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SES TERMINALE 1 POLITIQUES ÉCONOMIQUES

Chapitre 3. Quelles politiques économiques dans le cadre européen ?

I. Les politiques structurelles de l’UE


A. Le choix du marché unique et ses effets attendus sur la croissance
Plan du cours

B. La politique européenne de la concurrence et ses effets


II. Les politiques conjoncturelles de l’UE
A. Une politique monétaire unique, conduite de manière indépendante par la BCE
B. Une politique budgétaire du ressort de chaque pays membre mais contrainte par des traités
C. Une situation qui soulève des difficultés : défauts de coordination et chocs asymétriques

• Connaître les grandes caractéristiques de l’intégration européenne (marché unique et zone euro) ; comprendre les
effets du marché unique sur la croissance.
• Comprendre les objectifs, les modalités et les limites de la politique européenne de la concurrence.
Objectifs

• Comprendre comment la politique monétaire et la politique budgétaire agissent sur la conjoncture.


• Savoir que la politique monétaire dans la zone euro, conduite de façon indépendante par la Banque centrale
européenne, est unique alors que la politique budgétaire est du ressort de chaque pays membre mais contrainte par
les traités européens ; comprendre les difficultés soulevées par cette situation (défaut de coordination, chocs
asymétriques).

• Exposez deux caractéristiques de l’intégration européenne.


• Expliquez, à l’aides d’exemples, deux effets du marché unique sur la croissance
• Quels sont les objectifs et modalités de la politique européenne de la concurrence ?
• Expliquez comment la politique monétaire agit sur la conjoncture
EC1

• Expliquez comment la politique budgétaire agit sur la conjoncture


• Montrez que la politique budgétaire de chaque pays membre de la zone euro est contrainte par les traités européens.
• A l’aide d’un exemple, expliquez comment un choc asymétrique au sein de la zone euro peut soulever des difficultés
dans un contexte de politique monétaire unique.

• Vous montrerez les effets du marché unique sur la croissance


• Vous montrerez comment la politique monétaire et la politique budgétaire agissent sur la conjoncture.
EC3

• Vous montrerez qu’il existe des difficultés de coordination de la politique monétaire et des politiques budgétaires au
sein de la zone euro

• Quels sont les effets de la politique européenne de la concurrence ?


Dissertation

• Quelles sont les difficultés de coordination de la politique monétaire et des politiques budgétaires dans la zone euro ?
• Dans quelle mesure la politique monétaire et les politiques budgétaires peuvent-elles être efficaces dans la zone
euro ?
SES TERMINALE 2 POLITIQUES ÉCONOMIQUES

I. Les politiques structurelles de l’UE


Document 1. Les coûts de la non-Europe

Brexit, essor du protectionnisme, pression populiste… Que se passerait-il ces prochaines années si le marché unique européen se
délitait ? Les échanges entre les pays membres et leur niveau de richesse s’amoindriraient, estime Vincent Vicard, spécialiste du
commerce international au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii) et coauteur d’une étude parue
en avril sur le sujet, « Les coûts de la non-Europe revisités ».
Qu’a changé l’instauration du marché unique, en 1987, pour les pays de l’Union européenne ?
Elle a fait bondir de façon spectaculaire les échanges entre les Etats européens. En moyenne, on estime qu’ils ont progressé de
109 % pour les biens et de 58 % pour les services depuis 1987. Cette hausse est trois fois plus importante que celle apportée par
les accords commerciaux classiques. Et ce, car l’intégration européenne, de loin la plus poussée au monde, comporte de
nombreux éléments non tarifaires, tels que la reconnaissance mutuelle des normes ou les quatre libertés de circulation (biens,
services, personnes, capitaux), qui se renforcent les unes les autres.
Le marché unique a durablement gonflé le produit intérieur brut (PIB) des pays européens de 4,4 % en moyenne. Cela ne prend
pas en compte les bénéfices non économiques, par exemple liés aux politiques communes. En cas de délitement de ce marché, ces
gains seraient effacés. Aucun pays n’en sortirait gagnant. [...]
La hausse des échanges européens a-t-elle, par le jeu de la concurrence, pénalisé les secteurs les plus fragiles ?
A court terme, certains secteurs et régions ont en effet subi des ajustements plus durs. Mais nos modèles montrent qu’à long
terme, les gains l’emportent nettement au niveau macroéconomique. Plus un pays s’ouvre et se spécialise dans les domaines où il
est bon, plus il tire profit de l’intensification des échanges. Mais cela soulève une autre question : l’intégration commerciale rend
les Etats membres beaucoup plus sensibles à la concurrence fiscale ou sociale déloyale. Il est important d’imposer des règles en la
matière.
Marie Charrel, Entretien avec Vincent Vicard, « Europe : « Le marché unique a fait bondir les échanges entre les pays membres »
», Le Monde, 19 mai 2018

1. Décrire. Quels ont été les effets de l’instauration du marché unique européen pour les pays membres ?

• Une augmentation des échanges entre les États européens ;


• Une augmentation du PIB de 4,4 % en moyenne ;
• Des bénéfices non économiques liées aux politiques communes (programmes de coopération comme Erasmus par exemple).

2. Discuter. La mise en concurrence des entreprises européennes a-t-elle eu des effets positifs ?
Dans un premier temps, elle a pu avoir des effets négatifs sur certains secteurs et certaines régions (voir List et la nécessité d’un
protectionnisme éducateur). Sur le long terme, on constate plutôt des gains à l’échange (voir Ricardo et la promotion du libre-échange).

Reprise : L’une des justifications importantes du marché unique concerne ses effets positifs sur la croissance économique :
d’où viennent ces gains supposés ? Quels sont réellement les effets du marché unique ?

3. Argumenter. Pourquoi est-il important, comme le suggère Vincent Vicard, d’imposer des règles en matière de concurrence fiscale et
sociale ?
Les États peuvent être tentés de favoriser leurs entreprises ou d’attirer les entreprises sur leur territoire par une politique sociale ou
fiscale avantageuse : c’est ce qu’on appelle du dumping social ou du dumping fiscal. Les autorités européennes doivent donc intervenir
pour garantir l’existence d’une concurrence loyale au sein du marché unique, en surveillant non seulement les entreprises mais aussi les
États.

