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Ecole Supérieure des Travaux Publics (SUP TP)

Cours de géotechnique routière


Master génie civil

Auteur:
M. DIOUF / INGENIEUR GENIE CIVIL
SPECIALITE GEOTECHNIQUE
Tél: 77 091 83 30 / Email: gtyd@hotmail.fr

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PROGRAMME

I. Généralités sur la géotechnique routière

II. Matériaux de construction des routes

III. Paramètres de dimensionnement des structures neuves

IV. Dimensionnement des structures de chaussée neuve avec

application sur Alizé

V. Engins de chantier

VI. Les dégradations des chaussées

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THÈME I: GÉNÉRALITÉS SUR LA GÉOTECHNIQUE ROUTIERE

I. Définitions et terminologie

II. Les représentations du tracé routier

III. Elaboration d’un projet routier

IV. Les acteurs principaux des routes

V. Classification des routes

VI. Types de structures de chaussée

VII. Couches des structures de chaussée

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I. Définitions et terminologie:

La terminologie utilisée pour définir la géométrie


routière varie selon le type d'infrastructure.

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Pour les routes à chaussées séparées, on intègre un
terre plein central (T.P.C.) entre les deux chaussées.

Route: au sens littéral, c’est une voie terrestre


aménagée pour faciliter la circulation des véhicules.

Chaussée: Surface revêtue dédiée à la circulation


automobile, piétonne ou de véhicules à deux roues.

Dépendances
Surface d'emprise non dédiée à la circulation.
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Accotement: Zone s'étendant de la limite de chaussée
(au sens géométrique) à la limite de plate-forme. Du
point de vue structurel, ils peuvent comprendre :
- une bande dérasée ;
- une berme engazonnée jusqu'à la limite de plate-
forme.
Plate-forme
Surface de la route qui comprend la ou les chaussées,
les accotements et éventuellement les terre-pleins
centraux. 6
Assiette: Surface du terrain occupé par la route. Elle
comprend la plate-forme et la surface de terrain
délimitées par l'intersection des talus de déblai ou de
remblai.

Emprise: Surface de terrain appartenant à la


collectivité et affectée à la route et ses dépendances.

Talus: partie de la route dont la surface présente une


pente transversale.

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Déblai: volume initialement occupé par le terrain
naturel et excavé entre l’assiette et la plateforme

Remblai: partie de la route constituée de matériaux


d’apport, épandus et compactés.

Trottoir: Partie du terre-plein surélevée ou non,


aménagée pour la circulation des piétons.

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Terre - plein: partie de la plateforme située en dehors
des chaussées et des zones d’immobilisation.

Fossé: partie de la route formant une tranchée


ouverte dans le terrain pour assurer la collecte et
l’évacuation des eaux.

Fouille: volume initialement occupé par le terrain


naturel et excavé pour la construction d’un ouvrage.

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II. Les représentations du tracé routier:

Un tracé routier se caractérise à l'aide de trois types


de plan :

•Le tracé en plan;

•Le profil en long;

•Les profils en travers.

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II.1. Le tracé en plan
Le tracé en plan est
une vue de dessus de
la route. Le tracé en
plan d'une route se
caractérise par une

succession de courbes et d’alignements droits séparés


par des raccordements progressifs ou des
raccordements circulaires. 11
II.2. Le profil en long
Le profil en long est une coupe longitudinale de la
route suivant l'axe de la route généralement situé au
milieu de la chaussée. Le profil en long se caractérise
par une succession de déclivités ou de parties
horizontales liées et par des raccordements
circulaires ou paraboliques. Il permet de visualiser les
zones en déblai et en remblai le long du tracé.

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Pour faciliter la lecture :
• le tracé du terrain naturel est en vert ou en bleu
• le tracé du projet est en rouge.

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II.3. Les profils en travers
Les profils en travers sont des coupes transversales
perpendiculaires au profil en long. Les profils en
travers se caractérisent par un ensemble de couches
de matériaux juxtaposées ou superposées
permettant de définir la géométrie de la voie et sa
structure. Pour faciliter la lecture :
•le tracé du terrain naturel est en vert

•le tracé du projet est en rouge.


