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Correction dissertation n°2

La création de la CEE en 1957 avait pour objectif d’accroître les liens économiques mais aussi humains entre les pays
d’Europe après deux guerres mondiales. Les membres fondateurs étaient donc la France et l’Allemagne. Tout au long
de la deuxième moitié du XX° siècle, ce processus de construction européenne a connu un élargissement et un
approfondissement. Elargissement d’abord, puisque le nombre de pays appartenant à la CEE puis à l’UE a augmenté.
Lors du Traité de Rome qui crée la CEE, - pays sont signataires ; aujourd’hui 27 pays sont membres, et
l’élargissement à d’autres pays européens continue. Parallèlement à cet élargissement s’est opéré un
approfondissement de l’Union européenne : les domaines d’action de l’Union européenne se sont accrus. Au départ, la
CEE peut être vue comme une zone douanière où les taxes douanières sont faibles. Puis on est passé au marché unique
qui engendre une ouverture des frontières : les hommes, les biens et services circulent librement entre les pays de
l’UE. Cependant, l’approfondissement le plus important consiste en la création d’une monnaie unique : l’euro. En
effet, les pays adoptant cette monnaie vont abandonner une partie de leur souveraineté : ils ne sont plus responsables
de la politique monétaire, puisqu’elle est maintenant aux mains de la BCE, basée à Francfort. Certes tous les pays de
l’UE (comme l’Angleterre) n’ont pas adopté l’euro, ils sont aujourd’hui 17 et donc majoritaires dans l’UE. En effet,
l’adoption de l’euro inquiétait : d’un côté, il devait y avoir des effets positifs tant culturels qu’économiques ; de
l’autre, cela signifiait abandonner un pan de la politique économique : la politique monétaire à un organisme
supranational : la BCE dont on ne pourrait contrôler l’action. Ainsi, après avoir montré les avantages attendus de
l’euro qui expliquent son instauration, on s’interrogera sur l’efficacité de la politique monétaire menée par la BCE.

I. L’adoption de l’euro a eu des avantages

A. L’euro favorise la création d’une culture commune

1. La monnaie rapport social

La monnaie, ciment de la société et de l’espace politique :

• Symbole fort de souveraineté (seigneurs féodaux, Rois, Etat Républicain ont tous « frappé la monnaie » de
leur sceau)

• Facteur d’intégration politique et économique

• Référence commune pour la communauté qui l’utilise

2. L’euro est un facteur d’intégration (doc 1)

Pour mettre en évidence le rôle social de la monnaie, l’euro est basé sur des symboles forts :
• Le symbole de l'euro (€)s'inspire de la lettre grecque epsilon et est emprunté à la première lettre du mot
"Europe".
• Les billets sont aussi représentatifs de la culture européenne :
o « Au recto de chaque billet sont représentés des fenêtres et des portails » qui mettent en évidence les
valeurs développés par l’Europe : l’esprit d’ouverture et de coopération, dynamisme et de l’harmonie
o Les billets montrent l’histoire commune de l’Europe , donc leurs points communs : »Chaque billet
représente un style architectural propre à une époque ».
• Les pièces sont construites autrement : « Les huit pièces euro ont une face commune et une face nationale, qui
symbolise les pays d’émission. ». L’idée est ici de montrer qu’à la culture du pays s’ajoute la culture
européenne

L’adoption de l’euro doit ainsi permettre de créer un esprit européen et d’entraîner une adhésion à l’Europe de la part
de la population.

B. L’euro, facteur de dynamisme économique

1. L’euro a les fonctions économiques d’une monnaie

A ces avantages culturels s’ajoutent des facteurs économiques. L’euro devient la monnaie unique de 17 pays qui
forment la zone euro. Elle va donc cumuler les 3 fonctions de la monnaie

• Elle est un intermédiaire des échanges : comme pour échanger entre pays de la zone euro, on n’a plus besoin
d’opérer une conversion des monnaies, les risques et les coûts liés au change diminuent, ce qui incitent les
pays de la zone euro à échanger
• Elle est un étalon de mesure : tous les prix sont exprimés en euros, ce qui favorise la concurrence entre les
entreprises européennes, donc assure une baisse des prix
• Elle est une réserve de valeur : l’euro permet donc « de fournir un environnement stable aux opérateurs » ce
qui attire les épargnants prêts à placer leurs capitaux en euros.

2. Ce qui favorise la croissance (doc 4)

L’instauration de l’euro e permis d’enclencher une reprise de la croissance dans la zone euro :

- En 2003, le PIB a diminué de 0.5%

- Ensuite la croissance du PIB est de plus en plus rapide

- En 2007, le PIB s’accroît de 3.5%

L’instauration de l’euro devait donc créer une zone unifiée culturellement, économiquement, mais aussi politiquement
puisque chaque pays abandonne une partie de sa souveraineté nationale : la conduite de la politique monétaire qui est
maintenant du ressort de la BCE.

