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Abdoulaye KOANDA
MINERAUX
2019-2020
I. INTRODUCTION ET DEFINITION
Un liant minéral est une poudre fine qui, quand gâchée avec de l’eau, ou exposée à l’air est
susceptible de former un édifice cristallin rigide grâce à des processus chimiques et/ou
physiques.
La fabrication d’un liant minéral implique toujours un apport de chaleur et donc passage dans
un four.
Dans certains cas, le liant est utilisé seul. Dans d’autres, il est associé à des agrégats inertes
pour constituer soit un mortier (liant + sable), soit un béton (liant + sable + pierrailles). Le
matériau résultant est une pierre artificielle non cuite.
Selon l’agent qui détermine le durcissement il existe deux (02) types de liants minéraux :
A. LE LIANT AERIEN
Ce liant est dit aérien car le durcissement ne peut s’opérer qu’au contact de l’air dû à une
réaction de carbonatation. Si au moment du gâchage, on l’associe à de l’eau, cette dernière
n’intervient que pour assurer l’ouvrabilité du mélange.
La prise correspond à une élimination de cette eau (par suintement ou évaporation). Ce sont
principalement :
les argiles,
le plâtre,
la chaux aérienne ...
B. LE LIANT HYDRAULIQUE
Un liant hydraulique est un liant qui se forme et durcit par réaction chimique avec de l’eau. Il
est aussi capable de le faire sous l’eau, ce que l'on nomme hydraulicité. Pour ce type de liant,
l’eau est indispensable aussi bien au stade de la prise qu’au stade du durcissement. Le
durcissement se fait en milieux humides ou dans l’eau grâce à une réaction d’hydratation de
silicates (sel produit par la combustion de l’acide silicique avec une base) ou d’aluminates
(composé salin dans lequel l’alumine a une fonction acide). Ce sont :
la chaux hydraulique,
les ciments (ciments prompts, ciment portland, …).
Selon leur composition (ou origine), les liants peuvent être classés en deux grandes familles :
Ils comprennent les liants hydrocarbonés (bitumes, goudrons) et les résines et surtout les
polymères (les aminoplastes, par exemple, sont des polymères largement utilisés comme
liants dans l’industrie du bois et de ses dérivés).
Dans le domaine qui nous occupe, il est très important de distinguer les liants qui relèvent du
monde minéral et ceux qui relèvent de la famille des composés organiques.
- Les liants minéraux sont généralement obtenus par traitement à haute température dematière
minérale, et font prise en présence d’eau. Le carbone ne s’y rencontre que sous laforme
oxydée de CO2 (carbonate).
- Les liants organiques sont synthétisés par des organismes vivants, ou par la science de
l’homme, au départ de matière minérale ou de matière organique préexistante. Leur mode de
prise est complexe, et le carbone s’y rencontre principalement sous la liaison ≡C−H.
Les liants ont, selon leur appartenance, des propriétés très différentes :
Les liants minéraux et organiques sont normalement compatibles avec tous les supports
minéraux. Les liants minéraux ne sont quasi jamais compatibles avec les supports organiques.
La figure 1 présente un schéma récapitulatif pour l’obtention des différents types de liants.
Les liants hydrauliques ne fonctionnent qu’en présence d’eau. L’eau produit une réaction
d’hydratation qui permet au liant de faire prise et de durcir.
Hydratation
Si l’on fournit à un liant la quantité d’eau voulue, on déclenche des réactions chimiques
exothermiques (dégagement de chaleur) dénommées hydratation. Remarquons tout d’abord
que ces phénomènes se produisent entre un liquide qu’est l’eau et un solide qu’est le grain du
liant. On comprend facilement que l’hydratation est d’autant plus rapide et plus complète que
la surface des grains solides est grande (importance de la finesse du liant). On peut admettre
que le siège des différentes réactions se trouve aux surfaces de contact entre le liquide et le
solide.
L’hydratation ne gagne que très lentement l’intérieur des grains de liant. Extérieurement,
l’hydratation se manifeste par deux phénomènes principaux que sont la prise et le
durcissement.