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III. Elaboration d’un projet routier:
Un projet routier s’élabore en dix (10) étapes :

•L'inscription du projet dans le plan routier national:


Généralement, la naissance de projet fait suite à une
demande publique de la population. Au Sénégal, les
projets routiers sont en quasi-totalité de la responsabilité
de l’Etat central (Présidence, ministères) et de ses
démembrements (agences: AGEROUTE, ADM, AGETIP et
collectivités territoriales: communes, communautés
rurales). 16
On les renomme par Maitre d’Ouvrage ou Maitre
d’Ouvrage Délégué; la population étant toujours
bénéficiaire.
Cette étape peut durer 5 ans.
•Le diagnostic:
Les services techniques du Département étudient le
projet afin d'identifier les enjeux et les besoins du
territoire, puis proposer plusieurs scénarios
d'aménagement. Le diagnostic peut durer 6 mois.

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• Le choix du scénario:

Les acteurs locaux (maires, présidents de


groupements de communes, conseillers généraux,
chambre de commerce, chambre d'agriculture,
syndicats de transporteurs…), réunis au sein d'un
comité de pilotage, émettent un avis qui débouche
sur le choix d'un scénario d'aménagement. Cette
procédure n'est pas obligatoire et est propre aux
grands projets. Elle dure en moyenne 03 mois.
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• L'étude d'avant-projet

À partir du scénario retenu et en tenant compte


des remarques formulées à l'étape précédente, les
services techniques réalisent une étude d'avant-
projet. Celle-ci permet d'élaborer le dossier qui
sera soumis à la concertation préalable. Elle dure
environ 03 mois.

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• La concertation préalable:

Il s'agit de recueillir les remarques des populations


directement touchées par le projet. Ce dernier est
mis à leur disposition dans les mairies des
communes concernées pendant un mois et demi,
et des réunions publiques sont organisées. Elle
dure en moyenne 06 mois.

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• L'enquête publique

Il s'agit d'une procédure définie et encadrée par la


loi. Elle est réalisée par un commissaire enquêteur
désigné par le tribunal administratif. Elle comporte
une étude d'impact du projet afin d'évaluer les
conséquences de la future réalisation sur le cadre
de vie des populations, l'environnement, mais
aussi sa rentabilité socio-économique.
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Si le projet nécessite d'acquérir des terrains, une
déclaration d'utilité publique (DUP) est indispensable. Cet
acte important permet notamment à la collectivité
d'acquérir les terrains nécessaires à la réalisation du
projet. Elle dure en moyenne 06 mois.

• L'étude de projet
Cette étude technique détaillée intègre toutes les
observations émises pendant l'enquête publique et
définit précisément les emprises de la future route. Elle
dure 06 mois. 22
• Les acquisitions foncières

Muni de la DUP, le Département peut désormais


procéder à l'acquisition des terrains qui vont
accueillir la nouvelle voirie. C'est également à
cette étape que sont lancées les éventuelles
procédures d‘aménagement foncier (lorsque le
projet traverse des terrains agricoles). Elle dure en
moyenne 1 an.
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• Les appels d'offre et le choix des entreprises

Les travaux seront réalisés par des entreprises


dans le cadre d'un marché public. Le Département
lance des appels d'offre et sélectionne les
titulaires du marché parmi les entreprises
candidates, suivant la procédure définie par le
Code des marchés publics. Elle dure en moyenne
06 mois.
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• Les travaux

Les travaux peuvent débuter. Quelques mois, voire


un ou deux ans plus tard, selon la complexité du
chantier, le nouvel équipement pourra être ouvert
à la circulation. La durée des travaux varie d’un
projet à un autre.

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IV. Les acteurs principaux des routes:

•Le Maitre d’Ouvrage: Les routes étant


généralement des infrastructures publiques, le
Maitre d’Ouvrage ou le client est l’Etat central ou
les collectivités territoriales: communes,
communautés rurales.

•Le Maitre d’Ouvrage Délégué: Ce sont les


démembrements de l’Etat (agences: AGEROUTE,
ADM, AGETIP, APIX). 26
•Le Bénéficiaire: la population

•L’Entreprise: chargé des travaux.

•La mission de contrôle: chargé du contrôle de


l’exécution des travaux

•Financement: l’Etat, les collectivités, les


partenaires financiers (coopération, ONG, bailleurs,
tiers).

•Maitre d’œuvre: Personne morale ou physique. Il


peut être un cabinet ou un consultant individuel. 27
Les principaux experts intervenant dans un projet
routier sont:

• Un ingénieur routier généralement de formation


génie civil;

•Un topographe;

•Un géotechnicien;

•Un hydraulicien;

•Un qualiticien;
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•Un environnementaliste;

•Un sociologue.

