Vous êtes sur la page 1sur 3

Jurisprudence islamique

Le fiqh (arabe : fiqh, ‫ فقه‬: dérive du verbe


signifiant comprendre) est l'interprétation
temporelle des règles de la charia. Il est
quelquefois traduit par droit musulman, par
référence aux avis juridiques pris par les juristes
de l'islam. Il s'agit d'une compréhension du
message de l'islam sur le plan juridique, bien qu'il
ne s'y limite pas. Le savant en matière de fiqh, se
nomme faqîh (arabe : faqīh, ‫)فقيه‬.

Le fiqh, ou plus exactement les fiqh, ensembles


codifiés de règles pour la plupart figées à la fin du
ve siècle de l'Hégire (xe siècle), différent des
siyasa, ou siyasa sharia, qui désignent la mise en La Grande Mosquée de Kairouan en Tunisie
place du droit musulman par les États, par voie (également appelée mosquée Oqba Ibn Nafi),
administrative, ou encore les régulations berceau de l'islam sunnite en Afrique du Nord, a
administratives portant sur des domaines non constitué entre le ixe et le xie siècle l'un des plus
régulés par le droit musulman (considérés comme grands centres d'enseignement de la jurisprudence
1, 2
neutres à cet égard par les « docteurs de la loi », et islamique, en particulier celle malékite .
légitimées par le bien commun, ou maslaha).
Ainsi, des kanuns (« codes ») étaient promulgués
par le calife dans l'Empire ottoman, et les juristes ottomans considéraient que leur légitimité
3
dérivait de la volonté du sultan (et non de Dieu) .

Définitions, articulation entre Fiqh et Charia


Les deux mots charia et fiqh étant polysémiques et ayant donné lieu à une multitude
d'interprétations et de définitions par les savants islamiques, il n'existe pas réellement dans le
détail de consensus sur la relation entre les deux. Pour ibn Manzûr (1233-1312), « le terme fiqh
4
signifie la perspicacité, la compréhension et la maîtrise d'un savoir quel qu'il soit » . S'il n'apparaît
4
pas en tant que tel dans le Coran, le verbe dérivé, fhq lui y est présent à vingt reprises . Tareq
5
Oubrou décline les conceptions proposées par différents auteurs. Certains incluent le fiqh dans la
Charia, comme Chaarany. L'imam Chawkany lui, considère que « les charias » sont des ensembles
de dogmes communs à toutes les religions monothéistes (unicité, résurrection et prophétologie),
auxquelles il convient d'opposer les formes différentes prises par les lois cultuelles et juridiques.
Tareq Oubrou conclut que le fiqh, « compréhension profonde de la vérité des choses », qu'il traduit
par « canonisme », est « dans son acception scolastique classique se présente donc à la fois comme
une lecture de la charia et se borne à classer les actes des individus responsables selon cinq
degrés[…] C'est une photographie de la charia prise dans un temps donné dans un contexte
6 7
donné. » . Pour Éric Chaumont , « les différents fiqh-s [sont] des systèmes normatifs englobant la
8
totalité des actes humains et consignés dans une monumentale littérature légale » .

Les différentes écoles


Il existe plusieurs écoles ou madhhab (voie) de fiqh, tant dans la branche du sunnisme que dans
celle du chiisme. Ces écoles prennent généralement le nom du juriste qui les a fondées. Celui-ci
n'avait généralement pas pour but que ses décisions soient imitées sans mise à jour contextuelle.

Le concept de taqlid, c’est-à-dire « suivre sans en connaître les principes directeurs » ou


« imitation aveugle » selon d'autres, étant bien souvent apparue après leur existence.

