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Partie III.

L’association

Sources du droit des associations. L’on relève deux textes de base complémentaires, plusieurs fois modifiés :
- Loi du 1er juillet 1901 (modifiée récemment par la loi du 31 juillet 2014).
- son décret d'application du 16 août 1901.
Observation : la création d'une association en Alsace-Moselle ne relève pas de la loi du 1er juillet 1901, mais de
dispositions particulières contenues dans une loi de 1908.
Par ailleurs, un régime spécifique existe pour les associations dites cultuelles, ont exclusivement pour objet
d'assurer l'exercice public d'un culte religieux. Elles sont soumises aux règles générales applicables aux
associations et à des dispositions spécifiques contenues dans la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation
des Églises et de l'Etat.

Nous aurons l’occasion de le relever, ce cadre juridique est léger afin de ne pas empiéter sur le principe
essentiel de la liberté d’association.

Définition et caractères de l'association. Selon l’article 1er de la loi de 1901, « L'association est la convention
par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun, d'une façon permanente, leurs connaissances
ou leur activité dans un but autre que de partager des bénéfices. »
Groupement. Au moins deux membres, personnes morales ou physiques…
Objet. Mise en commun, d'une façon permanente, des connaissances ou de l’activité des membres.
But non but lucratif des membres. Ils se réunissent au sein de l’association dans un but autre que de partager
des bénéfices. Mais rien n’empêche l’association, afin de réaliser son objet, de se procurer les ressources
nécessaires par l'exercice d'activités lucratives. C’est toute la distinction entre la réalisation de bénéfices, licite,
et le partage de ces bénéfices, illégal.

Association et institutions voisines. Elle doit être distinguée de la société. Du point de vue du but lucratif. Toute
association qui répartirait des bénéfices entre ses membres, sous quelque forme que ce soit, serait susceptible
de requalification en société créée de fait, civile ou commerciale selon la nature de son activité. En revanche, un
groupement de personnes ayant pour but de permettre à ses membres la réalisation d'une économie, c'est-à-
dire la minoration de charges, pourrait être indifféremment constitué sous forme de société ou d'association.
L’on pourrait dire que cet objectif met les deux formes en concurrence.
Comme le groupement d'intérêt économique (GIE), bien que cette recherche n’en constitue pas en principe le
but, l'association peut réaliser des bénéfices. Mais à la différence de cette dernière (et à l'instar de la société),
le GIE peut répartir les bénéfices entre ses membres. Par ailleurs, une association se distingue du GIE en ce que

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les membres de ce dernier doivent obligatoirement se livrer à une activité économique (le groupement a
précisément pour objet de faciliter ou de développer l'activité économique de ses membres, d'améliorer ou
d'accroître les résultats de cette activité). Dès lors, il se distingue également de l'association en ce que son
activité doit se rattacher à l'activité économique de ses membres et ne peut avoir qu'un caractère auxiliaire par
rapport à celle-ci. Enfin, les membres du GIE sont indéfiniment et solidairement responsables des dettes du
groupement, quand bien même celui-ci exercerait une activité civile.

§ I. — Constitution de l'association
Liberté d'association donc de constitution. Une association de personnes peut se former librement sans qu'il
soit besoin d'autorisation, de déclaration préalable ou d'agrément. Ce principe est une liberté publique garantie
par la Constitution, par l'article 11 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'Homme et des
libertés fondamentales et consacrée par la jurisprudence de la Cour de justice de l'Union européenne.

But ou objet de l'association. Il peut être librement déterminé sous réserve de ne pas porter atteinte à l'ordre
public. Si tel est le cas, l'association est nulle (L. 1901, art. 3).
Sa dissolution pourrait être prononcée par décision de justice, à la demande de tout intéressé et notamment
du Ministère public.
Ainsi, l’administration ne peut, lors de la constitution de l’association, exercer un contrôle sur la légalité de l’objet
de l’association. Cette règle repose sur le principe à l’instant exposé de la liberté d’association. En revanche, il lui
sera possible d’agir en dissolution.

