1/1 …….………. ………...……. ……..……….. ……….…..…
Revenus nets
158
Notes complémentaires
…………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
……
Joindre une copie des contrats d’acquisition (ou tout document équivalent).
Epargne associé
Versement …….………. ………...……. ……..……….. ……….…..…
Périodicité …….………. ………...……. ……..……….. ……….…..…
Date de début …….………. ………...……. ……..……….. ……….…..…
Durée …….………. ………...……. ……..……….. ……….…..…
Revenus nets
Notes complémentaires
…………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
……
Joindre les pièces justificatives de détention (le cas échéant, les extraits de compte).
Assurance -vie
159
Montant ……………………. ……………..………. ……………………….
Notes complémentaires
…………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
……
BUDGET
M., Mme, Mlle Conjoint Personne à charge
160
Revenus BIC ………………….. …………………… …………………….
161
Charges financières sur découvert bancaire ………………….. …………………… …………………….
PROJETS
Vos projets
Nature du projet Délais Coût prévisible
162
Copie des déclarations fiscales et sociales
[
Copie de toute autre pièce pour justifier les recettes et dépenses patrimoniales
[ Copie de toute autre pièce pour justifier les actifs et passifs patrimoniaux et les engagements futurs (reçus
[
et donnés)
SYNTHESE
PRE-ANALYSE
…………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
……
ELEMENTS COMPLEMENTAIRES
…………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………..
…….
163