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Les prédiscours | Marie-Anne Paveau
Chapitre 2.
Positions en
sciences du
langage
https://orcid.org/0000-0001-8499-0141
p. 63-84
Texte intégral
Le langage re-produit la réalité. Cela est à entendre de
la manière la plus littérale : la réalité est produite à
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Préconstruit et interdiscours
8 La notion de préconstruit reprise de P. Henry (1975) par M.
Pêcheux et C. Fuchs, est un moyen de décrire comment
l’extralinguistique (ici : l’idéologique) se manifeste dans la
matérialité langagière, en prétendant y avoir toujours été
inscrit, avant la production des discours. Le thème de
l’antériorité (« ça parle avant ») est explicite dans le
préconstruit et la notion est donc de nature à enrichir ma
réflexion sur les prédiscours. Mais on ne peut l’aborder en
dehors de son terreau d’origine, et surtout de son
articulation avec deux autres notions centrales de la
sémantique discursive : l’intradiscours et l’interdiscours.
Pour D. Maldidier, en effet, les trois concepts sont
indissociables : « Je voudrais, déclare-t-elle, mettre l’accent
ici sur ce que, dans ma lecture rétrospective, j’ai considéré
comme la clef de voûte du système, le concept
d’interdiscours dans sa relation avec le préconstruit, élaboré
avec Paul Henry, et l’intradiscours. Ces trois concepts
constituent à mes yeux le fond – décisif – de la théorie du
discours » (Maldidier 1993 : 113).
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27 On sait que c’est la pragmatique qui est visée dans ces lignes,
et plus généralement la conception du sujet promue par les
paradigmes interactionnels et communicationnels7.
28 Si, en effet, le préconstruit est réduit à du simple discours
antérieur (sous forme de discours rapporté par exemple), si
le sujet parlant est l’origine consciente de ses productions
discursives, alors l’assujettissement est réduit au dialogisme,
la domination à l’altérité et le discours à l’intention. Ce ne
sont plus du tout les mêmes enjeux qui sont en question
dans l’analyse des discours en contexte.
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L’épistémologie interactionnelle
43 B. Larsson, linguiste suédois spécialiste de philologie
française, travaille dans une perspective plus sémantique et
largement interdisciplinaire (ses travaux ont été évoqués à
propos de l’intersubjectivité dans le chapitre 1).
44 Dans un ouvrage significativement intitulé Le « bon » sens
commun (1997), il pose la question du sens au sein du débat
entre relativistes et objectivistes. Pour lui, le sens est tout
bonnement équivalent au sens commun, qu’il rebaptise
« bon » sens commun, adoptant clairement une perspective
interactionnelle. Il propose une « conception du sens comme
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Un renouvellement de la sémantique
cognitive : l’archéologie sémantique
54 La réflexion du sémanticien V. Nyckees a pour but de
déplacer l’alternative à laquelle est soumise toute
interrogation sur les rapports entre la langue et le monde et
la catégorisation : objectivisme (théorie des CNS) ou
conceptualisme (théorie du prototype).
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La nécessité de l’histoire
57 V. Nyckees insiste en effet sur les insuffisances de la
sémantique cognitive de G. Lakoff et M. Johnson, malgré la
force de leur modèle. Celui-ci, bien qu’il intègre la dimension
proprement expérientielle de la cognition humaine
(dimension essentiellement corporelle comme le signale le
théorème « Mind is embodied »), est cependant affecté d’un
grave défaut puisqu’il est dépourvu de dimension historique.
Cette lacune signe pour V. Nyckees l’échec du modèle, qu’il
ramène à un mentalisme universalisant sans ouverture sur
l’extériorité de l’expérience :
En fait, l’écrasement de la dimension historique semble bien
témoigner de la persistance d’un cadre de pensée
essentiellement innéiste [...], universaliste,
fondamentalement individualiste et strictement mentaliste,
consacrant l’occultation du rôle cognitif du langage, pensé
comme le reflet d’opérations mentales qui lui préexistent.
C’est sans doute pour de telles raisons qu’en dépit des
attentes quelle a suscitées l’étude de la conceptualisation
humaine par la sémantique cognitive semble marquer le pas.
[...] Une voie plus prometteuse existe pourtant qui devrait
permettre aux études sémantiques prenant en compte la
cognition humaine d’accéder à une meilleure adéquation
empirique tout en élevant leur puissance heuristique. Ce
renouvellement de la sémantique cognitive passe à mon sens
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Notes
1. L’évolution d’un concept par affaiblissement ou réduction, son
« décentrage », est nécessaire à sa transmission, comme le précisent M.-
J. Béguelin et A. Berrendonner dans une réflexion sur « la dérive
terminologique » : « On peut voir dans ce genre de décentrage un
procédé à fonction d’abord cognitive ou épistémologique. Il atteint
souvent des métatermes relativement “neufs”, qui servent à la saisie
conceptuelle initiale d’un phénomène, appréhendé sous ses dehors
prototypiques. Par nature, de tels vocables véhiculent une notion
composite dont l’intérêt opératoire est encore mal identifié. La réduire à
une seule de ses dimensions, c’est alors employer une technique
d’abstraction élémentaire, dont on peut attendre un effet de
généralisation immédiat. La généralisation obtenue est souvent de type
extrapolation : alléger la notion la rend apte à couvrir un domaine de
faits élargis, ce qui permet de s’en servir plus librement et, le cas échéant,
de la vulgariser ou de l’étendre à de nouveaux champs d’étude. La
contrepartie est évidemment le risque de la rendre triviale et d’en venir à
confondre sous elle des phénomènes de nature très différente »
(Béguelin, Berrendonner 2001 : 31-32).
