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REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO


UNIVERSITE DE KINSHASA

FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION

« INCIDENCE DE LA POLITIQUE MONETAIRE


ET BUDGETAIRE SUR L’ECONOMIE
CONGOLAISE »

Par
BILOLO MOTIKE Heritier

Mémoire présenté et défendu pour l’obtention du titre de


Licencié en sciences économiques et de gestion
Option : Gestion Financière

Directeur : TSHIMPE DITUMBULE Christophe


Professeur
Rapporteur : NGUBU KIBULA Jaques
Chef de travaux

ANNE ACADEMIQUE 2018 - 2019


Heritier Bilolo
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Heritier Bilolo
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EPIGRAPHE

« Il n’y a rien de plus utile que l’eau, mais elle ne peut presque rien acheter ; à peine y
a-t-il moyen de rien avoir en échange. Un diamant, au contraire, n’a presque aucune
valeur quant à l’usage, mais on trouvera fréquemment à l’échanger contre une très
grande quantité d’autre marchandise »

Adam SMITH

Heritier Bilolo
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IN MEMORIUM

A notre très cher nièce Caroline BILONGO pour son souci de nous voire
finir les études et que le très haut a décidé autrement.

Heritier Bilolo
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DEDICACE

A nos parents Dieudonné BILOLO et Emilie NYANGOLA pour votre


affection et sacrifice depuis notre enfance jusqu’aujourd’hui Recevez ce travail comme
fruit de vos peines.
A notre grand frère Jules EKWETE pour ton hospitalité indéfectible.
A toute la famille.

Heritier Bilolo
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REMERCIEMENT
Nous tenons avant toute chose, à remercier sincèrement le professeur TSHIMPE
DITUMBULE Christophe et le Chef de Travaux jaques NGUBU qui nous ont assuré
un encadrement efficace et bénéfique. C’est grâce à leurs critiques, remarques,
encouragements et conseils que ce travail est enfin réalisé.
Nos profonds et sincères remerciements s’adressent aussi aux autorités
académiques de l’université de Kinshasa plus précisément à celles de la Faculté des
sciences Economiques et de gestion, pour avoir contribué à notre formation
scientifique et pour tous les sacrifices consentis afin de parfaire notre formation.
Nous exprimons notre gratitude à tout celui qui, de prêt ou de loin, d’une
manière ou d’une autre a contribué à l’aboutissement de ce travail. Nous adressons nos
remerciements à la famille BILOLO et plus particulièrement à nos frères, sœurs,
cousins, connaissances nous avons cité : Mado NYALIBA, marie NYALIKOMBA,
Lisbonne BAEKI, moustapha MUNGAI, Honorine BOLOKA, prince EBUMA,
Gérôme BOKANYA, Xavier LIKAMBELO, jean ITONGO, Anny LIPASA, Anny
NYAMANDINGA, BILOLO BITEKA, Chirac MWENGA, Trésor AMISI, Heritier
TSHIMBALANGA.
Et enfin, que tous ceux qui nous ont soutenus d’une manière ou d’une autre, trouvez
ici l’expression de notre sincère reconnaissance.

Heritier BILOLO MOTIKE

Heritier Bilolo
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LISTE DES ABREVIATIONS

PIB produit intérieur brut

IDE investissement directs étrangers

BCC banque centrale du Congo

TVA taxe sur la valeur ajoutée

RRIG réseaux routier d’intérêt général

FONER fonts d’entretien routier

ASS Afrique sub-sariene

RDC République démocratique du Congo

DGI direction générale d’impôt.

DGRAD direction générale de recettes administratives,


judiciaires, domaniales et participations

UNIKIN université de Kinshasa

IRPP impôt sur le revenu

OCDE organisation de coopération et de développement


économique

S solde

Ss solde structurel

Sp solde primaire

Sc solde conjoncturel

Ssp solde structurel primaire

UEM union économique et monétaire

PPTE pays pauvres et très endettés

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AS aggregate suppy

AD aggregate demand

IS investment saving

LM liquidity preference money supply

FMI fond monétaire international

PIR programme intérimaire renforcé

BTR billet de trésorerie

RME résident en monnaie étrangère

NRME non résident en monnaie étranger

AR autorégressif

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0. INTRODUCTION
1. Problématique

La politique budgétaire constitue avec la politique monétaire, l’un des


principaux leviers de la politique économique de l’Etat ; elles consistent à utiliser
certains instruments budgétaires (dépenses publiques, endettement public, prélèvement
fiscaux) pour influer sur la conjoncture économique.

La République démocratique du Congo a connu depuis la nuit du temps


et aujourd’hui, des nombreux problèmes économiques liés à sa politique économique
et autres variables exogènes. De 1989 à 2001, l'économie congolaise a réalisé des
contreperformances macroéconomiques : chute de la production nationale,
hyperinflation, taux de chômage élevé, instabilité du taux de change, endettement
élevé et balance de paiement déficitaire.1

La baisse des prix des matières premières et de la demande ont


commencé à avoir un impact négatif sur les équilibres macroéconomiques. Le taux de
croissance du PIB réel a atteint 6,9 % en 2015, soit 3,6 points de pourcentage de moins
que son niveau initialement projeté au début de l’année et le ralentissement s’est
accentué en 2016 pour atteindre 3,50% en 2017 et en suite augmenter de 4,4% en 2018. La
croissance des industries extractives s’est ralentie à 4,8 % contre 20,4 % par an en
moyenne entre 2010 et 2014 alors que le prix des produits comme le cuivre qui
représentait 53 % des exportations de biens entre 2010 et 2015 a baissé d’un quart.

La détérioration de la balance commerciale a induit une dégradation du


compte courant et une baisse sensible des réserves en devises étrangères. La balance
du compte courant a enregistré un déficit de 2,5 % du PIB en 2015, en raison du

1
NZANZU TAVULYANDANDA, Travail de fin de cycle politique budgétaire en RDC, UCG, Faculté des
sciences économiques, 2015-2016.P.9

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10

fléchissement du cours des matières premières. En outre, la facture des importations


reste importante et dominée par l’importation de biens d’équipement et de
consommation.

Les Investissements Directs Étrangers (IDE) ainsi que les dons et les
prêts des partenaires au développement extérieur n’ont que partiellement compensé le
déficit courant, ce qui a conduit à une consommation importante des réserves en
devises de la Banque Centrale du Congo (BCC). Ces réserves ont baissé de 240
millions de dollars US en 2015 et 480 millions entre fin 2015 et octobre 2016, et le
taux de change officiel se retrouvait à 1088 CDF/ dollar US à la fin d’octobre 2016. La
baisse importante des prix des produits énergétiques et miniers a ralenti la mobilisation
des recettes domestiques. Les recettes intérieures de l’État n’auraient nominalement
augmenté que de 6 % en 2015, contre des projections initiales de 14,5 % ; et en 2016
une baisse des recettes serait observée. Les recettes issues de la TVA qui constituent le
quart des recettes intérieures, n’ont pas dépassé 3,5 % du PIB en 2015, alors que son
potentiel serait de l’ordre de 5 à 5,5 % du PIB.

Le solde budgétaire global s’est érodé en 2015 et serait en déficit de 1,4


% du PIB en 2016, financé essentiellement par une consommation des dépôts de l’État
accumulés depuis 2012 auprès du secteur bancaire.2 A ce là s’ajoute une baisse
continue des revenus des industries extractives provoqué par l’incertitude politique et
les déséquilibres macroéconomiques. La baisse des réserves de change a conduit à une
pénurie en devises étrangères rendant l'importation de produits de base difficile, ce qui
se traduirait par des hausses de prix préjudiciables pour les pauvres.

En outre, la baisse des réserves a donc conduit à une nouvelle


détérioration du taux de change, renforçant ainsi les pressions inflationnistes. Cet
environnement de ralentissement de la croissance économique et d'augmentation de
l'inflation est souvent propice pour les tensions sociales.

2
Rapport sur la politique monétaire au premier semestre 2018.P.27

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11

Pour faire face au choc exogène, le gouvernement a pris un ensemble de


mesures d’urgence, mais ces mesures ne paraissent pas toutes adaptées à une période
de vulnérabilité macro-budgétaire. Parmi les vingt-huit mesures du gouvernement,
quatre ont un impact direct sur les recettes, trois un impact indirect, six relèvent de la
gestion des finances publiques avec rationalisation des dépenses, et les quinze autres
mesures ont des visées sectorielles et structurelles dont les implications en termes de
finances publiques peuvent aller dans un sens comme dans l’autre.3

Toujours dans cette perspective, pour créer l'espace budgétaire et amortir


l'impact des chocs exogènes, Le gouvernement a choisi de nouveau la viabilité
budgétaire à long terme. Etant donné qu’il y a un faible niveau des recettes publiques,
l'inefficacité dans les dépenses publiques et les besoins sociaux pressants, toutes ces
mesures n’ont débouché qu’aux effets d’éviction.

Dans le secteur d’infrastructure routier, le niveau de couverture du réseau


routier a situé le pays largement en dessous de la moyenne africaine, avec son Réseau
Routier d’Intérêt Général (RRIG) représentant une densité spatiale de routes de 25
km/1000 km² contre une moyenne africaine de 204 km/1000 km². La couverture par
rapport à la population est de 0,9 km/1000 habitants contre une moyenne africaine de
3,4 km/1000 habitants4. Alors que, préserver l’investissement et l’entretien en temps
de crises permet d’éviter la détérioration des infrastructures, notamment routières, dont
l’état actuel est déjà un frein à la diversification.

Le déficit d’entretien accélère la détérioration des routes et empêche de tirer


profit des gains de l’expansion du réseau en état de circulation. Ce déficit d’entretien a
fait que les routes passent d’un état moyen à mauvais. Ainsi, 13 000 km de routes
auraient dû être entretenues en 2012, mais l’OR n’en avait entretenu que 7 600 km,
soit 58 % du total. Le financement de l’entretien devrait être assuré par le Fonds
d’Entretien Routier (FONER) qui, jusqu’à la période sous étude, concentre ses
activités sur les travaux d’investissement, laissant ainsi persister un déficit d’entretien.

3
Rapport de suivi de la situation économique et financière, groupe de la banque mondiale, 2016. P. 35
4
opcit P. 37

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Le financement des transports routiers a continué à augmenter mais il


devient de plus en plus difficile de capter et de réconcilier les données. Les dépenses
sur le secteur vont continuer à augmenter grâce à la croissance des financements de
l’État tirés par le FONER et le Budget d’Investissement (BI).

Toutefois, ce niveau de financement reste en dessous du minimum,


notamment pour le réseau interurbain. Les investissements de l’État entre 2010 et 2018
sont en moyenne de 1,8 % du PIB et sont restés inférieurs de 1,2 point au minimum
nécessaire pour assurer l’entretien et le développement du réseau routier, estimés à 3,0
% du PIB. En regardant de près, le déficit moyen annuel pour assurer l’entretien et le
développement progressif du réseau interurbain est de 1,4 % du PIB alors que les
dépenses de voiries urbaines dégagent un excédent annuel de 0,2 % du PIB. En
parallèle, la traçabilité des dépenses se complique et reflète un problème général de
gestion des finances publiques et de pertinence des rapports budgétaires.

Les dysfonctionnements du processus budgétaire et de passation des


marchés ont contribué à l’inefficacité et l’inefficience de la dépense publique dans le
secteur routier. Le dysfonctionnement au niveau du processus budgétaire conduit à la
faible allocation de ressources et l’irrégularité des décaissements et amoindrit la
performance de la dépense. Même lorsque les fonds sont disponibles et alloués et
l’orientation politique favorable, le taux d’exécution des programmes de
développement reste faible.

Cela est dû aux dysfonctionnements du système de passation des


marchés publics qui se traduisent, entre autres, par une préparation insuffisante des
dossiers d’appel d’offres et une passation des marchés contestable. En effet, lorsque
les informations et les références des soumissionnaires ne sont pas vérifiées, cela a
abouti dans certains cas à la résiliation tardive des contrats non-performants. Les
déficiences du système de marché, les retards de paiement et les risques de résiliation
des contrats induisant des problèmes d’efficience et contribuant à des coûts supérieurs
aux moyennes de l’Afrique Sub-saharienne (ASS). Ainsi, à titre d’exemple, les coûts
de l’asphaltage en RDC seraient supérieurs de 44% à ceux d’un échantillon de 11 pays
de l’ASS.

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Quant à ce qui concerne plus spécialement la politique monétaire, celle-ci a


comme autorité la Banque Centrale qui conduit sa politique monétaire suivant la loi n°
005 /2002 du 05 mai 2002 relative à la constitution, à l’organisation et au
fonctionnement de la Banque Centrale du Congo. Suivant les dispositions de l’article
03 de ladite loi, la Banque Centrale du Congo est chargée de mettre en œuvre la
politique monétaire du pays, dont l’objectif principal est la stabilité du niveau général
des prix. Sans préjudice de cet objectif principal, la Banque Centrale du Congo
soutient la politique économique générale du Gouvernement et accomplit toutes les
missions de la Banque Centrale, notamment :

 assurer la stabilité interne et externe de la monnaie nationale ;


 détenir et gérer les réserves officielles de la République ;
 promouvoir le bon fonctionnement des systèmes de compensation et de paiement
;
 élaborer la réglementation et contrôler les établissements de crédit, les
institutions de micro-finance et les autres intermédiaires financiers ;
 édicter les normes et règlements concernant les opérations sur les devises
étrangères ;
 participer à la négociation de tout accord international comportant des
modalités de paiement et en assurer l’exécution ;
 promouvoir le développement des marchés monétaires et des capitaux.5

Au regard de l’objectif principal et des missions précitées, la banque


centrale du Congo a orienté sa politique monétaire au premier semestre 2018 dans un
environnement caractérisé par le ralentissement du rythme de dépréciation de la
monnaie nationale couplé d'un ralentissement du rythme de formation des prix
intérieurs. Dans ce contexte, la Banque Centrale du Congo a procédé à l’assouplissement
de sa politique monétaire pour faciliter les conditions des marchés.

En effet, le taux directeur a été revu à la baisse alors que les coefficients
de la réserve obligatoire ont été maintenus inchangés. Quant aux Bons BCC, ils ont

5
Rapport sur la politique monétaire au premier semestre 2018.P.33

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permis de réguler de la liquidité. Au terme du premier semestre 2018, les facteurs de la


liquidité bancaire ont entrainé une injection de la liquidité dans l’économie en deça du
niveau programmé. En effet, la liquidité bancaire s’est accrue de 17,3 milliards de
CDF contre une injection attendue de 79,2 milliards. Cette évolution est expliquée par
le comportement des facteurs institutionnels qui ont ponctionné de la liquidité plus
importante que le flux attendu.6

Nonobstant toutes les affirmations de la banque centrale qui précédent,


visiblement sur le marché, le taux de change a continué à grimper et provoquant ainsi
une hausse continue du niveau général de prix.

En effet, il nous semble évident de confronter tous ces problèmes


énumérés avec les analyses keynésiennes qui montrent de façon exotique que, l’état
peut tirer parti des effets multiplicateurs positifs et négatifs de ses dépenses et
de ses prélèvements pour relancer l’économie lorsqu’il s’agit de lutter contre le
chômage ou, au contraire, la freiner pour enrayer l’inflation. Ces analyses présentent
ainsi donc ces instruments (politique budgétaire et monétaire) comme étant des
stimulants de la demande globale et contribuant à relancer une économie stagnante
grâce aux multiplicateurs budgétaire, fiscal etc., cet argument n’est pas partagé par les
néolibéraux.

D’âpres ces derniers, les mécanismes de marché sont supérieurs aux


interventions économiques et sociales de l’état et par conséquent, ils préconisent une
réduction, voire, une suppression totale de ces dernières. Les néolibéraux démontrent
par exemple qu’une politique budgétaire a des effets négatifs sur les activités
économiques.

Bien qu’elles soient l’objet de multiples controverses, la politique


budgétaire et monétaire visent donc à réaliser les objectifs du carré magique de Kaldor
: plein-emploi, stabilité de prix, croissance économique et équilibre extérieur. En outre,
elles poursuivent une multitude d’objectifs non-économiques tels que des objectifs
culturels, éducatif ou de santé publique.

Heritier Bilolo
15
6
Rapport sur la politique monétaire au premier semestre. Op. cit.P.35

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16

Considérant cet état de chose, il s’avère important de pouvoir mener une


étude sur le cas précis de la République démocratique du Congo. La réflexion
s’articule autour des questions suivantes :
 quelle est la politique budgétaire et monétaire adaptée pour la RDC en fin de
réaliser ses objectifs économiques et non-économiques.
 Quel est l’impact de la politique budgétaire et monétaire sur l’économie.
2. Objectifs de la recherche
Aucune recherche ne peut être effectuée sans qu'elle ait une finalité. La
nôtre n'en fait pas exception.

L'objectif assigné à ce travail consiste à identifier la politique monétaire


et budgétaire adaptée pour la RDC et cerner son impact sur l’économie.

Dans cette même logique d'idées et de façon plus spécifique, son objectif
consiste à identifier et à vérifier l’efficacité et l’impact de la politique monétaire et
budgétaire adoptées ces dernières années, proposer des solutions efficaces pour la
résolution des problèmes macroéconomiques.

Vu l'ampleur de notre champs de recherche, il est impérieux de pouvoir


l'affronter tout en ayant des réponses avancées à ces différentes questions.

3. Hypothèses

L’hypothèse est définit comme une proposition aux questions que l’on se
pose à propos de la recherche formulée en des termes tels que : l’observation et
l’analyse puissent fournir une réponse. C’est aussi une proposition qui tente
d’expliquer les problèmes posé à partir de l’observation et de l’analyse7

A cette perspective, pour mieux cadrer notre recherche, nous avons arrêté
anticipativement les réponses suivantes à nos différentes questions:
 les tensions politiques restent vives dans le pays. Le gouvernement devrait ainsi
éviter au départ une situation où les tensions pourraient se nourrir les unes des

7
MANGALU, M., Méthode de recherche en sciences sociales, notes de cours, inédit,
FASEG, UNIKIN, 2013-2014, p. 45.

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17

autres, conduisant à l'instabilité et au déclin de l'activité économique et en suite


maintenir la soutenabilité des finances publiques. Pour y arriver, l'ajustement du
solde budgétaire ne sera pas suffisant. Le gouvernement doit surtout résister aux
pressions visant à augmenter les exonérations qui réduiraient une assiette fiscale
déjà modeste et, au contraire, commencer par diminuer les exonérations et les
cadeaux fiscaux. Le gouvernement pourrait aussi introduire une procédure de
liquidation différée de la TVA perçue à l'importation pour les grands exploitants
miniers et mettre en place un cadre de collaboration entre la DGI et la DGRAD
pour diligenter des contrôles fiscaux communs auprès des entreprises minières et
pétrolières, etc. et en fin appliquer une politique monétaire adaptée pour
accompagner cette mesure.
 Il est vrai que la politique budgétaire et monétaire aient d’impacts sur l’économie
nationale car ces dernières ont des effets directs sur la production, le niveau
général de prix et le taux d’intérêt qui, à leur tour heurtent sur d’autres variables
aussi importantes comme le taux de change, de chômage, etc.
4. Choix et intérêt du sujet
Tout chercheur, dans le souci de résoudre les problèmes qui se posent
dans son environnement, observe quotidiennement une chaîne de faits qui lui
motivent, en vue d’apporter une piste de solutions aux problèmes soulevés.
Mais, le fait pour un phénomène d’être porteur de plus de signification
que les autres, est fonction du sujet pensant qui, en raison de ses préférences, de son
équation personnelle et des types des problèmes qui se posent dans son environnement
social, retient comme fait qui pose problème ce qu’un autre peut être trouvé
insignifiant et vice- versa.
La nature de ce sujet nous recommande d’indiquer son intérêt à deux
niveaux de vue, à savoir : personnel et scientifique :
 Du point de vue personnel, il est impérieux pour nous, en tant que chercheur,
d’identifier l’efficacité et/ou l’inefficacité des politiques monétaires et
budgétaires éléments clés de l’apolitique économique.