Statuts. La rédaction de statuts est en pratique obligatoire dès lors que le contrat d'association doit faire l'objet
d'une publicité, soit pour que l'association jouisse de la capacité juridique, soit parce qu'elle désire solliciter un
agrément pour bénéficier du label de l'administration ou encore obtenir sa reconnaissance d'utilité publique.
Enfin, l'association devra être constituée par acte notarié en cas d'apport d'un bien immobilier.
Les membres de l'association fixent librement le contenu des statuts. Il est seulement obligatoire d'y
mentionner :
– le titre exact et complet de l'association ;
– son objet ;
– l'adresse du siège social et éventuellement des autres établissements.
Outre ces mentions, les statuts indiquent en général la durée de l'association (qui peut être illimitée), les
conditions d'admission, de démission et d'exclusion des membres, ses ressources, son mode d'administration.
Sauf cas particuliers, la loi laisse toute liberté aux fondateurs pour déterminer les modalités de la gestion de
leur association.
Par exemple, une association désirant vendre à titre habituel des produits ou des services doit le mentionner
expressément dans ses statuts (V. C. com., art. L. 442-7).

Des modèles de statuts sont proposés par l'administration ; ils ne sont pas obligatoires et il convient de les
adapter à l'objet spécifique de l'association, à sa ou ses finalités ainsi qu’à sa taille.
Il est préférable de ne faire figurer dans les statuts que les grands principes de l'association et de renvoyer, en ce
qui concerne les modalités de son fonctionnement interne susceptibles de changer fréquemment (ainsi du montant
des cotisations), à un règlement intérieur plus aisément modifiable.

Déclaration constitutive. Une association qui désire acquérir une certaine capacité juridique doit commencer
par procéder à une déclaration à la préfecture du département ou à la sous-préfecture de l'arrondissement, où
elle a son siège social.

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Il faut noter que pour les associations ayant leur siège à Paris, la déclaration doit être déposée à la préfecture
de police.
Toute irrégularité dans la déclaration ou dans l'insertion peut entraîner la dissolution de l'association, à la
requête de tout intéressé ou du Ministère public, cette sanction étant facultative (L. 1901, art. 7, al. 2).
Une déclaration mensongère ou frauduleuse est sanctionnée d'une amende de 1 500 euros, le double en cas
de récidive (L. 1901, art. 8, al. 1er. – C. pén., art. 131-13).
La déclaration doit être établie en un seul exemplaire sur papier libre, elle est signée par les personnes qui, à
un titre quelconque, sont chargées de l'administration (D. 16 août 1901, art. 1 er, al. 1er).
La déclaration doit mentionner :
– le titre exact de l'association ; l'utilisation d'un simple sigle n'est pas admise par l'Administration dans les
modèles qu'elle propose ;
– l'objet de l'association ;
– l'adresse du siège social et éventuellement des établissements secondaires ;
– les nom, prénoms, date et lieu de naissance, profession, domicile et nationalité de ceux qui, à titre
quelconque, sont chargés de l'administration du groupement.
La déclaration doit être accompagnée d'un exemplaire des statuts et de la demande d'insertion au Journal
officiel. L'autorité compétente doit délivrer un récépissé de dépôt du dossier de la déclaration dans les cinq jours
de ce dépôt (L. 1901, art. 5, al. 2).

Information des tiers. La seconde formalité essentielle est la publication au Journal officiel. Ainsi, en vertu de
l'art. 1er du décret d'application de la loi de 1901, l'association doit procéder ensuite à une insertion au Journal
officiel, sur production du récépissé délivré par la préfecture lors du dépôt de la déclaration, dans le délai d'un
mois à dater de la déclaration en préfecture.
En pratique, les préfectures tiennent à la disposition des responsables de l'association un imprimé de demande
d'insertion au Journal officiel.
Sauf si les déclarants veulent eux-mêmes procéder à la publicité, ils remettent cet imprimé au service
préfectoral qui le transmet à la direction des journaux officiels ; celle-ci, après publication, adresse aux
déclarants un justificatif de l'insertion et la facture du montant des frais à lui régler.
À dater de cette publication, l'association cesse d'être un simple contrat et acquiert la personnalité juridique.
Le coût forfaitaire de cette publication incluant la publication de dissolution est actuellement de 44 euros (150
pour + de 1000 caractères).

