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L’accès à l’information au Bénin : étude de cas

Vincent Mabillard, Bellarminus G. Kakpovi, Bertil Cottier


Dans Revue Internationale des Sciences Administratives 2020/1 (Vol. 86), pages 141
à 158
Éditions I.I.S.A.
ISSN 0303-965X
ISBN 9782802766254
DOI 10.3917/risa.861.0141
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Revue
Internationale
des Sciences
Administratives
L’accès à l’information au Bénin : étude de cas
Vincent Mabillard, Bellarminus G. Kakpovi et Bertil Cottier 1

Résumé
La transparence est aujourd’hui une priorité pour la plupart des gouvernements. Le
nombre de pays qui ont adopté une loi sur l’accès aux documents administratifs est
en augmentation. Les lois sur l’accès à l’information ne remplacent pas la transpa-
rence, mais elles peuvent signaler la volonté d’un gouvernement d’accroître l’ouver-
ture. Jusqu’à présent, la plupart des études se sont intéressées aux États où de telles
lois existent, notamment en Europe et en Amérique du Nord, tandis que très peu de
recherches ont été menées en Afrique. La présente contribution vise à capitaliser sur
les recherches antérieures pour présenter le cas du Bénin. Les questions de recherche
portent sur le développement de l’accès à l’information, les obstacles à l’introduc-
tion d’une loi plus ferme dans ce pays et les attentes du gouvernement en matière
de transparence. Les données sont basées sur des entretiens avec des organisations
de la société civile, un fonctionnaire chargé de l’accès aux documents administratifs
au Bénin et plusieurs employés de l’administration nationale. Les résultats montrent
comment les différences contextuelles et institutionnelles façonnent les réformes en
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matière de transparence, l’importance de la question de la sensibilisation et de l’ac-
cès en général, et comment les pratiques actuelles influencent l’approche en ce qui
concerne l’accès aux documents administratifs au Bénin.

Remarques à l’intention des praticiens


Le cas du Bénin montre comment la transparence peut être renforcée par les médias,
les membres du Parlement et les organisations de la société civile. L’action combinée
de ces différentes parties prenantes, également soutenue par des partenaires régio-
naux et internationaux, peut conduire à une transparence administrative accrue. Dans
le présent article, nous mettons en avant la volonté des travailleurs du secteur public
à créer une administration plus transparente, même s’ils sont encore confrontés à des
problèmes de mise en œuvre majeurs, comme le manque de formation du personnel,
le manque de ressources ou la diffusion et la compréhension de l’information au sein
de la population.

1 Vincent Mabillard, Université de Lausanne, Suisse. Courriel : vincent.mabillard@unil.ch.


Bellarminus G. Kakpovi, ministère des Sports, Bénin et Bertil Cottier, Université de la Suisse
italienne, Suisse. Traduction de l’article paru en anglais sous le titre : « Access to information
in Benin : a case study ».
Copyright © 2020 IISA – Vol 86 (1) : 141-158
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Mots-clés : accès à l’information, Bénin, législation sur la liberté d’information,


transparence, Afrique occidentale.

Introduction
L’appel en faveur d’une plus grande transparence au sein des administrations
n’est pas particulièrement nouveau. Toutefois, son expansion actuelle dans le
monde entier montre que la transparence est de plus en plus considérée comme
un élément essentiel de la bonne gouvernance. Selon Hood (2006a : 19), la
notion a même acquis un statut « quasi-­religieux ». Les lois sur l’accès à l’informa-
tion (ATI) se sont multipliées sur tous les continents et de nombreuses initiatives,
émanant tant des gouvernements que de la société civile, ont attiré un nombre
croissant de participants. En fonction du contexte culturel, le concept peut être
soit perçu comme une valeur intrinsèque, soit considéré positivement comme
un mécanisme garantissant une forte valeur instrumentale. Ce second point de
vue suppose que la transparence est nécessaire pour atteindre des objectifs tels
qu’une participation accrue des citoyens (Welch, 2012 : 99) et la confiance dans
le gouvernement (Mabillard et Pasquier, 2016 : 75).
On s’est cependant peu intéressé aux contextes de l’Amérique latine, de l’Asie
et de l’Afrique. En ce sens, les lacunes sont considérables dans les recherches
sur la transparence dans ces régions ; plus de la moitié des études identifiées
dans l’analyse documentaire de Cucciniello et al. (2016: 37) ont été menées en
Amérique du Nord et en Europe. L’observation de ces lacunes et la demande
grandissante de recherches comparatives dans le domaine de l’administration
publique (AP) (Welch et Wong, 1998 : 42) devraient amener les chercheurs à
s’intéresser davantage à d’autres contextes. La présente étude entend aller dans
ce sens en explorant un cas insuffisamment commenté dans la littérature : peu
d’études se sont penchées sur la situation en Afrique de l’Ouest. De notre point
de vue, le Bénin, un État dont la démocratie est bien établie dans la région,
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mérite une attention particulière. L’objectif de notre article est donc double.
D’une part, il vise à mettre en avant des aspects cruciaux de l’accès à l’informa-
tion dans le pays et, d’autre part, il s’efforce de combler une lacune importante
dans la littérature d’un point de vue géographique.
Notre article commence par un panorama des lois sur l’accès à l’information
dans le monde, en décrivant comment elles sont classées, quels sont les princi-
paux facteurs d’émergence et comment la mise en œuvre peut être évaluée. Il se
poursuit avec un aperçu du contexte au Bénin. Dans cette deuxième partie, nous
présentons l’évolution de l’accès à l’information dans le pays et les lois existantes.
Dans la partie consacrée à la méthodologie, nous expliquons comment les entre-
tiens ont servi à illustrer et à enrichir notre étude de cas. Enfin, nos conclusions
permettront d’identifier les défis auxquels le Bénin est confronté pour l’adoption
d’une loi d’accès à l’information plus ferme et, plus généralement, la façon
dont l’accès à l’information a évolué dans le pays au cours des deux dernières
décennies.
Mabillard et al. Accès à l’information au Bénin 143

