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13 Constitution et vie
des groupes de sociétés
PROGRAMME
PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. La réalité des groupes • 2. Les structures de groupe • 3. Les prises
de participation et de contrôle
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences
• Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE
L ’entreprise peut être amenée à se développer par des prises de participations dans
d’autres sociétés. Les entreprises concernées font alors partie d’un groupe que le droit
encadre.
MOTS-CLÉS
Achat d’actifs • Action de concert • Autocontrôle • Cession d’actifs • Contrôle
• Filiale • Groupe circulaire • Groupe de sociétés • Groupe pyramidal • Groupe
radial • Holding • Leverage Buy Out • Offre publique • Participations • Participation
réciproque directe • SAS • Société civile • Société européenne • Société holding
• Société mère
Partie 4 De l'entreprise au groupe
Point de départ. À l’origine, les sociétés appelées à composer un groupe sont indépen-
dantes, ce qui signifie qu’elles :
–– ont des personnalités morales distinctes ;
–– n’ont aucun lien juridique, ni financier ;
–– mettent en œuvre des politiques et des stratégies distinctes.
Constitution. La constitution du groupe passe :
–– soit par la fusion des personnes morales, nécessitant l’accord de chaque société impli-
quée dans le processus ( chapitre 17) ;
–– soit par la technique de la prise de participation, c’est-à-dire le rachat d’une partie du
capital d’une société par une autre.
Cette dichotomie permet de classer les restructurations d’entreprises de la manière sui-
vante : celles qui affectent la personnalité juridique des entreprises impliquées (fusions,
scissions…) et celles qui n’affectent pas la personnalité morale des entreprises concer-
nées (prises de participation).
336
Chapitre 13 Constitution et vie des groupes de sociétés
2. Le micro-groupe
Le « micro-groupe » se compose généralement d’une société commerciale de type
SARL ou SAS, gérant un fonds de commerce, et d’une SCI ( chapitre 20) à laquelle sont
apportés le ou les immeubles d’exploitation. Les deux structures n’ont pas obligatoire-
ment de liens financiers au sens où l’une n’a pas obligatoirement de parts dans l’autre.
En revanche, les liens entre les deux structures vont reposer sur une identité d’associés
et/ou de dirigeants, ainsi que sur un bail commercial (ex. : la SCI loue les bâtiments
337
Partie 4 De l'entreprise au groupe
à la société commerciale). Ce schéma est de loin le plus fréquent. Il arrive que les pro-
CHIFFRE-CLÉ tagonistes de ce micro-groupe coiffent les deux sociétés d’une holding chargée de créer
un ciment entre les deux entités.
Seuls 25 pays dans
le monde ont 3. Le macro-groupe
un PIB supérieur
à la capitalisation Les macro-groupes sont les groupes multinationaux, aux structures complexes, et dont
actuelle d’Apple la puissance financière est parfois supérieure à celle de certains États… Quelques-uns
(Numérama, 2016). de ces géants concentrent entre leurs mains plus des deux tiers de la richesse d’un pays.
HOLDING
51 % 51 % 51 %
51 % 51 % 51 % 51 % 51 %
338
Chapitre 13 Constitution et vie des groupes de sociétés
2. Le groupe radial
Dans un groupe radial, la société mère ou holding détient de manière directe toutes les
filiales, sans mise en place de sous-filiales. Dans la figure 13.2, la société mère est qua-
lifiée de holding dans la mesure où sa seule fonction consiste à gérer les participations
qu’elle détient dans les six filiales.
Société mère
3. Le groupe circulaire
Le groupe circulaire est assez différent des deux autres catégories et se caractérise
par des participations créant un autocontrôle des sociétés impliquées : A détient B qui
détient C qui détient D qui détient A (fig. 13.3).
51 %
Société A Société B
51 % 51 %
Société D Société C
51 %
Figure 13.3. Fonctionnement d’un groupe circulaire
L’autocontrôle est bien mis en valeur dans le schéma de fonctionnement du groupe cir-
culaire. Imaginons maintenant une assemblée générale ordinaire de la société A, visant
à renouveler son conseil d’administration. En théorie, c’est D qui, en tant qu’actionnaire
majoritaire de A, décidera valablement de la nomination des dirigeants ; or D est contrô-
lée majoritairement par C, et C par B, et B par A… En fin de compte, c’est A, par l’inter-
médiaire de ses dirigeants en place, qui décidera du renouvellement de ces mêmes diri-
geants. Belle atteinte au principe de libre révocabilité ! Pour cette raison notamment,
les participations réciproques et l’autocontrôle sont réglementés.
339
Partie 4 De l'entreprise au groupe
Pour contrôler une société, la part de voie nécessaire varie selon le nombre de holdings
interposées (tab. 13.1).
