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CHAPITRE

14 Régime juridique et social


des groupes

PROGRAMME

Compétence visée Notions et contenus


Identifier les différentes règles trouvant • Droit applicable aux groupes
application en matière de groupe de sociétés : consolidation
de sociétés les obligations sociales liées des comptes, obligation au passif, droit
à l’existence d’un groupe des minoritaires, dirigeants du groupe
• Droit du travail appliqué aux groupes,
comité de groupe, accord de groupe

PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. Le régime juridique des groupes • 2. Le régime social des groupes
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences
• Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE

M ême si le groupe n’existe pas juridiquement à proprement parler, notamment en


raison de l’absence de personnalité juridique, de nombreuses règles spécifiques
s’appliquent en présence d’un groupe, notamment sur le plan social. La prise en compte
du groupe par le droit des affaires est éparse. Les principaux domaines où la notion
apparaît, directement ou indirectement, et produit des conséquences juridiques sont les
obligations comptables, l’information et la protection des actionnaires, les émissions de
titres particuliers et les relations financières (ex. : opérations de trésorerie, conventions
réglementées, prise en charge du passif, procédures collectives). La loi Pacte a également
modifié la donne en consacrant le rôle du commissaire aux comptes dans les groupes.

MOTS-CLÉS
Abus de biens sociaux • Abus de majorité • Action sociale • Actions de préférence
• Expertise de gestion
Partie 4 De l’entreprise au groupe

1 Le régime juridique des groupes


Absence de personnalité morale. Un groupe de sociétés n’a pas de personnalité juri-
dique. Le groupe est un amas de personnalités juridiques distinctes, enchevêtrées, mais
lui-même dénué de personnalité morale, ce qui explique le caractère impressionniste de
la réglementation.
L’indépendance patrimoniale est une des caractéristiques recherchées des sociétés d’un
groupe.
Notion de patrimoine. Chaque société du groupe a donc un patrimoine indépen-
dant. Ce patrimoine peut se définir comme l’ensemble des biens et des obligations
de la société regardé comme formant un tout, une universalité. Par conséquent tout
l’actif d’une société du groupe doit répondre de tout le passif de celle-ci, mais seul ce
­patrimoine est le gage des créanciers…
Stratégie. Cette dernière idée est très importante du point de vue de la stratégie mise en
place dans la gestion du risque. Un groupe de société est bâti sur le cloisonnement patri-
monial ; les liens pouvant exister entre les patrimoines de deux sociétés du groupe, et
permettant à l’une de répondre du passif de l’autre, sont exceptionnels. Ils ne reposent
que sur deux mécanismes :
–– soit la volonté : cas où une société se porte caution d’une autre ou s’engage solidai-
rement ;
–– soit la loi, qui peut prévoir une obligation indéfinie au passif (cas de la SNC), ou encore
un mécanisme d’extension d’une dette d’un patrimoine à un autre sous le contrôle du
juge (cas des procédures collectives).
Autonomie-dépendance. La plupart des groupes se caractérisent par une centralisa-
tion du processus de décision et une forte communauté d’intérêts. Le droit prend donc
en compte cette situation particulière d’« autonomie-dépendance » ou d’« indépen-
dance-domination » en faisant produire des effets à l’existence de liens de capital entre
plusieurs personnes morales. Mais ce mouvement est encore diffus, au point qu’il est
difficile de parler d’un véritable droit des groupes.

A Les organes du groupe


En théorie, chaque société du groupe dispose de ses propres organes (dirigeants, assem-
blées…), lesquels ont une complète autonomie de gestion. En pratique, le groupe est
dirigé par :
–– les dirigeants de la société mère ;
–– les actionnaires majoritaires de cette même société.
Deux points doivent retenir l’attention : l’intérêt du groupe et la direction du groupe.

1. L’intérêt du groupe
Intérêt social. On sait le rôle que joue l’intérêt social (redéfini par l’article 1833 du
Code civil suite à la loi Pacte du 22 mai 2019) comme limite aux pouvoirs des ­dirigeants
sociaux, ou encore comme borne à l’omnipotence des assemblées d’associés. Cette limite
s’exerce à l’encontre :

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Chapitre 14 Régime juridique et social des groupes

•• Des pouvoirs des dirigeants. L’action des dirigeants contraire à l’intérêt social est sus-
ceptible d’être sanctionnée de diverses manières : responsabilité civile, responsabilité
pénale pour abus de biens sociaux, révocation ;
•• droits des assemblées d’actionnaires. La théorie de l’abus de droit trouve deux
Des
applications en droit des sociétés : l’abus de majorité et l’abus de minorité.
Intérêt du groupe. Au-delà de l’intérêt social, il est difficile de déterminer si l’intérêt du
groupe est reconnu. Il faut retenir que :
•• L’intérêt du groupe ne peut se résumer à la somme des intérêts sociaux des sociétés du
groupe. Il est avant tout une notion économique : tel acte contraire à l’intérêt d’une
société du groupe est-il en faveur de l’ensemble de celles-ci ?
•• L’intérêt d’une société peut être atteint sans que l’intérêt du groupe ne le soit, ce ­dernier
pouvant même servir de justification à l’atteinte portée au premier.
Exemple
◗◗ Une société mère « cannibalise » une filiale. L’intérêt de la filiale est atteint mais pas
­l’intérêt du groupe. La jurisprudence en matière pénale admet parfois que l’atteinte à
­l’intérêt social d’une filiale soit légitimée par l’intérêt du groupe (arrêt Rozenblum, Cass.
crim., 4 février 1985). ◗

•• Inversement, l’intérêt du groupe peut être atteint par un acte d’une société conforme
à son propre intérêt…
Timide consécration. L’intérêt du groupe a reçu une timide consécration légale avec la
loi dite NRE du 15 mai 2001, à propos de l’expertise de gestion au sein des groupes. Cette
consécration, unique dans le Code de commerce, ne renseigne pas plus sur le contenu de
la notion. Tout au plus, elle tend à prouver que la notion de groupe commence à s’impo-
ser, même si les contours sont encore assez imprécis.
Code de commerce, article L. 225-231 al. 1
■■Une association répondant aux conditions fixées à l’article L. 225-120, ainsi qu’un ou plu-
sieurs actionnaires représentant au moins 5 % du capital social, soit individuellement, soit
en se groupant sous quelque forme que ce soit, peuvent poser par écrit au président du
conseil d’administration ou au directoire des questions sur une ou plusieurs opérations
de gestion de la société, ainsi que, le cas échéant, des sociétés qu’elle contrôle au sens de
l’article L. 233-3. Dans ce dernier cas, la demande doit être appréciée au regard de l’intérêt
du groupe.