Immatriculation au RCS. En principe, une association ne peut invoquer la qualité de commerçant (elle ne peut
prétendre à bénéficier du statut des baux commerciaux) ou demander son inscription au RCS. Mais nous le
savons, elle peut accomplir des actes de commerce tout en restant dans les limites de son statut juridique.
Seules doivent être immatriculées au registre du commerce et des sociétés, les associations qui émettent des
obligations.
En effet, peut émettre des obligations l’association qui exerce, exclusivement ou non, une activité économique
effective depuis au moins deux années, si, préalablement à cette émission, elle :
- est immatriculée au registre du commerce et des sociétés (dans des conditions et selon des modalités fixées par
décret) ;
- a prévu dans ses statuts les conditions dans lesquelles seront désignées les personnes chargées de la diriger, de
la représenter et de l'engager vis-à-vis des tiers, ainsi que la constitution d'un organe collégial chargé de contrôler
les actes de ces personnes, à moins qu’y soit déjà prévue la nomination d'un conseil d'administration composé de
trois personnes au moins élues parmi les membres.

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Publicité permanente. Même si ce n'est pas obligatoire, il paraît préférable de faire figurer sur le papier à en-
tête de l'association et ses documents la mention : "Association publiée au JO le......".

§ II. — Le fonctionnement de l'association


Il repose essentiellement sur 2 catégories d'acteurs (A et B) et, de façon non systématique, l'existence de
contrôles (C).

A. — La direction de l'association
Peu de dispositions, légales comme réglementaires, lui sont consacrées. En pratique, l'on distingue deux cas
de figure : des organisations atypiques (directeur unique ou direction collégiale). Et une organisation type à la
présentation de laquelle nous nous limiterons.

1°. — Le Conseil d'administration

Son rôle est d'administrer. En pratique, il délègue beaucoup de ses attributions au président. Mais les statuts
types prévoient un certain nombre d'attributions qui relèvent de sa compétence exclusive :
- arrêter le budget et les comptes annuels ;
- définir les principales orientations de l'association ;
- autoriser le président à agir en justice ;
- prendre les décisions relatives à la gestion et à la conservation du patrimoine de l'association et
particulièrement celles relatives à l'emploi des fonds, à la prise à bail des locaux nécessaires à l'activité de
l'association et à la gestion du personnel.

Généralement, ils sont désignés par l'AG dans des conditions fixées dans les statuts. Même si ce n'est pas
obligatoire, le mandat a une durée limitée fixée statutairement.

Il est judicieux d'indiquer un nombre minimal de réunions (3 ou 4 fois / an) et de prévoir qu'un nombre
significatif (1/3 par ex.) peut la solliciter la réunion.
Les statuts précisent la forme (le mieux est d'exiger 1 écrit) et les modalités de convocation. Cette dernière doit
au moins indiquer la date et le lieu.
En principe, chaque administrateur a une voix. Mais il est possible de conférer plusieurs voix à certains
membres ou encore de prévoir la convocation de membre qui n'auront qu'une voix consultative. Enfin, un
formalisme doit être rendu obligatoire : tenue d'une feuille de présence, rédaction d'un procès-verbal, exigence
d'un quorum, modalités du vote (bulletin secret)...

2°. — Le bureau

Émanation du CA, c'est l'organe exécutif : il assure la direction quotidienne de l'association, en mettant en
œuvre les décisions arrêtées par le conseil et l'AG.
Il est généralement composé d'un président, d'un vice-président, d'un secrétaire et d'un trésorier. Mais il est
possible de créer d'autres postes avec une mission spécifique. Le rôle de chacun est précisément défini.

Président. Il dirige l'association et la représente vis-à-vis des tiers (possibilité d'agir en justice à stipuler : à
défaut, il faudra 1 autorisation de l'AG). Les statuts peuvent limiter ses pouvoirs.
Ex. : subordonner certains actes importants à une autorisation préalable de l'AG.

C'est lui qui convoque et préside le bureau, le CA et l'AG. Il en fixe aussi l'ordre du jour. Son rôle est celui d'un
animateur et d'impulsion (important : beaucoup de dysfonctionnements découlent d'un défaut de convocation),

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d'autant qu'il est responsable de l'association.

Vice-président. Permet d'organiser à l'avance le remplacement temporaire du président absent ou empêché.

Secrétaire. Il est chargé des formalités administratives : convocation des organes aux réunions, rédaction des
procès-verbaux, tenue des registres, rédaction des correspondances, constitution des dossiers de demande de
subvention, de reconnaissance d'utilité publique...