La prise
Les molécules hydratées en surface forment un réseau suffisamment dense pour que le
mélange perde sa plasticité et cesse d’être ouvrable, la pâte se fige alors.
Le durcissement :
C’est le phénomène qui suit la prise. Après s’être figée, la pâte de ciment va se solidifier au
fils du temps.
La durée de chacune de ces phases dépend de la nature du liant et de nombreux autres facteurs
parmi lesquels on trouve toujours la finesse de mouture.
A. LES CHAUX
I. DEFINITION
On appelle chaux les produits résultant de la cuisson de calcaires naturels plus ou moins argileux avec
réduction en poudre par extinction suivie ou non de mouture avec ou sans addition de grappiers ou
autres améliorants (clinker, laitier et pouzzolane).
La chaux est le résultat de la cuisson d’un calcaire à une température entre 800°C et 1000°C. Ce
calcaire qui va être calciné trouve son origine dans les sédiments et dépôts des organismes marins
laissés en place, après le retrait des mers dans certaines régions, il y a plusieurs dizaines de milliers
d’années.
Ce calcaire contient principalement du carbonate de calcium (à plus de 70%) mais aussi de la silice,
de l’oxyde de fer, de l’aluminium ou d’autres minéraux dans des proportions plus faibles.
Le calcium
L’aluminium et le fer
Dans la chaux hydraulique naturelle, l’eau attaque la surface des grains de silicate calcique
nCaO.mSiO2 et en libère les ions Ca et H2SiO. Ceux-ci vont précipiter à des concentrations
différentes. En règle générale, les H2SiO précipitent en premier, pour former des chaînes de
tétraèdres Q2.
Les ions Ca viennent ensuite s’installer entre les sommets restés libres des tétraèdres.
Chaque ion Ca chasse un ion H+ et un hydroxyde OH- qui réagissent entre eux pour former de
l’eau.
La réaction engendre, autour du grain, un gel dans lequel s’assemblent les cristaux. Ceux-ci
prennent la forme de fines aiguilles et se développent perpendiculairement à la surface du
grain. Ils grandissent jusqu’à épuisement de la matière anhydre fournie par le grain,
autrement dit à la dissolution complète du grain.
La croissance des cristaux est au départ rapide et ralentit rapidement parce que la densité du
gel limite progressivement l’accès de l’eau de gâchage à la surface du grain. Le raidissement
et le durcissement final de la matière se produit lorsque les aiguilles touchent les agrégats (ou
les aiguilles voisines) et s’y soudent.
Un séchage trop rapide de l’eau de gâchage entraîne ce que l’on appelle la « brûlure » de la
matière.
La notation cimentière
Les professionnels des liants hydrauliques donnent une notation simplifiée des différentes molécules intervenant
dans la composition de leurs produits. Par convention, ils écrivent :
C pour CaO
S pour SiO2
A pour Al2O3
F pour Fe2O3
H pour H2O
pour SO
Depuis l’Antiquité il a été observé que l’adjonction de certains matériaux, n’ayant aucune
propriété liante en eux-mêmes, permettait d’accroître les performances du mortier à la chaux
aérienne : la prise pouvait se faire sous l’eau, sans apport d’air, et le mortier durci devenait
de plus insoluble dans l’eau.
Ces matériaux ajoutés ont pris le nom générique de « pouzzolanes », du nom d’un tuf
volcanique exploité par les Romains dans la région de Pozzuoli près de Naples.
Elles sont toujours d’origine volcanique, expulsées sous formes de cendres ou de poussières
dans l’atmosphère, et donc refroidies brutalement.
les cendres volantes : ce sont des cendres très fine, formées des résidus de la
combustion de la houille (combustible minéral provenant de la décomposition et de la
transformation des végétaux au cours des temps) pulvérisée ou du lignite (roche
2. La cuisson d’un mélange d’argile et de roche calcaire finement broyée (procédé Vicat)
fournit la chaux hydraulique artificielle.
Le procédé permet de contrôler le dosage des matières premières, et de produire des chaux au
caractère hydraulique plus ou moins prononcé. La fabrication suit les mêmes étapes :
Calcination (cuisson),
Trempe
La phase de refroidissement de la matière calcinée doit être la plus rapide possible, car sa
vitesse a une influence déterminante sur la qualité des matières hydrauliques.