2. La direction du groupe
Absence de direction. Le groupe n’existant pas en tant que personnalité juridique, il n’a
pas d’organes de direction à proprement parler. La direction du groupe revient en fait à
la société holding qui le coiffe. En conséquence :
•• Il est important d’assurer une bonne représentation des filiales et sous-filiales dans la
société mère, ce qui contribue à la fluidité et à la légitimité des décisions prises à la
tête du groupe. Cette représentation n’est pas de droit puisque les filiales ne sont pas
associées de la mère mais l’inverse ; il est envisageable toutefois, si la holding adopte
une structure juridique souple (ex. : SAS) que les dirigeants des principales filiales du
groupe soient représentés au niveau de la direction de la holding.

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Partie 4 De l’entreprise au groupe

•• Afin que le circuit des décisions soit harmonieux, c’est-à-dire notamment que les déci-
sions prises dans la holding soient correctement exécutées par les filiales, il est pos-
sible de mettre à la tête de ces filiales des dirigeants identiques à ceux de la holding, ce
qui pose toutefois la question du cumul des mandats. Le mieux est probablement de
mettre en place des délégations de pouvoir entre les dirigeants de la holding et ceux
des filiales et sous-filiales.
La Cour de cassation considère que, lorsque dans un groupe de sociétés se trouvent
des administrateurs communs, ceux-ci sont tenus d’un devoir de cohérence dans leurs
votes au sein des différentes entités du groupe (Cass. Com., 22 mai 2019, pourvoi
n° 17-13.565) : « attendu que si l’administrateur d’une société exerce en principe libre-
ment son droit de vote, dans l’intérêt de la société, le devoir de loyauté auquel l’admi-
nistrateur d’une société mère est tenu à l’égard de celle-ci l’oblige, lorsqu’une décision
est votée par le conseil d’administration de cette société, à voter dans le même sens au
sein du conseil d’administration de la filiale, sauf lorsque cette décision est contraire à
l’intérêt social de cette filiale. »

B Les associés dans le groupe


Aucune personne n’est associée « groupe » du puisque le groupe n’existe pas en tant
que tel. Dans un groupe de type pyramidal ( chapitre 13), ce ne sont pas les filiales qui
sont associées de la société mère, mais bien la société mère qui est associée des filiales.
Puisque les associés d’une société peuvent être amenés à souffrir des actes d’une autre,
des mesures de protection des associés des différentes sociétés du groupe existent.
Cette protection passe par l’information et la sanction.

1. L’information des associés au sein du groupe


NOTRE CONSEIL
Rapport de gestion. Tout d’abord, le rapport de gestion présenté à chaque assemblée
Veillez à distinguer générale par les dirigeants, doit indiquer les prises de participations réalisées au cours de
la mesure
l’exercice. Ensuite les dirigeants doivent rendre compte de l’activité et des résultats du
d’information interne
et les déclarations
groupe à leurs associés. Ces mesures sont précisées par le texte ci-après.
obligatoires Code de commerce, article L. 233-6 al. 1
de franchissement
■■Lorsqu’une société a pris, au cours d’un exercice, une participation dans une société ayant
de seuils prévues
par l’article son siège social sur le territoire de la République française représentant plus du vingtième,
L. 233-7 du Code du dixième, du cinquième, du tiers ou de la moitié du capital de cette société ou s’est
de commerce assuré le contrôle d’une telle société, il en est fait mention dans le rapport présenté aux
pour les sociétés associés sur les opérations de l’exercice et, le cas échéant, dans le rapport des commis-
cotées. saires aux comptes.

Code de commerce, article L. 233-6 al. 2


■■Le conseil d’administration, le directoire ou le gérant d’une société rend compte dans son
Le rapport rapport de l’activité et des résultats de l’ensemble de la société, des filiales de la société et
concerne l’activité
et les résultats ; il s’agit
des sociétés qu’elle contrôle par branche d’activité. Lorsque cette société établit et publie
d’une présentation des comptes consolidés, le rapport ci-dessus mentionné peut être inclus dans le rapport
par branches d’activité. sur la gestion du groupe mentionné à l’article L. 233-26.

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Chapitre 14 Régime juridique et social des groupes

Rapport sur la gestion du groupe (C. com., art. L. 233-26). Le rapport sur la gestion du
groupe expose la situation de l’ensemble constitué par les entreprises comprises dans
la consolidation, son évolution prévisible, les événements importants survenus entre la
date de clôture de l’exercice de consolidation et la date à laquelle les comptes conso-
lidés sont établis ainsi que ses activités en matière de recherche et de développement.
Information sur les conventions réglementées. Les associés bénéficient également
d’une information sur les conventions dites réglementées, c’est-à-dire les conventions
faisant ressortir un conflit d’intérêts. Sont concernées notamment les conventions inter-
venant entre la société et l’un de ses actionnaires disposant d’une fraction des droits de
vote supérieure à 10 % ou, s’il s’agit d’une société actionnaire, la société la contrôlant
(C. com., art. L. 225-42), ce qui inclut donc les conventions conclues entre la société
mère et ses filiales ou sous-filiales.