Reprise : Pour que le marché unique bénéficie à tous et ne porte pas préjudice à la protection des individus (droit du travail,
sécurité sociale assurée par une politique fiscale progressive) ou de l’environnement, l’UE doit poser un cadre règlementaire et
en assurer le respect. D’où l’existence, notamment, d’une politique européenne de la concurrence, qui s’adresse aux entreprises
comme aux États.
Problématique : Comment le marché unique et la politique de la concurrence visent-ils à stimuler la croissance ?
SES TERMINALE 3 POLITIQUES ÉCONOMIQUES

A. Le choix du marché unique et ses effets attendus sur la croissance

• Connaître les grandes caractéristiques de l’intégration européenne (marché unique et zone euro) ;
Objectifs
• Comprendre les effets du marché unique sur la croissance.

Document 2. Les grandes étapes de l’intégration européenne

Année Approfondissement de l’intégration économique Elargissement du nombre de pays

Création de la CECA (communauté européenne du charbon Europe à 6 : France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Belgique,
et de l’acier) Luxembourg
Suppression des droits de douanes et des restrictions
1951 quantitatives entravant la libre circulation du charbon et de
l’acier et Création d’une Haute Autorité, organe
supranational chargé d'élaborer les politiques relatives au
charbon et à l'acier.

Traité de Rome instituant la CEE (marché commun) et


1957
définissant les bases de la PAC (politique agricole commune)

Mise en place de la PAC Fixation d’un prix agricole unique


1962
et préférence communautaire

Elimination complète des droits de douane à l’intérieur de la


1968
CEE et création d’un tarif extérieur

Création du serpent monétaire (système de taux de change Europe à 9 : entrée du Royaume-Uni, de l’Irlande et du
1973
quasi fixe entre monnaies européennes) Danemark

1979 Création du système monétaire européen (principe similaire)

1981 Europe à 10 : entrée de la Grèce

Acte unique européen : propose pour le 1er janvier 1993


l’élimination des obstacles résiduels aux échanges (obstacles
fiscaux, différences de normes techniques, privilèges
accordés aux entreprises nationales…)
1985
Accord de Schengen : suppression graduelle, par cinq Etats-
membres, des contrôles aux frontières communes compensée
par une surveillance plus efficace de leurs frontières
extérieures.

1986 Europe à 12 : entrée de l’Espagne et du Portugal

1990 Libre circulation des capitaux au sein de l’Union

Adoption du traité de Maastricht organisant le passage à la


1992
monnaie unique

1995 Europe à 15 : Autriche, Finlande et Suède

Traité d’Amsterdam. Mise en place d’un Pacte de Stabilité et


1997 de croissance visant à limiter les déficits budgétaires des
Etats

1999 Passage à la monnaie unique : L’Euro


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Europe à 25 : Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne,


2004 République Tchèque, Slovaquie, Hongrie, Slovénie, Malte et
Chypre

2007 Europe à 27 : Roumanie et Bulgarie.

Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance


2012 (TSCG) renforçant les règles budgétaires de déficits et de
dette publics

2013 Europe à 28 : Croatie

Europe à 27 : « Brexit » - Le Royaume-Uni quitte


2020 officiellement l’UE, 4 ans après le vote par référendum de ses
concitoyens.

Synthétiser. A l’aide du document 2, complétez le tableau suivant :

Forme d’intégration
Définition Dates/événements clés en Europe
régionale

Zone de libre-échange Suppression des barrières douanières à l’intérieur de la 1951 : CECA


zone, libre circulation des marchandises 1957 : Traité de Rome (CEE)

Union douanière Zone de libre-échange + droits de douane communs 1968 : Tarif extérieur commun
vis-à-vis des pays extérieurs à la zone

Marché unique Union douanière + libre circulation des travailleurs et 1985 : Acte unique européen
des capitaux dans la zone 1990 : Libre circulation des capitaux
1993 : Instauration de l’UE

Union économique Marché unique + politiques économiques harmonisées 1951 : Haute Autorité de la CECA
(agriculture, fiscalité, politiques budgétaires…) 1962 : PAC

Union économique et Union économique + monnaie commune + unification 1973 : Serpent monétaire
monétaire ou harmonisation des politiques monétaires et 1979 : SME
budgétaires 1992 : Traité de Maastricht
1997 : Traité d’Amsterdam (PSC)
1999 : Monnaie unique (euro)
2012 : TSCG

Union sociale et politique Union économique et monétaire + mise en œuvre de


politiques sociales communes (par exemple sur la
protection sociale)
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https://europa.eu/learning-corner/play-games_fr?your_age=84&topic=All

Schéma au tableau à compléter

Bilan. Le choix du marché économique et ses effets


L’intégration économique européenne résulte d’un long processus qui débute avec le traité de Rome en 1957 et est renforcé par l’Acte
unique européen en 1986. La construction d’un vaste marché unique repose sur quatre libertés fondamentales : libre circulation des
marchandises, des services, des personnes et des capitaux. En 1992, le traité de Maastricht instaure des critères de convergence
économique entre les pays qui souhaitent adopter l’euro, qui entrera en vigueur en 1999. En instaurant des règles budgétaires et une
monnaie unique, la zone euro devient alors une union économique et monétaire.

Il faut cependant noter, d’une part, que ce processus d’intégration n’est pas linéaire : l’harmonisation des politiques économiques a ainsi
existé dès 1951 concernant le charbon et l’acier, alors même qu’il n’existait pas encore de marché unique. D’autre part, le processus
d’intégration n’est pas achevé : les politiques sociales, en particulier, restent encore largement du ressort des Etats-membres.

La principale justification du marché unique est le renforcement de l’efficacité économique et de la croissance, via trois canaux :

 Celui des gains à l’échange : la constitution d’un marché unique permet une spécialisation internationale fondée sur les
avantages comparatifs. C’est la thèse de David Ricardo : le libre-échange permet une meilleure allocation des facteurs de
production vers les secteurs les plus productifs ou les moins improductifs au sein de chaque pays, donc un accroissement de la
richesse produite.

 Celui des économies d’échelle : la constitution d’un vaste marché accroît les débouchés des entreprises, qui peuvent produire
en plus grande quantité et réalisent donc des économies d’échelle. Le libre-échange permet alors la baisse des coûts de
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production et donc des prix, ce qui stimule le pouvoir d’achat des agents économiques donc aussi leur consommation, source
de croissance économique.