Trésorier. C'est le responsable financier de l'association. Il en reçoit les recettes (cotisations, dons, subventions,
résultats bénéficiaires de l'activité...), effectue le règlement des factures, salaires et remboursement de frais,
gère les comptes de l'association, en tient la comptabilité et rédige annuellement un rapport rendant compte
de l'état des comptes et de la trésorerie de l'association (lu lors de l'AG d'approbation).

Réunions. Il se réunit aussi souvent que nécessaire (inutile de fixer des contraintes de forme ou de délai), ses
membres accomplissant leurs missions dans l'intervalle.

B. — Collectivité des membres

1°. — Choix des membres

Liberté d’association. Pour être membre d’une association, il faut le vouloir et être reconnu comme tel. En effet,
si toute personne est libre de vouloir adhérer ou non à une association, toute association est, en principe, libre
d’accepter ou non un candidat à l’adhésion, à condition que cela soit précisé dans ses statuts. Ceux-ci (voire le
règlement intérieur, qui les complète), doivent autrement dit organiser les modalités d’adhésion d’un candidat
en décrivant la procédure applicable, qui peut être plus ou moins rigoureuse selon la volonté des fondateurs de
l’association. Ils peuvent par exemple :
- imposer des conditions particulières au candidat à l’adhésion (âge, qualification professionnelle, parrainage
par d’autres membres, etc.),
- subordonner l’adhésion au paiement d’une cotisation et/ou d’un droit d’entrée,
- soumettre toute candidature au président de l’association, au bureau, au conseil d’administration voire de
l’assemblée générale dont la décision d’agrément relève de leur seul pouvoir.

Principe de non-discrimination. En revanche, les conditions statutaires d’adhésion ne doivent pas, en principe,
établir de discrimination en fonction de l’origine de la personne, de sa situation de famille, de son apparence
physique, de son patronyme, de son état de santé, de son handicap, de ses caractéristiques génétiques, de ses
mœurs, de son orientation sexuelle, de son âge, de ses activités politiques ou syndicales et de son appartenance
ou de sa non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion.
Toutefois, l’association peut déroger à ce principe au regard même de son objet social, sous réserve que celui-
ci soit licite. Par exemple, une association politique peut refuser l’adhésion d’une personne aux opinions
divergentes ; de même une association d’anciens élèves d’une grande école est en droit de refuser l’adhésion
d’un candidat qui ne serait pas diplômé de ladite école.

 À savoir

Point de vocabulaire. Exclusion ou radiation ? L’effet est le même sur le membre concerné : il cesse
d’avoir cette qualité. Mais les mots n’ont pas le même sens.
La radiation est un mécanisme automatique, qui est enclenché lorsque le membre d'une association
ne remplit plus une condition expressément prévue par les statuts pour faire partie de l'association
(par exemple, un membre d'une association de locataires qui déménage).
Quant à l’exclusion, elle est subordonnée à des causes et à la mise en œuvre d’une procédure
librement déterminées dans les statuts (qui peuvent aussi bien ne rien prévoir). Lorsqu'une
procédure est prévue par les statuts, elle doit être rigoureusement suivie. À défaut, la sanction peut

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être remise en cause.
Différentes causes d'exclusion doivent être distinguées, qui constituent soit la violation d’une
obligation stipulée comme telle dans les statuts, soit la commission d’une faute grave.

Cas particulier des membres mineurs. Depuis le début de l'année 2017, tout mineur peut librement devenir
membre d'une association dans les conditions définies par la présente loi.
- s’il a moins de seize ans, il peut participer à la constitution d'une association et être chargé de son
administration dans les conditions prévues à l'article 1990 du code civil sous réserve d'un accord écrit préalable
de son représentant légal. Il ne peut par contre accomplir d’actes de disposition.
- s’il est âgé de seize ans révolus, il peut librement participer à la constitution d'une association et être chargé
de son administration dans les conditions prévues à l'article 1990 du code civil. Ses représentants légaux en sont
informés sans délai par l'association, dans des conditions fixées par décret. Sauf opposition expresse du
représentant légal, il peut accomplir seul tous les actes utiles à l'administration de l'association, à l'exception
des actes de disposition.
Enfin, il est d’usage de considérer que le versement d’une cotisation par un mineur non émancipé est possible
sans autorisation du titulaire de l’autorité parentale, dès lors que son montant n’excède pas ce qu’il est convenu
d’appeler " argent de poche " (en cas de litige, l’appréciation relèvera du juge du fond).