II. La politique monétaire de la BCE est-elle efficace ?

La BCE dont le siège est à Francfort va alors mener une politique d’inspiration monétariste qui si elle a obtenu
certains bons résultats connaît aussi des limites.
A. Une politique d’inspiration monétariste(doc5)

1. Une conception dichotomique de la monnaie

« La BCE semble guidée par une vision monétariste3 :

- D’après la théorie quantitative de la monnaie, toute augmentation de la masse monétaire plus rapide que la
production se traduit par de l’inflation

- M.Friedman : l’augmentation à long terme de la quantité de monnaie en circulation se traduit uniquement par de
l’inflation à long terme

- Conséquence : l’augmentation de la quantité de monnaie n’a aucune influence sur les variables réelles

2. Engendre une politique monétaire spécifique

- La Banque Centrale doit être indépendante du gouvernement élu pour éviter une politique monétaire
expansionniste

- Objectif de la BCE : taux d’inflation autour de 2% pour éviter les effets pervers de l’inflation, mais aussi ceux de
la déflation et de la récession

- Moyen : taux d’intérêt directeur de la BCE

- S’intéresse à l’agrégat monétaire M3 (doc 2)

- Dès que le taux d’inflation s’éloigne de 2% , elle modifie son taux d’intérêt directeur :

o Entre 2007 et 2008, l’inflation s’accroît rapidement : de 2 à 4%, la BCE mène alors une politique
monétaire restrictive : elle augmente le taux d’intérêt directeur : de 4 à 6%

o En revanche , en 2010, la déflation est présente : les prix diminuent de 0,5% ; la politique monétaire
devient plus accomodante : le taux d’intérêt directeur passe de 6% à 1,25% (doc 6)

o depuis mai 2009, la BCE avait peur que la crise financière se traduise par une récession ; elle avait donc
laissé un taux d’intérêt directeur pour favoriser la croissance. Or aujourd’hui, le risque est l’inflation : le
taux d’inflation est aujourd’hui de 2,6%. La BCE a alors pour objectif d’augmenter le taux d’intérêt
directeur : il est passé de 1% en mai 2009 à 1,25% en avril 2011 (doc 3)

B. Les effets de cette politique

Cette politique a atteint en partie ses objectifs


1. Un effet réel sur l’inflation

- La lutte contre l’inflation a certes atteint ses objectifs : excepté en 2008, l’augmentation des prix est toujours
autour de 2%

2. Mais des limites

a) Un problème de définition des agrégats (doc 2)

- L’agrégat M3 n’est plus un bon critère pour juger de l’évolution de la masse monétaire : « Aujourd’hui, le M3 de
la zone euro connaît une croissance stratosphérique, plus de deux fois son niveau de référence, sans que
l’inflation n’enregistre un quelconque dérapage. L’indice des prix à la consommation de l’Union monétaire, le
thermomètre officiel de la BCE, oscille entre 1,5 % et 2,5 % de hausse par an depuis l’année 2000 »

- Raisons : Depuis le milieu des années 1980, multiplication des innovations financières dans un contexte de
dérèglementation provenant des pays anglo-saxons. La distinction entre actifs monétaires et actifs financiers est
rendue floue par l’émergence de nouveaux actifs financiers qui combinent rentabilité et liquidité. La fiabilité des
agrégats monétaires est donc mise en question ce qui rend le pilotage de la création monétaire beaucoup plus
aléatoire

b) Une politique peut-être trop restrictive

- Avoir pour seul objectif la lutte contre l’inflation peut entraîner un ralentissement de la croissance du PIB : entre
2005 et 2009, l’augmentation du taux d’intérêt directeur (de 2 à 6%) s’est traduit par une croissance plus lente du
PIB (de 3,5% à 1,(% entre 2006 et 2007 ) et même une diminution du PIB (-5% en 2008)

- Explications (doc 5)

• Cela tient à la peur de l’inflation de l’Allemagne qui préfère la récession à l’inflation

• Or, en cas de ralentissement de la croissance, une politique visant à baisser le taux d’intérêt directeur serait
efficace

• Politique de type keynésien : quand l’économie est en sous-emploi des facteurs de production, une baisse du
taux d’intérêt peut favoriser la croissance sans être inflationniste. Il faudrait alors appliquer une politique plus
accommodante comme le fait aux Etats-Unis la Fed

10 ans après son instauration, l’euro a atteint ses objectifs : cette monnaie commune a été bien acceptée par les
européens et elle a permis de lutter contre l’inflation. Cependant, la politique monétaire de la BCE peut paraître
aujourd’hui trop restrictive : en ayant comme seul objectif la lutte contre la hausse des prix, elle abandonne l’objectif
de la croissance économique.
Cette mesure paraît aujourd’hui irréaliste pour la BCE du fait de la crise grecque. La Banque centrale européenne est
prête à relever à nouveau les taux d'intérêt si nécessaire, déclare Jürgen Stark, un des membres de son directoire, dans
une interview au journal grec Kathimerini qui lui a demandé si la banque centrale de la zone euro était prête à relever
à nouveau le coût du crédit après le tour de vis de 25 points de base qui a porté le taux de refinancement à 1,25% en
avril.

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