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 Du point de vue scientifique, notre étude constitue dans le domaine scientifique


et politique inévitablement une contribution, pour la bonne prise des décisions en
matière de politique économique aux décideurs et une information aux
chercheurs.

5. Méthodologie de la recherche

Il s’agit de mettre en place un ensemble des démarches pour collecter ou


rassembler les données susceptibles de confronter le modèle d’analyse aux faits. Pour
cela, le chercheur doit expliquer et justifier le choix des méthodes et techniques qu’il
propose d’utiliser8.

La réalisation de tout objectif n'est possible que si une certaine


méthodologie adéquate a été mise en œuvre.

La méthodologie d'une recherche définie les méthodes et techniques


utilisées dans la réalisation d'un travail.
Dans le cadre de la présente recherche, nous avons recouru aux méthodes
suivantes :
 La méthode descriptive : elle consiste à décrire, nommer ou caractériser un
phénomène, une situation ou un événement de sorte qu'il apparaisse familier. Elle
nous permettra de décrire les faits économiques les plus marquants de la période
sous investigation ;
 La méthode analytique : celle-ci étant une analyse systématique de toutes les
informations ainsi que des données récoltées, elle nous permettra de déterminer les
outils, moyens et de mesurer l'efficacité de la politique budgétaire et monétaire
 La méthode comparative : la méthode comparative est une démarche cognitive par
laquelle on s'efforce à comprendre un phénomène par la confrontation des situations
différentes.
Elle nous aidera à comparer plusieurs phénomènes ou situations afin de
dégager les écarts et ainsi les interpréter.
Quant à la technique, nous avons utilisé:

Heritier Bilolo
19
8
MANGALU, M., Op. Cit., p.59

Heritier Bilolo
20

 La technique documentaire : elle nous sera utile dans l'élaboration de la partie


théorique et l'illustration de nos idées et par celles des auteurs chercheurs nous
ayant précédé dans la rédaction et la recherche. Cette technique permettra aussi
de réunir les données nécessaires à la réalisation de notre travail. Ainsi, nous
allons consulter les ouvrages disponibles dans la bibliothèque centrale de l'UNIKIN,
celle de KIMWENZA, de NODASA, sur internet en général et sur le site de la
BCC en particulier.
6. Délimitation du travail
Prétendre réaliser un travail sans limites spatiale et temporelle, nous
serait irréaliste de par les contraintes temporelle et même financière. C'est dans cette
optique que nous avons effectué notre étude sur la République démocratique du Congo
et ce pour une période allant de 2014 à 2018.

7. Canevas du travail

Outre l’introduction et la conclusion, ce travail comprend trois chapitres :


Chapitre I : Analyse des concepts de base : politique monétaire et politique budgétaire
Chapitre II : Réformes de la politique budgétaire et monétaire en RDC
Chapitre III : l’analyse empirique de la relation entre politique budgétaire et monétaire sur la
croissance économique en rdc

Heritier Bilolo
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CHAPITRE I : ANALYSE SUR LES CONCEPTS DE BASE : POLITIQUE


BUDGETAIRE ET POLITIQUE MONETAIRE

SECTION I. POLITIQUE BUDGETAIRE

La politique budgétaire constitue avec la politique monétaire, l'un des


principaux leviers de la politique économique de l'Etat ; elle consiste à utiliser certains
instruments budgétaires (dépenses publiques, endettement public, prélèvements
fiscaux) pour influer sur la conjoncture économique.

Par conséquent, la plupart des pays développés ont mené depuis 1930 des
politiques de relance budgétaire lors de périodes de récession ou de moindre
croissance. A compter de la crise consécutive au choc pétrolier de-1973, les
théoriciens néoclassiques ont cependant souligné les limites de la politique budgétaire
et notamment les effets néfastes des déficits et de la dette publique.

I.1. Définition

La politique budgétaire est l'ensemble des mesures ayant des


conséquences sur les ressources ou les dépenses inscrites au budget de l'Etat et visant
directement à agir sur la conjoncture9.

La politique budgétaire est le nom donné à la politique économique


menée par un gouvernement, lorsque celui-ci modifie le budget de l'Etat, d'une façon
telle qu'il en découle des impacts macro-économiques sur l'économie totale du pays.
Le but est idéalement d'augmenter la croissance, ou d'atteindre des objectifs sociaux
(réduire le chômage etc.) ; combinée à la politique monétaire, elle forme le Policy-
mix. Lorsqu'un

9
T. GERARD, la politique budgétaire, caisses des dépôts et consignation, service de la recherche, Paris. 2000.

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22
P.17

Heritier Bilolo
23

gouvernement veut mettre en place une politique conjoncturelle, la politique


budgétaire en est l'élément principal.

I.2. Les différentes composantes de la politique budgétaire

La politique budgétaire comporte deux composantes :

I.2.1. Les dépenses


 Dépenses sociales (niveau des minima sociaux), aides aux entreprises,
investissements en infrastructures publiques, aides à la recherche, exonérations
fiscales, hausses des salaires des fonctionnaires et de l'emploi publics etc.
I.2.2. Les recette
 Niveau de taux d'imposition et des bases fiscales des différents impôts, niveau
global des prélèvements obligatoires dans le PIB, emprunts, recettes
exceptionnelles (gisements miniers, portefeuille d'action publique) etc.

I.3. Le budget de de l'Etat

Le budget de l'Etat est une loi (la loi de finance) votée chaque année et
autorisant l'Etat à prélever certaines ressources (impôts et taxes) et à dépenser ces
ressources d'une manière prévue précisément par la loi.10
I.3.1. Les composantes du budget de l'Etat

L'Etat utilise le budget comme un instrument pour agir sur la


conjoncture. En RDC, il représente environ un dixième du PIB. Le budget englobe les
dépenses et les recettes annuelles de l'Etat.

 Les dépenses comprennent les dépenses de fonctionnement, les


transferts et les dépenses en capital.
 Les recettes comprennent les ressources fiscales (sur le revenu, la
consommation, le patrimoine, les bénéfices) et non fiscales.
I.4. Les rigidités du budget

10
M. LORCA, la politique budgétaire de la gestion de la demande, -PUF- 1998

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24

Les dépenses de fonctionnement ont une forte inertie pour des raisons
sociales, économiques et institutionnelles. Les charges financières s'imposent comme
conséquence des emprunts antérieurs. La fiscalité est difficilement modulable à la
hausse à cause des relations des contribuables.

I.5. La sensibilité du budget a la conjoncture

La conjoncture affecte davantage les recettes que les dépenses publiques.


Le produit fiscal est lié positivement à l'activité économique. C'est particulièrement
vrai pour les impôts sur la consommation (TVA) et sur le revenu (IRPP). Les dépenses
publiques sont moins sensibles. Certaines dépenses de transferts varient en sens
inverse de l'activité.11

I.6. Le financement du budget

Quand nous parlons de financement du budget, c'est lorsque le solde est


déficitaire, c'est-à-dire les dépenses sont supérieure aux recettes.

Un déficit est en général financé par l'épargne (bons de trésor,


obligations, grands emprunts), ce qui augmente la dette publique. Le recours à la
création monétaire (concours de la Banque Centrale) est en voie de disparition.

I.7. Le budget de l'Etat : élément déterminant de la vie économique

Le budget des administrations publiques représente, d’un pays à l’autre,


une part plus au moins importante, mais toujours considérable, du produit intérieur
brut. Autant dire que le rôle de l’Etat dans l’économie, par la gestion de ses budgets
colossaux, est déterminant.

La politique budgétaire est attentive à trois éléments de la vie


économique :

11
MUBAKE MUMEME M. Fluctuations et croissance économiques, galileo système, Kinshasa 2007 P.141

Heritier Bilolo
25

 L’allocation des ressources


 La redistribution des revenus
 La stabilisation de l’activité économique.

A travers ses choix budgétaires, l’Etat est tout d’abord en mesure


d’influencer l’allocation de leurs ressources par les agents privés, ne serait-ce qu’en
favorisant telle ou telle infrastructure, en finançant la recherche dans des domaines
choisis, en soutenant un type de formation ou une région etc… en outre l’état assure
une fonction vitale de redistribution de revenus dans un souci d’efficacité et d’équité,
grâce à ses prérogatives en matière de prélèvement fiscaux puis des prestations
sociales.

Ainsi, l’Etat doit s’appliquer à corriger une réparation primaire des


revenus, résultat spontané des mécanismes de marché, qui ne se correspondent pas
forcement à l’optimum économique (difficultés de certains ménages à assurer la
scolarité de leurs enfants pourtant cruciale au sein d’économie en pénurie de main
d’œuvre qualifiée : rétribution éventuellement trop élevée du capital aux dépenses du
travail et de consommateurs ; etc.).

Mais, si ces considérations d’allocation de ressources et de redistribution


du revenu sont cruciales pour la bonne marche de la vie économique, elles ne sont
possibles que dans un contexte dynamique. Avant de se soucier de sa respiration,
encore faut-il s’assurer que l’économie nationale dispose de l’oxygène nécessaire,
c’est pourquoi la politique budgétaire de l’état a, d’abord et avant tout, vocation à
stabiliser l’activité économique, à la recherche d’une croissance régulière.

Pour ce faire, en vertu du mécanisme de multiplicateur, le budget de


l’Etat est un puissant moyen d’action.

I.8. Les indicateurs de la politique budgétaire

I.8.1. Le solde budgétaire

Le solde budgétaire qui est la différence entre les recettes et les dépenses
n’est pas un indicateur suffisant de la politique budgétaire. D’abord, il dépend

Heritier Bilolo
26
fortement de la conjoncture : il tend à s’améliorer en phase d’expansion et à chuter
en phase de

Heritier Bilolo
27

récession, en suite il incorpore les charges financières déjà acquises au départ. On a


donc conçu, pour les administrations publiques, des soldes corrigés des influences de
la conjoncture et de charges financières.

I.8.2. Le solde structurel

Le solde observé S comprend une composante structurelle Ss et une


composante conjoncturelle Sc : S=Ss+Sc.

Le solde structurel Ss, indépendant de la conjoncture, se rapporte à un


PIB potentiel, obtenu par diverses méthodes. Un solde un solde budgétaire de plein
emploi (SBPE) fut calculé dans les années 1960 aux USA d’après un PIB de plein
emploi, aujourd’hui, l’OCDE retient un PIB non accélérateur d’inflation calculée à
partir du NAWRU.

Les variations de Ss dépend de mesures délibérées en bonne (haute)


conjoncture, Ss est supérieur à S la composante conjoncturelle dépend de l’écart de
production, différence entre le PIB potentiel.

I.8.2.1. Le solde primaire

Le solde primaire Sp est la différence entre les recettes et les dépenses


hors intérêt. C’est la somme algébrique du solde S et les intérêts Int. Sp-S+Int. Un
déficit budgétaire peut masquer un excèdent primaire. Le solde primaire un est
déterminant majeur de l’endettement.

I.8.2.2. Le solde structurel primaire

Le solde structurel primaire Ssp est la partie du solde budgétaire qui n’est
liée ni aux intérêts, ni à la conjoncture.

Ssp=Ss+int.
Les variations de Ssp reflètent la politique budgétaire délibérée. Une
hausse signifie une politique restrictive.

Heritier Bilolo
28

I.9. Conception de la politique budgétaire


I.9.1. Conception active : budget régulier
 La norme d’équilibre budgétaire

Cette approche d'inspiration classique, vise la neutralité du budget et


préconise des règles contraignantes. La vision la plus rigide correspond à la règle
d'équilibre entre les dépenses et les recettes budgétaires. L'emploi conjoncturel du
budget est jugé inutile, inefficace et nocif. Il s'agit d'abord d'éviter les effets jugés
négatifs des déficits publics (inflation, effets d'éviction, taux d'intérêt élevés). Il s'agit
ensuite d'inciter l'Etat à freiner ses dépenses en imposant un lien étroit avec les impôts.

L'approche orthodoxe a prévalu jusqu'à la crise des années 1930 sans être
toujours rigoureusement appliquée.

 Les normes de plafonnement

L'orthodoxie budgétaire prend des formes moins rigides avec le


plafonnement des déficits et de l'endettement publics.

En Europe par exemple, l'encadrement des politiques budgétaires en


référence aux traités de Maastricht et d'Amsterdam fixe le plafonnement du déficit des
administrations publiques à 3% du PIB et de la dette publique brute à 60% du PIB. Ce
choix relève d'une approche assez voisine considérant que les déficits publics ont
surtout des effets économiques négatifs pour un pays et pour ses partenaires.

Le seuil de 3% est compatible avec une action conjoncturelle du budget


pour les Etats qui tendent à l'équilibre budgétaire, mais non pour ceux qui ont tendance
à se situer près de cette limite.

En outre, le plafonnement de la part de l'Etat dans l'économie (dépenses,


PIB), prélèvements obligatoires (PIB) relève d'une problématique plus libérale
qu'orthodoxe, de même que la courbe de Laffer.

I.10. Les politiques budgétaires volontaristes

Heritier Bilolo
29

En cas de forte dégradation de la conjoncture économique, les


gouvernements peuvent être tentés de mener une politique budgétaire volontariste. Une
telle politique consiste à soutenir l'activité économique à court terme, en faisant jouer
le multiplicateur Keynésien.

On appelle multiplicateur Keynésien, le mécanisme macroéconomique


mis-en évidence par Keynes, qui permet de compenser la faiblesse des dépenses
privées par un accroissement des dépenses publiques.

En effet, une augmentation des dépenses publiques engendre des revenus


supplémentaires qui sont pour partie consommés, pour partie épargnés et pour partie
récupérés par les administrations publiques sous formes d'impôts et cotisations
sociales. Or, la partie de ces revenus supplémentaires consommés vient de nourrir la
demande intérieure adressée aux entreprises. Ces dernières peuvent dès lors augmenter
leurs investissements, leurs emplois et distribuer des revenus supplémentaires. Le
surcroît de dépenses publiques provoque par conséquent un effet cumulatif (un effet
multiplicateur) qui stimule d'autant plus d'activités économiques que les revenus sont
peu épargnés, peu imposés et que la demande de consommation s'adresse
principalement aux entreprises nationales.

Les gouvernements peuvent également soutenir l'activité en réduisant les


charges fiscales et donc en augmentant le revenu des personnes privées. Cette politique
stimule l'activité économique, mais dans une moindre proportion que la dépense
publique car une partie de ce revenu supplémentaire est immédiatement épargnée par
les ménages et les entreprises12.

I.11. La politique de demande

Si l'Etat verse davantage d'argent aux ménages (aide sociale) ou leur en


prélève moins (baisse des impôts), les ménages vont augmenter leur consommation et
la demande adressée aux entreprises (politique de demande).

12
SOLOW M. Robert, peut-on recourir à la politique budgétaire ? Est-ce souhaitable ? Revue de l'OFCE 88,
2002 P. 14

Heritier Bilolo
30

Empiriquement, une hausse de revenus a d'autant plus d'effets que Ses


ménages concernés sont modestes, car ils auront tendance à faiblement épargner tout
nouveau revenu (on parle de forte propension à consommer).

Mais, s'il suffisait de « distribuer » de pouvoir d'achat pour accélérer la


croissance, la politique budgétaire serait fort simple. Quantité d'effets négatifs peuvent
contrecarrer, voir inverser une telle politique par exemple : Un comportement
partiellement ou totalement ricardien des ménages : au lieu de consommer, les
ménages épargnent. Si la consommation se porte sur des biens importés (parce que les
capacités de production internes ne correspondent pas à la nouvelle demande), alors la
relance est exportée : elle produit ses effets à l'étranger et non dans le pays.

Une désexcitation à travailler des ménages, si le revenu octroyé devient


intéressant par rapport aux revenus des activités normales. Les ménages augmentent
leur salaire de réserve ou réduisent leur offre de travail, la main d'œuvre se raréfie, les
coûts de production et par suite les prix.

I.12. La politique d'offre

Si l'Etat diminue ses prélèvements sur les entreprises (baisse d'impôt,


versements d'aide et de subventions), la compétitivité nationale s'améliorera et les
entreprises pourront produire à moindre coûts : dans le meilleur des cas, elles
baisseront alors leurs prix, augmentant indirectement le pouvoir d'achat et par suite les
quantités vendues. Ce qui demandera un accroissement de capacité de production,
donc des investissements et des offres d'emplois susceptibles de réduire le chômage.

Ce scénario optimiste peut ne pas se réaliser par exemple : Les


entreprises peuvent se contenter d'engranger des bénéfices supplémentaires ; et de les
distribuer à leurs propriétaires ; ceux-ci, à priori, aisés, n'augmenteraient que peu leur
demande ; pire encore, dans le contexte d'une économie ouverte, les propriétaires
peuvent être des étrangers, la politique d'offre produisant alors sa relance à l'étranger
tandis que le pays n'en conserve que les mauvais aspects.

Heritier Bilolo
31

Pour financer cette politique, le gouvernement devra par exemple


accroître sa pression fiscale sur les ménages qui devront alors baisser leur
consommation, donc la demande et les entreprises n'auraient alors pas de marché.13

I.13. Les stabilisateurs budgétaires autonomes

Les recettes et les dépenses publiques exercent spontanément une action


contra-cyclique sur l'activité économique, c'est-à-dire d'atténuation des aléas de la
conjoncture économique.

En effet, si une grande partie des dépenses publiques sont indépendantes


des variations à court terme de l'activité économique (exemple : les dépenses de
rémunération et de retraite des fonctionnaires). Certaines d'entre elles sont en revanche
mécaniquement liées à la conjoncture. C'est notamment le cas des dépenses
d'indemnisation du chômage ou des prestations sociales variées sous condition de
ressources, qui augmentent quand l'activité économique se dégrade.

On considère ainsi que l'élasticité des dépenses publiques à la


conjoncture est comprise entre 0,1 et 0,3; autrement dit, les dépenses publiques ont
tendance à augmenter spontanément de 0,1 à 0,3 point lorsque la croissance ralentit
d'un point. Lorsque l'activité économique ralentit, les dépenses publiques ont tendance
à s'accélérer tandis que les entrées de recettes ralentissent mécaniquement, ce qui
provoque une détérioration du solde budgétaire.

Dès lors, le montant de recettes publiques diminue et le volume de


dépenses publiques augmente. La détérioration de l'activité économique provoque
alors un transfert de revenu des administrations publiques vers les entreprises et les
ménages, ce qui atténue mécaniquement l'effet du ralentissement économique sur les
revenus de ces derniers. A l'inverse, en période de forte expansion économique, les
prélèvements

13
BALDACC E., BENEDICT C, SANJUV G., utiliser la politique budgétaire pour stimuler la croissance;
département des finances publiques du FMI 155, 2002 P.112

Heritier Bilolo
32

fiscaux et sociaux augmentent mécaniquement tandis que les dépenses diminuent, ce


qui a tendance à freiner la croissance de la demande intérieure.

Par conséquent, les recettes et les dépenses publiques fonctionnent


comme les stabilisateurs automatiques parce qu'elles contribuent à amortir les
variations conjoncturelles de l'activité économique. Cependant, ce mécanisme de
stabilisation automatique ne modifie pas leur comportement de consommation et si les
taux d'intérêt ne sont pas affectés par la croissance publique en période de récession.

I.14. Les limites de la politique budgétaire

De plus, la demande supplémentaire permise par l'augmentation des


dépenses publiques doit s'adresser en priorité aux producteurs nationaux. Or, compte
tenu de l'ouverture croissante des économies, l'effet de « multiplicateur keynésien »
s'est réduit au cours des dernières décennies et profite désormais davantage aux
producteurs étrangers.