2. L’expertise de gestion
Précontentieux. L’expertise de gestion ( chapitre 8) est une mesure d’information
précontentieuse débouchant généralement sur une action en responsabilité contre les
dirigeants, voire leur révocation. Elle permet donc aux actionnaires minoritaires de solli-
citer la nomination d’un expert dont la mission va consister à clarifier une opération de
gestion semblant contestable.
En principe, la demande d’expertise demeure interne à la personne morale ; elle émane
de ses associés et concerne la gestion de ses dirigeants.
L’extension progressive de l’expertise de gestion aux groupes permet aux associés d’une
société de solliciter un éclairage particulier sur une opération effectuée au sein de
­n’importe quelle société du groupe :
•• En premier lieu, par le biais de l’article 145 du Code de procédure civile qui prévoit que
« s’il existe un motif légitime de conserver ou d’établir avant tout procès la preuve de
faits dont pourrait dépendre la solution d’un litige, les mesures d’instruction légalement
admissibles peuvent être ordonnées à la demande de tout intéressé, sur requête ou en
référé. » Par sa généralité, ce texte a ­toujours autorisé une expertise débordant du cadre
strict de la personne morale (de la mère vers la filiale, ou de la filiale vers la mère).
•• En second lieu, par l’article L. 225-231 du Code de commerce qui autorise les asso-
ciés d’une société à solliciter une expertise relative aux actes des sociétés qu’elle
contrôle, la demande étant alors appréciée au regard de l’intérêt du groupe. Il faut
remarquer que l’expertise au sein du groupe est unilatérale puisque les minoritaires
de la mère peuvent la déclencher et non les minoritaires d’une filiale. Dans ce dernier
cas, il demeure possible d’utiliser le texte de l’article 145 du CPC.

3. L’action en responsabilité
Les associés d’une société peuvent-ils agir en responsabilité contre les dirigeants d’une
autre société du groupe ? La jurisprudence répond par la négative à cette question :
­l’action sociale (C. com., art. L. 225-231) n’est ouverte qu’aux associés de la société dont
les dirigeants sont mis en cause. Une action de droit commun fondée sur l’article 1240
du Code civil demeure possible, les associés de la filiale (ou de la mère) agissant en tant
que tiers, mais on sait que les conditions posées par la jurisprudence sont restrictives.

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Partie 4 De l’entreprise au groupe

4. La sanction des abus


Abus de biens sociaux et groupe. L’abus de biens sociaux ( chapitre 3) au sein des
groupes pose plus spécifiquement la question relative des flux de trésorerie pouvant
grever le patrimoine d’une société du groupe (une filiale en général), au profit d’une ou
plusieurs autres sociétés de ce même groupe. Cette question revient à se demander si
l’intérêt social d’une personne morale peut être sacrifié sur l’autel de l’intérêt du groupe.
Arrêt Rozenblum : Jurisprudence. La réponse apportée par la jurisprudence (arrêt Rozenblum, Cass. crim.,
4 février 1985) est que le délit d’abus de biens sociaux n’est pas constitué si plusieurs
conditions sont réunies :
–– les deux sociétés impliquées dans le flux anormal doivent appartenir au même
« groupe » au sens des liens capitalistiques, mais également au sens de la commu-
http://dunod. nauté d’intérêts ;
link/6df2iqe –– l’opération doit être commandée par une politique et une stratégie économique ou
sociale commune mise en place au sein du groupe ;
–– la filiale « ponctionnée » doit recevoir une forme de contrepartie, même si le contrat
passé avec l’autre société est volontairement déséquilibré (une surfacturation est
admissible, pas un prélèvement de trésorerie sans contrepartie) ;
–– l’opération ne doit pas excéder les capacités financières de la société « victime ».
Abus de majorité et groupe. L’abus de majorité consiste pour le ou les associés majori-
taires (possédant plus de 50 % des droits de vote), à user de leur position de force, soit
dans le but de nuire à la minorité, soit dans le but d’avantager la majorité et contraire-
ment à l’intérêt de la société. De construction jurisprudentielle, cette théorie n’est pas
enfermée dans les limites strictes de la personne morale.
Exemple
◗◗ Il a été jugé que le vote des associés majoritaires au sein d’un groupe devait être annulé
comme portant atteinte aux intérêts légitimes d’une filiale. Là aussi il est nécessaire de
montrer que le vote du groupe majoritaire n’est pas dicté par l’intérêt du groupe. ◗

C Le commissaire aux comptes dans les groupes


Il convient de distinguer la situation avant et après la loi Pacte (tab. 14.1).

Tableau 14.1. Pacte, avant/après

•• Absence de CAC de groupe


•• Exception : désignation d’un CAC par les SAS holding et les SAS
Avant la loi Pacte filiales
•• Intégration par le CAC des sociétés du groupe,
à plusieurs niveaux (rapport aux associés, C. com., art. L. 233-6)

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Chapitre 14 Régime juridique et social des groupes

Modification des seuils et critères de nomination : CAC obligatoire


quelle que soit la forme juridique des sociétés du groupe :
–– dans la holding si l’ensemble des sociétés contrôlées dépasse
Après la loi Pacte deux seuils des trois suivants : CAHT de 8 M€, 4 M€ de total
bilan, ou 50 salariés.
–– pour les filiales, l’obligation de nommer un CAC est liée
à des seuils de moitié inférieurs : CAHT de 4 M€, 2 M€ de total
bilan ou 25 salariés (décret du 26 mai 2019).