Les lois sur l’accès à l’information dans le monde


Les lois sur l’accès à l’information ont été mises en œuvre dans de nombreuses
régions. Cette évolution est relativement récente puisque la plupart des pays
ont adopté une loi sur la transparence dans les années 1990 et au début du
XXIe siècle. À l’exception de la Suède (où une loi a été adoptée dès 1776), de la
Finlande et des États-Unis, le principe de la liberté d’information a été codifié pour
la première fois dans plusieurs États membres du Commonwealth en réponse à
la question de savoir « comment concilier le principe de Westminster de la res-
ponsabilité ministérielle avec un droit légal à l’information » (Hazell, 1989 : 189).
Les méthodes de comptage divergent et la classification fait l’objet d’un
débat animé, étant donné que les systèmes nationaux diffèrent fortement dans
le domaine de la liberté d’information. Néanmoins, à la suite d’une récente
étude de Banisar (2017), quatre catégories générales ont été créées. La première
catégorie concerne les pays où une loi complète sur l’accès à l’information a été
promulguée. Elle comprend la plupart des pays d’Europe occidentale et d’Amé-
rique du Nord, le Mexique, l’Inde, l’Australie et la Nouvelle-­Zélande, entre autres.
La deuxième catégorie comprend les pays où une réglementation nationale a
été adoptée (par exemple, la Chine, Hong Kong et le Niger). Dans la troisième
catégorie, on peut observer des initiatives récentes visant à adopter une loi
sur l’accès à l’information. En 2017, c’est le cas, par exemple, de l’Algérie, de
l’Égypte, du Venezuela et du Ghana. La quatrième catégorie comprend les pays
où l’on ne retrouve aucune initiative destinée à faire adopter une loi sur l’accès à
l’information (par exemple, le Belarus, Cuba, la Malaisie, le Tchad et, le pays qui
nous intéresse, le Bénin).

Figure 1 : Pays où une loi sur l’accès à l’information est entrée en vigueur,
par période (1766-2017).
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La Figure 1 montre que l’Afrique reste le continent où la plus grande propor-


tion d’autorités publiques n’a pas promulgué de telles lois. La forte présence des
dictatures en Afrique est souvent citée comme un facteur d’explication impor-
tant. Le raisonnement à la base de cette hypothèse est simple : la liberté d’infor-
mation, considérée comme faisant partie intégrante du droit fondamental à la
liberté d’expression, est considérée comme un pilier essentiel de la démocratie.
Toutefois, plusieurs pays répertoriés par les chercheurs (voy. Banisar, 2015 ; Vleu-
gels, 2012) ne sont pas considérés comme des régimes démocratiques. Le Bénin
n’apparaît cependant pas sur toutes les listes et le pays a entamé une transition
vers la démocratie au début des années 1990. D’autres facteurs doivent dès lors
être pris en compte pour tenter de comprendre les raisons qui sous-­tendent la
mise en œuvre des lois sur l’accès à l’information.

L’élaboration des lois sur l’accès à l’information


Dans le présent article, nous commençons par nous intéresser aux différentes
conditions d’émergence des lois sur l’accès à l’information, considérées comme
l’un des principaux moyens de promouvoir la transparence. La liberté d’infor-
mation telle que nous la connaissons aujourd’hui remonte à la Renaissance et à
l’époque des Lumières en Europe occidentale (Darch et Underwood, 2010 : 64) et
montre que le droit du public à accéder aux documents administratifs a souvent
été défendu au sein des institutions, alors que l’on aurait pu croire qu’il s’agissait
au départ d’une lutte initiée par les citoyens.
Worthy (2017) explique pourquoi la liberté d’information est de plus en plus
recherchée par les gouvernements. Elle permet à ceux qui sont au pouvoir non
d’obtenir des voix, mais de la crédibilité. Elle a une forte valeur symbolique et
envoie un signal à propos de l’affirmation publique d’une idée sociale ou une
« déclaration de ce qui est acceptable » sur le plan moral (Gusfield, 1967 : 177).
Selon Stubbs (2011 : 79), il y a quatre façons d’aborder la diffusion des lois sur la
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liberté d’information : le défenseur de la réforme, la question unique, l’explication
et les études sous forme de « listes de blanchisserie ». Le principe de la « liste
de blanchisserie » (Hood, 2006b : 215) désigne le fait de faire l’inventaire d’une
série de facteurs, indiquant pourquoi les lois sur la liberté d’information se sont
répandues en fonction de contextes spécifiques. Cette approche est privilégiée ici
car elle met en évidence des cas concrets qui peuvent être pertinents dans une
perspective comparative.
Les lois sur l’accès à l’information sont le fruit d’un mélange de symbolisme,
de politique et de principes, notamment la volonté politique et les pressions
en faveur d’une plus grande transparence. La plupart du temps, l’électorat ne
participe pas directement au processus. D’une part, la signification symbolique
des lois sur la liberté d’information attire davantage l’attention des groupes
organisés, tels que les médias et les militants. D’autre part, la politique joue un
rôle crucial puisque la forme que prendra la législation sur la liberté d’information
dépend de luttes internes, de compromis, de négociations et de la façon dont
les parties se positionnent pour avoir un effet de levier sur la question (Worthy,
2017).
Mabillard et al. Accès à l’information au Bénin 145

