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ARTHRITES SEPTIQUES
INTRODUCTION
o Definition
Arthrite liée à la prolifération intra-articulaire de microorganisme
A différencier d’arthrite réactionnelle : aseptique, quelques semaines après une
infection
A différencier d’arthrite post infectieuse : exemple RAA (rhumatisme articulaire aigu)
o Intérêts
5 cas pour 100.000 chez l’adulte
C’est une urgence diagnostique et thérapeutique
Risque de mise en jeu du pronostic fonctionnel
Entraine une destruction articulaire définitive en quelques semaines
Pronostic vital par endocardite bactérienne ou autre localisation septique
PHYSIOPATHOLOGIE
o Mode de contamination
Voie hématogène : la plus fréquente
Portes d’entrée : cutanée, urologique, dentaire, digestive
Inoculation directe
Effraction articulaire : plaie, fracture ouverte, geste chirurgical local avec manque
d’asepsie
Arthroscopie
Infiltration intra-articulaire de corticoïde
Ostéomyélite à proximité (chez l’enfant, infection à staphylocoque)
o Germes responsables
Germes banals
Staphylocoque 60%
Staphylococcus aureus hématogène
Staphylococcus epidermidis par inoculation directe ou avec matériel étranger
BGN (bacilles Gram négatifs) : 20% d’origine digestive ou urinaire
Escherichia coli
Bacilles pyocyaniques : Pseudomonas aeruginosa
Klebsielles
Enterobacter
Streptocoque 10% : -- foyers ORL, dentaire, cutané
Autres germes rares
Brucella melitensis brucellose
Neisseria gonorrheae
Candida albicans (sujet immunodéprimé)
Tropheryma whippelii maladie de Whipple
Arthrites parasitaires
Schistosoma, filaire de Médine, loa loa, synovite
Giardia lamblia, Taenia saginata, Toxocara canis +/- arthrite réactionnelle
o Terrain à risque
Facteurs généraux favorisants
Diabète, alcoolisme, corticothérapie, immunodépression, insuffisance hépatique ou
rénale sévère, hémodialyse, toxicomanie
Facteurs locaux
Corticoïdes locaux, arthrose, polyarthrite rhumatoïde, prothèse articulaire
SIGNES ET DIAGNOSTIC
o Signes d’appel
Signes cliniques
Monoarthrite d’installation brutale au niveau d’une grosse articulation genou++
Douleur intense, avec impotence fonctionnelle
+ signes locaux inflammatoires (douleur, rougeur, tuméfaction, chaleur), très
marqués
Signes généraux
Fièvre 38 – 39°C
+ frissons
Parfois : adénopathie satellite de l’arthrite
Contextes
Effraction articulaire
Geste chirurgical récent (articulaire, digestif, urologique)
Prothèse articulaire
Infection récente : panaris, sinusite, endocardite, infection dentaire
Biologie
Hyperleucocytose + polynucléose
VS > 50mm
CRP > 100mg/L
Imagerie
Radiographie au début normale, sinon épaississement des parties molles articulaires
10 à 15 jours : déminéralisation épiphysaire (perte de substance osseuse)
3 à 4 semaines : lésions articulaires rapides et irréversibles
Pincement de l’interligne
Erosion articulaire
Scintigraphie articulaire Technétium 99 ou polynucléaires marquées : signes
d’arthrite profonde
Echographie articulaire : épanchement de faible abondance
IRM articulaire : synovite au stade précoce (avant les signes radiographies)
o Diagnostic
Identification du germe sur prélèvement synovial
Arguments directs
Ponction de l’articulation pour examen bactériologique
Liquide trouble, puriforme, très inflammatoire
Leucocytes > 50.000/mm3 PN > 80%
Examen direct avec coloration de Gram
Culture avec antibiogramme
Arguments indirects
Faire 3 hémocultures devant : pic thermique, ou frissons, ou 1 heure après ponction
articulaire (car décharge bactériémique)
ECBU
Prélèvement bactérien au niveau d’une porte d’entrée potentielle (plaie, ORL)
TRAITEMENT
o Arthrite septique = urgence médicale
o Buts
Eradiquer le germe en cause
Récupérer le maximum de la fonction articulaire du patient
o Moyens et indications
Antibiothérapie par voie générale
Immobilisation
Chirurgie
Rééducation fonctionnelle
o Antibiothérapie
Deux antibiotiques après le prélèvement bactériologique
Puis adapter l’antibiotique en fonction du germe et de l’antibiogramme
2 antibiotiques à action synergique (cad l’un des antibiotiques renforce l’action de
l’autre antibiotique)
Staphylocoque doré +++ :
Pénicilline M + Rifampicine
Pénicilline M + Aminoglycoside (ex : Gentamicine ; qui peut causer une insuffisance
rénale)
Rifampicine + Fluoroquinolone (tout ce qui se termine par -Floxacine)
Staphylocoque méthi-R +++
Vancomycine + Acide fusidique
Céfotaxime + Fosfomycine
BGN (sauf Pseudomonas) +++
C3G + Aminoglycoside
C3G + Fluoroquinolone
Pseudomonas aeruginosa
Ceftazidine + Tobramycine
Ticarcilline + Tobramycine
Voie intraveineuse pendant 15 jours ou jusqu’à l’apyrexie
Relai par voie orale
Durée totale 6 à 12 semaines
Arrêt de l’antibiothérapie 1 mois après apyrexie et VS/CRP normales
o Autres traitements :
Immobilisation simple, position de fonction du membre
Mise en décharge du membre : 3 à 8 semaines
Drainage articulaire : ponction, ou ponction – lavage (asepsie +++)
Drainage chirurgical si épanchement ou synovite persistante (éviter le risque de
chondrolyse)
Rééducation contre amyotrophie ou enraidissement articulaire, dès que la douleur
est atténuée
Mobilisation passive après infection
Mobilisation active après guérison
Remarque : enlever le matériel orthopédique éventuellement
Surveiller : température, état local douleur, inflammation, CRP, VS, liquide
synovial
o Pronostic
Si diagnostic et traitement rapides
Evolution favorable
Douleur et syndrome inflammatoire atténués
CRP diminuée en 1 semaine, VS diminuée plus lentement
Radio normale, sans séquelle
Si diagnostic et traitement tardifs
Risque d’altération radiologique en quelques semaines
Destruction articulaire
Endocardite, septicémie pronostic vital
o Cas particuliers
Gonocoque, streptocoque
Pénicilline G 4 à 10 millions UI/j ou Amoxicilline
Brucellose
Rifampicine + Cycline 2G
Maladie de Whipple
Pénicilline G + Aminoside pendant 15j
Puis Cotrimoxazole pendant 1 an