 Par ailleurs, l'accumulation des déficits budgétaires vient gonfler l'encours de


dette publique et augmenter les charges futures de l'Etat; or, plus un Etat est
endetté, plus la charge de cette dette est élevée. Celle-ci pèse d'autant plus sur son
budget qu'un niveau de dette important entraîne des taux d'intérêt élevés lorsque
l'Etat veut contracter de nouveaux emprunts. A terme, le poids de la dette peut
ainsi devenir insoutenable par rapport au niveau des recettes de l'Etat.
 En outre, les délais liés à la prise de décision font que les effets de la politique
budgétaire peuvent être inadaptés à la conjoncture au moment où ils affectent les
décisions des agents économiques.
 De plus, certaines dépenses publiques sont particulièrement rigides et donc,
difficilement réversibles en cas de retournement de la conjoncture.

Enfin, en théorie, les politiques budgétaires nationales demeurent le


principal instrument pour faire face à des chocs économiques potentiels car les
gouvernements nationaux ne peuvent plus recourir à la politique monétaire pour
influer sur les variations de la conjoncture économique dans le cadre de l'Union
Economique et

Heritier Bilolo
33

Monétaire (UEM). Mais en réalité, les contraintes fixées par le traité de Maastricht et
le pacte de stabilité et de croissance limitent l'utilisation de la politique budgétaire en
fixant un seuil maximal de déficit des administrations publiques à 3% du PIB en cas de
ralentissement déjà croissance.

Cette mesure se justifie par la volonté d'éviter qu'un pays fasse porter les
effets négatifs de sa politique budgétaire (hausse des taux d'intérêts et du taux de
change) sur l'ensemble du pays.

I.15. Les contraintes de la politique budgétaire

Elles sont considérables et se déclinent en contraintes internes et externes.

I.15.1. Les contraintes internes

Les dilemmes de la politique budgétaire découlent de son utilisation


comme instrument de politique économique pour atteindre des objectifs. Le dilemme
inflation/chômage est l’un des plus célèbres des dilemmes en économie qui a été révélé
à la suite des travaux de l’économiste britannique Philips en 1958. En effet, il est établi
que toute poursuite de l’un des deux objectifs (inflation ou chômage) se fait au
détriment de l’autre. C’est ainsi que le déficit budgétaire en poursuivant le plein-emploi,
conduirait à une hausse des salaires sur le marché du travail, et donc à une hausse des
prix, pour que se rétablissent les profits de l’entreprise.

Même si cette allégation a perdu de sa verve par la suite avec le


phénomène de stagflation observée dans les années 70, depuis le début des années 90,
la liaison inflation-chômage semble correspondre à la logique de Philips.

Heritier Bilolo
34

Taux d’inflation en %

Courbe de Philips

Espacedespréférencesdugouvernement : inflation et chômage supportables

La solution optimale est celle qui rend compatible les préférences et la relation inflation-chôma
𝜋

Taux de chômage en %
u
Figure 1 : courbe de Philips

A cela nous ajoutons les contraintes des capacités de production, les


contraintes de financement de la protection sociale.

I.15.2. Les contraintes d’ordre externe

Souvent plus nombreuses et plus fortes que les contraintes internes, du


fait de la mondialisation et de l’interdépendance des économies nationales.

Les politiques de relance de l’activité sont souvent utilisées pour


favoriser la croissance économique. Ces politiques visent à assurer un soutien à la
consommation et/ou à l’investissement. L’instrument de prédiction est alors la
politique budgétaire. Mais, ces politiques se heurtent malheureusement à la hausse des
importations (équipement), préjudiciable à l’équilibre extérieur. Les effets de la
croissance sur l’équilibre extérieur dépendent de l’élasticité des importations par
rapport au PIB. De plus, si l’activité est restreinte chez les principaux partenaires
commerciaux du pays, la

Heritier Bilolo
35

croissance de la production nationale aura toutes les difficultés à trouver des


débauchés extérieurs14.

Le maintien de Pierre Mauroy et de Jacques Delors dissimule une rupture


radicale :

L'abandon des politiques d'inspiration keynésienne. Le choix de


nouveaux objectifs poursuivis par d'autres méthodes.

Cette rupture est faite à partir d'un double constat :

 En régime de change fixe la politique monétaire est contrainte par le respect


de la stabilité des taux de change, c'est la relation exprimée par le triangle
d'incompatibilité de Mundell.
 Une politique de relance budgétaire peut entraîner une crise de
l'investissement si la part des profits dans le partage de la valeur ajoutée est
insuffisante, c'est l'adoption du précepte qualifié de théorème de Schrnidt.
suivant lequel : « les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain
donc les emplois d'après-demain ».
En somme, si la politique budgétaire reste un instrument utilisable, il faut dire que son
efficacité dépend de la prise en compte de plusieurs contraintes et limites lors de sa
mise en œuvre et notamment en République Démocratique du Congo.

I.16. La non linéarité des effets de la politique budgétaire

 Arguments théoriques

Dans la tradition keynésienne, la régulation de la croissance économique


par l'Etat passe par des actions budgétaires contra-cycliques. Cette perspective amène
les pouvoirs publics à soutenir l'activité dès lors que la demande des agents est
déprimée et à la freiner lorsque son emballement fait craindre déséquilibres internes et
externes. On observera cependant qu'entre 1973 et 1982, les finances publiques
africaines ont été

14
MIKOMBE T., Politique budgétaire et problématique de la croissance inclusive en RDC de 2002 à 2004,

Heritier Bilolo
36
Kinshasa, Mémoire de licence, inédit, FSEG, 2014-2015.

Heritier Bilolo
37

structurellement déficitaires, en contradiction avec la logique contra-cyclique


d'intervention de l'Etat.

Jusqu'ici, peu d'Etats africains ont d'ailleurs été capables de lisser la


dépense en épargnant dans les moments de boom des matières premières et en
désépargnant dans une conjoncture défavorable. Sur la période d'observation, c'est à
dire en aval de 1986, compte tenu des déséquilibres de départ et de l'importance de la
dette contractée, on peut donc s'interroger sur la nature de ces effets keynésiens, le
doute s'étant d'ailleurs généralement installé quant à l'efficacité du volontarisme
budgétaire.

En partant de l'intuition initiale de Ricardo, Barro (1974) a contribué à


réfuter la thèse de l'efficacité de l'action budgétaire sur les variations conjoncturelles.
Par le principe de l'équivalence ricardienne, le secteur privé intègre dans son calcul
économique la contrainte budgétaire inter-temporelle du secteur public. Si les agents
s'attendent à rembourser la dette consécutive aux déficits, l'action de l'Etat n'affecte pas
le produit intérieur. En effet, l'anticipation du remboursement de la dette suscite une
diminution de la dépense privée instantanée et fait du déficit public un simple transfert
inter-temporel.

En d'autres termes, le revenu net d'impôt du secteur privé s'accroît


aujourd'hui pour se réduire demain. Il en résulte un revenu permanent inchangé. Ainsi,
alors que dans la logique keynésienne, la réduction, du déficit budgétaire devrait
produire une contraction de la demande globale et agir négativement sur l'output gap,
la nouvelle économie classique est davantage portée à supposer la neutralité de cette
politique. En réduisant aujourd'hui la dépense publique, l'Etat crée les conditions d'une
baisse du taux de prélèvement fiscal ultérieur qui peut soutenir une demande privée
compensatrice.

Le principe de cette équivalence ricardienne repose toutefois sur des


hypothèses restrictives, en particulier pour les pays en développement où les marchés
de l'assurance et du crédit sont imparfaits et les impôts fortement distorsifs. Par ailleurs
en Afrique les contraintes de liquidité limitent la possibilité pour les agents de lisser
leur
Heritier Bilolo
38

consommation dans le temps. Celle-ci dépend donc davantage du revenu courant que
du revenu permanent.

Des auteurs ont récemment renouvelé la réflexion en postulant qu'une


contraction budgétaire pouvait même avoir un effet positif sur l'activité économique.
Leur hypothèse procède de l'observation des expériences contractionnistes conduites,
dans les années quatre-vingt, par certains pays de l'Europe du Nord. Point commun à
ces économies, la réduction de la dépense publique a été à la fois forte, rapide et
durable (au moins trois ans) et conjuguée a un effet expansif sur l'activité intérieure
(e.g. Liau, 1999). Ce phénomène suggère des non-linéarités synonymes de coexistence
de différents régimes budgétaires : keynésïen, non-keynésien et anti-keynésien.

Plusieurs explications, mutuellement non exclusives, ont été apportées à


ce phénomène. La première que l'on doit aux travaux de Giavazzi et Pagano (1990),
mais également de Blanchard (1990), porte l'éclairage sur l'existence d'un « effet de
signal » autour de la solvabilité retrouvée des finances publiques qui modifierait la
formation des anticipations des agents privés. Une baisse permanente des dépenses
publiques annonce une baisse future des impôts. Elle est donc à l'origine d'un effet de
richesse positif. De manière analogue, un accroissement présent des impôts pourrait
être le signe que les agents supporteront des ajustements 'budgétaires moins sévères
dans le futur.

En regard de l'efficacité, l'action de rééquilibrage budgétaire par la


contraction de la dépense serait préférable dans la mesure où une augmentation des
impôts pose un problème de crédibilité inter –temporelle et suscite des effets d'offre
non négligeables à travers des prélèvements fiscaux distorsifs (Giavazzi et alii.,
2000)15.

Une seconde explication du caractère expansif de la contraction


budgétaire e.st développée par Bertola et Drazen (1993) et ultérieurement par
Sutherland (1997) dans un modèle à générations imbriquées. Pour ces auteurs, la non-
linéarité de la politique budgétaire peut résulter d'un seuil psychologique
d'endettement, d'un niveau

Heritier Bilolo
39
15
PLAIME P ; COMBES J.L., TANIMOUNE N., les effets non linéaires de la politique budgétaire : le cas de
l'Union Economique et Monétaire Ouest Africain, CERD!, UMR, CNRS, 6587 pp. 7-9

Heritier Bilolo
40

de dette publique rendant l'ajustement budgétaire inévitable. Confrontés à un


endettement public soutenable, les agents supposent que le remboursement de la dette
reposera sur Ses générations futures.

Dans ce cas un déficit a des effets keynésiens. En revanche, en présence


d'une dette jugée non soutenable, les agents s'attendent à supporter eux-mêmes le poids
des remboursements, de sorte que les effets du déficit deviennent non keynésiens ou
anti-keynésiens. L'importance du seuil de la dette se dessine dans ce courant de
littérature, mais également les hypothèses sur lesquelles les agents fondent la
formation de leurs anticipations, en l'occurrence le caractère non monétisable et non
répudiable de la dette.

Ces hypothèses sont sans doute pertinentes pour les pays membres de la
zone franche, encore que des phénomènes de hasard moral puissent être présents par
des anticipations de moratoires ou de remises de dettes extérieures qui modifieraient
les comportements privés.

La portée de ces phénomènes est toutefois à relativiser. La plus


importante remise de dettes, l'initiative envers les Pays Pauvres ei Très Endettés
(PPTE), a été à la fois récente, exogène et suffisamment générale pour ne pas avoir été
liée à des situations financières et des comportements stratégiques particuliers à
l'Union. Les agents privés n'ont donc pas internalisé le principe de cette initiative pour
former leurs anticipations.

Les travaux de Caballero et Pyndick (1996) s'inscrivent également dans


la ligne d'investigation des non-linéarités de la politique budgétaire en relation avec le
niveau de la dette. Les auteurs suggèrent qu'en situation budgétaire « critique », les
agents sont non keynésiens. L'incertitude macroéconomique inhérente à la non-
solvabilité des finances publiques les incite à constituer une épargne de précaution ou à
retarder des investissements générant des coûts irrécupérables en réaction à une nouvelle
dégradation des finances publiques.

I.17. Déficit budgétaire et déficit public

Heritier Bilolo
41

Un déficit budgétaire est une situation dans laquelle les recettes de l'Etat
sont inférieures à ses dépenses au cours d'une année. On parle alors de solde négatif.

Un déficit budgétaire n'est pas un signe de mauvaise gestion. Il peut être


dû à une action volontariste de l'Etat, afin de soutenir et relancer l'activité économique
(par la hausse des dépenses ou la diminution des impôts). Mais une récession peut
également aggraver le déficit du budget car elle entraîne une baisse des recettes et une
hausse de dépenses (aides aux chômeurs par exemple).

Les déficits publics désignent le solde négatif (dépenses supérieures aux


recettes) du budget de l'Etat, des collectivités locales et de la sécurité sociale. Dans ce
cas, les administrations publiques se trouvent en situation de besoin de financement.
Le financement du déficit public peut se faire par la création monétaire (risque
d'inflation) ou le recours à l'emprunt (ce qui aggrave la dette publique) dans le pays ou
à l'étranger.

Le déficit budgétaire se différencie du déficit public car il n'englobe pas


le solde des recettes et des dépenses des collectivités locales et de la sécurité sociale. Il
équivaut au besoin de financement de l'Etat et se traduit par le montant des emprunts
nouveaux qu'il doit contracter au cours de l’année. Les lois financières peuvent prévoir
un déficit et autoriser l'Etat à emprunter à hauteur de ce besoin de financement.

I.18. Questions de politiques budgétaires dans les pays en développement

Le renforcement de la croissance dans nombre de pays en développement


ces dernières années a traduit des changements fondamentaux des politiques
économiques. La réorientation des politiques budgétaires a joué un rôle déterminant à
cet égard : elles ont été axées sur la stabilisation du cadre macroéconomique, le
renforcement de l'épargne et de l'investissement intérieurs et les réformes structurelles
dans l'optique du marché.

À cet effet, il a fallu non seulement redoubler de rigueur pour maîtriser


les déséquilibres budgétaires, mais aussi réduire le rôle de l'État dans l'économie de
manière à ce que l'intervention des pouvoirs publics ne fasse pas obstacle au
développement du secteur privé. Le redressement des déséquilibres budgétaires a par
Heritier Bilolo
42
ailleurs facilité la

Heritier Bilolo
43

libéralisation économique et les réformes structurelles dans la mesure où il est devenu


moins nécessaire de recourir à des mesures fiscales et réglementaires génératrices de
distorsions pour subvenir aux besoins de financement public.

Ces améliorations des politiques gouvernementales ont toutefois été


inégales, comme en témoignent les disparités sensibles des performances économiques
d'un pays à l'autre. Certains pays en développement n'ont guère fait de progrès sur la
voie de l'assainissement budgétaire, ce qui a freiné leur croissance économique et les a
rendus plus sensibles aux aléas des conditions extérieures.

Une action menée sur plusieurs fronts, notamment la réforme du secteur


public, la privatisation des entreprises d'État, la déréglementation du commerce
extérieur et la libéralisation financière, et le renforcement de l'administration fiscale,
aiderait ces pays à relever le niveau de vie de leur population, à accélérer le rythme du
développement et à réduire le risque de se voir distancé encore davantage par d'autres
pays en développement" qui sont plus avancés dans l'ajustement et les réformes.

Cela dit, tous les pays en développement doivent maintenant s'employer


à préserver les améliorations qu'ils ont apportées à leurs politiques économiques afin
de préserver la stabilité financière, de promouvoir l'affectation efficiente des
ressources, de favoriser la croissance et de tirer ainsi le meilleur parti de la
mondialisation des marchés des capitaux et des produits tout en limitant au maximum
les risques qu'elle présente.

I.18.1. Causes fondamentales du déficit budgétaire

Dans nombre de pays en développement, l'aggravation du déficit


budgétaire durant les années 70 et 80 a été surtout due à une expansion intenable des
dépenses publiques - qui ont augmenté bien plus vite que la base des recettes. Cette
expansion excessive des dépenses publiques peut être attribuée à diverses causes,
notamment à des facteurs extérieurs comme la hausse des taux d'intérêt mondiaux, qui
a alourdi le coût du service de la dette extérieure, alors que celle-ci augmentait dans les
pays en développement.

Heritier Bilolo
44

Pendant les années 80, les gouvernements de nombreux pays africains,


en particulier, ont accordé de larges subventions budgétaires à des entreprises
déficitaires qui relevaient de domaines d'activités tels que la commercialisation et la
distribution de produits agricoles dans lesquels on ne peut guère constater de
défaillance manifeste du marché ainsi que des appuis quasi budgétaires aux banques
centrales dont les opérations comprenaient l'allocation de devises à des taux
préférentiels et de crédits subventionnés aux entreprises nationales.

L'intervention de l'Etat dans l'affectation du crédit était aussi de

Règle dans de nombreux pays d'Asie prospères, au début des années 80, bien que dans
des pays comme la Corée, le crédit subventionné fût surtout affecté à des industries
d'exportation qui devaient passer l'épreuve de la concurrence internationale et en
Indonésie, les mesures de contrôle du crédit ont été sensiblement assouplies.

Dans nombre de pays, la mauvaise gestion et le manque de responsabilité


du secteur public ont contribué au fait que les dépenses publiques sont mal maîtrisées
et qu'elles ne sont pas affectées de façon rationnelle et équitable en fonction des
besoins prioritaires de la société.

Les dépenses de prestige, celles qui récompensent les groupes


politiquement influents ou ne profitent qu'à une faible minorité - souvent au détriment
des prestations de services sociaux essentiels s'expliquent largement par les asymétries
entre les coûts et les avantages politiques qui sont associés à la fiscalité et aux
dépenses. Dans les pays qui ont un régime démocratique, on observe généralement une
synchronisation des politiques d'expansion budgétaire et du cycle électoral, surtout en
matière de dépenses.

Il peut être difficile de revenir sur ces augmentations des dépenses qui
répondent à des motivations politiques, surtout si elles ont produit un accroissement de
l'emploi dans le secteur public ou dans les institutions, quasi publiques.

Dans les pays qui enregistrent une croissance relativement forte, comme
nombre de pays d'Asie et d'Amérique latine, le déséquilibre budgétaire correspond

Heritier Bilolo
45

souvent à des besoins accrus d'investissement dans l'infrastructure, de valorisation des


ressources humaines par les dépenses de santé et d'éducation et d'amélioration des
services publics, ce qui implique notamment des dépenses salariales dans le secteur
public.

Les dépenses dans ces domaines, lorsqu'elles sont bien conçues et


affectées de façon rationnelle, peuvent augmenter la productivité du secteur privé et
favoriser la croissance. Dans certains cas, la participation du secteur privé à la mise en
place d'infrastructures et à la prestation d'autres services publics peut aider à limiter les
besoins de dépenses publiques mais, d'une manière générale, les déséquilibres
budgétaires exigent que les dépenses soient contenues ou réduites dans d'autres
domaines.

Dans de nombreux pays en développement, les pertes des entreprises


publiques se sont souvent ajoutées au déficit du budget de l'État : c'est l'une des raisons
pour lesquelles les comptes de l'administration centrale peuvent donner une image
optimiste des finances publiques, tout particulièrement à court terme. Au Kenya, par
exemple, les pertes accusées dans les années 80 par le National Céréales and Produce
Board - équivalant .à environ 5 % du PIB par an - ont été prises en charge par
l'administration centrale, mais avec un certain décalage. En Inde, financement des
pertes des entreprises publiques représentait un coût équivalant à presque 1,5 % du
PIB par an pour l'administration centrale, au début des années 90.

Un grand nombre d'activités du secteur public, comme les .opérations de


la banque centrale ou les subventions implicites que constitue la garantie par l'État des
emprunts contractés par les entreprises publiques, n'entraînent souvent pas de dépenses
budgétaires immédiates; ces opérations quasi budgétaires donnent souvent lieu
à la création d'engagements conditionnels ou d'obligations non consolidées.

C'est là une autre raison pour laquelle en considérant le rapport des


dépenses de l'administration centrale au P1B, qui est en général deux fois plus faible
environ dans les pays en développement que dans les pays industrialisés, on risque de
sous-estimer sensiblement le degré d'intervention du secteur public dans l'économie.
La
Heritier Bilolo
46

difficulté de mobiliser des recettes fiscales par la voie budgétaire explique souvent que
les pouvoirs publics recourent en partie à des moyens quasi budgétaires pour atteindre
des objectifs de finances publiques16.