En somme, plusieurs facteurs peuvent expliquer pourquoi les gouvernements


adoptent des lois sur l’accès à l’information. Il convient de rappeler que ces
facteurs se recoupent souvent. Voilà pourquoi il est encore extrêmement difficile
d’évaluer l’importance d’une dimension par rapport à une autre. Le premier
facteur identifié ici est celui des acteurs politiques. Les effets bénéfiques poten-
tiels de la liberté d’information peuvent les amener à considérer ce droit comme
l’occasion d’assurer un accès à long terme à l’information dans le futur, ou de
nuire à la crédibilité d’un adversaire. La rivalité politique peut aussi conduire les
acteurs à neutraliser tout avantage, en particulier dans le cas d’une politique
bipartisane. En ce sens, la liberté d’information représente un « avantage poli-
tique irrésistible… pour nuire à un adversaire », comme l’a montré l’affaire Tony
Blair au Royaume-Uni (Worthy, 2017 : 187). Les initiatives individuelles peuvent
également favoriser l’accès à l’information dans certains cas, comme le montre
l’action de l’ancien membre du Congrès californien John Moss, qui a activement
encouragé les démarches visant à lutter contre le secret des communications
pendant la Guerre froide et la « liberté d’information », qui est devenue plus tard
la loi américaine sur la liberté d’information (Schudson, 2015 : 43). En outre, les
nouvelles lois peuvent aussi être présentées au gouvernement au moyen de déci-
sions de justice, comme le montre l’exemple de la Corée du Sud en 1989 après le
passage du pays à la démocratie. La Cour suprême avait alors statué qu’il existait
un droit constitutionnel à l’information (Youm, 1994 : 13).
Le deuxième facteur concerne la pression croissante exercée par un réseau
sophistiqué constitué d’organisations non gouvernementales (ONG) ayant un
intérêt marqué pour la transparence, comme la Fondation Carter et l’Open
Society Institute. Par exemple, la Campagne nationale pour le droit des peuples
à l’information (NCPRI) en Inde a joué un rôle majeur en soutenant activement
la loi sur le droit à l’information. Les ONG ont aussi joué un rôle important au
Bangladesh, même si la liberté d’information a aussi été influencée par des ques-
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tions historiques, politiques et internationales (Sabharwal et Berman, 2013 : 262).
Le troisième facteur souligne l’importance des aspects culturels. Les grandes
traditions culturelles caractérisées par l’ouverture suscitent des attentes plus
fortes en matière de transparence et peuvent avoir un impact sur la manière
dont l’État est géré, ouvrant la voie à l’adoption de ces principes par les admi-
nistrations. En Suède, par exemple, la liberté d’information a été influencée par
les idéaux libéraux/libertariens liés aux libertés individuelles et par la liberté de
la presse, ainsi que par l’Église luthérienne (Ackerman et Sandoval-­Ballesteros,
2006 : 110).
Quatrièmement, le contexte national a aussi une grande importance. Le
contrôle de l’information peut être sérieusement érodé par les scandales sur le
secret des communications, ce qui renforce les arguments en faveur de la liberté
d’information, parfois de manière involontaire. En outre, la réduction de l’asy-
métrie entre le gouvernement, les autres niveaux institutionnels et les citoyens
peut accroître la capacité et l’efficacité des flux d’information. Cela explique le
développement progressif de la réceptivité du gouvernement à la liberté d’infor-
mation au fil du temps en Chine (Weibing, 2012 : 795).
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Cinquièmement, le contexte régional doit aussi être pris en considération.


Selon Berliner (2014 : 488), le passage à la liberté d’information est plus probable
« lorsque le niveau d’adoption est élevé dans le voisinage régional du pays ». Par
exemple, les experts serbes qui ont participé à la rédaction du projet de loi sur
la liberté d’information ont non seulement examiné le modèle américain, mais,
compte tenu du possible phénomène d’émulation, se sont aussi intéressés aux
lois adoptées en Bosnie-­Herzégovine et en Slovaquie.
Enfin, le sixième facteur susceptible d’expliquer l’émergence de l’accès à l’in-
formation dans certains pays est l’environnement international. Roberts (2006 :
110) explique comment la pression des institutions internationales et des acti-
vistes transnationaux a contribué à l’établissement de la transparence comme
norme mondiale. En tant que pays candidat à l’Union européenne (U.E.), l’an-
cienne République yougoslave de Macédoine, par exemple, est surveillée par une
commission de l’U.E. sur les questions de liberté d’expression, qui a appelé à une
meilleure application de la législation actuelle de l’État sur la liberté d’informa-
tion (European Commission, 2016).

L’accès à l’information au Bénin


Au Bénin, l’accès à l’information est un droit fondamental pour tous les citoyens,
garanti par la Constitution de 1990 2. Le Journal officiel de la République du Bénin
est publié deux fois par mois afin de partager avec le public tous les textes de loi
et les avis administratifs (Badet, 2013). Cependant, l’administration est restée
assez opaque dans les premières années qui ont suivi l’adoption de la nouvelle
Constitution et le premier pas en faveur d’une plus grande transparence n’a été
fait qu’en 1996 par le Conseil des ministres. Cette mesure consistait à créer des
guides d’utilisation et des manuels de procédures pour que les citoyens puissent
mieux connaître leur accès à l’information administrative, ce qui a été confirmé
par un décret en 2000 3. Suite à de multiples réunions entre les représentants de
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la presse, les autorités politiques et les partenaires internationaux impliqués dans
des projets de développement, l’idée d’un premier projet de loi a émergé la même
année 4. Après plusieurs années d’attente, et suite à d’intenses revendications de
la part des organisations de la société civile (OSC), une loi a été adoptée en 2015.
C’est ainsi que la liberté d’information et l’accès aux documents administratifs
sont actuellement régis par la loi no 2015-07 sur l’information et la communi-
cation 5. Les articles 70–107 sont particulièrement significatifs à cet égard, car
ils sont directement liés à l’accès à l’information tel que défini au chapitre IV.

2 Constitution de la République du Bénin. Loi no 90-32 du 11 décembre 1990 portant Consti-


tution de la République du Bénin.
3
Décret 2000-616 du 7 décembre 2000 portant organisation des relations entre les services de
l’Administration et les usagers.
4 Séminaire sur l’accès aux sources publiques d’information : actes et documents (ministère de
la Culture et de la Communication et Agence canadienne de développement international),
31 janvier au 3 février 2000.
5 Loi no 2015-07 du 22 janvier 2015 portant code de l’information et de la communication en
République du Bénin.
Mabillard et al. Accès à l’information au Bénin 147

Comme les autres lois sur l’accès à l’information, cette loi précise qui a le droit
d’accéder aux documents administratifs (tous les citoyens) et permet d’imposer
des sanctions administratives ou judiciaires aux agents ou organismes publics qui
ne justifient pas leur refus de divulguer les informations demandées. Une longue
liste de dérogations est également prévue. Cependant, les délais de réponse aux
demandes ne sont pas clairement énoncés dans la loi ; tandis que les organismes
publics ne disposent que de cinq jours pour se prononcer sur la demande, aucun
délai n’est explicitement indiqué pour ce qui est de la transmission des docu-
ments demandés.
D’un point de vue théorique, il est essentiel de distinguer les différentes
approches en matière d’accès à l’information. Ancienne colonie française, le
Bénin appartient à la francophonie, un espace dans lequel l’accès aux documents
administratifs est considéré comme faisant partie d’une réforme du secteur
public et de la création d’une véritable démocratie administrative (Calland et
Diallo, 2013 : 3). En revanche, une telle réforme est beaucoup plus motivée par
la protection du droit des citoyens à l’accès à l’information dans les pays anglo-
phones. Diallo (2013 : 67) affirme que « le fait d’avoir copié le système juridique
français, dépassé, explique le fossé grandissant entre les pays francophones et
anglophones… Ces derniers semblent mieux comprendre les vertus d’une loi sur
le libre accès à l’information ».
Au Bénin, le droit administratif est un héritage direct de la culture juridique
française et a peu évolué depuis l’indépendance, il y a près de 60 ans (Dossou-
mon, 2007). Ce cas ne fait pas exception puisque tous les pays francophones
et tous les domaines du droit ont été fortement influencés par la colonisation
française. Conformément à Calland et Diallo (2013), le Plan d’actions du gou-
vernement 2016–2021 insiste sur la nécessité de moderniser l’administration et
de structurer les réformes de la gouvernance du pays sur la base des principes
de transparence, d’imputabilité et d’efficience. Ce faisant, le plan d’action vise à
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améliorer la qualité globale de la démocratie 6.
Il est encore difficile, cependant, d’évaluer la relation directe entre la loi
française no 78-753 (adoptée le 17 juillet 1978) et la situation au Bénin. Les
documents officiels ne mentionnent pas la loi française et la législation actuelle
ne correspond pas totalement à l’approche française en matière d’accès à l’infor-
mation. En outre, le dernier projet de loi présenté par le député Éric Houndété en
janvier 2017 prévoit une loi beaucoup plus détaillée sur l’accès aux documents
administratifs 7. Les pouvoirs de la Commission nationale d’accès du public à
l’information (CNAPI) seraient, par exemple, supérieurs à ceux de la Commission
française d’accès aux documents administratifs (CADA). Le nouveau « code de
l’information et de la communication » comprendrait 96 articles et renforcerait le