Extinction
Le « ciment romain » a été mis au point au 18e siècle et n’a de romain que le nom : ce type
de chaux était totalement inconnu dans l’Antiquité. Il résulte de la calcination de roches
finement broyées.
Les roches exploitables sont en général des marnes stratifiées, formées au cours du jurassique,
du crétacé ou de l’éocène. La roche doit contenir plus de 40 % de matière calcaire, sous
forme de calcite, de chaux libre ou de chaux liée à la matière argileuse (wollastonite,
rankinite, etc.)
La prise d’un mortier de ciment romain par exemple suit les étapes suivantes :
- une phase d’induction, qui peut durer une semaine au cours de laquelle la
résistance mécanique n’augmente plus ; le phénomène peut être ralenti par
l’adjonction d’acide citrique.
- une phase de consolidation lente qui peut durer plusieurs décennies voire
plusieurs siècles : des échantillons vieux de 100 ans présentent une résistance à la
compression supérieure à 50 MPa ; il faut cependant pour cela que la matière soit
maintenue dans des conditions d’humidité favorables.
Toutes les chaux hydrauliques suivent une courbe de durcissement semblable, avec des
durées et des résistances mécaniques variables.
- que, maintenues dans des conditions d’humidité favorables, la structure des chaux
évolue sur de très longues périodes : elles gardent sans doute la faculté de se
régénérer partiellement là où elles auraient été dégradées mécaniquement
(microfissures)
Les chaux hydrauliques naturelles NHL (Natural Hydraulic Lime) sont obtenues par
calcination de roches contenant une quantité variable d’argile :
Remarque
L’index d’hydraulicité est calculé en fonction des rapports de poids entre la silice (SiO2),
l’alumine (Al2O3) et l’oxyde de fer (F2O3) trois (3) substances contenues dans le calcaire ; il
indique l’hydraulicité de la chaux c.à.d. son aptitude à durcir au contact de l’eau.
Selon la norme les chaux hydrauliques naturelles sont classées suivant leurs résistances à la
compression nominales, minimales et maximales. Ci-dessous, les résistances devant être
obtenues après 28 jours :
- NHL 2 : de 2 à 7 MPa
- NHL 5 : de 5 à 15 MPa.
Le « ciment romain » appartient à la famille des NHL. Il se caractérise par le fait qu’il est
obtenu par calcination d’une roche marneuse contenant plus de 22 % d’argile. Il est
aujourd’hui malheureusement très difficile à trouver sur le marché.
Le « ciment naturel prompt » ou CPN fait partie de la même famille et n’est plus produit
que par la société Vicat.
- La chaux NHL-Z produite par Lafarge est un mélange de NHL 5 et de ciment blanc.
- Il existe également sur le marché une très grande variété de mélanges « prêts à
l’emploi » pour enduit, mortier de rejointoiement, similipierre, etc. Outre les chaux et
les agrégats, ces mélanges peuvent contenir du ciment portland ainsi que des liants ou
adjuvants organiques (qui sont rarement décrits au nom du sacro-saint secret de la
fabrication). Il faut être prudent avant de les mettre en œuvre mais il ne faut pas
nécessairement les rejeter : certains peuvent se montrer très performants, au-delà
même de leur facilité de pose.
II.5. Utilisation
III.1. Utilisation
La chaux grasse est très appropriée comme enduit intérieur, elle peut aussi servir de chaux
blanche, car elle peut facilement se combiner à l’acide carbonique de l’air et ainsi se pétrifier.
Remarque
Avant d’utiliser la chaux grasse, il faut la laisser s’éteindre au minimum pendant trois (3)
semaines.
III.2. Forme commerciale
La chaux grasse est encore souvent livrée en roche afin d’être éteinte sur le chantier ; elle est
éteinte et vendue sous forme de poudre en sacs mentionnant chaux grasse ainsi que la marque
de fabrique.