Tableau 13.1. Capital (ou droits de vote) nécessaires pour contrôler une société
340
Chapitre 13 Constitution et vie des groupes de sociétés
Phase 1 Phase 2
La société 1 a 3 associés A, B et C A et B ont fait apport de leurs actions
à la holding, qui devient associée
de S1 avec C. A et B sont associés de la holding
A B
A B C
C Holding
Société 1
Société 1
•• Holding constituée par filialisation (par le bas, fig. 13.5). Une société qui exploite
un fonds de commerce apporte cet actif à une autre société qu’elle crée. L’apport est
rémunéré par des actions. À l’issue de l’opération, la société réalisant l’apport n’a plus
d’activité commerciale puisqu’elle a transféré ses actifs, mais elle détient des titres de
la société créée. La première est donc devenue holding après avoir été société d’ex-
ploitation. Par conséquent, si une société filialise toutes ses activités, elle se transfor-
mera en holding. Cette opération rend nécessaire la modification de l’objet social, sauf
si les statuts d’origine l’ont prévu. La société 1 crée la société 2 et devient holding. La
société 2 devra comprendre plusieurs associés, sauf à être unipersonnelle.
Apport fonds
de commerce
Société 2
Société 1
Apport fonds
de commerce
Figure 13.5. Holding constituée par le bas
341
Partie 4 De l'entreprise au groupe
342
Chapitre 13 Constitution et vie des groupes de sociétés
Exemple
◗◗ Une société rachetée à 2 M€ ;
–– résultat brut : 200 000 € ;
–– taux d’intérêt de l’emprunt contracté 5 % ;
–– part financée par emprunt : 50 %.
Le résultat net de la société cible est de 200 000 € – la charge financière de l’emprunt – l’IS
= 200 000 – (5 % de 1 M€ empruntés = 50 000 €) = 150 000 €. L’IS à 25 % = 37 500 €. Résultat
net = 112 500 €. La rentabilité financière des capitaux investis est de (112 500 / 1 000 000 €)
100 = 11,25 %. Si la part empruntée est accrue par rapport à la part financée sur capitaux
propres, l’effet de levier s’accroît :
–– société rachetée à 2 M€ ;
–– résultat brut : 200 000 € ;
–– taux d’intérêt 5 % ;
–– part financée par emprunt : 75 %.
Le résultat net de la société cible est de 200 000 € – la charge financière de l’emprunt – l’IS
= 200 000 – (5 % de 1,50 M€ = 75 000 €) = 125 000 €. L’IS est de 31 250 €.
Résultat net : 93 750 €.
La rentabilité financière des capitaux investis est de (83 000 / 500 000 €) × 100 = 18,75 %.
En résumé, un différentiel important entre la rentabilité économique et les taux d’inté-
rêt rend l’endettement moins onéreux et accroît la rentabilité des fonds propres investis.
Donc dans cette situation, plus l’endettement est important, plus le levier l’est également.
À l’inverse, si le taux d’intérêt est plus élevé que la rentabilité économique de la société,
le repreneur aura fortement intérêt à rechercher un financement par fonds propres au lieu
d’un financement par emprunt. ◗
343
Partie 4 De l'entreprise au groupe
344
Chapitre 13 Constitution et vie des groupes de sociétés
laquelle le dirigeant est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes cir-
constances au nom de la société. Le gérant, même nommé pour la durée de la société,
demeurera toujours révocable à la demande d’un seul associé, en justice, et pour cause
légitime.
Enfin, il n’est pas possible d’interdire à un associé de vendre sa participation dans la
holding, ou encore de l’obliger à quitter celle-ci. En effet, les clauses d’inaliénabilité et
d’exclusion n’ont pas d’existence légale dans les statuts d’une société civile. La société
civile a constitué un outil très performant, mais elle est aujourd’hui nettement sup
plantée par la SAS.
345
Partie 4 De l'entreprise au groupe
346
Chapitre 13 Constitution et vie des groupes de sociétés
•• Immatriculation au RCS.
Règles de constitution
•• Mesures de publicité usuelles et publication au JOUE.
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Partie 4 De l'entreprise au groupe
2. La participation
10 à 50 %. La notion de participation est définie dans le Code de commerce par l’article
L. 233-2 : il y a participation lorsqu’une société détient dans une autre, une fraction du
capital comprise entre 10 et 50 %.
348
Chapitre 13 Constitution et vie des groupes de sociétés
Relativité. D’une manière générale, ce seuil de participation n’est pas véritablement signi-
ficatif. En effet, il semble signifier qu’en dessous de 10 % du capital, l’investisseur effectue
un simple placement de fonds, ce qui ne correspond pas à la réalité des sociétés cotées. En
effet, dans certaines sociétés où l’actionnariat est atomisé, une détention de 9 % du capi-
tal est réellement significative. Inversement, dans certaines petites sociétés par actions,
en dessous du seuil de la minorité de blocage (33,3 %), l’actionnaire n’a pas de poids.
Droits de vote. Ajoutons que les seuils sont exprimés en capital alors que, pour avoir
une idée réelle de l’influence d’un associé, il est nécessaire de comptabiliser les droits de
vote dont il dispose : ainsi une personne qui détient 8 % d’actions à droit de vote double
n’est pas considérée par le texte précité comme ayant une participation, alors que son
influence est conséquente…
3. La filiale
Définition
Selon l’article L. 233-1 du Code de commerce constitue une filiale une société dont
plus de la moitié du capital est détenue par une autre.
4. Le contrôle
Le contrôle est la notion centrale du droit des groupes ; c’est elle qui conditionne l’ap-
plication de règles importantes. Le champ d’application de la législation sur les conven-
tions réglementées dépend de cette notion.