Les quatre principales écoles du sunnisme aujourd'hui, sont :

le hanafisme fondée par l'imam Abû Hanifa (699-767), faisant à sa création une large part au
jugement personnel (ra'y) et au raisonnement par analogie (qiyas), mais acceptant
l'approbation (istihsan). Il est répandu en Irak, Syrie, Turquie, Afghanistan, Inde, Pakistan et
9
Chine ;
le malikisme fondée par l'imam Malik (~715-~795), se retrouve dans une grande partie de
9
l'Afrique, dont le Soudan ;
le chaféisme fondée par l'imam Chafii (767-820), suivi en Égypte, Arabie du Sud hors Arabie
9
saoudite, Erythrée, Somalie, Indonésie, Malaisie, Philippines, Vietnam et Thaïlande ;
le hanbalisme fondée par l'imam Hanbal (780-855), élève de Chafii. Elle rejette toute idée
d'innovation (bida'), et réduit la part du raisonnement par analogie et de l'opinion personnelle
aux cas jamais abordés, leur préférant l'emploi de hadiths même jugés peu fiables. C'est la
9
seule école reconnue par l'Arabie saoudite

Ces quatre écoles partagent la plupart de leurs lois, mais différent sur les hadiths qu'elles acceptent
comme authentiques et sur le poids relatif attribué aux analogies (qiyas) utilisées pour décider des
cas difficiles. Ces écoles différent également quant aux sources de leur droit.
10
Côté chiite, il existe au moins deux principales écoles :

le jafarisme ou école imanite, fondée par l'imam Ja`far as-Sâdiq, qui domine en Iran, en Iraq
9
et en Inde ;
9
le zaïdisme, qui se réclame de Zayd ibn Ali, dominante au Yémen chez les chiites .

Articles connexes
Coran
Sunna
Hadith
Charia
Idjmâ'
Qiyâs
Ra'y
Dar al-Harb
Droit au haut Moyen Âge

Notes et références
1. (en) Roland Anthony Oliver et Anthony Atmore, Medieval Africa, 1250-1800, éd. Cambridge
University Press, Cambridge, 2001, p. 36 (https://books.google.fr/books?id=4o-OZ5w-BmMC&p
g=PA36&dq=mosqu%C3%A9e+de+kayrawan&hl=fr&ei=S5ahTaC-LMnYsgbd78TrDA&sa=X&oi
=book_result&ct=result&resnum=3&ved=0CDcQ6AEwAg#v=onepage&q&f=false)
2. (en) Wilfrid Scawen Blunt et Riad Nourallah, The future of Islam, éd. Routledge, New York,
2002, p. 199 (https://books.google.com/books?id=nNDi9DzKTXoC&pg=PA199#v=onepage&q&
f=false)
3. Andrew F. March, "What Can the Islamic Past Teach Us about Secular Modernity?", in Political
Theory, décembre 2015, 43: 838-849, first published on September 21, 2015
doi:10.1177/0090591715606876
4. Moshen Ismaïl, « Les normes juridiques en Islam : le ’urf comme source de législation », dans
Frank Frégosi, Lectures contemporaines du droit islamique, Presses universitaires de
Strasbourg, 2004 (ISBN 2-86820-251-9), p. 30-32
5. Recteur de la mosquée de Bordeaux et membre de l'Association des Imams de France.
6. Tareq Oubrou, « La sharî'a de minorité », dans Frank Frégosi, Lectures contemporaines du
droit islamique, Presses universitaires de Strasbourg, 2004 (ISBN 2-86820-251-9), p. 213-215 ,
« De la sharî'a et du fiqh en général »
7. Chercheur au CNRS - IREMAM/MMSH à Aix-en-Provence
8. Éric Chaumont, « Quelques réflexions sur l'actualité de la question de l'itjihâd », dans Frank
Frégosi, Lectures contemporaines du droit islamique, Presses universitaires de Strasbourg,
2004 (ISBN 2-86820-251-9), p. 72, « De la sharî'a et du fiqh en général »
9. V. Amina Yagi, Droit musulman, Publisud, 2004, p. 16-18, (ISBN 2-86600-942-8)
10. Selon Amina Yagi, enseignante sunnite, ces écoles principales chiites sont au nombre de trois,
avec en sus l'école al-Abadiyya attribuée à Abd Allah ibn Abad (Ibadisme). Ce rattachement au
chiisme semble contesté et reste à confirmer. Pour une liste plus complète, voir madhhab

Bibliographie
Al-Hadjj Nouredine Aïouaz, traduction du livre de fiqh chaféite Matn Al-ghayah wa t-Taqrib du
chapitre de la purification à celui du pèlerinage.

Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Jurisprudence_islamique&oldid=209877207 ».

Vous aimerez peut-être aussi