I.18.2. Problème de mobilisation des recettes

Les problèmes budgétaires sont souvent aggravés dans les pays en


développement par la présence d'un large secteur d'activité économique informelle (ou
«souterraine»). L'activité informelle, qui est généralement le- résultat de contrôles de
prix omniprésents, de taux d'imposition élevés et de structures institutionnelles et
administratives déficientes, accroît souvent le dynamisme de l'économie mais elle
réduit aussi la base d'imposition.

Les possibilités d'imposer le secteur formel aussi bien que le secteur


informel sont également réduites si l'administration de l'impôt et les capacités de
recouvrement ne sont pas suffisamment développées.

A cause de ces difficultés, la plupart des pays en développement ont dû


recourir très largement aux impôts sur le commerce international et sur les produits
intérieurs. Globalement, les impôts sur le commerce extérieur ont représenté dans les
pays en développement presque 30 % des recettes fiscales totales pendant la période
1975-90, contre seulement 3 % dans les pays industrialisés.17

Dans bien des pays en développement à plus forte croissance, tout


particulièrement en Asie et en Amérique latine, l'importance relative des droits d'entrée
et des taxes à l'exportation a pu être réduite ces dernières années, par suite des progrès
accomplis dans le domaine de la libéralisation des échanges et aussi grâce à une
réforme de la fiscalité intérieure.

Beaucoup d'autres pays continuent de subir les effets défavorables d'une


politique économique introvertie mais ne lèvent que progressivement les obstacles aux

16
Vito Tangi «government role and the efficiency of policy instruments» document du travail du FMI 95/100
(octobre 1995).
17
HOWELL H. ZEE, les reformes budgétaires dans les pays en développement,
Université nationale de Séoul, Séoul, Corée, octobre 1994, p. 127.

Heritier Bilolo
47

échanges internationaux, et ce en partie parce que l'État doit toujours compter sur
l'imposition du commerce extérieur pour financer les programmes de dépenses.

Dans les pays qui .sont lourdement tributaires des exportations de


produits de base, les recettes fiscales dépendent beaucoup de l'évolution des
cours de ces produits. La hausse des cours - comme cela a été le cas au début et à la
fin des années 80 - entraîne une augmentation des recettes publiques, à la fois
directement dans les pays où l'État a le contrôle des secteurs des produits de base et
indirectement, par le biais des impôts sur le commerce extérieur et les revenus.

Dans un certain nombre de pays exportateurs de produits de base, les


pouvoirs publics ont eu tendance à utiliser ces bénéfices exceptionnels pour financer
des dépenses à caractère pro-cyclique, ce qui leur a valu des déficits budgétaires
intenables lorsque les cours de ces produits sont retombés.

Dans certains pays producteurs de café, comme le Kenya et la Tanzanie,


l'expansion induite par les fortes hausses des cours survenues à la fin des années 70 et
au début des années 80 s'est soldée par un alourdissement durable de la charge de la
dette tant intérieure qu'extérieure, surtout parce que les bénéfices exceptionnels ont
servi à financer des dépenses du secteur public à rendement faible ou nul.

De nombreux pays exportateurs de pétrole ont connu le même genre de


situation. En fait, au Mexique, au Nigeria et au Venezuela, après les hausses des prix
du pétrole de la fin des années 70, les emprunts extérieurs ont augmenté bien avant que
les prix du pétrole commencent à retomber.

I.18.3. Conséquences pour la croissance et le développement économique

La relation entre la politique budgétaire et les performances de


l'économie à long terme dépend de plusieurs facteurs. La politique budgétaire
favorisera la croissance économique si les dépenses publiques sont axées sur
l'accroissement du stock de capital productif et sur la valorisation des ressources
humaines, si les services fournis par l'État complètent l'activité du secteur privé, si le
déficit budgétaire n'exerce pas un effet d'éviction sur l'investissement du secteur
privé, si le déficit n'a pas des
Heritier Bilolo
48

conséquences défavorables pour la stabilité macroéconomique et, enfin, si les mesures


de réforme structurelle propres à susciter l'adaptation de l'offre du secteur privé sont
prises parallèlement.

Dans de nombreux pays, les faibles taux d'épargne nationale et


d'investissement sont principalement dus aux déséquilibres budgétaires et, par ailleurs,
les contrôles des taux d'intérêt et du crédit, dont l'application vise en partie à faciliter le
financement du déficit budgétaire, contrarient souvent le développement et l'efficience
du système financier intérieur.

Dans certains cas, les pouvoirs publics peuvent être en mesure de


recourir à l'épargne étrangère, souvent pendant des périodes relativement longues,
mais l'intensification des déséquilibres extérieurs sans que des investissements
intérieurs productifs soient effectués en contrepartie rend le pays plus vulnérable à un
tarissement soudain des apports de capitaux, et aux effets perturbateurs qu'il exercerait
sur la politique et l'activité économiques.

 Instabilité macro-économique

Dans nombreux pays en développement, les déséquilibres budgétaires


constituent la cause fondamentale de l'instabilité macroéconomique qui, elle-même,
assombrit les perspectives de croissance. Dans les pays où les déséquilibres
budgétaires sont importants et semblent intenables, l'éventualité d'une réorientation de
la politique économique, notamment d'une augmentation des impôts, de réductions des
dépenses et d'ajustements des taux d'intérêt et de change est une source d'incertitude
propre à affaiblir la confiance et à réduire les dépenses d'investissement du secteur
privé.

En Inde, par exemple, la crise de change survenue au début des années


90, surtout à cause d'une intensification rapide des déséquilibres internes et externes,
s'est soldée en 1991-92 par une contraction de 4 % de l'investissement fixe brut, lequel
ne s'est rétabli que progressivement au cours des deux années suivantes.

Dans les pays en développement, des lourds déficits budgétaires vont


aussi de pair avec une forte inflation, surtout parce qu'en général, ils sont largement
Heritier Bilolo
49
financés

Heritier Bilolo
50

par l'expansion monétaire. Durant les années 80, divers pays d'Amérique latine,
comme l'Argentine, le Brésil et le Mexique, ont enregistré des taux d'inflation très
élevés, en grande partie à cause de déficits budgétaires considérables qui ne pouvaient
pas être financés par l'emprunt sur les marchés des capitaux, intérieurs ou
internationaux. Bien que l'inflation reste relativement forte dans certains pays, elle a
sensiblement diminué en moyenne, ces dernières années, dans les pays en
développement, surtout grâce aux vigoureux programmes d'assainissement budgétaire.

Deux cas exemplaires à cet égard sont celui de l'Argentine, où l'inflation


sur douze mois avait été ramenée à 1,5 % à la fin de 1995, contre plus de 2000 % au
début de la décennie, et celui du Brésil, où le taux d'inflation moyen mensuel a été
ramené de plus de 40 % au premier semestre de 1994 à environ1,5 % en 1995.

La politique budgétaire et l'inflation sont aussi liées par le fait qu'une


inflation rapide peut constituer une source importante, sinon viable, de recettes
budgétaires par le biais du seigneuriage qui devient ainsi essentiellement un moyen de
percevoir une «taxe d'inflation»18.

Dans un certain nombre de pays en développement, notamment le Ghana


et la Zambie, la taxe inflationniste a constitué durant les années 80 une source importante
de recettes budgétaires. À terme, l'accélération de, l'inflation réduit toutefois l'attrait
des avoirs monétaires intérieurs, ce qui finit par limiter le volume des recettes pouvant
être mobilisées de cette manière.

Depuis les années 70, le ralentissement de l'inflation a réduit le volume


des recettes obtenues de cette source. Les pouvoirs publics de nombreux pays en
développement sont intervenues sur les marchés des capitaux pour tenter de financer le
déficit à des taux inférieurs à ceux du marché; ces interventions, qui constituent un
obstacle majeur au développement du secteur financier, empêchent les marchés des

18
Le seigneuriage comprend la taxe d'inflation - la réduction due à l'inflation, du pouvoir d'achat conféré par les
encaisses en monnaie centrale détenue par le secteur privé - et les variations autonomes des
encaisses réelles en monnaie centrale.

Heritier Bilolo
51

capitaux de remplir pleinement leur fonction d'intermédiation et limitent le volume du


crédit dont peut disposer le secteur privé.

Bien que certaines dispositions réglementaires visant les marchés des


capitaux répondent à des considérations prudentielles, beaucoup d'autres, comme les
plafonds de taux d'intérêt ou l'application aux établissements financiers de coefficients
de liquidité ou de réserves obligatoires sous-rémunérées, ont pour principal objet de
procurer à l'État des financements à des taux inférieurs à ceux du marché. Il est
difficile d'estimer le montant des recettes effectivement générées par ces dispositions étant
donné que l'ampleur de la subvention dépend de l'écart entre le taux d'intérêt
réglementé et celui qui résulterait d'une libre détermination, il est toutefois manifeste
que dans de nombreux pays, les recettes procurées par la répression financière peuvent
être considérables.

De nombreux pays en développement sont parvenus à maintenir pendant


plusieurs années des déficits budgétaires relativement importants, atteignant presque
10
% du PIB en moyenne dans certains cas. Des déficits de cette ampleur ont toutefois
peu de chances d'être viables parce que l'expansion de la dette publique ne peut pas
être plus forte, à long terme, que la croissance économique.

De surcroît, si les pouvoirs publics tardent à prendre des mesures


d'ajustement, celles-ci leur seront finalement imposées par les marchés des capitaux,
ce qui risque de provoquer un ralentissement considérable de la croissance. Durant les
années 80, le déficit budgétaire du Pakistan, qui dépassait 7 % du PIB en moyenne, a
été en grande partie financé par une stricte réglementation des marchés financiers, par
une expansion monétaire relativement forte et par l'emprunt extérieur, pendant cette
période, le taux de croissance s'est lui aussi établi à environ 6 % par an en moyenne.

Or, au début des années 90, des conditions défavorables à l'offre ont
portées le déficit budgétaire à plus de 9 % du PIB et l'alourdissement de la charge de la
dette extérieure a fini par provoquer en 1993 une crise sur les marchés des capitaux et
des changes, suivis d'un ralentissement prononcé de la croissance dont le taux s'est
établi à environ 2,5 %. L'ampleur du déséquilibre budgétaire a aussi contribuée à
Heritier Bilolo
52
la crise

Heritier Bilolo
53

financière survenue en 1994 en Turquie, qui s'est soldée par une forte contraction des
financements extérieurs disponibles et par une profonde récession; la production s'est
contractée de 4,5 % en 1994 alors que l'année précédente, le pays affichait un taux de
croissance de plus de 8 %.

I.19. Estimation de situation apparente d'économie

Dans cette section nous soulevons quelques points de Reppert pour


visualiser la politique économie de la RDC à court terme selon le model présenté par
Nicolas Kaldor.

I.19.1. Carre magique

Représentation graphique imaginée par l'économiste N. Kaldor pour


l'OCDE, résumant la situation conjoncturelle d'un pays à partir de quatre indicateurs :

 le taux de croissance du PIB,


 le taux de chômage,
 le taux d'inflation(ou taux de croissance des prix à la consommation),
 le solde de la balance des transactions courantes (en pourcentage du PIB).

Ces quatre indicateurs, dont la représentation graphique constitue les


quatre côtés du carré, correspondent à quatre objectifs fondamentaux de la politique
économique :

 la croissance économique,
 le plein emploi de la main-d'œuvre,
 la stabilité des prix,
 l'équilibre des échanges extérieurs.

Cependant, la construction du carré ne va pas sans difficultés qui tiennent


en particulier aux échelles retenues pour chacun des indicateurs, ces échelles étant
choisies de façon arbitraire, le plus souvent en fonction de la situation économique du
moment. La forme optimale du carré reflète les objectifs retenus a priori pour
apprécier les résultats de la politique .économique mise en place.

Heritier Bilolo
54

Ce carré est qualifié de magique car l'expérience montre qu'il est très
difficile d'atteindre simultanément les quatre objectifs, du moins à court terme : une
politique de désinflation compétitive peut provoquer une augmentation du taux de
chômage ; une politique de relance de l'activité économique destinée à réduire le
chômage risque d'avoir des conséquences inflationnistes et d'entraîner un déficit du
commerce extérieur.

Plus la surface du quadrilatère correspondant aux statistiques d'un pays à


une période donnée s'éloigne de la surface théorique du carré magique, plus la
situation se détériore. La modification du quadrilatère dans une direction particulière
fournit de plus une indication sur l'efficacité de la politique économique (par exemple,
déformation vers l'Ouest si la lutte contre le chômage réussit).

I.19.2. Mesure des inégalités sociales

La courbe de Lorenz est une courbe qui représente la concentration d'une


variable pour une population donnée.

Après avoir classé la population (par exemple les ménages), par ordre
croissant de la variable étudiée (par exemple le revenu), on porte en abscisse la
proportion de la population pour laquelle la variable est inférieure à une valeur x (le
pourcentage des ménages dont le revenu est inférieur au montant x). En ordonnée, on
porte la proportion de la masse totale de la variable qui se rapporte à cette fraction de
la population pour laquelle la variable est inférieure à x (pourcentage du total des
revenus qui revient aux ménages dont le revenu est inférieur).

On porte en abscisse et en ordonnée (es pourcentages cumulés croissants


de 0 à 100%. Cette courbe est située au-dessous de la diagonale : plus elle se rapproche
de celle-ci, plus la concentration est faible autrement dit plus la répartition des revenus
est égalitaire ; plus elle se rapproche des côtés du carré, plus la concentration est forte :
une petite partie des ménages perçoit une fraction importante du total des revenus.

Le coefficient de Gini est le rapport entre la surface de concentration


(surface comprise entre la courbe et la diagonale OA) et la surface du demi-arrêt OBA.

Heritier Bilolo
55

Il peut donc varier entre zéro, distribution parfaitement égalitaire (tous


les ménages perçoivent le même revenu) et la concentration maximale, où un ménage
perçoit la totalité des revenus et tous les autres riens.

Pour le cas de la RDC, la courbe de Lobrenz montre par l'analyse faite


par l'enquête 1-2-3, montre la situation de la RDC en 2005.

SECTION II : LA POLITIQUE MONETAIRE


La politique monétaire s'inscrit dans le cadre d'une politique économique
qui, elle est l'ensemble des mesures prises par l'Etat en vue d'influer sur les structures
et l'évolution d'un pays.
Selon A. Jacquemin et H. TULCKENS, la politique monétaire est un
instrument destiné à régulariser le niveau de la production et des prix en variant la
quantité de monnaie dans l'économie.
C'est aussi un ensemble des instruments que la Banque Centrale utilise
pour faire varier la quantité de monnaie présente dans l'économie afin d'agir
indirectement sur la valeur de la devise nationale, sur la production, l'investissement,
la consommation et l'inflation.
La politique monétaire qui a pour objectif de soutenir l'activité
économique en fournissant des liquidités indispensables aux agents pour consommer,
investir et produire, ne doit pas se révéler trop restrictive, car elle risquerait alors de
bloquer la croissance économique, ni trop expansionniste, dans la mesure où une telle
situation favoriserait l'augmentation de l'inflation en injectant trop de pouvoir d'achat
dans une économie qui ne dispose pas suffisamment de biens pour satisfaire la
demande.
Mener donc une politique monétaire, c'est avant tout avoir un certain
contrôle sur la masse monétaire, c'est donc parvenir à exercer une action sur le pouvoir
de création monétaire des banques. Il convient donc d'influer sur le mécanisme par
lequel les crédits bancaires peuvent engendrer des dépôts. D'où quatre principes de
régulation :

Heritier Bilolo
56

 Limiter l'octroi des crédits en encadrant les crédits que peuvent distribuer les
banques;
 Augmenter les fuites de monnaie centrale en imposant aux banques des «
réserves obligatoires» en monnaie centrale;
 Contrôler les transferts de dépôts entre banques par une action sur le marché
monétaire;
 Limiter le refinancement des banques ou en modifier le coût par une action
directe sur le marché monétaire19
II.1. Les objectifs et rôle de la politique monétaire
II.1.1. Les objectifs de la politique monétaire
D'une manière ou d'une autre, formellement la politique monétaire vise à
agir sur les grandeurs économiques, appelées « objectifs finaux ». Cela suppose une
action sur les variables monétaires, appelées « objectifs intermédiaires », qui
conduisent à définir des modalités d'intervention, appelées « objectifs opérationnels ».
Mais il peut exister des conflits entre ces objectifs. Une politique de
relance de la croissance économique pour réduire le chômage peut entrainer un
déséquilibre extérieur ou une hausse de l'inflation. Une politique de lutte contre
l'inflation peut casser la croissance économique et augmenter le chômage. La Banque
Centrale peut donc être amenée à faire des arbitrages en fonction de ses priorités.
II.1.1.1. Les objectifs finaux
Les objectifs finaux de la politique monétaire visent à favoriser les
grandeurs économiques telles que : l'investissement et l'épargne, freiner la
consommation pour lutter contre l'inflation, lutter contre l'inflation importée et
favoriser les exportations et l'excédent commercial20.
Mais dans la plupart des pays, la stabilité et le maintien du niveau
général des prix restent comme principal objectif final de la politique monétaire.
II.1.1.2. Les objectifs intermédiaires

19
L. stoleru, l'économie, comprendre l'avenir, dunod, Paris 1999. p. 208
20
Selemani P., Analyse de la structure monétaire en Afrique, in cahiers économiques sociaux, Kinshasa, IRES,
1979, P.598.

Heritier Bilolo
57

Ce sont des variables monétaires supposées permettre la réalisation de


l'objectif final décidé. Ces variables monétaires sont susceptibles d'être contrôlable par
la Banque Centrale. Ces variables sont :

 L'accroissement de la quantité de monnaie en circulation dans l'économie.


En contrôlant le rythme de croissance des agrégats monétaires, on peut
21
contrôler celui de la demande. En règle générale le choix porte sur l'agrégat M3 qui
est la masse monétaire au sens large, représentative de l'ensemble des liquidités de
l'économie22.
Dans l'optique monétariste, contrôler l'accroissement de monnaie, c'est
l'un des objectifs privilégiés, Car il permet de contrôler l'accroissement de la demande
et donc les risques d'inflation. D'où, il faut que la croissance de la masse monétaire soit
égale au taux de croissance de l'économie réelle pour éviter toute tension
inflationniste.

 Le niveau des taux d'intérêts nominaux.


C'est l'intérêt privilégié des keynésiens : L'idée est qu'une baisse des taux
intérêt doit conduire à une reprise de l'activité économique. Même si les Banques
Centrales ne poursuivent pas cet objectif de croissance économique, elles prennent
néanmoins en considération le niveau des taux d'intérêt qui a une incidence sur le
niveau des investissements des entreprises et sur le volume des mouvements de
capitaux à court terme. De surcroît, ils contribuent à expliquer les décisions des agents
non financiers relatives à la détention d'achat d'actifs financiers, à l'investissement
productif des entreprises, à la demande de crédit de ménages.