Code de commerce, article L. 225-38 al. 1
■■Toute convention intervenant directement ou par personne interposée entre la société
et son directeur général, l’un de ses directeurs généraux délégués, l’un de ses administra-
teurs, l’un de ses actionnaires disposant d’une fraction des droits de vote supérieure à 10 %
ou, s’il s’agit d’une société actionnaire, la société la contrôlant au sens de l’article L. 233-3,
doit être soumise à l’autorisation préalable du conseil d’administration.
L’expertise de gestion de l’article L. 225-231 du Code de commerce vise les opérations de
gestion de la société dont les demandeurs sont actionnaires, mais également les opérations
réalisées par les sociétés contrôlées par la société dont sont actionnaires les demandeurs.
Un troisième exemple sera pris dans le droit de la SAS. L’article L. 227-17 prévoit que si
l’une des sociétés associées de la SAS voit son contrôle se modifier, elle devra en avertir
la SAS, laquelle pourra décider de suspendre les droits de vote de son associé, et le cas
échéant l’exclure. Cette disposition vise pour l’essentiel à éviter que les clauses d’agré-
ment ne soient contournées par une prise de contrôle d’une société actionnaire.
Le contrôle est défini par l’article L. 233-3 du Code de commerce.
Code de commerce, article L. 233-3
■■I. Toute personne, physique ou morale, est considérée […], comme en contrôlant une autre :
1° Lorsqu’elle détient directement ou indirectement une fraction du capital lui conférant
la majorité des droits de vote dans les assemblées générales de cette société ;
2° Lorsqu’elle dispose seule de la majorité des droits de vote dans cette société en vertu
d’un accord conclu avec d’autres associés ou actionnaires et qui n’est pas contraire à l’in-
térêt de la société ;
349
Partie 4 De l'entreprise au groupe
3° Lorsqu’elle détermine en fait, par les droits de vote dont elle dispose, les décisions dans
les assemblées générales de cette société ;
4° Lorsqu’elle est associée ou actionnaire de cette société et dispose du pouvoir de nom-
mer ou de révoquer la majorité des membres des organes d’administration, de direction ou
de surveillance de cette société.
II. Elle est présumée exercer ce contrôle lorsqu’elle dispose directement ou indirectement,
d’une fraction des droits de vote supérieure à 40 % et qu’aucun autre associé ou action-
naire ne détient directement ou indirectement une fraction supérieure à la sienne.
III. Pour l’application des mêmes sections du présent chapitre, deux ou plusieurs personnes
agissant de concert sont considérées comme en contrôlant conjointement une autre lors-
qu’elles déterminent en fait les décisions prises en assemblée générale.
Droit de vote. Au préalable, on notera que la notion-clé pour l’appréciation du contrôle
est le droit de vote et non pas le pourcentage du capital. En effet, il n’y a pas toujours de
stricte concordance entre le capital détenu et les droits de vote :
•• Une action peut être dépourvue de droit de vote : c’est le cas pour les actions de préfé-
rence sans droit de vote, lesquelles peuvent représenter jusqu’à la moitié du capital d’une
société non cotée. Il est certain que ce capital « muet » ne peut pas être pris en compte.
•• Inversement, une action peut conférer un droit de vote double.
Le contrôle est donc apprécié en faisant masse des droits de votes détenus par une per-
sonne seule ou en vertu d’une convention de vote.
remier cas de contrôle : détention directe ou indirecte d’une fraction du capital
P
conférant la majorité des droits de vote. Cette hypothèse n’appelle pas de déve-
loppements particuliers. On notera simplement qu’il peut s’agir d’une détention
directe ou indirecte. En effet, en vertu de l’article L. 233-4, « toute participation au
capital même inférieure à 10 % détenue par une société contrôlée est considérée
comme détenue indirectement par la société qui contrôle cette société. »
Exemple
◗◗ La société A détient 30 % des droits de vote de B, et 55 % des droits de vote de C. C détient
25 % des droits de vote de B. A exerce un contrôle direct sur C (55 %). A exerce un contrôle indi-
rect sur B puisque A détient seul 30 % et que C, contrôlée par A détient 25 %, soit en tout 55 %.
Schéma 1
30 %
A B
55 % 25 %
Schéma 2
51 % 60 %
A B C
350
Chapitre 13 Constitution et vie des groupes de sociétés
euxième cas de contrôle : détention seule de la majorité des droits de vote dans
D
cette société en vertu d’un accord conclu avec d’autres associés. Cette hypothèse
correspond aux conventions de vote. Le décalage entre le capital détenu et les droits
de vote peut résulter d’accords entre actionnaires. La cession du droit
roisième cas de contrôle : détermination par la société, via les droits de vote dont elle
T de vote est impossible ;
le droit de vote est une
dispose, des décisions en AG. C’est l’hypothèse du contrôle de fait : la société dispose des « vaches sacrées »
directement ou indirectement d’une fraction des droits de vote qui sans être majoritaire du droit des sociétés.