D Les finances du groupe


1. Les obligations comptables : la consolidation des comptes
La consolidation des comptes implique, pour la société tête du groupe, l’obligation
d’établir et de présenter des comptes sociaux complets (bilan, compte de résultat et
annexe) intégrant l’ensemble des sociétés du groupe (comprises dans le périmètre
de consolidation) et répondant aux impératifs de régularité, de sincérité et d’image
fidèle.
On prendra bien garde de ne pas confondre la consolidation des comptes avec l’intégra-
tion fiscale.
Sociétés tenues à la consolidation des comptes. L’article L. 233-16 du Code de com-
merce définit avec précision les sociétés qui doivent établir des comptes consolidés.
Code de commerce, article L. 233-16
■■I. – Les sociétés commerciales établissent et publient chaque année […] des comptes
consolidés ainsi qu’un rapport sur la gestion du groupe, dès lors qu’elles contrôlent de
manière exclusive ou conjointe une ou plusieurs autres entreprises […].
Conditions. L’obligation de consolidation suppose donc de la part d’une société com-
merciale :
•• Soit le contrôle exclusif d’une ou plusieurs entreprises ; même si cela est regrettable, la
définition du contrôle exclusif n’est pas calquée sur celle donnée par l’article L. 233-3
du Code de commerce. Il résulte de la détention de la majorité des droits de vote, de
la capacité à nommer pendant deux exercices successifs la majorité des membres des
organes de gestion délibérants ou encore de l’influence dominante exercée en vertu
d’un contrat ou d’une clause statutaire ;
•• Soit le contrôle conjoint, lequel résulte du fait que deux sociétés au moins prennent
les décisions en accord.
Exceptions. Le Code de commerce prévoit des exceptions à l’obligation de consolidation
des comptes :
•• Tout d’abord, au profit des groupes de petite importance ne dépassant pas deux des
trois seuils suivants au cours de deux exercices consécutifs : Les seuils sont
–– 24 M€ de total bilan ; appréciés en totalisant
toutes les sociétés
–– 48 M€ de CAHT ; du groupe.
–– 250 salariés.

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Partie 4 De l’entreprise au groupe

•• Une société n’est pas tenue d’établir des comptes consolidés si elle-même est
contrôlée par une société qui l’inclut dans son périmètre de consolidation (on
nomme cela l’exception de sous-groupe). Cette exception n’est pas applicable aux
Les critères sociétés cotées.
de consolidation
et les exceptions •• Une troisième exception est prévue à la consolidation si toutes les filiales prises
à la consolidation individuellement n’ont qu’un « intérêt négligeable » au regard de l’image fidèle de
reposent sur des notions ­l’ensemble du groupe.
qui peuvent apparaître
floues : influence
Sociétés incluses dans la consolidation (Code de commerce, art. L. 233-17-2). Sont
notable, influence comprises dans la consolidation les filiales ou participations contrôlées de manière exclu-
dominante, intérêt sive ou conjointe ou sur lesquelles est exercée une influence notable. L’influence notable
négligeable… sur la gestion et la politique financière d’une entreprise est présumée l­ orsqu’une société
dispose, directement ou indirectement, d’une fraction au moins égale au ­cinquième des
droits de vote de cette entreprise. Le Code de commerce prévoit des exceptions :
•• Établissement des comptes. La première obligation de la société consolidante
consiste en l’établissement pour l’ensemble des sociétés incluses dans le périmètre,
d’un bilan, d’un compte de résultat et d’une annexe. Suivant le type de contrôle exercé,
la consolidation sera totale ou partielle. La consolidation totale, ou globale, consiste à
intégrer dans les comptes consolidés tous les éléments d’exploitation et patrimoniaux
de la filiale ; ce sera le cas si le contrôle sur cette filiale est exclusif.
•• La consolidation partielle consiste à intégrer la filiale de manière proportionnelle au
contrôle exercé ; en cas de contrôle conjoint égalitaire, l’intégration se fera par moitié.
•• Rapport consolidé de gestion (C. com., art. L. 233-26). Il est à la charge des diri-
geants de la société consolidante d’établir ce rapport qui doit contenir des éléments
précis sur la situation du groupe en vue d’être présenté à l’assemblée générale.
Le ­rapport consolidé de gestion comprend une analyse objective et exhaustive de
l’évolution des affaires, des résultats et de la situation financière de l’ensemble des
entreprises comprises dans la consolidation, notamment de leur situation d’endette-
ment, au regard du volume et de la complexité des affaires. Dans la mesure nécessaire
à la compréhension de l’évolution des affaires, des résultats ou de la situation des
entreprises, l’analyse comporte des indicateurs-clés de performance de nature tant
financière que, le cas échéant, non financière ayant trait à l’activité spécifique des
entreprises, notamment des informations relatives aux questions d’environnement et
de personnel. Il comporte également :
–– une description des principaux risques et incertitudes auxquels l’ensemble des entre-
prises comprises dans la consolidation est confronté ;
–– des indications sur l’utilisation des instruments financiers par l’entreprise, lorsque cela
est pertinent pour l’évaluation de son actif, de son passif, de sa situation financière et
de ses pertes ou profits.
•• Certification, communication, approbation et publicité. Les comptes consolidés
doivent être certifiés par un CAC. Comptes consolidés et rapport de gestion sont
ensuite communiqués aux actionnaires ou associés ; une différence est ici à rele-
ver entre les sociétés par actions où ces documents ne sont communiqués que sur
demande des actionnaires, et les autres sociétés où ils sont communiqués obligatoi-
rement aux associés. L’AGO se prononce par un vote ; ce vote n’est obligatoire dans
les sociétés autres que SA, SCA et SE. La simple communication suffit autrement. Les
comptes consolidés et le rapport doivent ensuite être déposés au greffe du tribunal de

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Chapitre 14 Régime juridique et social des groupes

commerce (sociétés par actions et SARL). Les sociétés cotées sont tenues de publier
régulièrement leurs comptes au BALO.