 Celui de la compétitivité : la constitution d’un marché unique a enfin des effets, par l’intermédiaire de l’intensification de la
concurrence, sur la recherche de compétitivité par les entreprises via l’innovation et la baisse des prix, ce qui permet aux
producteurs européens d’augmenter le volume de leurs exportations, sources de croissance économique.

B. La politique européenne de la concurrence et ses effets

• Comprendre les objectifs, les modalités et les limites de la politique européenne de la


Objectifs concurrence.

Travail en groupe : Constituer 7 groupes (de 3 ou 4), leur attribuer une affirmation et le document correspondant. Dans un
premier temps, chaque petit groupe travaille sur son paragraphe argumenté. Dans un second temps, une fois que chaque groupe
a été validé, les groupes sont éclatés pour constituer trois grands groupes comprenant au moins un·e porte-parole pour chaque
sujet. Les porte-parole rendent compte de leur travail, dans l’ordre des documents, et les autres prennent des notes.
Consigne de départ: À partir de l’affirmation et du document qui vous ont été attribués, construisez un paragraphe argumenté
AEI.

Groupe A. La politique européenne de la concurrence lutte contre les ententes illicites.


Document 3a. De lourdes amendes pour le cartel des armateurs et équipementiers automobiles

La Commission européenne a sanctionné mercredi, pour avoir participé à un cartel, des équipementiers automobiles,
notamment Bosch et Continental, et quatre armateurs transportant des véhicules, ces derniers écopant d’amendes d’un montant
total de 395 millions d’euros.
Le Suédois WWL-EUKOR a écopé de la plus grosse sanction (207 millions d’euros), suivi des Japonais NYK (près de 142
millions d’euros) et « K » Line (39 millions euros) et du Chilien CSAV (7 millions d’euros).
Le Japonais MOL, qui avait révélé l’existence de cette entente, a bénéficié d’une totale clémence, évitant ainsi une amende de
près de 203 millions d’euros.
Pendant près de six ans, d’octobre 2006 à septembre 2012, ces cinq entreprises de transport ont constitué une entente sur le
marché du transport en haute mer de voitures neuves, de camions neufs et d’autres véhicules neufs de grande taille comme des
moissonneuses-batteuses et des tracteurs, sur différentes liaisons entre l’Europe et d’autres continents. Ces entreprises «
coordonnaient les prix, se répartissaient la clientèle et échangeaient des informations commercialement sensibles ».
« Cartel : armateurs et équipementiers automobiles écopent de lourdes amendes de l’UE », © Agence France Presse, 21 février
2018.
Le saviez-vous ? La plus grosse amende a été infligée au « cartel des camions » pour un montant de 2,93 milliards d’euros.
Ces fabricants de camions s’étaient entendus pendant quatorze ans sur le prix de vente des poids lourds et sur la répercussion
des coûts de mise aux normes environnementales sur les clients.

Groupe B. L’Union européenne a mis en place différents


mécanismes pour lutter contre les ententes illicites.
Document 3b. Quelles sanctions pour lutter contre les
ententes ?

L’amende de base est fixée de manière forfaitaire (selon la gravité


de l’infraction et sa durée), puis la Commission module le niveau de
sanction en fonction de facteurs aggravants (tels que la récidive) ou
atténuants (la collaboration avec les autorités […] de la
concurrence) pour atteindre le montant final, lequel ne peut […]
excéder 10 % du chiffre d’affaires mondial hors taxes des firmes.
Afin de pouvoir prouver l’existence des ententes pour lesquelles elle
investigue, la Commission européenne a mis en place depuis 1996
un programme de clémence […] sur le modèle américain qui permet
à la firme impliquée dans la collusion de bénéficier d’une annulation
ou d’un allègement de son amende si celle-ci dénonce l’entente
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et/ou apporte la preuve de son existence. D’autre part, depuis mars 2017 a été mis en place un nouvel outil de lancement
d’alertes anonymes […] à l’intention des particuliers qui souhaiteraient dénoncer des pratiques anticoncurrentielles dont ils
seraient le témoin.
Jean-Christophe Defraigne et Patricia Nouveau, Introduction à l’économie européenne, De Boeck Supérieur, 2 e éd., 2017.

Groupe C. La politique européenne de la concurrence lutte contre les abus de position dominante.
Document 3c. Google sanctionné pour la troisième fois pour abus de position dominante

Et de trois. La Commission
européenne a sanctionné,
mercredi 20 mars, Google
d’une nouvelle amende pour
abus de position dominante :
1,49 milliard d’euros. Cette
fois-ci, la décision concerne
AdSense for Search, un
système de publicité
contextuelle du leader
mondial de la recherche en
ligne. « Entre 2006 et 2016,
Google a eu un
comportement illégal avec
AdSense for Search », a
estimé M me Vestager. Ce service permet à tous types de sites Web d’installer sur leurs pages un moteur de recherche de
Google qui, quand un internaute tape un mot-clé, affiche des liens de publicité contextuelle. Si le visiteur clique sur ces liens,
Google et le site qui affiche AdSense for Search sont rémunérés. Le problème, selon la Commission, est que Google a limité
artificiellement la possibilité, pour les sites, d’utiliser des services d’affichage de publicités contextuelles concurrents : d’abord,
le géant de la recherche en ligne a imposé, dans ses contrats, « l’exclusivité » de son service, de 2006 à 2009. Puis il a exigé
que les partenaires affichent « un minimum de liens publicitaires » d’AdSense for Search et lui réservent « les meilleurs
emplacements ».
Cécile Ducourtieux et Alexandre Piquard, « Concurrence : Google de nouveau mis à l’amende par Bruxelles »,
www.lemonde.fr, 21 mars 2019.