lui confère en fait une suprématie lui permettant d’imposer ses vues aux assemblées Il n’empêche que
le droit positif
Exemple reconnaît la validité
des conventions de
◗◗ La société dispose de 35 % des droits de vote et le surplus est dispersé dans le public. ◗
vote extrastatutaires,
uatrième cas de contrôle : la société, en tant qu’actionnaire, dispose du pou-
Q qui comportent
des engagements
voir de nommer ou de révoquer la majorité des membres des organes d’admi- de voter dans un sens
nistration, de direction ou de surveillance. Ce cas vise les potentialités offertes déterminé ou de ne
par les actions de préférence (art. L. 228-11 du Code de commerce) ; en effet, il pas prendre part au
est possible d’émettre des titres donnant le pouvoir de nommer un nombre déter- vote. Ces conventions
de vote ne sont
miné d’administrateurs ou de dirigeants, ou réservant des sièges dans ces mêmes valables que si elles
organes. De même, au sein de la SAS, il est possible de prévoir que les dirigeants ne sont pas contraires
seront nommés autrement que par la collectivité des associés. Dès lors, un asso- à l’intérêt de la société,
cié peut disposer, avec une participation minoritaire, du pouvoir de nomination si elles ont une durée
limitée, et si elles
et de révocation. sont consenties sans
Présomption de contrôle. Le contrôle est présumé (mais il ne s’agit que d’une présomp- contrepartie financière.
tion simple pouvant être renversée) lorsque la société dispose directement ou indirecte- Bien évidemment,
ces conventions étant
ment, d’une fraction des droits de vote supérieure à 40 % et qu’aucun autre associé ou la plupart du temps
actionnaire ne détient directement ou indirectement une fraction supérieure à la sienne. non, publiées, il sera très
Cette hypothèse est en réalité très proche du contrôle de fait. difficile de rapporter
la preuve du contrôle.
Réglementation. Deux cas sont visés : les participations entre sociétés par actions et
les participations entre une société par actions et une autre société. Par raisonnement
a contrario, on peut en déduire que les participations réciproques entre deux sociétés
qui ne sont pas des sociétés par actions, sont totalement libres. De même si une société
étrangère (c’est-à-dire qu’elle n’a pas son siège en France) est impliquée, la réglementa-
tion ne trouvera pas à s’appliquer.
351
Partie 4 De l'entreprise au groupe
Participations réciproques entre sociétés par actions. Cette situation est régie par l’ar-
ticle L. 233-29 du Code de commerce.
Code de commerce, article L. 233-29
■■Une société par actions ne peut posséder d’actions d’une autre société, si celle-ci détient
une fraction de son capital supérieure à 10 %.
Ce texte pose le principe d’une participation réciproque maximale de 10 % entre socié-
À défaut de précisions tés par actions (SA, SAS, SCA).
contraires, le texte
n’est applicable qu’aux Exemples
sociétés françaises,
c’est-à-dire ayant leur • Si la SA 1 possède 12 % de la SA 2, cette dernière ne peut pas détenir d’actions de la SA 1.
siège sur le sol français. •• Si la SA 1 possède 9 % de la SA 2, la SA 2 peut posséder jusqu’à 10 % maximum de la SA 1. ◗
Sanctions. Le texte règle ensuite l’hypothèse où le seuil de 10 % serait dépassé par
l’une et/ou l’autre des sociétés impliquées : l’aliénation de la participation doit interve-
nir dans le délai d’un an à compter de la notification de cette prise de participation. Est
tenue d’aliéner la société qui détient la plus faible part du capital, ou bien les deux à due
concurrence, en cas de participation égalitaire. Tant que la participation excédentaire
n’a pas été aliénée, les droits de vote attachés ne peuvent pas être exercés.
Participations réciproques entre une société par actions et une autre société. Cette
situation est régie par l’article L. 233-30 du Code de commerce.
Code de commerce, article L. 233-30
■■Si une société autre qu’une société par actions compte parmi ses associés une société par
actions détenant une fraction de son capital supérieure à 10 %, elle ne peut détenir d’ac-
tions émises par cette dernière […].
Si une société autre qu’une société par actions compte parmi ses associés une société
par actions détenant une fraction de son capital égale ou inférieure à 10 %, elle ne peut
détenir qu’une fraction égale ou inférieure à 10 % des actions émises par cette dernière.
Ce texte concerne les « couples » SARL/SAS ; SARL/SA ; SA/SNC, etc. Sous une formu-
lation qui semble plus complexe, le principe demeure le même que celui posé par le
texte précédent : la participation réciproque maximale est de 10 %.
Exemples
•• Une SARL détient 9 % d’une SA ; la SA ne peut détenir plus de 10 % des parts de la SARL.
•• Une SAS détient 14 % d’une SARL ; la SARL ne peut détenir aucune action de la SAS.
Les règles relatives à l’aliénation, au délai et aux sanctions sont identiques à celles
posées précédemment.
2. L’autocontrôle
Définition
Lorsqu’une tierce société s’immisce dans le schéma précédent, on n’est plus en pré-
sence d’une participation réciproque directe, et la réglementation change. On dit
qu’il y a autocontrôle si une société assure son propre contrôle par l’intermédiaire de
plusieurs sociétés qu’elle contrôle (fig. 13.6).
352
Chapitre 13 Constitution et vie des groupes de sociétés
51 %
Societé mère Société B
51 %
51 % =
autocontrôle
Société C
353
Partie 4 De l'entreprise au groupe
l’impôt sur les plus-values sera exigible dans les conditions de droit commun. À l’issue de la
cession, le cédant n’est pas propriétaire d’une part du capital du cessionnaire (on distingue
en ce sens la cession d’actifs de l’apport d’actifs).