2. Les émissions de titres ou options à l’intérieur du groupe


Les sociétés
Généralités. Le principe d’indépendance des personnes morales composant le groupe qui établissent
devrait s’opposer à ce que des droits soient conférés à des associés ou salariés d’une des comptes
société, et exercés dans une autre ; ainsi par exemple, le droit de vote dans une société consolidés ont
l’obligation de nommer
n’appartient qu’aux associés de celle-ci ; on concevrait difficilement que les actions de deux commissaires
la société mère donnent le droit de vote dans une filiale… Pourtant, le législateur, sous aux comptes (C com.,
l’impulsion de la pratique, a développé des instruments financiers (titres ou option) de art. L. 225-228 al. 5).
groupe, c’est-à-dire émis par une société pour conférer des droits dans une autre.
Plusieurs illustrations de ce phénomène sont développées ci-après.
Actions de préférence intragroupe. Les actions de préférence confèrent à leur porteur
des droits particuliers. Ces droits particuliers mentionnés à l’article L. 228-11 du Code
de commerce peuvent être exercés dans la société mère de l’émettrice ou, au contraire,
dans une de ses filiales.
Exemple
◗◗ Une société mère peut émettre des actions de préférence donnant des droits financiers
dans une de ses filiales. Inversement, une filiale peut émettre des actions de préférence
offrant des prérogatives financières ou d’un autre type dans la société mère. ◗

Titres financiers donnant accès au capital. L’article L. 228-91 du Code de commerce


prévoit qu’il est possible d’émettre des valeurs mobilières donnant accès au capital
ou donnant droit à l’attribution de titres de créance. Ce texte donne un cadre unique
et souple aux valeurs mobilières complexes (comme les obligations convertibles en
actions ou encore les obligations avec bons de souscription d’actions). Dans un groupe,
la société mère peut émettre des titres d’accès au capital de la filiale et inversement.
Attributions d’actions gratuites et stock-options. Ces deux mécanismes constituent
des moyens d’intéressement ou de rémunération complémentaire des salariés ou des
dirigeants sociaux.
Le plus souvent, les stock-options ou les attributions gratuites concernent des titres de
la société qui les émet. Des attributions intragroupes peuvent être mises en place au
profit des salariés ou mandataires sociaux :
–– d’une société détenue à plus de 10 % par celle qui attribue les options ou les actions ;
–– de la société détenant plus de 10 % de celle qui attribue les options ou les actions ;
–– d’une société filiale de la société mère de celle qui attribue les options ou les actions
(sœur).

3. Les relations financières entre sociétés du groupe


Flux. Fréquemment, des flux financiers interviennent entre société mère et filiale, ou
entre filiales. De manière plus précise, ce sont des excédents de trésorerie qui peuvent
être mis à disposition de manière temporaire ou définitive par une société au profit d’une
autre. Autrement dit, des prêts peuvent intervenir entre sociétés du groupe. Le schéma
le plus fréquent consiste pour une société du groupe (la mère) à appeler les excédents de
trésorerie, puis à les redistribuer. Cette pratique appelle deux remarques :

375
Partie 4 De l’entreprise au groupe

•• Un prêt est une opération bancaire et, en tant que telle, soumise à la réglementation
applicable à ce secteur. En principe les opérations bancaires relèvent du monopole des
établissements de crédit mais, par dérogation, elles sont autorisées à certaines condi-
tions au sein des groupes. L’article L. 511-7 3o du Code monétaire et financier autorise
les sociétés à procéder à des opérations de trésorerie avec des sociétés ayant avec elle,
directement ou indirectement, des liens de capital conférant à l’une des entreprises
liées un pouvoir de contrôle effectif sur les autres.
•• Ces opérations sont soumises au régime des conventions réglementées prévu par les
articles L. 225-38 et suivants du Code de commerce. Selon la nature de la convention,
le contrôle sera plus ou moins étendu.
Prise en charge du passif. Le principe est ici que seule la société débitrice est tenue à
l’égard de son créancier, quelle que soit la composition de son capital ou les participa-
tions qu’elle détient. C’est cette règle qui motive en effet le plus souvent la constitu-
tion des filiales (indépendance patrimoniale). Ainsi, une société mère détenant 100 %
du capital d’une de ses filiales ne peut être poursuivie par les créanciers de cette
filiale. Elle supportera bien entendu les conséquences financières de la déconfiture
de sa filiale, en tant qu’associée, mais sera hors de portée du droit de poursuite des
créanciers.
Exceptions. Trois exceptions à ce principe d’indépendance :
•• Suivant la forme sociale des personnes morales composant le groupe, le droit de pour-
suite des créanciers pourra s’étendre d’une société à l’autre. Ainsi, si la société filiale
est une SNC, ses associés, donc la société mère, pourront être poursuivis au titre de
leur responsabilité indéfinie et solidaire au passif social.
•• Des garanties peuvent être consenties par une société du groupe au profit d’une autre,
ces garanties offrant au créancier la possibilité d’agir contre plusieurs sociétés du
groupe. Elles peuvent être de plusieurs natures : cautionnement, garantie autonome,
lettre d’intention ( chapitre 11).
•• La jurisprudence admet de longue date que si le créancier a pu légitimement croire, en
raison d’éléments factuels, que la mère et sa filiale ne formaient qu’une seule société,
il peut agir contre celle qui n’a pas directement contracté avec lui. C’est l’une des
applications de la théorie de l’apparence ; cette croyance légitime doit être prouvée
et ne peut s’appuyer sur la seule identité de dirigeants ou de siège social ; il est néces-
saire que la confusion mère-fille ait été entretenue, voire orchestrée, par les sociétés
du groupe. Il n’existe aucune systématisation de cette théorie.
•• La théorie de l’apparence est aujourd’hui consacrée par l’article 1156 du Code civil
(ordonnance du 10 février 2016).