Groupe D. La politique européenne de la concurrence régule les opérations de fusions-acquisitions


Document 3d. Une politique de la concurrence préventive : le contrôle des concentrations

La Commission européenne a rejeté mercredi le projet de fusion 1 entre Alstom et Siemens, censé créer un champion européen
du ferroviaire avec le soutien de Paris et Berlin face à la concurrence internationale, notamment chinoise… Selon la
Commission, la fusion aurait notamment porté atteinte à la concurrence sur les marchés des systèmes de signalisation et des
trains à très grande vitesse (TGV). L’entité issue de la fusion serait ainsi devenue le « leader incontesté » sur plusieurs marchés
de la signalisation des grandes lignes et des lignes urbaines et aurait réduit « de façon significative » la concurrence pour le
matériel roulant TGV, au préjudice des clients européens… « L’intérêt pour cette fusion a été très important de la part de
l’Allemagne et de la France, mais il y a 26 autres pays qui eux aussi ont un intérêt pour ce marché », a souligné Margrethe
Vestager lors d’une conférence de presse. « Ce n’est pas seulement ceux qui crient le plus fort qu’il faut écouter. » […] « Aucun
fournisseur chinois n’a jamais participé à un appel d’offres en matière de matériel de signalisation en Europe ou fourni un seul
train à très grande vitesse à l’extérieur de la Chine », a répondu Margrethe Vestager, selon qui « il n’y a aucune perspective
d’entrée des Chinois sur le marché européen dans un avenir prévisible ».
« Bruxelles refuse la fusion entre Alstom et Siemens », www.latribune.fr, 6 février 2019.
1. Les fusions sont une des formes de concentration.
Le saviez-vous ? Seulement 0,5 % des fusions ont été refusées depuis 1990 par la Commission européenne. Depuis 2009, 96 %
des concentrations ont été autorisées sans condition par la Commission européenne.
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Groupe E. La politique européenne de la concurrence régule les aides d’État


Document 3e. Des aides octroyées à Ryanair jugées illégales

La France va devoir récupérer auprès de la compagnie aérienne Ryanair 8,5 millions d’euros considérés comme des aides
illégales […].
« Il ressort de notre enquête que certains paiements effectués par les autorités locales françaises en faveur de Ryanair pour
promouvoir l’aéroport de Montpelleier ont donné à Ryanair un avantage déloyal et sélectif sur ses concurrents et porté
préjudice à d’autres régions et aéroports régionaux », explique la commissaire européenne à la concurrence Margrethe Vestager
[…].
Selon la Commission, l’Association de promotion des flux touristiques et économiques (APFTE), une association indépendante
de l’aéroport de Montpellier, a passé entre 2010 et 2017 différents contrats avec Ryanair « en échange de la promotion de
Montpellier et de la région environnante en tant que destination touristique sur le site de Ryanair ».
L’exécutif européen a conclu que ces contrats « étaient financés au moyen de ressources d’État et étaient imputables à l’État »,
étant donné que l’APFTE est financée « presque intégralement par des entités publiques françaises régionales et locales ». Il
estime également que les paiements effectués sur la base des contrats « servaient uniquement de mesure incitative pour que
Ryanair maintienne ses activités à l’aéroport de Montpellier ».
« Les aides octroyées à Ryanair pour l’aéroport de Montpellier jugées illégales », Le Figaro avec AFP, 2 août 2019

Groupe F. La politique européenne de la concurrence peut entrer en contradiction avec la politique


industrielle
Document 3f. Une politique industrielle victime de la politique de la concurrence ?

L’Affaire Alstom-Siemens1 est instructive […] : rejet de la fusion au nom d’une conception étriquée du marché pertinent 2,
déclaration imprudente sur l’absence de concurrence chinoise à la veille d’une acquisition majeure de la chinoise CRCC en
Allemagne3, refus de prendre en compte les asymétries entre politiques de la commande publique en Chine et en Europe 4, mise
en avant du « trésor » qu’est la politique de la concurrence européenne dans la lutte contre les rentes. […]
Inventer une politique industrielle europénne n’est […] pas chose aisée car c’est la nature de la construction européenne qui est
en cause : la politique de la concurrence est de nature quasi-constitutionnelle, l’objet même de la Commission est de démanteler
les champions nationaux surtout ceux qui agissent dans le secteur des services publics en réseau.
Elie Cohen, « Souveraineté économique européenne, Une contradiction dans les termes ? », Jéco, www.journeeseconomie.org,
6 novembre 2019
1. Alstom et Siemens sont deux entreprises européennes leaders dans le domaine de la construction ferroviaire.
2. Ici réduit à l’UE. Si le marché pertinent est le marché mondial, la fusion peut être considérée comme ayant une influlence limitée
sur la concurrence.
3. En août 2019, l’entreprise chinoise de construction ferroviaire CRCC a racheté le constructeur allemand de locomotives Vossloh.
4. Par ses commandes, l’État peut favoriser le développement des entreprises , c’est une pratique très répandue en Chine. En Europe,
cette pratique se heurte à la politique de la concurrence.

Groupe G. La politique européene de la concurrence entraîne une libéralisation des monopoles d’État aux
effets controversés
Document 3g. Plus de concurrenc e : plus d’efficacité ou plus
d’inégalités ?

Depuis les années 1980, l’Union européenne et les Etats membres ont
conduit des politiques de libéralisation des services publics de réseau
(communications, énergie, transports), avec l’ouverture progressive à la
concurrence d’activités jusque-là organisées en situation de monopole
national ou territorial. […]

Dessin de Jacques Beltramo


SES TERMINALE 9 POLITIQUES ÉCONOMIQUES

[Selon une étude], si on introduit de la concurrence, celle-ci tend à être oligopolistique :


seul un petit nombre d’entreprises entrent en jeu, souvent à l’échelle européenne (le
marché de l’électricité est ainsi dominé entre quatre acteurs), ce qui limite la concurrence
et leur donne beaucoup de latitude pour fixer les prix ou la variété des services. On se
retrouve ainsi avec les défauts du monopole... sans ses avantages ! [...] Les opérateurs
tendent à développer des segmentations sociales et territoriales et à diversifier leurs
activités comme leurs terrains d’action, mettant en cause les principes antérieurs d’égalité
de traitement ou d’universalité. La rentabilisation financière devient prioritaire au risque
d’entraver la durabilité. On observe un recours à des externalisations croissantes aux effets
négatifs sur la société. Enfin, dans le domaine des relations sociales, la tendance est à la
précarisation des emplois (emplois temporaires, mini-jobs, travail en statut d’indépendant
ou sous-traité, salarisation et/ou formations internes réduites, reconversions
professionnelles plus fréquentes... ) davantage qu’à une généralisation du dumping social.