6 Présidence de la République du Bénin. Programme d’actions du gouvernement 2016-2021,


pp. 38‑40. Disponible à l’adresse suivante : https://www.presidence.bj/benin-­ revele/down-
load/ (consulté le 12 décembre 2017).
7 Code de l’information et de la communication au Bénin. L’intégralité de la proposition de loi
rectificative du député Eric Houdété. Disponible à l’adresse suivante : http://news.acotonou.
com/h/96028.html (consulté le 13 décembre 2017).
148 Revue Internationale des Sciences Administratives 86 (1)

droit des citoyens à accéder aux documents détenus par l’administration (Keko,
2017). Selon Houndété, la loi existante n’accorde qu’un accès limité et a conduit
à l’adoption généralisée de pratiques opaques. Elle ne permet pas de réduire
efficacement la corruption et la pauvreté, ne favorise pas la transparence et la
confiance et entrave le développement d’une culture démocratique plus solide.
Une amélioration de la situation aiderait également les citoyens à mieux utiliser
leurs droits de participation (Keko, 2017).
Les OSC, qui étaient au départ plus actives dans les pays anglophones, sont
à présent associées de manière plus active et préconisent un cadre législatif plus
solide en matière d’accès à l’information. Elles ont aussi exprimé à plusieurs
reprises leurs préoccupations quant à la mise en œuvre effective de la législation.
En ce sens, un projet de loi a été présenté au Parlement national en 2014 par
le Réseau ouest-­africain pour l’édification de la paix (WANEP-Bénin), soutenu
par l’Open Society Initiative in West Africa (OSIWA), mais il n’a pas encore été
adopté. Le texte comprend une liste précise de dérogations ; il propose égale-
ment la création d’un organe de contrôle fort : la CNAPI. ­Celle-ci fonctionnerait
comme un mécanisme indépendant et impartial de contrôle de l’accès du public
aux documents administratifs, et serait habilitée à servir d’intermédiaire, à impo-
ser des sanctions et à faire appliquer la loi. Elle serait tenue de faire rapport au
Parlement chaque année (WANEP-Bénin, 2014 : 23).
Actuellement, les plaintes peuvent être adressées à la Haute Autorité de l’Au-
diovisuel et de la Communication (HAAC). L’article 99 confirme le droit de recours
à la HAAC, qui peut également imposer des délais aux organes administratifs,
inviter des témoins pour discuter des litiges et enquêter sur les affaires dans les
bureaux de l’administration (art. 100). Selon l’article 107, la HAAC est habilitée
à porter une affaire devant un tribunal administratif. En parallèle, le bureau du
médiateur a vu le jour en 2006. Nous ne tiendrons toutefois pas compte de cet
organe, car la plupart des plaintes qui lui sont soumises concernent des pro-
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blèmes plus larges et pas seulement les questions d’accès à l’information : litiges
fonciers, carrière des agents publics, affaires sociales, relations entre l’État et les
entreprises privées et équivalence des diplômes 8.

Mise en œuvre des lois sur l’accès à l’information


Si les règles et les procédures sont institutionnalisées par des lois sur l’accès à l’in-
formation, elles doivent être mises en œuvre de manière systématique pour amé-
liorer la bonne gouvernance. Ce n’est pas le cas au Liberia, par exemple, où « ce
qui semble bien sur le papier reste très éloigné de ce qui se passe dans le domaine
de la mise en œuvre ». Le gouvernement ne cesse d’invoquer la loi sur l’accès à
l’information pour répondre aux critiques concernant les lacunes en matière de la
bonne gouvernance (Joseph, 2015 : 15).
La notation mondiale du droit à l’information (RTI) vise à évaluer la solidité
globale des cadres juridiques en matière de droit à l’information. Le classement se

8 Le Médiateur de la République. Rapport d’activités 2015. Porto-Novo, Bénin, février 2016.


Mabillard et al. Accès à l’information au Bénin 149

limite à mesurer le cadre juridique, qui est considéré comme une condition préa-
lable essentielle à la mise en œuvre de toute loi sur l’accès à l’information (Global
Right to Information Rating, 2017). Même si le classement ne mesure pas la
qualité de la mise en œuvre de la législation, il convient de noter que le Bénin
ne figure pas sur la liste, contrairement au Togo, par exemple, qui était classé
85e position sur 110 pays en 2017.
Une mise en œuvre efficace de la loi nécessite la réalisation de plusieurs fac-
teurs. ­Ceux-ci vont des facteurs internes (type de régime, niveaux de développe-
ment et de corruption, structure juridique) et internationaux (influence des ONG
internationales), au contenu de la loi – principalement la liste des dérogations
et les délais de réponse aux demandes – et au champ d’application de la loi.
Notre article porte essentiellement sur deux questions principales liées à la mise
en œuvre de l’accès à l’information au Bénin : « existe-t-il un organe de contrôle
solide ? » et « les fonctionnaires sont-ils motivés pour se conformer aux réformes
en faveur de la transparence ? ». Ce second aspect touche à une question essen-
tielle dans le développement de la transparence dans le secteur public : un aban-
don culturel administratif de la tendance traditionnelle de la bureaucratie à rester
opaque (Weber, 1980 [1922]).