IVI. COMPARAISON ENTRE LA CHAUX HYDRAULIQUE ET LA CHAUX
AERIENNE
Si argile Si calcium
I. LA FABRICATION
Les ciments « Portland » sont obtenus, tout comme les chaux hydrauliques, au départ d’un
mélange de roches calcaires et d’argiles finement broyées.
→ Extraction et concassage :
→ Préparation du cru :
→ Broyage du clinker :
I.3. La trempe
Comme pour la chaux hydraulique, le refroidissement du clinker doit être le plus rapide
possible de manière à garder les propriétés réactives de l’alite. L’alite est le principal
constituant du clinker. Il en existe 7 polymorphes.
Ce que nous venons de décrire est le ciment portland normal, constitué de plus de 95% de
clinker. De nombreuses matières réactives peuvent être mélangées au clinker pour créer des «
ciments modifiés » aux caractéristiques variables, mais adaptées pour répondre de manière
performantes aux sollicitations de leur environnement.
Le mélange peut comprendre :
Le mélange de ces matières premières permet la composition d’un nombre infini de ciments
aux qualités et performances variables. La norme européenne distingue 5 familles notées
CEM de I à V :
le ciment blanc, qui doit sa couleur à l’absence de ferrite dans ses constituants.
le ciment de fer, constitué d’un mélange de ciment portland et de 20 à 35 % de laitier S.
le ciment à maçonner noté CH ou ciment « bâtard », composé d’un mélange de ciment
portland, de chaux et de différents adjuvants servant à faciliter le travail de pose des
maçonneries,
les ciments à basse chaleur d’hydratation, caractérisés par leur faible teneur en alite et en
aluminates tricalciques.
les ciments à haute résistance initiale CPHR ou notés R.
le ciment pouzzolano-métallurgique « Fouilloux ».
les ciments sursulfatés CSS contenant plus de 80% de laitier de haut fourneaux et moins
de 20% de gypse
les ciments à faible teneur en alcalis, etc.
Les ciments sont classés en fonction de leur résistance nominale qu’on obtient en faisant des
essais de compressions (mesurées à 28 jours) sur des éprouvettes normalisées. La norme EN
196-1 définit 3 classes en fonction de la résistance normale à 28 jours. Des sous classes « R »
sont associées à ces 3 classes principales pour désigner des ciments dont les résistances au
jeune âge sont élevées.
La finesse d’un ciment est caractérisée par sa surface spécifique. La surface spécifique du
ciment est la surface totale des grains (cm²) contenus dans 1 g de ce ciment. Elle est exprimée
en cm²/g (EN 196-6). A une augmentation de finesse correspond une augmentation de
résistance précoce (2 et 7 jours).
En général, la finesse des ciments varie 2700 à 3500 cm²/g.
La masse volumique des ciments est en général de 800 à 1200 kg/m3 (en moyenne 1100
kg/m3 pour un ciment en vrac non tassé). La masse spécifique varie en général de 2900 à
3200 kg/m3 soit en moyenne une densité absolue de 3,1 généralement admise.
Les réactions qui se passent dès le début du gâchage et se poursuivent dans le temps sont
extrêmement complexes. Le ciment Portland contient quatre constituants principaux :
- le silicate tricalcique 3 CaO, SiO2 ou, par abréviation, C3S ;
- le silicate bicalcique 2 CaO, SiO2 ou, par abréviation, C2S ;
- l’aluminate tricalcique 3 CaO, Al2 O3 ou, par abréviation, C3A ;
- l’aluminoferrite tétracalcique 4 CaO, Al2 O3, Fe2 O3 ou, par abréviation, C4 AF.
Ces constituants anhydres donnent en présence d’eau, naissance à des silicates, des aluminates
de calcium hydratés et de la chaux hydratée dite Portlandite formant un gel microcristallin, à
l’origine du phénomène dit de « prise ». C’est le développement et la multiplication de ces
microcristaux dans le temps qui expliquent l’augmentation des résistances mécaniques. Le
ciment durci est une véritable « roche artificielle » qui évolue dans le temps et en fonction des
conditions extérieures. Avant d’atteindre son stade final, l’évolution du ciment passe par trois
phases successives.