2°. — Assemblées générales

Attributions et pouvoirs généraux. L'assemblée générale est l'organe souverain par lequel s'exprime la volonté
de l'association, puisqu'elle a pour mission d'adopter les décisions les plus importantes : modifications
statutaires, la dissolution du groupement, nomination et révocation des dirigeants...
Sauf disposition expresse des statuts ou délégation de pouvoirs, les dirigeants exercent essentiellement des actes
d'administration courante.

Cela étant, il n'existe dans les textes aucune obligation relative à la tenue d'une assemblée générale annuelle.
Et la jurisprudence n'impose jamais une assemblée non prévue par les statuts. Sauf exceptions.
Exemple. Les associations qui émettent des obligations (possibles dès lors qu’elles exercent une activité
économique depuis au moins deux ans (art. L. 213-8 CMF)) sont tenues de règles spécifiques relatives à leurs
assemblées générales, notamment celle de tenir une assemblée annuelle dans les 6 mois de la clôture de
l'exercice.

Attributions et pouvoirs spécifiques de l'AGE. Elle est convoquée en dehors des réunions périodiques de
l'assemblée générale ordinaire, à l'instigation du président ou d'un nombre important de membres de
l'association. Elle se tient pour résoudre des questions revêtant une certaine urgence ou gravité, telles que les
modifications statutaires ou la dissolution du groupement. Pour ces circonstances, les statuts prévoient souvent
une majorité qualifiée, par exemple les deux tiers ou les trois-quarts des membres présents ou votants.
Toute modification des statuts d'une association déclarée doit être portée à la connaissance de la préfecture
dans les trois mois. En outre, les modifications ou les changements seront consignés sur un registre spécial (le
registre d'association) qui devra être présenté aux autorités administratives et judiciaires chaque fois qu'elles
en feront la demande.

Composition. En principe tous les membres du groupement font partie de l'assemblée générale et doivent donc
tous y participer, à peine d'annulation des décisions prises. Mais les statuts peuvent, en vertu de la liberté
d'association, poser des conditions comme l'exigence d'une ancienneté minimale, ou stipuler, dans les
associations comportant un grand nombre d'adhérents, un système de représentation par des délégués de
régions ou de sections, chacun d'eux représentant un certain nombre de membres.

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Lorsque l'association comporte un commissaire aux comptes, celui-ci doit être convoqué aux assemblées,
sous peine, pour les dirigeants, d'emprisonnement jusqu'à deux ans et d'amende jusqu'à 30 000 euros.
La participation de personnes non admises comme membres rend annulables l'assemblée générale et ses
délibérations. Les statuts peuvent cependant prévoir la participation aux assemblées, avec voix délibérative ou
consultative, de collectivités publiques, de personnalités ou de salariés de l'association.

Convocation. Les statuts ou le règlement intérieur déterminent librement celui qui détient l'initiative de
convoquer une assemblée.
En général, elle incombe soit au président, soit au conseil d'administration, soit encore à un certain nombre de
membres du conseil d'administration ou de l'association.
En l'absence de précision, la prérogative de la convocation appartient aux dirigeants, et en cas de défaillance
de leur part, à un administrateur provisoire.

Irrégularités. Sanctions. D'une façon générale, la nullité sanctionne toute convocation irrégulière et l'assemblée
générale qui la concerne, dans la mesure où les règles statutaires n'ont pas été respectées. A moins, par
exemple, que le strict respect du formalisme s'avère superflu.
La Cour de cassation semble considérer qu'il faut, pour obtenir l'annulation d'une délibération d'assemblée, établir
que l'irrégularité commise a pu fausser le sens de la délibération et du vote donné ; ou que la nullité n'a lieu d'être
prononcée que si la violation des règles statutaires a eu pour objectif de prendre des décisions contraires aux buts
de l'association ou de favoriser des intérêts particuliers.

Forme de la convocation. Les statuts ou le règlement intérieur déterminent librement les formes dans lesquelles
l'assemblée doit être convoquée.
Il peut s'agir d'une convocation individuelle faite verbalement ou par écrit, ou d'une convocation collective par
voie de presse ou d'affichage dans les locaux du groupement, à la mairie, etc.