Dessin de Faujour

Bilan. Objectifs et modalités de la politique de la concurrence


L’instauration d’un marché unique n’est cependant pas nécessairement synonyme d’intensification de la concurrence. Dans les secteurs
où existent des économies d’échelle peut se former un monopole naturel : l’entreprise ayant la part de marché la plus importante
arrivera progressivement à évincer tous ses concurrents grâce à des coûts de production plus faibles. Des entreprises peuvent également
vouloir fusionner ou former des ententes pour éviter de se concurrencer. Des Etats peuvent également vouloir apporter un soutien à
leurs entreprises nationales en faussant la concurrence.

C’est pour cela qu’il existe dans l’UE une politique de la concurrence qui régule, encadre et favorise la concurrence, afin qu’elle soit
« libre et non faussée ». Cette politique est mise en œuvre par la Commission européenne pour les cas impliquant au moins 3 Etats
membres, et par les autorités nationales de la concurrence pour les autres cas. L’objectif est de favoriser la protection des
consommateurs – qui peuvent être des ménages ou des entreprises – la concurrence étant supposée permettre la baisse des prix et
favoriser l’innovation et la diversité des produits.

La politique de la concurrence comprend quatre volets principaux :

 la lutte contre les ententes illicites : les entreprises qui formeraient des cartels et s’entendraient par exemple sur le prix de
vente de leurs produits pour ne pas avoir à se livrer de concurrence par les prix peuvent être sanctionnées d’ amendes pouvant
s’élever jusqu’à 10% du chiffre d’affaires mondial du groupe.

 la lutte contre les abus de position dominante : de mêmes amendes peuvent sanctionner les pratiques d’entreprises qui
profitent de leur position dominante sur un marché pour adopter des pratiques visant à éliminer des concurrents ou obtenir des
avantages injustifiés. Sont ainsi interdits les prix prédateurs (vendre à un prix inférieur à ses coûts de production pour
éliminer les concurrents) ou les ventes liées (lorsqu’une entreprise ne vend un produit qu’à condition que le client n’achète
également un autre de ses produits).

 la régulation des opérations de fusions-acquisitions : les entreprises soumettent leurs projets de fusions-acquisitions aux
autorités qui peuvent les refuser si elles estiment que la nouvelle entité détiendrait une part de marché trop importante,
restreignant la concurrence (cela se produit très rarement) ou bien à les accepter sans ou avec des conditions (très souvent en
cédant une partie des activités de la nouvelle entité à des concurrents pour préserver la concurrence).

 la régulation des aides d’État aux entreprises nationales : ces aides (prêts à taux faibles, subventions publiques,
exonérations fiscales…) sont interdites sauf si elles participent au bon fonctionnement de l’économie (aides à une région ou à
un secteur en difficulté, aides favorisant la Recherche-Développement, actions en faveur des PME ou de la protection de
l’environnement, ou encore en faveur de la préservation du patrimoine).

La politique de la concurrence est parfois accusée de s’opposer à la politique industrielle, en nuisant à l’émergence de grands
champions européens, particulièrement dans des secteurs stratégiques et de haute technologie. Les entreprises européennes affirment
parfois être pénalisées par rapport à leurs concurrents étasuniens ou chinois où la politique de la concurrence serait mise en œuvre de
manière bien moins stricte, notamment concernant les aides d’Etat. Or, de grands groupes européens seraient un facteur d’innovation, de
croissance et d’emploi.

De plus, l’ouverture à la concurrence des anciens monopoles publics (dans le secteur des télécommunications, du courrier, de l’énergie
ou du transport ferroviaire) est parfois accusée de remettre en cause les services publics. La nécessité de la compétitivité en situation de
concurrence peut en effet amener les opérateurs à délaisser les activités non rentables ou à leur appliquer des tarifs élevés, quand bien
même ces activités pouvaient être considérées comme socialement indispensables (distribution de courrier dans des zones reculées,
fourniture d’électricité à de faibles tarifs pour les foyers modestes, liaisons en train entre certaines zones même s’il y a peu de
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voyageurs…). L’ouverture à la concurrence de ces secteurs dans l’UE s’est néanmoins accompagnée d’une garantie de service universel
(accessibilité et qualité pour tous), mais que certains jugent minimale.

II. Les politiques conjoncturelles de l’UE


Document 4. Quelle politique monétaire face au variant Omicron ?

Depuis le déferlement du Covid-19 en Europe en mars 2020, et la mise sous cloche des économies, la BCE a mené une
intervention historique, injectant environ 2 000 milliards d’euros, aux trois quarts par l’intermédiaire d’un plan pandémie, dit
PEPP (« pandemic emergency purchase programme »), et un quart en continuant l’intervention qui était déjà en place avant le
Covid, dite APP (« asset purchase programmes »).
Les premiers mois de la pandémie, alors que la tempête se levait sur les marchés financiers, la BCE injectait environ 150
milliards d’euros par mois ; depuis, le rythme oscille entre 80 et 100 milliards par mois. Il va désormais être réduit, sans doute
autour de 70 milliards d’euros, au premier trimestre 2022. Ensuite, à partir d’avril, les achats du PEPP cesseront. Ils seront
remplacés uniquement par l’APP, au rythme de 40 milliards par mois au deuxième trimestre, puis 30 milliards par mois au
troisième trimestre et enfin 20 milliards par mois au-delà, sans limite de temps.
La BCE est condamnée à un délicat exercice de funambule, prise en étau entre plusieurs forces contradictoires. D’un côté,
l’inflation dépasse désormais largement son mandat officiel de 2 %. En zone euro, elle a atteint 4,9 % en novembre, déjouant
mois après mois toutes les prévisions. Dans certains pays, la flambée commence à sérieusement inquiéter : 6 % en Allemagne,
7,1 % en Belgique, entre 7,4 % et 9,3 % dans les trois pays baltes (3,4 % en France). En temps normal, un tel niveau obligerait
un resserrement de la politique monétaire.
Mais de l’autre côté, la situation sanitaire − et donc économique − demeure très fragile. Avant même l’apparition du variant
Omicron, les restrictions étaient de retour, particulièrement dans les pays germanophones, où le taux de vaccination est plus
faible : fermeture des bars et restaurants plus tôt, imposition de passes sanitaires, limites pour les grands événements… Le
nouveau variant vient aggraver la situation. [...]
Prises entre ces deux tendances contradictoires, de nombreuses banques centrales ont choisi de donner la priorité à la lutte
contre l’inflation. Mercredi, la Fed a annoncé qu’elle cesserait ses achats d’actifs sur les marchés dès mars. Ses membres
anticipent trois hausses de taux en 2022. Une série d’autres banques centrales ont commencé à augmenter leurs taux. […]
Eric Albert, « Entre variant Omicron et inflation, la Banque centrale européenne choisit une politique monétaire très
accommodante », Le Monde, 16 décembre 2021

1. Repérer. De quelle manière la Banque centrale européenne est-elle intervenue face au Covid-19 ? Pourquoi ?
Elle a « injecté » des liquidités via l’achat de titres sur les marchés financiers (actions et obligations). Pour rappel, la banque centrale a le
pouvoir de créer de nouvelles liquidités.