 Les taux de change


Ils influencent les exportations et les importations de biens et services et
des capitaux. Dans des économies ouvertes comme aujourd'hui, la stabilité des taux de

21
CapuI Jean Yves et Garnier Olivier, Dictionnaire économique et sciences sociales, Pais, Harfer, juin 2005,
P. 116
22
CapuI Jean Yves et Gamicr Olivier, op. cit., P.117

Heritier Bilolo
58

change est devenu un objectif intermédiaire fondamental, il s'agit de trouver le taux de


change d'équilibre, ce qui n'est jamais aisé: Un taux de change faible favorise les
exportations mais est source des tensions inflationnistes et n'incite pas l'amélioration
des gains de productivité des entreprises nationales protégées de la concurrence
internationale ;
Un taux de change trop élevé, renchérit les exportations et risque de
conduire les entreprises les moins concurrentielles à la faillite. Mais une relative
surévaluation de la monnaie ralenti les risques inflationnistes.
II.1.1.3. Les objectifs opérationnels
Ce sont les variables monétaires choisies par la Banque Centrale parmi
les objectifs intermédiaires comme étant les plus susceptibles d'être contrôlées et
maîtrisées en fonction de l'objectif final recherché23.
Le politique monétaire cherche à agir sur la quantité de monnaie
circulant dans l'économie, elle va chercher à agir sur les crédits qui sont à l'origine de
la création monétaire des banques ordinaires.
Le crédit met en cause des agents non financiers demandeurs de crédit,
les banques offreuses de crédit (créatrices de monnaie bancaire mais demandeuses de
monnaie centrale), la Banque Centrale (créatrice de monnaie centrale).
Pour maîtriser la quantité de monnaie circulant dans l'économie, la
Banque Centrale peut agir également dans plusieurs directions :
Une action sur la demande de crédit des agents non financiers. En
agissant sur les taux d'intérêt, la Banque Centrale modifie le coût du crédit, lequel
influe sur la demande de crédit ;
Une action sur l'offre crédit des banques. En établissant une norme de
progression des crédits à ne pas dépasser, la Banque Centrale influe sur le volume des
crédits distribués par les banques. Et en décidant également de l'importance de sa
création de monnaie centrale, la Banque Centrale influe sur la liquidité bancaire et
donc la possibilité pour les banques de créer la monnaie bancaire.
II.2. Rôle de politique monétaire

23
John Petroff, Précis de macro-économie 1986,1990 et 2002, Paris, P. 404.

Heritier Bilolo
59

Pendant longtemps, on considérait que la politique monétaire ne pouvait


avoir d'objectif autre que monétaire, éviter l'inflation par création abusive de monnaie,
repartir les moyens de paiement. Cette vieille conception de la théorie quantitative de
la monnaie est abandonnée, tant qu’il est reconnu que la politique monétaire a des
répercussions aussi bien sur le produit national que sur le niveau des prix.
En période normale, la politique monétaire parait l'instrument idéal pour
suivre continuellement la conjoncture et réagir rapidement et efficacement aux
déséquilibres naissants : un début de thésaurisation de monnaie par le ménage ou des
fuites des capitaux peut être immédiatement effacée par une intervention de la Banque
Centrale à l'open market, une tension à l'investissement peut être diminuée par
intervention à la hausse des taux 'd'intérêt, une tendance au chômage peut être
découragée par la création de crédit et des signes monétaires, un excès de
consommation peut être freiné par la modification des règlements du crédit à la
consommation. Voici ci-dessous une réflexion graphique à cet effet.

LES EFFETS D’UNE POLITIQUE MONETAIRE


EXPANSIONNISTE

Une hausse de la masse monétaire nominal

Heritier Bilolo
60

Les agents révisent alors leurs anticipations de p


À moyen terme, la courbe d’offre est AS’’ et l’é
proportionnellement à la hausse de M.

Les effets dynamiques d’une expansion monétaire sur la production et le taux d’intérêt

Heritier Bilolo
61

L’effet d’une expansion monétaire peut être illustré avec le modèle


IS/LM.
À court terme, la hausse de M déplace LM vers le bas. Le taux d’intérêt
diminue, le niveau du produit augmente. Si les prix étaient fixes,
l’économie se stabiliserait en B.

Heritier Bilolo
62

Les prix augmentent avec la production. Cette hausse des prix réduit le stock de
monnaie réel, et la courbe LM se déplace vers le haut. Le choc initial déplace
l’économie de A en A’.

Heritier Bilolo
63

À moyen terme, les prix continuent à augmenter au fur et à mesure que la courbe AS
se déplace vers le haut. La courbe LM continue de se déplacer vers le haut et rejoint
son niveau initial. L’économie se stabilise au point A’’.
La hausse des prix compense la hausse de M (M/P inchangé). Y revient à Yn, et i
revient à son niveau initial.

LA NEUTRALITE MONETAIRE

À court terme, une politique monétaire expansionniste entraîne une hausse de la


production, une baisse du taux d’intérêt, et une hausse du niveau des prix.
À moyen terme, la hausse de la masse monétaire se répercute totalement dans une
hausse proportionnelle du niveau des prix.

Heritier Bilolo
64

En temps de crise par contre, politique monétaire devint inopérante. Une


forte poussée de la demande ne sera pas jugulée par une hausse du taux d'intérêt : bien
au contraire, la hausse de taux sera interprétée comme présage d'inflation poussant les
ménages à dépenser leurs signes monétaires avant qu'ils soient dépréciés.
De la même manière comme le souligne MILTON FRIENDMAN, la
politique monétaire sera incapable de supprimer un niveau de chômage important : une
forte expansion du crédit aurait certes pour effet initial d'augmenter l'embauche par les
entreprises mais déboucherait très rapidement sur une hausse des prix qui réduirait le
pouvoir d'achat des travailleurs et les inciterait à demander des hausses de salaires qui
auraient pour effet de recréer le chômage initial24.
II.2.3. Les instruments de la politique monétaire
Les Banques Centrales disposent de plusieurs armes pour mettre en
œuvre la politique monétaire correspondant à leurs objectifs. Certaines sont devenues
ses instruments privilégiés d'intervention, d'autres sont tombées en désuétude. Mais
nous avons retenu quatre instruments essentiels de la politique monétaire, à savoir :
II.2.3.1. Refinancement ou réescompte
Les banques de second rang peuvent se refinancer directement auprès de
la Banque Centrale par le biais du réescompte. La Banque Centrale fournit des
liquidités aux banques de second rang en échange de quoi elle acquiert des titres
(effets de commerce, bons du trésor). En modulant le taux et le niveau d'escompte, la
Banque Centrale influe sur la création monétaire.
Le problème est que ce système est coûteux et relativement passif : la
Banque Centrale fixe unilatéralement le taux et fournit à ce taux toute la liquidité
demandée.
II.2.3.2. Intervention sur le marché monétaire
La Banque Centrale intervient sur le marché monétaire où les banques de
second rang s'approvisionnent en liquidités. Sur le marché interbancaire, la Banque
Centrale intervient par des opérations de prise en pension : un établissement financier

24
Jonh Petroff, op. cit., P. 211.

Heritier Bilolo
65

cède à la Banque Centrale un titre en s'engageant à racheter dans un délai 25. Les
opérations peuvent avoir plusieurs formes :
Les opérations de pension sur appel d'offre. Périodiquement la
Banque Centrale annonce les catégories de titre qu'elle est prête à prendre en pension ;
les acteurs du marché indiquent alors le montant et les taux qu'ils sont prêts à payer,
tandis que la Banque Centrale, en fonction de ces réponses, fixe le montant et les taux ;
Les opérations de pension à taux préfixés. Les interventions de la
Banque Centrale sur le marché déterminent deux taux directeurs : 1. Le taux d'appel
d'offre constitue un plancher du marché interbancaire. 2. Le taux du marché au jour le
jour oscille entre les deux taux directeurs. Ainsi en modifiant ses taux directeurs, la
Banque Centrale influe sur le taux d'intérêt du marché.
Depuis 1989, la Banque Centrale peut aussi intervenir sur le marché des
titres négociables à court terme au travers de la politique d'open market. II s'agît pour
la Banque Centrale d'acheter ou de Vendre des titres (bon du trésor), afin d'influer sur
la liquidité du marché. En achetant des titres, la Banque Centrale fournit des liquidités
et fait augmenter le cours de titres, provoquant une baisse des taux d'intérêt. A
l'inverse, en vendant des titres, la Banque Centrale réduit le volume des liquidités, fait
augmenter les taux d'intérêt, ce qui accroît le prix au refinancement pour les banques
de second degré.
II.2.3.3. Réserves obligatoires
Le système des réserves obligatoires consiste à obliger les banques de
second rang de déposer à la Banque Centrale des réserves en monnaie banque centrale,
non rémunérées, en fonction des dépôts26.
Il s'agit de créer artificiellement une fuite en monnaie banque centrale
pour limiter les possibilités de création monétaire. En jouant sur le coefficient des
réserves obligatoires ou l'assiette sur laquelle porte ces réserves, la Banque Centrale peut
encadrer le crédit.

25
Vayda P. et Boysson G., les finances de A à Z, Paris, CEPL, 1976, P. 512
26
Vayda P. et Boysson G., op. cit., P.340 Vayda P. et Boysson G. op. cit., P.345

Heritier Bilolo
66

II.2.3.4. Encadrement du crédit


L'encadrement du crédit consiste à fixer par voie réglementaire et pour
une période donnée, des normes de progression en matière de crédits. Tout
dépassement de la norme est sanctionné par l'obligation de constituer de réserves
supplémentaires27. Les différents instruments de la politique monétaire peuvent être
considérés à la fois comme substituables et complémentaires.
II.3. La pertinence de la politique monétaire dans la régulation économique
La politique monétaire comme instrument de la politique économique,
consiste à fournir des liquidités nécessaires au bon fonctionnement et à la croissance
de l'économie tout en veillant sur la stabilité de la monnaie.
La croissance économique qui est l'augmentation soutenue pendant une
ou plusieurs périodes longues d'un indicateur de dimension pour une nation, le produit
global net en termes réels, ne peut être favorable que s'il y a des capitaux permanents
dans l'économie qui favoriseraient l'investissement, l'épargne et ensuite stimuleraient la
demande globale donc la consommation.
D'où ces trois derniers indicateurs, s'avèrent indispensables pour la
régulation de la croissance dans la mesure où seule la politique monétaire permet de
donner à l'économie les liquidités nécessaires aux transactions sans provoquer ni
tension inflationniste (trop grande création monétaire), ni de récession (trop faible
création monétaire).
II.4. Les forces et les faiblesses de la politique monétaire
Les actions de la politique monétaire se diffusent différemment dans les
pays ou les régions en raison de disparités structurelles, institutionnelles et
comportementales. Notamment, différences dans les structures financières des
entreprises, dans les modes de financement (taux fixe ou variable), la nature de la
production, les techniques de production, différences dans le cycle conjoncturel, etc.

27
Vayda P. et Boysson G. op. cit., P.345

Heritier Bilolo
67

CHAPITRE 2 : LES POLITIQUES ET REFORMES MONETAIRES EN


REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

Dans ce chapitre, il s'agit particulièrement d'évaluer les différentes


réformes monétaires en vue de mieux cerner les particularités de ces opérations.
Nous avons divisé le chapitre en deux sections. Nous allons d'abord
passer en revue la récurrence des réformes monétaires en République Démocratique du
Congo. Ensuite, nous examinerons, les objectifs assignés aux différentes réformes
monétaires par rapport à la conformité éventuelle des politiques économiques sur la
santé de l'économie.

SECTION I. LA RECURRENCE DES REFORMES MONETAIRES


1.1. Historique
Le Congo a vécu, en effet, à la cadence d'au moins deux réformes au
cours de chaque décennie depuis les années 1960. L'assainissement monétaire est
devenu un important volet de nombreuses tentatives gouvernementales de stabiliser
l'économie nationale. Mais ces réformes monétaires, aussitôt opérées, se sont soldées
dans la plupart des cas par des échecs patents ; ce qui soulève précisément la question
générale de la pertinence de leur récurrence28.
On dénombre, entre 1963 et 1998, sept opérations majeures qualifiées de
« réformes monétaires ». Bien que la dévaluation demeure le trait commun de toutes
ces réformes monétaires, celle-ci ont comporté, au-delà de l'objectif ultime du
rétablissement des équilibres macro-économiques rompus, des objectifs spécifiques
intermédiaires qu'il convient de passer en revue.
1.2. Typologie des réformes monétaires au Congo
II n'existe pas de définition bien établie de la réforme monétaire, car cette
dernière peut prendre des contours forts variés suivant les circonstances économiques
et politiques d'un pays. Cependant, définissons de manière pragmatique la réforme
monétaire comme un ensemble de mesures d'ajustement sur l'assainissement de la

28
YavKarlyav, Réformes monétaires du zaïre : une revue historique, Kinshasa, notes de conjoncture N°10 novembre
1993,p.26

Heritier Bilolo
68

monnaie elle-même29 Les opérations qui ont été qualifiées de « réforme monétaire »
au Congo ont comporté un ou plusieurs de ces éléments :
- La modification de la parité externe de monnaie nationale ;
- L'émission d'une nouvelle unité monétaire ;
- Le retrait avec ou sans substitution, partiellement ou totalement, des signes
monétaires existants ;
Le gel temporaire ou définitif d'une partie considérable des moyens de
paiement.
A peine sorti de l'ère coloniale, le Congo indépendant était contraint déjà
de procéder, en 1961, à une légère dévaluation de sa monnaie. Mais la première
réforme monétaire vraiment digne d'intérêt ici est celle intervenue en novembre 1963.
1.2.1. La réforme monétaire de novembre 1963
Dès l'accession du pays à l'indépendance, en 1960, l'état congolais fut
confronté d'une part à la montée croissante des dépenses publiques liées
essentiellement à l'accroissement des salaires et autres rémunérations dans la fonction
publique et d'autre part, à l'amenuisement des recettes fiscales résultant de
l'affaiblissement du pouvoir central. Ses déficits subséquents ont été couverts par le
financement monétaire.
1.2.1.1. Motivations
Pour cette première réforme, les motivations qui ont animées les
autorités politiques et monétaires de cette époque étaient, suite au constat des aléas
économiques suivants : De juin 1960 à octobre 1961, la hausse des prix aux marchés
de Kinshasa avait été de 30% pour un accroissement de 57% de la masse monétaire.
Pour l'ensemble de la période allant d'octobre 1961 à octobre 1963, la hausse des prix
fut de 160% alors que le stock monétaire s'était accru de 80%.
Toute tentative de limitation de ces pressions inflationnistes passait
nécessairement par le rétablissement de l'équilibre des finances publiques. Mais, dans
les conditions politiques de l'époque, la réduction des dépenses «apparut condamnée
d'avance ».

29
Kabuya Kalala et Tshiunza Mbiye, l'économie congolaise et la reforme de juin l998,
animaire l999 2000,p.l8

Heritier Bilolo
69

En effet, l'ébranlement de Tordre colonial et la réduction radicale de la


place occupée par les européens dans la direction du pays et dans le revenu national
avaient ouvert la voie à une course générale à la distribution du revenu.
1.2.1.2. Interventions
Les tentatives effectuées par le gouvernement pour accroître les recettes
fiscales restèrent limitées jusqu'à l'opération de dévaluation en 1963, du fait que
l'inflation ouverte érodait le rendement même de L'impôt. C'est pourquoi cette
opération de stabilisation a visé, dans l’immédiat, à transférer les ressources nationales
de circuits spéculatifs à l'état par le biais de l'impôt, et aux secteurs productifs
(exportateurs, industriels, agriculteurs) par le jeu des mouvements de prix relatifs.

1.2.1.3. Résultats
II fut opéré, à l'occasion de la dévaluation de 1963, un double taux de
change : 150 francs congolais pour 1 dollar américain à l'achat, et 180 francs congolais
pour 1 dollar
Américain à la vente30 L'écart de 20% entre ces deux taux a constitué une
taxe de même ampleur, opérée automatiquement par la Banque Centrale sur toute
sortie de devises. Cette taxe a fourni à l'Etat 36% de ses recettes fiscales en 1964, 34%
en 1965 et 25% en 196631.
Cette dévaluation survenue après celle mineure de novembre 1961, n'avait
réussi, ni à corriger la distribution des revenus d'après l'indépendance, ni à décourager
l'orientation consommatrice de l'économie congolaise. En outre, cette dévaluation
susmentionnée de 57% avait été accompagnée de hausses généralisées des salaires.
Très rapidement, les déficits budgétaires avaient refait surface, et leur couverture avait
été assurée par d'importantes avances de la Banque Centrale au trésor. La hausse des
prix acheva de faire sauter l'édifice de la stabilisation monétaire entrepris en 1963.
1.2.2. La réforme monétaire de juin 1967

30
La Haye et Mouton, interactions entre phénomènes monétaires et réels, 1970, p .291
31
Kabuya K. Et Kikassa, M. (éd.), stabilisation économique et financière aux zaïre. De dévaluations en cascade a
la démonétisation, Kinshasa, cepas, 1980, p34

Heritier Bilolo
70

La fragilité de l'édifice de la stabilisation allait apparaître au cours de


l'année 1965. Déjà le dernier trimestre de 1964 avait laissé un déficit de 2,3 milliards
de francs congolais. Ce déficit s'est alourdi au premier trimestre 1965, à l'occasion des
élections législatives puis avec l'entrée en vigueur d'un nouveau barème des
traitements aboutissant à des augmentations des rémunérations de 30 à 90%. Les
recettes ordinaires n'augmentèrent que de 4,7 milliards par rapport à 1964, grâce à
l'amélioration de l'appareil de l'impôt direct et à l'accroissement des matières
imposables. Les dépenses publiques augmentèrent, elles, de 23,3 milliards des francs
congolais. Il en résulta un déficit de 20,9 milliards financés essentiellement par les
avances de la Banque Centrale,
1.2.2.1. Motivations
La hausse accidentelle en 1965 de 60% des cours de cuivre jadis
principal produit d'exportation de l'économie congolaise permet aux recettes
d'exportation de 338 à 447 millions de dollar. La hausse de cours eut aussi un effet
positif sur les recettes fiscales qui passèrent de 44,1 milliards de franc congolais en
1965 à 62,6 milliards en 1966. Le «sydrome hollandais» agissant, ce supplément
fortuit des recettes par rapport aux ressources naturelles du pays fut utilisé pour
financer, au second semestre de 1966, un important programme d'importations de
biens de consommations et accessoirement, des biens d'approvisionnement, alors que
les importations d'équipement baissèrent en 1966.
Dès lors, malgré la hausse des prix du cuivre, le redressement consécutif
de la balance des paiements et des recettes fiscales en 1966, concluait plus tard un
observateur averti, «les déséquilibres inflatoires sur les marchés intérieurs et les
distorsions des prix étaient tels qu'il s'avérait indispensable de réunifier le système des
prix et de coûts par relèvement du niveaux du taux de change et des prix officiels de
manière à transférer à l'état et au producteur les marges spéculatives empochées par le
secteur commercial»32.

1.2.2.2. Interventions et Résultats

32
Ryelan. inflation de pays sous-développés. Origines, mécanismes de propagation et effets des pressions
71
inflatoires au Congo, 1960-1969, p.76
72

Ainsi, la réforme monétaire de 1967 visait des objectifs immédiats


similaires à ceux de la reforme 1963. Elle sera un succès grâce aux circonstances
nettement favorables qui l'ont entourée, à savoir : un pouvoir politique fort, une
administration relativement outillée pour appliquer un programme économique et,
surtout, la remontée des cours de cuivre à des niveaux plus élevés à partir de mai 1967.
Le crédit «stand-by » de 27 millions de dollars américains ne sera
finalement pas utilisé, alors qu'une telle aide avait été refusée à la République
Démocratique du Congo en 1963.
La réforme monétaire de 1967 a donné lieu à la création d'une nouvelle
unité monétaire le «Zaïre».
1.2.3. La réforme monétaire du mars 1976
Cette troisième réforme monétaire s'est opérée sous le couvert du
rattachement du zaïre au DTS (1Z=1DTS), qui valait à l'époque 1,17 dollar US. Par
rapport à la parité antérieure de 1Z=2 dollars US, cet alignement avait comporté une
dévaluation de la monnaie nationale de l'ordre de 42%.
L'opération s'était inscrite dans un processus de mis en place d'un
programme de stabilisation appuyé par le FMI. Ce programme, comme celui qui lui
succédera en 1977, n'a pas donné les résultats qu'on en attendait tant au niveau des
finances publiques et de l'expansion de liquidités que des paiements extérieurs.33
1.2.4. La réforme monétaire de décembre 1979
1.2.4.1. Motivations et interventions
La quatrième réforme monétaire est celle de décembre 1979. A cette
occasion, il fut procédé à la démonétisation des billets de 5 zaïres et 10 zaïres et à leur
remplacement par d'autres billets de mêmes valeurs faciales.
En même temps, il fut question d'opérer une importante déflation des
moyens de paiements sans pour autant affecter la valeur externe de la monnaie
nationale. L'échange manuel pour les particuliers devait se limiter à 3000 zaïres par
personne âgée de 18ans et plus, à 100 zaïres (dont 50% à verser en compte) pour les
petites et moyennes entreprises, et à 20.000 zaïres dont 50% à verser en compte
bancaire pour les autres entreprises de grande taille.