Contenu et délai de la convocation. La convocation doit mentionner la date et l'objet de la réunion. Les statuts
ou le règlement intérieur doivent prévoir le délai entre la convocation et la date de l'assemblée générale, afin
que les sociétaires puissent prendre leurs dispositions pour préparer et assister à la réunion. Son inobservation
peut entraîner l'annulation des décisions adoptées lors de l'assemblée générale.

 À noter

À défaut de convocation dans le délai convenu, le commissaire aux comptes, s'il en existe un, peut
convoquer l'assemblée. La convocation peut également être faite par un mandataire désigné en
justice à la demande de tout intéressé.

Elle doit aussi indiquer l'ordre du jour, c'est-à-dire ce dont il sera débattu. Toute décision relative à une question
non mentionnée à cet ordre du jour est annulable car, n'ayant pas été avertis de l'évocation de ce problème,
les sociétaires n'ont pu y réfléchir préalablement.

Règles matérielles de tenue et vote. Aucune disposition légale ou réglementaire n'impose la tenue d'une feuille
de présence. Mais celle-ci permet entre autres, d'éviter les contestations sur les participants à une assemblée
générale, de vérifier le respect d'un éventuel quorum...
La présidence de l'assemblée est souvent assurée par le président de l'association, mais les statuts ou le
règlement intérieur ont la possibilité de désigner une autre personne pour assurer cette fonction.
À moins que les statuts n'en disposent autrement, tous les membres de l'association détiennent le droit de
vote dans les assemblées générales. Ce droit est exercé conformément aux stipulations statutaires qui en ont
déterminé librement les modalités.
En l'absence de précision statutaire, chaque sociétaire bénéficie d'une voix. Sauf stipulation statutaire, le vote

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par procuration, c'est-à-dire le vote par mandataire représentant un membre de l'association, est de droit.
Les conditions de quorum, le mode de scrutin (vote à main levée, par appel nominal, bulletins de vote, scrutin
secret) sont librement déterminé par les statuts ou le règlement intérieur. A défaut, l'assemblée doit en décider.

C. — Contrôle des associations


Contrôle interne par les sociétaires. L'assemblée générale ordinaire exerce un droit de contrôle sur le
fonctionnement de l'association. Ainsi elle :
- connaît du rapport présenté par le président sur la gestion du groupement ;
- approuve les résultats de l'exercice financier présentés par le trésorier, en donnant quitus aux
administrateurs. En cas de désapprobation, elle peut mettre en cause leur responsabilité, étant entendu que le
quitus de l'assemblée ne décharge pas les administrateurs de leur responsabilité pénale.
En effet, si le quitus qui est une approbation de la gestion qui implique une renonciation à l'action sociale, c'est-
à-dire à la mise en cause de la responsabilité des administrateurs pour faute de gestion, il ne saurait effacer le
caractère délictueux des détournements, lorsqu'il concerne des opérations constituant des abus de confiance.
- bénéficie de la procédure des conventions réglementées lorsqu’elle exerce une activité économique (la
procédure ne s'applique pas aux conventions courantes conclues à des conditions normales qui ne sont
significatives pour aucune partie).

Contrôle interne par le commissaire aux comptes. Il est exceptionnel qu'une association ait à se doter d'un
commissaire aux comptes.
Quelques cas, néanmoins, sont prévus. Ainsi, doivent tenir une comptabilité et sont soumises au contrôle des
commissaires aux comptes notamment :
- les associations ayant une activité économique lorsqu'elles dépassent deux des seuils suivants : 50 salariés
; 3 100 000 € de chiffre d'affaires ; 1 550 000 € de total du bilan ;
- les associations émettant des valeurs mobilières ;
- les associations ayant reçu plus de 153 000 € d'aide publique ;
- les associations recevant des dons pour un montant annuel dépassant un seuil qui doit être fixé par décret ;
- les associations relevant d'un texte législatif l'imposant (fédérations sportives, associations de chasse
agréées, associations d'insertion).