•• Du côté de l’acquéreur, l’achat d’actifs est net de tout passif, alors que l’acquisition
d’une participation sous forme d’actions ou de parts sociales intègre le passif.
Plusieurs techniques peuvent être recensées :
–– l’apport partiel d’actif, qui consiste pour une société à apporter à une autre, dans le
cadre d’une augmentation de capital, une partie de son actif, commercial ou immobi-
lier, ou bien des titres. L’apporteur reçoit en échange des titres et possède donc une par-
ticipation dans la société ayant augmenté son capital. Dans certaines hypothèses, cet
apport sera assimilé à une fusion ( chapitre 17), car il portera sur une branche d’ac-
tivité entière (éléments actifs et passifs). Ce sera un moyen de filialiser une activité ;
–– la société qui souhaite prendre une participation dans une autre peut souscrire à une
augmentation de capital en numéraire de cette dernière. L’opération suppose, s’il
s’agit d’une SA, que les actionnaires existants aient renoncé à leur droit préférentiel
de souscription ;
–– enfin, l’achat d’actions ou de parts hors de toute augmentation de capital reste encore
le moyen le plus simple. L’achat de la participation peut se faire directement par la
personne morale souhaitant entrer dans le capital de la cible, ou encore par le biais
d’un intermédiaire financier (conventions de portage). Selon que la société rachetée
est ou non cotée, la réglementation est sensiblement différente.
Exemple
◗◗ L’affaire Executive Life
En 2002, une filiale du Crédit Lyonnais, Artémis, se voit proposer le rachat d’une société
américaine d’assurance de personnes, Executive Life, au bord de la faillite. Le Crédit Lyon-
nais n’est pas intéressé par la compagnie d’assurances, mais par un portefeuille d’obli-
gations très rentable mais à haut risque (ce que la pratique nomme des junk bonds) qu’il
envisage de revendre avec une forte plus-value. Mais pour acheter le portefeuille, il faut
acheter la compagnie. Or, la loi américaine interdit à une banque de posséder plus de
25 % d’une compagnie d’assurances. Le Crédit Lyonnais demande donc à la MAAF de servir
de porteur. Une convention de portage est passée, et la MAAF se porte acquéreur de la
société Executive Life, qu’elle revend par la suite à une filiale du Crédit Lyonnais. L’affaire
aurait pu en rester là, mais la justice américaine va découvrir la grossière supercherie des
Français ; le Crédit Lyonnais sera lourdement condamné ; derrière lui se trouvent l’État
français et donc les contribuables… ◗
2. La prise de participation dans une société dont les titres sont admis aux
négociations sur un marché réglementé
Achat en Bourse et offre publique d’achat (OPA). On précisera que :
–– une société cotée en Bourse n’introduit pas sur le marché la totalité de ses titres.
EDF, par exemple, qui a fait son entrée sur Euronext en novembre 2005, n’a mis sur
le marché que 15 % de son capital. Dès lors, il faut comprendre que l’on peut acheter
hors marché boursier des actions d’une société cotée. La réglementation des prises
de participation s’appliquera quoi qu’il en soit ;
354
Chapitre 13 Constitution et vie des groupes de sociétés
–– on peut acheter des titres sur le marché réglementé sans lancer d’offre publique.
Toutefois, des achats trop importants pourront avoir pour effet de déclencher une
obligation de lancer une offre publique ;
–– si un initiateur souhaite prendre le contrôle d’une société cotée, de manière instanta- Attention : tout achat
en Bourse n’est pas
née, le procédé de l’offre publique est adapté. une offre publique
Obligation de transparence. Le propre du marché boursier est la rapidité. Les titres d’achat (OPA).
qui s’y négocient sont tous « dématérialisés », ce qui veut dire qu’ils n’ont aucune
existence papier et n’existent que sur un compte appelé « compte-titre ». Les titres
négociés en Bourse sont pour l’essentiel des titres « au porteur ». Cette expression
signifie que la société émettrice des titres ne connaît pas l’identité de leur titulaire ; en
clair, elle ne sait pas qui est actionnaire à un moment donné. En effet, le compte-titre
est tenu par un intermédiaire nommé PSI (prestataire de services en investissement),
le plus souvent un établissement de crédit. Or une société peut légitimement avoir
besoin de connaître son actionnariat, soit pour contrôler qu’aucun concurrent n’est
entré dans son capital, soit pour mettre en place de manière préventive des stratégies
de défense contre une OPA inamicale. Cela explique toutes les mesures visant à infor-
mer la société émettrice des prises de participation la concernant.
Nécessité de protection des actionnaires minoritaires. La protection des action-
naires minoritaires est un autre souci du législateur, particulièrement présent dans
le droit des offres publiques. Il faut en effet éviter que les minoritaires ne soient
prisonniers d’un changement de majorité non souhaité, et donc leur permettre de
céder leurs titres s’ils le souhaitent. Il est dès lors primordial de leur permettre de
sortir aux mêmes conditions que les actionnaires majoritaires. Ceci explique qu’une
offre publique ne puisse porter que sur la totalité des titres et surtout que le passage
du seuil de participation d’un tiers du capital ou des droits de vote oblige au déclen-
chement d’une offre publique.