Rôle du géotechnicien:
Le Géotechnicien joue un rôle essentiel dans l'acte
de construire pour tous les travaux de génie civil. Il
intervient dans:

- les fondations des bâtiments, des ouvrages d'art,


des ensembles industriels ...;
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- les ouvrages de soutènement (murs, rideaux de
palplanches, ...);

- la stabilité des pentes naturelles et des talus de


remblais;

- les tunnels et travaux souterrains, les barrages


et digues en terre;

- les ouvrages portuaires et maritimes fondations


de quais, comportement des brise-lames, ...); 30
- les terrassements des routes, autoroutes, voies
ferrées;

- l'amélioration et le renforcement des sols.

L'intervention du géotechnicien est nécessaire à


tous les stades d'élaboration d'un projet et de la
réalisation des travaux :

- étude d'impact d'environnement et de


pollution; 31
- recherche et choix d'un site;

- assistance technique à la maîtrise d'œuvre


(dimensionnement des chaussées, choix des
matériaux routiers, recommandations pour
l’exécution);

- contrôle des travaux liés au terrain;

- auscultation des ouvrages;

- diagnostic sur les sinistres d'ouvrages. 32


V. Classification des routes
Le réseau routier Sénégalais est long de 14 825
km, composé de 10 019 km de routes non
revêtues (soit 68 %) contre 4 806 km de routes
revêtues (soit 32%).Le domaine routier est
composé de tout un ensemble de routes
ayant des fonctions différentes, et le long
desquelles s’applique des règles différentes. Il est
possible de lister, entre autres : 33
- Les autoroutes (A): elles font partie intégrante
du paysage routier. L’autoroute est une voie de
communication à chaussées séparées réservée
à la circulation rapide des véhicules
motorisés (voitures, motos et poids lourds). Au
Sénégal, le réseau autoroutier est à 221 km
(12 000 km en France), dont Dakar –
Diamniadio – AIBD – Mbour : 91 km (A1) et
AIBD - Thiès – Touba: 130 km (A2). 34
On compte une moyenne de 50 000 véhicules
par jour empruntant l’autoroute. Tous les
tronçons des autoroutes sont payants.
Il faut noter que la direction vers une autoroute
est signalée à plusieurs reprises par des panneaux
de direction à fond bleu indiquant le numéro de
l'autoroute et les villes vers lesquelles elles
mènent.
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Les signalisations et aménagements successifs
donnent les indices nécessaires suivants:

- L’entrée sur une autoroute est signalée par


un panneau carré bleu avec deux voies
représentées par deux traits blancs épais et un
trait blanc passant par dessus.

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- L’entrée et la sortie d’autoroute se font par des
bretelles d’accès.

- Chaque chaussée est composée de plusieurs


voies de circulation et d’une Bande d’Arrêt
d’Urgence (BAU).

- Les voies de sens contraires sont séparées par


un terre-plein central.

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- Tous les 2 000 mètres vous trouverez des bornes
d’appel d’urgence.

- Des aires de repos sont annoncées par des


panneaux réguliers qui indiquent la distance à
parcourir avant de les trouver.

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- Les routes nationales (RN): Les routes
nationales sont des routes secondaires qui
traversent de longues portions du territoire
(contrairement aux routes communales ou
départementales). Ces routes ont parfois pour
fonction de contourner les agglomérations.
Elles sont numérotées de RN1 à RN7.

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40
- Les routes départementales (D): Les routes
départementales, comme leur nom l’indique,
sont gérées par les départements. Elles créent
des liaisons au niveau local et régional et
peuvent déboucher sur des routes nationales,
communales ou des chemins ruraux.