L’organe de surveillance : indispensable à un cadre juridique solide ?


Les prérogatives de l’organe de surveillance sont souvent considérées comme
un moyen de mesurer la force des lois sur l’accès à l’information et leur mise
en œuvre. Les deux types d’organes possibles sont le commissaire à l’informa-
tion (avec ou sans protection des données) et le médiateur. Les commissaires
jouent un rôle plus spécialisé puisqu’ils ne traitent pas toutes les plaintes concer-
nant l’administration illégale ou injuste ; leur compétence est limitée aux recours
liés à l’accès à l’information (Holsen et Pasquier, 2012 : 215). D’autre part, ils
assument des responsabilités supplémentaires : ils peuvent offrir des conseils aux
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organes administratifs et évaluer leur conformité avec la loi.
Pearlman (2010 : 130) affirme que « si la majorité des gens pensent que la
législation ne sera pas appliquée, ce soi-­disant droit à l’information perd tout son
sens ». Une application rigoureuse de la loi est donc nécessaire pour garantir une
mise en œuvre efficace. Par conséquent, le statut et les pouvoirs accordés à l’or-
ganisme de surveillance sont souvent pris en considération pour mesurer la force
des lois sur l’accès à l’information. Le traitement équitable des plaintes soumises
à l’organisme est garanti par un niveau élevé d’indépendance.
D’une manière générale, le poste de commissaire à l’information ne constitue
pas le « meilleur désinfectant », mais il peut contribuer de manière significative
à un cadre juridique solide. Cette question est d’autant plus pertinente que de
nombreux pays, dont le Bénin, n’ont pas nommé de commissaire à l’information.
Comme le soulignent Holsen et Pasquier (2012 : 234), certaines questions impor-
tantes doivent être soulevées avant d’envisager la création de ce type d’autorité :
« Que demande exactement le gouvernement en termes de fonction (médiation,
éducation, promotion) ? », « Quels types de pouvoirs seront accordés à l’organe
de surveillance ? », « Comment son indépendance sera-t-elle assurée ? » et
« Quelles ressources seront allouées au fonctionnement de l’organisation ? ».
150 Revue Internationale des Sciences Administratives 86 (1)

Relever les défis de la mise en œuvre : l’engagement des fonctionnaires


en faveur de l’ouverture
Outre la question de l’organisme de surveillance, tous les pays sont confrontés
à de nombreux problèmes de mise en œuvre une fois la loi sur l’accès à l’in-
formation adoptée. La plupart concernent une capacité administrative insuffi-
sante : manque de ressources et de leadership, culture bureaucratique du secret
et gestion inadéquate des dossiers. Le manque de formation des fonctionnaires,
la méconnaissance de la nouvelle législation et les frais peuvent aussi créer des
obstacles à l’ouverture administrative.
Le présent article vise à donner un aperçu de tous ces défis dans le cas du
Bénin et se concentre sur les obstacles organisationnels. La typologie établie par
Pasquier and Villeneuve (2007) fait apparaître cinq formes différentes de trans-
parence documentaire. Les deux premières catégories font référence à la non-­
transparence. La troisième catégorie décrit les cas d’obstruction à la transparence,
souvent par le biais de dérogations. La quatrième catégorie est celle de la trans-
parence forcée, une situation où l’insuffisance des ressources est invoquée pour
justifier l’incapacité à assumer la transparence. Enfin, la transparence maximale
désigne les cas où toutes les informations possibles sont mises à disposition par
l’administration. Les troisième et quatrième types de transparence sont ici d’un
grand intérêt. Le manque de ressources et la méconnaissance des documents
sont des problèmes budgétaires et de formation, tandis que l’obstruction à la
transparence limite la mise en œuvre efficace des lois sur l’accès à l’information.
Par conséquent, si la promulgation de lois sur l’accès à l’information néces-
site une volonté ou un calcul politiques, leur mise en œuvre effective dépend
fortement du niveau d’attachement de l’administration à une plus grande trans-
parence. En ce qui concerne le respect de la loi, Horsley (2009 : 3-6) soulève
trois défis supplémentaires : les autres lois (les informations sont maintenues
confidentielles conformément à d’autres lois), les dérogations délibératives (déli-
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bérations internes) et le secret des communications des forces de l’ordre (conflit
entre le principe d’ouverture et, par exemple, la protection de la confidentialité
des opérations de police). Cependant, les organes administratifs doivent consi-
dérer la divulgation non seulement comme un acte de respect de la législation,
mais aussi et surtout comme une évolution vers une plus grande ouverture. Une
évolution culturelle de ce type semble essentielle pour empêcher les organes
d’adopter des pratiques secrètes et obstruantes, comme le fait de renvoyer à des
dérogations (parfois de manière abusive) ou de prolonger les délais.

Questions de recherche
Après ces volets théorique et contextuel, nos questions de recherche (QR) portent
essentiellement sur trois caractéristiques clés de toute législation sur l’accès à
l’information : l’environnement politique et social, le contenu de la loi et les ques-
tions de mise en œuvre. Comme mentionné plus haut, le contexte reste parti-
culièrement important car il façonne en partie la nature spécifique de la loi. Le
contenu de la loi est lui aussi fondamental, puisqu’il résulte directement de cet
environnement, via des processus qui ont été étudiés de façon détaillée dans
Mabillard et al. Accès à l’information au Bénin 151

plusieurs cas (par exemple au Royaume-Uni) (voy. Hazell et al., 2010). La mise en
œuvre a aussi une incidence sur la solidité du cadre juridique et mérite donc que
l’on s’y intéresse. Sur la base de ces trois éléments, les QR de la présente étude
peuvent être formulés en ces termes :

QR 1 : quels sont les acteurs politiques et de la société civile concernés par l’accès
à l’information au Bénin ? Quel est leur objectif concernant la législation sur l’accès
aux documents administratifs ?
QR 2 : existe-t-il un organe de contrôle ? Dans quelle mesure peut-il faire appliquer
la loi dans la pratique ?
QR 3 : en ce qui concerne la mise en œuvre, quelles sont les attentes et les positions
en matière de transparence des travailleurs du secteur public ?