Contrôle externe des associations. Un contrôle particulier s'applique aux associations exerçant une activité
économique, au nom des principes d’égalité devant les charges publiques et de libre concurrence. Il s’agit de
savoir s’il convient, ou non, de les assujettir aux impôts commerciaux. Tout dépend du caractère, lucratif ou non
lucratif, de leur activité. Ceci est vérifié au moyen d’une démarche en trois étapes, menée activité par activité :
– examen du caractère intéressé ou désintéressé de la gestion de l'association ; dans le premier cas,
l’association est soumise aux impôts (sans possibilité d’exonération) ;
– examen de la situation de l'association au regard de la concurrence ; si l’association ne concurrence aucune
entreprise, elle échappe à l’imposition. Dans le cas contraire, il faut passer à la 3è étape :
– examen des conditions d’exercice de l’activité concurrentielle : il intervient sur la base de 4 critères
d’importance décroissante (méthode dite des 4 "P") : produit proposé, public visé, prix pratiqué, publicité
réalisée).
Imaginons qu’une association ait échoué à cet examen. Elle pourra encore bénéficier d’une exonération. Ce
sera le cas si elle remplit les 3 conditions cumulatives suivantes :
- sa gestion est désintéressée ;

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- ses activités non lucratives restent prépondérantes ;
- le montant maximum des recettes lucratives accessoires encaissées est inférieur ou égal à 60 000 €.

§ III. — Disparition de l'association

A. — Les cas de dissolution


Causes. La dissolution de l'association peut être automatique (arrivée du terme…), volontaire (c'est-à-dire
statutaire), judiciaire ou administrative.

Formalités. Quel que soit le mode envisagé, la dissolution ne fait l'objet d'aucune déclaration, ni publicité au
Journal officiel (à l'exception de certaines associations, telles celles qui émettent des obligations). Cette carence
inexpliquée de la loi rend extrêmement difficile la connaissance du nombre d'associations fonctionnant en
France.

Groupes. Comme toute personne morale, l'association peut faire l'objet d'une fusion ou d'une scission,
opérations qui ont donné lieu à des nouveautés avec la réforme du 31 juillet 2014. En effet, la loi ESS donne enfin
un statut juridique aux opérations de fusion, scissions (et aussi d’apport partiel d’actif) entre associations, entre
fondations ou entre associations et fondations.
Notons simplement que la fusion ou la scission entraîne la dissolution sans liquidation des associations qui
disparaissent. Elles supposent l’établissement d’un projet (de fusion, ou scission), à publier dans un journal
d’annonces légales.

 À noter

Les membres des associations qui disparaissent deviennent membres de l’association résultant de
l’opération.

Transformation. Le passage de la forme associative à une autre espèce de personnes morales peut donner lieu
à dissolution. Tout dépend du changement projeté.
S’il s’agit de l’adoption de la forme société, l’association sera d'abord dissoute puis la société constituée. Sauf
si la forme d’accueil est une SCOP ou une coopérative d'intérêt collectif (SCIC) : les règles de la transformation
sont applicables.
Si la forme cible est le GIE, la transformation est possible à condition que l’objet de l’association corresponde
à la définition de ce groupement (pas de dissolution suivie de la création d'une personne morale nouvelle). Cette
opération permet éventuellement aux membres du groupement de répartir entre eux les bénéfices réalisés et
de se partager le boni de liquidation.
Quoiqu'il en soit, les statuts peuvent utilement organiser les modalités de la transformation lorsqu’elle est
faisable.

B. — Les effets de la dissolution


Membres. Une fois la dissolution prononcée ou décidée, les membres de l'association peuvent uniquement
reprendre leurs apports. À l'inverse d'une société, le boni de liquidation n'est pas réparti entre les sociétaires. Il
est nécessairement dévolu à un groupement poursuivant un but identique à celui de l'association dissoute

Patrimoine. C'est à l'assemblée générale qu'il appartient de décider de la dévolution des biens. Et ici encore,
cette compétence est conditionnée par le silence des statuts.

Personnalité morale. Maintenue pour les nécessités de la liquidation, elle disparaît définitivement à la clôture

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des opérations de liquidation.

Sanctions pénales. Le délit de maintien ou de reconstitution d'une association dissoute sanctionne d'un
emprisonnement de trois ans et d'une amende de 45 000 euros les fondateurs ou les dirigeants d'une
association qui se maintiendrait ou se reconstituerait illégalement après sa dissolution judiciaire ou
administrative.

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