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- Les routes communales: elles sont gérées par
la commune. Elles desservent les principaux
lieux de vie, d’activité économique et
touristique de la commune et relient les routes
départementales entre elles. Il s'agit de
l'ensemble des voies permettant de traverser
les villes ou les communes. L'entretien des
voies communales est pris en charge par les
mairies. 42
VI. Types de structure de chaussée:
Les structures de chaussée sont réparties en 06
catégories:

- Les chaussées souples: Elle comporte une


couverture bitumineuse mince (≤ 12cm),
parfois réduite à un enduit superficiel, reposant
sur une ou plusieurs couches de matériaux
granulaires : grave non traitée (GNT),
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grave latéritique crue (GL), latérite améliorée au
ciment (GLa), latérite litho-stabilisée (GLli). C’est la
structure la plus courante au Sénégal.
- Les chaussées bitumineuses épaisses:
Elles se composent d’une couche de surface
bitumineuse sur une assise en matériaux traités
au liant hydrocarboné : grave bitume classe 2 ou
3 (GB2 ou GB3). L’épaisseur totale d’enrobés est
supérieure à 12 cm.
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- Les chaussées semi-rigides: Elles
comprennent une couche de surface bitumineuse
sur une assise en matériaux traités au liant
hydraulique (MTLH) : Grave latérite traitée (GLc1
ou GLc2 en dépit du faible module de rigidité),
banco-coquillage ciment (BQc), grave ciment
classe 3 (GC-T3), sable traité classe 2 (SC-T2). A la
date d’édition du présent document, le ciment
est le seul liant hydraulique employé au Sénégal.
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- Les chaussées rigides en béton: Elles
comprennent des dalles de béton de ciment
(BC5) qui servent également de couche de
roulement reposant sur une couche de fondation
en béton maigre (BC2). Pour les trafics les plus
élevés, les dalles sont alors goujonnées (BC5g).

La technique du béton armé continu n’est pas ou


peu employée au Sénégal.

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Note : La structure béton la plus courante est celle
employée pour les radiers : sable + 10 cm béton
propreté + 20 cm dalle béton avec armature de 10
mm. Cette chaussée peut être utilement retenue
dans les zones à risque d’immersion en hivernage
et dans les zones à risque de ravinement. Elle n’est
pas traitée dans le guide de l’AGEROUTE.
A coté de ces 04 structures, il existe aussi des chaussées mixtes et
des chaussées à structures inverses, jamais utilisées au Sénégal.
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VII. Couches des structures de chaussée:

Généralement la chaussée est constituée des


couches suivantes:

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1) Couche de surface :

Cette couche en contact direct avec le


pneumatique de véhicule et la charge extérieure,
elle est composée d’une couche de roulement et
d’une couche de liaison.
 Rôle de couche de roulement :
• Encaisser les efforts de cisaillement provoqués
par la circulation.

• Imperméabiliser la surface de la chaussée. 49


• Assurer la sécurité et le confort.
 Rôle de couche de liaison :
Elle a pour rôle essentiel d’assurer une transition
avec les couches inférieures plus rigides.
2)- Couche de base :
C’est une couche intermédiaire, permet le passage
progressif entre CR et CF, Elle reprend les efforts
verticaux et repartis les contraintes normales qui
en résultent sur les couches sous-jacentes. 50
3)- Couche de fondation :

Elle a le même rôle que celui de la couche de base.


Les deux forment le «corps de chaussée».
4)- Couche de forme :
Elle est généralement prévue pour répondre à
certains objectifs en fonction de la nature du sol
support:

• Sur un sol rocheux : elle joue le rôle de


nivellement afin d’aplanir la surface ; 51
• Sur un sol peu portant (argileux à teneur en
eau élevée) :Elle assure une portance suffisante
à court terme permettant aux engins de chantier
de circuler librement.

4)- Plate-forme: Elle constitue le support de


chaussée et est composée de :

• un sol support (d'origine ou issu d'un remblai) ;

• une couche de forme éventuelle.


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Les plates-formes doivent permettre :

• un niveau de traficabilité qui permette la


circulation des engins,

• un compactage efficace de la couche de


fondation,

• de satisfaire aux exigences de nivellement de la


plate-forme elle-même,

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• d'assurer la protection de l'arase supérieure des
terrassement vis à vis des agents climatiques en
attente de la réalisation de la chaussée;

• l'homogénéisation de la portance du support


pour concevoir des chaussées d'épaisseur
constante,

• le maintien dans le temps, en dépit des


fluctuations de l'état hydrique des sols supports
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sensibles à l'eau, d'une portance minimale pouvant
être estimée avec une précision suffisante au stade
du dimensionnement de la structure de chaussée,

• une amélioration de la portance de la plate-


forme pour optimiser le coût de l'ensemble
couche de forme - structure de chaussée,

• une contribution éventuelle au drainage de la


chaussée...
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