Méthodologie
Nous privilégions ici la recherche exploratoire en raison du manque relatif de
connaissances sur l’accès à l’information au Bénin. Nous utiliserons la méthode
de l’étude de cas unique décrite par Yin (2003). La validité de la construction est
basée sur la multiplication des sources, et la fiabilité est assurée par la standardi-
sation des procédures, qui pourraient facilement être répétées dans d’autres cas.
Ces deux aspects sont essentiels car ils garantissent la possibilité de reproduire la
présente étude ultérieurement.
La présente recherche ne fournit pas d’explications sur l’adoption éventuelle
de lois sur l’accès à l’information dans un pays ou une région spécifique ; cet
objectif s’avérerait probablement trop ambitieux et pas particulièrement perti-
nent pour un processus aussi évolutif et multidimensionnel. En effet, les États
ont adopté des lois différentes, qui divergent sur de nombreux aspects : champ
d’application, mécanismes de recours, compétence juridique, etc. Cependant,
elles partagent toutes des éléments similaires. Par conséquent, il serait possible à
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l’avenir d’établir une comparaison en s’intéressant à ces caractéristiques.
Pour répondre à la QR 1, nous avons utilisé des entretiens avec des militants
de la société civile et des documents rédigés par des OSC. Les aspects théoriques
seront soigneusement examinés et appliqués au cas du Bénin. Les caractéris-
tiques de la législation actuelle et un entretien approfondi avec le vice-­président
de la HAAC apporteront les données nécessaires pour répondre à la QR 2. Les
mécanismes de recours seront donc examinés à cet égard. Enfin, des entretiens
menés avec des fonctionnaires (n = 12) nous permettront de répondre à la QR 3.
Dans la suite, nous désignerons les répondants par les sigles R1 à R12. Ces don-
nées permettront d’avoir un aperçu des problèmes de mise en œuvre rencontrés
par l’administration nationale, ainsi que des observations sur le type d’attentes en
matière de transparence qui sont soulevées dans le secteur public.

Observations
Tout d’abord, la proposition de législation rédigée par WANEP-Bénin en 2014
montre que les OSC encouragent les réformes en matière de transparence. Dans
le passé, ce type de soutien a poussé plusieurs pays à adopter ou à modifier une
152 Revue Internationale des Sciences Administratives 86 (1)

loi sur l’accès à l’information ou à adopter le modèle du commissaire. Au Bénin,


la lutte pour une plus grande ouverture du gouvernement est principalement
menée par les médias (les journalistes ayant des difficultés à accéder aux infor-
mations détenues par l’administration). Leurs demandes ont été entendues et
incluses dans un projet de loi, qui a donné naissance à la nouvelle loi sur l’infor-
mation et la communication en République du Bénin 9. Toutefois, comme dans
de nombreux autres pays, les amendements proposés par les députés ont donné
naissance à de nombreuses dérogations.
Même si la pression exercée par les réseaux de la société civile ne conduit pas
directement à l’adoption de nouvelles lois sur la transparence, elle est souvent
considérée comme un facteur important. Par exemple, Coronel (2001 : 18) sou-
ligne le fait que l’accès à l’information en Asie du Sud-Est ne peut être considéré
séparément de la lutte pour la démocratie, lancée par les OSC, plus particuliè-
rement les mouvements pro-­démocratiques. Leur influence peut être renforcée
par la coopération avec d’autres partenaires régionaux et internationaux ; c’est le
cas au Bénin, où le WANEP a bénéficié du soutien de l’U.E., de l’ambassade des
États-Unis et du programme de coopération du gouvernement suisse.
L’objectif principal des OSC au Bénin est d’approfondir l’accès à l’information
et de donner aux citoyens les moyens d’accéder aux documents administratifs.
Cette cause est défendue au moyen de quatre canaux :

• la communication : conférences de presse, communiqués de presse et décla-


rations ;
• le contact avec les autorités : promotion de l’accès à l’information dans les
réunions avec les institutions de l’État ;
• des actions spécifiques : projet de loi sur l’accès à l’information, sessions de
formation, information pour sensibiliser les citoyens ; et
• des recherches : documents d’analyse et expertise.
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Les entretiens avec WANEP-Bénin ont clairement fait ressortir la nécessité d’une
coopération régionale en vue de développer une stratégie globale en matière
d’accès à l’information. Dans ce but, des réunions ont été organisées en Côte
d’Ivoire, au Niger et dans d’autres pays pour examiner comment élaborer la légis-
lation la plus efficace sur l’accès à l’information en fonction de l’environnement
local. Des discussions récentes ont également eu lieu sur le thème des stratégies
de mise en œuvre, des bonnes pratiques et de l’évaluation de l’impact des projets
de loi.
Les OSC se plaignent du fait que les mesures prévues par la loi actuelle sont
insuffisantes. Selon elles, les sanctions ne sont pas correctement appliquées
lorsque l’administration refuse de divulguer des informations ; le code existant ne
couvre pas les organisations privées utilisant des fonds publics ou exécutant des
tâches publiques ; et les concepts d’« organisme public » et d’« intérêt public » ne
sont pas clairement définis. Elles reconnaissent toutefois que la situation a évolué
positivement au niveau institutionnel. La situation exige désormais un leadership