Assujettissement des personnes agissant de concert. Les prises de participation et
de contrôle génèrent des obligations plus ou moins contraignantes, qui, c’est là une
singularité, ne pèsent pas uniquement sur la personne physique ou morale qui prend
directement la participation ou le contrôle. Afin d’éviter des prises de participation
occultes, par personnes interposées, ou bien diluées entre plusieurs initiateurs, la loi a
créé la notion d’action de concert. Les personnes qui agissent de concert (c’est-à-dire
avec une même finalité) sont tenues ensemble et solidairement des obligations rela-
tives aux prises de participation, et notamment les obligations relatives à l’information
et au déclenchement d’une offre publique. Si elles ne satisfont pas aux obligations que
la loi leur fait, elles seront tenues des sanctions civiles et pénales solidairement.
Code de commerce, article L. 233-10
■■Sont considérées comme agissant de concert les personnes qui ont conclu un accord en
vue d’acquérir ou de céder des droits de vote ou en vue d’exercer les droits de vote, pour
mettre en œuvre une politique vis-à-vis de la société.
L’accord doit porter sur toute forme de transmission ou de mise à disposition de titres
conférant le droit de vote. Ainsi une promesse de vente de titres conférant le droit
de vote peut être considérée comme une action de concert. Une deuxième condition
est nécessaire : l’accord doit viser à mettre en pratique une politique commune vis-à-vis
355
Partie 4 De l'entreprise au groupe
356
Chapitre 13 Constitution et vie des groupes de sociétés
SA 1 PDG
51 % 51 %
SA 2 SA 3
51 %
SA 4
357
Partie 4 De l'entreprise au groupe
358
Chapitre 13 Constitution et vie des groupes de sociétés
Exemple
◗◗ Déclaration de franchissement de seuil et déclaration d’intention de Lagardère SCA (Euronext
Paris)
1. Par courrier reçu le 2 mai 2017, complété par un courrier reçu le 3 mai 2017, la société
Qatar Holding LLC (8th Floor, Ooredo Tower, Diplomatic Arca Street, West Bay, Doha,
PO Box 23224,Qatar) a déclaré avoir franchi en hausse, le 28 avril 2017, le seuil de 15 %
des droits de vote de la société Lagardère SCA et détenir 17 091 585 actions Lagardère
SCA représentant 34 183 170 droits de vote, soit 13 % du capital et 16,69 % des droits
de vote de cette société.
Ce franchissement de seuil résulte d’une attribution de vote double.
2. Par les même courriers, la déclaration d’intention suivante a été effectuée :
« La société Qatar Holding LLC déclare :
–– l’aquisition d’actions Lagardère SCA par Qatar Holding LLC [résulte d’une] attribution de
droits de vote double ;
–– agir seul ;
–– envisage d’augmenter sa participation dans la société Lagardère SCA ;
–– ne pas envisager de prendre le contrôle de la société Lagardère SCA […] ◗
Troisième obligation : publicité des pactes d’actionnaires. Dans la logique d’une plus
grande transparence des rapports entre actionnaires, notamment en période d’offre
publique (où il est important que l’initiateur ait connaissance des défenses mises en
place par la cible), l’article L. 233-11 du Code de commerce prévoit la publication des
pactes comportant des conditions préférentielles de cession ou d’acquisition à condi-
tion qu’elles soient significatives dans leur volume, c’est-à-dire qu’elles portent sur au
minimum 0,5 % du capital ou des droits de vote, ce qui inclut au sens strict :
–– les promesses de vente ou d’achat ;
–– les pactes de préférence ou de préemption.
Quatrième obligation : offre publique obligatoire. L’ultime conséquence d’une prise
de participation dans une société cotée peut être l’obligation de déclencher une offre
publique sur la totalité des titres de la société émettrice. Les obligations décrites précé-
demment nous cantonnaient dans le domaine de l’information. L’article 234-2 du règle-
ment général de l’AMF pose un principe rigoureux : toute personne physique ou morale,
agissant seule ou de concert, qui vient à détenir plus de 30 % du capital ou des droits
de vote d’une société cotée, est tenue de déposer un projet d’offre publique. Cette dis-
position vise à éviter le ramassage en Bourse et à assurer une parfaite égalité entre les
actionnaires, en protégeant notamment les minoritaires.
Une offre publique peut porter autant sur des titres de capital que sur des titres de
créance ; mais l’objectif premier étant de prendre le contrôle de la cible, il est nécessaire
359
Partie 4 De l'entreprise au groupe
que l’offre permette de posséder des titres offrant le droit de vote. La plupart des OP
portent donc sur des actions.
Objectifs. L’offre publique répond, soit à une logique de concentration économique
(verticale ou horizontale), soit à une logique purement spéculative, où l’initiateur achète
dans le seul but de revendre l’entreprise en la démantelant (on nomme cela la « revente
par appartements ») et en réalisant une forte plus-value.
Faveur législative. Le législateur, en France du moins, perçoit globalement les OP de
manière très positive car :
–– elles animent le marché boursier ;
–– elles permettent des concentrations rapides ;
–– elles respectent le principe d’égalité entre actionnaires ;
–– elles sont une incitation pour les dirigeants sociaux à bien gérer la société et à consi-
dérer comme il se doit l’actionnariat.