33
Kabuya k. et Kikassa, M. (ed. p. cit, p.45-46
73

Dans un premier temps, les avoirs en compte à vue étaient disponibles à


concurrence de 10% tandis que le reste serait progressivement libéré suivant les
besoins de l'économie.
Par certains de ses aspects, la démonétisation de décembre 1979 a fait
penser à «l'opération Gutt» d'assainissement monétaire menée en Belgique, en 1944,
au moment de la libération. La préparation de cette décision, commencée en novembre
1940, comporta deux volets importants, l'un monétaire et l'autre des finances publiques
et son exécution intervient qu'en octobre 1944, la masse monétaire excédentaire fut en
partie résorbée par voie d'emprunts publics et d'impôts exceptionnels levés par l'état
sur bénéfices illicites réalisés par certains opérateurs économiques pendant
l'occupation.
1.2.4.2. Résultats
La démonétisation intervenue au Congo en 1979, loin de s'intégrer comme
«l'opération Gutt» dans un vaste champ de mesures visant la stabilisation de
l'économie, voulait cependant répondre à une situation ponctuelle : décourager la
détention à des fins spéculatives des coupures à valeurs faciales élevées et éponger une
partie des liquidités.
Menée précipitamment et appuyée par une infrastructure bancaire très
clairsemée, l'opération d'échange de billets s'est révélée comme « un filet jeté sur les
thésaurisations malhonnêtes (mais)... de mailles curieusement sélectives, qui laissaient
passer les gros poissons et retenaient les petits ayant-droit»34.
En janvier 1980, soit un mois après la démonétisation et la décision de
geler les liquidités, on assistait à une reprise fulgurante des émissions monétaires :
témoignage assez éloquent de l'échec même de l'opération et de son incapacité à
différer la dévaluation de 30% qui surviendra en février 1980.

1.2.5. Les réforme monétaire de septembre 1983 1.2.5.1. Motivations et


interventions
Cette cinquième opération de redressement monétaire à consister
essentiellement en la modification de la parité de 1Z=0,1575 DTS en vigueur le 22
juin
74
34
Kabuya K. Kalonji et Itimelongo T., éditorial : «triste monde, malheur aux pauvres»
de Zaïre-Afrique, N°141, janvier 990 p.5
75

1981 à 1Z=0,03542 DTS en septembre 1983, soit une dévaluation de 77,5% jusqu'à la
fin de cette dernière année, le zaïre ne s'était que très lentement déprécié par rapport au
dollar américain.
L'écart entre le taux officiel et le taux parallèle s'était progressivement
réduit grâce à une amélioration des apports en devises favorisées par la libéralisation
des échanges extérieurs. Les mesures de septembre 1983 s'étaient inscrites dans le
cadre d'un programme d'ajustement économique et financier conclu avec le FMI.
1.2.5.2. Résultat
La persistance des déséquilibres nécessite la mise en place d'un autre
programme en 1987, dont l'exécution fut rapidement interrompue en 1988 pour cause
de non satisfaction des critères de performance convenus avec le FMI.
1.2.6. La réforme monétaire d'octobre 1993
1.2.6.1. Motivations
Le contexte économique qui a prévalu avant cette réforme monétaire était
invariablement le même comme pour les réformes précédentes à savoir : le recul de
l'activité de production, détérioration des finances publiques, l'aggravation de
l'inflation du fait de la motivation des déficits publiques, la précarité des réserves de
change, etc.
Cependant, deux problèmes nouveaux plus alarmants étaient apparus : un
gonflement malsain des dépôts bancaires à partir des opérations de virement
désordonnées initiées par le trésor, et l'incapacité croissante des banques à rejoindre
aux demandes de retraits de fonds exprimés par la clientèle en dépit d'une très forte
circulation fiduciaire dans l'économie.
1.2.6.2. Interventions
Les mesures monétaires prises en octobre 1993 ont consisté principalement
en un réajustement de la parité externe par le biais de l'émission d'une nouvelle unité
monétaire, le « nouveaux zaïre », au taux de 3NZ=1USD. La parité interne était
1NZ=3000 000Z. La suppression de ces six zéros était conçue à la fois pour
comprimer les coûts d'impression des signes monétaires, faciliter la comptabilisation et
le dénouement des transactions.
Une partie de liquidités devait être gelée dans les comptes bancaires. Mais
aucun contrôle strict ne fut exercé sur l'expansion monétaire. Par exemple, à la veille
76
de
77

la réforme monétaire, la circulation fiduciaire hors banque totalisait 27% de la masse


monétaire, mais au 26 novembre 1993 elle représentait 70% du stock monétaire.
L'absence d'assainissement durable des finances publiques s'est avérée, encore une
fois, plus fatale pour la réussite, de la réforme monétaire.
1.2.6.3. Résultats
Ce sont ces irréflexions, au plan de l'exécution de cette réforme, des
carences techniques fatales qui ont retardé la mise en circulation de toute la gamme de
billets prévue. L'absence par exemple des sous-multiples permit aux vendeurs
d'arrondir les prix aux unités supérieures. En outre, le très court délai d'échange des
billets fixé par le gouvernement, n'autorisa point d'étendre l'opération à l'ensemble du
pays, plus particulièrement en deux provinces Kasaï où les agents économiques
décidèrent finalement de garder l'ancienne monnaie.
Ce qui consacra l'existence de deux «espaces monétaires» différents
jusqu'à la réforme monétaire de juin 199835.
1.2.7. La réforme monétaire de juin 1998
A la veille de cette dernière réforme initiée dans un contexte de
changement de régime politique, la situation économique était caractérisée par
d'importants déséquilibres. Le PIB avait reculé de 42,9% en 1990 et 1994, cette
tendance à la baisse ne s'est que très légèrement estompée en 1995-1996 avant de se
poursuivre en 1997. Les finances publiques s'étaient soldées par un déficit consolidé
de million de dollar respectivement en 1996 et 1997.
Ces déficits budgétaires ont été couverts pour l'essentiel par financement
monétaire. L'inflation est demeurée très vive et a atteint le record jamais égalé de
9,769% en 1994.
1.2.7.1. Motivations
Ce sombre tableau s'est doublé de nombreux dysfonctionnements dans le
secteur monétaire. Le rapport masse monétaire /PIB était tombé à 4,3% en 1997 contre

35
Kabuya Kalala, et Matata Ponyo, l'espace monétaire kasaïen, crise de légitimité et de
souveraineté monétaire en période d'hyperinflation au Congo (1993-1997), Paris, Le
harmattan 1999
78

une moyenne de 10% au cours des années antérieures. Les chèques subissaient une
forte décote dans les transactions, consacrant ainsi la rupture de la monnaie fiduciaire
et la monnaie scripturale.
Les banques elles-mêmes étaient en proie à une forte désintermédiation
financière, tandis qu'on assistait à la généralisation de la dollarisation, preuve de la
perte de confiance grandissante à l'endroit de la monnaie nationale.
1.2.7.2. Interventions et résultats
Dans ce contexte, la réforme monétaire de 30 juin 1998 a culminé par la
mise en circulation d'une nouvelle unité monétaire, le «franc congolais», au taux de
1FC=100 000 NZ=14 000 000 Z. Cette réforme visait particulièrement à cesser
l'hyperinflation, à combattre la dollarisation de l'économie, à rétablir le système
général des paiements y compris l'usage.
L'écart entre le taux officiel et le taux parallèle s'était progressivement
réduit grâce à une amélioration des apports en devises favorisées par la libéralisation
des échanges extérieurs. Les mesures de septembre 1983 s'étaient inscrites dans le
cadre d'un programme d'ajustement économique et financier conclu avec le FMI.
1.2.5.2. Résultat
La persistance des déséquilibres nécessite la mise en place d'un autre
programme en 1987, dont l'exécution fut rapidement interrompue en 1988 pour cause
de non satisfaction des critères de performance convenus avec le FMI.
1.2.6. La réforme monétaire d'octobre 1993
1.2.6.1. Motivations
Le contexte économique qui a prévalu avant cette réforme monétaire
était invariablement le même comme pour les réformes précédentes à savoir : le recul
de l'activité de production, détérioration des finances publiques, l'aggravation de
l'inflation du fait de la motivation des déficits publiques, la précarité des réserves de
change, etc.
Cependant, deux problèmes nouveaux plus alarmants étaient apparus : un
gonflement malsain des dépôts bancaires à partir des opérations de virement
désordonnées initiées par le trésor, et l'incapacité croissante des banques à rejoindre
aux demandes de retraits de fonds exprimés par la clientèle en dépit d'une très forte
circulation fiduciaire dans l'économie.
79

1.2.6.2. Interventions
Les mesures monétaires prises en octobre 1993 ont consisté
principalement en un réajustement de la parité externe par le biais de l'émission d'une
nouvelle unité monétaire, le «nouveaux zaïre », au taux de 3NZ=1USD. La parité interne
était 1NZ=3000 000Z. La suppression de ces six zéros était conçue à la fois pour
comprimer les coûts d'impression des signes monétaires, faciliter la comptabilisation et
le dénouement des transactions.
Une partie de liquidités devait être gelée dans les comptes bancaires.
Mais aucun contrôle strict ne fut exercé sur l'expansion monétaire. Par exemple, à la
veille de la réforme monétaire, la circulation fiduciaire hors banque totalisait 27% de
la masse monétaire, mais au 26 novembre 1993 elle représentait 70% du stock
monétaire. L'absence d'assainissement durable des finances publiques s'est avérée,
encore une fois, plus fatale pour la réussite, de la réforme monétaire des chèques en
réunifiant l'espace monétaire national et en réduisant la disparité des taux de change à
travers le pays. Un des traits majeurs de cette réforme monétaire a consisté en la
neutralisation d'une partie des dépôts bancaires à vue, préalablement défiâtes, par leur
transformation en titres de créances sur le système bancaire. Cette opération a
permis de faire disparaître immédiatement la décote de la monnaie scripturale par
rapport à la monnaie fiduciaire.
Grâce à un meilleur encadrement des dépenses publiques et un contrôle
strict des émissions monétaires, il y eut avant le lancement de la nouvelle monnaie,
une relative stabilité du cadre macroéconomique. Aussitôt le franc congolais lancé, on
a assisté, à partir d'août 1998, du fait essentiellement de l'éclatement de la guerre à
l'Est du pays, à un rebond de l'inflation et de dépréciation monétaire. Le recul de
l'activité économique s'est poursuivi jusqu'en 2001.
L'exécution du programme intérimaire Renforcé (PIR) de fin mai 2001 à
fin mars 2002 ainsi que du Programme Economique du Gouvernement(PEG) à partir
d'avril 2002, a permis de casser l'hyperinflation de 511,2% en 2000 à 135,1% en 2001,
15,8% en 2002 et 4,4% en 2003. Le taux de change est passé d'une dépréciation
moyenne de 40,4% en 2002 à 14,49 en 2003 et a même subi une légère appréciation de
1,8% en 2004 par la même occasion, l'économie congolaise a retrouvé, à partir de
2002,
80

des taux de croissance positifs du PIB réel. Cependant, aujourd'hui, le franc congolais
subit une dépréciation remarquable par rapport au dollar.
SECTION 2. LES INDICATEURS DE REFORMES MONETAIRES
Dans cette section, comme les faits ci hauts présentés les démontrent,
l'économie congolaise est prompte à réagir favorablement à une gestion saine et à des
incitations plus adéquates pourvu qu'il ait de la cohérence et la constance dans les
mesures appliquées. Par contre, des réglementations excessives semblent contrarier sa
capacité à réagir convenablement aux signaux qui lui sont adressés.
2.1. APPLICATION DE LA POLITIQUE MONETAIRE ET DE CHANGE AU
RENFORCEMENT DE CES MULTIPLES REFORMES
Les différentes politiques monétaires et de change menées par la Banque
Centrale, ont permis à la République Démocratique du Congo de fixer et d'atteindre les
objectifs finaux de ces réformes monétaires.

2.1.1. La politique monétaire et de change mené après la réforme monétaire de 1963


Cinq faits majeurs ont marqué la période à savoir : Le plafonnement des
crédits était instauré au niveau de chaque banque ; Les plafonds fixés ont été revus de
manière répétitive entre 1963 et 1965 ;
- Il y eut toute fois plusieurs autorisations de crédits hors plafonds sous le contrôle
strict de la Banque Centrale ;
- La politique de change était restrictive ;
Tout paiement en monnaies étrangères devait faire l'objet d'une autorisation
particulière de l'institut d'émission
2.1.2. La politique monétaire et de change mène après la reforme monétaire en
1967
Nous soulevons aussi ici cinq faits majeurs qui ont marqué cette période,
à savoir :
- Le principal instrument de la politique monétaire était l'encadrement direct par le
plafonnement de crédit ;
- Face aux besoins de plus en plus croissants de l'économie, le plafonnement de
crédit a été supprimé. La nouvelle politique de la Banque Centrale était axée sur le
coefficient de réserve obligatoire ;
81

- Pendant une quinzaine d'années, la Banque Centrale a alterné la politique


D’encadrement de crédit avec celle de réserve obligatoire qu'elle a eu à
appliquer séparément au concomitamment ;
- Il avait été instauré un régime des changes fixe avec rattachement du zaïre-monnaie
au dollar américain. Ce régime s'appuyait sur un contrôle de change souple ;
- Avant la réforme de!983, la monnaie zaïroise était rattachée DIS suite aux flottements
du dollar américain qui la rendait instable.
2.1.3. La politique monétaire et de change mené après la réforme monétaire du
1983
Cette période a été marquée par trois faits majeurs à savoir :
- La politique d'encadrement direct et indirect du crédit a été maintenue ;
- Le déficit de l'état était notamment financé par les bons du trésor émis entre 1983 et
1993.

- Les opérations de change se dénouaient dans le cadre du régime des changes


Flottants.
2.1.4. La politique monétaire et de change menés après la réforme monétaire de
1993
Sept faits majeurs ont marqué la période, à savoir :
- La politique d'encadrement direct et indirect de crédit poursuivie par la Banque
Centrale aurait montré ses limites ;
- Création d'une nouvelle unité monétaire, le nouveau zaïre (NZ), dans le cadre d'un
programme destiné à combattre l'inflation et à freiner la régression de l'activité
économique ;
- Organisation d'un marché de change où les opérations se dénouent librement au
comptant ou à terme ;
- Organisation d'un fixing hebdomadaire afin de dégager le cours moyen indicatif ;
- Libre fixation des cours de change par chaque banque ;
- Détention libre des devises étrangères ;
- Création des bureaux de change et messageries financières.
2.1.5. La politique monétaire et de change mené après la réforme monétaire de
1998
82

Trois faits majeurs ont marqué la période à savoir :


- Le dispositif de contrôle direct et indirect a été maintenu au cours de cette année qui
consacre la naissance du franc congolais(FC),
- Depuis 2002, la Banque utilise des instruments indirects : le taux d'intérêt, le
coefficient de réserve obligatoire calculé sur base de la monnaie nationale et étrangère,
le certificat de dépôt (CD) et le billet de trésorerie (BTR). En même temps, les
guichets de refinancement des banques commerciales auprès la Banque
Centrale ont été restructurés;
- ïl a été procédé à une très large libéralisation des opérations de change attesté par :

La circulation concomitante des devises et du franc congolais; Le


remplacement des licences d'importation et d'exportation par de simples déclarations;
La non-rétrocession des recettes d'exportation au système bancaire; La libre utilisation
des avoirs en compte Résident en Monnaies étrangères (RME) et Non Résident en
monnaies étrangères (NRME); La vente et achat de devises par adjudication.

2.2. Cout de la réforme et modalités pratiques de lancement du franc congolais


Le lancement du franc congolais n'était que l'ultime étape de l'ensemble des
mesures faisant partie d'un programme d'ajustement économique et d'assainissement
monétaire. Plusieurs actions préalables ont été menées, entre mai 1997 et juin 1998, en
vue de stabiliser la monnaie, de restaurer l'éventail fiduciaire et la convertibilité au pair
de la monnaie scripturale en monnaie fiduciaire, d'unifier progressivement l'espace
monétaire national et de réduire la disparition des taux de change entre les différentes
places.
2.2.1. Cout de la réforme
Les dépenses globales de l'opération ont été évaluées à 94.447.653
dollars US dont 30% allouées aux coûts directs (production et mise en circulation des
billets) et 70% à la constitution d'une ressource destinée à soutenir la nouvelle
monnaie durant le second semestre de 199836.

Banque Centrale du Congo(4), Questions de l'opinion sur la réforme monétaire,


36

Kinshasa, mars1998, p.4


83

Les données quant à l'exécution des dépenses ne sont pas disponibles.


Mais en ce qui concerne la logistique, quelques jeeps seulement ont été achetées puis a
cheminées au Kasaï. Le poste «réserve de change» a été négligé à en croire la faible
intervention de la Banque Centrale du Congo au mois de juin et de juillet 1998.
En effet, initialement prévu à 11 millions de dollars US par mois, la
Banque Centrale du Congo n'a pu intervenir qu'à une hauteur de 6,8 millions et
2millions respectivement au mois de juin et juillet 1998. Par ce que d'autres opérations
ont été négligées par exemple les réserves de changes, mais l'objectif a été atteints
d'une manière partielle, si nous comparons le taux de change du franc congolais par
rapport au dollar qui était de 2franc congolais pour un dollar au moment du lancement
par rapport au taux de change de 2009 qui est 900 francs congolais pour un dollar, il y
a eu une forte dépréciation de franc congolais, cela est dû par un manque de la
politique de soutenir la monnaie, d'où cette réforme par rapport aux objectifs n'est pas
efficiente.
2.2.2. Modalités pratiques de lancement du franc congolais
L'éventail fiduciaire du franc congolais comprend 11 dénominations
réparties comme suit :
2.2.2.1. Parité interne
Elle a été fixée à 100 NZ pour 1FC et à 14000 000 Z pour 1FC. Cette
parité a été déterminée en tant que compte de la valeur centrale du stock des billets
existants et du niveau des prix intérieurs dans le pays.
2.2.2.2. Parité externe
Etant donnée l'adhésion des autorités au régime de change flexible, cette
parité a été déterminée en fonction de forces du marché à la veille de la réforme. Le 30
juin 1998, le taux à l'interbancaire était de 1,3 FC pour 1$ US contre 1,48FC pour
1$US au parallèle.
2.2.2.3. Délais d'échange
Un délai d'échange de 12 mois des anciens billets contre les nouveaux a
été jugé nécessaire pour ne pas léser les populations de l'arrière-pays.
L'utilisation conjointe des anciens et nouveaux billets a été arrêtée au 30
juin1999. Toutefois, les échanges se sont poursuivis aux seuls guichets de la BCC
jusqu'en décembre 1999.
84

CHAP 3 : ANALYSE EMPIRIQUE DE LA RELATION ENTRE POLITIQUE


BUDGETAIRE ET MONETAIRE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE EN
RDC
Ce chapitre se veut une étude empirique sur l’incidence de la politique
budgétaire et monétaire sur croissance économique en RDC.
Subdivisé en deux sections, il part d’abord de la spécification du modèle
VAR, objet de la première section, et enfin, il abord l’évaluation empirique sur
l’incidence de la politique budgétaire et monétaire sur la croissance économique en
RDC.
SECTION I. LA SPECIFICATION DU MODELE VAR
I.1. Pourquoi le modèle VAR
Les perturbations économiques des années 70 (crises pétrolières,
récession mondiale, …) ont invalidé les prévisions délivrées par les modèles
macroéconomiques (les modèles à équations simultanées) disponibles à cette période.
85

Les deux plus célèbres critiques de l’approche conventionnelle des


modèles structurels sont l’œuvre de Granger (1969) et Sims (1980).
Ces auteurs refusent d’introduire le concept de variables exogènes dans
leurs travaux. Ils réfutent aussi l’idée selon laquelle les relations économiques sont
réellement gouvernées par la simultanéité.
Selon Sims, la représentation du comportement économique en termes
de modèles structurels entraine trop de contraintes d’identification. Le rejet de ces
contraintes implique, pour lui, l’inexistence de variables exogènes.
Cet auteur propose alors un modèle constitué d’un ensemble d’équations
de forme réduite à retards identiques pour les variables. Cette modélisation, appelée
processus VAR, est simplement une généralisation vectorielle des modèles
autorégressifs (AR) au cas multivarié. La représentation VAR, appliquée à la politique
monétaire (Blanchard et Watson, 1986 ; Sims, 1986), réunit un groupe de variables de
politique monétaire et des variables macroéconomiques réelles reliées entre elles par
des équations autorégressives.
De ce fait, le concept de base de modèle VAR est de relier les variables
dans un vecteur autorégressif d’un ordre donné mettant les variables dans un cadre
relationnel.
Le modèle VAR repose sur l’idée selon laquelle toutes les variables
présentes dans un modèle sont endogènes.
Le modèle VAR a retenu notre attention, parce qu’il est largement
utilisé lors des analyses empiriques des effets de la politique économique en général et
de la politique monétaire en particulier.
Il permet de mesurer la direction, l’ampleur et la durée avec lesquelles
une innovation monétaire affecte les agrégats macroéconomiques. La modélisation
VAR n’échappe pas aux critiques.
Néanmoins, ses qualités en rendent l’utilisation pertinente, notamment
pour les économies en développement.
Enfin, plusieurs hypothèses théoriques relatives aux canaux de
transmission et aux chocs affectent l’économie réelle peuvent être testées
simultanément.