4. Les procédures collectives et groupe


Principe. Le principe est que la procédure ouverte à l’égard d’une société du groupe
n’affecte pas les autres de manière directe. Cela signifie qu’elles demeurent normale-
ment à l’écart de la procédure, même si, bien entendu, elles subiront les conséquences
économiques de celle-ci.
Exceptions. Deux exceptions doivent être recensées :
•• La première exception repose sur la fictivité de l’une des sociétés ou sur la confusion
des patrimoines :

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Chapitre 14 Régime juridique et social des groupes

Code de commerce, article L. 621-2 al. 2


■■La procédure ouverte peut être étendue à une ou plusieurs autres personnes en cas de
confusion de leur patrimoine avec celui du débiteur ou de fictivité de la personne morale.
À cette fin, le tribunal ayant ouvert la procédure initiale reste compétent.
La fictivité est rarement retenue car elle suppose une concordance d’éléments tels que
l’identité des sièges sociaux, de dirigeants, l’absence d’activité avérée d’une société, de
réunion de ses organes sociaux…,
La confusion des patrimoines sera plus facile à démontrer ; elle suppose des flux ­financiers
anormaux entre sociétés du groupe, c’est-à-dire des mouvements financiers sans contre-
partie réelle […].

•• La seconde exception suppose que la société mère s’est conduite en dirigeant de fait
de sa filiale et a commis une faute de gestion. Elle pourra alors être condamnée à
prendre en charge une partie du passif de la filiale au titre d’une action en responsabi-
lité pour insuffisance d’actif (C. com., art. L. 651-2).
MINI-CAS 2

2 Le régime social des groupes


A L’information et la représentation des salariés du groupe
Les salariés d’une société ne participent pas directement à sa gestion, sauf s’ils ­possèdent
des droits dans son capital ou s’ils exercent des fonctions sociales (cas du cumul entre
le mandat social et le contrat de travail) ; il est également possible que la société fasse
le choix que certains de ses administrateurs soient élus par les salariés. Au niveau du L’ordonnance
groupe, la participation des salariés à la gestion est d’autant plus réduite que, cela a été du 22 septembre
2017 a substitué
dit, le groupe ne possède pas d’organes de gestion propres. le comité social
et économique (CSE)
1. Le rôle du CSE aux autres institutions
CSE. Dans les entreprises ou groupes d’entreprises de 11 salariés et plus, le chef d’entre- représentatives
du personnel
prise est tenu d’organiser la mise en place d’un comité social et économique composé (CE et délégués
de représentants élus du personnel. Ce comité assume, d’une part, des attributions éco- du personnel). Le CSE
nomiques et, d’autre part, sociales et culturelles, et dispose pour ce faire des moyens est obligatoire dans
matériels et financiers nécessaires. toutes les entreprises
ou groupes d’entreprises
UES. Lorsque chaque entreprise ou société du groupe compte moins de 11 salariés, la de plus de 11 salariés.
mise en place du CSE peut résulter de la reconnaissance d’une unité économique et
sociale (C. trav., L. 2313-8). L’UES regroupe des entreprises juridiquement distinctes
considérées, pour la mise en place du CSE, comme un tout, du fait de :
–– l’existence d’une unité de direction ;
–– la complémentarité de leurs activités ;
–– l’identité de statut social des salariés et leur permutabilité entre les sociétés
­concernées.
L’existence d’une UES est reconnue par voie d’accord ou par le juge. Lorsque tel est le
cas, un CSE commun à l’ensemble des entreprises constitutives de l’Union européenne
doit être mis en place.

377
Partie 4 De l’entreprise au groupe

Rôle du CSE. Le CSE doit être consulté sur toutes les modifications affectant la situation
juridique de l’entreprise : fusion, scission, prise de participations, cessions de filiales, OPA…

2. Le comité de groupe (C. trav., art. 2331-1)


Un comité spécifique est mis en place lorsqu’un ensemble de sociétés forme un groupe
composé d’une société dominante et de ses filiales. La délégation du personnel est
nécessairement constituée d’élus des CSE. Ce comité de groupe est destinataire des
informations économiques et financières concernant le groupe, qu’il a pour mission de
centraliser. Son existence n’exonère pas les entreprises de leur obligation d’organiser
l’élection d’un CSE.
Code du travail, article L. 2331-1
■■I. Uncomité de groupe est constitué au sein du groupe formé par une entreprise appelée
entreprise dominante, dont le siège social est situé sur le territoire français, et les entre-
prises qu’elle contrôle dans les conditions définies à l’article L. 233-1, aux I et II de l’article
L. 233-3 et à l’article L. 233-16 du Code de commerce.
II. Est également considérée comme entreprise dominante, pour la constitution d’un
comité de groupe, une entreprise exerçant une influence dominante sur une autre entre-
prise dont elle détient au moins 10 % du capital, lorsque la permanence et l’importance
des relations de ces entreprises établissent l’appartenance de l’une et de l’autre à un même
ensemble économique.
L’existence d’une influence dominante est présumée établie, sans préjudice de la preuve
contraire, lorsqu’une entreprise, directement ou indirectement :
– peut nommer plus de la moitié des membres des organes d’administration, de direction
ou de surveillance d’une autre entreprise ;
– ou dispose de la majorité des voix attachées aux parts émises par une autre entreprise ;
– ou détient la majorité du capital souscrit d’une autre entreprise.
Lorsque plusieurs entreprises satisfont, à l’égard d’une même entreprise dominée, à un
ou plusieurs des critères susmentionnés, celle qui peut nommer plus de la moitié des
membres des organes de direction, d’administration ou de surveillance de l’entreprise
dominée est considérée comme l’entreprise dominante, sans préjudice de la preuve qu’une
autre entreprise puisse exercer une influence dominante.