2. Expliquer. Pourquoi cette intervention est-elle remise en cause aujourd’hui ?


Cette politique monétaire accommodante peut encourager le phénomène d’inflation. Or, la BCE a également pour rôle de contenir la
hausse des prix et l’inflation dépasse aujourd’hui son objectif de 2 %: elle était de 4,9 % en moyenne dans l’UE en novembre.

3. Déduire. Quels sont deux objectifs, potentiellement contradictoires, poursuivis par la BCE ?
La BCE cherche à la fois à contenir l’inflation et à soutenir l’activité économique.

Reprise : Une politique conjoncturelle est une politique qui vise à influencer à court terme le niveau de l’activité économique ,
principalement en recherchant la croissance et en limitant l’inflation et le chômage . Les politiques conjoncturelles visent donc
deux types d’objectifs, la stabilité des prix et la croissance économique. La stabilité des prix est ainsi l’objectif premier de la
politique monétaire européenne menée par la BCE. Cependant, celle-ci peut entrer en contradiction avec la volonté des Etats
membres de mener des politiques budgétaires expansionnistes pour stimuler la croissance. Comment l’UE s’y prend-elle pour
gérer ces objectifs contradictoires ?

Problématique : Comment la politique monétaire europénne et les politiques budgétaires de ses États-membres agissent-elles sur
la conjoncture ?
SES TERMINALE 11 POLITIQUES ÉCONOMIQUES

A. Une politique monétaire unique, conduite de manière indépendante par la BCE

• Comprendre comment la politique monétaire agit sur la conjoncture.


Objectifs • Savoir que la politique monétaire dans la zone euro, conduite de façon indépendante par la
Banque centrale européenne, est unique.

1.La banque centrale européenne

Document 5. La banque centrale


La création monétaire | Citéco (citeco.fr) et une banque centrale, à quoi ça sert ? - YouTube

1. Repérer . À l’aide de la première vidéo, quel acteur crée de la monnaie ? Comment et à quelle condition ?

2. Repérer . En vous appuyant toujours sur la première et deuxième vidéo, définissez ce qu’est qu’une banque centrale . Quels sont ses
rôles et ses fonctions de base ?

3. Expliquer. Expliquer à l’aide de la deuxième vidéo pourquoi la banque centrale cherche-t-elle à stabiliser les prix ?

2. La politique monétaire

Document 6. BCE et politique monétaire restrictive : instruments et mécanismes

3. Les différences entre banques centrales


SES TERMINALE 12 POLITIQUES ÉCONOMIQUES

Document 7. BCE et Fed : des objectifs différents


Croissance du PIB, taux de chômage et inflation aux
États-Unis et dans la zone euro
États-Unis
2008 2009 2015 2018
Croissance -0,1 - 2,8 2,9 2,9
Chômage 5,8 9,3 5,3 3,9
Inflation 3,8 -0,8 0,12 2,44
Zone euro
Croissance 0,5 -4,5 2,1 1,9
Chômage 7,6 9,2 10,9 8,2
Inflation 3,3 0,3 0,2 1,8
Sources : données Eurostat et OCDE

1. Lire. Que signifient les données soulignées ?

2. Décrire . Comparez la situation économique de la zone euro


avec celle des États-Unis après la crise de 2008 et depuis 2015.

3. Analyser . Comment les taux d’intérêt de ces deux banques centrales ont-ils évolué durant ces deux périodes ?

4. Déduire . La BCE et la FED poursuivent-elles les mêmes objectifs ?

Bilan. Une politique monétaire unique, conduite de manière indépendante par la banque centrale
Dans l’Union européenne, depuis la création de l’euro, la politique monétaire est menée par la (Banque centrale européenne) qu
poursuit un objectif prioritaire : (qui prime sur les objectifs de croissance et d’emploi). Concrètement, la BCE
veille à maintenir l’inflation à un niveau inférieur à, mais proche de, par an à moyen terme. C’est seulement si cet objectif est atteint
qu’elle peut tenter de satisfaire ses autres objectifs de et d’emploi.

Les traités européens accordent à la BCE une vis-à-vis du pouvoir politique (c’est-à-dire des gouvernements des différents
pays membres). La Banque centrale mène sa politique monétaire conventionnelle en faisant varier son , c’est-à dire
le taux d’intérêt auquel elle prête à court terme la monnaie centrale qu’elle crée aux banques (qui en ont besoin pour
faire face aux demandes de retraits en billets de leurs clients ou pour réaliser les paiements ).

Lorsque l’inflation est trop élevée, la BCE son taux directeur, ce qui le coût de refinancement des banques
commerciales. Ces dernières vont alors répercuter cette sur leurs clients, en accroissant les taux d’intérêts sur les crédits à la
consommation et à l’investissement. Comme il devient coûteux d’emprunter pour les ménages et les entreprises, ces derniers
renoncent à certains projets, ce qui affaiblit la et permet un ralentissement de l’inflation. Notons cependant que cela peut en
même temps se traduire par une augmentation du , illustrant le dilemme des banques centrales : leur lutte contre l’inflation peut
se faire au détriment de l’emploi.

