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Depuis qu'il a été initialement défini par Léo Kanner en 1943, le concept d'autisme a
considérablement évolué. Aujourd'hui, il englobe diverses formes présentant des symptômes
et des troubles associés variés, avec des degrés de sévérité différents (Grossmann , 2010).
Chaque enfant présente un tableau clinique autistique unique, d'où l'adoption de la nouvelle
appellation "Troubles du Spectre Autistique" afin de refléter la variabilité et la diversité des
manifestations cliniques (Scneider , 2014)
Le Trouble du Spectre de l'autisme (TSA), répertorié parmi les troubles
neurodéveloppementaux dans le DSM-5 (APA, 2015) et la CIM-11 (WHO, 2018), est
expliqué en détail dans l'Annexe 1. Selon le DSM-5, le TSA se décline en deux dimensions
symptomatiques :
A. Des déficits persistants dans la communication et les interactions sociales, constatés dans
divers contextes.
En ce qui concerne les descriptions des caractéristiques de l'autisme, la CIM-11 partage les
mêmes deux catégories que le DSM-5. Ces catégories comprennent les difficultés
d'interaction et de communication sociale d'une part, et les intérêts restreints et les
comportements répétitifs de l'autre. La CIM-11 élimine ainsi une troisième caractéristique
présente dans la précédente édition, concernant les problèmes de langage. Les deux
classifications soulignent également l'importance d'examiner les sensibilités sensorielles
inhabituelles, une caractéristique fréquemment observée chez les personnes autistes (OMS,
L’Organisation mondiale de la santé met à jour sa classification de l’autisme dans la CIM-11,
2018).
Concernant les causes de l'autisme, les chercheurs sont divisés en deux grandes écoles de
pensée. La première reconnaît un courant psychogénique, qui met en avant l'influence de
l'environnement, notamment les relations mère-enfant. La seconde, qualifiée d'"organique",
avance l'idée d'un "trouble du métabolisme ou du système nerveux central" (Hamel, 1997).
De nombreux parents signalent que leurs enfants autistes rencontrent des difficultés
alimentaires (Schreck, Williams, & Smith, 2004) et font état de troubles digestifs significatifs
chez ces enfants (Melmed et al., 2000). En raison de ces particularités sur les plans
alimentaire et digestif, plusieurs chercheurs insistent sur l'importance d'examiner le trouble
sous un angle physiologique. Au Maroc, il est remarquable que peu, voire aucun travail
approfondi, n'ait abordé ce sujet, du moins dans le domaine de la prise en charge
nutritionnelle. Cela est particulièrement pertinent étant donné l'augmentation des cas signalés
à travers les ONG et les acteurs impliqués dans la lutte contre ce fléau.
Cette étude vise à décrire certains cas d'enfants autistes en s'appuyant sur les connaissances
actuelles sur cette pathologie, mettant en évidence sa diversité clinique ainsi que les
problèmes alimentaires qui y sont associés. Les approches fréquemment utilisées et les
soutiens empiriques actuellement disponibles seront également présentés, dans le but de
critiquement évaluer l'état actuel des connaissances sur la question.
Ensuite, une étude exploratoire est menée, reposant sur la description de six cas diagnostiqués
avec des Troubles du Spectre Autistique (TSA). Leur profil nutritionnel et métabolique est
examiné à travers des bilans biologiques approfondis réalisés aux États-Unis, avec une
attention particulière accordée à la période des mille premiers jours de chacun de ces six
sujets.
1. Une partie bibliographique dédiée à l'état des connaissances sur les TSA, englobant les
symptômes, les problèmes nutritionnels rencontrés, les différentes prises en charge, etc., dans
le but de cadrer le sujet.
Les deux parties sont introduites par une introduction générale substantielle et suivies d'une
conclusion ainsi que de perspectives futures.
A rajouter :
D'une part, cette revue vise à expliquer les liens entre le stress oxydatif, considéré comme un
facteur de risque, et les TSA. Des indications suggèrent également qu'une évaluation précoce
et un traitement ciblé du statut antioxydant pourraient améliorer le pronostic à long terme en
perturbant le stress oxydatif cérébral, évitant ainsi d'éventuels dommages irréversibles. En
conséquence, la possibilité de nouvelles thérapies ciblant le stress oxydatif est également
discutée en se basant sur la littérature récente.