La modélisation VAR permet, sans recourir à une théorie économique en


amont, d’avoir un cadre relativement bien adapté pour notre étude. Elle repose
toutefois sur l’hypothèse que l’évolution de l’économie peut être bien approchée par la
description du comportement dynamique d’un vecteur de k variables dépendant
linéairement du passé.
86

I.2. LA SPECIFICATION DU MODELE VAR


I.2.1. Présentation du modèle VAR
Un modèle VAR est un outil économétrique particulièrement adapté
pour mesurer et utiliser en simulation, l’ensemble des liaisons dynamiques à l’intérieur
d’un groupe des variables donné.
C’est un système d’équations linéaires dynamiques dans lequel chaque
variable est écrite comme fonction linéaire de ses propres valeurs retardées et de celles
des autres variables.
Y1t Y2t Ykt
Considérons k variables ou processus stationnaires , … .
Chacun de ces processus est fonction de ses propres valeurs passées,
mais aussi des valeurs passées et présentes de l’autre processus. Si nous notons p le
nombre de retards, le modèle VAR(p) décrivent la dynamique des k variables sous
forme réduite s’écrit de la suivante :
Y  a0  
p a1 Y
 a  .......  ak V
 
p 2 p
 Y Y
1t 1 1t 1t i 1i 2t 1 1i kt 1 1t
i i i

Y  a0   a 2 Y
  ........  
p

p
a2 
p
a2Y  V
Y
2t 1 2t 1t i 2i 2t i 2i kt i 2t
t i i

: : : : : : : : : : : :::
: : : : : : : : : : : ::: (1)

Y  a0  a1 Y 
  ......  
p
p
a2 
p
ak Y  V
Y
kt k ki 1t 1 ki 2t 1 ki kt 1 kt
i i i

L’expression générale sous forme matricielle s’écrit de la manière suivante :

Yt  0 1Yt1 2Yt2 ............pYt p Vt


(2)
Y 
a0  v 
 ;  1 1t 1t

Avec Yt 
Y 0  :  ; V  : 
 2t   a0  t v 2t
 k

Par ailleurs, la résolution d’un problème par la modélisation VAR suit


87
une certaine logique que nous résumons par les étapes suivantes :

 Le test de la stationnarité ;
 La détermination du nombre de décalage optimal
 Le test de causalité ;
88

 L’estimation des paramètres du modèle ;


 L’analyse de la dynamique du modèle VAR
II. Test de stationnarité sur les variables
Avant de nous plonger dans la modélisation VAR, nous avons besoin
d’étudier la stationnarité des variables que nous allons utiliser.

Les paramètres d’un modèle VAR ne peuvent être estimés que sur des
séries chronologiques stationnaires (sans tendance et sans saisonnalité), raison pour
laquelle nous avons procédé d’abord au test de stationnarité de toutes nos séries.

Nous mettons en place des tests de racine unitaire sur les variables, afin
de vérifier leur stationnarité.

Si les variables ne sont pas stationnaires, c’est-à-dire qu’elles possèdent


une racine unitaire, il sera nécessaire de les intégrer.

Parmi les tests de racine unitaire, nous allons mettre en place le test de
Dickey-Fuller augmenté.

Ce test nous permet de tester l’hypothèse H0 : le processus est intégré au


moins d’ordre 1. Nous allons utiliser, aussi, les trois types de test admis par la méthode
de Dickey-Fuller, qui correspondent à trois modèles différents : le modèle sans
tendance et sans terme constant ; le modèle sans tendance et avec terme constant ainsi
que le modèle avec tendance et avec terme constant.

Le test de racine unitaire de Dickey-Fuller dont les résultats sont


consignés dans le tableau ci-dessous nous permet de confirmer la stationnarité de la
série ou de la série différenciée si la statistique ADF (négative) en valeur absolue est
supérieure aux valeurs critiques de MacKinnon (VCM) en valeur absolue, ou la non
stationnarité dans le cas contraire.

Ce test est effectué à l’aide du logiciel Eviews 9.

Le tableau ci-dessous présente les résultats de ce test pour les trois


variables retenues (pour plus de détails cf. annexes) :

Tableau n° 1: Test de Dickey-fuller augmenté


89

Variable ADF VCM Ordre décision


TXMM -4,5684 -2,998 (0) stationnaire
DPUB -2,7631 -1,7631 (0) stationnaire
TXCR -4,8416 -4,8416 (1) stationnaire
Source : estimation de l’auteur avec le logiciel Eviews 9

Il ressort de ce tableau que la variable taux de la masse monétaire


(TXMM) et la variable dépense publique (DPUB) sont stationnaire en niveau (ou
intégrées d’ordre 0).

La variable taux de croissance économique (TXCR) est intégré d’ordre


1, c’est-à-dire stationnaire après la différence première.

Ce qui nous amène à utiliser le modèle VAR(p) car toutes les variables
sont devenues stationnaires.

II.2.2 Détermination du lag optimal pour l’estimation du modèle VAR(p)


L’estimation d’un modèle VAR exige le choix ou la connaissance explicite de la
longueur de retards dans les équations.
Des choix alternatifs donneront des séries d’innovations différentes et probablement
provoqueront une différence dans la décomposition des variances et la fonction des
réponses impulsionnelles.
Pour déterminer le nombre de retards p du modèle VAR, il est fait recours aux critères
d’Akaike et Schwarz pour des décalages h allant de 1 à 5. On considère le retard p qui
minimise ces critères.
Tableau n° 2 : Nombre de retards optimal suivant les critères d’information
Lag AIC SC
1 25,69540 26,28046
2 25,56183 26,58568
3 25,20522 26,66787
4 25,19353 27,09498
5 25,15082 27,49106
Source : estimation de l’auteur avec le logiciel Eviews 9
Note: AIC = Akaike information criterion SC = Schwarz criterion

Ce tableau renseigne que le critère de AIC est minimisé avec un nombre


de retards 5, ou au troisième décalage par contre le critère de SC est minimisé avec un
nombre de retards 1, ou au deuxième décalage.
90

Le principe de la parcimonie veut qu’en présence de deux modèles ayant


le nombre des coefficients à estimer diffèrent, que l’on retienne celui qui comprend les
moins de paramètres à estimer. Par conséquent, il est retenu un processus VAR(1).

II.2.3. Test de causalité entre les variables


Le choix de l’ordre des variables n’est pas diffèrent pour les simulations
des chocs, étant donné que les interactions instantanées suivent un système récursif
dans un modèle VAR. ces interactions seront arrangées d’après le test de causalité au
sens de Granger. La mise en évidence des relations causales entre les variables
économiques fournit des éléments de réflexion propice à une meilleure compréhension
des phénomènes économiques.

Le but est de se demander si la


variable X t cause la variable Yt , et de voir

dans quelle proportion la valeur courante de peut être expliquée par ses valeurs
Yt

passées, et si en joutant des valeurs retardées de X t , l’explication est meilleure.

Le résultat de test de causalité au sens de Granger se présente de la manière


suivante

Pairwise Granger Causality Tests


Date: 09/14/20 Time: 11:12
Sample: 1988 2018
Lags: 2

Null Hypothesis: Obs F-Statistic Prob.

TXMM does not Granger Cause DTXCR 28 0.97405 0.3926


DTXCR does not Granger Cause TXMM 9.30311 0.0011

DPUB does not Granger Cause DTXCR 28 4.64452 0.0202


DTXCR does not Granger Cause DPUB 6.65716 0.0052

DPUB does not Granger Cause TXMM 29 0.00474 0.9953


TXMM does not Granger Cause DPUB 0.35124 0.7074

Source : estimation de l’auteur avec le logiciel Eviews 9.


Ainsi, les différents tests de causalité au sens de Granger renseignent, au
seuil de signification de 5% et de 10%, que :
91

 La variation du taux de croissance économique cause le taux de la masse


monétaire; mais l’inverse n’est pas vrai ; il y a la présence de causalité
unidirectionnelle entre les deux variables.
 La dépense publique cause la variation du taux de croissance économique ;
 la variation du taux de croissance économique cause la dépense publique. Donc
il y a une causalité bidirectionnelle dans le deux sens entre les deux variables.

III. LA SPECIFICATION DU MODELE VAR (1)


La forme réduite du modèle VAR (1) retenue se présente comme suit :

𝐷𝑇𝑋𝐶𝑅𝑡 = 𝛼1 + 𝛽1𝐷𝑇𝑋𝐶𝑅𝑡−1 + 𝜋1𝑇𝑋𝑀𝑀𝑡−1 +


1𝐷𝑃𝑈𝐵𝑡−1 + 𝜇1
𝑇𝑋𝑀𝑀𝑡 = 𝛼2 + 𝛽2𝑇𝑋𝑀𝑀𝑡−1 + 𝜋2𝐷𝑇𝑋𝐶𝑅𝑡−1 +
 2 𝐷𝑃𝑈𝐵𝑡−1 + 𝜇2

𝐷𝑃𝑈𝐵𝑡 = 𝛼2 + 𝛽2𝐷𝑃𝑈𝐵𝑡−1 + 𝜋2𝐷𝑇𝑋𝐶𝑅𝑡−1 +


 2 𝑇𝑋𝑀𝑀𝑡−1 + 𝜇3

, 𝛼𝑖, 𝛽𝑖, 𝜋𝑖 𝑒𝑡  i Sont les paramètres à estimer et 𝜇𝑖 sont les termes d’erreur

III.1. Résultats des estimations et interprétations


Les résultats issus de l’estimation du processus VAR(1) obtenus avec
Eviews 9 figurent ci-dessous, les valeurs entre parenthèses présentant les t de student
des paramètres estimés.

𝐷𝑇𝑋𝐶𝑅𝑡 = −0,3667 + 0,0217𝐷𝑇𝑋𝐶𝑅𝑡−1 − 0,000641𝑇𝑋𝑀𝑀𝑡−1 − 0,7200𝐷𝑃𝑈𝐵𝑡−1


T-stat (-0,5799) (0,1194) (-1,0071) (-2,2594)
𝑅2= 0,23 F-statistique = 2,5444

𝑇𝑋𝑀𝑀𝑡 = 319,2851 + 0,5942𝑇𝑋𝑀𝑀𝑡−1 − 248,2751𝐷𝑇𝑋𝐶𝑅𝑡−1 − 14,10340𝐷𝑃𝑈𝐵𝑡−1


T-stat (1,1717) (2,1669) (-3,17006) (-0,10275)
𝑅2= 0,45 F-statistique = 6,7417

𝐷𝑃𝑈𝐵𝑡 = −0,6124 + 0,3353𝐷𝑃𝑈𝐵𝑡−1 + 0,5051𝐷𝑇𝑋𝐶𝑅𝑡−1 − 0,000664 𝑇𝑋𝑀𝑀𝑡−1

T-stat (-1,19300) (1,2967) (3,4234) (-1,2849)


𝑅2= 0,49 F-statistique = 8,15463
92

III.2. Interprétations statistiques et économétriques des résultats


Il nous parait dès lors intéressant de faire les interprétations statistiques
du modèle VAR.
En se référant aux objectifs de notre étude analyse portera sur
l’explication statistique de la politique budgétaire et monétaire sur la variation de la
croissance économique.
En effet, les résultats issus de l’estimation du processus VAR(1) ci-
dessus indiquent que :
- La variation du taux de croissance économique dépend négativement de la
dépense publique retardée d’une période au seuil de 5%. Elle n’est pas
influencée par les autres variables.
- En plus, 23% de la variation du taux de croissance économique sont expliqués
par les trois variables retenues retardée d’une année.
- En fait, statistiquement, nous observons la part de ces trois variables dans
l’explication de la variation du taux de croissance est faible.
- Le taux de la masse monétaire dépend positivement du taux de la masse
monétaire passée et négativement de la variation du taux de croissance
économique retardée d’une période au seuil de 5%. Elle n’est pas influencée par
les autres variables.
- En plus, 45% du taux de la masse monétaire sont expliqués par les trois
variables retenues retardée d’une année.
- En fait, statistiquement, nous observons la part de ces trois variables dans
l’explication de la variation du taux de croissance est faible.
- La dépense publique dépend positivement de la variation du taux de croissance
économique au seuil de 5%. Mais elle n’est pas influencée par les autres
variables retardée d’une période.

IV .L’analyse des fonctions des réponses impulsionnelle


La fonction des réponses impulsionnelles représente l’effet d’un choc
d’une innovation sur les variables courantes et futures des variables du système.
93

Un choc sur une variable peut affecter directement cette variable, en


même temps qu’il se propage à l’ensemble des autres variables au travers de la
structure dynamique VAR.

En fait, l’idée générale de l’analyse des chocs est de résumer


l’information concernant l’évolution d’une composante suite à une impulsion d’une
autre composante, à la période t = 0, en supposant que toutes les variables sont
constantes (aucun autre choc ne survient).

Tous les chocs sont standardisés à 1%. Ainsi, le suivant présente les
réponses à des chocs sur les résidus structurels des variables du modèle.

Il est considéré que l’amplitude du choc est égale à une fois l’écart type
et l’on s’intéresse aux effets du choc sur 10 trimestres.
 Un choc sur Le taux de la masse monétaire

Period DTXCR TXMM DPUB

1 312.5013 1287.893 0.000000


2 -576.5223 790.8638 -24.13216
3 -349.1861 371.1838 283.4475
4 -76.62775 93.11933 279.6404
5 41.47618 -23.60022 147.2088
6 52.80415 -41.47685 39.03855
7 28.98976 -24.75653 -9.148807
8 7.870355 -7.597058 -17.12294
9 -1.747576 0.849926 -10.43517
10 -3.396233 2.652366 -3.309380

Source : estimation de l’auteur avec le logiciel Eviews 9.


Un choc positif sur le taux de la masse monétaire se traduit par :
 Un effet positif sur cette variable durant le dix années sauf dans le cinquième,
sixième, septième et huitième années ;
94

 Un effet nul sur la dépense publique à la première année et négatif dans la


deuxième, septième, huitième, neuvième et dixième année. L’effet devient
positif durant les autres années.
 Un effet positif sur la variation du taux de croissance économique à la première
année, négatif dans la deuxième, troisième, quatrième années et l’effet devient
positif à la cinquième jusqu’à la huitième année et s’amorti dans les deux
dernières années.

 Un choc sur Le dépense publique


Period DTXCR TXMM DPUB

1 0.119399 -1.814675 1.711088


2 1.306831 -1.463598 0.573820
3 0.796964 -0.772948 0.413937
4 0.209953 -0.224152 0.541414
5 0.061785 0.030047 0.313115
6 0.103779 0.080744 0.095201
7 0.062025 0.052523 0.010704
8 0.019231 0.018069 0.033136
9 0.001949 -0.000330 0.022060
10 0.006556 -0.005035 0.007810

Source : estimation de l’auteur avec le logiciel Eviews 9.


Un choc positif sur la dépense publique se traduit par :
 Un effet positif sur cette variable durant le dix années ;
 Un effet positif sur la variation du taux de croissance économique durant les dix
années ; septième, huitième, neuvième et dixième année ;
95

 Un effet négatif pour la variable taux de la masse monétaire à la première


année, jusqu’aux quatrièmes années et l’effet devient positif à partir des
cinquièmes années jusqu’aux huitièmes années avant de revenir négatif dans les
deux dernières années.

IV.2. Décomposition de la variance de l’erreur de prévision


La décomposition de la variance de l’erreur d’une variable permet de
savoir laquelle des variables produit plus d’impact sur les autres. Partant de la
décomposition des résidus en innovations, on peut calculer quelle est la contribution
de chaque innovation à la variance totale de l’erreur de prévision du processus VAR.
C’est ce que l’on appelle la décomposition de la variance.

1. La décomposition de la variance de la dépense publique


Selon les informations fournies ( cfr annexe n° ) , pour un horizon de 10
années, la variance de l’erreur de prévision de la dépense publique est due 32,39 % à
ses propres innovations, et 50,21 % à celle du taux de la masse monétaire , 17,49% de
la variation du taux de croissance économique.

2. Décomposition de la variance du taux de la masse monétaire


Selon les informations fournies ( cfr annexe n° ) , pour un horizon de 10
années, la variance de l’erreur de prévision du taux de la masse monétaire est due
64,14
% à ses propres innovations, 32 % à celle de la dépense publique et 12,80 % de la
variation du taux de croissance économique.

En fait, nos résultats empiriques montrent que la politique monétaire est


une source déterminante des fluctuations du produit intérieur brut.

Par ailleurs, les conditions de stabilité du VAR(1) ont démontré que nos
paramètres sont stables et qu’il n’a aucun problème car toutes les racines se trouvent à
l’intérieur du cercle unitaire du plan complexe, et les résultats du modèle VAR
pouvaient être bien interprétés.

De bonnes prévisions peuvent être faites à l’aide de ce modèle.


96

En plus, les différents tests conventionnels sur les résidus ont été
effectués sur le modèle afin de valider le processus. Ces tests n’ont pas décelé les
problèmes d’autocorrélation, de normalité et d’hétéroscedasticité des erreurs. C’est en
raison de ce diagnostic satisfaisant que la validation du modèle a été faite.

Conclusion

L’étude que nous venons d’achever a porté sur « l’incidence de la

politique monétaire et budgétaire sur l’économie congolaise »

Tout au long de cette étude nous avons essayé de répondre aux questions suivantes :

Quelle est la politique monétaire et budgétaire adaptée pour la RDC ; quel est l’impact

de la politique monétaire et budgétaire sur l’économie.