A l’inverse, en période de crise économique, c’est plutôt la des prix et l’explosion du qu’il fut craindre. La banque
centrale alors ses taux directeurs pour favoriser le crédit et relancer la . C’est ce qui explique que depuis la crise des
de 2008, la BCE maintienne un taux directeur extrêmement bas, aujourd’hui à 0%. Ce niveau plancher n’offrant pas de marge de
manœuvre supplémentaire pour une politique monétaire de relance, la BCE s’est depuis lancé dans des politiques monétaires non
conventionnelles, visant à influencer différemment les taux d’intérêts à long terme dans l’économie. Elle s’est ainsi lancée, grâce à son
pouvoir de création monétaire, dans un programme d’achat massif, sur les marchés secondaires (marchés de l’occasion) d’
émises par les Etats de la zone euro. Ces derniers peuvent ainsi financer leur dette à des très faibles (voire négatifs pour des pays
comme l’Allemagne et la France), et cela bénéficie par ricochet aux de la zone euro qui peuvent également emprunter à taux
faible, ce qui soutient la via le crédit.

B. Une politique budgétaire du ressort de chaque pays membre mais contrainte par des traités
SES TERMINALE 13 POLITIQUES ÉCONOMIQUES

• Comprendre comment la politique budgétaire agit sur la conjoncture.


Objectifs • Savoir que la politique budgétaire est du ressort de chaque pays membre mais contrainte par les
traités européens.

Encadré : Les règles budgétaires et leurs fondements : critères de Maastricht » (1992), Pacte de stabilité et de
croissance (1997) et pacte budgétaire européen (2011)

En 1992, le traité de Maastricht impose que les pays souhaitant intégrer l’euro respectent 2 critères budgétaires :
- Des déficits publics inférieurs à 3% du PIB
- Une dette publique inférieure à 60 du PIB
Ces objectifs sont repris en 1997 dans le pacte de stabilité et de croissance, qui prévoit que les pays qui auront adopté l’euro devront
respecter ces règles budgétaires sous peine de sanctions (y compris financières), sauf "circonstances exceptionnelles".
L’objectif de ces règles était avant tout que les économies des pays de la zone euro convergent dans un contexte où la politique
monétaire, devenue unique, ne peut être adaptée à la conjoncture particulière de chacun d’entre eux. Il s’agit également d’éviter les
comportements de « passagers clandestins » d’un pays qui pratiquerait massivement le déficit budgétaire en espérant que les autres pays
ne fassent pas de même, ce qui lui permettrait de profiter de taux d’intérêt plus faibles permis par la monnaie unique.
En 2011, pour éviter que ne se reproduise la crise grecque (la Grèce, surendettée après la crise des subprimes, est incapable de
rembourser intégralement ses créanciers) , ces règles sont renforcées par le « pacte budgétaire européen » :
- Outre la règle des 3% pour le déficit courant, le déficit structurel » - c’est-à-dire hors effets de la conjoncture - ne devra pas dépasser
0,5% du PIB (ou 1% pour les pays dont la dette est inférieure à 60% du PIB)
- Les pays dont la dette dépasse 60% du PIB doivent réduire l'écart entre leur niveau de dette et la barre des 60% à un rythme moyen d'un
vingtième par an sous peine de sanction.
Ces règles budgétaires sont cependant aussi contestées car leur sévérité peut avoir un effet récessif : réduire la dette publique peut parfois
entraîner un effet multiplicateur « négatif », aggravant une crise économique avant de la réduire. La limite de 60% d’endettement public
apparaît historiquement datée : en 2021, après la crise du Covidd-19, la dette publique de l’ensemble de la zone euro dépassait les 100%
du PIB de la zone.

Document 8. Des politiques budgétaires de relance pour soutenir la demande


http://dessinemoileco.com/austerite-ou-relance-comment-choisir/

1. Définir. Qu’est-ce qu’une politique de relance ? Qu’est-ce qu’une politique d’austérité ?

2. Expliquer. À l’aide d’un schéma, représentez l’effet multiplicateur d’une politique de relance.

3. Expliquer. Pourquoi certains économistes considèrent que le multiplicateur est supérieur à 1 alors que d'autres considèrent qu'il est
inférieur à 1?

4. Expliquer. Expliquez pourquoi connaître la valeur du multiplicateur est essentiel pour savoir s'il faut pratiquer une politique de
relance ou d'austérité pour réduire le poids de la dette dans le PIB.

5. Déduire. En quoi les règles budgétaires européennes sont-elles contraignantes pour mener des politiques budgétaires de relance ?
SES TERMINALE 14 POLITIQUES ÉCONOMIQUES

Document 9. Crise sanitaire et règles budgétaires européennes

La suspension des règles budgétaires européennes jusqu’à la fin de 2022 fait plutôt consensus. Leur future réforme, moins.
Quand et comment revenir à la normale ? La crise liée au Covid-19 a mis à terre l’économie européenne et fait voler en
éclats les règles budgétaires encadrant les finances des pays de la zone euro. Cela fait un an maintenant que la Commission a
suspendu le pacte de stabilité et de croissance, qui leur imposait de limiter leur déficit et leur dette publics à respectivement 3 %
et 60 % du PIB. Et il est, à ce stade, prévu que cette « clause de sauvegarde », qui a été activée afin de permettre aux
gouvernements de faire face aux ravages de la pandémie, reste en place jusqu’à la fin 2021.[…]

Ne pas répéter 2008 […] Le débat devrait donc commencer au second semestre. Avec un objectif partagé, à Bruxelles et par
les Vingt-Sept : ne pas répéter les erreurs de la crise de 2008, quand les Européens ont, à sa sortie, drastiquement coupé dans
leurs investissements pour réduire leur dette, entamant ainsi lourdement leur potentiel de croissance.
Par Virginie Malingre (Bruxelles, bureau européen), « L’Europe prête à prolonger la suspension du pacte de stabilité jusqu’à
fin 2022 ,» Le Monde, le 03 mars 2021

1. Expliquer. Pourquoi les règles budgétaires sont-elles actuellement suspendues en Europe ?

2. Lire. Que signifident les données de 2020 concernant la zone euro ?

3. Expliquer. Que signifie la phrase soulignée ?

Bilan. Une politique budgétaire du ressort de chaque pays membre mais contrainte par des traités
L’adoption d’une monnaie unique en Europe a nécessité une certaine des politiques budgétaires, même si ces dernières
restent du ressort de chaque Etat membre. Dès 1992, le impose ainsi que les pays souhaitant intégrer l’euro respectent deux
critères budgétaires : des inférieurs à 3% du PIB et une inférieure à 60% du PIB. Ces objectifs sont repris en 1997
dans le (PSC).