9 Entretien avec le vice-­président de l’HAAC, Porto-Novo, Bénin, 26 avril 2017.


Mabillard et al. Accès à l’information au Bénin 153

politique fort en faveur d’une plus grande transparence afin de garantir que la loi
soit appliquée plus efficacement et qu’une législation plus complète et progres-
sive sur l’accès à l’information soit adoptée à l’avenir.
Deuxièmement, l’entretien approfondi mené avec le vice-­président de la HAAC
fait apparaître un changement de paradigme en cours, même si, dans la pratique,
la législation n’est pas encore vraiment mise en œuvre. Il n’existe actuellement
aucune statistique sur le volume des demandes et/ou des plaintes, et les struc-
tures nécessaires pour garantir une application correcte de la loi (en termes de
collecte, d’enregistrement et de rapports) font toujours défaut. Du point de vue
de la recherche, cette absence de statistiques reste une contrainte majeure pour
l’analyse de la mise en œuvre de la législation sur l’accès à l’information et le
respect de la loi.
Parmi les autres problèmes de mise en œuvre, citons les dérogations abusives,
qui permettent la rétention d’informations, le manque de ressources et de forma-
tion dans l’administration, les délais prolongés pour répondre aux demandes et
le faible niveau de sensibilisation de la population. En outre, l’organisme devrait
se voir allouer un budget de fonctionnement plus important pour renforcer son
pouvoir de recours et de contrainte 10. La création de points focaux pour garantir
le suivi des demandes et la fourniture de matériel promotionnel (sous une forme
beaucoup plus simple que la loi) peuvent constituer une solution efficace pour
remédier à ce problème de mise en œuvre.
Le vice-­président de la HAAC souligne la nécessité de créer un nouveau code,
de procéder à des changements institutionnels et de trouver des solutions aux
problèmes de mise en œuvre. Il demande instamment non pas la création d’un
autre organe de contrôle, mais plutôt le renforcement de celui qui existe déjà.
Une extension des compétences juridiques et une augmentation du budget
permettraient d’assurer un meilleur fonctionnement du processus de médiation.
Ceci est particulièrement important, le rôle joué par la HAAC et, plus globale-
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ment, le renforcement de la transparence devant conduire à des résultats positifs,
comme une confiance accrue des citoyens et une administration plus efficiente.
Pour conclure ce volet de la QR 2, le vice-­président de la HAAC souligne
que l’accès à l’information du pays est avancé par rapport à d’autres pays. Par
exemple : tout le monde peut avoir accès aux documents conformément à la
loi ; les agents publics qui dénoncent un comportement illégal au sein de l’admi-
nistration sont protégés ; et les citoyens peuvent faire appel devant un tribunal
administratif en cas d’échec de la procédure de médiation.
Troisièmement, les fonctionnaires observent, d’une manière générale, un inté-
rêt croissant pour la transparence chez les citoyens. Selon le répondant 1 (R1),
« les attentes de la population en matière de transparence sont relativement
élevées. C’est le cas aussi en ce qui concerne une gestion plus participative des
administrés ». La plupart des personnes interrogées sont d’accord avec cette
affirmation, même si certaines doutent de son application à l’ensemble de la
population. Parallèlement à cela, les répondants reconnaissent qu’un grand
nombre de demandes proviennent de groupes spécifiques comme les journalistes

10 Entretien avec le vice-­président de l’HAAC, Porto-Novo, Bénin, 26 avril 2017.


154 Revue Internationale des Sciences Administratives 86 (1)

et les OSC. En ce sens, les médias devraient jouer un rôle important en tant
qu’intermédiaires entre les informations divulguées par l’administration et les
citoyens. Comme l’ont exprimé deux répondants, l’accès à l’information est plus
susceptible d’être utilisé par les groupes pour lesquels les données sont utiles sur
le plan professionnel.
Les travailleurs du secteur public interrogés dans le cadre de la présente étude
semblaient enthousiastes à l’idée d’une administration et d’un gouvernement
plus ouverts. Tous considéraient la transparence comme un pilier fondamental
de la démocratie : « la transparence administrative a pour effet de renforcer la
démocratie dans la mesure où les frustrations dues à l’ignorance sont limitées
compte tenu de la fin du secret des communications » (R12). Dans le même temps,
les fonctionnaires font état d’un manque général de ressources pour faire face à
la nouvelle législation. Cela se traduit par un manque de temps pour répondre
aux demandes, par des structures désorganisées et par une mauvaise tenue des
dossiers.
La plupart des personnes interrogées reconnaissaient que la modernisation
du secteur public était nécessaire pour relever le nouveau défi de la liberté
d’information et qu’une « réforme administrative majeure s’imposait » (R7). Des
ressources plus importantes devraient être consacrées aux structures de l’admi-
nistration et les fonctionnaires devraient être mieux formés, notamment en ce
qui concerne la divulgation de documents dans le cadre de la loi sur l’accès à
l’information. Outre le développement de nouvelles structures, l’éducation doit
être fortement encouragée afin de garantir un accès équitable à l’information et
une bonne compréhension de c­ elle-ci, comme le mentionne le R1 :
Il faut résoudre les problèmes liés à l’accès à l’information. Pour ce faire, il faudra
accroître l’alphabétisation et étendre les réseaux de radio et de télévision. L’intensi-
fication de l’éducation des enfants est un facteur fondamental. Au-delà du simple
accès à l’information, il est nécessaire de s’assurer que l’information est bien reçue,
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traitée et comprise pour induire un changement positif dans les comportements.

Par conséquent, nous donnerions une réponse positive à la Q3 : les travailleurs


du secteur public interrogés dans le cadre de la présente étude adoptent une
attitude positive à l’égard du développement de l’accès à l’information. Ils ont des
attentes élevées, d’une manière générale, qui ne sont pas réalisables en raison du
manque de ressources à leur disposition. En même temps, ils encouragent une
réflexion plus large sur l’accessibilité et la compréhension de l’information grâce
à un système d’éducation de meilleure qualité et plus étendu.

Analyse et conclusion
Même si la présente étude porte sur un cas peu documenté dans la littérature, la
construction et les catégories développées plus haut sont basées sur une vision
universaliste fondée sur l’eurocentrisme. Cette affirmation peut aussi s’appliquer
aux « doctrinaires conventionnels » (Darch et Underwood, 2010 : 6), souvent
représentés par des ONG et des coalitions d’activistes. Les recherches ultérieures
devraient aussi adopter d’autres points de vue, par exemple, les universitaires afri-
Mabillard et al. Accès à l’information au Bénin 155

cains qui préconisent le pluralisme culturel comme approche alternative (Darch et