3. Le comité d’entreprise européen (C. trav., art. L. 2341-1 et s.)


Un comité d’entreprise européen est mis en place dans les grandes entreprises employant
plus de 1 000 salariés dans l’Union européenne, avec deux établissements comprenant
un minimum de 150 salariés implantés dans au moins deux États membres. Ce comité
fonctionne selon des règles qui lui sont propres.

B La situation des salariés au sein du groupe


Hormis les mesures de représentation et d’information venant d’être précisées, la situa-
tion des salariés au sein du groupe ne fait l’objet d’aucune réglementation d’ensemble.
Indépendance. Le principe de l’indépendance des personnes morales employeurs pos-
tule que les conditions, notamment salariales, négociées au sein d’une société, ne sont
pas applicables aux autres sociétés du groupe. Dans la même logique, les conventions

378
Chapitre 14 Régime juridique et social des groupes

collectives applicables par exemple à la société mère, ne le sont pas de plein droit aux
filiales. Il faut pour cela, soit que la ou les filiales aient signé la convention, soit qu’un
accord de groupe soit intervenu dans les conditions ci-après.
Code du travail, article L. 2232-30
■■La convention ou l’accord de groupe fixe son champ d’application constitué de tout ou
partie des entreprises constitutives du groupe.
Atténuations. Des mesures relatives à l’intéressement des salariés au sein du groupe ou
à l’actionnariat des salariés du groupe peuvent être prises :
–– les mesures d’intéressement, de participation, de plan épargne entreprise ou retraite
peuvent être mises en place au sein d’un groupe. En présence d’une UES de 11 salariés
au moins, un régime de participation propre à l’Union européenne doit être mis en
place ;
–– les attributions d’actions gratuites ou les stock-options peuvent bénéficier aux sala-
riés des sociétés filiales, mères ou sœurs de celle les émettant.
On retiendra également qu’en droit du travail, l’employeur est celui auquel le salarié est
en fait subordonné. Cette règle a pour conséquences qu’un ou plusieurs salariés peuvent
être rattachés à une filiale par leur contrat de travail, et à la société mère par l’effectivité
du lien de subordination. Dans ce cas, la société mère peut être amenée à supporter les
conséquences d’un licenciement injustifié.
La mutation au sein du groupe de sociétés est considérée comme une modification
substantielle du contrat de travail nécessitant l’accord des salariés concernés. Si elle
est pratiquée, les personnels concernés conservent leur ancienneté dans la nouvelle
société. L’article L. 1231-5 du Code du travail règle la situation des salariés mis à dispo-
sition de filiales étrangères :
Code du travail, article L. 1231-5
■■Lorsqu’un salarié engagé par une société mère a été mis à la disposition d’une filiale étran-
gère et qu’un contrat de travail a été conclu avec cette dernière, la société mère assure son
rapatriement en cas de licenciement par la filiale et lui procure un nouvel emploi compa-
tible avec l’importance de ses précédentes fonctions en son sein. […]

CAS PRATIQUE 3

379
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
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les savoirs les compétences l’épreuve

1 QCM
Pour chaque proposition, une ou plusieurs réponses sont possibles. Justifiez-les.
1. Dans un groupe formé d’une SAS holding et des filiales sous la forme de SA et SARL :
a. la direction du groupe est assurée par le PDG de la SA dans laquelle
la holding a la plus forte participation. □
b. il n’y a pas légalement parlant de direction du groupe. □
c. la direction du groupe peut relever d’un organe créé dans les statuts
de la SAS holding. □
d. toutes les sociétés sont indépendantes et appliquent leur propre stratégie. □
2. Si une société non cotée prend le contrôle d’une autre société non cotée :
a. les deux sociétés doivent réunir une AG extraordinaire pour décider
s’il faut envisager une fusion. □
b. les deux sociétés doivent avertir l’AMF. □
c. il en est fait mention dans le rapport présenté aux associés sur les
opérations de l’exercice. □
d. il en est fait mention dans le rapport des commissaires aux comptes
s’il en est nommé un. □
e. le CSE de la société qui a pris le contrôle doit être consulté. □
3. Une action en annulation des délibérations d’une AG pour abus de majorité est :
a. possible uniquement par les associés de cette société. □
b. possible par les associés de toute société du groupe s’ils prouvent
les conditions de l’abus de majorité. □
c. uniquement possible de la holding vers la filiale. □
d. assujettie à des conditions de seuils en droit de vote. □
4. Depuis la loi du 22 mai 2019, le CAC est :
a. obligatoire dans toutes les sociétés du groupe qui dépassent 100 salariés. □
b. obligatoire dans toutes les filiales détenues à plus de 95 %. □
c. obligatoire dans la holding uniquement s’il s’agit d’une SAS. □
d. obligatoire dans la holding uniquement si elle dépasse deux seuils sur trois
liés au CA, au total bilan et au nombre de salariés. □
e. être nommé volontairement dans toute société mère. □
5. Depuis la loi du 22 mai 2019, le CAC est obligatoire dans les filiales du groupe
dépassant deux seuils sur trois parmi les suivants :
a. 2 M€ de CA ; 1 M€ de total bilan ; 20 salariés. □
b. 3,1 M€ de CA ; 1,55 M€ de total bilan ; 50 salariés. □
c. 8 M€ de CA ; 4 M€ de total bilan ; 50 salariés. □
d. 16 M€ de CA ; 8 M€ de total bilan ; 100 salariés. □
e. 4 M€ de CA ; 2 M€ de total bilan ; 25 salariés. □

380
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

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les savoirs les compétences l’épreuve

2 Mini-cas : obligations juridiques, comptables et sociales ★★★

Compétence visée Identifier les différentes règles trouvant application en


matière de groupe de sociétés les obligations sociales liées à
l’existence d’un groupe