2. Le passage commenté est le suivant : « [...] il existe à un niveau très
profond (vraisemblablement prélexical) une grammaire des relations
primitives où la distinction entre syntaxe et sémantique n’a aucun sens.
On aura ensuite un filtre lexical, avec un certain nombre de règles et
syntaxiques et sémantiques, y compris la modulation rhétorique
(métaphores, glissements de sens), qui ne saurait être ramenée à la
syntaxe (note VII). [...] Après un autre filtrage on obtient une lexis (note
VIII), où les termes sont compatibles avec un ordre, mais ne sont pas
encore ordonnés ; en outre, la lexis est pré-assertive et le passage à
l’assertion (au sens de “énonciation par un sujet”) implique une
modalisation » (Culioli et al. 1970 : 8 ; ital. de l’auteur).
3. Le fait que le préconstruit, comme on le verra, ait son origine explicite
chez P. Henry dans une contestation du présupposé de la pragmatique
intégrée d’O. Ducrot n’empêche pas que le pré-asserté y ait également
déposé quelques traits.
4. « À la place du mythe idéologique d’une philosophie de l’origine et de
ses concepts organiques, le marxisme établit en principe la
reconnaissance du donné de la structure complexe de tout “objet”
concret, structure qui commande, et le développement de l’objet, et le
développement de la pratique théorique qui produit sa connaissance.
Nous n’avons plus d’essence originaire, mais un toujours-déjà-donné,
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aussi loin que la connaissance remonte dans son passé. Nous n’avons
plus d’unité simple mais une unité complexe structurée. Nous n’avons
donc plus, (sous quelque forme que ce soit) d’unité simple originaire,
mais le toujours-déjà-donné d’une unité complexe structurée »
(Althusser 1996 [1965] : 203-204 ; ital. de l’auteur). Il précise plus loin
que « [...] le tout complexe possède l’unité d’une structure articulée à
dominante » (ibid. : 208).
5. J.-J. Courtine critique dès 1991 l’abandon du projet historique par les
analystes du discours : « [...] on voit la dimension historique et critique
s’effacer au profit de la dimension empirique ou de la construction de
procédures formelles ; et parallèlement, l’aspect linguistique de l’analyse
recouvrir à peu près totalement les considérations historiques. L’AD s’est
grammaticalisée » (1991 : 160 ; ital. de l’auteur). Il signale cependant
que cette évolution est inscrite dans la nature même de l’AD :
« Réduction de l’historique au politique, du politique à l’idéologique, de
l’idéologique au discursif, du discursif au syntaxique : le préjugé
philologique qui à présent se répand ouvertement en analyse du discours
y était inscrit silencieusement dès l’origine » (1991 : 169).
6. « “Celui qui sauva le monde en mourant sur la croix n’a jamais existé”.
[...] Ne faudrait-il pas plutôt considérer qu’il y a séparation, distance ou
décalage dans la phrase entre ce qui est pensé avant, ailleurs ou
indépendamment, et ce qui est contenu dans l’affirmation globale de la
phrase ? C’est ce qui a conduit P. Henry à proposer le terme de
préconstruit pour désigner ce qui renvoie à une construction antérieure,
extérieure, en tout cas indépendante, par opposition à ce qui est
“construit” par l’énoncé. Il s’agit en fait de l’effet discursif lié à
l’enchâssement syntaxique » (Pêcheux 1975b, dans Maldidier 1990 :
193).
7. Deux représentantes de cette critique dans la lignée des travaux de M.
Pêcheux : B.-N. Grunig dans « Pièges et illusions de la pragmatique
linguistique » (1979) et J. Authier-Revuz dans Ces mots qui ne vont pas
de soi (1995, tome 1 : 66-67).
8. Jodelet D. 1984, « Représentations sociales : phénomènes, concept et
théorie », in Moscovici S. (éd.), Psychologie sociale, Paris, PUF.
9. « Dans cette perspective, l’inscription de la doxa dans la langue est
postulée relativement à l’organisation d’un système du sens commun lui-
même régi par un dispositif de topoï (ou de topiques). Ces derniers
constituants prédéterminent le procès énonciatif, c’est-à-dire le moment
de la mise en discours, aussi bien que ses contenus et ses orientations.
[...] les formes topiques, marquées dès le stade de la composante lexicale
d’une langue, définissent un plan d’antériorité du discours qui se laisse
caractériser comme “a priori doxique” de la communication. De cette
façon, tout discours sera dit justiciable d’un arrière-plan topique »
(Sarfati 1996 : 35 ; je souligne).
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