Underwood, 2010 : 248).
D’un point de vue méthodologique, l’étude de cas unique pourrait être
enrichie à l’avenir et étendue à une étude de cas multiple, incluant les pays
voisins. Une recherche comparative plus systématique pourrait s’appuyer sur les
résultats proposés ici pour élargir les connaissances sur l’accès à l’information en
Afrique de l’Ouest. Toutefois, une telle étude nécessiterait des ressources impor-
tantes afin de couvrir l’ensemble de la région. Elle nécessiterait également la par-
ticipation d’universitaires de tous les pays concernés, ainsi qu’une collaboration
soutenue entre les OSC, les universités et les institutions partenaires.
Une autre limite de la présente étude concerne l’absence de citoyens. La popu-
lation n’a pas été interrogée pour notre étude, mais elle pourrait apporter des
éléments supplémentaires et significatifs dans le cadre d’une étude ultérieure, en
apportant des informations essentielles sur la qualité de la mise en œuvre de l’ac-
cès à l’information. Les journalistes peuvent aussi jouer un rôle déterminant, en
exerçant eux aussi une influence majeure (Worthy et Hazell, 2013 : 32). L’étape
suivante consisterait donc à inclure les perceptions des citoyens concernant l’ac-
cès aux documents administratifs afin d’observer le niveau de sensibilisation et la
manière dont l’accès à l’information fonctionne dans la pratique.
Dans le présent article, nous avons vu que des évolutions liées à la transpa-
rence s’observaient actuellement au Bénin, malgré les lacunes observées dans la
littérature et le désintérêt de la plupart des études pour ce pays. Les entretiens
menés avec WANEP-Bénin ont montré que les OSC sont mobilisées et engagées
dans la défense de la cause de l’accès à l’information. Elles sont apparues et se
sont organisées en réseaux pour former une coalition de la société civile, et se
sont jointes aux OSC d’autres pays pour réfléchir aux réformes nécessaires pour
améliorer l’accès aux documents dans la région. Elles font actuellement pression
pour obtenir une législation révisée, plus complète et progressiste en la matière.
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L’un de leurs principaux objectifs est d’établir un organe de contrôle indépendant
et efficace afin de garantir les droits des citoyens en matière d’accès à l’infor-
mation.
L’entretien réalisé avec le vice-­président de la HAAC nous a permis d’iden-
tifier les problèmes de mise en œuvre rencontrés par le Bénin. Au-delà de l’in-
dispensable changement de culture, les problèmes concernent la formation du
personnel, le manque de ressources et de leadership, la gestion des dossiers, le
manque de sensibilisation à la question, ainsi que la diffusion et la compréhen-
sion de l’information. Selon lui, l’augmentation des ressources et la création de
points focaux dans les départements administratifs chargés de traiter la question
de l’accès à l’information devraient naturellement conduire à une amélioration
de la situation.
Même s’ils sont conscients du manque de préparation et de formation du
personnel, les fonctionnaires se montrent enthousiastes à l’égard des réformes
en matière de transparence. Ils préconisent une plus grande transparence grâce
à une modernisation du secteur public et à des réformes importantes. Plus
généralement, la transparence est bien accueillie et encouragée par les fonc-
tionnaires, même si son évolution sera déterminée par la bonne mise en œuvre
156 Revue Internationale des Sciences Administratives 86 (1)

des principaux changements et par la satisfaction des attentes positives (plus de


participation et des citoyens responsabilisés). Ce phénomène est intéressant dans
la mesure où il est rarement observé ailleurs, où les administrations ont tendance
à résister à la transparence dans la plupart des cas.
La présente contribution reste un premier pas vers une étude plus globale
de la transparence dans l’ensemble de la région. Les chercheurs ouest-­africains
et autres doivent continuer à étudier les cas des pays voisins afin de dresser
un tableau plus complet de l’évolution de la transparence dans cette région. Il
convient par ailleurs de privilégier les approches autochtones afin d’éviter les
visions centrées sur les États-Unis ou sur l’Europe, même si nous pensons que
les partenariats et la coopération restent le meilleur moyen d’appréhender le
phénomène dans une perspective globale.
Les recherches futures pourraient permettre aux chercheurs de mener des
études de cas multiples et transnationales. Même si l’Afrique de l’Ouest ne peut
être considérée comme une catégorie spatiale significative à des fins d’analyse,
nous pensons qu’une étude comparative dans la région serait utile et pertinente.
Malgré les différences culturelles (par exemple, entre pays anglophones et fran-
cophones), tous les pays sont confrontés à des défis similaires, qu’ils aient adopté
une loi sur l’accès à l’information ou non. Outre le caractère secret de l’adminis-
tration, les problèmes liés à la capacité administrative et aux obstacles à l’accès
ont également été identifiés dans les pays voisins (Togo, Ghana, Côte d’Ivoire).
Certains s’observent aussi dans d’autres régions du monde, comme les retards
de réponse, le refus d’accepter les demandes ou le manque de connaissance de
la politique (par exemple au Canada et au Royaume-Uni). Ces problèmes doivent
être traités en priorité afin d’assurer une mise en œuvre efficace de la législation
et son respect.
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Vincent Mabillard est assistant de recherche et doctorant à l’Institut de hautes études


en administration publique (IDHEAP), Université de Lausanne, Suisse. Titulaire d’une
maîtrise en sciences politiques de l’Université catholique de Louvain, en Belgique, il
a ensuite travaillé pour l’Institut de diplomatie culturelle (Institute for Cultural Diplo-
macy, ICD) à Berlin et a participé activement à l’initiative citoyenne européenne « Let
Me Vote », basée à Bruxelles. Ses recherches portent notamment sur la transparence
et la responsabilité des gouvernements, les données ouvertes, la confiance dans les
autorités publiques et le branding territorial. Il prépare actuellement sa thèse de
doctorat au sein de l’unité de gestion publique et de marketing. Son travail porte sur
les effets de l’exposition à l’information et de la transparence perçue sur la confiance
dans le gouvernement.
Bellarminus G. Kakpovi est actuellement directeur adjoint du ministère des Sports
de la République du Bénin, en Afrique de l’Ouest. Il enseigne et effectue également
des recherches en communication politique à l’Université de Parakou, au Bénin. Il est
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titulaire d’une maîtrise en ingénierie culturelle de l’Université du Caire et d’une maî-
trise en sciences politiques de l’Université catholique de Louvain, en Belgique. Après
avoir participé au gouvernement précédent en tant qu’attaché de presse au ministère
de l’Industrie et du Commerce, il est retourné en Belgique pour compléter son cursus
par un doctorat en sciences de l’information et de la communication. Il a obtenu
son doctorat en 2014 à l’Université catholique de Louvain et à l’Université libre de
Bruxelles. Ses recherches portent sur la communication politique, l’engagement des
citoyens et la gestion publique.
Bertil Cottier est professeur titulaire de droit de la communication à l’Université de la
Suisse italienne (USI), à Lugano, en Suisse, depuis 2005. Il est aussi professeur agrégé
à l’Université de Lausanne (Faculté de droit) depuis 2006 et professeur invité à l’Uni-
versité de Neuchâtel, en Suisse (Académie de journalisme), depuis 2009. Il a obtenu
son doctorat en droit à l’Université de Lausanne en 1983 et a complété sa formation
par un postdoctorat à l’Université de Columbia, New York, en 1984. Ses activités
de recherche passées comprennent un projet multidisciplinaire sur les passeports
biométriques (volet consacré à la protection des données) et un autre projet sur le
devoir pour les banquiers de dénoncer leurs clients en cas de soupçon de blanchiment
d’argent. Ses recherches portent notamment sur la liberté d’information, la transpa-
rence documentaire et la protection des données.

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