Soit le groupe suivant : A est une SAS dont le capital est détenu à égalité par quatre
personnes physiques, A1, A2, A3 et A4.
• A détient : 70 % de la SNC B, 34 % de la SCI C, 97 % de la SA D, 80 % de la SA E,
100 % de la SASU F, 15 % de la SARL G
• B détient 96 % de la SA H • D détient 55 % de la SA I
Après avoir dressé le schéma du groupe, vous répondrez aux questions suivantes.
1. Quelles sociétés sont tenues d’établir des comptes consolidés ? Quel est le périmètre de
la consolidation ?
2. En admettant qu’au cours de l’exercice, A se porte acquéreur de 30 % de plus du capital
de la SCI C, et de 20 % du capital d’une société étrangère, quelles sont les conséquences
sur le groupe ?
3. S’il est décidé de mettre en place des stock-options au profit de ses salariés de D, quels
schémas sont envisageables au sein du groupe ?
4. Quelles sont les possibilités d’action des créanciers de B sur les autres sociétés du groupe ?
5. Quelles pourraient être les conséquences si D opérait à plusieurs reprises des avances
de trésorerie non remboursables au profit de A, au point de voir ses capitaux propres
diminuer dans des proportions importantes ?
6. Quelles sociétés devront nommer un commissaire aux comptes ?

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les savoirs les compétences l’épreuve

3 Cas pratique : SA Auto Guadeloupe Investissement ★★★ 35 min

Compétence visée Identifier les différentes règles trouvant application en


matière de groupe de sociétés les obligations sociales liées
à l’existence d’un groupe

Relevez les points-clés de l’arrêt en annexe et exprimez un point de vue étayé sur la solu-
tion qu’il propose.

381
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Cour de cassation, 13 mars 2019 (pourvoi n° 17-22.128)


Annexe Attendu, selon l’arrêt attaqué (Basse-Terre, 29 mai 2017), que Mmes U… X…,
veuve Y…, Z… Y…, épouse R…, D… Y…, épouse P…, N… Y… et MM. A… et E…
Y… (les consorts Y…) étaient actionnaires de la société anonyme L. Y… et Cie dont
la société anonyme Auto Guadeloupe investissement (la société AGI) et la société
à responsabilité limitée La Pergola étaient des filiales ; que MM. C…, B… et F…
étaient membres des directoires des sociétés L. Y… et Cie et AGI, M. C… étant en
outre gérant de la société Pergola ; qu’estimant que certains actes de gestion réalisés
par MM. C…, B… et F… dans le cadre de leurs mandats respectifs constituaient
des fautes de gestion, les consorts Y…, exerçant l’action sociale ut singuli, les ont
assignés le 5 avril 2012, en réparation des dommages subis par les sociétés L. Y…
et Cie, la société AGI et la société La Pergola et en désignation d’un mandataire
ad hoc pour représenter les sociétés à l’instance ; que le 10 mai 2012, les sociétés
L. Y… et Cie, AGI et Pergola ont fait l’objet de procédures de sauvegarde, des plans
de sauvegarde étant ultérieurement arrêtés ; que MM. S… et H…, en leurs qualités
d’administrateurs judiciaires puis de commissaires à l’exécution du plan des sociétés
L. Y… et Cie, AGI et Pergola, sont intervenus volontairement à l’instance et ont
conclu à l’irrecevabilité des demandes des consorts Y…, subsidiairement à leur rejet,
et au rejet de la demande de désignation d’un mandataire ad hoc ; que la société
Pergola a été absorbée par la société AGI ;
Attendu que les consorts Y… font grief à l’arrêt de dire irrecevable l’action ut singuli
qu’ils ont intentée contre M. C… en sa qualité de membre du directoire de la société
AGI et d’ancien gérant de la société La Pergola, et à l’encontre de MM. B… et F…
en leurs qualités de membres du directoire de la société AGI alors, selon le moyen,
que les actionnaires d’une société mère sont recevables à exercer l’action sociale
ut singuli contre les dirigeants d’une filiale ; que pour dire irrecevable l’action sociale
ut singuli intentée par les consorts Y… pour le compte de la société AGI, la cour
d’appel a considéré que « les appelants, actionnaires minoritaires de la société
L. Y… et Cie, n’étant pas actionnaires de la société AGI, ne peuvent pas réclamer le
préjudice subi par cette dernière, comme ne répondant pas aux conditions posées
par l’article 225-252 du Code de commerce » ; qu’en statuant ainsi, alors que les
consorts Y… étaient, en tant qu’actionnaires de la société L. Y… et Cie, société mère
de la société AGI, recevables à exercer l’action sociale ut singuli contre les dirigeants
de cette dernière, la cour d’appel a violé l’article L. 225-252 du Code de commerce ;
Mais attendu que les dispositions de l’article L. 225-252 du Code de commerce n’autorisent
les actionnaires à exercer l’action sociale ut singuli qu’à l’encontre des dirigeants de droit
de la société dont ils sont actionnaires ; qu’ayant constaté que les consorts Y… n’étaient
actionnaires que de la société L. Y… et Cie et non pas de sa filiale la société AGI, la
cour d’appel en a déduit à bon droit que leur action sociale ut singuli formée contre les
dirigeants de la société AGI était irrecevable ; que le moyen n’est pas fondé ;

382
SYNTHÈSE
Régime juridique et social des groupes

Titres
Actions donnant Actions
Stock-options
de préférence accès au gratuites
capital
Émission
par mère/
Oui Oui Oui Oui
droits exercés
dans une filiale
Émission
par filiale/
Oui Oui Oui Oui
droits exercés
dans la mère
Émission
par la filiale/
droits exercés Non Non Oui Oui
dans une filiale
sœur
•• Par souci de simplification, ce tableau désigne, par filiale, toutes les hypothèses
où une société est détenue à plus de 10 % du capital ou des droits de vote
par une autre.
•• Cette acception n’est pas conforme au Code de commerce.

383

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