Réglementation. Les offres publiques sont réglementées par les articles L. 433-1 à
433-4 du Code monétaire et financier, et surtout, en complément, par le règlement
général de l’AMF, articles L. 231-1 et suivants. L’essentiel de la réglementation se
trouve dans ce dernier document.
OP obligatoire. Le déclenchement de l’offre se fait en principe par la volonté de l’initia-
teur qui souhaite délibérément prendre le contrôle d’une cible. Mais, dans certains cas,
l’offre sera rendue obligatoire par le règlement général de l’AMF (article 234-2). Cette
obligation est motivée par la volonté de respecter l’égalité entre actionnaires et de per-
mettre aux minoritaires de sortir de la société cible afin de ne pas subir le changement
de contrôle. Il existe plusieurs cas de dépôt obligatoire :
•• 1er cas : une personne physique ou morale, agissant seule ou de concert, détient plus
de 30 % du capital ou des droits de vote (on notera qu’il s’agit d’une alternative). Dans
ce cas, l’offre doit viser la totalité du capital et des titres donnant accès au capital ou
aux droits de vote ;
•• 2e cas : une société détient seule ou de concert entre 30 % et la moitié du capital ou
des droits de vote d’une autre, et vient sur 12 mois consécutifs à racheter plus de 1 % de
la société cible. Dans ce cas, l’obligation de dépôt se fonde sur la vitesse d’acquisition.
100 % du capital. L’offre doit porter sur la totalité du capital : cette règle, qui vise la pro-
tection des minoritaires en leur permettant de ne pas rester prisonniers de leurs titres,
signifie en clair qu’il ne peut exister d’offre publique partielle.
Clause de succès. L’offre peut être assortie d’un seuil de renonciation également appelée
« clause de succès ». En effet, si l’initiateur est obligé dans certains cas de déposer un
projet d’offre publique, les actionnaires de la cible ne sont nullement tenus d’apporter
leurs titres à l’offre publique ; celle-ci peut donc se solder par un échec.
Seuil de la caducité. Le nouvel article L. 433-1-2 du Code monétaire et financier prévoit
la caducité automatique de toute offre publique qui ne réunirait pas à sa clôture, une
fraction supérieure à la moitié du capital ou des droits de vote. Cette nouvelle mesure
vise à garantir un bon niveau du prix de l’offre.
Modalités. L’offre peut être unique, mixte, alternative, principale et subsidiaire – une offre
est dite unique si l’initiateur propose l’achat ou l’échange des titres de la cible. L’offre sera
donc une OPA unique (les actionnaires ne se voient remettre que du numéraire) ou une
OPE unique (les actionnaires ne se voient remettre que des titres). L’offre est dite mixte si
360
Chapitre 13 Constitution et vie des groupes de sociétés
les actions apportées à l’initiateur sont payées pour partie en numéraire, pour partie en
titres. Elle est dite alternative, si l’actionnaire de la cible a le choix entre le paiement en
numéraire ou en titre. On parle également d’offres principale et subsidiaire.
Procédure des OP. Le règlement général de l’AMF distingue deux procédures : la procé-
dure normale qui suppose que l’initiateur détienne moins de la moitié du capital ou des
droits de vote et la procédure simplifiée pour le cas où il détient déjà la majorité dans
la société cible. La différence entre les deux procédures tient pour l’essentiel à la durée
d’ouverture de l’offre, c’est-à-dire au délai pendant lequel les actionnaires de la société
rachetée peuvent amener leurs titres à l’initiateur.
Étapes. Une offre publique de titres se déroule de manière schématique en huit étapes
(fig. 13.7).
Ouverture
Résultat Surenchère
de l’offre
(9 jours) (5 jours)
(25/35 jours)
Offre concurrente et surenchère. Une offre concurrente émane d’une personne distincte
de l’initiateur et qui, en général, vient au secours de la cible. Une surenchère émane de
l’initiateur qui propose un prix supérieur à celui proposé initialement. Dans les deux cas,
l’offre concurrente ou la surenchère ne sont recevables que si le prix proposé est supérieur
de plus de 2 % au prix stipulé dans l’offre d’origine.
Exemple
◗◗ OPA de B à 150 € sur le titre de A.
C peut déposer une offre concurrente au prix minimum de 153 €.
S’il a des informations prédisant un échec de son offre au prix de 150 €, B peut offrir de
surenchérir à partir de 153 €. ◗
Offre publique de retrait (OPR). C’est un mécanisme qui vise à ce que les actionnaires
minoritaires puissent se retirer de la société dont le contrôle a changé. Il y a plusieurs
hypothèses d’OPR :
–– les actionnaires majoritaires détiennent de concert au moins 90 % des droits de vote ;
–– la société est une SA et envisage de se transformer en SCA ;
–– l’actionnaire contrôlant la société envisage de demander une modification statutaire
importante, ou propose un projet de fusion absorption de la société.
361
Partie 4 De l'entreprise au groupe
Procédure. L’initiative d’une OPR peut appartenir soit aux actionnaires minoritaires, qui
vont alors solliciter l’AMF, laquelle va requérir des majoritaires de déposer une OPR,
soit aux majoritaires directement. L’AMF peut encore requérir le dépôt d’une OPR de
sa propre initiative. À l’issue, et dans le meilleur des cas, l’initiateur aura 100 % des
titres de la société. En pratique, quelques irréductibles auront souvent refusé de vendre.