D'autre part, cette revue suggère un lien significatif entre les TSA et un déséquilibre du
microbiote gastro-intestinal (GIT), également appelé dysbiose du GIT. De nombreuses études
ont conclu que le microbiote intestinal exerce une influence sur divers aspects de la santé
humaine, tels que le métabolisme, les systèmes immunitaire et nerveux, ainsi que la barrière
muqueuse. De plus, le stress oxydatif et la dysfonction gastro-intestinale chez les enfants
autistes sont associés à une dysfonction mitochondriale. La revue explore le lien entre ces
éléments et discute des mécanismes sous-jacents, fournissant ainsi une théorie et des
stratégies moléculaires pour la pratique clinique et de futures études.
LA PREMIERE PARTIE
Chapitre I : Généralités
I.1.Définition
Le terme "autisme", dérivé du grec signifiant "soi-même", a été adopté par le psychiatre suisse
Eugen Bleuler en 1911 pour décrire une attitude de repli sur soi et un détachement par rapport
au monde environnant. Plus tard, en 1943, le psychiatre américain Léo Kanner réutilise ce
terme pour définir un syndrome qu'il nomme "autisme infantile" ou "autisme de Kanner". En
parallèle, l'autrichien Hans Asperger décrit des comportements similaires, évoquant la
"psychopathie autistique" et mettant l'accent sur les compétences en mémoire et en logique de
l'individu. Cette forme d'autisme, qualifiée de "haut niveau", aboutit au syndrome d'Asperger.
Ce n'est que dans les années 1980 que ces critères ont été regroupés et décrits dans le manuel
diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM), sous la catégorie des troubles
envahissants du développement (TED) (Poirier, 2014).
Depuis lors, de nombreuses descriptions et classifications de l'autisme ont émergé, reflétant la
diversité des formes cliniques et des recherches sur cette pathologie. Il en résulte une pluralité
de formes d'autisme propres à chaque individu, créant ainsi une hétérogénéité de profils
(Zacharie & Grosbois, 2015).
Actuellement, le Trouble du Spectre de l’autisme (TSA), tel que défini par le DSM-5 (APA,
2015)et la CIM-11 (WHO, 2018), est classé parmi les troubles neurodéveloppementaux
(TND).
Cette définition repose sur un continuum des troubles autistiques, soulignant que chaque
élément peut se manifester avec une sévérité variable et présenter différents types de
manifestations, qui peuvent varier d'une personne à l'autre et évoluer tout au long de la vie
(Dhénain & Peintre, 2023).
Les TSA englobent des situations cliniques variées, entraînant des situations de handicap et
des trajectoires développementales hétérogènes (OMS,2023).
Les troubles du spectre autistique englobent diverses affections qui se manifestent par une
altération du comportement social et de la communication à des degrés variés. En plus de ces
aspects, on observe des modes atypiques d'activités et de comportements, tels que des
difficultés à passer d'une activité à une autre, une fixation sur des détails, et des réactions
inhabituelles face à certaines sensations.
I.2.Classification
Diverses classifications de l'autisme ont émergé tant dans les systèmes de classification
français qu'américains. De ce fait, plusieurs critères ont été affinés depuis la définition initiale
de Kanner. En 1980, l'expression "Trouble Envahissant du Développement" est introduite
pour décrire les troubles autistiques.
Concernant les descriptions des caractéristiques de l’autisme, la CIM-11 partage les mêmes
deux catégories que le DSM-5, à savoir les difficultés d’interaction et de communication
sociale d’une part, et les intérêts restreints et les comportements répétitifs d’autre part. Une
distinction notable réside dans l’élimination, par la CIM-11, d’une troisième caractéristique
associée aux problèmes de langage, présente dans sa précédente édition. Les deux
classifications soulignent également l’importance d’examiner les sensibilités sensorielles
inhabituelles, une caractéristique fréquemment observée chez les personnes autistes.
Dhénain, M., & Peintre, C. (2023, Mai 17). Trouble du spectre de l'autisme (TSA):
interventions et parcours de vie de l'enfant et de l'adolescent. Récupéré sur HAD:
https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2023-06/reco463_note_cadrage_
tsa_mel.pdf
HAS. (2018, Février 19). Trouble du spectre de l’autisme - Signes d’alerte, repérage,
diagnostic et évaluation chez l’enfant et l’adolescent. Récupéré sur Haute Autorité de
la santé.
Melmed, R., Schneider, C., Fabes, R., Phillips, J., & Reichelt, K. (2000). Metabolic
Markers and Gastrointestinal Symptoms in Children with Autism and Related
Disorders. Journal of Pediatric Gastroenterology and Nutrition.
Schreck, K., Williams, K., & Smith, A. (2004). A comparison of eating behaviors
between children with and without autism. Journal of Autism and Developmental
Disorders.