L’objectif de ces règles était avant tout que les économies des pays de la convergent dans un contexte où la politique
monétaire, devenue , ne peut être adaptée à la conjoncture particulière de chacun d’entre eux. Il s’agit également d’éviter les
comportements de de la part des pays membres.

En 2011, pour éviter que ne se reproduise la crise grecque, ces règles sont renforcées par le qui limite notamment le déficit
structurel à % du PIB. Ces règles budgétaires seont cependant aussi contestées car leur sévérité peut avoir un effet : réduire la
SES TERMINALE 15 POLITIQUES ÉCONOMIQUES

dette publique peut parfois entraîner un effet multiplicateur « négatif », aggravant une crise économique avant de la réduire. La limite de
60% d’endettement public apparaît de plus historiquement datée : en 2021, après la crise du Covid-19, la dette publique de l’ensemble
de la zone euro dépassait les du PIB de la zone.

Rappelons que l’effet , théorisé par Keynes en 1936, stipule que sous certaines circonstances, augmenter les dépenses
publiques (et donc à court terme le déficit public), peut augmenter plus que proportionnellement le du pays, ce qui à long terme peut
réduire le déficit et la . Toutefois, cet effet multiplicateur est limité si les agents au lieu de dépenser, ou s’ils achètent des
produits plutôt que nationaux, ou encore si le déficit public initial se traduit par une hausse des d’intérêt qui pénalise
l’ensemble de l’économie.

Le cadre budgétaire européen est-il trop strict pour permettre aujourd’hui une politique de relance keynésienne ? Non lorsque l’on
constate que la clause des exceptionnelles » intégrée au PSC a permis d’utiliser des déficits publics importants lors de la
crise des subprimes de 2008 et de celle du covid-19. Mais oui si l’on se souvient que les règles budgétaires ont entraîné des politiques
budgétaires de peut être trop rapides après la crise de 2008, ce qui a pu avoir un effet récessif.

C. Une situation qui soulève des difficultés : défauts de coordination et chocs asymétriques

• Comprendre les difficultés soulevées par cette situation (défaut de coordination, chocs
Objectifs asymétriques).

Document 10. La zone euro doit devenir "optimale" pour survivre !


En 1961, l'économiste Robert Mundell évoquait pour la première fois la théorie de "zone monétaire optimale". Cette théorie s'intéresse
aux caractéristiques nécessaires pour qu'une zone monétaire puisse perdurer dans le temps.
Sans politique monétaire propre, comme c'est le cas par définition pour les pays d'une même zone monétaire, il faut qu'il existe des
mécanismes d'ajustement pour absorber les chocs asymétriques affectant uniquement certains pays d'une zone.
C'est exactement la situation au sein de la zone euro actuellement. La Grèce a subi un choc asymétrique [la Grèce connaît une crise
très sévère] et aurait besoin d'une dévaluation de sa monnaie pour relancer son économie. Mais faisant partie de la zone euro, ce
mécanisme d'ajustement est impossible ; […]. Mais comment alors serait-il possible d'absorber ces chocs asymétriques au sein de la
zone monétaire ? Il existe deux principales solutions à ce problème:
1. Une parfaite mobilité des facteurs de production. En cas de choc asymétrique à l'intérieur de la zone, il faudrait en théorie un
mouvement de capitaux et de main d'œuvre entre les pays de la zone, afin de rétablir l'équilibre entre l'offre et la demande. C'est à dire,
dans le cas de la zone euro, il faudrait par exemple que les chômeurs grecs partent dans un autre pays de la zone afin de trouver un
travail.
En ce sens, la zone euro n'est pas une zone monétaire optimale ! Si l'on compare la situation aux Etats-Unis et en Europe en cas de
choc asymétrique, c'est à dire touchant différemment certains Etats américains ou certains pays européens, les conclusions sont très
différentes. En effet, un choc augmente la dispersion du chômage en Europe, tandis que la dispersion du taux de chômage américain
entre Etats reste quasi-stable.
Il existe de nombreuses explications rationnelles à cela : barrière de la langue, régimes de sécurité sociale et de chômage différents
entre les pays européens, segmentation du marché du crédit, faible inclination des citoyens européens à la mobilité.
2. Si l'ajustement via la mobilité des facteurs de production n'est pas possible, alors il est nécessaire qu'il y ait des transferts
budgétaires au sein de l'Union pour ajuster les déséquilibres. Sans fédéralisme budgétaire et sans une plus grande mobilité des
travailleurs, la zone euro pourrait bien disparaître du fait de sa non-optimalité!
Economie matin, Captain economics, 15/06/2012

1. Définir. Recherchez une définition de « choc asymétrique ».

2. Expliquer. Que signifie la phrase soulignée ?

3. Repérer. En cas de situation économique hétérogène dans une zone ayant une politique monétaire unique, quels sont les ajustements
SES TERMINALE 16 POLITIQUES ÉCONOMIQUES

possibles ? Sont-ils effectifs au sein de la zone euro ?

Bilan. Une situation qui soulève des difficultés : défauts de coordination et chocs asymétriques
Les États membres de la zone euro, disposant d’une unique et d’une politique unique, sont fortement
interdépendants et peuvent donc rencontrer des difficultés en cas de , c’est-à-dire lorsqu’un évènement perturbe
l’activité économique dans un territoire seulement de la zone. Dans ce cas, il n’est pas possible pour le territoire touché de procéder à un
ajustement par les taux de , ni par les taux directeurs, car il en résulterait une trop importante pour les autres
États. Dans le même temps, l’usage de la politique est limité par les traités.

Reste deux possibilités d’ajustement : par la mobilité de la et par les transferts . Toutefois, la mobilité
de la main d’oeuvre en Europe reste très faible, les transferts entre pays également : le montant du budget européen correspond
seulement à environ du PIB de la zone. Dans ce cadre, il devient difficile pour l’UE d’assurer la des politiques
économiques, par laquelle les États-membres devraient se consulter, selon la conjoncture, sur les choix de politiques économiques à
adopter. Les États-membres sont davantage tentés de mettre en place des stratégies non , telles que des mesures de dumping
social ou fiscal, afin de leur économie.

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