Il faudra alors les y obliger : c’est le retrait obligatoire.
Retrait obligatoire (règlement AMF, art. 237-1). Suite logique de l’OPR, le retrait obli-
gatoire vise les titres non présentés à l’OPR. Pour ce reliquat, les actionnaires m ajoritaires
peuvent demander que les titres leur soient transférés contre indemnisation des mino-
ritaires exclus. Le retrait obligatoire porte sur au maximum 10 % des titres conférant
le droit de vote. Il s’opère sous surveillance de l’AMF. Le prix est défini par l’initiateur
après une évaluation suivant des « méthodes objectives » ; ce prix doit bien entendu
être validé par l’AMF.
Défenses anti-OPA. C’est un sujet très ludique et vivant. Ludique en raison de son
aspect guerrier et des similitudes avec les jeux vidéo…, vivant car, en raison des fré-
quentes OPA américaines sur des sociétés françaises, il est question de rechercher les
moyens juridiques pour renforcer notre panoplie de défenses.
Quelques exemples de défenses en droit français. L’initiateur d’une offre publique
d’achat ou d’échange ne recherche pas le capital, ni les dividendes (au moins dans un
premier temps…), mais le pouvoir. Ce que vise tout initiateur, c’est d’arriver à limoger la
direction en place pour s’y installer. À cette fin, les moyens suivants s’offrent à lui :
•• L’émission de capital « muet » ou non votant : l’article L. 228-11 du Code de com-
merce permet, dans une société cotée, d’émettre au maximum un quart d’actions de
préférence sans droit de vote.
•• L’émission de titres à droit de vote double : par les actions de préférence à droit de
vote double, il est possible de renforcer le pouvoir de certains actionnaires présumés
fidèles.
•• Le plafonnement des droits de vote : cette possibilité est offerte aux statuts à la
condition que le plafonnement soit imposé à tous les actionnaires sans discrimination.
Beaucoup de sociétés du CAC 40 ont introduit une clause de plafonnement.
Exemple
◗◗ Dans la société Danone, les droits de vote sont plafonnés à 6 % pour les actions ordinaires
et à 12 % pour les actions à droit de vote double ; cela signifie que, quel que soit le capital
détenu par un seul actionnaire, il ne donnera jamais plus de 6 ou 12 % de voix. ◗
•• Les conventions de vote. Elles sont valables si elles ne contrarient pas l’intérêt social
et si elles sont temporaires. Leur seule faille réside dans leur sanction, qui se limite à
des dommages-intérêts en cas de violation.
•• La dilution de l’initiateur. Le but est ici de noyer la participation de l’initiateur de
manière à ce qu’il repasse en dessous de la barre des 50 %, ou bien, mais cela revient
au même, à le décourager en rendant plus coûteuse sa tentative de prise de contrôle.
Cela peut passer par une augmentation du capital social souscrite par les actionnaires
ou par un tiers « ami » de la société ; le paiement du dividende en actions, qui aura pour
effet d’augmenter le capital, ou encore l’émission de stock-options sont aussi un moyen
très utile à double titre : d’abord car les bénéficiaires n’ont pas intérêt à apporter car,
362
Chapitre 13 Constitution et vie des groupes de sociétés
363
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve
1 QCM
Pour chaque les propositions, une ou plusieurs réponses sont possibles. Justifiez-les.
1. Une société holding désigne :
a. une SA qui détient des actifs à l’étranger. □
b. une société dépourvue d’activité économique. □
c. une société détenue par une autre. □
d. une société qui détient des participations dans une ou plusieurs autres sociétés. □
2. A détient 65 % du capital de B, B détient 54 % du capital de C,
E détient 10 % du capital de A. Peut-on dire que :
a. A contrôle indirectement C ? □ d. E contrôle indirectement B ? □
b. C est une filiale de E ? □ e. C est une sous-filiale de A ? □
c. A est la mère de B ? □
3. Dans une opération de LBO :
a. une banque rachète une société en créant une filiale de celle-ci. □
b. un repreneur finance le rachat d’une société cible par le biais d’une holding. □
c. la holding s’endette auprès d’une banque et rembourse son emprunt
par des remontées de dividendes de la cible. □
4. Le capital minimum d’une société européenne est de :
a. 450 000 €, si elle fait offre au public. □ c. 225 000 €, si elle fait offre au public. □
b. 120 000 €, si elle ne fait pas offre au public. □ d. 1 €. □
364
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Types de groupes
Groupe pyramidal
• À sa tête une holding
• Détention de x filiales détenant
à leur tour des « sous-filiales »
Groupe radial
Détention directe, par la holding,
de toutes les filiales, sans mise
en place de sous-filiales
Groupe circulaire
Participations créant
un autocontrôle des sociétés
impliquées
Intérêt de la holding
Déconnexion Transmission Option de holding Mise en œuvre
du pouvoir familiale de rachat d’une politique
et du capital ou Leverage commune
Buy Out (LBO)
Prise de participation dans une société dont les titres sont admis
aux négociations sur un marché règlementé
1 Déclaration de franchissement de seuils
2 Déclaration d’intention
Quatre
obligations
3 Publicité des pactes d’actionnaires
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