Dans cette optique, la première hypothèse de cette étude établit que : « les

tensions politiques restent vives dans le pays. Le gouvernement devrait ainsi éviter au

départ une situation où les tensions pourraient se nourrir les unes des autres,

conduisant à l'instabilité et au déclin de l'activité économique et en suite maintenir la

soutenabilité des finances publiques. Pour y arriver, l'ajustement du solde budgétaire

ne sera pas suffisant. Le gouvernement doit surtout résister aux pressions visant à

augmenter les exonérations qui réduiraient une assiette fiscale déjà modeste et, au

contraire, commencer par diminuer les exonérations et les cadeaux fiscaux. Le

gouvernement pourrait aussi introduire une procédure de liquidation différée de la

TVA perçue à l'importation pour les grands exploitants miniers et mettre en place un

cadre de collaboration entre la DGI et la DGRAD pour diligenter des contrôles fiscaux

communs auprès des entreprises minières et pétrolières, etc. et en fin appliquer une

politique monétaire adaptée pour accompagner cette mesure.

La deuxième hypothèse affirme que : «la politique budgétaire et


97
monétaire ont des impacts sur l’économie nationale car ces dernières ont des effets

directs sur la production, le niveau général de prix et le taux d’intérêt qui, à leur tour

heurtent sur d’autres variables aussi importantes comme le taux de change, de

chômage, etc. ».

Afin d’affirmer ou d’infirmer ces hypothèses et atteindre nos objectifs,

nous avons subdivisé notre étude en trois chapitres. Le premier chapitre s’est appesanti

sur l’analyse des concepts de base : politique monétaire et politique budgétaire. Le

deuxième a parlé réformes de la politique budgétaire et monétaire en RDC et en fin le

troisième fait l’analyse empirique de la relation entre la politique budgétaire et

monétaire sur la croissance économique en rdc.

Nous avons démontré au cours d’une littérature abondante

l’impact de la politique monétaire et budgétaire sur l’économie. Au terme de nos

investigations, nous n’avons pas la prétention d’avoir épuisé l’univers global de nos

recherches.

Toutefois, nous sommes sûrs d’avoir atteint l’objectif que nous nous sommes assignés

qui consiste à identifier la politique monétaire et budgétaire adaptée pour la RDC et

cerner son impact sur l’économie. Pour comprendre et analyser les données

nécessaires de notre étude, nous avons utilisé la méthode descriptive, analytique et

comparative soutenues par les techniques documentaires et le model VAR, qui nous

ont permis de vérifier nos hypothèses.

A l’issu de l’application du processus VAR, nous somme arriver au

résultat suivant :

- La variation du taux de croissance économique dépend négativement de la

dépense publique retardée d’une période au seuil de 5%. Elle n’est pas
98
influencée par les autres variables.

- En plus, 23% de la variation du taux de croissance économique sont expliqués

par les trois variables retenues retardée d’une année.

- En fait, statistiquement, nous observons la part de ces trois variables dans

l’explication de la variation du taux de croissance est faible.

- Le taux de la masse monétaire dépend positivement du taux de la masse

monétaire passée et négativement de la variation du taux de croissance


économique retardée d’une période au seuil de 5%. Elle n’est pas influencée par les autres

variables.

- En plus, 45% du taux de la masse monétaire sont expliqués par les trois

variables retenues retardée d’une année.

- En fait, statistiquement, nous observons la part de ces trois variables dans

l’explication de la variation du taux de croissance est faible.

- La dépense publique dépend positivement de la variation du taux de croissance

économique au seuil de 5%. Mais elle n’est pas influencée par les autres

variables retardées d’une période.

Ce résultat nous pousse donc à affirmer toutes nos deux hypothèses


99
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22. Ryelan. inflation de pays sous-développés. Origines, mécanismes de
propagation et effets des pressions inflatoires au Congo, 1960-1969,
 Notes de cours

23. MANGALU M., Méthode de recherche en sciences sociales, notes de cours,


inédit, FASEG, UNIKIN, 2013-2014.
24. Yav K., Réformes monétaires du zaïre : une revue historique, Kinshasa, notes
de conjoncture N°10 novembre 1993
25. Banque Centrale du Congo(4), Questions de l'opinion sur la
réforme monétaire, Kinshasa, mars1998,
 Mémoires et thèses
26. NZANZU T., Travail de fin de cycle politique budgétaire en RDC, UCG,
Faculté des sciences économiques, 2015-2016.
27. MIKOMBE T., Politique budgétaire et problématique de la croissance inclusive
en RDC de2002 à 2004, Kinshasa, Mémoire de licence, inédit, FSEG, 2014-
2015.
101
102

Annexes

ANNEXE N°1 : EVOLUTION GRAPHIQUE DES VARIABLES

1.1. LA VARIABLE DEPENSE PUBLIQUE


103

DPUB
4

-2

-4

-6

-8

-10

-12
88 90 92 94 96 98 00 02 04 06 08 10 12 14 16 18

1.2. LA VARIABLE TAUX DE CROISSANCE ECONOMIQUE

TXCR
10

-5

-10

-15
88 90 92 94 96 98 00 02 04 06 08 10 12 14 16 18

1.3. LA VARIABLE TAUX DE LA MASSE MONETAIRE


104

TXMM
8,000

7,000

6,000

5,000

4,000

3,000

2,000

1,000

0
88 90 92 94 96 98 00 02 04 06 08 10 12 14 16 18

ANNEXE N°2 : TABLEAU DE STATISTIQUE DESCRIPTIVE

TXCR DPUB TXMM


Mean 0.323077 -1.709641 784.4131
Median 0.600000 -0.556124 65.95000
Maximum 8.500000 2.368688 7743.140
Minimum -13.50000 -11.67190 17.70000
Std. Dev. 6.314194 3.443469 1762.730
Skewness -0.477674 -1.566132 2.873919
Kurtosis 2.118089 4.546185 10.84427

Jarque-Bera 1.831326 13.21858 102.4510


Probability 0.400251 0.001348 0.000000

Sum 8.400000 -44.45067 20394.74


Sum Sq. Dev. 996.7262 296.4369 77680399

Observations 30 30 30
105

ANNEXE N°3 : TEST DE STATIONNARITE DES VARIABLES EN NIVEAU

3.1. LA VARIABLE DEPENSE PUBLIQUE


Null Hypothesis: DPUB has a unit root
Exogenous: None
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=7)

t-Statistic Prob.*

Augmented Dickey-Fuller test statistic -2.763311 0.0074


Test critical values: 1% level -2.644302
5% level -1.952473
10% level -1.610211

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

Augmented Dickey-Fuller Test Equation


Dependent Variable: D(DPUB)
Method: Least Squares
Date: 09/14/20 Time: 10:49
Sample (adjusted): 1989 2018
Included observations: 30 after adjustments

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

DPUB(-1) -0.416556 0.150745 -2.763311 0.0098

R-squared 0.208418 Mean dependent var -0.010241


Adjusted R-squared 0.208418 S.D. dependent var 3.272403
S.E. of regression 2.911486 Akaike info criterion 5.007969
Sum squared resid 245.8257 Schwarz criterion 5.054676
Log likelihood -74.11954 Hannan-Quinn criter. 5.022911
Durbin-Watson stat 1.985856

3.2. LA VARIABLE TAUX DE LA MASSE MONETAIRE

Null Hypothesis: TXMM has a unit root


Exogenous: Constant
Lag Length: 7 (Automatic - based on SIC, maxlag=7)

t-Statistic Prob.*

Augmented Dickey-Fuller test statistic -4.568404 0.0016


Test critical values: 1% level -3.752946
5% level -2.998064
10% level -2.638752

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

Augmented Dickey-Fuller Test Equation


Dependent Variable: D(TXMM)
Method: Least Squares
Date: 09/14/20 Time: 10:48
Sample (adjusted): 1996 2018
Included observations: 23 after adjustments
106

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

TXMM(-1) -0.829867 0.181654 -4.568404 0.0004


D(TXMM(-1)) -0.116933 0.030944 -3.778834 0.0020
D(TXMM(-2)) -0.037019 0.027111 -1.365432 0.1937
D(TXMM(-3)) -0.051352 0.010783 -4.762229 0.0003
D(TXMM(-4)) -0.079269 0.012991 -6.101765 0.0000
D(TXMM(-5)) -0.066711 0.018242 -3.657106 0.0026
D(TXMM(-6)) -0.011520 0.015569 -0.739960 0.4716
D(TXMM(-7)) 0.008817 0.004980 1.770320 0.0984
C 23.21702 6.765969 3.431441 0.0041

R-squared 0.987877 Mean dependent var -12.89565


Adjusted R-squared 0.980949 S.D. dependent var 146.3007
S.E. of regression 20.19316 Akaike info criterion 9.134736
Sum squared resid 5708.689 Schwarz criterion 9.579060
Log likelihood -96.04947 Hannan-Quinn criter. 9.246482
F-statistic 142.6001 Durbin-Watson stat 2.098969
Prob(F-statistic) 0.000000

3.3. LA VARIABLE TAUX DE CROISSANCE ECONOMIQUE


Null Hypothesis: D(TXCR) has a unit root
Exogenous: None
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=7)

t-Statistic Prob.*

Augmented Dickey-Fuller test statistic -4.841639 0.0000


Test critical values: 1% level -2.647120
5% level -1.952910
10% level -1.610011

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

Augmented Dickey-Fuller Test Equation


Dependent Variable: D(TXCR,2)
Method: Least Squares
Date: 09/14/20 Time: 10:48
Sample (adjusted): 1990 2018
Included observations: 29 after adjustments

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

D(TXCR(-1)) -0.905794 0.187084 -4.841639 0.0000

R-squared 0.455611 Mean dependent var 0.053966


Adjusted R-squared 0.455611 S.D. dependent var 4.498620
S.E. of regression 3.319204 Akaike info criterion 5.271202
Sum squared resid 308.4793 Schwarz criterion 5.318350
Log likelihood -75.43242 Hannan-Quinn criter. 5.285968
Durbin-Watson stat 1.936615

ANNEXE N°4 : TEST DE CAUSALITE AU SENS DE GRANGER


107

Pairwise Granger Causality Tests


Date: 09/14/20 Time: 11:12
Sample: 1988 2018
Lags: 2

Null Hypothesis: Obs F-Statistic Prob.

TXMM does not Granger Cause DTXCR 28 0.97405 0.3926


DTXCR does not Granger Cause TXMM 9.30311 0.0011

DPUB does not Granger Cause DTXCR 28 4.64452 0.0202


DTXCR does not Granger Cause DPUB 6.65716 0.0052

DPUB does not Granger Cause TXMM 29 0.00474 0.9953


TXMM does not Granger Cause DPUB 0.35124 0.7074

ANNEXE N°5 : DETERMINATION DU LOG OPTIMAL

VAR Lag Order Selection Criteria Endogenous


variables: DTXCR TXMM DPUB Exogenous
variables: C
Date: 09/14/20 Time: 11:15 Sample:
1988 2018
Included observations: 25

Lag LogL LR FPE AIC SC HQ

0 -327.2441 NA 59770865 26.41953 26.56580 26.46010


1 -309.1924 30.32686* 29211849 25.69540 26.28046* 25.85767
2 -298.5228 15.36426 26543288 25.56183 26.58568 25.84580
3 -285.0652 16.14915 20449703* 25.20522 26.66787 25.61089*
4 -275.9191 8.780222 24592170 25.19353 27.09498 25.72091
5 -266.3852 6.864417 34148515 25.15082* 27.49106 25.79990

* indicates lag order selected by the criterion


LR: sequential modified LR test statistic (each test at 5% level) FPE:
Final prediction error
AIC: Akaike information criterion
SC: Schwarz information criterion
HQ: Hannan-Quinn information criterion

ANNEXE N°6 : RESULTAT D’ESTIMATION DU MODELE VAR(1)


Vector Autoregression Estimates
Date: 09/14/20 Time: 11:13
Sample (adjusted): 1990 2018
Included observations: 29 after adjustments
Standard errors in ( ) & t-statistics in [ ]

DTXCR TXMM DPUB

DTXCR(-1) 0.021709 -248.2751 0.505180


(0.18183) (78.3186) (0.14757)
[ 0.11939] [-3.17006] [ 3.42343]

TXMM(-1) -0.000641 0.594203 -0.000664


(0.00064) (0.27422) (0.00052)
[-1.00707] [ 2.16692] [-1.28497]
108

DPUB(-1) -0.720021 -14.10340 0.335354


(0.31867) (137.259) (0.25862)
[-2.25947] [-0.10275] [ 1.29671]

C -0.366900 319.2851 -0.612486


(0.63261) (272.481) (0.51340)
[-0.57998] [ 1.17177] [-1.19300]

R-squared 0.233911 0.447200 0.494581


Adj. R-squared 0.141980 0.380864 0.433931
Sum sq. resids 236.6692 43908161 155.8781
S.E. equation 3.076811 1325.265 2.497023
F-statistic 2.544422 6.741447 8.154632
Log likelihood -71.59005 -247.4888 -65.53500
Akaike AIC 5.213107 17.34405 4.795517
Schwarz SC 5.401699 17.53265 4.984110
Mean dependent 0.284138 700.5359 -1.472470
S.D. dependent 3.321637 1684.262 3.318850

Determinant resid covariance (dof adj.) 45973348


Determinant resid covariance 29453178
Log likelihood -372.8232
Akaike information criterion 26.53953
Schwarz criterion 27.10531
Number of coefficients 12

ANNEXE N°7 : LES REPONSES IMPULSIONNELLES

Response of
DTXCR:
Period DTXCR TXMM DPUB

1 3.076811 0.000000 0.000000


2 -0.047593 0.480886 -1.232019
3 -0.572348 0.557207 -0.424436
4 -0.362379 0.330655 0.107100
5 -0.109908 0.108870 0.212866
6 0.015508 -0.004140 0.135689
7 0.041205 -0.031635 0.046464
8 0.026968 -0.022632 -0.000832
9 0.009386 -0.008630 -0.012898
10 -7.93E-05 -0.000495 -0.009473

Response of
TXMM:
Period DTXCR TXMM DPUB

1 312.5013 1287.893 0.000000


2 -576.5223 790.8638 -24.13216
3 -349.1861 371.1838 283.4475
4 -76.62775 93.11933 279.6404
5 41.47618 -23.60022 147.2088
6 52.80415 -41.47685 39.03855
7 28.98976 -24.75653 -9.148807
8 7.870355 -7.597058 -17.12294
9 -1.747576 0.849926 -10.43517
10 -3.396233 2.652366 -3.309380
109

Response of
DPUB:
Period DTXCR TXMM DPUB

1 0.119399 -1.814675 1.711088


2 1.306831 -1.463598 0.573820
3 0.796964 -0.772948 0.413937
4 0.209953 -0.224152 0.541414
5 0.061785 0.030047 0.313115
6 0.103779 0.080744 0.095201
7 0.062025 0.052523 0.010704
8 0.019231 0.018069 0.033136
9 0.001949 -0.000330 0.022060
10 0.006556 -0.005035 0.007810

Cholesky Ordering: DTXCR TXMM DPUB

Response to Cholesky One S.D. (d.f. adjusted) Innovations

Response of DTXCR to DTXCR Response of DTXCR to TXMM Response of DTXCR to DPUB

3 3 3

2 2 2

1 1 1

0 0 0

-1 -1 -1

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Response of TXMM to DTXCR


Response of TXMM to TXMM Response of TXMM to DPUB

1,200 1,200 1,200

800 800 800

400 400 400

0 0 0

-400 -400 -400

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Response of DPUB to DTXCR


Response of DPUB to TXMM Response of DPUB to DPUB

1 1 1

0 0 0

-1 -1 -1

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
110

ANNEXE N°8 : DECOMPOSITION DE LA VARIANCE DE L’ERREUR DE PREVISION

Variance
Decompositi
on of
DTXCR:
Period S.E. DTXCR TXMM DPUB

1 3.076811 100.0000 0.000000 0.000000


2 3.349352 84.40811 2.061399 13.53049
3 3.469346 81.39182 4.500782 14.10740
4 3.505494 80.79054 5.298157 13.91130
5 3.515356 80.43559 5.364382 14.20002
6 3.518011 80.31620 5.356429 14.32737
7 3.518701 80.29841 5.362410 14.33918
8 3.518877 80.29624 5.366010 14.33775
9 3.518924 80.29482 5.366469 14.33871
10 3.518937 80.29423 5.366432 14.33933

Variance
Decompositi
on of TXMM:
Period S.E. DTXCR TXMM DPUB

1 1325.265 5.560303 94.43970 0.000000


2 1647.651 15.84067 84.13788 0.021452
3 1747.800 18.06879 79.28211 2.649101
4 1774.132 17.72295 77.22157 5.055482
5 1780.869 17.64337 76.65604 5.700597
6 1782.561 17.69762 76.56464 5.737736
7 1782.992 17.71550 76.54691 5.737595
8 1783.108 17.71515 76.53878 5.746071
9 1783.140 17.71461 76.53609 5.749292
10 1783.148 17.71481 76.53560 5.749583

Variance
Decompositi
on of DPUB:
Period S.E. DTXCR TXMM DPUB

1 2.497023 0.228642 52.81445 46.95691


2 3.227122 16.53554 52.18934 31.27513
3 3.437770 19.94553 51.04483 29.00964
4 3.493668 19.67353 49.83613 30.49034
5 3.508344 19.54029 49.42739 31.03231
6 3.512098 19.58586 49.37465 31.03949
7 3.513054 19.60637 49.37011 31.02352
8 3.513310 19.60651 49.36558 31.02790
9 3.513380 19.60577 49.36362 31.03061
10 3.513398 19.60591 49.36331 31.03078

Cholesky Ordering: DTXCR TXMM DPUB

ANNEXEN°9 : LES TESTS CONVENTIONNEL SUR LE RESIDU

9.1. TEST DE STABILITE


111

Inverse Roots of AR Characteristic Polynomial


1.5

1.0

0.5

0.0

-0.5

-1.0

-1.5
-1.5 -1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0 1.5

9.2. TEST D’HETEROSCEDASTICITE


VAR Residual Heteroskedasticity Tests (Levels and Squares)
Date: 09/14/20 Time: 11:20
Sample: 1988 2018
Included observations: 29

Joint test:

Chi-sq df Prob.

59.39685 36 0.7084

Individual components:

Dependent R-squared F(6,22) Prob. Chi-sq(6) Prob.

res1*res1 0.513580 3.871403 0.0087 14.89382 0.0211


res2*res2 0.475292 3.321348 0.0175 13.78347 0.0322
res3*res3 0.704047 8.722678 0.0001 20.41736 0.0023
res2*res1 0.298091 1.557186 0.2067 8.644651 0.1946
res3*res1 0.182353 0.817744 0.5679 5.288225 0.5074
res3*res2 0.606306 5.646832 0.0011 17.58288 0.0074

9.3. TEST D’AUTOCORRELATION


VAR Residual Serial Correlation LM Tests
Date: 09/14/20 Time: 11:22
112

Sample: 1988 2018


Included observations: 29

Null
hypothesi
s: No
serial
correlatio
n at lag h

Lag LRE* stat df Prob. Rao F-stat df Prob.

1 17.22133 9 0.0454 2.114381 (9, 48.8) 0.4461


2 15.70038 9 0.0734 1.898386 (9, 48.8) 0.0744
3 12.25027 9 0.1996 1.431086 (9, 48.8) 0.2012
4 4.287056 9 0.8915 0.463193 (9, 48.8) 0.8920
5 5.279983 9 0.8093 0.575996 (9, 48.8) 0.8101

Null
hypothesi
s: No
serial
correlatio
n at lags 1
to h

Lag LRE* stat df Prob. Rao F-stat df Prob.

1 17.22133 9 0.0454 2.114381 (9, 48.8) 0.0461


2 31.25342 18 0.0269 1.990150 (18, 48.6) 0.0294
3 39.93643 27 0.0519 1.682983 (27, 41.5) 0.0640
4 52.50898 36 0.0371 1.702538 (36, 33.2) 0.0625
5 54.23775 45 0.1627 1.225971 (45, 24.5) 0.2985

*Edgeworth expansion corrected likelihood ratio statistic .

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